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(1)

Direction générale des opérations régionales Direction de la gestion des espèces et des habitats

REVUES DE LITTÉRATURE PORTANT SUR CERTAINS PARAMÈTRES SUSCEPTIBLES D'ÊTRE UTILISÉS POUR ASSURER LE SUIVI DE L'EXPLOITATION

DES ANIMAUX À FOURRURE

Rapports rédigés par et pour le Comité scientifique sur

les animaux à fourrure

Novembre 1987

Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche

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LISTE DES RAPPORTS

- Suivi de l'exploitation de la Martre d'Amérique par Clément Fortin

- Rapport sur la recherche bibliographique sommaire sur le Lynx du Canada (Lynx canadensis): définition des paramètres sensibles pour un suivi des populations et de l'exploitation par Josée Brunelle pour René Lafond

- Revue de la littérature sur le Castor par Christian Pilon - Revue de la littérature sur.la loutre par Christian Pilon

- Proposition d'un modèle pour analyser les statistiques de récolte d'Ours noirs et pour prédire les tendances des populations sur pied par Hélène Jolicoeur

- Renard roux (revue de littérature) par Jacques Jutras

- Revue de la littérature sur le Vison d'Amérique Mustela vison par Jean Milette

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Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche Service de l'aménagement et de l'exploitation de la faune

Région de Québec

SUIVI DE L'EXPLOITATION DE LA MARTRE D'AMÉRIQUE

par

Clément Fortin, biologiste

préparé pour le comité scientifique sur les animaux à fourrure

Charlesbourg, le 11 novembre 1987

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INTRODUCTION

La Martre d'Amérique (Martes americana) a la double particularité d'être une espèce vulnérable et difficile à gérer. Sa vulnérabilité est reliée à plusieurs facteurs, soit sa facilité de capture, la valeur importante de sa fourrure, les coupes forestières abusives et la des- truction de son habitat par le feu ou les épidémies d'insectes. Son aire de répartition méridionale a d'ailleurs été considérablement réduite dû à l'intervention humaine (Strickland et al. 1982), alors qu'elle est considérée menacée à Terre-Neuve (Snyder 1985).

Les difficultés inhérentes à sa gestion sont surtout dues à ses carac- téristiques biologiques et à sa réaction souvent imprévisible à l'ex- ploitation. Soukkala (1983) résume bien cette dernière particularité

"However, the level of harvest that marten populations can sustain and remain stable is not known."

(5)

- 2

1. LA DENSITÉ

L'estimation de la densité d'une population de Martre d'Amérique, sou- mise ou non à l'exploitation, est une donnée essentielle si le but poursuivi est d'établir le taux d'exploitation de cette population, de mesurer les effets d'une modification de son habitat ou de connaître la composition numérique d'une population témoin inexploitée. Les densités obtenues selon diverses études nord-américaines sont les sui- vantes:

Tableau 1

PROVINCE / ÉTAT DENSITÉ AUTEURS

(# MARTRES/KM2)

Terre-Neuve 0,1 Snyder (1985)

T.N.O. 0,1 - 0,8 Wooley (1974)

Ontario 1,2 - 1,9 Francis & Stephenson (1972)

Yukon 0,6 Archibald & Jessup

(1984)

Québec 0,9 - 1,5 Lafond (1987)

Maine 0,4 - 2,2 Soutière (1979)

Ces résultats devront être utilisés avec précaution puisque les inven- taires cités ici sont peu comparables. D'autre part, l'estimation de la densité d'une population de martres est un processus long, coû- teux et fastidieux. Dans un cadre de gestion, cette donnée peut avan- tageusement être remplacée par une mesure de l'abondance des popula- tions. Trois méthodes sont préconisées pour obtenir ce paramètre:

(6)

3

1. L'effort par unité de capture obtenu via le carnet du trappeur (Fortin & Cantin 1987).

2. Le décompte des pistes en période hivernale sur des virées stan- dards (Slough & Smits 1985).

3. L'abondance relative par un sondage auprès des trappeurs (Strick- land & Douglas 1984; Slough & Smits 1985).

(7)

2. LE RAPPORT DES SEXES

Chez une population de martres, les mâles sont plus vulnérables au piégeage que les femelles (Soukkala 1983). Habituellement la propor- tion de mâles dans la récolte est débalancée en faveur des mâles (ta- bleau 2).

Yeager (1950), Quick (1953), Soukkala (1983), Archibald and Jessup (1984) rapportent que le rapport des sexes dans la récolte est relié à la pression de piégeage et qu'un rapport des sexes qui tend vers la parité ou qui est débalancé en faveur des femelles indique probable- ment un état de surexploitation.

(8)

- 5

Tableau 2

AUTEUR LOCALISATION RAPPORT DES SEXES-

Yeager (1950) Colorado 1,6:1

(729-454)

Devos (1952) Ontario 1,2:1

(147-119)

Reynolds (1953) Ontario 1,9:1

(823-439)

Quick (1953) Colombie-Britannique 0,8:1 (71-92)

Lensink (1953) Alaska 1,6:1

(810-506)

Strickland (1975) Ontario 2,3:1

(292-129)

Archibald & Yukon 1,4:1

Jessup (1984) (492-347)

Fortin & Québec 1,2:1

Cantin (1987) (1763-1468)

TOTAL TOUS 1,4:1

(5127-3554)

a Taille échantillon (mâles - femelles)

(9)

- 6

3. LE RAPPORT JUVÉNILE / ADULTE

Comme les juvéniles sont plus vulnérables au piégeage que les adultes, le rapport juvénile / adulte peut être utilisé comme un indicateur du niveau d'exploitation. De façon générale, une faible proportion de juvéniles alliée à une forte proportion de femelles adultes 1,5 an) dans la récolte indique un état de surexploitation. On recom- mande de conserver un rapport de trois juvéniles pour chaque femelle adulte (> 1,5 an) dans la récolte.

L'utilisation du rapport juvénile / adulte peut être raffinée davantage si on 'connaît la distribution d'âge et le potentiel reproducteur de la population à l'étude. Ces données sont toutefois absentes dans la majorité des régions.

(10)

- 7

4. LA PRODUCTIVITÉ BRUTE

Si on connaît la densité, la structure, le taux de gestation et le potentiel reproducteur d'une population de martres, on peut en estimer la productivité brute.

EXEMPLE: (Archibald & Jessup 1984) Densité: 0,4 martre/km2

Structure: 0,67 (0,5 an) 0,23 (1,5 an) 0,10 ( > 1,5 an) taux de gestation: 0,74

Potentiel reproducteur: 1,5 an: 3,3 cl

> 1,5 an: 3,8 cl Aire d'étude: 100 km2

Notre aire d'étude d'une superficie arbitraire de 100 km2

recèle une population de 40 martres (100 km2

x 0,4/km2

). De ces 40 martres, 33%

seulement sont des adultes, soit 23% de 1,5 an (9,2 individus) et 10%

>1,5 an (4 individus). Sachant que le rapport des sexes chez les adultes ne diffère pas significativement de la parité, notre population sera composée de 4,6 femelles de 1,5 an et de 2 femelles plus âgées.

Le taux de gestation étant de 74%, ce sont 3,4 femelles de 1,5 an et 1,5 femelle plus âgée qui pourraient concevoir un maximum de 16,9 jeu- nes (3,4 x 3,3 cl) + (1,5 x 3,8 cl) = 16,9.

Cette population aura donc une productivité brute de 17 jeunes. Compte tenu de l'absence de connaissances sur la mortalité naturelle de la martre, et sachant que le nombre moyen de naissances relevé dans les fermes d'élevage est d'environ trois jeunes (2,85), cette productivité brute de 17 jeunes constitue un maximum théorique et n'est probablement jamais atteinte.

(11)

- 8

L'étape suivante consiste en l'établissement d'un quota de capture pour notre population qui dans un premier temps sera fixé à 50% de la productivité brute.

Donc notre quota serait de 8 martres à la première année d'exploita- tion. Ce quota sera réajusté à la hausse ou à la baisse selon l'évolu- tion du rapport des sexes du rapport juvénile / adulte et de l'effort de piégeage de la population exploitée.

(12)

RÉFÉRENCES CITÉES

ARCHIBALD, W.R. and R.H. JESSUP, 1984. Population dynamics of the pine marten (Martes americana) in the Yukon Territory. In Olson, R. et al. (eds). Northern Ecology and Resource Management. The University of Alberta Press. pp 81-97.

DEVOS, A., 1952. Ecology and management of fisher and marten in Onta- rio. Ont. Dep. Lands For, Tech. Bull. Wildl. Ser. 1. 90 pp.

FORTIN, C. et M. Cantin, 1987. Impact du piégeage sur une population nouvellement exploitée de martre d'Amérique (Martes americana) en milieu boréal. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, Service de l'aménagement et de l'exploitation de la faune, région de Québec (en préparation).

FRANCIS, G.R. and A.B. STEPHENSON, 1972. Marten ranges and food ha- bits in Algonquin Provincial Park, Ontario. Ontario Ministry.

Nat. Resourc. Rep. Wild. 91, 53 pp.

LAFOND, R., 1988. Estimation de la densité et des déplacements de la Martre d'Amérique (Martes americana) dans la réserve faunique des Laurentides. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pê- che, Direction générale de la ressource faunique (en préparation).

LENSINK, C.J., 1953. An investigation of the marten in interior Alas- ka. M.S. thesis Univ. Alaska. Fairbanks. 89 pp.

QUICK, H.F., 1953. Wolverine, fisher and marten studies in a wilder- ness region. Trans. North. Am. Wildl. Conf. 18:512-533.

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Lands. For. Div. Fish Wildl. Prog. Rep. 4 pp.

SLOUGH, B. G. and C.M.M. Smits, 1985. Yukon Marten Management. Yukon Renewable Ressources. 57 pp.

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- 10 -

SNYDER, J., 1985. The status of pine marten (Martes americana) in Newfoundland. Prepared for COSEWIC, St-John's, Newfoundland.

SOUKKALA, A.M., 1983. The effects of trapping on marten populations in Maine. University of Maine. Thesis. 45 pp.

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STRICKLAND, M.A., C.W. DOUGLAS, M. NOVAK, N.P. HUNZIGER, 1982. Marten.

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YEAGER, L.G., 1950. Implications of same harvest and habitat factors on pine marten management. Trans. 15th N. Am. Wildl. Conf. 319- 335.

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. . .

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RAPPORT SUR LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUESOMMAIRE SUR LE LYNX DU CANADA (Lynx canadensis)

DÉFINITION DES PARAMÈTRES SENSIBLES POUR UN SUIVI DES POPULATIONS ET DE L'EXPLOITATION

préparé par

Josée Brunelle, biol. (M.Sc.)

pour René Lafond

Novembre 1987

Direction de la faune terrestre

Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche

(16)

INTRODUCTION

Le présent rapport propose, à la lumière de ce qui est connu des indicateurs potentiels pour réaliser le suivi des populations de lynx et qui devraient permettre d'exercer une gestion rationnelle de cette espèce au Québec.

Cependant, il est important de noter que les indices proposés sont ceux qui ont été retenus comme étant les plus valables sans exiger de trop grands efforts pour les acquérir.

L'utilisation des paramètres proposés permettra peut-être le développement d'autres indicateurs potentiels pour le futur. L'état actuel des connaissances nous restreint à ceux-ci.

(17)

2.

NOTE: Le lynx fait partie des populations à caractère cyclique.

Il est reconnu que son cycle varie autour de 10 ans. Afin de bien gérer cette espèce il est primordial d'identifier la phase du cycle. Les trois premiers indicateurs visent à déterminer cette phase.

(18)

3.

1. DENSITÉ OU INDICES D'ABONDANCE

a. Lynx

Les indices d'abondance ou de densité de lynx peuvent être obtenus dediverses façons (dans quelques cas, les études ré- fèrent àl'estimation du territoire):

. Données de capture: Banville (1986) pp. 38-39, tableau 12

Suivi des pistes Saunders (1963)

dans la neige: Nellis et al. (1972) p. 321, 4e par.

Brand et al. (1976) p. 417, "methods":

1er au 3e par.

Nombre de peaux vendues: Nellis et al. (1972) p. 321, 10e par. et p. 322, fig. 1

Brand et Keith (1979) p. 833, fig. 4

. Télémétrie: Mech (1980) (étude du territoire) Parker et al. (1983)

Wards et Krebs (1985) (étude du territoire) Noiseux et Doucet (1987)

. Piégeage ("trap night indices"): Nellis et Keith (1968) (étude du territoire)

Quelques données (en nombre de lynx/100 km2):

Nellis et al. (1972) (aire d'étude: 147 km 2): de 2,0 à 7,5 voir p. 322, "results": 1er par.

(19)

4.

Brand et al. (1976): 2,3 (en 1966-1967, bas du cycle)

(aire d'étude: 130 km 2) 10,0 (en 1971-1972, haut du cycle) voir tableau 1, p. 419 et

"resident lynx densities": 2e par. p. 419

Parker et al. (1983): 20 (en 1978-1979) voir p. 781, Discussion: 1er par.

Noiseux et Doucet (1987): 8.13 (p 1, ter par.)

Applicabilité

La méthode la moins coûteuse et la plus réalisable serait d'é- valuer des indices de densité 'a partir du nombre de peaux vendues.

Cet indice est représentatif des indices de densité obtenus par le suivi de pistes dans la neige (voir fig. 4 dans Brand et Keith 1979) ou valider par la capture de lièvres vivants (Keith et al.

1968).

Ces indices permettront de tracer le cycle d'abondance des populations de lynx de façon adéquate, par région, par habitat ou pour la province si les cycles sont synchronisés.

- La télémétrie est une méthode fiable qui peut fournir une multitude d'informations supplémentaires mais qui demeure très coûteuse et exige beaucoup de temps, de personnel, d'équipement.

b. Lièvre

La densité des populations de lièvres influence les populations de lynx. Le suivi de la densité du lièvre peut donc permettre un suivi indirect des populations de lynx.

Le déclin dans les taux de reproduction et de recrutement chez le lynx coïncide avec une baisse de densité du lièvre (Parker et al. 1983, p. 782, 2e par.).

(20)

5.

Méthodes existantes: Meslow et Keith (1968)

Brand et Keith (1979) p. 828-829: question- naire aux trappeurs

Quelques données: 170 à 1000 lièvres/100 ha (bas et haut du cycle) (Parker et al. 1983, p. 775-776 dernier paragraphe)

Applicabilité -

- L'indice développé par Brand et Keith (1979) par un questionnaire aux trappeurs semble fiable (Banville 1986).

- Le suivi de la densité du lièvre peut permettre de "prévoir"

la tendance du cycle chez le lynx.

- Coopération entre les gestionnaires du petit gibier et ceux des animaux à fourrure.

(21)

6.

NOTE: Je crois qu'il est quand même préférable de suivre les popula- tions de lynx (indices de la densité) car les diffférents auteurs proposent l'arrêt du piégeage (durant une période de 3 ans) débutant la 2e année après le pic d'abondance de la récolte de lynx (Brand et Keith 1979, p. 845 "management implications": 3e par.; Parker et al. 1983, p. 785, 2e par.) Ce délai peut donc permettre aux gestionnaires de réajuster les règlements relatifs au piégeage de cette espèce.

Un tel arrêt du piégeage permettrait des récoltes subséquentes supérieures (Brand et Keith 1979, fin du résumé, voir pages 844-846).

(22)

7.

