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RESTAURATION HYDROLOGIQUE ET ECOLOGIQUE DU LAC DE L ASSENCIERE ET DES ZONES

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Academic year: 2022

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BIOTEC Biologie appliquée

Bureau technique et d’études en génie de l’environnement 92, Quai Pierre Scize

69005 LYON Tél. : 04 78 14 06 06 Fax : 04 78 14 06 07 E-mail : biotec@biotec.fr

R ESTAURATION HYDROLOGIQUE ET ECOLOGIQUE DU LAC DE L ’A SSENCIERE ET DES ZONES HUMIDES ASSOCIEES

NOTE DE SYNTHESE ET PROPOSITIONS DE RESTAURATION doc. n°16.071-ETU-01

NOTE SYNTHETIQUE CONCERNANT LE DIAGNOSTIC FONCTIONNEL ET ECOLOGIQUE DU COMPLEXE HYDROLOGIQUE, L’EVALUATION DES PERTURBATIONS SUBIES ET JUSTIFICATIONS DE L’OPERATION D’AMENAGEMENT MORPHO-ECOLOGIQUE PROPOSEE.

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Sommaire

1 Préambule : ... 3

1.1 Rappel du contexte, des enjeux et des objectifs de la mission ... 3

1.2 Méthodologie et principe de restauration ... 5

2 Etat des lieux et présentation du site d’étude ... 7

2.1 A propos de la géomorphologie du site ... 7

2.2 A propos de la configuration du site et de l’occupation du sol. ... 8

2.3 A propos de la pédologie du site : Avant-propos ... 13

2.4 Résultat des sondages pédologiques ... 15

2.5 Analyse de la pédologie du site ... 18

2.6 Historique et analyse diachronique du site ... 20

2.7 A propos de l’hydrologie du site ... 23

2.8 Impacts des travaux « d’assainissement » et dysfonctionnements induits sur l’hydrosystème ... 27

2.9 A propos de l’état de référence et des perspectives de restauration ... 30

3 Les enjeux écologiques présents ... 32

3.1 Importances des zones humides ... 32

3.2 Le rôle particulier des tourbières sur le cycle du carbone et l’effet de serre ... 33

3.3 Les statuts de protection du secteur d’étude et les espèces patrimoniales. ... 34

3.4 Conclusion sur les enjeux écologiques présents ... 38

4 Propositions de restauration hydro-écologique : les principes d’intervention ... 39

4.1 Les interventions sur le lac. ... 39

4.2 Les interventions sur le chenal principal et le secteur de la pessière ... 42

4.3 Interventions sur le ruisseau en amont du passage à gué. ... 44

4.4 A propos de l’impact sur la culture d’épicéa en place ... 45

4.5 A propos des principes de végétalisation. ... 47

4.6 Prise en compte de la dimension temporelle, la gestion et l’entretien des habitats ... 48

4.7 Estimation des coûts ... 50

4.8 Obligations réglementaires relatives aux travaux ... 51

5 Conclusion ... 52

6 Bibliographie ... 53

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1 P REAMBULE :

1.1 Rappel du contexte, des enjeux et des objectifs de la mission

Véritable zone de source de la Cimante, la zone humide des Léchères et le lac d’Assencière s’étendent sur près d’1.5 km de long dans une combe fluvio-glacière orientée nord-est/sud-ouest, à une altitude comprise en 760 et 780 mètres (soit une pente moyenne de 1.33%). Dans ce contexte karstique, les dépôts argilo-marneux abandonnés par les glaciers à la fin de la dernière période glaciaire (-10 000 ans) imperméabilisent le fond de la combe, donnant naissance à un lac qui après des processus d’atterrissement et de paludification se transformera en partie en marais trufigène.

L’intérêt de ce complexe tourbeux provient notamment de la présence de nombreux stades d’évolution d’une tourbière. En effet, le lac d’Assencière abrite, grâce à la présence d’une pièce d’eau libre, des premiers stades dans l’évolution d’une tourbière avec de la végétation aquatique et amphibie, des tourbières de transition et des radeaux flottants, comblant au fil des siècles, la pièce d’eau.

Figure1 Localisation du secteur d’étude du Lac de l’Assencière et de la zone humide des Léchères (en rouge) - Source géoportail.fr & IGN.

En périphérie du lac et sur la zone humide « des Léchères », se développent des bas marais alcalins, près humides oligotrophes et mégaphorbiaies mésotrophes montagnardes. La toponymie nous renseigne également sur les types d’habitats présents, puisque « Lèchères », désigne les marais colonisés par les laîches et autres marisques (formation dominant les bas marais alcalins) – Sources : André Pégorier, « Les noms de lieux de France, glossaire de termes dialectaux, 2006, ING, 519p.

La formation de cette tourbière provient vraisemblablement de l’accumulation en fond de cette combe, d’eaux de ruissellements, voire de résurgences chargées en calcaire actif et expliquant alors le caractère basique des habitats présents. Par conséquent, il possible de qualifier cette tourbière de

780 m

1,5 km

760 m

(4)

minérotrophe (alimentation en eau d’origine terrestre en opposition à ombrotrophe, dont l’alimentation en eau est d’origine météorique).

Dans cette acceptation, cette tourbière pourrait être caractérisée de tourbière soligène car dépendante de sources, suintements et ruissellements sur la pente faible de la partie amont (les Léchères), et de limnogène sur la partie aval (Assencière), car lié à l’atterrissement progressif du lac - Sources : O.Manneville et al, « le monde des troubières et des marais » 1999) (cf. figure 2 ci-après).

Les bas marais alcalins sont caractérisés par une nappe sub-affleurante imbibant en permanence le milieu. Ici, la hauteur de la nappe semble fortement contrôlée par le niveau du surverse du lac, seul exutoire possible des eaux s’accumulant dans cette combe, pour la partie aval, puis du temps de parcours des eaux de ruissèlement pour la partie amont.

D’après le Formulaire Standard de Données (FSD) du site Natura2000 (source inpn.fr), sur le Lac d’Assencière, les pratiques sylvicoles participent à la dégradation floristique du site. Les pratiques de drainage mises en œuvre pour favoriser la sylviculture, mettent à mal l’intégrité hydraulique du complexe et induisent un drainage du lac. Ce FSD met par ailleurs en lumière l’incompatibilité de ces pratiques avec la conservation de ce site en bonne état, et propose la restauration de ce fond de vallée.

Figure 2 : Profil géologique schématique de la zone d’étude considérée.

Alertés également par l’association de pêche locale (les pêcheurs Clairvaliens) qui a constatée, à de multiples reprises, de sévères débits d’étiage sur la Cimante, les services de la Communauté de Communes du Jura Sud en partenariat avec le Parc Naturel Régional du Haut-Jura souhaite disposer d’une expertise sur la faisabilité d’une restauration hydrologique et écologique de ce secteur. Cette expertise s’attachera dans un premier temps à qualifier le fonctionnement global du lac et des zones humides associées, puis à identifier les dysfonctionnements écologiques et hydrologiques présents, puis à proposer des solutions techniques pour résorber les dysfonctionnements observés.

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1.2 Méthodologie et principe de restauration

D’un point de vue conceptuel, l’écologie de la restauration différencie les opérations de restauration écologique selon les résultats obtenus en comparaison à un état de référence. En fonction des capacités de résilience d’un milieu naturel, il sera possible de retrouver l’état antérieur de l’écosystème ou état de référence, on parlera alors dans ce cas de restauration. Il est alors possible de replacer l’écosystème sur sa trajectoire historique et de retrouver aussi bien la diversité biologique que les processus écologiques le caractérisant. La Société pour l’écologie de la restauration (Society for Ecological Restoration, S.E.R) définie ainsi la restauration comme : « la transformation intentionnelle d’un milieu pour y établir l’écosystème considéré comme indigène et historique. Le but de cette intervention est de revenir à la structure, la diversité et la dynamique de cet écosystème » Arason et al 1995.

