HAL Id: hal-02718513
https://hal.inrae.fr/hal-02718513
Submitted on 1 Jun 2020
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Les facteurs de mortalité des oeufs de Tortrix viridana L. (Lep., Tortricidae). II. Parasitisme par un
Trichogramma (Hym., Trichogrammatidae) et
”maladies”
P. Du Merle
To cite this version:
P. Du Merle. Les facteurs de mortalité des oeufs de Tortrix viridana L. (Lep., Tortricidae). II. Para-
sitisme par un Trichogramma (Hym., Trichogrammatidae) et ”maladies”. Agronomie, EDP Sciences,
1983, 3 (4), pp.359-367. �hal-02718513�
Les facteurs de mortalité des oeufs de Tortrix viridana L.
(Lep., Tortricidae). II. Parasitisme par un Trichogramma (Hym., Trichogrammatidae) et « maladies ».
Paul DU MERLE
René MAZET
LN.R.A., Station de Zoologie forestière,
avenueVivaldi, F 84000 Avignon.
RÉSUMÉ Les oeufs de la tordeuse verte du chêne, Tortrix viridano L., sont parasités par Trichogramma sp. Ce chalci- dien est
uneespèce polyvoltine, à diapause larvaire facultative. La I re génération d’adultes, issue des larves ayant hiverné
endiapause, émerge tard (en juillet-août à 800-900
md’altitude) et pond dans les oeufs fraîche- ment déposés de la tordeuse. Une forte proportion des larves filles échappe à la diapause, si bien qu’une 2 e génération vole partout
versla fin de l’été. Elle peut être suivie d’une 3° génération, laquelle semble fréquente,
et même probablement d’une 4 c dans certains
cas.Les derniers adultes volent
aumoins jusqu’en début novembre, parfois jusqu’en février. Le parasitisme grégaire est très fréquent chez les larves issues de la 1" génération,
le parasitisme solitaire est la règle générale, mais
nonabsolue, chez celles issues des générations suivantes.
Les œufs de la tordeuse sont également atteints par
une« maladie blanche » et par
une« maladie rouge
».L’origine de la première est inconnue ; la seconde résulte généralement, mais pas toujours semble-t-il, de piqûres
nutritionnelles du trichogramme. Au-delà du mois de novembre, la mortalité due
auparasite et
aux2 types de maladies
nes’accroît plus, quand elle le fait encore, que de façon négligeable. La tordeuse verte dépose
presque toujours
sesoeufs par groupes de 2,
unœuf
«supérieur » surmontant
unœuf
«inférieur
».Les femelles de la 1" génération du trichogramme parasitent exclusivement les œufs supérieurs, celles des générations ulté- rieures parasitent également, mais à
unbien moindre degré, les oeufs inférieurs. Le taux de parasitisme et la fréquence de la maladie rouge sont
enconséquence toujours considérablement plus élevés chez les premiers.
Mots-clés additionnels : Cycle évolutif, Diapause, Comportement alimentaire, Comportement de ponte.
SUMMARY Mortality factors for eggs of Tortrix viridana L. (Lep., Tortricidae). 77. Parasitism by
aTricho-
gramma species (Hym., Trichogrammatidae) and
«diseases
».The eggs of the green oak tortrix, Tortrix viridana L.,
areparasitized by Trichogramma sp. This chaicid wasp is
apolyvoltine species, with
afacultative larval diapause. The 1st adult generation, produced by the larvae having overwintered in diapause, appears late (in July-August at the altitude of 800-900 m) and lays its eggs into those newly deposited by the tortrix. A high percentage of the daughter larvae does not diapause
sothat
a
2nd generation everywhere flies towards the end of the
summer.It may be followed by
a3rd generation, which is apparently frequent, and presumably too by
a4th
oneunder certain circumstances. The last adults fly at least until the beginning of November, sometimes until February. Gregarious parasitism is very fre- quent when the host is parasitized by the 1st generation while solitary parasitism is generally but not always observed when the host is parasitized by the following
ones.The tortrix eggs
arealso affected by
a «white disease and by
a «red disease
».The former is of unknown
cause.The latter is generally but apparently
not always the result of feeding punctures made by Trichogramma sp. After November, mortality due to
the parasite and to both types of disease increases, insignificantly, if at all. The oak tortrix eggs
arealmost always deposited in groups of 2,
one «upper egg
over one «lower
».Trichogramma females of the 1st
generation only parasitize the upper eggs while the females of the following generations parasitize also, but to
amuch lesser extent, the lower
ones.Therefore parasitism rate and red disease frequency
arealways much higher for the upper eggs.
Additional key-words : Life cycle, Diapause, Feeding behaviour, Egg-laying behaviour.
