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Débat sur les réclamations des ressources naturelles et des terres communales dans les montagnes centrales de l'Islande

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Academic year: 2021

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DÉBAT SUR LES RÉCLAMATIONS DES RESSOURCES NATURELLES ET DES TERRES COMMUNALES DANS LES MONTAGNES CENTRALES DE L'ISLANDE

CHRISTINE ROY

DEPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE UNIVERSITÉ MCGILL, MONTRÉAL

MAI 2003

MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ M c G l L L COMME EXIGENCE PARTIELLE DANS L'OBTENTION

DU GRADE LA MAÎRISE EN GÉOGRAPHIE

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REMERCIEMENTS

Je suis profondément reconnaissante de la contribution des Islandais à la réalisation de cette recherche. L'Islande demeure une expérience dont la générosité de ses habitants et les paysages grandioses resteront gravés dans ma mémoire. L'auteure tient à remercier Niels Einarsson, directeur de l'Institut de Recherche Arctique Stefansson, et son équipe à l'Institut pour leur support moral, professionnel et financier. J'aimerais également remercier le Nordic Arctic Research Programme (NARP) pour son support financier et la possibilité de participer au Second Symposium International. Je désire également remercier le professeur Thomas C. Meredith du Département de Géographie à l'Université McGilI pour son support financier obtenu par le Fond Québécois de la recherche sur la société et la culture, Ministère de l'Éducation du Québec (FQRSC), via le groupe de recherche Community-based Emnronmental Decisions-making (CBED), et le Programme de formation scientifique dans le Nord, Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC), Ottawa.

J'aimerais particulièrement remercier le professeur Ludger Mûller-Wille, professeur au Département de Géographie à McGill, pour sa qualité de supervision, ses encouragements généreux et son habilité à inciter l'indépendance de mes réflexions. Finalement, je remercie également le professeur Christian Kull, professeur au Département de Géographie à McGill, pour sa co-supervision et ses commentaires justicieux.

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TABLE DES MATIÈRES

LISTE DES TABLEAUX v LISTE DES FIGURES vi LISTE DES ABRÉVIATIONS vii

RÉSUMÉ viii ABSTRACT ix

CHAPITRE 1

INTRODUCTION ET CONTEXTE THÉORIQUE AU CONFLIT TERRITORIAL SUR LE FUTURE

AMÉNAGEMENT DES MONTAGNES CENTRALES EN ISLANDE 1

1.1 Question de recherche 2 1.1.1 Évaluation des conditions socio-économiques et culturelles en tant que nation et État 3

1.1.2 La problématique de la détermination des régimes de propriétés : Insertion d'un cadre

légal appliqué aux montagnes centrales 6 1.2 Aperçu de la pertinence de la littérature relative à la question de recherche et la problématique... 10

1.2.1 Théorie sur les droits de propriétés, gestion commune des terres et les débats sur la

question des communaux ]0 1.2.2 Mise en contexte théorique sur la résolution des conflits territoriaux relié à l'utilisation

et l'aménagement des ressources en Islande 13

1.3 Méthode de recherche et suivi de recherche j D

1.3.1 Premier site de recherche : La capitale Reykjavik \g 1.3.2 Deuxième site de recherche : Stefansson Arctic Institute à Akureyri 20

1.3.3 Troisième site de recherche : la vallée de Fljôtsdalur 20

1.4 Structure de la thèse 22

CHAPITRE II

LES ASPECTS HISTORIQUES ET TRADITIONNELS DU RÉGIME DES TERRES COMMUNALES EN ISLANDE

2.1 Les transformations du système de production agricole traditionnel 24

2.1.1 Système de régulations de la production agricole y, 2.1.2 Les nouvelles initiatives de coopérations face au problème de surpâturage.""'" 29

2.2 Les fermiers et la relation avec leur environnement ?? 2.2.1 Fonctionnement du régime des terres communales en Islande " o4

2.2.2 Les changements de régime de propriété commune des terres rurales \ % 2.2.2 Problématique de la division des terres dans les montagnes centrales.."'!. •}» CHAPITRE III

ÉMERGENCE D'UNE PLANIFICATION RÉGIONALE COORDONNÉE ET SES PROTFTS HYDROÉLECTRIQUES APPLIQUÉS AUX MONTAGNES CENTRALES

3.1 Le contrôle de l'état sur l'usage des ressources naturelles pour les bénéfices des communautés de l'Est: Eveil des valeurs culturelle et historique des terres communales

3.1.1 Émergence de la planification spatiale régionale dans la structure bipolaire'de l'Islande 4?

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IV

3.2 Modifications du Plan Noral apporte par le plan Miôhalcndi îslands par le Comité des

montagnes centrales 48 3.2.1 Controverses et modifications du projet hydroélectrique Kàrahnjiikar : une victoire pour

les environnemcntalistes? 49 3.2.2 Éveil d'une conscience commune sur la protection des montagnes centrales? 54

3.3 Le processus de réglementation des limites territoriales des montagnes centrales par le comité

Obyggôanefnd 56 3.3.1 Étude de cas sur la municipalité de comté Ârnessysla 58

3.3.2 Position du comité Obyggôanefnd dans la réglementation de la zone Arnessysla face aux

évidences historiques controversées 60 3.3.3 Inconvénients et avantages de la première expérience sur la délimitation des propriétés

territoriales 62

CHAPITRE IV

ANALYSE DU DÉBAT ACTUEL SUR L'UTILISATION DES RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES :

LE CAS DE LA VALLÉE FLJÔTSDALUR 65 4.1 Les réclamations tenues par différents groupes d'intérêts : Conflit de valeur entre la

conservation des ressources et le développement industriel à grande échelle sur les terres

communales de la vallée Fljôtsdalur 65 4.1.1 Étude de cas: la vallée de Fljôtsdalur 66 4.1.2 Point de vue des groupes d'intérêts au développement économique régionale par

l'exploitation hydroélectrique 70 4.1.3 Point de vue des environnementalistes 74

4.1.4 Point de vue des habitants fermiers 81 4.2 Les droits d'utilisation des ressources énergétiques et ses effets sur les terres communales :

Reconnaissance des valeurs traditionnelles reliées à la terre et ses usages? 87 4.2.1 La loi de l'eau et ses répercussions sur la résolution du conflit 88 4.2.2 Les recommandations raisonnables du State Planning Agency et la déresponsabilisation

des politiques compensatoires 92 CHAPITRE V

CONCLUSION 96 RÉSOLUTION DE CONFLIT TERRITORIAL PAR LA RECONNAISSANCE DES INTÉRÊTS

DIVERGENTS? 96 BIBLIOGRAPHIE 100 APPENDICE A

LISTES DES ENTREVUES I APPENDICE B

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Tableau Page 1.1 Part du PNB par industrie en 2000 (%) 5

1.2. Types de conflits selon les racines et les parties du conflit 14 2.1 La propriété des occupations agricoles par le nombre de fermes en 1994 39

4.1 Liste de la localisation des communautés/terres communales des fermiers

et institutions rencontrées 67 A.l Liste des entrevues effectuées à Reykjavik II

A.2 Liste des entrevues effectuées auprès des fermiers dans la région Est III A.3 Liste des entrevues effectuées auprès des professionnels dans la région Est IV

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VI

LISTE DES FIGURES

Figure Page 1.1 Topographie de l'Islande et la répartition des principales localités 4

1.2 Critères qui ont influencé le choix des informateurs 16 2.1 Localisation de l'Islande dans les limites de la région arctique 24