2. POURCENTAGE DANS LA RÉCOLTE (indice du recrutement)

La diminution de la densité de lièvre affecte la densité de lynx en diminuant le recrutement par une mortalité accrue des jeunes et par un taux de conception réduit chez les 1,5 an (McCord et

Cardoza 1982, p. 742, 2e par.).

Après consultation de la littérature, il semble qu'il soit préférable d'évaluer la proportion de jeunes dans l'échantillon du piégeage plutôt que d'estimer le nombre de traces placentaires qui varie peu et parce que c'est surtout la survie des jeunes qui est affectée (Parker et al. 1983, p. 782 fin du 11e par.; Brand et al. 1976 p. 420, 3-4e par.). Toutefois, les jeunes de 0,5 an sont sous-représentés dans la récolte (Brand et Keith 1979, Banville 1986, Noiseux et Doucet 1987) et il est possible d'ajouter des

facteurs de correction basés sur la densité de lièvres (Brand et Keith, 1979, pp. 838-840). Les facteurs de correction ne semblent pas nécessaires pour comparer les valeurs d'années en années afin d'identifier le cycle. Une faible proportion de jeunes dans la récolte reflète un faible recrutement. Tout ceci étant basé sur le taux de survie des jeunes qui est relié à l'abondance du lièvre (Berrie 1974, Brand et Keith 1979, Parker et al. 1983, p. 782, 10e par.)

Quand le recrutement est bas, l'exploitation peut éliminer localement une population (Brand et Keith 1979).

Quelques données

Berrie (1974) : la proportion de jeunes a augmenté de p. 28 (non disponible) 0% à 30% avec l'augmentation de l'abon-

dance du lièvre.

(23)

8.

Brand et al. (1976): pas de chatons durant les 5 années de rareté du lièvre (aire d'étude: 130 km2

)

Brand et Keith (1979): La proportion de jeunes (ajustée) a (résumé et résultats) diminué de 66% en 1971-1972 (abondance

du lièvre) à ›% en 1973-1975 (rareté du lièvre)

Parker et al. (1983): de 29% à 2% (p. 772; dernier par.)

Quinn et Gardner (1984): voir p. 956, 1er par.

Banville (1986): la proportion de jeunes a varié de 6,6% à 15,1% (p. 16, en haut).

Il considère que c'est le haut du cycle.

Noiseux et Doucet (1987): 10,4% en 1984-1985 (p. 33, 17,4%

en 1985-1986 dernier par.) Ils consi- dèrent que c'est la phase descendante ou le bas du cycle

Applicabilité

- La mesure du pourcentage de jeunes dans la récolte serait facile- ment réalisable, peu coûteuse et fiable par l'examen des peaux brutes Quinn et Gardner 1984).

Le système de collecte des mesures restera à développer et voir si c'est valide pour le Québec (Banville 1986 croit que oui).

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3. POURCENTAGE DES FEMELLES GESTANTES

Selon Dixon (1981) le pourcentage de femelles gestantes peut s'avérer un indicateur potentiel du statut d'une population (pour- centage élevé quand la population augmente, pourcentage faible quand la population décroît).

Chez le lynx, le succès reproducteur des femelles de 1,5 an semble dépendre de l'abondance du lièvre (Brand et al. 1976, p.

420, 2e par.; Parker et al., p. 773, reproduction: 2e par.). La mise bas des femelles de 22 mois (notre référence: 2,5 ans) semble peu influencé par un nombre réduit de proies (Berrie 1974, Parker et al. 1983, p. 782, 2e par.)

Quelques données

Brand et Keith (1979): 73% adultes gestantes quand abondance du lièvre

33% adultes gestantes quand rareté du lièvre (voir p. 387, dernier par.

et p. 338, 1er par. et tableau 5 p. 838)

Parker et al. (1983): 25% (n=30) des femelles de 1,5 an et 68% (n=25) des femelles de 2,5 ans et plus avaient des traces placentaires (p. 773, reproduction: 1er par.

)

Le déclin dans la reproduction était plus marqué chez les 1,5 an: 67% (en (1977-1978) à 0% (en 1979-1980) (tableau 1, p. 773)

9.

(25)

10.

Banville (1986): 54, 7% - 73,9% des femelles de 2,5 ans et plus avaient des traces placentaires.

Aucune femelle de 1,5 an n'avait de traces placentaires (p. 20).

Noiseux et Doucet (1987): 50% des 2,5 ans ont eu des traces placentaires. _Aucune de 1,5 n'en a eues (p. 46, ler par.).

Applicabilité

- Cette mesure du pourcentage de femelles gestantes (surtout des 1,5 an) devrait fournir un bon indice. Mais si la collecte de carcasses n'est pas réalisable, cet indice n'est pas prioritaire à mon avis.

De plus, Banville (1986) et Noiseux et Doucet (1987) n'ont pas identifié de femelle de 1,5 an avec des traces placentaires.

Cette observation est surprenante pour la population de lynx étudiée par Banville (1986) car on aurait dû s'attendre a un bon taux de reproduction chez les 1,5 an à cause de l'abondance du lièvre et la possibilité pour la population de lynx d'être dans le haut du cycle.

Donc, il ressort que cet indice n'est peut-être pas approprié • pour les populations de lynx du Quéhec (recherches requises

).

4. HABITAT

Parker et al. ont caractérisé l'habitat préférentiel du lynx:

forêt en stade de succession avancée (f 20 an après une coupe, en régénération). (Pour plus de précisions voir la page 777 à

"Habitat selection": 2e par.). Une mosaïque d'habitats divers serait préférable (p. 783, ler au 4e par.).

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11.

Les lynx ne semblent pas fréquenter les forêts de résineux matures (Noiseux et Doucet 1987, p. 60).

Quelques données

Densité de lynx dans la forêt boréale:

Eedy (1982): 5 lynx/100 km2

(selon littérature) (p. 10) voir la carte en-dernière page (abondance relative du lynx au Canada)

Banville (1986): 3,2 à 13,3 lynx/100 km 2 (p. 39)

Noiseux et Doucet (1987): 8,13 lynx/100 km2 p. 62

Je n'ai pas trouvé d'indices de densité selon les divers ha- bitats (pas pu "éplucher" le contenu des articles).

Applicabilité

- Zoner le territoire québécois sur une carte selon les habitats préférentiels (déterminés dans la littérature ou faire des études (pistes, télémétries).

- L'identificationet la localisation des zones d'habitat préféren- tiel permettrait d'exercer une gestion plus "fine" des populations de lynx du Québec en imposant des quotas différents selon les

zones (densités de lynx différentes). (Se référer aux études de Banville 1986 et Noiseux et Doucet 1987).

- Il faudrait réussir à évaluer la densité de lynx selon l'habitat (fouiller plus à fond la littérature.

- L'identification de la perte d'habitat (coupes forestières, feu, etc.) permettra de réajuster localement les règlements de piégeage.

(27)

12.

5. AUTRES INDICES APPLICABLES

Effort de capture

Cet indice permettrait de déceler une baisse dans la densité (par des questionnaires aux trappeurs).

Proportion de lynx dans les captures

Regarder la proportion de lynx par rapport à d'autres espèces (Noiseux et Doucet 1987, p. 72, point #3).

Dynamique des populations

Requiert des méthodes plus coûteuses pour la détermination de la structure d'âge, le ratio des sexes, la mortalité, etc.

Ces paramètres seraient utiles pour suivre et comprendre l'évo- lution des populations de lynx mais exigent beaucoup d'efforts (coût, temps, équipement, etc.) pour être applicables à l'ensemble

du Québec.

Il est donc suggéré de poursuivre l'acquisition de ces données où la logistique est déjà en place (ex. récolte de carcasses

dans la réserve faunique des Laurentides). Il serait possible de récotler que la tête et les organes génitaux (voir étude sur le castor, méthode en 1985-1986 de Brunelle et Bider 1987).

Le rapport des sexes est controversé: la vulnérabilité selon le sexe diffère selon les auteurs (Van Zyll de Jong 1963, Stewart 1973, Berrie 1974, Brand et Keith 1979). Le suivi du rapport des sexes pourrait être utile pour des mesures de gestion visant à réajuster la saison de piégeage ou les méthodes (collet, piège

à patte) (Quinn et Thompson 1985) mais attention la saison influence aussi le rapport des âges dans la récolte (Banville 1986, Noiseux et Doucet 1987).

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13.

LITTÉRATURE CITÉE

BANVILLE, D. 1986. Étude écologique du Lynx du Canada sur la haute Côte-Nord. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Péche du Québec.

BERRIE, P. M. 1974 Ecology and status of the lynx in interior Alaska. Pages 4-41 in R. L. Eaton (eds), Thw World's Cats, vol. 1. World Wildlife Safari, Winston, Oregon.

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(31)
(32)

COMITÉ SCIENTIFIQUE SUR LES ANIMAUX à FOURRURE

REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LE CASTOR

Christian Pilon Biologiste

Service de l'aménagement et de l'exploitation de la faune Hull, novembre 1987

(33)

1

CASTOR: DENSITÉS DES COLONIES, ESTIMATION DE LA POPULATION

On trouve au Québec tout un gradient dans le nombre de colonies de Cas- tor, allant de près de 0 colonies/10km2 à plus de 10 colonies/10km2.

Compte tenu que chaque région possède un budget d'inventaire aérien du Castor_et que les densités peuvent donc___être connues avec_ précision, il apparaît inutile de dresser des scénarios de densités possibles.

Toutefois, lorsque la densité des colonies de Castors est connue, il est important d'associer cette valeur au nombre de Castor présent dans une colonie.

En Amérique du Nord, différents chercheurs ont observé des valeurs moyennes allant de 2,2 à 6,2 Castors par colonie (tableau 1). Le nombre moyen de Castor par colonie, si nous considérons chacune de ces études s'élève à 3,9 en Amérique du Nord.

Au Québec, uniquement, Traversy et McNicoll (1976) trouvent 3,3 Castors par colonie à la Baie James; Pilon et Daigle (1984) observent 3,6 Cas- tors par colonie en Abitibi; alors que Brunelle et Bider (1987) obtien- nent une valeur de 3,8 dans la Réserve des Laurentides. Nous obtenons donc une valeur moyenne d'environ 3,6 Castors par colonie au Québec.

Bien qu'assurément très près de la réalité, ce nombre représente un mi- nimum puisqu'il est possible que quelques Castors aient échappé aux pié- geurs.

Rapport des sexes

Presque tous les chercheurs obtiennent un rapport de 1:1 (Benson, (1936), Hammond (1943), Bradt (1947), Bond (1956), Rutherford (1964), Hodgdon et Hunt (1966), Nordstrom (1972), Svendsen (1980), Payne (1984), Pilon et Daigle (1984), Brunelle et Bider (1987).

(34)

2

Henry (1967) et Boyce (1974) trouvent moins de mâles que de femelles mais ne disent pas si cette différence est significative.

Nous utiliserons donc la valeur attendue de 1:1.

Rien ne laisse penser pour l'instant qu'un piégeage intensif aurait pour effet d débalançer le rapport des sexes,.

MORTALITÉ

Ce paramètre a été peu étudié chez le Castor et les résultats obtenus semblent parfois contradictoires. Ainsi, Henry (1967) rapporte une mor- talité de 42% entre 0,5 ans et 1,5 ans, ce qui se rapproche du 46% ob- servé par Bergerud et Miller (1977). Par contre, Svendsen (1980) et Payne (1984) rapportent respectivement 5% et 4% de mortalité entre ces deux mêmes âges.

En combinant toutes les classes d'âges, Payne (1984), ainsi que Bergerud et Miller (1977) obtiennent respectivement des mortalités annuelles de 27% dans le premier cas et de 30 à 32 % dans le second cas.

Nous pourrions donc utiliser une mortalité annuelle de 30% lorsque ce paramètre sera retenu pour le Québec, en attendant la publication de nouveaux résultats.

STRUCTURE 'VUE

a) Proportion juvéniles - adultes (Recrutement)

Selon les études, la proportion de juvéniles dans la population varie de 18% à 42% (tableau 2).

(35)

3

Au Québec, Traversy et McNicoll (1976) trouvent 31% de jeunes; Pilon et Daigle (1984) rapportent également 31%; alors que Brunelle et Bider trouvent 32% de jeunes dans la population. Toutes ces valeurs sont dans la moyenne des résultats obtenus par l'ensemble des chercheurs Nord Amé- ricains.

Âge moyen

Les auteurs Nord Américains trouvent des âges moyens de 2,5 ans (Pilon et Daigle, 1984); 2,9 ans (Brunelle et Bider, 1987); 3,1 ans (Henry et Bookout, 1969); 3,3 ans (Larsen, 1967); et 4,9 ans (Traversy et McNicoll, 1976).

De son côté, Nordstrom (1972) rapporte un âge moyen de 4,3 ans sur un territoire inexploité, 3,9 ans sur un territoire jugé sous-exploité; 2,8 ans sur un territoire bien exploité et 2,4 ans sur un territoire consi- déré sur-exploité. Bien que ces informations apparaissent intéressantes comme point de départ, il faut constater que l'âge moyen de 2,9 ans ob- servé en 1984-1985 dans la réserve des Laurentides ne refère certaine- ment pas à une bonne exploitation par la piégeage puisqu'il s'agissait d'une population non piégée.

Considérant que Pilon et Daigle (1984) soulignent qu'avec une moyenne de 2,5 ans la population de Castor de l'Abitibi supporte une forte pression de piégeage, il sera intéressant de connaître si ces populations ont connu des variations depuis et idéalement, l'âge moyen qu'on y rencontre aujourd'hui, afin de savoir si ce seuil de 2,5 ans se rapproche effecti- vement du seuil critique.

(36)

PRODUCTIVITÉ

Selon les auteurs, le nombre de marques placentaires ou d'embryons par femelle gestante varie de 2,1 à 5,5 (tableau 3). La majorité des au- teurs note toutefois des nombres allant de 2,7 à 4,2.

Au Québec, Traversy et McNicoll trouvent 2,1 marques placentaires par femelle gestante à la Baie James; Pilon et Daigle (1984) obtiennent une valeur de 3,4 en Abitibi; alors que Brunelle et Bider (1987) constatent une valeur de 2,7 marques la première année d'étude, puis 4,1 la secon- de, après une saison de piégeage. Ces résultats sont en accord avec Nordstrom (1972) qui remarque que le nombre de marques placentaires est plus élevé chez une population exploitée (3,0) qu'une population inex- ploitée (2,5).

b) Pourcentage de femelles gestantes

Le pourcentage de femelles participant à la reproduction varie considé- rablement selon les études. Ainsi au Québec, Pilon et Daigle (J.984) trouvent 42% des femelles âgées de 2,5 ans et plus qui ont porté des jeunes, alors que ce pourcentage atteint 53% chez les femelles de 3,5 ans et plus. De leur côté, Brunelle et Bider (1987) constatent que de 53% à 58% des femelles sont gestantes à 2,5 ans et plus ces pourcentages atteignant 81% chez les 3,5 ans et plus.

Ailleurs dans la littérature, la proportion de femelles adultes ayant une portée est assez élevée. Ainsi, Nordstrom (1972) obtient 56% et 68%

selon le territoire; Benson (1936) et Henry (1967) obtiennent 62%; Payne (1975) rapporte 70%; Rutherford (1964) observe 75% à 84%; Brenner (1964)

rapporte 80% et Gunson (1970) mentionne 85 à 95%.•

4

(37)

5

Devant ces variations importantes et compte tenu que malgré le faible pourcentage de femelles gestantes en Abitibi, la population de Castor ne semble par diminuer, il apparaît préférable de ne pas tenir compte de ce paramètre pour l'instant dans notre suivi des populations de Castors au Québec.

TAUX D'EXPLOITATION OPTIMAL.

Payne (1984) suggère une récolte équivalent à 20-25 % d'une population de Castor ayant un recrutement de 27%.

Pilon (1985) suggère 27% pour une population ayant un recrutement de 31%.

Nordstrom (1972) suggère 27% pour une population ayant un recrutement de 35 à 39%

Henry (1967) suggère 32% pour une population ayant un recrutement de 42%.

Compte tenu qu'on observe un taux de recrutement d'environ 31% au Qué- bec, je suggère un taux d'exploitation variant entre 25 et 30% idéale- ment 27%.

RECOMMANDATION

Les résultats obtenus au Québec font ressortir qu'il y aurait un nombre moyen minimum de 3,6 Castors par colonie et qu'un prélèvement de 27%

pourrait être envisagé. De façon à simplifier les choses, je propose de travailler avec les valeurs arrondies suivantes, qui donnent finalement une exploitation totale semblable.

(38)

6

Nombre de Castors par colonie: 4 OBJECTIF VISÉ: Taux d'exploitation: 25%

Nombre de Castors par colonie: 4 APPROCHE CONSERVATRICE: Taux d'exploitation: 20%

Nombre de Castors par colonie: 4 APPROCHE LIBÉRALE: Taux d'exploitation: 30%

Une récolte inférieure à l'approche conservatrice indique une sous- exploitation, alors qu'une récolte supérieure à l'approche libérale in- dique une surexploitation.

Puisque rien dans la littérature ne laisse entrevoir l'existence de pa- ramètres efficaces pour faire le suivi de l'exploitation du Castor et puisque l'inventaire de cette espèce est aisée et donne d'excellents ré- sultats, je propose d'utiliser ce dernier outil pour assurer la gestion du Castor et de n'utiliser des méthodes indirectes qu'en dernier re- cours.

Les paramètres pouvant donner un certain indice de la tendance d'une po- pulation de Castor semblent être le nombre de marques placentaires, le recrutement et l'âge moyen.

Un âge moyen peu élevé et un faible recrutement pourrait indiquer une surexploitation; alors qu'un âge moyen élevé et un recrutement assez im- portant pourraient indiquer une sous-exploitation.

Nordstrom (1972) classe ainsi les résultats qu'il obtient au Nouveau- Brunswick:

(39)

7

Territoire non piégé

Territoire sous-exploité

Téritoire bien éxplOiéé

âge moyen = 4,3 ans recrutement= 23,5 %

âge moyen = 3,9 ans (3,4 à 4,5) recrutement= 24 à 27%

âge moyen = 2,8 ans (2,5 à 2,9) recrutement= 35 à 39%

Territoire surexploité âge moyen = 2,4 ans (2,1 à 2,7) recrutement= 18 à 22%

Ces valeurs ne correspondent pas nécessairement à ce que l'on observe au Québec et doivent être prises avec réserve. N'oublions pas que l'âge moyen et le recrutement observés dans la réserve des Laurentides (terri- toire non piégé) et en Abitibi (territoire piégé) se rapprochent beau- coup soit respectivement 2,8 ans et 32% de recrutement la première an- née; contre 2,5 ans et 31% de recrutement.

Il semble donc que ces indices indirects pourraient au plus être utili- sés pour comparer des données pour un même territoire, réparties dans le temps. Ces données devront aussi être prises de la même façon à savoir:

vider les colonies ou carcasses apportées par les trappeurs et non pas comparer des données prises selon ces deux méthodes.

(40)

Tableau 1. Nbmbre moyen de Castor par colonie observée par différents chercheurs en Amérique du Nord

Nombre moyen de Castor par colonie

Nombre de colonies étudiées

Endroit Référence

2,2 à 5,1 Terre-Neuve BPrgerud et Miller, 1977

3,2 81 Saskatchewan Gunson, 1970

3,3 45 Québec Traversy et MbNicoll, 1976

3,5 52 Terre-Neuve Payne, 1982

3,5 18 Alaska Hakala, 1952

3,6 70 Québec Pilon et Daigle, 1984

3,8 24 Québec Brunelle et Bider, 1987

4,3 19 Alaska Boyce, 1974

4,8 39 Colorado Rutherford, 1964

5,1 57 Michigan Bradt, 1947

6,2 12 Colorado Hay, 1958

(41)

Tableau 2. Recrutement annuel observé chez des populations de Castor en Amérique du Nord

Recrutement annuel (%)

Endroit Référence

21 Idaho Leege et Williams, 1967

24 Colorado Rutherford, 1964

27 Terre-Neuve Payne, 1984

31 Baie James, Québec Traversy et NbMicoll, 1976 31 Abitibi-lémdscamingue,

Québec

Pilon et Daigle, 1984

32 Réserve des Laurentides, Québec

Brunelle et Bider, 1987

32 Terre-neuve Bergerud et Miller, 1977

34 Alberta Nzvakowski, 1965

34 Maine Hodgdon et Hunt, 1966

35 Chio Svendsen, 1980

42 Ontario Henry, 1967

18 à 39 Nouveau-Brunswick Nordstram, 1972

(42)

Tableau 3. Nombre moyen de marques placentaires ou d'embryons par femelle en gestation observés dans différentes études

Marques placentaires

Auteur Endroit ou embryons par

femelle en gestation

Benson, 1936 Michigan 3,9

Bergerud et Miller, 1977 Terre-Neuve 2,7

___ _

'land, 1956 - Vermont 4,1

Boyce, 1974 Alaska 3,1

Bradt, 1938 Michigan 3,7

Brenner, 1964 Pennsylvanie 5,5

Brunelle et Bider, 1987 Québec (Réserve des Laurentides) 2,7 à 4,1

Oünson, 1970 Saskatchewan 4,1

Hakala, 1952 Alaska 2,8

Hàmmond, 1943 Dakota Nord 4,2

Henry, 1967 Chio 3,8

Henry et Bookout, 1969 Chio 3,8

Hodgdon, 1949 Maine 4,0

Hodgdon et Hunt, 1966 Maine 3,6

Leege et Williams, 1967 Idaho 3,1

Nbrdstrom, 1972 Nouveau-Brunswick 2,5 à 3,0

Nbvak, 1977 Ontario 4,8

NOvakowski, 1965 Alberta 3,1

Osborn, 1953 Wyoming 3,4

Payne, 1975 Terre-Neuve 3,0

Pilon et Daigle, 1984 Québec (Abitibi-T4niscaningue) 3,4

Provost, 1958 Washington 3,2

Rutherford, 1964 Colorado 3,0

Traversy et MbNicoll, 1976 Québec (Baie Jales) 2,1

Wigley et al., 1983 Mississipi 2,8

(43)

LISTE DES RÉFÉRENCES

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(46)
(47)

COMITÉ SCIENTIFIQUE SUR LES ANIMAUX A FOURRURE

REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LA LOUTRE

Christian Pilon Biologiste

Service de l'aménagement et de l'exploitation de la faune Hull, novembre 1987

(48)

LOUTRE: DENSITÉ

Seuls Melquist et Hornocker (1983) ont évalué la densité des Loutres sur un territoire non piégé de l'Idaho. Ils obtiennent des variations al- lant de 1 loutre au 2,7 km de ligne d'eau à 1 loutre au 5,8 km de ligne d'eau, pour une valeur moyenne de 1 loutre/3,7 km de ligne d'eau.