I. INTRODUCTION
La première partie de ce travail (Du MERLE, 1983 a) trai- tait du complexe des prédateurs des oeufs de la tordeuse
verte du chêne, Tortrix viridana L. Nous examinerons ici
les autres facteurs de la mortalité embryonnaire de l’insecte observés au cours de notre étude. Il s’agit, d’une part du parasitisme par un Trichogramma, d’autre part de 2 « mala- dies », que nous dénommerons respectivement
«maladie
rouge et « maladie blanche » par allusion à la couleur des
oeufs atteints. Les méthodes utilisées et les caractéristiques des oeufs de la tordeuse ont été décrites dans le précédent
article. Aussi se limitera-t-on à rappeler ce qui suit : les oeufs de l’insecte sont déposés, presque toujours par groupes de 2, un oeuf
«supérieur » surmontant un oeuf
«inférieur »,
sur les rameaux des chênes. Pondus au début de l’été, ils éclosent au cours du printemps suivant. Les observations ont été réalisées pour la plupart au Mont-Ventoux (Vau- cluse), dans des peuplements de chêne pubescent (Quercus pubescens Willd.) ou de chêne vert (Q. ilex L.). Des prélè-
vements successifs effectués sur des arbres témoins ont per- mis de suivre l’évolution des taux de mortalité à partir de l’époque de ponte de la tordeuse dans 3 stations du Ven- toux : à 900
md’altitude sur chêne pubescent du 17 juillet 1978 au 26 avril 1979 (une dizaine de jours avant l’éclosion
des chenilles) à 930 m d’altitude sur chêne pubescent du
5 juillet au 22 novembre 1979 ; à 800 m d’altitude sur chêne vert du 20 juillet 1980 au 14 avril 1981 (juste avant l’éclo-
sion des chenilles), puis à nouveau, mais de façon moins précise, du 3 juillet au 3 décembre 1981. Dans certains cas,
on a noté la position au sein de la ponte de chacun des oeufs examinés. Outre les 2 chênes déjà cités, il sera fait mention du chêne liège (Q. suber L.), du chêne pédonculé (Q. robur L.) et du chêne sessile (Q. petraea Matt.).
II. PARASITISME PAR TRICHOGRAMMA SP.
Que ce soit au Ventoux ou dans les autres régions fran- çaises étudiées (Alpes-Maritimes, Var, Côte-d’Or, Haute- Saône, Jura, Yvelines), nous n’avons rencontré qu’une seule espèce d’insecte parasitant les oeufs de la tordeuse verte.
Il s’agit d’un Trichogramma de couleur claire, présentant apparemment une parthénogénèse thélytoque, car nous
n’avons jamais observé de mâles. Les taux de parasitisme
ont été calculés en divisant le nombre des oeufs où le para- site avait atteint ou dépassé le stade
«larve mûre » par le nombre total des oeufs examinés.
A. Description des œufs parasités
Comme il est habituel chez les espèces du genre, la larve de Trichogramma sp. parvenue à maturité (larve mûre) sécrète une substance de couleur brune ou noire, qui se dépose contre le chorion de l’oeuf et confère à ce dernier
un aspect caractéristique. La teinte foncée prise par les oeufs
parasités est toutefois masquée en presque totalité par les débris végétaux recouvrant le chorion. L’adulte du para- site émerge par un orifice circulaire, beaucoup plus petit
que les trous de sortie des chenilles.
B. Epoque du parasitisme
La figure 1 présente l’évolution dans le temps du parasi-
tisme dans les 3 stations habituelles du Ventoux. Les l!es larves mûres du parasite ont été observées au cours de la 1 r
e moitié du mois d’août. Puis les taux de parasitisme ont augmenté jusque vers le début ou le milieu d’octobre, épo-
que à partir de laquelle on n’observe plus de tendance à leur accroissement.
C. Biologie et cycle annuel du trichogramme
Trichogramma sp. hiverne à l’état de larve mûre en dia- pause. La figure 2 présente son cycle dans chacune des 3 sta- tions habituelles. Ce cycle a été établi en notant, lors de cha-
que contrôle, le stade (larve mûre, nymphe, nymphe au
terme de son évolution, adulte émergé) de chacun des para-
sites rencontrés. Les observations ont porté
surles oeufs de
la génération en cours de la tordeuse, mais aussi sur ceux
de la génération précédente, afin de suivre l’évolution des
parasites ayant passé l’hiver en diapause. Dans la station
800 m, 2 cycles successifs du trichogramme ont été étudiés.
Lors de la seconde campagne de prélèvements, réalisée de juillet à décembre 1981, les œufs de la génération précé-
dente de la tordeuse n’ont pas été examinés ; l’évolution des
parasites ayant hiverné dans ces oeufs a été reconstituée
approximativement (en blanc sur la fig. 2), en tenant compte à la fois de la date d’apparition des 1 r es larves mûres dans les oeufs de la génération en cours et des observations réa- lisées les 3 années précédentes.
1. Evolution des larves hivernantes et émergence des adultes de la 1- génération (GI)
Les larves hivernantes du trichogramme ont commencé
à se nymphoser au plus tôt fin juin, parfois seulement vers
le milieu de juillet. Ces larves se nymphosent donc tardive-
ment, lorsque l’été phénologique est déjà bien installé. Les adultes ont commencé à apparaître 10-15 j. plus tard, en juillet. L’émergence de cette 1 Te génération (G1) du para- site a duré une vingtaine de jours et s’est achevée en août.
Nous n’avons jamais observé de larves passant plus d’un
hiver en diapause.
Sur chêne vert (800 m), le début des émergences de la G1 1
a précédé de quelques jours la fin de la période de ponte de la tordeuse ; sur chêne pubescent (900 m et 930 m) en revanche, la G1 est apparue une semaine environ après la
fin de cette période. Ceci résulte du fait que le vol et, par
suite, la ponte de la tordeuse verte sont plus tardifs, toutes
choses égales par ailleurs, lorsque l’insecte se développe sur
chêne vert que lorsqu’il se développe sur chêne pubescent (Du MERLE, 1983 b).
