R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
A. C HAMPEAUX
Effets de mutations technologiques simultanées sur l’estimation des paramètres des modèles à coefficients techniques
Revue de statistique appliquée, tome 21, n
o3 (1973), p. 9-21
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1973__21_3_9_0>
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EFFETS DE MUTATIONS TECHNOLOGIQUES SIMULTANÉES
SUR L’ESTIMATION
DES PARAMÈTRES DES MODÈLES
A COEFFICIENTS TECHNIQUES (1)
A. CHAMPEAUX
INTRODUCTION
M. MONDON a déterminé dans le cadre des modèles utilisés par le C E R E N une formule donnant la consommation unitaire
d’énergie (pn )
lors-qu’il
y a deuxtypes
différents et un passage d’untype
à l’autre défini par unepart
x d’untype
variant linaiérement parrapport
au temps, soit x = Xt + p.Les résultats alors obtenus étaient très intéressants car ils
permettaient
deséparer
la consommation unitairequi apparaîtrait
seule si iln’y
avait pas effet de substitution des deuxtechniques,
et un termecomplémentaire
dû à cettemutation
technique.
Onpouvait
alors calculer les p et wcorrespondants.
Dans une
première partie,
nous allons essayer de construire d’autrestypes
de modèles décrivant cephénomène. Puis,
nous tenterons dans une deuxièmepartie
de construire un modèle dans le cas où nous avons substitution entre mtechniques différentes,
enfin dans une troisièmepartie,
nousappliquerons
lesrésultats obtenus au cas de trois
techniques.
Cette étude utilise pour une très
grande partie
les formules et les résultats utilisés par M. MONDON.1 - CAS DE DEUX
TECHNIQUES
M. MONDON a
supposé
que la substitution s’effectuait suivant le schéma :Figure 1 - Evolution de la technique A.
(1) Article remis le 7/7/72, révisé le 30/ 1 /73.
Revue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
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Quelles
autres formes de variation pouvons-nousenvisager ?
- l’introduction de la
technique
A se fait lentement audépart.
C’est unetechnique
nouvellequi s’implante
difficilement.Puis,
au bout dequelques
années elle
s’impose
comme étant la meilleuretechnique :
la substitution s’effec- tue alors à unrythme
deplus
enplus accéléré, jusqu’à
cequ’on
ne trouveplus
que cette
technique.
Figure 2
- la
technique
A est une véritable révolutiontechnologique qui apparaît
subitement sur le marché. La substitution est très
rapide
audépart. Puis,
aufur et à mesure
qu’un grand
nombred’équipements
sontremplacés,
lerythme
de substitution diminue.
Finalement,
onpeut
atteindre la valeur x = 1 ou unpourcentage
a fixé du marché.Figure 3
Revue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
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1 /
cas de lafigure
2Nous pouvons
prendre
pour x uneéquation
de la formex(t)
=Àt2
+ Ut + vpendant
toute la durée de substitution d’un mode deproduction
à un autre, c’est-à-direpour t
1 tt2 .
Lesparamètres X ,
03BC , 03BDpeuvent s’exprimer
en fonc-tion
de t
1 et det2 .
Nous devons avoir en effet :
soit :
(ces
valeurs ont évidemment un senspuisque
la substitution n’est pas immé- diate donct
1 est différent det2 ).
Si nous reprenons la formulation de M.
MONDON,
enappelant Z T (t)
laconsommation unitaire en année t d’un
équipement
A mis en service en annéeT,
nous avons :
et pour l’ensemble des
équipements pendant
lapériode (t 1 , t2 )
nous remarquons que nous avons :
Nous pouvons donc écrire :
soit :
Revue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
12 Si nous posons :
nous obtenons :
Nous voyons que comme dans le cas
linéaire,
nous retrouvons lepremier
terme
qui apparaîtrait
seul s’iln’y
avait pas effet de substitution de la tech-nique
A à latechnique
B. Le deuxième termequi
rendcompte
de cephéno-
mène est ici
plus compliqué.
Nous voyonscependant qu’il
va nouspermettre
de connaître les valeurs de p et de w à utiliser dans les modèles C ouE(1).
Nous devons en effet avoir :
Remarque
Nous avons
supposé
dans les formules données pour le calculde 03BB , 03BC , 03BD
enfonction
de t
1 et det2
que latechnique
A se substituait entièrement à l’ancienne(B)
c’est-à-dire que nous avons fait x = 1 pour t =t2.