Cette notion de ligne d'eau est relativement floue puisque les auteurs la définissent comme une distance de rive en ligne droite sans inclure les tributaires. Les méandres par exemple sont considérés en ligne droite. De plus, ils ne considèrent pas les petits lacs de montagnes et certains ruisseaux. Devant l'ambiguité de ce système, nous devons con- sidérer que, pour l'instant, nous n'avons pas de données utilisables sur la densité de la Loutre.

RAPPORT DES SEXES

Chez la Loutre, le rapport des sexes se rapproche du 1:1. Plusieurs au- teurs trouvent un peu plus de mâles que de femelles mais cette différen- ce n'est généralement pas significative.

Ainsi, Hamilton et Eadie (1964) rapportent 126 d' :100Q , Tabor (1974) note 125

d

:100 i;) , Mowbray et al. (1979) observent 132

d

:lao

Ç

(non

significatif), Melquist et Hornocher (1983) trouvent 109C :100 9 .

Deux auteurs rapportent toutefois de forts débalancements en faveur des mâles. I1 s'agit de Anderson er Scanlon (1981) qui rapportent 147 Cf :100

QI

et Lauhachinda (1978) qui note 186e :1009 . Aucune ex- plication n'est donnée pour ces écarts entre les sexes si ce n'est que par Tabor (1974) qui croit qu'un faible effort de piégeage se traduira par une récolte dominée par les jeunes et les mâles adultes, alors qu'un effort de piégeage plus important entraîne une récolte de 1:1.

1

(49)

2

Ce paramètre ne semble pouvoir être utilisé dans un premier temps pour le suivi de la Loutre.

MORTALITÉ

La mortalité intra utérine semble peu importante selon Mowbray et al.

(1979), Tabor (1.974) et Andersoner Scanlon (1981). Par, la suite, seul Tabor (1974) aborde ce sujet et rapporte respectivement 11% et 32% entre 0 et 1 an, 40% et 54% entre 1 et 2 ans et 40% et 27% entre 2 et 11 ans

chez les mâles et les femelles.

Il serait risqué d'utiliser de telles valeurs basées sur une seule étu- de.

STRUCTURE D'AGE

Recrutement

Anderson et Scanlon (1981) observent 21% de jeunes dans la population.

Cette proportion est de 33,5% selon Tabor (1974) et de 52% selon Mel- quist et Hornocher (1983). Il s'agissait dans ce dernier cas d'une es- timation basée sur des captures vivantes.

Certains auteurs rapportent leurs résultats sous la forme suivante:

1,14 jeunes 9 /çi adulte (Tabor et Wight, 1977); 1,0 jeunes

çt/y

adulte

(Mowbray et al 1979) et 1,24 jeunes

y/1:)

adulte (Anderson et Scanlon, 1981).

Ces deux façons d'exprimer le recrutement ne peuvent actuellement nous aider dans nos analyses, la première à cause de l'importante variation;

la seconde parce que bien qu'identiques, ces résultats ne sont pas asso- ciés par les auteurs à des niveaux d'exploitations de la part des trap- peurs.

(50)

Âge moyen

Lauhachinda (1978) rapporte 5,4 ans alors que Tabor (1974) trouve 2,3 ans. Les deux chercheurs travaillent sur des territoires piégés mais le premier trouvant plusieurs individus âgés, on peur croire que la pres—

sion de piégeage y était moindre.

PRODUCTIVITÉ

Le nombre de corps jaunes et/ou d'embryons semble relativement constant selon les études et s'échelonne entre 1,8 et 3 la moyenne se situant autour de 2,5 (tableau 1). Ce paramètre semble donc peu utile pour assurer le suivi de cette espèce.

EFFORT DE PIÉGEAGE

Nil

TAUX D'EXPLOITATION

Nil

RECOMMANDATIONS

Compte tenu du peu d'information disponible dans la littérature, il sem—

ble que nous ne puissions actuellement utiliser avec assurance aucun paramètre pour assurer le suivi de l'exploitation chez la Loutre. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle arrivait Dan Harrisson, biologiste au Connecticut lors du Northeast fur resources woorkshop en 1986. Il interrogeait les gestionnaires des animaux à fourrure, à savoir quel indice pouvait être utilisé pour assurer le suivi de la Loutre et il n'obtint aucune réponse.

3

(51)

Tableau 1 Nombre moyen de corps jaunes et d'embryons par femelles en gestation observées dans différentes études

Nombre de corps jaunes

Nombre d'embryons

Référence

3,0 2,8 Tabor et Wight, 1977

2,9 2,6 Lauhachinda, 1978

2,8 2,5 Anderson et Scanlon, 1981

2,7 2,7 Mowbray et al., 1979

2,4 2,1 Hamilton et Eadie, 1964

2,4 2,0 Harrisson, 1986

2,4 Harrisson, 1986

2,0 2,0 Harrisson, 1986

2,3 Harrisson, 1986

1,8 Docktor et al., 1987

(52)

LISTE DES RÉFÉRENCES

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(53)
(54)

Proposition d'un modèle pour analyser les statistiques de récolte d'ours noirs et pour prédire les tendances

des populations sur pied

par

Hélène Jolicoeur

pour le

Comité scientifique sur les animaux â fourrure

Octobre 1987

(55)

TABLE DES MATIÈRES

Page

1. Introduction 1

2. Comportement de l'ours noir susceptible de provoquer une vulnérabi- lité différentielle à la chasse ou au piégeage 2

2.1 Comportement des mâles

2.2 Comportement des femelles 5

3. Effet de l'abondance de la nourriture sur le niveau de récolte

d'ours noirs 7

4. Effet des conditions climatiques sur le niveau de récolte des ours

noirs 8

5. Autres facteurs pouvant influencer la composition et le niveau de

la récolte d'ours noirs 9

5.1 Sélection des chasseurs 9

5.2 Recoupement de la saison de chasse à l'ours avec les saisons

de chasse aux cervidés 9

6. Paramètres à suivre et à développer pour être en mesure d'analyser les statistiques de récolte d'ours noirs et de prédire les

tendances des populations sur pied 10

6.1 Suivi des statistiques de récolte 10

6.1.1 Analyse de la structure d'âge 10

6.1.2 Analyse du rapport des sexes 12

6.1.3 Age moyen des mâles, des femelles et les deux sexes

combinés 13

6.1.4 Le pourcentage de femelles adultes en lactation 14

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TABLE DES MATIÈRES

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6.2 Autres paramètres servant à expliquer les variations de la ré-

colte 14

6.2.1 Indice de l'abondance de nourriture 14 6.2.2 Indice de la sévérité des conditions climatiques en pé-

riode critique. . 15

6.2.3 Degré de recoupement des saisons à l'ours et aux cervi- dés. Abondance des chasseurs de cervidés 15 6.2.4 Abondance des cas de déprédations 16 6.2.5 Abondance des populations d'ours 16 6.2.6 L'effort et la pression de chasse 16

7. Conclusion 17

8. Recommandations 18

Références bibliographiques 20

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1. Introduction

Certaines différences dans le comportement des individus d'une espèce peuvent amener une vulnérabilité accrue à la chasse ou au piégeage. Les statistiques de récolte d'une population normalement exploitée, lorsque ventilée par catégories d'âge et de sexe appropriées, traduisent d'une certaine façon cette vulnérabilité différentielle. Ainsi, plus un indivi- du est appelé à se déplacer pour répondre, par exemple, à des impératifs de reproduction, plus il sera susceptible d'être vu par des chasseurs ou d'être pris dans un piège et plus grandes sont les chances que cette caté- gorie d'individus soit sur-représentée dans les statistiques de récolte.

La représentation des différentes catégories d'âge et de sexe dans la récolte varie en fonction du degré d'exploitation. Dès que ce dernier augmente, des changements se produisent au fur et à mesure que la disponi- bilité des individus les plus vulnérables diminue. Il est donc important de bien connaître le comportement des animaux en fonction de leur âge et de leur sexe afin de faire ressortir la ou les tranches de population les plus sensibles à la pression de chasse et de piégeage. Analysées d'année en année, ces statistiques lorsque bien choisies devraient servir d'indi- cateur du stress subit par une population animale.