2.2 Paysage rural typique du 19ième siècle 25

2.3 Aperçu de la répartition de l'érosion des sols en Islande 29

2.4 Fermeture des parcours du pâturage 31 2.5 Rassemblement du bétail à l'automne 35 3.1 Proposition du rapport Miôlitilendi Islands sur les aires à développer et les aires à

protéger 49 3.2 L'affectation des terres au nord du glacier Vatnajôkull couverte par le plan

régional des montagnes centrales avant amendement 52 3.3 L'affectation des terres au nord du glacier Vatnajôkull couverte par le plan

régional des montagnes centrales et l'EIE après amendement 53

3.4 Les marais de Eyyabakar 55 3.5 Kârahnjûkar et le futur site du réservoir Hâlslôn 55

3.6 La municipalité de comté Arnessysla comme premier district des aires

de propriétés réglementées par le comité de l'intérieur (Obyggôanefnd) 60 4.1 Localisation de la zone d'étude : les communautés et terres communales

de la région Est 67 4.2 Terres basses de la vallée de Fljôtdalur 68

4.3 Terres désertiques de Môôrudalsôaefi et Brûarôraefi 68 4.4 Principales infrastructures énergétiques du Projet Kârahnjûkar pour

l'alimentation d'une fonderie d'aluminium à Reyôarfjôrôur (projet Noral) 70 4.5 Populations de rennes dans l'aire de Snaefell au nord du glacier Vatnajôkull 76 4.6 Localisations des aires communales et la réserve des populations

de rennes (Kringilsârrani) au nord du glacier Vatnajôkull 77 4.7 Confluant des deux rivières glaciaires Jôkulsâ â Dal et Jôkulsâ î Fljôtsdal

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LISTE DES ABRÉVIATIONS

A1F Association of lcelandic Farmers ARI Agricultural Research Institute

EIE Evaluation des Impacts Environnementaux ERI Environmental Research Institute

IFOAM International Fédération of Organic Agricultural Movements INCA lcelandic Nature Conservation Association

ONG Organisation Non Gouvernementale RCP Régime de Propriété Commune SAI Stefansson Arctic Institute SCS Soil Conservation Service SPA State Planning Agency UE Union Européenne

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vin

RÉSUMÉ

Dans les montagnes centrales de l'Islande, l'implantation de nouvelles mesures sur la démarcation spatiale des droits de propriétés et l'élaboration de nouveaux plans régionaux d'aménagement ont entraîné des débats sur la manière dont les ressources naturelles doivent êtres protégées, exploitées et possédées. Ce mémoire a tenté de souligner comment résoudre les débats sur l'utilisation des ressources naturelles et la redéfinition de l'appartenance des terres en respectant les droits de propriétés et les usages traditionnels reconnus par les communautés locales. La réponse à cette question nous a semblé particulièrement importante pour les communautés locales marginales qui utilisent les terres communales pour l'élevage des moutons, parce qu'elles seront directement affectées par les infrastructures hydroélectriques et écotouristiques prévues par les politiques de développement régionaux.

Les travaux de recherche ont été fondés sur une analyse des données recueillies par la méthode d'entrevue semi-directive et sur une analyse des documents de lois portant sur les droits de propriétés et la résolution de conflit territorial. Premièrement, nous avons discuté du contexte théorique au conflit territorial du futur aménagement des montagnes centrales de l'Islande. Deuxièmement, ce mémoire a exploré les aspects historiques et traditionnels de la production locale de l'agriculture traditionnelle et son système social pratiqué sur les terres communales. Troisièmement, nous avons analysé les nouvelles réglementations appliquées à l'aménagement régional des ressources naturelles, aux droits de propriétés et à la planification nationale des structures énergétiques. Dans cette étude de cas, les outils sur la résolution de conflit territorial et le processus de planification territoriale sont discutés en relation avec la construction d'une centrale hydroélectrique sur les aires communales de la vallée de Fljôtsdalur, localisée entre les plateaux intérieurs et les fjords de la région Est. Finalement, le cas de la vallée de Fljôtsdalur est présenté en soulignant les interactions conflictuelles entre les intérêts et les valeurs à propos des droits de propriétés traditionnels ou des plans de développements hydroélectriques et écotouristiques.

Les résultats indiquent qu'il existe des tensions sur la manière dont les ressources naturelles des terres intérieures sont utilisées et une différence, entre les parties prenantes, dans la compréhension de ce que signifient la terre et ses ressources. Nous sommes arrivé à la conclusion que la résolution des conflits territoriaux, originaire de l'utilisation controversée des ressources naturelles, ne pouvait pas suffire par des compensations pécuniaires ou une clarification des droits de propriétés. Ce qui est davantage important est la coordination des procédures de planifications régionales, qui améliorent la coopération parmi les institutions locales, et la reconnaissance des intérêts et des valeurs associées à l'environnement des communautés locales.

Mots clés : planification régionale, droits de propriétés, usages traditionnels, développements régionaux, résolution de conflit territorial

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ABSTRACT

In the central highlands of Iceland, the implementation of new measures to delimit property rights spatially and to establish new régional management plans hâve caused debates over the use of natural resources with regard to their exploitation, protection and ownership. This study has tried to highlight how to résolve the debate over the use of natural resources and over the définition of land ownership in Iceland with respect to traditional user-rights and ownership practised by local communities. The answer to thèse questions are particularly important for marginal local communities that use the commons as pasture for sheep grazing because they will directly be affected by hydropower plants and ecotourism projected by the régional development plans.

Collecting data through personal interviews and analyzing légal documents with regard to ownership rights and régional planning hâve been the principal approaches. Firstly, the thesis discusses the theoretical context of conflict resolution within the future developmental plans for Iceland's central highlands. Secondly, the historical and traditional aspects of locally based agricultural production and the social System practiced in the commons are explored. Thirdly, the new rules for the application of the management of resources, ownership rights as well as for the management of national hydropower energy projects are analyzed. In this case, the tools for territorial conflict resolution and the process of territorial planning are discussed in their relation to the construction of hydropower plants in the commons of the Fljôtsdalur valley, located between the highlands and the fjords of the eastern région. Finally, the case of Fljôtsdalur is presented by focussing on the conflicting interactions between interests in and values given to either the traditional ownership rights or the régional plans for developing tourism and hydro-electric power.

The results indicate tensions over how natural resources of the central highlands should be used. There is also a noticeable différence among the various lobby groups with respect to the level of compréhension of what is the area's significance for the country and its resource development. The results obtained show that monetary compensation or clarification of ownership rights is not sufficient for territorial conflict resolution. More important, rather, is the coordination of régional planning procédures, in a way which enhances coopération among local institutions, and recognizes the interests and values that local community's associate with their environment.

Key words: régional planning, ownership rights, traditional agriculture, régional development, territorial conflict resolution

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CHAPITRE I

INTRODUCTION ET CONTEXTE THÉORIQUE AU CONFLIT

TERRITORIAL SUR LE FUTURE AMÉNAGEMENT DES MONTAGNES

CENTRALES EN ISLANDE

«Defining the boundaries of the resource and those authorized to use it can be thought of as a « first step» in organizing for collective action. As long as the boundaries of the resource and/or the individuals who can use the resource remain uncertain, no one knows what they are managing or for whom» (Ostrom 1995, cité dans Hanna et Moringhe, 1995, page 35)

Les conflits territoriaux ont pour origine la différence des valeurs culturelles et des intérêts particuliers sur de nouvelles affectations des sols (Ingôlfsdôttir, 2001). La détermination de l'appartenance des terres semble être la solution pour clarifier les droits d'usage et reconnaître les valeurs accordées aux ressources. Cependant, le simple fait de définir les limites des propriétés pour diviser les ressources, afin de les exploiter intensivement, est une manière rationnelle d'aménager les affectations traditionnelles des ressources sans respecter les valeurs culturelles reliées au territoire.

En Islande, l'aménagement des terres publiques intérieures s'inscrit dans une vaste planification régionale des montagnes centrales qui a pour but de revitaliser le développement socio-économique des communautés rurales. Cette vaste planification territoriale concerne, entre autres, l'exploitation accrue de ses ressources énergétiques et la création de nouvelles aires de conservation. Les nouveaux développements dans les montagnes intérieures, qui ont évidemment amorcé un conflit territorial controversé, ont pour origine des valeurs et des intérêts divergents sur la manière d'utiliser ou de préserver les ressources disponibles. D'un côté, les critiques environnementalistes et les fermiers veulent préserver le paysage culturel des montagnes centrales, soit pour la protection de l'écosystème sub-arctique ou les aires de pâturages; d'un autre côté, le gouvernement accentue le besoin d'implanter de nouvelles centrales hydroélectriques dans les montagnes centrales dans le but de maintenir le standard de vie élevé du peuple islandais.

