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Denis-Constant Martin, Quand le rap sort de sa bulle

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Géographie et cultures 

76 | 2010

Géographie des musiques noires

Denis-Constant Martin, Quand le rap sort de sa bulle

Nelly Quemener

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/1277 DOI : 10.4000/gc.1277

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 1 novembre 2010 ISBN : 978-2-296-54657-8

ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Nelly Quemener, « Denis-Constant Martin, Quand le rap sort de sa bulle », Géographie et cultures [En ligne], 76 | 2010, mis en ligne le 20 mai 2013, consulté le 22 septembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/gc/1277 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.1277 Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020.

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Denis-Constant Martin, Quand le rap sort de sa bulle

Nelly Quemener

RÉFÉRENCE

Denis-Constant MARTIN, 2010, Quand le rap sort de sa bulle. Sociologie politique d’un succès populaire, Paris, éditions Setun-Irma, coll. Musique et société, 188 p.

1 Succès incontestable de l’industrie du disque en 2006, l’album Dans ma Bulle de la chanteuse française de rap Diam’s est au centre de l’ouvrage de sociologie politique de Denis-Constant Martin. Cet ouvrage mêle une analyse de la dimension musicale, c’est-à- dire des arrangements sonores et des paroles de six morceaux de l’album, effectuée en collaboration avec deux groupes d’étudiants de Paris 8, et une analyse des valeurs sociales véhiculées par ces morceaux. Il s’attache à démontrer que l’album de Diam’s se situe à l’articulation d’une pratique musicale, des « mondes du rap » et des transformations et mutations de la société française (p. 19). La musique de Diam’s allie en effet « l’intime et le social » et objective les tensions entre d’un côté, l’individualisme, l’ambition, la réussite, le respect de la famille, le civisme, et de l’autre, le délitement des liens sociaux, les difficultés sociales et la perte de repères (p. 105).

2 L’ouvrage Quand le rap sort de sa bulle de Martin fait des allers-retours permanents entre les valeurs du rap, les valeurs de la société française des années 2000 et le rap de Diam’s. Il montre que le rap de Diam’s n’est ni une innovation sans origine, ni le simple reflet d’une société, mais qu’il se situe à « la conjonction […] des préoccupations des français, notamment des jeunes » (p. 167). L’ensemble des valeurs et des thématiques qui travaillent le rap de Diam’s, de la question de l’immigration et de l’intégration, à celle du travail, du mérite, de la discipline ou encore de la souffrance et de l’amour, se retrouvent dans les débats et les programmes des candidats de la campagne de l’élection présidentielle de 2007. Par ailleurs, bien que Diam’s refuse toute affiliation partisane (p. 131), son album Dans ma bulle n’est pas non plus dénué d’une dimension

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plus politique. La rappeuse en appelle à la responsabilité et au civisme en insistant sur le pouvoir du vote à lutter contre celles et ceux dont elle dénonce la dangerosité, à l’instar de Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine Le Pen, personnalités leaders du parti d’extrême droite, le Front National, en 2007 (p. 132). Mais Denis-Constant Martin se garde à juste titre de conclure à la force de proposition et de révolte univoque de Diam’s et du rap en France en général pour insister sur son rôle de « révélateur social » (p. 168). Selon lui, le rap en France ne correspond pas à une contre-culture subversive et de résistance mais il est le lieu de contradictions, qui dévoile les tensions et les valeurs de la société française.

3 Les arrangements musicaux et les paroles de l’album Dans ma bulle sont à l’image de ces contradictions. La musique produite selon des arrangements minutieux se constitue de la combinaison du collectif (le groupe) et de l’individuel (le chant de Diam’s) « qui aux yeux des publics […], se montre informelle et non hiérarchique ». Les paroles, quant à elles, s’articulent autour d’une série d’oppositions en « rêve et réalité », « rose et noir ».

Elles contiennent les contradictions entre un idéal d’homme, de famille et de France, et les désenchantements amenés par les expériences de vie. Elles s’appuient sur un langage familier et courant qui produit à la fois « un discours populaire » (p. 98) à l’adresse des jeunes de cité et une diversité de modes d’expression à même de recruter des publics dans différentes sphères sociales. Cette esthétique musicale précise, travaillée et personnalisée, qui mêle les codes dominants du rap au récit de l’intime et à l’expression de valeurs, explique aux yeux des auteurs le succès de Diam’s auprès d’un public large. En outre, l’exploration des forums sur Internet consacrés à Diams’s dans le chapitre « Le reflets de Diam’s » (p. 139-151) montre le lien à la fois collectif (en concert) et personnel des fans à la chanteuse (p. 150).

4 L’ouvrage de Denis-Constant Martin propose un travail conséquent et particulièrement pertinent qui décloisonne l’image d’un rap trop souvent associé en France à des publics et une culture expressive de la banlieue ou de la cité. Le rap français, pourtant, propose et revendique une diversité de classes sociales, de lieux géographiques et d’identités de genre. On peut regretter à ce titre que Martin ne creuse pas la dimension genrée du rap de Diam’s. Le terme « féministe » utilisé pour qualifier des rappeuses telles que Missy Elliott (p. 42) ou les adresses directes aux femmes dans les paroles de Diam’s sont trop souvent effleurés au détriment d’une analyse précise de leurs définitions et représentations dans la pratique musicale. Diam’s déplace-t-elle les modèles de féminité hégémonique qui associent le genre féminin au sentimentalisme, à l’émotion, à la séduction, etc. ? Quelle féminité performe-t-elle à travers sa musique et ses concerts ? En quoi déplace-t-elle les normes de genre de la musique rap en France ? Dans le même esprit, on peut s’étonner que la question de la « blanchité » de Diam’s par rapport à la plupart des autres rappeurs issus des minorités ethnoraciales, ne soit pas abordée dans l’ouvrage. Quelle identité ethnoraciale Diam’s construit-elle ? Revendique-t-elle une identité hybride, entre culture rap, banlieue, origine grecque ? Cette identité se différencie-t-elle des autres rappeurs et rappeuses en France ? Il aurait sans doute pu être pertinent de développer ces interrogations et axes de recherche lors de la comparaison entre les « valeurs du rap » et « les valeurs de Diam’s » en ajoutant à l’analyse des thématiques les rapport sociaux de pouvoir qui les gouvernent.

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AUTEURS

NELLY QUEMENER

Laboratoire CIM – Université Sorbonne Nouvelle-Paris III

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