En plus des statistiques de population, il est aussi nécessaire de suivre d'autres paramètres tels l'effort de capture, la densité, les con- ditions climatiques, l'abondance de la nourriture etc., afin de pouvoir affirmer que les changements qui se produisent dans les statistiques sont bien réels et afin d'expliquer ce qui a été à l'origine des changements observés.

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2. Comportement de l'ours noir susceptible de provoquer une vulnérabilité différentielle à la chasse ou au piégeage

2.1 Comportement des mâles

En général, les mâles se déplacent beaucoup plus que les femel- les (Le Count 1982; Young et Ruff 1982). Ces déplacements accrus rendent donc les mâles plus vulnérables à l'exploitation par la chasse et le piégeage. En révisant la littérature sur l'ours noir, Bunnell et Tait (1981) concluent que le taux moyen de mortalité des mâles est de 26% contre 19% pour les femelles.

La vulnérabilité accrue des mâles est liée d'une part au compor- tement de reproduction et d'autre part à leurs habitudes alimentai- res. En effet, on a noté que les mâles adultes se déplaçaient beau- coup plus que les femelles sans ourson et que les femelles suitées (Young et Ruff 1982; Kohn 1982), ces dernières étant les plus séden-

taires et les plus méfiantes de l'ensemble des individus d'une popu- lation (Rogers 1977; Kemp 1972; Kohn 1982). C'est au mois de juin que les mâles parcourent les plus grandes distances à la recherche de femelles à accoupler (Young et Ruff 1982).

Les mâles ont tendance à fréquenter plus que les femelles les endroits à découvert tels vergers, dépotoirs, champs, etc. où ils peuvent devenir une cible plus facile pour les chasseurs (Willey 1978). Les femelles préfèrent rester, de leur côté, sous couvert.

Celles qui sont récoltées à découvert sont habituellement de jeunes femelles inexpérimentées et immatures ou encore des femelles affamées (Willey 1978). Ce type de comportement alimentaire rend donc les mâles plus vulnérables durant les mois de septembre et d'octobre au moment où les vergers et les champs de céréales sont en pleine pro- duction.

Les mâles fréquentent non seulement les dépotoirs plus souvent que les femelles mais ils ont tendance à visiter, de façon plus fré-

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quente, les dépotoirs situés en dehors de leur territoire habituel (Rogers 1987), ce qui les amène à parcourir de plus grandes distances et à fréquenter des endroits moins familiers.

Une certaine contradiction existe entre auteurs lorsqu'il s'agit d'établir quelle est la catégorie d'âge la plus vulnérable parmi les mâles fréquentant les dépotoirs. Erickson et Pétrides (1964) rappor- tent quant à eux que les mâles adultes fréquentent davantage les dépotoirs que toute autre catégorie d'âge et de sexe. Young et Ruff (1982) prétendent, par ailleurs, que les mâles sous-adultes visitent plus régulièrement les dépotoirs que les adultes. D'après ces mêmes auteurs, la fréquentation des dépotoirs ne serait pas en relation avec l'abondance de la nourriture naturelle. Ils croient que les dépotoirs sont plus utilisés par les sous-adultes parce que ces derniers n'ont pas alors à compétitionner avec les mâles adultes dans les parterres à petits fruits et dans les autres endroits où la nour- riture naturelle abonde.

La compétition entre les mâles adultes et sous-adultes explique en grande partie pourquoi ces derniers deviennent les individus d'une population les plus exposés à la mortalité par la chasse et le pié- geage. Dans une population non-exploitée la compétition pour la nourriture est forte (Le Count 1982). Un des moyens de réduire cette compétition est, pour les adultes, d'obliger les sous-adultes à émigrer de leur territoire. La pression sociale devient telle, à un moment donné, que les sous-adultes, particulièrement les mâles, sont forcés de se déplacer davantage à la recherche d'un territoire inoc- cupé. De l'ensemble des sous-adultes mâles marqués dans son étude, Le Count (1982) rapporte que seulement 23% d'entre eux sont devenus des adultes dans le territoire d'étude. Les autres ont émigré ailleurs ou sont morts. Par contre, toutes les femelles sous-adultes sont restées dans le secteur. Des 20 jeunes mâles marqués par Rogers (1987), 65% (n=13) d'entres eux se sont dispersés de l'aire d'étude à

l'âge de 2 ans, 25% (n=5) à l'âge de 3 ans et 10% (n=2) à 4 ans.

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En tuant ou en évinçant les plus jeunes mâles du secteur où ils se trouvent, les mâles adultes s'assurent ainsi du maintien de leur condition physique et du contrôle des activités de reproduction (Bunnell et Tait 1981). Pour influencer la dispersion des sous- adultes, les mâles adultes doivent être beaucoup plus âgés et gros qu'ils ne le sont lorsqu'ils atteignent l'âge de la maturité sexuelle (Young et Ruff 1982). D'après Beecham (1983), les mâles atteignent la maturité sexuelle à 3.5 ans et leur pleine grosseur à environ 7.5 ans. Les jeunes males ont donc plus de chances de performer sexuel- lement sur des territoires nouveaux qu'au sein du territoire où ils sont nés et où ils doivent affronter continuellement des mâles beau- coup plus gros. Les femelles sous-adultes, de leur côté, n'ont pas à livrer bataille pour se reproduire et gagneraient peu à se disperser surtout dans des territoires inconnus (Beecham 1983). Elles restent donc à l'intérieur du territoire de leur mère jusqu'à ce que ce der- nier ne puisse plus en contenir. La dispersion des femelles sous- adultes se produit probablement lorsque les densités atteignent de très hauts niveaux. À la limite, on peut dire qu'à de fortesdensi- tés, les femelles adultes forcent les jeunes femelles à quitter leur territoire (Beecham 1983).

Contrairement aux auteurs précédents, Rogers (1987) prétend, de son côté, que les sous-adultes mâles se dispersent sur une base volontairement plutôt que sous la pression des adultes. D'après lui, il existe sûrement des avantages qu'on ignore qui poussent les jeunes à aller ailleurs. Parmi les facteurs suggérés, Rogers (1987) men- tionne la diminution: 1° des risques "d'inbreeding", 2° des contacts avec des mâles plus gros et 3° de la compétition pour la nourriture au sein d'une même portée (surtout avec leurs soeurs).

Des mâles sous-adultes, il semble que les individus âgés de 2.5 ans soient les plus mobiles de tous. En effet, Beecham (1983) a trouvé dans son étude de capture-recapture que les mâles de 2.5 ans étaient de façon significative capturés en plus grand nombre que les femelles mais qu'ils étaient, par contre, recapturés moins

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fréquemment. Ceci laisse croire qu'ils représentent la tranche de population la plus susceptible de sortir de l'aire d'étude. Dans l'étude de Beecham (1983), cette distinction ne s'appliquait pas pour les autres classes d'âge. Young et Ruff (1982) ont, de leur côté, suivi des cohortes d'ours marqués sur plusieurs années et ils ont re- marqué, entre autres, que le nombre de mâles âgés de 2.5 ans était, dans leur étude, égal ou inférieur au nombre d'un-an. Après avoir tué des mâles adultes dans le secteur d'étude, le nombre de 2.5 ans mâles a triplé. À l'instar de Beecham (1983), ces auteurs ont démon- tré, eux aussi, que cette catégorie d'âge était la plus visée par les mâles adultes et aussi qu'elle était par conséquent très mobile. En effet comment expliquer cette augmentation si ce n'est que par l'immigration de nouveaux sujets des régions avoisinantes.

2.2 Comportement des femelles

À l'automne, les femelles solitaires sont généralement des femelles gestantes ayant été accouplées au mois de juin précédent.