On parlera de réhabilitation écologique, lorsque c’est principalement la réparation des fonctionnalités et des processus écologiques qui est recherchée sans un retour à la composition biotique originelle.

Enfin, on emploie le terme de réaffectation lorsque sera favorisée une trajectoire différente de l’écosystème originel sans base de référence.

Le concept de résilience d’un écosystème, (aussi appelé effet seuil de réversibilité, Bangirinama & al 2012), est considéré comme la capacité d’un écosystème à retrouver ses caractéristiques et ses fonctionnalités après avoir été dégradé par une perturbation. (La résistance étant la capacité d’un écosystème à résister une perturbation sans connaître de perte de biodiversité et de fonctionnalité).

Dès lors, si la résilience d’un écosystème a été dépassée, un seuil a été atteint ne permettant pas le retour à un état antérieur.

Dans la pratique, la restauration sensu-stricto est une ambition utopique, l’étant de référence étant bien souvent impossible à définir faute de données. En outre, les écosystèmes restaurés ne peuvent jamais être des répliques statiques du passé, comme s’ils étaient des tableaux dans un musée. Ils sont dynamiques et sujets à des altérations. La dimension anthropique est également fondamentale, puisque ce sont les usages et pratiques de gestion qui permettent (en grande partie) le maintien d’un écosystème dans un état donné. Ce projet s’inscrira alors plutôt dans le cadre d’une réhabilitation qui cherchera à augmenter les fonctionnalités de ce complexe tourbeux, associée à une amélioration de l’état de conservation des habitats et espèces d’intérêt communautaire.

Dès lors, notre travail cherchera, à travers les photo-aériennes anciennes, à imaginer à quoi pouvait correspondre le site avant perturbation afin de pouvoir se figurer un état de référence. Cet état de référence pouvant également être envisagé via les espaces présentant une situation similaire, localisés dans un périmètre proche et par ailleurs exempts de perturbations. Par la configuration actuelle du site et les données anciennes (en l’absence d’autres données, principalement les photos aériennes), nous questionnerons la nature des perturbations subies ainsi que les impacts induits sur l’écosystème présent. Les écosystèmes tourbeux sont caractérisés par un sol riche en matière organique mal décomposée (la tourbe) induit par un excès d’eau dans le sol et par des formations végétales caractéristiques. Nous investiguerons alors ces deux dimensions ; floristiques et pédologiques pour comprendre les dysfonctionnements de l’écosystème. Sur la base de ce diagnostic, des propositions d’intervention seront alors proposées, en détaillant les modalités techniques de réalisations, le phasage, les résultats attendus associés à des indicateurs de suivis et bien entendu une estimation financière du coût des opérations de réhabilitation.

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Figure 3 : Modèle général décrivant la dégradation des écosystèmes et les trois voies majeures envisagées pour y remédier (d’après Aranson et al 1995)

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2 E TAT DES LIEUX ET PRESENTATION DU SITE D ETUDE 2.1 A propos de la géomorphologie du site

La zone humide, objet de la présente étude, est caractéristique des reliefs du massif du Jura : les combes. Localisée sur le sommet d’un anticlinal (pli des couches géologiques sédimentaires de forme convexe), une combe est issue de l’érosion du sommet de l’anticlinal, où l’étirement des couches calcaires, induit par le plissement, favorise les fissures et l’infiltration des eaux. Après un premier défoncement du sommet de l’anticlinal et l’apparition de dolines, les différentes dépressions se rejoignent et s’allongent, donnant une forme elliptique à la dépression, laquelle se trouve dominée de part et d’autre par les crêtes de la couche supérieure de l’anticlinal. Les périodes glacières du quaternaire ont enfin accentué les processus de formation de ces reliefs par le passage des glaciers et ont notamment favorisé l’imperméabilité de la combe par les dépôts argilo-marneux. Pour évoquer cette forme elliptique allongée, l’on parle en Normandie de la « boutonnière du pays de Bray », correspondant à un anticlinal érodé dans le bassin parisien, recouvert des couches argileuses et largement dominé par des prairies humides drainées par la Béthune.

Figure 4 : Caractéristiques géomorphologiques du relief Jurassien d’après Vincent Bichet et Michel Campy 2009.

Dans le cas présent, l’anticlinal de Chatel-de-Joux a été érodé dans les deux directions de son axe (sud-sud-ouest/ nord-nord-est), donnant ainsi naissance à la Cimante au sud et au Drouvenant au Nord, la ligne de partage des eaux étant situé au sud du bourg de Chatel-de-Joux.

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Figure 5 : Extrait de la carte géologique de Morez et localisation de la combe donnant naissance au Drouvenand au nord et à la Cimante au Sud. La couleur bleue de la combe correspond à des formations marno-calcaires, (source infoterre.fr).

2.2

A propos de la configuration du site et de l’occupation du sol.

L’amont du site est dominé par des pâtures mésophiles sur terrain relativement plat, parsemées de bosquets d’arbres. Puis le terrain marque rapidement une déclivité avec l’apparition de premiers ruissèlements, s’engouffrant dans une perte en limite d’une zone boisée. Quelques mètres plus bas, les eaux émergent pour former un véritable ruisseau dans un vallon forestier étroit sur 250 mètres linéaires avant de se perdre au sein des Léchères.

Figure 6 : cliché présentant la perte des premiers ruissèlements à l’amont des Léchères (à droite), résurgence des eaux 7 à 8 mètres plus bas, (cliché Biotec le 18.11.2016)

Combe du Drouvenand

Combe de l’Assencière

Limite de partage des

eaux

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Le secteur des Léchères correspond à une vaste plaine de près de 7.5ha où la combe s’élargie pour atteindre 150 mètres (sur 500 mètres de long). Mais le terrain est ici quasiment plat. Le dénivelé, n’est que de 2.2 mètres, (soit une pente de 0.4%), et les eaux n’ont plus assez de puissance pour permettre le creusement d’un chenal préférentiel. Les eaux se perdent dans les hautes herbes engorgeant les sols, lesquels, saturés la majeure partie de l’année, connaissent le développement de formations végétales turfigènes. L’absence d’entretien de cette parcelle favorise son embroussaillement.

Cependant, l’engorgement en eau du sol et le difficile recyclage de la matière organique stockée sous forme de tourbe ne permet pas le développement d’une végétation luxuriante. La strate herbacée est principalement dominée par les carex (Carex rostrata, elata, acuta, etc.), ponctuée par la présence de quelques arbres chétifs, pourtant adaptés à ces conditions abiotiques particulières (Aulne glutineux, bourdaine, saule cendrée). La faible croissance des ligneux montre par ailleurs la faible productivité du secteur, liée au processus turfigène.

Figure 7 : Cliché du secteur des Léchères (Biotec le 29.07.2016 et le 18.11.2016)

à gauche : cœur de la zone où domine les formations à carex et les aulnes chétifs.

à droite : en amont du site là où se perd le ruisseau amont formation, dominée par le carex paniculé.

Plus en aval, la combe marque un resserrement (70 mètres de large) et sur 170 mètres (jusqu’au passage à gué) le dénivelé s’accentue pour attendre 3.4 mètres (pente de 2%). Cette augmentation de la pente favorise la création d’un chenal d’écoulement donnant naissance à un petit ru (profond de 60 cm à 1 mètre pour un mètre de large). A cet endroit, la végétation est plus luxuriante qu’en amont, dominée par les grandes dicotylédones des mégaphorbiaies (Angélique sylvestre, Cirse des maraichers, Aconit napel, Reines de prés, grande sanguisorbe) et les grandes graminées associées (phragmites, phalaris, molinie). Par ailleurs, et en bordure direct du cours d’eau, un fourré dense de saules et d’aulnes se développe. La présence de ce ruisseau entraine un drainage accru des terrains.