2. Evolution de la descendance de la GI et émergence des
adultes de 2 e génération (G2)
Vers la fin de juillet ou au cours de la 1 Te moitié du mois d’août, 15-20 j après le début des émergences de la G1, sont
apparues, dans les oeufs nouvellement pondus de la tor- deuse, les 1 r es larves mûres du parasite ; à partir de ce
moment, de telles larves ont été observées lors de chaque
contrôle. 15-20 j plus tard, durant la seconde moitié d’août
ou en début septembre, soit une dizaine de jours après la
fin des émergences de la G 1, des adultes de 2 e génération (G2) ont commencé à sortir des nouvelles pontes.
3. Existence de générations ultérieures d’adultes (G3 et G4)
A compter de l’apparition des l ers adultes de la G2, des émergences se sont produites continuellement jusqu’en fin
octobre à mi-novembre, et même jusqu’au 10 février en
1980-1981 ! Les parasites qui ont ainsi émergé pendant
unepériode longue de 2 à 3 mois (et même d’un peu plus de
5 mois dans le dernier cas) ne peuvent à l’évidence avoir tous appartenu à la G2.
La position de chacun des oeufs parasités à 800 m est
connue. Examinons les résultats relatifs au cycle 1980-81.
La G1, issue des vieilles pontes, a commencé à voler vers
le 22 juillet (jour J I ). L’évolution respective du parasite
dans les œufs supérieurs et dans les oeufs inférieurs des nou-
velles pontes a été la suivante : dans le premier cas, appari-
tion des 1‘ es larves mûres vers le 10 août (J!, émergence
des 1 ers adultes vers le 28 août (J 2 ) ; dans le second cas,
apparition des 1 T es larves mûres seulement vers le 20 sep-
tembre (J b ), émergence des 1 ers adultes vers le 10 octobre (J
3
). Le jour J 2 est par suite celui du début des émergences de la G2. On constate qu’il s’est écoulé sensiblement le même laps de temps entre J, et J a qu’entre J 2 et J b (une vingtaine de jours), entre J a et J 2 qu’entre J b et J 3 (une vingtaine de jours également), entre J ¡ et J 2 qu’entre J 2 et J
3 ou J a et J b (une quarantaine de jours). Le développe-
ment du trichogramme s’est donc effectué tout à fait nor-
malement dans les oeufs inférieurs, mais ceux-ci n’ont com- mencé à être infestés que très tardivement, environ 6 semaines après les oeufs supérieurs, donc vers le début du
vol de la G2. La figure 3, dans sa partie droite (courbes
en traits fins), compare la courbe de parasitisme des œufs inférieurs à celle des oeufs supérieurs : la 1 re diffère de la 2
e
, non seulement par le fait qu’elle débute environ 6 semai-
nes plus tard, mais aussi par une pente bien moindre.
Tout en étant moins précises, les données recueillies à 800 m au cours du cycle 1981-82 concordent avec les pré-
cédentes. On peut déduire de l’ensemble de ces observations,
en simplifiant peut-être très légèrement, que la G1 ne para- site que des oeufs supérieurs, tandis que la G2, tout en atta- quant préférentiellement ces derniers, parasite également
des oeufs inférieurs. L’examen des oeufs inférieurs permet donc de connaître l’évolution des individus issus de la G2.
On parvient ainsi à la conclusion qu’une 3 e génération
d’adultes vole au cours de l’automne à 800 m. Cette G3 est apparue vers le 10 octobre en 1980, plus précocement (approximativement vers le 1&dquo; octobre) en 1981. Une G4 lui a vraisemblablement succédé en 1980, mais nous ne dis- posons pas de critère permettant de la mettre en évidence.
Il ne fait guère de doute qu’une G3 vole également dans
les stations 900 m et 930 m.
A 800 m en 1980-81, le trichogramme a parasité au total 12,6 p. 100 des œufs (fig. 1, courbe C), soit 21,7 p. 100 des
œufs supérieurs et 3,6 p. 100 des oeufs inférieurs (cf. plus
loin tabl. 3) ; la G1, à elle seule, a parasité environ 10 p.
100 des œufs supérieurs (fig. 3), donc environ 5 p. 100 de l’ensemble des oeufs. On peut déduire de ces données les informations suivantes : la G1 a été responsable d’à peu près 5/12,6 soit 40 p. 100 du parasitisme total ; les générations ultérieures, responsables des 60 p. 100 restants et dont le rôle a par suite été important, ont parasité à peu près 21,7
-
10 soit 11,7 p. 100 des oeufs supérieurs mais seulement 3,6 p. 100 (valeur 3 fois moindre) des oeufs inférieurs, ce qui confirme leur nette préférence pour les premiers.
4. Parasitisme solitaire et parasitisme grégaire
Selon les cas, 1 ou 2 larves du trichogramme, voire excep- tionnellement 3, se développent avec succès dans un œuf de la tordeuse. Trichogramma sp. est donc
unparasite tan- tôt solitaire, tantôt grégaire. Le parasitisme grégaire résulte vraisemblablement du dépôt simultané de plusieurs oeufs
par la même femelle, car nous n’avons jamais observé
d’écart évolutif entre les larves cohabitant dans un même hôte. Le tableau 1 compare la fréquence du parasitisme gré- gaire au cours de 2 périodes du cycle du parasite. La pre-
mière, qui s’étend sur 3-4 semaines, débute avec l’appari-
tion des l’ el larves mûres issues de la G1 et s’interrompt après le début du vol de la G2 (ceci pour disposer d’un nom-
bre suffisant d’individus) mais avant l’apparition des l’ es
larves mûres issues de cette G2. Il n’a pas été tenu compte des oeufs d’où avaient déjà émergé des trichogrammes, faute
de pouvoir distinguer à coup sûr ceux où s’étaient dévelop- pés plusieurs parasites ; toutefois la fréquence calculée du
parasitisme grégaire ne diffère sans doute guère de sa fré-
quence réelle, car les valeurs obtenues en prenant seulement
en compte les œufs récoltés avant l’émergence de la G2 sont
du même ordre de grandeur que celles figurant sur le
tableau. La seconde période débute avec la fin des émer-
gences des adultes de la dernière génération et s’étend jusqu’au terme des prélèvements ; la fréquence calculée du
parasitisme grégaire est ici égale à sa fréquence réelle.