En Pensylvanie, Alt (1980) a trouvé que les femelles solitaires se réfugiaient dans leurs tanières avant les autres ours. Par consé- quent, elles sont moins vulnérables à la chasse lorsque la saison s'étend tard à l'automne. Un taux de mortalité de 4% a été relevé chez les femelles solitaires comparé à 12% pour les femelles avec oursons (Alt 1980). Erickson et Petrides (1964) prétendent qu'au Michigan l'entrée en hibernation des femelles peut se faire jusqu'à 15 jours avant les mâles. Par ailleurs, en analysant les statisti- ques de chasse du mois de novembre, Willey (1978) n'a pu mettre en évidence ce fait pour le Vermont.

Les femelles avec oursons sont les individus les plus sédentai- res d'une population (Rogers 1977; Kemp 1972; Kahn 1982). Elles ont donc moins de chances d'entrer en contact avec des pièges ou d'être vues par des chasseurs. D'après Kohn (1982), elles seraient encore plus prudentes avec leurs petits que sans ces derniers. Plusieurs

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femelles capturées dans son étude alors qu'elles étaient gestantes n'ont pas été recapturées l'année suivante alors qu'elles étaient suitées mais le furent 2 ans plus tard lorsqu'elles étaient à nou- veau gestantes (Kohn 1982).

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3. Effet de l'abondance de la nourriture sur le niveau de récolte d'ours noirs

Le degré d'abondance de la nourriture exerce une influence sur le taux de récolte d'ours noirs de plusieurs façons. Premièrement, l'abon- dance de la nourriture d'été et d'automne règle de façon importante l'ex- pression du potentiel reproducteur des ours s'exprimant par l'âge de la maturité sexuelle, le nombre de petits par portée et l'intervalle des mise-bas (Bunnell et Tait 1981; Le Count 1982). Suivant une année de faible production de nourriture, les femelles trop maigres ne produisent pas de jeunes et les oursons plus légers ont 4 fois plus de chances de mourir que les oursons plus gras (Le Count 1982).

L'abondance de nourriture conditionne, en second lieu, la date d'entrée en hibernation. Lorsque la nourriture est abondante les ours ont tendance à entrer dans leur tanière plus tard que durant les années durant lesquelles la nourriture est normale ou rare (Alt 1980). En étant actifs plus tard dans la saison automnale, les ours sont, par conséquent, plus vulnérables à la chasse ou au piégeage (Willey 1978).

Finalement, lorsque la nourriture est rare les femelles, qui préfè- rent d'habitude les endroits bien à l'abri, s'aventurent plus souvent à découvert et deviennent alors plus vulnérables à la chasse.

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4. Effet des conditions climatiques sur le niveau de récolte des ours noirs

Les périodes les plus critiques pour les ours dans une année sont la période précédant l'entrée en hibernation (octobre-novembre) et la période suivant la sortie des tanières (avril) (Northcott et Elsey 1971). La neige conditionne la survie des ours de 3 façons: 1° des chutes de neige hâtives provoquent une entrée en hibernation précoce avant même parfois que l'ours ait complété l'acquisition de réserves de graisse suffisantes (il est probable que la frequence des errances hivernales sont duesà la faim ressentie par les ours entrés trop tôt dans leur tanière); 2°

l'abondance du couvert nival procure une bonne isolation aux ours dans leur tanière et 3° la disparition rapide de la neige au printemps facilite la survie des ours dont les réserves sont épuisées depuis longtemps.

La pluie semble jouer une action décisive surtout au printemps sur les chances de survie des ours sortant de leur torpeur. Les fortes pluies gênent la prise alimentaire des ours adultes et peuvent causer de la mor- talité chez les oursons nouveau-nés (Northcott et Elsey 1971).

La température, de son côté, joue sur l'apparition hâtive de la neige et son maintien au sol de même que sur la disparition de celle-ci au prin- temps. La température agit aussi sur le réchauffement de la terre et sur l'émergence rapide de la végétation utile à l'ours (Northcott et Elsey 1971).

Par. conséquent, le climat idéal pour l'ours en période critique serait un automne où la neige arrive tard, un hiver avec pas mal de préci- pitations et un printemps chaud sans beaucoup de précipitations (neige et pluie). Un tel climat agirait de façon positive en assurant une survie maximale des ours; par contre, l'effet inverse pourrait être anticipé, dans les endroits où les populations d'ours sont chassées. Une entrée en hibernation retardée et une émergence hâtive des tanières entraîneraient chez les ours davantage de mouvements donc davantage d'occasions de ren- contrer des chasseurs ou des pièges posés par des trappeurs.

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5. Autres facteurs pouvant influencer la composition et le niveau de la récolte d'ours noirs

5.1 Sélection des chasseurs

Lorsqu'ils en ont la possibilité, les chasseurs exercent une certaine sélection basée sur la grosseur des ours. Dans un question- naire envoyé à des chasseurs du Wisconsin, Kohn (1982) a relevé que 23% des répondants avouaient laisser passer des ours dans l'espoir d'en prendre un plus gros ou alors parce qu'ils ne voulaient pas tuer des femelles avec des petits. Ce même auteur a noté que les un-an des deux sexes et les femelles de 2 ans étaient nettement sous-repré- sentés dans ses statistiques de récolte. L'auteur attribue la sous- représentation de ces catégories d'âge et de sexe en partie à la sélection des chasseurs (Kohn 1982).

5.2 Recoupement de la saison de chasse à l'ours avec les saisons de chas- se aux cervidés

D'après Cardoza (1976), les récoltes d'ours dans le nord-est de l'Amérique du Nord sont considérablement influencées par le degré de recoupement de la saison à l'ours avec les saisons des cervidés.

Beaucoup d'ours sont tués accidentellement par des chasseurs de cer- vidés. - De plus, l'affluence des chasseurs (ours+cervidés) à un mo- ment précis de l'année cause un dérangement chez les ours qui se tra- duit par des déplacements accrus et, par conséquent, par une plus grande vulnérabilité. A titre d'exemple, Cardoza (1976) mentionne qu'au New Hampshire 54% des ours tués entre 1970 et 1973 le furent par des chasseurs de cervidés; cette proportion était de à 61% au Vermont pour la même époque.

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6. Paramètres à suivre et à développer pour être en mesure d'analyser les statistiques de récolte d'ours noir et de prédire les tendances des popu- lations sur pied

6.1 Suivi des statistiques de récolte

D'après nos connaissances sur le comportement des ours noirs, on peut s'attendre à ce que la vulnérabilité à la chasse et au piégeage ne soit pas J la même pour tous les individus d'une population d'ours noirs. Par ordre décroissant de vulnérabilité, on aurait les catégo- ries d'individus suivantes: 1° les mâles sous-adultes, 2 ° les mâles adultes, 3° les femelles sous-adultes, 4 ° les femelles adultes non- suitées, 5° les femelles adultes suitées, 6 ° les un-an mâles ou femelles, 7° les oursons des deux sexes. L'analyse des statistiques de récolte est donc basée entièrement sur ce principe de vulnérabili- té différentielle.

6.1.1 Analyse de. la structure d'âge

Quatre classes d'âge devraient idéalement être considérées pour l'analyse de la récolte.

1° oursons (moins d'un an).

Le pourcentage d'oursons dans la récolte devrait être interprété comme un indicateur biaisé de la productivité des femelles. La répugnance de certains chasseurs à tuer des oursons occasionne probablement un biais à la baisse dans les statistiques de récolte de cette catégorie d'âge. D'après les études de populations sur pied, cette portion de la population devrait varier entre 2 et 18%

(Stickley 1961; Erickson et Petrides 1964). Le prélève- ment maximum d'oursons par la chasse, relevé dans la littérature, a été de 12% (Beecham 1983).

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