Nous pouvons en faittrès bien supposer que x se stabilise à une certaine valeur a donnée. Ceci nous
donnera les nouvelles valeurs de
À,
p. , v àutiliser,
mais nechange
rien au dérou-lement du reste des calculs.
2/
Cas de lafigure
3Comme dans le cas
précédent,
nous pouvonsreprendre
exactement le même calcul enprenant
pour x uneéquation
de la forme :( 1 ) Voir R. S.A. 1963 vol. XI - 1 - article de M. Dourille.
Revue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
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Cependant,
les formules donnant les différentes valeurs deÀ ,
zon v neseront pas les mêmes. En
effet,
si nous supposonsqu’au temps t2
la substitu-tion se stabilise à une valeur a, nous devons avoir :
d’où
Les formules donnant les valeurs de p et de w à utiliser dans ce cas res-
tent les mêmes que dans le cas
précédent (avec
les nouvelles valeurs deÀ ,
vtrouvées).
II - CAS DE m
TECHNIQUES
Nous allons maintenant étudier la substitution simultanée de m techni- ques. Nous supposerons que les
parts
xi de ces mtechniques
suivent toutes uneloi linéaire en fonction du
temps.
Nous avons
donc, quel
que soit i mXi = Ài t + Mi
Remarquons
tout de suite que lesAi et 03BCi
ne sont pasquelconques.
Nousdevons en effet
avoir, quel
que soit t :ceci entraîne
soit
Z1t (t)
la consommation unitaire en année t, d’unéquipement
i mis en ser-vice en année T. Par définition dans le cas des modèles C ou E nous avons,
quel
que soit i :
(les
i sont des indices et non despuissances).
Revue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
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Pour l’ensemble des
équipements
nous pouvons donc écrire :soit en
remplaçant
les xi par leurs valeursCe que nous pouvons écrire sous la forme suivante :
Or,
et si nous posons
La formule donnant
ZT (t)
dans lapériode
de substitution de ces m tech-niques
devient alors :Nous retrouvons une formule
identique
à celle obtenue par M. MONDON dans le cas de deuxtechniques :
1( 1 et w 1 sont les moyennespondérées au temps zéro, respectivement
des p et des w. Lepremier
terme est celuiqui apparaî-
trait seul s’il
n’y
avait pas substitution des mtechniques.
Le deuxième termerend
compte
de cephénomène.
Il nous faut voir maintenant dans
quelles
limites les formulesprécédentes
restent valables. Il faut pour cela
qu’il
y ait effectivement mtechniques
pen- dant toute lapériode
considérée. Nous devons donc avoirquel
que soit i :0xi
1si l’un des x; vaut
1,
alors tous les autres sont nuls(d’après
les relationsposées
au
début).
Nous en déduisons donc que les formules
précédentes
sont valables pour deséquipements
installés aux dates T telles que nousayions :
Revue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
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ceci
quel
que soiti ;
deux cas sont alorspossibles :
1/
pour tous les i tels queXi
> 0 nousdevons avoir T -03BCi nous
voyonsXi
que la limite inférieure pour T va être :
2/
pour tous les i tels queAi
0 nous devons avoir T 2013Mi
la limite03BBi
supérieure
pour T sera donc :Le cas
Ai
= 0 n’est pas à étudier car alors latechnique
i neparticipe
pas à la substitution.Nous voyons donc que la formule donnant
ZT (t)
nouspermet
de calculer les valeurs de p et w pour l’ensemble destechniques
dont leséquipements
ontété installés entre
Ti
1 etT2
*Que
sepasse-t-il
si T devientégal
àTl
ouT2 ?
Si T =
Tl
nous sommes à un instant oùapparaît
unetechnique
nouvelle.Nous passons donc d’une substitution à m - 1
techniques
à une substitution àm
techniques.
Si T =
T2
nous avons alorsdisparition
d’unetechnique
deproduction
et s’il
n’y
a pas simultanémentapparition
d’une nouvelletechnique
leproblème
se
ramène,
pour lapériode suivante,
à la substitution de m - 2techniques.
Remarque
Si nous donnons à un instant
Tl
mtechniques
deproduction
avec leursparts respectives
du marché et à un instantT 2
les nouvellesparts
pour ces mtechniques,
nous déterminons très facilement lesparamètres Ai et 03BCi
d’où les va-leurs à donner à p et w.