On constate que la fréquence du parasitisme grégaire a toujours été élevée ou très élevée durant la 1&dquo; période, fai-
ble ou presque nulle durant la seconde. Ce type de parasi-
tisme est donc fréquent chez les hôtes infestés par la GI,
rare mais non inexistant (des oeufs inférieurs contiennent
parfois plusieurs parasites) chez ceux infestés par les géné-
rations suivantes. Le déterminisme de ce curieux phénomène
reste inconnu. Peut-être le parasitisme solitaire résulte-t-il
parfois de l’élimination des parasites surnuméraires dans des hôtes primitivement superparasités. En tout cas, il ne paraît pas exclusivement déterminé par des facteurs comme
les conditions de milieu (température, photopériode) ou l’âge de l’hôte car on observe simultanément des cas de
parasitisme grégaire et de parasitisme solitaire dès
qu’apparaissent les Ires larves mûres issues de la G l .
5. Fréquence de la diapause larvaire
Le tableau 2 donne des exemples de la valeur prise par le rapport entre le nombre des oeufs dans lesquels le para- site n’a pas présenté de diapause et le nombre total des oeufs
parasités. Cette valeur, qui ne tient pas compte du nombre des parasites par oeuf, a été calculée à partir d’échantillons prélevés après la fin des émergences des individus non dia- pausants. Comme le parasitisme grégaire se manifeste sur-
tout chez la descendance de la GI et que l’installation d’une
diapause chez le trichogramme est certainement plus rare
dans les oeufs parasités par cette génération que dans ceux
parasités par les générations ultérieures, la valeur considé- rée sous-estime sans doute assez fortement la fréquence des développements sans diapause. On constate sur le tableau
que le trichogramme a présenté ce type de développement
dans 25 à 65 p. 100 des oeufs parasités. D’une façon géné- rale, nous avons observé des développements sans diapause
dans toutes les régions (Ventoux, Alpes-Maritimes, Var,
Jura, Côte-d’Or) où nous avons disposé d’échantillons com-
portant au moins une dizaine d’œufs parasités, même dans la station 1 350 m du Ventoux, qui se trouve pourtant à peu
près en limite bioclimatique supérieure de la chênaie. Il découle de cet ensemble de faits, d’une part que Tricho- gramma sp. présente toujours une G2, d’autre part que la fréquence des individus non diapausants chez les larves issues de la Gl est certainement élevée partout, ce qui expli-
que la rareté du parasitisme grégaire chez les oeufs conte- nant des larves en diapause.
Nous avons vu précédemment qu’une G3 vole dans cer-
taines localités, donc qu’une partie des larves issues de la G2 échappe parfois à la diapause. Il se pourrait que cette G3 soit en fait largement répandue, y compris sous des cli-
mats froids. Au Ventoux en effet, les émergences du tri- chogramme se poursuivent tard en saison même à des alti- tudes élevées : elles n’étaient pas encore terminées le 28 novembre 1980 à 1 150 m d’altitude, au début de novem- bre 1979 à 1 250 m et à 1 350 m d’altitude. Il n’est enfin pas impossible que certaines des larves issues de la G3 aient dans certaines circonstances (station 800 m en 1980-81) un développement continu, donnant ainsi naissance à une G4.
Dans le cas des chênes verts de la station 800 m, nous
pouvons affiner ces conclusions. En 1980-81, le tricho- gramme a échappé à la diapause dans 47,8 p. 100 de l’en- semble des oeufs parasités (tableau 2), mais dans 15,7 p.
100 seulement des oeufs inférieurs parasités, lesquels sont représentatifs de l’ensemble des œufs infestés par les géné- rations G2 et suivantes. Or, nous avons remarqué précé-
demment que, sur 100 oeufs parasités au total, 40 environ l’ont été par la Gl. On peut en déduire que le trichogramme
n’a pas présenté de diapause dans à peu près 47,8 - (0,157
x 60)
=38,4 de ces 40 oeufs. Les larves issues de la Gl ont donc pour la plupart, sinon toutes, échappé à la dia-
pause ; en revanche, seule une faible minorité (guère plus
de 16 p. 100 compte tenu de la rareté du parasitisme gré- gaire) de celles issues des générations ultérieures ont eu un
développement continu.
La station 800
mest occupée non seulement pas des chê-
nes verts mais aussi par des chênes pubescents. On voit sur le tableau 2 que la fréquence des cas de non-diapause a été
à peu près la même sur l’une et sur l’autre essence en 1980-81
puis en 1981-82. Dans la situation considérée tout au moins,
la nature de l’arbre support n’a donc pas ou guère eu d’ef-
fet sur le taux de diapause du parasite. En revanche, l’exem- ple de la forêt du Dom montre que ce taux peut varier lar- gement d’une année à l’autre.
