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Macrophysiologie de la maturation du blé d’hiver en conditions naturelles (1) II. - Liaisons entre la sénescence du maître-brin et la maturation des grains chez la variété ” talent ”. Intérêt pour la télédétection
Jean-Claude Gurnade, Philippe Malet
To cite this version:
Jean-Claude Gurnade, Philippe Malet. Macrophysiologie de la maturation du blé d’hiver en conditions naturelles (1) II. - Liaisons entre la sénescence du maître-brin et la maturation des grains chez la variété ” talent ”. Intérêt pour la télédétection. Agronomie, EDP Sciences, 1981, 1 (4), pp.255-260.
�hal-00884252�
Macrophysiologie de la maturation du blé d’hiver en conditions naturelles ( 1 )
II. - Liaisons entre la sénescence du maître-brin
et la maturation des grains chez la variété
«
talent ». Intérêt pour la télédétection
Jean-Claude GURNADE Philippe MALET (
*
) Stagiaire de l’Institut Technique des Céréales et des Fourrages, F04800 Gréoux-Les-Bains.
(
**
) LN.R.A., Station de Bioclimatologie, Centre de Recherches d’Avignon, F84140 Montfavet.
RÉSUMