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Indigents médiatiques, vraiment?
AMEZ-DROZ, Philippe René
AMEZ-DROZ, Philippe René. Indigents médiatiques, vraiment? La Tribune de Genève , 2016, no. 25 novembre
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http://archive-ouverte.unige.ch/unige:91805
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Date: 25.11.2016
Tribune de Genève 1204 Genève 022/ 322 40 00 www.tdg.ch
Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd.
Tirage: 41'213 Parution: 6x/semaine
N° de thème: 377.116 N° d'abonnement: 1094772 Page: 11
Surface: 18'445 mm²
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Planète réseaux
Philippe Amez-Droz *
Indigents médiatiques, vraiment?
L'édition 2016 des Annales qualité des médias en Suisse, produite par l'Institut
de l'Université de Zurich, met en exergue que 31%
de la population suisse formerait une catégorie dénommée
«Indigents médiatiques». En tête devant une autre catégorie dite des «surfeurs globaux» (21%). Ces deux catégories reflètent la montée en puissance des médias sociaux, au détriment des médias traditionnels. Indigent selon le Larousse signifie «qui manque des choses les plus nécessaires, nécessiteux». Ces
«indigents médiatiques» seraient formés, principalement, de jeunes femmes de moins de 30 ans Malgré le sérieux de l'enquête, un doute nous assaille.
Non pas sur ses conclusions qui deviennent un véritable
«marronnier» avec la primauté du service public sur les médias privés, mais sur le fossé qui sépare la réalité en matière d'usages numériques et leur interprétation sociologique. Une enquête 2016 de Pew Research Center indique que 62% des Américains accèdent aux «News»
par le biais des médias sociaux, Facebook en tête. Aux Etats-Unis, les marques médias s'adaptent.
Les générations nées avec
Internet définissent leurs centres d'intérêt selon un agenda qui ne recoupe plus celui des médias de masse du siècle passé. Elles développent de nouvelles compétences qui nécessitent d'autres grilles d'analyse:
l'information cède ainsi du terrain face à l'aptitude à générer et exploiter les données
personnelles; la délinéarisation et la fragmentation des usages numériques soulignent la prédominance d'une logique de
«Les indigents médiatiques ont d'autres intérêts.
Il serait temps de le réaliser»
la demande sur celle de l'offre;
la maîtrise des outils digitaux favorise les communautés participatives qui bousculent les conventions. Dans les faits, les
«indigents médiatiques» ont simplement d'autres intérêts.
Il serait peut-être temps de le réaliser.
* Collaborateur scientifique, Medi@LAB-Genève