Les sols sont moins gorgés d’eau, le recyclage de la matière organique est plus efficient qu’en amont expliquant la productivité végétale plus importante de ce secteur.

Figure 8 : Vu du ru vers l’amont à droite. A gauche, vu vers la mégaphorbiaie (dominée par les roseaux) (Biotec le 28.07.2016 et le 18.11.2016)

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A l’aval du passage à gué, commence l’enrésinement de la surface par les plantations d’épicéa. Les courbes topographiques du modèle numérique de terrain (MNT) montrent toujours un resserrement de la combe sur les premiers 80 mètres. Le ruisseau présente un faciès relativement naturel sur la dizaine de premiers mètres après le passage à gué, puis prend un tracé rectiligne, avec un gabarit de plus de 2 mètres de large pour 1.3 mètres de profondeur en moyenne, avec des berges verticales et une pente de près de 1%. La végétation est caractérisée par la présence des épicéas pour la strate arborescente. De fait, la végétation arbustive et herbacée est pauvre, notamment par la faible luminosité induite par les résineux, l’acidification des sols et les probables opérations d’entretien de la plantation. Au-delà des 80 premiers mètres, la combe s’élargie de nouveau (principalement en rive droite) mais dans des proportions plus faibles que sur le secteur des Léchères. Par ailleurs, le ruisseau présente un gabarit artificiel sur l’ensemble de la pessière, tandis que des reliques d’un cours d’eau (50 cm de large pour 30 cm de fond) à la physionomie plus naturelle sont présentes mais sans débit significatif (et à sec la majeure partie de l’année).

Figure 9 : à droite image du lit du ruisseau au tracé rectiligne et au gabarit artificiel, à gauche lit du ruisseau de plus petite dimension et à physionomie naturelle, cliché biotec (18.11.2016)

La partie la plus aval du site est constituée par le lac de l’Assencières et son exutoire. Le ruisseau artificiel se jette dans le lac côté nord-est et entraine un comblement de cette partie du lac via l’apport des sédiments. Les abords du lac sont caractérisés par la présence de végétation de ceinture des bords des eaux à commencer par la prêle des eaux, la massette à feuilles larges, puis les laîches élevée et aigue. La strate arbustive typique du borde des eaux se développe avec le saule cendré, les jeunes aulnes. Par contre, l’humidité édaphique ne semble pas profitable aux épicéas, leurs systèmes racinaires restent superficiels favorisant leur déracinement en cas de vent.

Figure 10 : Clichés des abords du lac, à gauche un épicéa déraciné, à droite la végétation ceinturant les eaux du lac, (cliché Biotec le 28.07.2016).

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L’exutoire du lac présente également un gabarit artificiel avec près de 5.7 mètres de large et de 1.5 à 2 mètres de profondeur sur 40 mètres. L’incision du lit dans le terrain naturel s’accentue du fait du resserrement de la combe. Le lit à cet endroit a été creusé dans le verrou de la combe. Le lit de l’exutoire se trouve alors encaissé à plus de 4.5 mètres du TN avant de s’engouffrer dans une gorge et de prendre un caractère torrentiel avec une pente de près de 4%.

Figure 11 : Exutoire du lac d’Assencières au profil caricatural et artificiel, (clichés biotec28.07.2016).

En résumé sur le site d’étude, 5 grands secteurs peuvent-être identifiés sur la base de leur fonctionnement hydraulique et l’occupation du sol. Ils se répartissent d’amont en aval ainsi :

1. Vallon amont

2. Plaine tourbeuse des Léchères

3. Mégaphorbiaie et source de la Cimante 4. Pessière

5. Lac d’Assencière et son exutoire

(12)

Figure12 : Cartographie du site d’étude présentant le réseau hydrographique, les courbes topographiques ainsi que l’occupation du sol, (réalisation Biotec 2016 sous Qgis)

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2.3 A propos de la pédologie du site : Avant-propos

Sept sondages du sol à la tarière Edelman ont été réalisés le 28 Juillet 2016 afin de décrire l’état pédologique des différentes entités constituant le site.

Le sol est une caractéristique importante des formations tourbeuses. En effet, l’excès d’eau dans le sol et les faibles températures limitent l’activité microbienne responsable de la dégradation et de la minéralisation de la matière organique. Ainsi la matière organique produite à chaque saison végétative s’accumule sur le sol sans pouvoir être recyclée en totalité, le bilan entre production primaire et décomposition est favorable à l’accumulation de matière organique. Les sols tourbeux sont alors qualifiés d’histosol (le préfixe histo renvoyant aux tissus organiques) car composés à plus de 50% de matière organique. Ce type de sol se développe donc dans des milieux saturés en eau de manière quasi-permanente. Les horizons histiques se caractérisent alors principalement par la structure fibreuse héritée de la végétation hydrophile croissant sur la tourbière. Les herbacées produisent des tiges creuses remplies ou vides de moelle, les restes aériens ou racinaires sont alors aplatis ou ronds, tandis que les sphaignes produisent une tourbe blonde, très fibreuse et conservent leurs caractères morphologiques originaux plus longtemps. Il est ainsi possible de caractérisé un histosol en fonction de sa teneur en fibres et de son degré de décomposition, Ainsi, trois grandes catégories d’histosol (Horizon H) sont définies (Référentiel pédologique, Blaize et Girard 2008) :

Horizon H saprique (Hs) : La décomposition du matériel végétal est forte à totale. Les structures végétales ne sont plus discernables. Le matériel est noir, gras, tâchant et passant entre les doigts avec l’eau qu’il contient, le liquide s’en écoulant étant de couleur noir. Horizon fréquent en situation de vallée, il est saturé en eau plus de 30 jours par an et peut connaître des dégagements gazeux de sulfure d’hydrogène (H2S) dans des situations acides et riches en fibres.

Horizon H mésique (Hm) : La décomposition est moyenne à forte, les structures végétales sont variées mais difficilement identifiables, la proportion de matière organique amorphe est moyenne à élevée. Le liquide qui s’écoule est trouble et brun et le résidu pâteux. Horizon qui est totalement saturé en eau plus de 30 jours dans l’année, la nappe est fluctuante, mais la partie supérieure du sol reste humide toute l’année. Ces horizons sont fréquents en tourbières de plaines alluviales et en marais côtiers, ainsi qu’en bordure de haut-marais.

Horizon H fibrique (Hf) : La décomposition des débris végétaux est nulle à faible. Les structures végétales sont identifiables (sphaignes, roseaux, laiches, joncs, mousses, bois, etc). Le liquide qui s’en écoule est limpide voir légèrement ambré. Cet horizon est saturé en eau la majeure partie de l’année. La nappe peut fluctuer, mais ne doit pas descendre au-dessous de 60 cm sur la période de végétation.

On distingue enfin un histosol assaini et/ou labouré (Ha et LH) lorsque ce dernier a connu un abaissement de la nappe et une mise en culture. La structure devient grumeleuse, mais fragile, la matière organique est très décomposée et de couleur foncée. Cet horizon se caractérise par une faible porosité et une faible capacité de rétention en eau (alors que pour des matériaux peu transformés la teneur en eau est comprise entre 85 et 92%).

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Figure 13 : Typologie des horizons histiques (d’après le référentiel pédologique de Blaize et Girard 2008). L’indice de Von Post caractérise le degré de décomposition de la matière organique.

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2.4 Résultat des sondages pédologiques

Figure 14 : Cartographie du site localisant les 7 sondages pédologiques réalisés (réalisation Biotec 2016 sous Qgis).

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Sondage pédologique n°1 :

A -50 cm : Couleur noir, structure grumeleuse et humifère en mélange avec des sables, pas de trace de végétaux, humidité faible.

A -140 cm : Couleur gris beige, structure argileuse-granuleuse, humidité faible, pas de contact avec la nappe.