6. Facteurs de la diapause
Les basses températures sont, a priori, le facteur le plus plausible de la diapause du trichogramme. Les faits obser-
vés au Ventoux en 1980-81 conduisent toutefois à s’in- terroger sur le bien-fondé de cette hypothèse. La figure 4
montre que les conditions climatiques ont été, à partir d’oc- tobre, nettement plus rigoureuses qu’en année moyenne,
avec des minimums thermiques journaliers qui sont fré- quemment descendus en dessous de 0°C dès le début de novembre. Or, à l’inverse de ce que l’hypothèse laisserait prévoir dans de telles conditions, la période durant laquelle
des larves du parasite se sont nymphosées s’est certainement
prolongée beaucoup plus tard qu’à l’accoutumée. En effet, des nymphes blanches et des nymphes en fin d’évolution, les unes et les autres parfaitement vivantes, ont été obser- vées respectivement jusqu’au 3 et jusqu’au 10 février, durant 3 mois de plus environ qu’au cours d’une année nor-
male (fig. 2), ce qui nous conduit à penser qu’une généra-
tion supplémentaire (G4) du parasite a émergé au cours de l’hiver. Il est par ailleurs intéressant de signaler qu’on récolte parfois des oeufs superparasités d’où l’un des trichogram-
mes a émergé sans avoir subi de diapause mais où l’autre, bien que s’étant développé dans les mêmes conditions, se
trouve à l’état de larve diapausante. Au total, la question
de la nature et du mode d’action des facteurs de la diapause
du parasite reste donc pour le moment sans réponse.
7. D!éveloppement larvaire et évolution du taux de parasitisme
Des astérisques signalent sur la figure 2 les dates à partir
desquelles les taux de parasitisme ont cessé de croître de
façon perceptible. Ces dates sont bien antérieures à l’émer- gence des derniers individus sans diapause. En fait, des lar-
ves sont parvenues à maturité plus tard en saison, car de jeunes stades du parasite ont été observés dans les oeufs récoltés le 8 novembre 1979 à 900 m, le 5 décembre 1980 à 800 m. Les taux de parasitisme ont donc certainement continué à augmenter au-delà des dates indiquées, mais dans
des proportions très modestes, masquées par les fluctua- tions d’échantillonnage. Il est d’ailleurs vraisemblable que la G3 et l’éventuelle G4 n’ont, en comparaison des généra- tions précédentes, qu’une importance numérique et par suite
une action parasitaire négligeable.
8. Choix de l’hôte par la femelle
Nous avons remarqué que les femelles de la G 1 parasi-
tent exclusivement les oeufs supérieurs. Tout se passe alors
comme si le trichogramme, ne faisant pas la distinction entre
les 2 oeufs composant chaque ponte, percevait un oeuf uni-
que dont il transpercerait systématiquement, lors de l’ovi-
position, la partie supérieure. Les femelles des générations ultérieures, en revanche, parasitent également, bien qu’à un
moindre degré, les oeufs inférieurs. En 1980, à 800 m, le
taux global de mortalité (prédatisme + parasitisme + mala- dies) des œufs supérieurs au début de la période de vol de la G2 n’atteignait que 30 p. 100, celui des oeufs inférieurs
égalant 15 p. 100. Ce n’est donc certainement pas une exces-
sive raréfaction des oeufs supérieurs sains qui conduit le parasite à modifier son comportement.
En 1980-81, nous avons récolté sur les chênes verts de 800 m un total de 217 oeufs inférieurs parasités. Dans 73 p.
100 des cas, l’oeuf supérieur était lui-même parasité et avait déjà été abandonné par le parasite ; dans 5 p. 100 des cas cet oeuf était parasité, mais encore occupé par le parasite et dans
13 p. 100 il était atteint de la
«maladie rouge », laquelle,
comme nous le verrons, est souvent causée par des piqûres
du parasite. Au total, un oeuf inférieur parasité était donc
associé dans un peu moins de 91 p. 100 des cas à un œuf ayant lui-même subi des atteintes du parasite.
Le choix des oeufs inférieurs par le trichogramme ne se
fait donc pas au hasard. L’action du parasite est dans la grande majorité des cas liée à une attaque antérieure de l’oeuf supérieur. Le mécanisme comportemental de ce phé-
nomène reste à élucider.
9. Mortalité larvaire et nymphale
La mortalité larvo-nymphale du parasite dans les condi- tions naturelles est loin d’être négligeable. Les prélèvements
réalisés dans les diverses localités françaises étudiées ont en
effet fourni les valeurs extrêmes suivantes (en cas de para- sitisme grégaire, les individus occupant un même oeuf ont été comptés comme ne faisant qu’un) : 14-24 p. 100 de mor- talité pour l’ensemble d’un cycle (d’un été au suivant) dont
8-18 p. 100 en larve mûre et 5-6 p. 100 en nymphe ; 8-16 p.
100 de mortalité entre le début d’un cycle et la fin de l’hi-
ver ou le début du printemps, dont 4-10 p. 100 en larve mûre et 4-10 p. 100 en nymphe : 7-15 p. 100 de mortalité chez les nymphes qui se forment avant l’hiver. La mortalité lar- vaire ne frappe guère que les individus diapausants ; la mor-
talité nymphale en revanche frappe essentiellement les indi- vidus non-diapausants.
10. Conclusions
Trichogramma sp. est une espèce polyvoltine, présentant
une diapause larvaire facultative. La 1 r e génération d’adul-
tes, issue des larves ayant hiverné en diapause, émerge tar- divement, au cours de l’été, ce qui assure sa coïncidence
temporelle avec l’hôte. Ces adultes pondent dans les oeufs fraîchement déposés de la tordeuse. Une forte proportion
des larves filles échappe à la diapause, si bien qu’apparaît partout, vers la fin de l’été, une 2 e génération d’adultes.