Utilisation des formules dans le cas
général
Plaçons-nous
dans le casgénéral
oùapparaissent
etdisparaissent
successive- ment un certain nombre detechniques.
Nousdécoupons
lapériode
à étudieren un certain nombre d’intervalles
Tl, T2 , ... T 0’
àchaque
foisqu’apparaît
oudisparaît
une nouvelletechnique.
Pourchaque
intervalle ainsidéfini,
nous avonsRevue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
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substitutions de
mj techniques (j
indice del’intervalle).
Le calculprécédent
nous donne alors lespj
etwj
à utiliser pour leséquipements
installéspendant
cet intervalle. Il ne resteplus qu’à reporter
ces valeurs dans les formules donnant Pn ,pn , pin
pour les modèlesC,
D ouEx
en sommant sur les différents inter- valles.(En
fait ils’agit plus
ici du modèleE( 1)
et même d’un modèle encoreplus compliqué
car il y aura autant de(p , w)
que d’intervallesj).
Nous allons maintenant essayer
d’appliquer
ces résultats dans le cas detrois
techniques.
III - ENSEMBLE
D’EQUIPEMENTS ENERGETIQUES
REPONDANT A TROIS MODELES TYPES DE CONSOMMATION D’ENERGIE.Hypothèses
Nous supposerons
l’apparition
successive de deuxtechniques
A et Bqui
se substituent à une troisièmetechnique
C. Cette substitution s’effectue defaçon
linéaire.Jusqu’à
la dateT 0
nous n’avons que latechnique
C. EnTo apparaît
latechnique
Bqui
se substitue linéairement à Cjusqu’en T1. En T1 apparaît
latechnique
A et il va y avoir dès lorsremplacement
de latechnique
C par lestechniques
A et B. EnT2
latechnique
C auracomplètement disparu,
et lestechniques
A et B se stabilisent alors aux valeurs atteintes enT2.
Laprévision
est
supposée
faite à n >T2. To
estsupposé pouvoir
êtrepris
comme instant 0.Schémas d’évolution des
techniques (en %
dumarché) Technique
A( 1 ) Voir R.S.A. 1963 - XI - 1 - Article de M. Dourille.
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Technique
BTechnique
CNous supposons de
plus
que la durée de vie desappareils (D)
est telle queD>n>T2
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1 /
Pour lapériode (0 , T1 )
nous n’assistonsqu’à
unesimple
substitution entre deuxtechniques.
Nous pouvons doncappliquer
directement les résultats de M.MONDON,
soit :d’où
Les valeurs de pi et w 1 pour les
équipements
installéspendant
cettepériode
seront donc :2/
Pour lapériode (te, T2 )
nous pouvons écrire avec des notations iden-tiques
auxprécédentes :
avec
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Nous pouvons
appliquer
les formulesgénérales
de lapartie
II à lapériode (T1 , T2 )
enprenant
comme variable non pas t mais t -Tl (changement
d’ori-gine).
Nous avons dans ce cas :
Nous remarquons que
ZT1
1 est une donnéepuisque
ils’agit
de la con-sommation unitaire du nouvel
équipement qui
entre en service enTl.
«Nous avons d’autre
part :
1
Il en résulte
qu’il
estparfaitement possible
de calculer les1T; , 1 Iri 1 , w’1
,w2
et03B3’
donc les valeurs P2 et w2 à utiliser pour leséquipements
installés en-tre
T
1 etT2.
»Revue de Statistique Appliquée. 1973 - vol. XXI N° 3
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3/
Pour leséquipements
installésaprès T2
iln’y
aplus
substitution. Nous donc :4/ Application
du modèle Ed’où
Le calcul de
03C1"n
et de03C1"’n
va êtreplus
difficile car il faut tenircompte
des différentespériodes,
soit :En
effet, de 0 à n il y a n +
1années,
avec :ZT1 , ZT1 , ZT2 , ZT2
étant calculés comme il a étéindiqué
ci-dessus.Soit :
et
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Nous pouvons alors
appliquer
les modèles à coefficientstechniques
uti-lisés par le C E R E N.
Nous voyons donc en
conclusion,
que dans le cas de troistechniques,
ilest
possible d’utiliser
ce modèle deprévision.
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