Figure 15 : Cliché du sondage pédologique 1 (Biotec, le 28.07.2016) A Gauche : horizon carotté à -50 cm de profondeur A droite : horizon carotté à -140 cm de profondeur Sondage pédologique n°2 :

• A -50 cm : Couleur noir, structure grumeleuse et humifère pas de trace de végétaux, humidité faible.

• A -140 cm : Couleur noir, structure grumeleuse et collante, luisante, humidité moyenne, résidu ligneux reconnaissable, nappe à -130cm.

Figure 16 : Cliché du sondage pédologique 2 (Biotec, le 28.07.2016) A Gauche : horizon carotté à -50 cm de profondeur

A droite : horizon carotté à -140 cm de profondeur Sondage pédologique n°3 :

• A -50 cm : Couleur noir, structure grumeleuse et humifère pas de trace de végétaux, humidité faible.

• A -140 cm : Couleur brun/noir, structure grumeleuse/fibreuse, trace de filament, humidité forte, résidus ligneux reconnaissables, pas de contact avec la nappe.

Figure 17 : Cliché du sondage pédologique 3 (Biotec, le 28.07.2016) A Gauche : horizon carotté à -50 cm de profondeur

A droite : horizon carotté à -140 cm de profondeur

(17)

Sondage pédologique n°4 :

• A -50 cm : Couleur marron, structure argileuse.

• A -80 cm : pas de possibilités de descendre plus profond, échantillon trop dur, couleur marron grisâtre, test du « boudin » positif (pour évaluer la quantité d’argile, soit ici, plus de 25%) légèrement humide.

Figure 18 : Cliché du sondage pédologique 4 (Biotec, le 28.07.2016) A Gauche : horizon carotté à -50 cm de profondeur.

A droite : horizon carotté à -140 cm de profondeur.

Sondage pédologique n°5 :

• A -50 cm : Couleur noir brun, structure fibreuse, reste de végétaux, humidité moyenne.

• A -140 cm : Couleur noir, structure fibreuse, collante, structure argileuse en fond de sondage, humidité forte, nappe à -100cm.

Figure 19 : Cliché du sondage pédologique 5 (Biotec, le 28.07.2016) A Gauche : horizon carotté à -50 cm de profondeur.

A droite : horizon carotté à -140 cm de profondeur.

Sondage pédologique n°6 :

• A -50 cm : Couleur noir froment, structure fibreuse, restes de végétaux identifiables, humidité forte.

• A -140 cm : Couleur noir froment, structure fibreuse, restes de végétaux identifiable, humidité forte, nappe à -20 cm.

Figure 20 : Cliché du sondage pédologique 6 (Biotec, le 28.07.2016) A Gauche : horizon carotté à -50 cm de profondeur.

A droite : horizon carotté à -140 cm de profondeur.

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Sondage pédologique n°7 :

• A -50 cm : Couleur noir froment, structure fibreuse, restes de végétaux identifiables, humidité forte.

• A -140 cm : Couleur noir froment, structure fibreuse, reste de végétaux identifiable, humidité forte, nappe à -10 cm.

Figure 21 : Cliché du sondage pédologique 7 (Biotec, le 28.07.2016) A Gauche : horizon carotté à -50 cm de profondeur.

A droite : horizon carotté à -140 cm de profondeur.

2.5 Analyse de la pédologie du site

Les sondages pédologiques ont été réalisés afin de pouvoir caractériser le sol des différentes entités du site, en se basant sur l’occupation du sol et en fonction des différentes formations végétales présentes. Ces sondages pédologiques ont pu montrer que, sur l’emprise de la pessière, le sol correspond principalement à un horizon histique assaini. En effet, la structure pédologique est humifère grumeleuse, bien décomposé, avec une faible porosité et faiblement humide. Le sondage n°4 ne présente pas d’histosol. Le sondage réalisé montre un sol brun argileux, compact, avec un faible taux de matière organique. Tout porte à croire que cette surface n’a pas connu de processus turfigènes. La situation topographique de cette surface, légèrement plus haute que le reste des terrains laisse supposer que la saturation en eau du sol n’a pas été suffisante pour favoriser l’accumulation de matière organique sous forme de tourbe. Les sondage 5 ;6 et 7 attestent de la présence d’histosols sur à minima 1.4 mètres de profondeur. En amont direct du passage à gué, les horizons histiques sont de type saprique/mésique, c’est à dire que la matière organique présente un degré de décomposition relativement avancé (sondage 5), bien que très humide, cette surface doit connaitre des variations de la nappe suffisamment importante pour favoriser la décomposition de la matière organique. La présence d’un cours d’eau traversant cette surface favorise vraisemblablement ces variations.

Pour la majeure partie de la surface du site située en amont du cours d’eau, aucun drain ne favorise l’assainissement de la zone, en conséquence les variations de la nappe sont minimes, celle-ci est sub- affleurante même au cœur de l’été (sondage réalisé en juillet 2016). Les histosols présents sont de type mésiques, de couleur brun marron, avec la présence d’une structure fibreuse, des restes végétaux difficilement identifiables et un lixiviat trouble et brun. Ce type d’histosol est assez caractéristiques des tourbière alcalines, le pH basique favorisant la décomposition en opposition aux tourbières acides, expliquant l’absence d’histosols firbriques caractéristiques de tourbières à sphaigne.

La carte ci-après a été réalisée en extrapolant les résultats des sondages en fonction de l’uniformité des formations végétales et de la topographie du site.

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Figure n°22 : Cartographie de la pédologie du site d’étude après extrapolation des sondages pédologiques réalisés sur site (réalisation Biotec 2016 sous Qgis).

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2.6 Historique et analyse diachronique du site

A travers la consultation des photos aériennes anciennes disponibles sur le site de l’IGN (géoportail.fr) il est possible de rendre compte de l’évolution du site durant le siècle dernier. Ainsi, comme bon nombre de paysages français d’avant-guerre (témoignant d’une population rurale plus importante), le site d’étude était principalement constitué de surfaces ouvertes, de prairies et de parcours pastoraux. La photo de 1953 permet de rendre compte de cet état.

Figure 23 : Extrait de la photo-aérienne de 1953 présentant l’état du site, (source géoportail.fr)

La photo de 1962 montre le début de la colonisation du site par les ligneux, cependant c’est principalement les reliefs et les bordures de la combe qui se lignifie, son centre conservant toutefois un aspect ouvert malgré la présence de quelques bosquets.

Figure 24 : Extrait de la photo-aérienne de 1962 présentant l’état du site, (source géoportail.fr) N

N

(21)

Sur le cliché de 1969, l’évolution des surface boisées du site est n’est pas significative, cependant des travaux sont clairement identifiables avec la présence de 2 zones claires montrant la mise à nue du substrat marno-calcaire. C’est travaux correspondent vraisemblablement à des opérations de recalibrage réalisées dans l’optique d’assainir le secteur en prévision de son enrésinement.

Figure 25 : Extrait de la photo-aérienne de 1969 présentant l’état du site, (source géoportail.fr)

Suite à ces travaux, l’enrésinement du secteur débute peu à peu, principalement sur la marge. L’effet des travaux ne devant pas être immédiat, une période plus au moins longue devait sans doute être nécessaire pour voir un assèchement notable du secteur. Ainsi, le cliché de 1978 ne montre pas clairement d’évolution de la couverture ligneuses du site.

Figure 26 : Extrait de la photo-aérienne de 1978 présentant l’état du site, (source géoportail.fr) Zone de travaux

N

N

(22)

C’est principalement à partir de 1984 que l’enrésinement du secteur devient observable sur l’ensemble de la surface.

Figure 27 : Extrait de la photo-aérienne de 1984 présentant l’état du site, (source géoportail.fr)

En ce qui concerne le secteur amont des Léchères, celui-ci n’a que peu évolué depuis les années 1950, le site est resté ouvert et présente aujourd’hui sensiblement la même configuration que par le passé. En conséquence, les photo-aériennes présentées ici ne se sont alors pas attardées sur cette partie du site d’étude.

N

(23)

2.7

A propos de l’hydrologie du site

Situé en toute tête de bassin versant, l’impluvium de la zone d’étude s’étend sur 1,21 km², correspondant aux crêtes de l’anticlinal enchâssant la combe. C’est principalement cette surface qui favorise l’alimentation sur secteur. Une seule zone de résurgence a été contactée en rive gauche du lac. Cette résurgence est cependant de faible dimension, et représente une contribution faible par rapport à l’alimentation de l’ensemble de la zone (d’autant qu’elle est située dans la partie aval du site).

Figure n°28 : Cliché de la petite résurgence située en rive gauche du Lac (cliché biotec le 27.07.2016)

Le site d’étude est traversé par différentes typologie de ruissèlement :

• Les chenaux naturels, induits par une augmentation de la pente de la combe laquelle permet une force hydraulique suffisante pour créer un lit.

• Les chenaux artificiels : un chenal principal draine l’ensemble de la partie aval du site (de part et d’autre du lac), il est issu de la rectification et du recalibrage d’un ruisseau, 2 fossés lui sont associés en rive droite.

• Des chenaux relictuels, méandriformes de petits gabarits, ne connaissant pas d’écoulement mais en eau après un épisode pluvieux.

• Les écoulements hypodermiques et les ruissèlements diffus au sein de la couche pédologique.

Sur le secteur des Léchères, en fonction de l’état des histosols ces écoulements sont plus ou moins important. Sur ce secteur, la faible pente de la combe ne permet pas la création d’un chenal préférentiel d’écoulement. Les eaux s’écoulent alors majoritairement au sein de la couche tourbeuse.

Le fonctionnement hydrologique du site est alors très fortement lié à la topographie du site et en particulier de la pente de la combe. A partir de données issues du modèle numérique de terrain transmises par le PNR du Haut-Jura, le profil en long de la combe a pu être dessiné (sous logiciel Covadis). La pente des entités constituants le site, associé à l’analyse de sa topographie permettent de comprendre son fonctionnement hydrologique.

La partie la plus amont correspond à un étroit vallon d’une pente de 3.6%. La vitesse de écoulements et suffisantes pour permettre la création d’un chenal. Dans la plaine des léchères, la pente ne dépasse pas le 0.5%, les eaux s’écoulent difficilement, favorisant la saturation en eau du sol et donc la production de tourbe. Les ruissèlements sont principalement hypodermiques, il n’existe pas de chenal préférentiel. A la faveur d’un resserrement de la combe (ou verrou), (expliquant par ailleurs la localisation du passage à gué), la pente s’accentue (2%), donnant naissance, après 7.5 hectares de tourbière alcaline, à un ruisseau. Ce dernier favorise le drainage du sol, et les ruissèlements hypodermiques diminuent. La végétation est alors moins caractéristique de habitats purement tourbeux. Un glissement typologique vers des formations plus eutrophes s’opèrent avec l’apparition des espèces moins sensibles aux variations de la nappe (molinie, roseau, reine de prés, angélique des bois, aconit, lysimaque, etc.). Il n’est d’ailleurs pas impossible que ce ruisseau ait été recreusé artificiellement pour favorisé le drainage du secteur et notamment faciliter la création du passage à gué.

(24)

Ensuite, c’est principalement au sein de la Pessière que l’effort de drainage est le plus important, lié au réseau de drainage artificiel. Le chenal principal coule sur le substratum marno-calcaires, tandis que les chenaux secondaires favorisent l’abaissement de la nappe sans pour autant toujours traversés l’histosol en place.

En rectifiant le linéaire du cours d’eau, son linéaire a été réduit (suppression des méandres) augmentant par conséquent la pente du cours d’eau. Par ailleurs, le creusement de l’exutoire du lac à également induit une augmentation de la pente, le niveau du lac s’étend également abaissé. La pente du chenal principal avoisine donc 1%.

Figure n°29 : Cartographie du site présentant la surface du bassin versant du secteur d’étude, (source cartographie biotec)

Figure n°30 : Clichés des différents chenaux présents sur site, de gauche à droite, chenal naturel relictuel au sein de la pessière, ruissèlement amont, chenal artificiel secondaire.

(25)

Occupation du sol

Vallon amont Plaine tourbeuse des Léchères Mégaphorbiaies Pessières Lac d’Assencières et son exutoire

Pentes 3.6% 0.4% 2% 1.16% 0%

Pédologie Sol brun

argileux Histosol mésique Histosol saprique Histosol assaini Réseau

Hydraulique

Chenal naturel Ecoulement hypodermique Chenal naturel Chenaux artificiels Exutoire artificiel

Profondeur nappe

-50cm -10cm -100cm -150cm (voir plus)

Figure n°31 : Profil en long de la combe issu du modèle numérique de terrain transmis réalisé sous covadis.

(26)

Figure n°32 : cartographie du réseau hydrographique de secteur de la pessière et du lac d’Assencières.

(27)

2.8 Impacts des travaux « d’assainissement » et dysfonctionnements induits sur

l’hydrosystème

Comme l’ont montré les chapitres précédents, c’est principalement la zone aval, c’est-à-dire la plantation d’épicéa, qui a connu le plus de modifications, le secteur des Léchères n’ayant presque pas changé de physionomie depuis plus de cinquante ans.

Les travaux réalisés en 1969 se sont concentrés sur le cours d’eau drainant la zone. Aujourd’hui le cours d’eau présente une configuration artificielle proche du canal avec un tracé rectiligne, des berges sub-verticales et un gabarit surdimensionné par rapport aux débits transitants. Aussi, le cadastre de la zone n’a pas été modifié suite aux travaux réalisés et témoigne de l’état du cours d’eau avant les travaux, celui-ci présentait alors un tracé méandriforme (voir figure n°31, ci-après).

L’analyse pédologique a montré que la pessière repose sur un histosol assaini. La présence de ce sol atteste bien que ce secteur a connu des conditions favorables à l’accumulation de matière organique sous forme de tourbe par le passé, donc d’un égorgement en eau des sols de manière suffisamment constante. Toutefois, les travaux de recalibrage hydrauliques réalisés ont entrainé un drainage de la couche tourbeuse. En effet, aujourd’hui, le fond du lit du ruisseau repose sur le substratum marno-calcaire situé sous la couche tourbeuse, l’asséchant tout en favorisant la décomposition et la minéralisation de la tourbe présente (libérant par ailleurs les nutriments et le carbone stockés par cette dernière), expliquant alors le caractère assaini de l’histisol. Les conditions abiotiques ne sont plus favorables à l’établissement des biocénoses caractéristiques des tourbières, lesquelles sont incompatibles avec la culture d’épicéas.

Figure n°33 : A gauche ; extrait du cadastre du secteur montrant le tracé méandriforme originel du cours d’eau (source géoportail.fr).

A droite ; cliché du profil de berge du cours d’eau rectifié reposant le substratum marno-calaire et drainant complètement la couche tourbeuse (pour information la hauteur de la tarière est de 150cm), (cliché biotec le 29.07.2016)

(28)

Les travaux de surcreusement de l’exutoire du lac ont entrainé une diminution de la surface de ce dernier. En effet en abaissant la cote de surverse du lac, la surface en eau a diminué entre 1958 et 2015.

Figure n°34 : Comparaison des photo-aériennes de 1958 et 2015 montrant une diminution de la superficie du lac suite aux travaux d’assainissement (source géoportail.fr).