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risquent de ne pas être reconnus par le processus d'évaluation environnementale et la vaste planification régionale. Malgré les efforts d'une planification régionale coordonnée, les droits sur l'utilisation des ressources énergétiques pourraient porter atteintent aux usages traditionnels des fermiers, principalement sur l'élevage des moutons1. Pourtant, même si le niveau de production agricole est extrêmement modeste, les fermes d'élevage des moutons continuent de jouer un rôle social vital dans le maintien de la population rurale des zones marginales.

1.1 Q u e s t i o n d e r e c h e r c h e

À la fin des années 1990, plusieurs débats concernaient l'utilisation des ressources naturelles des montagnes centrales. L'un de ces débats concernait la législation des droits d'utilisation des ressources et l'appartenance des terres intérieures, l'autre concernait la construction d'une centrale hydroélectrique, nommé Kârahnjûkar, pour l'alimentation d'une fonderie d'aluminium dans le fjord de la communauté de Reydarfjordur2. Devant l'intérêt grandissant pour l'utilisation des ressources dans les montagnes centrales, par différents acteurs, le gouvernement a décidé de réévaluer l'organisation des terres et la définition de l'appartenance des terres. Cette initiative de développement a aussi provoqué un débat généralisé entre les multiples intérêts qui sont portés sur l'utilisation des ressources et la propriété des ressources; entre les utilisateurs ou les propriétaires locaux, les forces de développement extérieures établies par le gouvernement et ses ministères, les compagnies de technologies et les groupes environnementaux.

La réorganisation spatiale des propriétés et des droits d'utilisation des ressources est conditionnée par l'utilisation des ressources intérieures comme une essence pour l'économie nationale. L'État conditionne les intérêts économiques reliés à la ressource énergétique et oblige une planification coordonnée qui tiendra compte des multiples usages à la ressource. À la lumière de ces réflexions, le présent mémoire pose la question centrale suivante : Comment résoudre le débat sur l'utilisation des ressources naturelles et la redéfinition de l'appartenance des terres dans les montagnes centrales tout en respectant les droits de propriétés et les usages traditionnels des terres communales?

1 Dans les montagnes centrales, les usages traditionnels sont l'élevage des animaux (rennes, moutons, agneau et vache), la pêche au saumon et à la truite.

2 Ces deux installations font partie du projet Noral. Ce dernier est le projet qui sera analysé dans le cadre de ce mémoire.

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3

1.1.1 Évaluation des conditions socio-économiques et culturelles en tant que

nation et État

La participation de l'Islande dans les réseaux d'organisation internationale, d u r a n t la période suivant la deuxième guerre mondiale, a littéralement crée des tensions et des dilemmes dans l'économie islandaise, et conséquemment dans sa politique culturelle3. La vision de l'État

islandais, sur le pouvoir énergétique de ses réseaux hydrographiques et les perspectives d'avenir sur la force des industries intensives, aurait attaché les intérêts des corporations multinationales en m ê m e temps que créés des tensions dans le domaine de sa culture. Selon le gouvernement islandais, l'immensité des ressources énergétiques, combiné avec des sites appropriés et les habilités de sa force de travail, fait de l'Islande une localisation idéale pour l'établissement des industries énergétiques intensives. Cette situation a déjà attiré quelques investisseurs étrangers, et les exportations de ces industries puissantes consomment actuellement la moitié de la production électrique du pays (Landsvirkjun, 2001)4.

Les changements de la structure économique islandaise ont poussé une large proportion d e sa population vers une seule ville, la capitale n o m m é e Reykjavik. D'ailleurs, la majorité de la balance de sa population vit dans les villages de pêches et que quelques peu vit dans les régions rurales. En Islande, 282,849 habitants vivent sur l'île d'une étendue de 103,000 km, ce qui donne u n e densité moyenne de 2,7 habitants par km2 (Thorgeirsson, 2002). Cette base moyenne ne d o n n e pas

un portrait réaliste de la structure de son établissement puisque 74% de la surface du pays est inhabitée, principalement dans les montagnes centrales. Les montagnes centrales de l'Islande est la plus large aire continue inhabitée de l'Europe, incluant 11,992 k m de glaciers et 64,538 km de terres désolées (Nordregio, 2002) (Figure 1.1, page 4).

3 Dans les conditions modernes, l'Islande est complètement intégrée dans l'économie mondiale.

Malgré une croissance économique rapide après la deuxième guerre mondiale et un haut taux de revenu et de niveau de vie, l'économie de l'Islande moderne est tout de même vulnérable puisqu'elle dépend largement de ses ressources naturelles, principalement les ressources halieutiques. Cette vulnérabilité, selon Hastrup «marks the self-definition of the Icelanders who actually and conceptually protect their remote island in the North Atlantic by insisring on its uniqueness» (Hastrup, 2002, page 47). Avec l'intégration plus marquée de la nation islandaise dans l'économie mondiale, les Islandais se réaffirment par l'expansion des frontières de leur pays: «Icelanders feel the need to define themselves more closely than ever before, because the island is getting more involved in the international scène and moving out of the periphery. They take pride in talking about how well they hâve adapted to the international scène without having lost their "ancient" identity and tradition» (M. Einarsson, 1996; dans Hastrup, 1998, page 177).

4 La principale politique dans ce domaine a été l'utilisation de vastes ressources hydroélectriques et

géothermales, au bas prix énergétique, avec une emphase sur les investissements étrangers. Par exemple, la proposition de construire une industrie à énergie intensive à Reyôarfjôrôur, dans une communauté située dans un des fjords de l'Est, a été dans l'agenda des gouvernements islandais depuis les 20 dernières années comme un instrument de sa politique nationale et régionale.

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Les résultats qui supportent le standard d e vie et l'incessante consommation d e p r o d u i t s importés dépendent largement sur les revenus d u secteur d e pêche : «The m a r i n e sector is t h e main export sector, accounting for an 60% of exports in estimâtes for the 2001 export production. Reliance on fisheries has been steadily decreasing in récent décades; in 1960 the export of fish a n d fisheries products w a s over 90% of merchandise exports» (Bjornsson, 2001, p a g e 1). D ' u n e économie qui fut basée sur la pêche et l'agriculture au début d u 20ième siècle, l'Islande a d û se

diversifier depuis quelques décennies dans les secteurs des manufactures et d e l'industrie d u service pour maintenir son standard de vie hyper-moderne et compétitive (Tableau 1.1, p a g e 5).

Le gouvernement a tenté diverses mesures politiques p o u r réduire l'exode d e la p o p u l a t i o n rurale vers la capitale et pour améliorer le standard de vie des populations d a n s les autres régions que celle de la capitale islandaise : «The collapse of agriculture as a source of e m p l o y m e n t and the much more graduai relative décline of fishing and fish processing has e r o d e d t h e comparative advantage of rural régions over the capital région in the compétition for labour» (Bjornsson, 2001, page l)5. La transformation d u m o n d e par l'industrialisation a désacralisé la n a t u r e et a t o u r n é

son potentiel de fortune en forme de ressources : « Rural society w a s n o longer the idéal; the w a y ahead was a new international urban culture, based on the national past » (Bragason, 1997, p a g e 1). Pour l'Etat nation, la nature est définie en terme d e territoire d e souveraineté, d e droits d e propriétés et de ressources naturelles (Brydon, 1992).

5 La contribution de l'agriculture dans la formation de la richesse nationale est symbolique

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Tableau 1.1 Part du PNB par industrie en 200()(%) Type d'industrie Agriculture Pêcheries Procédés de pêche Autres manufactures

Electricité et approvisionnement en eau Construction

Commerce

Transport, entreposage et communications

Finances, assurance, immobilier etc. Autres services privés

total des industries

PNB(%) 1,8 6,1 4,0 12,9 4,9 8,9 14,1 8,9 19,8 5,3 86,9 Référence: Bjornsson, 2001

En m ê m e temps q u e les Islandais s'intègrent dans le m o n d e moderne, ils aiment présenter u n e image romantique de pureté et de tranquillité. Parce q u e le paysage est caractérisé p a r la vastitude et l'inaccessibilité, les Islandais aiment mettre l'emphase sur les thèmes d e l'environnement, l'histoire des sagas et des Vikings, le langage unique et la pureté de sa culture et de ses aliments. En insistant sur leur singularité et leur individualité, les Islandais sont perçus comme des excentriques lointains6. Confronté avec des touristes et des voyageurs à u n degré sans

précédent, la plupart des islandais doivent balancer l'antiquité et le moderne, et se retrouver d a n s u n espace entre le passé et le présent, et entre la culture et les lieux sauvages7. Dans le discours d e

la nature des Islandais d e la campagne, certains sites, m o n u m e n t s , et paysages deviennent des symboles de la nation, les musées sont en forme de parcs nationaux et d'aires de protections. La nature, l'histoire et la nation appel en avant de forts sentiments d'attachements. Selon Brydon (1992), cette trinité a u n e force particulière en Islande; l'histoire et l'imaginaire ne sont pas liés aux gratte-ciel ou des artefacts, mais plutôt des points de repères, des fermes et des endroits particuliers. La nature d e cette espace, selon H a s t r u p (1998), doit se qualifier en réponse à u n e

6 La pureté est une fonction de l'antiquité, selon Hastrup (1998). Les Islandais sont évidemment

concernés par leur identité, établit à un certain degré comme archaïque et pure, et qu'elle continue de les marqués comme un peuple marginal d'un point de vue extérieure.

