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Du même auteur, dans la même collection : L'ogre du métro

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Academic year: 2022

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P a o l o S o l o

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Thierry Jonquet est né en 1954. Il a écrit une dizaine de romans noirs pour adultes, notamment à la Série Noire.

Il a également écrit plusieurs livres pour les enfants.

Du même auteur, dans la même collection : L'ogre du métro

© Éditions Nathan (Paris-France), 1989

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T H I E R R Y J O N Q U E T

Paolo Solo

Illustrations de Jean-Noël Velland

ARC EN POCHE/NATHAN

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L'autoroute I

Le camion était garé près de l'entrée du parking. Les voitures qui filaient dans la nuit noire éclairaient ses flancs avant de dispa- raître dans un vrombrissement puissant.

Paolo était essoufflé. Il s'était accroupi dans le fossé et il appuya son front contre la barre métallique qui bordait la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute. Il avait couru à tra- vers champs, depuis le bois. Le camion était tout proche. D'autres voitures filèrent sur l'autoroute ; et toujours ce bruit assourdis- sant, à leur passage, comme un feulement inutile, un appel qui mourait stupidement dans l'obscurité. Paolo n'avait jamais vu autant de voitures de sa vie...

Il rabattit le capuchon de son anorak sur sa tête et se massa les oreilles. Il avait froid,

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mais faim, surtout. Il tendit la main pour saisir une poignée de cette poudre blanche et glacée qui couvrait les champs alentour. Elle commença à fondre dès qu'il la serra dans le creux de sa paume.

Paolo n'avait jamais vu la neige. Il la mit dans sa bouche et l'avala.

Il entendit la musique qui provenait de la maison dans laquelle le conducteur du camion avait disparu. Les voitures quittaient la route, se garaient sur le parking, et leurs occupants se précipitaient aussitôt dans cette grande bâtisse fortement éclairée. Paolo plissa les yeux : ces gens buvaient quelque chose de chaud; une fumée montait des gobelets qu'ils tenaient dans leurs mains.

Face à la maison se dressait un immense bonhomme habillé de rouge, à la longue barbe blanche et chaussé de bottes. Il portait une hotte sur le dos. Quand il le vit, Paolo eut peur ; cependant, il ne tarda pas à comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un vrai géant, mais d'une créature de plastique, une statue, en quelque sorte. Les enfants qui des- cendaient des voitures tournaient autour de

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lui en riant. Paolo les envia; ils mangeaient, ils buvaient et se réchauffaient dans cette maison illuminée.

À la sortie du parking, les voitures s'arrê- taient devant une pompe à essence. Paolo savait très bien ce qu'était une pompe à essence.

Au village, chez lui, à Tapucuara, il y en avait une, tout au bout de la grand-rue.

C'était le gros Ruiz qui s'en occupait. Paolo n'aimait pas Ruiz. Il était répugnant, avec son tee-shirt couvert de taches de cambouis et son haleine qui puait le rhum dès huit heures du matin. Ruiz ne vendait pas que de l'essence ; dans sa boutique on trouvait aussi du coca, du riz, du manioc, des boîtes de conserve...

Le soir, on voyait l'enseigne de Ruiz clignoter dans la pénombre, et les moustiques quit-

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taient la forêt, comme si les grandes lettres TEXACO les attiraient. Ils se rassemblaient en nuées compactes dans les vapeurs de gas- oil, près des pompes de Ruiz.

Paolo frissonna. Ce n'était pas le moment de penser à Ruiz. Il avança vers ce camion qu'il avait repéré dès qu'il avait quitté le bois pour courir jusqu'au bord de l'autoroute.

C'était un camion bâché ; il suffisait de grimper sur la ridelle arrière pour s'introduire à l'intérieur du véhicule.

Paolo avait longtemps réfléchi ; il ne pou- vait plus rester dans ce coin de campagne où il se cachait depuis deux jours déjà. Les gens d'ici ne rigolaient pas ! L'un d'eux lui avait même tiré dessus à coups de fusil après l'avoir surpris dans un poulailler, un œuf frais à la main. Paolo avait eu le temps de le gober tout cru avant de se réfugier dans les bois.

Non, il valait mieux ne pas s'attarder dans les parages ! Mais où aller ? Il ne savait même pas dans quel pays il se trouvait! Quelque part de l'autre côté de l'océan Atlantique ! En Europe, mais où, exactement?

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Au village, chez lui, à Tapucuara, il n'avait jamais pu aller à l'école. Il se souvenait pour- tant de la mappemonde que lui avait montrée un jour Esteban, l'instituteur. Les mers bleues, les taches vertes de la forêt, jaunes du désert...

Alors, où était-il aujourd'hui? En France, en Allemagne, en Italie ? Des pays aux noms fabuleux ! Paris, Berlin, Rome, des villes où vivaient des millions de gens !

Chez lui, à Tapucuara, il n'y avait que deux points d'animation : la pompe à essence de Ruiz et le café de Rosario. Les hommes s'y réunissaient le soir pour jouer aux cartes ou aux dominos en se saoulant, et les gamins, comme Paolo, regardaient la télé...

Paolo avait vu des reportages sur l'Europe et les États-Unis et s'était étonné de ces villes aux maisons si hautes qu'on n'en distinguait pas le toit! Aucune comparaison avec la cabane de planches recouverte d'une plaque de tôle ondulée dans laquelle il vivait ! Si on lui avait dit qu'un jour il prendrait l'avion pour traverser l'Océan, jamais il ne l'aurait cru!

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Kurt la brute et Melissa la métisse sont aux trousses de Paolo, le petit Brésilien.

Pourquoi Paolo, vêtu d'un anorak rouge et de baskets trempées, marche- t-il le long d'une autoroute française ? Comment est-il arrivé si loin de son pays?

Des forêts du Brésil au quartier de Belleville, à Paris, Paolo n'est pas au bout de ses surprises...

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