Les travaux de recalibrage du cours d’eau à l’amont du lac ont également favorisé le comblement de celui-ci par l’apport de matériaux sédimentaires dans le lac. En effet, en augmentant le gabarit du lit, les phénomènes de débordement sont moins fréquents, par ailleurs le tracé rectiligne à également réduit le linéaire du cours d’eau et par conséquent augmenté sa pente. Les vitesses d’écoulement sont alors accélérées et le débit avant débordement devint plus important. Par conséquent, les forces hydrauliques s’exerçant sur le lit ont également été accrues, favorisant le transport sédimentaire et les phénomènes érosifs. L’augmentation de la compétence du cours d’eau a donc entrainé une augmentation de l’apport de sédiment au sein du lac.

Figure n°35 : Photographie aérienne montrant la zone de dépôt sédimentaire dans le lac à l’exutoire du cours d’eau induit par l’augmentation de la compétence de ce dernier suite aux travaux de recalibrage.

Dépôt sédimentaire induit par l’augmentation des processus érosifs provoqués par les travaux de recalibrage

Cours d’eau recalibré

(29)

Par ailleurs, le processus de tourbification du lac a été stoppé par les travaux. En effet, avant les travaux, le lac connaissait un processus d’atterrissement liée à la dynamique turfigène. C’est-à-dire que la végétation lacustre et de ceinture du lac gagnait au fil des décennies la surface en eau par le développement de radeaux flottant (processus caractéristique des tourbières limnogènes). Au fil de siècles, la trajectoire naturelle de ce lac tourbeux aurait été de finir totalement comblé par la végétation lacustre, puis d’évoluer peu à peu vers une tourbière bombée.

Figure n°36 : Schéma présentant la formation d’une tourbière limnogène et le processus d’atterrissement d’un lac par la colonisation progressive de la surface en eau par la végétation lacustre.

Si les travaux d’assainissement menés ont eu pour objectifs d’assécher le secteur, c’est également le complexe cours d’eau/zone humide qui a été affecté. Les impacts des travaux peuvent donc se résumer en une altération des formes et d’une simplification des habitats. La réduction du linéaire de cours d’eau a induit une réduction des habitats d’eau libre (légèrement courante). Par ailleurs, l’assèchement de la zone humide à réduit également les capacités de stockage hydrique (effet éponge) par la zone humide et par conséquent la durée de l’alimentation en eau du cours d’eau.

Ces travaux ont donc également entrainé une altération des flux d’eau mais également des flux de sédiment.

En définitif, le temps de résidence de l’eau au sein de l’écosystème a été réduit. En effet, les quantités d’eau transitant à travers le site n’ont pas été modifiée, il n’y a aucune zone de prélèvement, et aucun détournement des débits vers un autre bassin versant. Mais en entonnant un débit plus important avant débordement par l’augmentation du gabarit du lit et en accélérant les vitesses d’écoulement l’effet tampon de cette zone humide a été affecté par une réduction de son l’hydropériode (voir Bouzille et al 2014) et les eaux s’écoulent plus rapidement de la zone.

(30)

2.9 A propos de l’état de référence et des perspectives de restauration

Le sol garde une trace de l’histoire du site et témoigne des anciens processus turfigènes qui s’y déroulaient. La pessière avant les travaux de 1969 était donc occupée par une zone humide tourbeuse. Le lac de plus grande superficie connaissait un processus d’atterrissement par la colonisation de radeaux flottants et par le développement de la ceinture de végétation.

Il est alors vraisemblable que la pessière ressemblait, avant travaux, aux secteurs des Léchères. Avec une végétation de types tourbière basse alcaline, dominés par les laîches (Origine de la toponymie des Léchères), la molinie, le phragmite ainsi que d’autres espèces compagnes (la menthe trifolié, l’epipactis des marais, Trichophorum cespitueux, etc.).

Figure n°37 : Cliché du lac du Luitel (38) avec la végétation de radeau flottant colonisant peu à peu la surface d’eau libre à gauche (source Réserve national de France), à droite tourbière alcaline et lac Grand Maclu à Chaux-du-Dombief (39), source pole relais-tourbières.

Les tourbières sont des milieux fragiles, ou les conditions d’humidité édaphiques contrôlent les processus de productions de tourbe sur des pas de temps relativement long (augmentation de l’histosol de 0.2 à 1.6mm/an, source référentiel pédologique 2008). Face à ce constat les propositions de restauration se doivent d’être pragmatiques en admettant que le retour à un état avant destruction n’est pas forcement acquis, du moins à court terme. En effet en reprenant les principes conceptuels de l’écologie de la restauration (voir chapitre 1.2), la question réside dans le fait de savoir si les capacités de résilience de l’écosystème ont été détruites et si la trajectoire de l’écosystème a atteint un seuil d’irréversibilité. Aussi, d’après Manneville et al 1999, si chaque site présente ces particularités propres, il existe à minima 2 prérequis pour favoriser la régénération de processus turfigène :

1. Restaurer un fonctionnement hydrauliques corrects, favorisant un bilan hydrique positif.

2. L’existence d’une couche tourbe ou d’histosol sein à partir de laquelle la tourbe pourra se régénérer.

Dans cette acceptation plusieurs indices sur site laissent croire que le retour de cet écosystème sur son état préexistant est possible.

Il apparait en effet possible de restaurer le fonctionnement hydraulique puisque si les conditions d’écoulement ont été modifiées, les quantités d’eau traversant le site restent identique. Par contre, le temps de résidence de ces quantités d’eau a été profondément réduit. Restaurer l’hydropériode du secteur reste donc une intervention envisageable avec des moyens raisonnables en intervenant sur la physionomie du site pour réduire la vitesse de transit de l’eau.

(31)

En ce qui concerne la présence de tourbe à partir de laquelle le processus turfigène pourra se régénérer, l’histosol en place, bien qu’assainie, est toujours présent. Aussi, les couches les plus basses montrent un certain degré d’humidité laissant croire que l’ensemble de l’horizons tourbeux n’est pas minéralisé. Enfin, lorsque la minéralisation de la tourbe est totale (donc avec un faible taux de matière organique), le sol perd sa couleur noire pour une couleur gris cendré. Aussi, la présence d’habitats turfigènes en amont du site laisse présager que la colonisation du site une fois les conditions hydriques restaurées sera efficace puisque des populations sources de végétaux inféodés à ces biotopes sont présents en amont.

Figure n°38 : Cliché d’un horizon tourbeux totalement assainis, ou la tourbe prend un couleur gris-cendré suite à la minéralisation de la quasi-totalité de la matière organique, (marais de la Druyes (89), cliché Biotec mai 2014).

Si le retour à des processus turfigènes parait réalisable, la principale inconnue de la réussite de cette opération reste la dimension temporelle. En effet, ces processus sont longs, et les travaux de restauration induiront indubitablement une perturbation sur l’équilibre aujourd’hui en place. Les biocénoses demanderont nécessairement un temps d’adaptation aux modifications des conditions abiotiques. Par ailleurs la recherche de ce nouvel équilibre devrait être accompagné de mesures d’entretien et de gestion afin de favoriser le retour de l’écosystème sur une trajectoire turfigène. En effet le retour progressif à des conditions d’anoxie des sols et la réouverture du milieu (induisant une augmentation de la luminosité, plus amples variations de températures, une eutrophisation par la minéralisation de la litière et des résidus de coupes etc.) favoriseront les espèces nitratophiles, ubiquistes, compétitives et pionnières (végétation rattachée en phytosociologie à l’alliance de l’Epilobion angustifolii). Par ailleurs, ces nouvelles conditions abiotiques seront également favorables aux recrues forestières hydrophiles, avec une colonisation des ligneux pionniers comme le saule cendré, l’aulne, la bourdaine, le bouleau et dans une moindre mesure le noisetier et le sureau.