Il arrive, fréquemment semble-t-il, que certaines des larves issues de cette génération aient un développement continu.
Une 3 e génération d’adultes émerge alors en automne, à laquelle une 4 e peut vraisemblablement succéder dans cer-
taines circonstances. Les périodes d’émergence de la G2 et
des générations suivantes se chevauchent plus ou moins, tan- dis que celle de la G1 est nettement distincte. Les derniers adultes volent remarquablement tard, au moins jusqu’en
début novembre, parfois jusqu’en février. Sauf pendant une période de 10-15 jours située en juillet ou août, des larves mûres sont continuellement présentes dans la nature. Les
femelles de la G1 ne parasitent que les oeufs supérieurs de
la tordeuse, celles des générations ultérieures parasitent éga- lement, mais beaucoup plus rarement, les oeufs inférieurs.
Le parasitisme grégaire est fréquent chez la descendance des l
’es
, rare chez celle des secondes.
D. Taux de parasitisme comparés des œufs selon leur position Les exemples rassemblés dans le tableau 3 mettent en évi- dence les importantes répercussions du comportement des femelles du trichogramme : d’une part, les oeufs parasités
sont dans la très grande majorité des cas des œufs supé- rieurs ; d’autre part et corrélativement, le taux de parasi-
tisme de ces derniers est toujours considérablement plus
élevé que celui des œufs inférieurs.
III. LA « MALADIE ROUGE » DES ŒUFS A. Symptômes
Dans un premier temps, le contenu de l’oeuf acquiert la
consistance d’une purée épaisse, de teinte mêlée de blanc
et de rougeâtre. Puis il se dessèche progressivement, tout en
se rétractant. Au terme de la maladie, l’oeuf renferme une sorte de pastille lenticulaire, parfois entièrement jaunâtre,
le plus souvent entièrement ou partiellement rougeâtre. Les
oeufs malades passent donc successivement par un stade
«
pâteux » et par un stade
«desséché
».De l’extérieur, il
est à peu près impossible de les distinguer d’œufs sains.
B. Epoque d’apparition de la maladie. Position des mufs malades
La figure 5 présente l’évolution dans le temps de la fré- quence des œufs malades dans les stations 930 m et 800 m ; la courbe relative à la station 900 m n’a pas été tracée, car
nous ne savions pas encore bien reconnaître les oeufs mala- des lorsqu’ont été réalisés les 1 ers prélèvements. A 800 m
comme à 930 m, les 1 er s oeufs malades ont été observés fin
juillet-début août. Le taux de mortalité a atteint sa valeur maximale au cours de l’automne : en octobre au plus tôt à
930 m, en octobre à 900 m, en novembre à 800 m. Les don- nées moins précises recueillies dans cette dernière station
en 1981 indiquent que la maladie y a évolué à peu près
comme en 1980. La figure 5 présente également l’évolution à 800 m des fréquences respectives des 2 stades de la mala- die. On constate en particulier que la plupart des oeufs mala- des, mais non tous, avaient atteint le stade
«desséché » le 14 avril, juste avant le début des éclosions des chenilles.
Les données rassemblées dans le tableau 4 montrent que le taux de mortalité des oeufs supérieurs est toujours consi-
dérablement plus élevé que celui des œufs inférieurs. L’ana-
logie de ces résultats avec ceux relatifs au parasitisme par
Trichogramma sp. (tabl. 3) est troublante. Qui plus est, les oeufs inférieurs malades, au nombre de 162, fournis par l’ensemble des prélèvements réalisés à 800 m en 1980-81 étaient dans 51 p. 100 des cas surmontés par un oeuf d’où avait émergé un trichogramme.
La figure 3 compare l’évolution respective de la fréquence
des oeufs malades et du taux de parasitisme dans 2 stations.
L’analogie est ici aussi manifeste.
C. Causes de la maladie
Nous avons cru longtemps que la maladie rouge résul-
tait d’une infection de l’oeuf par des germes entomopatho- gènes. L’examen de frottis et de coupes d’oeufs malades a
effectivement révélé dans un petit nombre de cas la présence
de protozoaires, sans doute des microsporidies (AMa.!tGIER
& ATGER, comm. pers.). Une étude plus approfondie, en microscopie photonique puis électronique, a toutefois mon-
tré que les oeufs malades étaient presque toujours indem-
nes de germes et que ceux-ci, lorsqu’ils étaient présents,
étaient beaucoup trop rares pour avoir pu causer la mort de l’oeuf (V IVARES , comm. pers.). La position des oeufs
malades et la façon dont évolue le taux de mortalité nous ont alors amené à suspecter les trichogrammes.
En juillet 1981, des rameaux de chêne portant des oeufs de tordeuse verte fraîchement pondus au laboratoire ont été divisés en 2 lots qui ont été conservés dans les mêmes conditions, à ceci près que l’un a été mis en présence de tri- chogrammes et l’autre non. En septembre, tous les oeufs
ont été disséqués. Chez le 2 e lot (438 œufs), aucun oeuf n’était atteint de la maladie, ni évidemment parasité. Chez
le 1 er en revanche (196 oeufs), 22 p. 100 des oeufs étaient
parasités et 16 p. 100 malades. Il apparaissait donc que la maladie était liée au parasite.