7 En 1993, le nombre de touristes était de 256,000, ce qui égalise la population totale des islandais en

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telles que l'économie et le colonialisme qui sont en partie dû à la position marginale de l'Islande. Les Islandais disent qu'ils doivent constamment maintenir l'espace qu'ils occupent contre les déchets des étrangers sur leur terre pure. La réalité de la modernité doit ainsi accompagner les réclamations sur le maintien de la culture islandaise, qui passe par le maintien de la langue unique, de son histoire et de la pureté de son environnement8. La nature crée le caractère national et fait que les Islandais sont différents des autres nations qui vivent dans des circonstances naturelles différentes.

Comme nous le verrons dans ce mémoire, les développements massifs qui sont envisagés sur les terres intérieures affrontent la problématique sur l'indétermination du régime des terres. Ils ont parallèlement éveillé, chez les critiques environnementalistes, les thèmes du nationaliste islandais qui furent, en partie, construits par le mouvement indépendantiste au 19ième siècle. Selon Hastrup (1998), le nationalisme islandais a pour racine les thèmes de la nature et le discours romantique de la nation. Ce dernier serait construit sur des notions qui rencontrent la légitimité de la vision politique : la nature et la culture, la terre et le langage, la vie humaine et les forces de la nature.

1.1.2 La p r o b l é m a t i q u e d e la d é t e r m i n a t i o n d e s r é g i m e s d e p r o p r i é t é s : I n s e r t i o n d ' u n c a d r e légal a p p l i q u é a u x m o n t a g n e s c e n t r a l e s

Le gouvernement a récemment établi des conditions afin d'assurer une protection et une utilisation efficace de ses ressources naturelles. Ces conditions sont, entre autres, les droits de propriétés des terres, les limites des municipalités, les procédures de planification et de construction des infrastructures, et la planification régionale à long terme9. Cependant, la problématique du développement dans les montagnes centrales concerne la confusion sur l'appartenance des terres entre les propriétés de l'État, les aires communales et les terres privées des fermiers. Les quarante municipalités qui sont dispersées sur les côtes de l'Islande sont soient

9 À cet effet, un comité se donne la tâche de déterminer les droits de propriétés d'ici 2007. Des efforts régionaux, municipaux et locaux et nationaux sont entrain de se définir actuellement. Les plans les plus pertinents pour la planification hydroélectrique sont : le Plan régional pour les montagnes centrales de l'Islande, 2015, et le Plan régional de la région de Héraô, 1997-2009. Le Plan pour les montagnes centrales de l'Islande s'applique pour l'ensemble de la région centrale des montagnes de l'Islande et les glaciers adjacents. Dans le cadre de notre étude, il sera important de définir les intérêts et les réclamations en compatibilité avec ces plans régionaux de planification des montagnes centrales.

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7

des utilisateurs actuels de la région des montagnes centrales ou ont des valeurs et des intérêts associés à cette aire10. Plus particulièrement, des municipalités et des fermiers réclament certains

droits traditionnels de ces lieux qui sont encore non définies par le gouvernement, et réclament, à la fois, l'appartenance légale de ces terres intérieures. À cet effet, nous nous d e m a n d o n s quels sont les politiques et les pratiques traditionnelles d a n s le secteur? Quelles sont les réclamations des communautés? Quels sont les acteurs qui les réclament? Quelles sont les aires qui sont dirigées par le régime de propriété commune?

Actuellement, il est incertain de savoir où doit se dessiner la ligne entre les terres privées et publiques, puisque les terres communales appartiennent à l'État et il existe quelques exceptions qui limitent les droits de propriété aux fermiers. Cette situation légale est claire entre l'État acquéreur de ces terres et les fermiers qui en sont les utilisateurs. Selon Tomasson (Rey-09, entrevue 2002), les autorités et le Premier Ministre ont le pouvoir d e décision en ce qui a trait à la formulation de l'intérêt commun, mais le principal problème est cette zone grise où l'État est incertain de la distribution des droits de propriétés entre u n e personne légale et l'État: «The problem is that in some areas, it has not been yet decided where delimiting line should be d r a w n [...] one side o w n by the state and the other side will belong to légal person» (Tomasson, Rey-09, entrevue 2002). En m ê m e temps que l'État doit clarifier les aires de propriétés, il doit respecter les droits limités qui sont accordés aux fermiers sur l'utilisation des terres communales.

Malgré l'effort d ' u n e planification des terres intérieures, elle reflète u n e dépossession des terres traditionnelles par les développements nouveaux. Dans une certaine mesure, les nouveaux intérêts qui concernent les ressources et les activités touristiques risqueraient d'affecter les aspects traditionnels du régime des terres communales des montagnes centrales. Toutefois, l'utilisation et l'accès des ressources, par les agriculteurs et les éleveurs, seraient déjà affectés par l'érosion grandissante des sols et le surpâturage1 1 (Landsvirkjun, 2001). O n t p e u t c o m p r e n d r e q u e cette

façon d e changer l'affectation des terres, par la définition des limites de propriétés, illustre u n exemple de la force coercitive de l'État islandais en matière d'exploitation et conservation des

10 La population sur le territoire islandais est la plus dispersée de l'Europe avec sa moyenne de trois

habitants par kilomètre carré. Plus des quatre cinquièmes du territoire est inhabité, la population étant limitée à la ceinture côtière étroite, les vallées et les terres de plaines basses du sud et du sud-ouest de l'Islande (Uuno, Varjo et Wolf Tietze. 1987).

11 Le but de la politique gouvernementale stipule que l'agriculture islandaise devrait répondre aux

exigences de développement durable, en particulier par la diminution de l'érosion des sols, de la détérioration des conditions des terres et du sol, la réduction de la pollution des eaux de surfaces et souterraine et le surpâturage (Landsvirkjun, 2001).

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ressources. Le plan de réévaluation des aires communale est une représentation de l'élimination progressive des terres que les fermiers croient posséder depuis des centaines d'années à cause du pâturage des moutons. Existe-t-il encore une agriculture traditionnelle? Quelles sont les caractéristiques du régime traditionnel agricole? Quelles sont les relations entretenues entre les fermiers et les activités traditionnelles sur les terres communales? Quels sont les changements imposés par le développement hydroélectrique et la conservation de la nature au régime traditionnel?

Le régime de propriété commune a tendance actuellement à privilégier le pouvoir coercitif de l'État plutôt que la considération des droits et intérêts individuels et collectifs. Cette problématique complique la question qui repose sur la possession de ces terres et le contrôle sur l'utilisation des ressources. Nous argumentons que les réclamations des fermiers révèlent non seulement le besoin d'une appartenance territoriale, mais aussi dénoncent l'imposition d'une catégorie de terre qui est débattue entre les environnementalistes et le gouvernement. Cette problématique sous-entend une difficulté sur l'entente entre différents acteurs dans un contexte à usages et intérêts multiples. Quelles sont les nouvelles mesures qui vont réguler ces activités? Quels sont les droits de ces groupes qui entrent en conflit avec les autres groupes et leurs intérêts? Lorsqu'un propriétaire des terres, dans ce cas-ci, l'État, acquiert des terres par une nouvelle loi, est-ce que le propriétaire a le droit de compenser les utilisateurs parce que le gouvernement saisit les opportunités inhérentes à la terre? Est-ce les droits, saisis par le gouvernement, sont accordés aux propriétaires ou les utilisateurs de ces terres? Nous argumentons que la formulation et la forme du système de tenure des terres a une influence cruciale sur le développement socio-économique en Islande. Nous argumentons que le système de tenure des terres, qui est autant définit par les utilisateurs et l'État, forme les directions du développement économique, les politiques, les structures du pouvoir dans la société et la relation dans laquelle les communautés se rapportent à leur environnement naturel.

Depuis son insertion dans la zone économique européenne, l'Islande intègre deux nouveaux actes à ses politiques de planification territoriale afin de les rendre plus libérales et démocratiques. Le nouvel acte de 2000 sur l'Évaluation des Impacts Environnementaux (EIE) (no 106/2000) et le nouvel acte Planning and Building de 1999 (no. 73/1997, no.135/1997 et no 58/1999) ont mis en valeur les possibilités et les opportunités d'intervenir dans la planification et l'évaluation environnementale. En effet, avant l'acte de 2000, le public n'avait pas l'opportunité d'être informé et de commenter sur la planification duquel projet, il n'avait pas d'autorisations

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venant des autorités planificatrices locales ou centrales et aucune condition n'était implantée concernant la garantie des permissions ou la surveillance des projets.

Le Planning and building act de 1999 contient une déclaration générale sur les recommendations à considérer: « every effort shall be make to seek the viewpoints and proposais of the inhabitants and others who hâve interests to safeguard regarding the formulation of policy and the objectives of the development plan » (Planning and building Act, no. 73/1997, no.135/1997 et no. 58/1999; Article 9, page 5). De plus, une autre recommandation tient compte des impacts du développement, ses objectifs et les effets des implantations proposés qui pourraient avoir sur l'environnement, les ressources naturelles et les communautés, incluant des comparaisons sur les options valables. Cependant, plusieurs protestent que les propositions vont trop loin sans avoir totalement défini les politiques gouvernementales sur l'utilisation des terres. Quelles sont les résolutions de conflits en ces situations? Quelle est l'influence de ces réclamations dans la résolution des conflits? Les terres traditionnelles sont-elles reconnues par le gouvernement? Quel est le pouvoir de décision des communautés?

En somme, l'objectif principal de cette recherche est de mettre en lumière l'antagonisme du régime sur l'utilisation des terres, entre les fermiers et les promoteurs, en soulignant les conflits de valeurs qui découlent de l'exploitation énergétique accrue dans un contexte de réorganisation des terres dans les montagnes centrales. Plus précisément, nous voulons comprendre comment les négociations sur le développement régional définissent l'appartenance des terres et si cela se fait en respectant les intérêts de développement de toutes les parties affectées par les développements. L'emphase sera accordée au conflit entre les fermiers et les promoteurs, les utilisateurs directs de la ressource puisque cette relation en conflit, rapidement réglée de façon technique sans égards aux valeurs culturelles qui sont reliées à l'usage de la terre, mérite d'être analysée. Quant aux environnementalistes, ils seront évidemment pris en compte dans la compréhension du conflit puisqu'ils sont les acteurs qui défendent activement les principes reliés à la protection de la nature.

Cet objectif sous-entend la compréhension des difficultés dans l'implantation des politiques socio-économiques et les problèmes sur la gestion des ressources. La recherche visera ainsi à comprendre si les développements industriels considèrent les réclamations des communautés, et plus particulièrement des fermiers, en déterminant quel est le pouvoir de décision des communautés et l'influence de ces réclamations dans la définition du problème territorial. L'analyse nous permettra d'identifier les éléments relatifs aux principes et méthodes qui peuvent être envisagés pour favoriser la concertation entre ces différents acteurs qui sont concernés par la gestion des ressources naturelles.

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1.2 Aperçu de la pertinence de la littérature relative à la question de recherche

et la problématique

La recherche propose d'examiner les réclamations territoriales des communautés et des fermiers dans le secteur des hautes montagnes, de déterminer quels sont les droits à l'exploitation des ressources et les débats qui s'ensuit. Il est donc nécessaire de comprendre l'apport du système de tenure des terres traditionnelles dans un mode de gestion rationnel de la nature. Cette étude implique la compréhension de la gestion commune des terres, les conséquences des mesures appliquées sur ceux-ci, et la théorie sur la résolution des conflits territoriaux.

1.2.1 Théorie sur les droits de propriétés, gestion commune des terres et les

débats sur la question des communaux

Les droits de propriétés ont deux significations : «Property rights, which are bundles of entitlements defining owners' rights and duties in the use of particular resource, and property rules, which are the rules under which those rights and duties are exercised» (Bromley, 1991, page 2). Les droits de propriétés diffèrent par la nature de l'appartenance des terres, les droits de propriétés, les règles d'utilisations et le contrôle appliqué. Les types de régimes sont ordonnés le long d'un spectrum de propriétaires : les propriétés privées, les propriétés communes et les propriétés de l'État (Hanna, Folke, Mâler 1995 dans Hanna et Moringhe 1995).

Des systèmes de gestion commune des terres existent dans différents pays, et sous plusieurs formes, et ils varient autant que les types de ressources peuvent être gérés en commun, d'où l'importance des définitions. Ces systèmes sont caractérisés par le droit d'accès, qui est communautaire, et l'exploitation des ressources mêmes, qui est individuelle, mais avec un important contrôle collectif sur la réciprocité des devoirs et des droits (Forni, 1998). Pour l'État nation, la nature est définie en terme de territoire de souveraineté, de droits de propriétés et de ressources naturelles. La tenure des terres inclut les droits publics et privés et une série de lois écrites et non-écrites. Dans un sens large, la tenure des terres est aussi perçue comme l'équivalent du système de tenure des terres qui comprend des relations sociales entre les membres de la société.

Ces différences en terme de définition ont été débattues dans la littérature scientifique à du débat sur la question du régime des propriétés communales. À cet effet, le débat définition des communaux peut-être divisée en trois phases distinctes selon De Castro (2002Ï

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11

première phase étant la reconnaissance de la relation entre la réduction des ressources naturelles et ses formes d'appropriation; la deuxième phase étant l'émergence de la politique culturelle dans la reconnaissance des quatre régimes de propriété; et la troisième phase étant la reconnaissance des institutions locales et l'approche de l'écologie politique.

Les auteurs de la première phase ont introduit la question des communaux, dans une approche institutionnelle, en discutant sur la responsabilité du régime d'accès ouvert sur la réduction des ressources marines (Gordon, 1954; Scott, 1955, cité dans De Castro, 2002). Plus tard, Hardin (1968) explique son modèle sur la tragédie des communaux en soutenant que, par le libre accès du svstème de propriété commune et en l'absence de contrôle gouvernemental, les ressources deviennent inévitablement surexploitées. Ce modèle manque de reconnaître l'habilité des individus de construire un arrangement social dans l'appropriation des ressources (Feeny et al., 1990). Cependant, les conditions du système commun sont bien différentes de celles de libre accès aux ressources qui sont sans contrôle social et où la surexploitation et des situations connues, comme la tragédie des terres communales, tendraient à prévaloir. Les institutions qui réglementent les actions individuelles et de groupe, ainsi que les mécanismes de coopération et d'action collective, sont à la base du fonctionnement des régimes communaux (Forni, 1998).

La reconnaissance des quatre régimes de propriété, vue dans le modèle de Hardin, marquait la deuxième phase du débat sur les communaux12. Cette phase est menée par certains scientifiques des sciences sociales qui ont examiné, dans un contexte écologique, la relation entre l'utilisation des ressources et l'appropriation des ressources. Netting (1976), a démontré que les régimes de propriétés sont intimement reliés aux caractéristiques écologiques et économiques des ressources, ce qui influence la balance du coût/bénéfice de différentes formes d'appropriations13. L'approche de l'écologie culturelle fut un tournant dans la perspective théorique en annulant deux affirmations dans l'ancien modèle : «First that users were not isolated individuals, but groups that were able to develop local institutions to control access and use of resources (McKay et Acheson 1987b); second, that resource depletion is not an unavoidable outcome path that resource users

12 Ainsi, ce n'est pas avant la publication de Cyriacy-Wantrup et Bishop (1975) que la tragédie des communaux fut contestée pour la première fois. L'auteur argumente que la population humaine serait capable de s'engager dans un régime de propriété commune et que le régime d'accès ouvert était en fait un système de propriété communale.

13 À partir des études de Netting dans les Alpes Suisses, plusieurs études de cas ont été publiées dans les années 1980. Ce qui a permit une étude ethnographique évidente sur les systèmes de propriétés communes, à travers différentes bases écologiques et passés culturelles, et la naissance de l'écologie culturelle.

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take; rather, in most cases, it is a conséquence of external factors such as market pressure, governmental policies, and loss of local control, which destroy long standing, efficient local institutions» (Berkes 1985; McKay et Acheson 1987a, cité dans De Castro, 2002, page 2). Ces défendeurs de l'écologie culturelle ont apporté une meilleure compréhension de la relation entre la population locale et l'utilisation des ressources, en plus de mettre au défi le courant dominant sur la privatisation dans le domaine de la conservation des ressources.

D'ailleurs, dans le cas du type de propriété privé, certains politologues et économistes néo-libéraux ont soutenu que la meilleure façon de s'assurer que les usagers géreront durablement leur ressource est de privatiser cette dernière. Pour ceux qui considèrent les régimes de propriétés communes (RPC) inefficaces pour des raisons sociale, économique ou écologique est en faveur que ces territoires soient privatisés ou gérés sous le contrôle de l'État. La privatisation des ressources peut s'envisager techniquement pour un certain nombre de ressources, telles que les ressources forestières ou ligneuses, mais le coût social peut devenir important pour les populations qui se voient exclues de certaines de leurs ressources. Avec la compréhension des régimes de propriétés communes, combiné avec la montée des régimes de propriétés des États communaux, il devient clair que les régimes décentralisés peuvent devenir une solution envisageable : «in some contexts collective, decentralized régimes are more appropriate structure for environmental resource management than private property régimes» (Hanna, Folke, Màler dans Hanna et Moringhe, 1995, page 19). Enfin, l'approche de l'écologie culturelle a apporté des termes qui deviennent communs dans les projets de développements tels que le « programme communautaire d'aaménagement » et « cogestion ». Ces termes reconnaissent l'importance du contrôle local des ressources afin d'atteindre autant la conservation écologique que la justice sociale pour les utilisateurs traditionnels (De Castro, 2002).

Dans les années 1990, la troisième phase se met en place à travers la reconnaissance des institutions locales de ce qu'elles représentent dans la conservation des ressources naturelles, et que le développement du système de cogestion implique différents utilisateurs de la ressource: «Yet it also recognizes that the développement of co-management system involves multiples resources use, and participation of différents uses groups in a complex political process [...] this new approach also recognizes that collective action requires the provision of certain incentives to the user groups» (Ostrom, 1990, cité dans De Castro, 2002, page 2). Cette nouvelle approche, l'écologie politique, met ainsi l'emphase sur les relations parmi les utilisateurs sur l'utilisation des ressources.

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13

Selon plusieurs auteurs, la conception des régimes de propriétés devrait refléter, le plus largement possible, les buts et les objectifs de la société (Young 1992; Ostrom 1992, et plusieurs autres). Définir les différents intérêts de la société, des individus et des groupes d'intérêts, en conflit sur l'utilisation des ressources, est fondamental pour la conception des droits de propriétés (Bromley, 1989). Plus important encore, lorsque l'ont évalue les régimes de propriétés, une des principale difficulté dans l'utilisation des ressources est la conception des systèmes d'aménagements de manière effective, équitable et efficace : « Effective management is difficult because of the recurring contradiction between the short-term interests of individuals and long-term objectives for resources sustainability [...] équitable management is difficult because the diversity of interest and values involved [...] efficient management is challenged by various sources of uncertainty that resuit in high transaction costs of information gathering, monitoring, and enforcement» (Hanna, 1995 dans Hanna et Moringhe, 1995, page 60). De plus, ces auteurs ajoutent qu'il est important de s'assurer que les limites soient clairement définies et qu'elles soient consistantes avec les limites écologiques, et que les règles soient consistantes avec l'appartenance des terres14. Enfin, Bromley (1992) insiste sur le peu d'impact que peuvent avoir le type de régime de propriété sur l'utilisation et la gestion de la ressource. Le contexte politique et institutionnel et le rôle des institutions externes, telle que l'État qui assurent la coordination entre les systèmes de gestion communale et le reste de la société, importeraient d'avantage. 11 est aussi important de reconnaître les autres formes de gestion des ressources et de comprendre les impacts de ces intérêts sur les développements nouveaux.

1.2.2 Mise en contexte théorique sur la résolution des conflits territoriaux relié à

l'utilisation et l'aménagement des ressources en Islande

Les conflits sur l'utilisation des ressources et l'aménagement des ressources sont des exemples de conflit public, en partit à cause des droits de propriétés incertains : « Conflicts about natural resources often involve unclear property rights [...] Disputes about natural resources can revolve around some very difficult allocation issues, and sometimes the groups to the conflict expérience deep value différences. Add to this uncertainty about what the conséquences of certain actions could be on the natural environment, and we hâve often major problems» (Ingôlfsdôttir, 2001; Dans Landvernd, 2001, page 15). Au lieu d'être des conflits entre des individus, les conflits sociaux mettent en scène des groupes d'intérêts comme des partis politiques, des représentants de

14 Par exemple, lorsque que l'appartenance des terres est collective, l'aménagement des ressources doit se faire de manière collective.

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compagnies, des institutions publiques, des ONG et quelques alliances de personnes unies autour de certaines questions débattues : « Conflict situation exists when there are at least two parties involved who are independent, who are experiencing strong émotions, who seemingly hold incompatible outcomes or beliefs, and at least one of the parties recognize the incompatibility and perceives this to the problematic." (Katz, 2000, cité dans Landvernd, 2001, page 15).

La première étape de la résolution du conflit est de comprendre les racines du conflit, selon Ingôlfsdôttir. Cette dernière présente un tableau, adapté de Cicin-San et Knect (1998) sur les types de conflits qui peuvent être identifiés dans leur compréhension (Tableau 1.2, page 14). Selon cette auteure, quelques penseurs croient que la plupart des conflits ont pour origine les intérêts (qui détient quoi) plutôt que les valeurs (ce qui est moral de faire). Un désaccord entre les fermiers, utilisant la terre pour l'élevage des animaux, et la compagnie d'énergie, qui veut utiliser cette terre pour un barrage sur la même terre, serait un exemple de conflit d'intérêts car les deux groupes s'affrontent pour la même ressource.

Tableau 1.2 Type de conflits selon les racines et les parties Racines du conflit Parties du conflit Différences de valeurs Utilisateurs indirects/ directs Différences de faits et intérêts Utilisateurs directs/ Utilisateurs directs du conflit Différences de faits Utilisateurs directs/ Utilisateurs directs Référence : Ingôlfsdôttir, 2001

Un conflit qui implique des différences de valeurs a une tout autre dimension dans le conflit. Cette fois-ci, pour la même situation de conflit avec la compagnie d'Énergie, l'opposition au projet proviendrait d'un groupe de gens qui sont contre pour des raisons idéologiques : «This group wants to conserve the land. There might be some interests involved. For instance, people in this group might enjoy hiking and outdoor activities in this area. Some of them might see this area as an opportunity for tourism attraction. But there could be others in the group that hâve no économies interests that are threatened by the proposed project, hâve never visited the area and do not expect to do so, but still strongly lobby against the project» (Ingôlfsdôttir, 2001, cité dans Landvernd, 2001, page 16). Dans ce cas, le désaccord fondamental est orienté sur les droits moraux envers l'utilisation des ressources, sans être un utilisateur direct, et non pas sur l'appartenance des ressources.