Cependant en intervenant sur l’horizon supérieur du sol durant les travaux, ainsi qu’en mettant en place un suivi et une gestion de la végétation sur les premières années (avec fauche et exportation) il sera possible d’accompagner le retour de l’écosystème vers des dynamiques végétales de types bas-marais alcalin.

En conclusion, la restauration de cette pessière vers son état originel, c’est-à-dire vers un bas marais alcalin semble possible en recherchant à retrouver les caractéristiques topographiques et hydrauliques préexistantes, caractéristiques indispensables pour retrouver les conditions édaphiques propices à l’établissement de processus turfigènes. Toutefois la modification de l’équilibre aujourd’hui acquis vers l’équilibre originel sera relativement long. Les successions végétales passeront par des états transitoires. Le retour à des habitats tourbeux alcalin nécessitera d’être accompagné par un suivi de la végétation associé à des opérations de gestion et d’entretien.

Aussi la restauration de ce marais est incompatible avec la culture d’épicéa. Les modalités d’intervention proposées ci-après s’attacheront alors à définir la surface de la pessière qui devra être réaffectée au projet de restauration ainsi que les opérations à réaliser pour effacer les conséquences de cette culture sur les terrains en place.

(32)

3 L ES ENJEUX ECOLOGIQUES PRESENTS 3.1 Importances des zones humides

Composantes exclusives de la zone d’étude concernée, les milieux humides sont des surfaces, exploitées ou non, habituellement inondées ou gorgées d’eau de façon permanente ou temporaire.

La végétation, y est dominée par des plantes hygrophiles (végétaux ayant besoin d’importants volumes d’eau tout au long de leur développement). De par leur position intermédiaire entre les écosystèmes terrestre et aquatique, les milieux humides riverains sont des écosystèmes de transition, sans frontière nette, auxquels leur statut d’interface confère le plus souvent une forte biodiversité.

Au-delà d’une dimension purement patrimoniale, les zones humides remplissent des fonctions essentielles tant envers l’hydrosystème que pour les activités humaines. Ainsi, assurent-elles, notamment, des rôles :

- d’épuration physique (rétention des matières en suspension) et chimique de l’eau (dénitrification, recyclage du phosphore, piégeage de métaux lourds et micropolluants organiques). Ces milieux peuvent en effet réduire de manière très significative les transferts polluants. Ils agissent comme de véritables pièges favorisant l’adsorption et la précipitation d’éléments dissous. La végétation intervient en assimilant, et donc en immobilisant pendant des temps plus ou moins longs, une partie des éléments fixés (azote-phosphore-métaux). Par voie microbienne, ces milieux peuvent éliminer tout ou partie des éléments piégés ou transitant. Ainsi, dans les zones humides riveraines des cours d’eau, quelques mètres à quelques dizaines de mètres de formations végétales peuvent suffire à piéger de 60% à plus de 95% de l’azote associé aux particules en suspension.

- de contrôle et de régulation des inondations par le stockage d’importantes quantités d’eau en période de crue, permettant de ralentir la propagation des flux et d’écrêter les pics de crue.

- de soutien des débits d’étiage par "relargage" différé de l’eau stockée au moment des crues.

- de recharge des nappes phréatiques.

- de production d’espèces végétales (roseaux, bois, fourrage, etc.) et animales, en particulier halieutiques et cynégétiques. A titre indicatif, alors que les zones humides occupent seulement 5% environ de la superficie des continents, elles abritent 35% des espèces rares et en danger à l’échelon mondial. En France, 50% de l’avifaune et 30% des espèces végétales remarquables et menacées sont inféodées aux zones humides.

Pour mémoire, l’étude nationale conduite en 2010 par l’UICN (Union Nationale de Conservation de la Nature) sur les zones humides montrait une dégradation de celles-ci entre 2000 et 2010. Quelle que soit la catégorie de zones humides, les sites ayant vu leur qualité s’améliorer (en vert) restent très minoritaires :

(33)

Figure39 Evolution du nombre de zones humides entre 2000 et 2010 – source : enquête nationale zones humides UICN.

De la même manière, la superficie des zones humides de même que leur état de conservation ont fortement diminué. Les massifs à tourbière, par exemple n’ont vu aucun site s’améliorer entre 2000 et 2010, tandis que la moitié connaissait une dégradation de leur qualité.

Les principales causes directes ou indirectes, naturelles ou liées aux activités humaines, à l’origine de la dégradation et de la disparition de ces milieux particuliers ont été identifiées. La cause la plus fréquente correspond au drainage pour l’agriculture ou l’exploitation forestière. Les travaux de remblaiement, les pompages excessifs des eaux souterraines ou de surface, l’aménagement irréfléchi du lit des cours d’eau (curage, recalibrage, rescindement, etc.) sont les responsables essentiels.

Précisions que les tourbières représentent un type de zones humides bien particulier, elles ont été identifiées par la Convention de Ramsar comme étant le type de zone humide le plus important en tant que support de la biodiversité (et pour la régulation des processus naturels) et font donc l’objet d’une attention particulière dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CBD) et de la Convention cadre des Nations-Unies pour le changement climatique (CCNUCC) (Bonn A. et al., 2010).

3.2

Le rôle particulier des tourbières sur le cycle du carbone et l’effet de serre

Si les zones humides sont de milieux écologiques riches aux spécificités particulières, les tourbières sont les zones humides les plus intéressantes aussi bien en termes de richesse écologiques mais également en termes de fonctionnalité et de services rendus. Si les tourbières ont un rôle hydraulique indéniable, c’est principalement sur le cycle du carbone que leur contribution est importante. En effet, les processus turfigènes entrainent une capture du carbone atmosphérique par la production de tourbe.

La matière végétale (produite via la photosynthèse consommant du carbone atmosphérique) est donc capturée dans la masse tourbeuse. Ainsi 10% du carbone atmosphérique utilisé pour la photosynthèse sera stocké à long terme dans la tourbe. En tenant compte de leur durée de vie, les tourbières auraient stocké depuis plusieurs millénaires, une quantité de carbone non négligeable.

Ainsi, à l’échelle du globe, alors que les tourbières ne représentent que 3% de terres émergées, elles possèdent le stock de carbone le plus important des écosystèmes terrestres (550 Gigatonnes équivalent Co2, soit près de 2 fois plus que le carbone stocké dans la biomasse forestière, 75% du carbone atmosphérique et 30% du carbone contenu dans l’ensemble des sols (source Parish et al., 2008).

Figure n°40 : Illustration de la disproportion de carbone stocké dans les tourbières par rapport à leur surface en comparaison avec les forêts, d’après G.Clément 2016.

(34)

3.3

Les statuts de protection du secteur d’étude et les espèces patrimoniales.

Le site du Lac d’Assencières dispose des statuts réglementaires permettant de mettre en exergue la valeur patrimoniale des biocénoses présentes. Ainsi, ce site est intégré au sein du réseau Natura 2000 en tant que zone spéciale de conservation au titre de la directive habitat. Il fait partie du site dénommé : « Complexe du bois et du lac d’Assencière, vallée d’Etival » et à pour code FR4301327. Le formulaire standard de données de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, justifie la désignation de ce site par la présence de 16 habitats et 5 espèces d’intérêts communautaire sur site. Par ailleurs, le secteur d’étude est également intégré dans le périmètre d’une Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (Znieff) de type 1.