L’examen au microscope d’oeufs malades entiers récol- tés dans la nature puis extraits de leur exochorion a révélé par ailleurs que ceux-ci présentaient souvent, qu’ils soient
à l’état pâteux ou desséché, 1 ou parfois 2 traces de piqû-
res. Chacune consiste en une minuscule perforation circu-
laire de l’endochorion, mesurant 0,06 mm de diamètre ; il
en part une formation plus ou moins mélanisée, souvent tubulaire, de longueur et diamètre très variables, qui s’en-
fonce à l’intérieur de l’œuf et résulte manifestement d’une réaction de ce dernier à la pénétration d’un corps étranger.
Nous n’avons observé ni oeufs ni larves du trichogramme
dans les oeufs ainsi transpercés.
De l’ensemble de ces faits, nous déduisons que les oeufs
en question ont été victimes de piqûres nutritionnelles, non accompagnées de ponte, du parasite. Un tel comportement
a d’ailleurs été déjà signalé chez les trichogrammes (R
YVKIN
, 1959).
Le contrôle de 200 oeufs malades récoltés sur les chênes verts de la station 800 m a mis en évidence des traces de
piqûre chez 80 p. 100 d’entre eux. Ces traces étant parfois
presque invisibles, il est vraisemblable que certains des oeufs
apparemment intacts avaient été piqués eux aussi. Plusieurs observations amènent toutefois à douter que la maladie rouge soit toujours la conséquence de piqûres du tricho-
gramme. Tout d’abord, une panne de congélateur nous a
révélé que des œufs sains tués et conservés à basse tempé-
rature puis replacés à la température du laboratoire présen-
tent peu après les caractéristiques d’oeufs atteints par la maladie rouge, ce qui démontre que les symptômes de cette
maladie peuvent succéder à l’action de facteurs létaux variés. Ensuite, les 1 ers oeufs inférieurs malades sont appa-
rus vers le 10 août à 800 m en 1980 (fig. 3), donc une ving-
taine de jours avant le début des émergences de la G2 du
trichogramme, alors que les adultes de la GI ne s’intéres- sent,
aumoins pour pondre, qu’aux oeufs supérieurs. Enfin, la corrélation entre le taux de parasitisme et la fréquence de la maladie rouge est mauvaise, puisque nous avons
observé les 2 cas extrêmes suivants : 17,7 p. 100 de parasi-
tisme et 6,4 p. 100 d’oeufs malades (Forêt du Dom en 1981-82), 9,5 p. 100 de parasitisme et 30,7 p. 100 d’oeufs malades (Ventoux 1 150 m en 1980-81), soit une variation de 1 à 10 du rapport entre le nombre des oeufs malades et celui des oeufs parasités. Ceci pourrait toutefois résulter d’une inégale abondance, selon les milieux ou les années, des ressources alimentaires (oeufs de la tordeuse verte exclus) exploitées par les adultes du parasite. Le fait que plus de
90 p. 100 des oeufs malades étaient dans les 2 cas, et en par- ticulier dans le second, des oeufs supérieurs (tabl. 4) plaide
en faveur de cette hypothèse.
On peut finalement conclure de ces observations que la maladie rouge est, en règle générale, la conséquence de piqû-
res nutritionnelles du trichogramme. Mais il est vraisem- blable que d’autres facteurs de mortalité, peut-être de nature physiologique, sont en cause dans certains cas. Il semble- rait d’ailleurs que certains oeufs malades ne passent pas par le stade pâteux habituel, car les 1 ers oeufs
«desséchés » ont été observés avant les 1 ers oeufs
«pâteux
Ȉ 800 m en 1980 (fig. 5).
IV. LA « MALADIE BLANCHE
»Cette maladie s’observe rarement. Elle rappelle la pré-
cédente en ce que l ’ œuf passe successivement par les 2 mêmes stades « pâteux » puis
«desséché », mais s’en distingue par le fait que le contenu de l’oeuf est de couleur blanche à ces
2 stades. Les 1 ers oeufs malades apparaissent précocement :
en 1981, on en observait déjà le 3 juillet sur les chênes verts de 800 m. La fréquence de la maladie cesse de croître avant l’automne. Ce sont encore les œufs supérieurs qui sont les plus touchés, mais le phénomène est ici nettement moins prononcé: sur 110 oeufs malades dont la position a été notée, 68 p. 100 « seulement » étaient des oeufs supérieurs.
L’origine de la maladie blanche est inconnue. Il ne fait pas de doute en tout cas que les trichogrammes n’en sont pas la cause.
V. CONCLUSIONS
Il est fait mention ici et là dans la littérature du parasi-
tisme des oeufs de la tordeuse verte par un Trichogramma.
Celui-ci a été signalé, sous des dénominations variées, des
pays suivants : Angleterre (S ERR rIO NOGUEIRA, 1966 : T.
evanescens Westw. ), Allemagne de l’Est (F ANKH ?v NEL ,
1961 : T. sp.), Tchécoslovaquie (G REGOR , 1956 : T. evanes-
cens Westw. ; M.!tTirrsx, 1963, et HOCHMUT& MARTINEK,
1963 : T. embryophagum cacoeciae Marchai), Portugal (CarrE
J
O Mot.rrEiRO, 1954 : T. evanescens Westw.). L’hôte du T. embryophagum cacoeciae n’est en fait pas connu avec
certitude, car ce parasite a été obtenu de rameaux de chêne placés dans des éclosoirs et non d’oeufs préalablement iso-
lés de tordeuse verte. De ces mêmes rameaux ont été obte-
nus d’autres parasites : Ufens sp. et Centrobia cf. walkeri Fôrst. (Hym., Trichogrammatidae), Erythmelus sp. (Hym., Mymaridae), Ooe!cyrtus sp. (Hym., Encyrtidae), Teleno-
mus sp._ (Hym., Scelionidae), lesquels, selon M ARTINEK (1963), s’étaient certainement développés dans des œufs de tordeuse verte. Une telle conclusion est toutefois sujette à caution, d’autant que nous n’avons encore jamais obtenu
aucune de ces espèces. Signalons enfin que KOLUBAJIV
(1959) indique avoir obtenu en Tchécoslovaquie Centrobia
walkeri Fôrst. d’œufs de
«tordeuse sur chêne » et non, à l’encontre de ce qu’en écrit M.vt TI rr E x, d’oeufs de tordeuse verte du chêne.