Faire la distinction entre les intérêts et les valeurs est important dans l'explication sur les origines et les causes du conflit. Cependant, dans certains cas, il est nécessaire de faire une

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15

analyse des valeurs profondes et des croyances qui déterminent les intérêts. Quelque fois, lorsque ces valeurs soulignant les intérêts d'un groupe sont en fait plus complexes, les conflits peuvent escalader parce qu'un groupe assume une certaine valeur attaché aux intérêts du groupe. Une récente étude, qui proposait de cartographier les valeurs des parties prenantes de l'aménagement des forêts pour un parc national au Canada démontre cet exemple (Cragg, 1999). Dans le cadre de cette étude, les entrevues effectuées auprès des bûcherons, qui travaillaient pour une compagnie d'exploitation forestière d'abbattage et de débusquage dans un parc de la Colombie-Britannique, ont révélé une certaine colère sur la manière dont leurs valeurs étaient interprétées par d'autres parties prenantes, en particulier les groupes environnementalistes. Ces groupes ont suggéré que, en tant que bûcherons, les considérations de ces derniers étaient uniquement économiques puisqu'ils veulent conserver leurs emplois. Dans les termes des environnementalistes, les bûcherons son consentants à sacrifier leurs valeurs environnementales pour conserver leurs emplois. Au contraire, l'étude de Cragg a démontré que les valeurs des bûcherons étaient sociales et définissaient un mode de vie recherché. Selon les entrevues effectuées, il était clair que le respect de l'environnement faisait parti de leur système de valeur. En effet, les bûcherons ne voulaient pas simplement un emploi, ils voulaient une sorte d'emploi qui leur permettait de continuer un mode de vie qui signifiait de vivre dans une petite communauté en contact avec la nature. Cette étude canadienne a conclu l'échec du groupe à ne pas reconnaître les valeurs sous jacentes aux intérêts d'un autre groupe. Ce manque a été le sujet des ressentiments et des hostilités considérables durant les négociations (Cragg, 1999).

Au lieu d'être expliqués par la science, les débats sur l'aménagement des ressources naturelles ont souvent pour origine des valeurs et des questions d'éthique. Les débats sont d'ailleurs une contestation sur la limite entre ce qui est la nature et ce qui n'est pas naturel, qui est vue différemment selon les intérêts; c'est-à-dire, ce n'est pas la nature qui change mais aussi la signification de la nature autant que sa valeur économique (Wellington, Greenbaum et Cragg, 1997). Par exemple, pour être considérée comme un parc, la nature doit avoir certaines caractéristiques propres à la rareté et l'unicité, ne doit pas récemment avoir été atteinte ou modifiée par l'être humain, et l'État doit être le propriétaire de ces lieux. Par exemple, au 20ième siècle, lorsque les habitants de la campagne islandaise se sont déplacés vers la capitale, principalement à cause des raisons économiques, la nature devient d'abord belle par comparaison à la ville (Karlsson, 2000).

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Le concept de « centrality of context » expliqué par Hoggart et al. (2002), renvoi à l'importance de prendre en considération le site, la situation et la circonstance qui affecte le processus de recherche. Hoggart nous informe que le contexte n'est pas seulement géographique, mais aussi historique, politique, sociale et culturelle. D'ailleurs, les réponses aux entrevues, qui ont été effectuées au cours de l'été 2002, ont différé selon les lieux, les expériences et la position des informateurs. L'évaluation du contexte m'a permis de structurer les questions d'entrevue en plus de former la perspective d'analyse. Le choix des informateurs a été précisé par les thèmes choisis dans ma recherche, les différents aspects de la problématique et les Islandais qui étaient prêts à me transmettre leur opinion personnelle et leur implication dans le débat (figure 1.2, page 16).

Figure 1.2 Critères qui ont influencés le choix des informateurs -Localisation des institutions

-Valeurs des institutions

-Localisation des fermiers dans une zone d'impact -L'emploi de la langue anglaise (parlé)

-Rôle dans le conflit

-Les différents niveaux de décisions et pouvoir de décision -Valeurs et idéaux

-Acteurs assujettis aux lois environnementales et les droits d'utilisation des terres qui sont visés par le projet.

-Position dans la société

-Leurs disponibilités concordant avec mes disponibilités

Puisque les entrevues étaient intimement reliées à la réalité et le milieu de vie des informateurs, la plupart de ces derniers s'empressaient de me donner d'autres noms de personnes contact afin de bien compléter et éclaircir une idée nébuleuse survenue au courant de l'échange. Étant impossible pour moi de mettre la main sur des articles, journaux ou livres en anglais, les premiers informateurs m'on conduis vers d'autres informateurs aptes à communiquer, leur savoir et leur vérité, dans un entretien conduit dans la langue universelle. Au fil des discussions, les gens me révélaient les actions de certaines personnes dans leur localité ou des actions nationales. Ainsi, je m'empressais de leur demander : qui est le responsable? Quelles sont les personnes qui sont derrière ces pensées et ces actions? Qui a le rôle pour faire ceci ou cela? Dans ce sens, les informateurs ne manquaient pas de me donner un ou deux noms de plus dans ma liste. Peu importe la position des informateurs, presque la totalité de ceux qui m'ont été référés étaient disponibles, ce qui facilita la recherche. Finalement, j'ai conduis une trentaine d'entrevues

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semi-17

dirigée grâce aux circonstances, aux sites et aux situations qui ont influencé les rencontres ; c'est-à-dire que chaque rencontre m'a permis d'obtenir la référence complète de personne contact davantage informé et plus près d'une réalité que je tentais de comprendre par le biais de chacun des entretiens.

J'ai utilisé la méthode de recherche par entrevue, puisque le langage islandais, utilisé dans les manuscrits et les journaux, m'était inconnu et que les thèmes du débat que je voulais aborder touchaient directement des gens et leur milieu. Je privilégiais au maximum deux entrevues par jour, ceci me permettait non seulement de préparer des entretiens qui reflétaient les expériences et la position de l'informateur, mais aussi d'éviter des entrevues rigide et précipités« rather than being locked into one set of questions for ail interviews, you adjust questioning so individuals are asked about what is most relevant for them and your project » (Hoggart et al., 2002, page 236)15. Pour atteindre mon objectif de recherche, il me paraissait important de réaliser les entrevues par des questions semi-directes dans un cadre semi-dirigé. Je me suis efforcée de ne pas avoir une approche fixe et dirigé, mais bien une approche ouverte sur les informations et les faits. De cette façon, j'ai choisi cette méthode parce que je voulais que les personnes interrogées aient le temps pour répondre librement aux questions. Enfin, l'entretient de recherche m'a permit de saisir des significations données par les personnes que je n'aurais jamais pu explorer pas d'autres techniques de recherche. Pour comprendre le débat, les statistiques ne seront donc pas nécessaires dans l'analyse des données puisque la recherche tentera d'analyser le discours et les thèmes principaux qui sont communiqué dans les entrevues. Comme nous le verrons dans ce mémoire, l'identification des intérêts qui sous-entendent la position des acteurs ainsi que les valeurs associées pour chaque groupe, avec lesquels l'auteur de ce mémoire s'est entretenu, a été une importante étape dans la compréhension de la dynamique du conflit.

Je ne savais presque rien de l'Islande, mis à part les slogans employés dans la plupart des brochures publicitaires et touristiques qui décrivent cette terre hostile comme la terre de feu et de glace. Disons que ma première impression sur l'Islande fut de me préparer sagement avant mon arrivée pour ne pas me perdre dans son apparence inhospitalité. Le professeur Anne Brydon, de l'Université Wilfrid Laurier de Kitchener (Ontario), ayant fait son étude de Doctorat sur l'Anthropologie de la pêche des baleines en Islande, m'avait particulièrement averti, qu'à première vue, les Islandais semblent souvent méfiants des étrangers et qu'ils affichent une attitude plutôt réservée et silencieuse. Pour des raisons aussi bien pratiques qu'académiques, je

15 Le temps passé dans chacune des aires d'études était consacré à l'organisation des entretiens le soir et entretiens le jour.

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démarche fut des plus concluante quant au s u p p o r t pratique de ces institutions relatives aux personnes à contacter, aux conseils pratiques concernant l'approche des islandais d a n s les entrevues et leur disponibilité d u r a n t la saison estivale. Ainsi, quelques mois avant m o n départ, j'avais sélectionné et contacté deux instituts de recherche qui allaient être mes portes d entrée dans deux de mes trois sites de recherche : le Stefansson Arctic Institute (SA1) à Akureyri et le Environmental Research Institute (ER1) à Reykjavik16.