L’intérêt écologique du secteur réside dans le fait qu’il est bien représentatif de ce secteur des pentes intermédiaires du Jura, caractérisé par de nombreuses variations altitudinales (de 630 à 900 m), topographiques et stratigraphiques (formations du Jurassique supérieur, du début du Tertiaire et du Quaternaire). Cette diversité de facteurs induit un vaste éventail de groupements végétaux dont certains assez originaux et reconnus d'intérêt communautaire prioritaire. Ainsi les habitats justifiant la désignation du site au sein du réseau Natura 2000, vont des milieux escarpés et rocailleux comme les

« éboulis calcaires et de schistes calcaires des étages montagnard à alpin (code N2000 : 8120) », et

« les Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique » (code N2000 : 8210) » aux forêts de pentes de l’ubac et de l’adret ; « Forêts de pentes, éboulis ou ravins du Tilio-Acerion » (9180),

« Hêtraies calcicoles médio-européennes du Cephalanthero-Fagion » (9150) en passant par les pelouses sèches et prairies plus au moins humides ; « Prairies maigres de fauche de basse altitude » (6510), « Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux » (6410), jusqu’aux milieux clairement humides et aquatiques comme les « Tourbières basses alcalines » ((7230) ou les « Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou de l'Hydrocharition » (3150).

L'imbrication de ces différents milieux est favorable également à une avifaune diversifiée. Les boisements abritent le Pic noir mais aussi des espèces plus rares comme la Gélinotte des bois, ou encore la Chouette de Tengmalm. Cette dernière adopte de préférence les vieux peuplements de hêtres lui assurant la présence de cavités de nidification, directement liées à la fréquentation du site par le Pic noir. Quant aux prairies, elles constituent le terrain de chasse privilégié de rapaces diurnes comme la Bondrée apivore, le Milan noir et le Milan royal. Ces milieux ouverts abritent aussi la Pie- grièche écorcheur, passereau prédateur d'insectes et parfois de campagnols qu'il chasse à partir de postes d'affût (buissons, haies, piquets, etc.), tandis que le Faucon pèlerin profit des corniches aux alentours pour nicher. Cette richesse avifaunistique a décidé du classement du site en zone de protection spéciale au titre de la directives oiseaux. Ce statut se superpose au périmètre de la zone spéciale de conservation pour la directive habitat. Cette ZPS prend le nom de « Étival – Assencière » et porte le code FR4312022.

(35)

Figure n°41 : Cartographie du périmètre Natura2000 et du périmètre de la Znieff de type 1 comprenant le secteur d’étude.

Au titre de la directive habitat, 5 espèces justifient la désignation de ce site au sein du réseau Natura 2000. Il s’agit du Lynx boréal, qui profitant de la tranquillité du secteur serait fréquemment observé sur le site Natura 2000. Le Mélibée, un papillon de jour inféodée aux zones humides et alluviales, le chabot, petit poisson des ruisseaux d’eaux vives et oxygénées, le sonneur à ventre jaune, petit crapaud utilisant les ornières forestières pour sa reproduction, puis enfin, l’hypne vernisé une mousse classée sur la rouge des hépatiques menacées en Europe, se rencontre ponctuellement dans les milieux tourbeux de ce site Natura 2000.

Par ailleurs, le Formulaire Standard de Données indique également la présence d’une autre espèce d’amphibien, également protégée. A savoir l’Alytes accoucheur, espèces appréciant particulièrement les sites pionniers et par conséquent anthropisés (carrière, jardin, zone de chantier).

La salamandre tachetée réside au sein du secteur d’étude, des individus ayant été contactés en juillet 2016 lors des prospections terrains.

Figure n°42 : Cliché d’un juvénile de Salamandre tachetée dans lit du ruisseau à l’aval du lac.

(36)

Les inventaires réalisés en 2012 par biotope, montre par ailleurs la présence au niveau du lac d’Assencière de populations de Triton palmé et alpestre, ainsi que de la grenouille rousse, de la grenouille verte et du crapaud commun.

L’intérêt de ce site Natura 2000 réside également par la diversité d’insectes présents, en particulier chez les papillons de jours et les libellules (rhopalocères et odonates), avec la présence d’espèces protégées à l’échelle nationale, comme la Bacchante, l’Azurée du serpolet, l’Azurée des mouillères la Leucorrhine à front blanc. Par ailleurs les données Znieffs mentionne la présence de plusieurs espèces déterminantes Znieff comme le Grand sylvain, le Moiré franconien, ou encore le Cordulégastre annelé.

Par ailleurs des inventaires entomologiques réalisés sur les sites mêmes du Lac et de la plaine de Léchères permettent de rendre compte plus particulièrement des communautés présentes sur le secteur d’étude (Office Pour les Insectes et leurs Environnements OPIE Franche-comté 2007). Ainsi sur le secteur des Léchères la présence de la cordulie arctique a été attestée et lui confère de fait un certain intérêt faunistique. Cette espèce inscrite en catégorie quasi-menacée UICN sur la liste rouge régionale (OPIE Franche-Comté, 2009), reste en effet intimement liée à des habitats tourbeux ou paratourbeux et représente donc un bon indicateur biologique. La présence de la grande aeschne a aussi été attestée et est une déterminante ZNIEFF.

Chez les Rhopalocères, deux taxons sont inscrits en catégorie UICN NT (quasi-menacée) sur la liste rouge régionale (OPIE Franche-Comté, 2009) ont été identifiés : le grand sylvain et le cuivré écarlate.

Les cortèges identifiés restent assez peu diversifiés, mais cela est à mettre en relation avec la relative homogénéité de la zone et les fortes contraintes écologiques qui y règnent (alternance de périodes d’inondation et de périodes plus sèches, etc …).

Pour les abords de Lac d’Assencières, plusieurs espèces d’intérêt ont été relevées sur le site, avec en particulier des taxons typiques des systèmes aquatiques richement végétalisés d’altitude. On note en particulier la présence de l’agrion gracieux et de l’agrion hasté qui, bien que relativement répandus en Franche-Comté, subissent des menaces réelles ayant conduit à leur inscription en catégorie quasi- menacée selon les critères UICN (liste rouge régionale). La présence de la cordulie arctique (déterminantes Znieff) vient par ailleurs renforcer l’intérêt entomologique du lac d’Assencières.

Figure n°43 : Image du web illustrant de gauche à droite, le cuivré écarlate, la grande aeschne et la cordulie arctique

Du point de vue de l’avifaune, d’après Jveniaux-2016 et Aubet 2015-2016, c’est principalement sur la zone des Léchères et des boisements périphériques que se concentrent majoritairement les populations. Parmi les espèces fréquentant le site, les plus patrimoniales sont le Bouvreuil pivoine (Vulnérable sur la liste rouge nationale), la Mésange boréal (Vu LRN), le Pic noir (article 1 de la directive oiseaux) et le Roitelet huppé(quasi-menacé sur la LRN). Pour le Pic noir, c’est le boisement au sud-est qui semble le plus fréquenté.

Enfin au niveau des espèces végétales, si le FSD mentionne plusieurs espèces protégées (soit nationales soit régionales) à l’échelle du secteur Natura 2000, (Grassette commune, Fritillaire pintade, Drosera à feuilles rondes, Linaigrette grêle, etc.), les données floristiques relatives au site d’étude

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attestent de la présence de 2 espèces protégées à l’échelle nationale, Carex limosa, et Dryopteris cristata (donnée datant toutefois de 1993), ainsi que d’une espèce protégée à l’échelle régionale à savoir Thelypteris palustris (cependant la donnée la plus récente date de 1977). Lors des prospections de terrain réalisées en juillet 2016, une dizaine de pieds d’Epipactis des marais (une orchidée déterminantes Znieff) ont été contactés.

Figure n°44 : Cliché d’un pied d’epipactis des marais rencontrés sur le secteur des Léchères en juillet 2016 (cliché biotec)

Figure n°45 : Cartographie des

habitats d‘intérêt

communautaire présents sur site, source Biotopes 2013.

Les travaux de phytosociologie réalisés par Biotopes en 2013, font ressortir sur le secteur d’étude, la présence de 3 habitats d’intérêt communautaire sur le secteur des Léchères, tous les trois attachés aux habitats humides plus ou moins tourbeux. Par ailleurs les habitats les plus tourbeux (à savoir la tourbière de transition et tremblant) sont situées au centre du secteur, les habitats les moins tourbeux en périphérie.

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