Sauf peut-être en ce qui concerne
«T. embryophagum
cacoeciae
»dont l’hôte est un peu incertain, les divers tri-
chogrammes mentionnés ci-dessus appartiennent tous très
vraisemblablement à la même espèce que celui que nous avons étudié. Les auteurs ne fournissent à peu près aucune information sur la biologie de cet insecte, si bien que nos connaissances dans ce domaine se limitent aux observations
rapportées dans les chapitres précédents.
Ni la maladie rouge ni la maladie blanche ne sont signa-
lées dans la littérature. D’une façon générale d’ailleurs, il n’y est nulle part fait mention de
«maladies » d’origine microbiologique, physiologique ou autre des œufs de la tor- deuse verte, sauf dans le travail de G REG O R (1956), où il est indiqué que ces oeufs sont attaqués en Tchécoslovaquie
par le champignon Deutéromycète Coniothyrium gregori
Prihoda. Selon P RIH O D A (1954), le caractère entomopatho- gène de ce champignon reste toutefois à démontrer.
L’importance du rôle limitatif du trichogramme et des
2 maladies rouge et blanche sera examinée dans le 3 e et der- nier article de cette série. Les exemples qui viennent d’être
présentés (fig. 1 et 5, tabl. 3 et 4) suffisent toutefois à mon- trer que le parasite et la maladie rouge sont tous deux sus-
ceptibles d’être des agents efficaces de la régulation des populations de la tordeuse. Le fait que la maladie rouge résulte fréquemment de piqûres du parasite non accompa-
gnées de ponte mais provoquant néanmoins la mort de l’hôte est intéressant car ce comportement a pour effet d’ac- croître sensiblement l’efficacité de l’insecte.
Le taux de parasitisme et la fréquence de la maladie rouge évoluent dans le temps de façon assez semblable. Dans les 2 cas, le 1 ers œufs atteints s’observent au cours des 3 à 4 semaines qui suivent la période de ponte de la tordeuse, plus
tôt par rapport à cette période
-mais non dans l’absolu
-
sur chêne vert que sur chêne pubescent en raison du déve-
loppement plus tardif de l’insecte sur la l re essence. Dans
les 2 cas également, et il en va de même pour la maladie blanche, le taux de mortalité ne varie plus, ou c’est alors
de façon négligeable, au-delà d’octobre ou de la l Ie quin-
zaine de novembre.
Le trichogramme présente la particularité d’agir à 2 repri-
ses au moins sur une même génération de la tordeuse. Sauf
peut-être dans les secteurs les plus froids de l’aire de cette
dernière, la mortalité globale (parasitisme + effet des piqû-
res nutritionnelles) due à la 2 e génération du parasite sou-
tient la comparaison avec celle due à la I re génération et peut même lui être supérieure. En revanche, les éventuelles générations ultérieures ont vraisemblablement partout, sauf peut-être sous des climats particulièrement chauds, des effectifs comparativement minimes et ne jouent en consé-
quence qu’un rôle négligeable.
Le parasite et la maladie rouge présentent enfin la carac- téristique remarquable de détruire, dans la très grande majo-
rité des cas, des oeufs supérieurs. Le même phénomène,
moins accusé toutefois, s’observe pour la maladie blanche.
Reçu le 9 juillet 1982.
Accepté le 13 décembre 1982.
REMERCIEMENTS
Ce travail
aété réalisé dans le cadre de l’action concertée
« Structure, dynamique et mise
envaleur des formations à chêne
pubescent » et
abénéficié à
cetitre d’une aide à la recherche de la D.G.R.S.T. Je remercie vivement Mme A. AMntt!tEx (INRA-St Christol-lès-Alès), P. A TGER (INRA-Avignon) et C.P. V IVA RF S (Univ. Montpellier), qui ont cherché à mettre
enévidence
unagent microbien de la maladie rouge, J. V OEGELE (INRA-Antibes) et
P. PERRON (INRA-La Minière), qui m’ont fourni des renseigne-
ments précieux
surla biologie générale des trichogrammes et
surles champignons entomopathogènes.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Canejo Monteiro J., 1954. Subsidio para
oestudo dos parasitas
edepre-
dadores da Tortrix viridana L.
emPortugal. Relatorio final do Curso de Engenheiro silvicultor, Univ. técn. de Lisboa, Inst. sup. Agron., 137 p.
Du Merle P., 1983a. Les facteurs de mortalité des œufs de Tortrix viri- dana L. (Lep., Tortricidae). I. Le complexe des prédateurs (Hym., For- micidae ; Derm., Forftculidae ; Orth., Phaneropteridae ; Neur., Chrysopidae). Agronomie, 3, (3), 239-246.
Du Merle P., 1983b. Phénologies comparées du chêne pubescent, du chêne vert et de Tortrix viridana L. (Lep., Tortricidae). Mise
enévi- dence chez l’insecte de deux populations sympatriques adaptées cha-
cune