Déjà les pieds posés sur la terre de feu et de glace, ma curiosité de chercheuse s'est activée. Mon impatience de rencontrer les habitants islandais dans leur milieu de vie m ' e m p r e s s a i t à observer tout ce qui pouvaient être possiblement affilié à mon étude. La première rencontre officielle s'est déroulé, du 23 mai au 25 mai 2002, au Second Symposium International Nordic Arctic Research Programme (NARP), The Arctic in the Anthropocene: The N o r d Atlantic Arctic in Focus, déroulé au SAI à Akureyri1 7. Ce symposium m'a non seulement permis d e présenter u n e

affiche sur mon thème de maîtrise, mais aussi de joindre u n groupe d e scientifiques multidisciplinaires concernés par les relations entre l'humain et son environnement, l'histoire et la culture arctique d e l'Atlantique Nord. Quelques rencontres fortuites m ' o n t permis d e planifier quelques entrevues ultérieures, soit à Reykjavik avec le professeur Karl Benedicktisson d u département de Géographie à l'Université de l'Islande, qui étudiait les attitudes locales des Islandais situés dans la région Est du futur Parc National d u glacier Vatnajôkull, et avec le directeur du Collège d'agriculture Hôlar, Skûli Skûlasson. Ce dernier m'invita deux jours à son collège pour comprendre davantage le secteur de l'agriculture en Islande et les problèmes avec les délimitations des terres communales dans les montagnes centrales. Tout en créant u n itinéraire raisonnable, grâce aux personnes contactées avant et p e n d a n t le s y m p o s i u m , trois endroits étaient allaient être mes espaces d'étude : Reykjavik, Akureyri et la vallée de Flotjsdalur18

16 Sachant quelques noms de personnes contact, grâce à ces instituts et Anne Brydon via Internet,

j'avais déjà une cédule de quelques rendez-vous avec des Organisations Non-Gouvernementales et chercheurs établit à Reykjavik.

17 Akureyri est la capitale du Nord qui s'est rapidement développé depuis quelques années,

principalement autour de la recherche universitaire et le tourisme. Cette ville est reconnue en tant que centre de la culture et de l'éducation de la région Nord de l'Islande.

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19

1.3.1 Premier site de recherche : La capitale Reykjavik

Après quelques jours passés au symposium, je devais me rendre à mon premier site de recherche, Reykjavik, pour la période du 26 mai au 8 juin de l'année 2002. Anne Brydon et A u d u r Ingôlfsdôttir, chercheuse au ERI, m'avaient sagement suggéré de passer quelques semaines à la capitale p o u r p r e n d r e le pouls de l'importante controverse entre les environnementalistes et les politiciens sur le débat.

Les premières entrevues se sont déroulées avec le directeur de ERI (Bjôrn Gunnarsson), les O N G environnementales, telles Natturuverndarsamtok, Natturuvernd et Landvernd. Les premières entrevues m ' o n t fait saisir la complexité de ma problématique et le besoin de rencontrer d'autres informateurs reliés a des thèmes précis; par exemple, le directeur du ERI, m'a suggéré de rencontrer d'autres islandais qui pouvaient répondre a des sujets plus pointus q u e lui-m ê lui-m e n'a p u lui-me répondre d u r a n t l'entretien19, en plus de me préciser quels seront les documents

que je devrai absolument obtenir pour comprendre ma problématique2 0.

Le choix de Reykjavik, comme premier site de recherche, fut aussi motivé par le besoin de rencontrer le directeur de la corporation Landsvirkjun, Porsteinn Hilmarsson (National Power Company), afin de saisir leur position en tant que promoteur des plus importants projets hydroélectriques de la nation. Il m'apparaissait aussi important de rencontrer le directeur de la division des ressources énergétique de l'Autorité Nationale en Énergie. Ces entrevues m ' o n t permis de comprendre l'importance et l'obligation actuelle de la nation dans l'utilisation des ressources énergétiques, mais aussi la curiosité d'aller sur le terrain p o u r collecter les sentiments et les arguments des utilisateurs de ces terres.

Puis, u n e des entrevues clés qui m'a permis d'obtenir u n e liste de contact fut avec u n e étudiante à la maîtrise en Géographie, Elin Vignisdôttir, d u Département de Géographie de l'Université de l'Islande. Cette dernière étudiait les événements et informations externes au processus de décision de l'Évaluations des Impacts Environnementaux d u projet Noral sur la côte

19 Tel que le comité en charge de délimiter les zones de propriétés dans les montagnes centrales

(Obyggdanefnd) ; l'agence State Planning Agency qui fut en charge de la planification des montagnes centrales et de l'évaluation des impacts environnementaux

20 Le Environmental Impact Assessment Act (No. 106/2000); le Nature Conservation Act (No.44, 22 Mars

1999); le Régional Planning (Umhverfisrâôuneytio og Skipulagsstofnun, 1999); le Planning and Building Act (no. 73/1997, no.135/1997 and no. 58/1999); et le Act on public lands and the détermination of the boundaries of

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Est de l'Islande, et leurs effets sur les décisions dans le cadre de ce projet. Elle revenait tout juste de son séjour sur le terrain qui se situait dans la région où je comptais passer trois semaines a échanger avec quelques informateurs. J'avais que trois noms en liste, elle m'a aussitôt référé a une dizaine de références intéressantes et pertinentes. Cette étudiante m'a permise de préparer des lors une liste de contact pour la région Est de l'Islande que j'ai ensuite comparée avec le directeur du SA1, Niels Einarsson. J'avais en tête de rencontrer des fermiers le long des berges de la vallée Fljôtsdalur, mais ces noms m'ont permises de rencontrer les personnes clés qui participaient au développement de leur région et ceux qui s'opposaient farouchement aux développements industriels du projet Noral.

1.3.2 Deuxième site de recherche : Stefansson Arctic Institute à Akureyri

Le deuxième site de recherche m'apparaît maintenant comme étant une escale et un essoufflement avant d'avoir visité le dernier site de recherche dans la vallée Fljôtsdalur. Akureyri, la capitale du Nord, m'a permis de réfléchir sur les questions qui devaient être posés aux fermiers, aux planificateurs et aux environnementalistes de la région Est. Cette escale de deux semaines, du 9 juin au 23 juin 2002, fut aussi un temps pour discuter avec des chercheurs de l'Institut de recherche qui m'ont reçu pour une période de deux semaines -au cœur de la fête nationale de l'Islande. Le directeur de l'Institut, étant originaire de la côte Est de l'Islande, m'a proposé une liste de personnes contact de la région Est de l'Islande et qui tiennent des opinions se situant dans l'un ou l'autre des groupes d'intérêts. Cette escale à Akureyri m'a permis de contacter ces personnes suggérées par N. Einarsson, combiné avec les noms suggérés par l'étudiante en Géographie à l'Université de l'Islande (Reykjavik)21.

1.3.3 Troisième site de recherche : la vallée de Fljôtsdalur

Le troisième site d'étude, du 23 juin au 13 juillet, m'a fait rendre compte de l'étrangeté et l'hospitalité de la campagne islandaise. En Islande, la plupart des fermes sont largement isolée et

21 II est difficile de savoir si les contacts fut faciliter par le fait que N. Einarsson m'a suggéré de dire que j'étais affilié avec son Institut, mais la plupart des personnes étaient très favorable à l'idée de me rencontrer. Le processus de contact fut relativement simple; Le premier contact s'est fait soit par Internet ou téléphone. Ainsi, je leur exposais mon intérêt dans la recherche, ma position en tant que chercheure et mes disponibilités. Mes messages comportaient toujours une question que je tentais de répondre ou d'éclaircir, ainsi que l'utilité de rencontrer la personne en privé.

Figure

Tableau 1.1 Part du PNB par industrie en 200()(%)  Type d'industrie  Agriculture  Pêcheries  Procédés de pêche  Autres manufactures
Tableau 1.2 Type de conflits selon les racines et les parties  Racines du  conflit  Parties du  conflit  Différences de valeurs Utilisateurs indirects/ directs  Différences de faits et intérêts Utilisateurs  directs/ Utilisateurs  directs  du conflit  Diff
Figure 1.2 Critères qui ont influencés le choix des informateurs  -Localisation des institutions
Figure 2.1 Localisation de l'Islande dans les limites de la région arctique
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Références

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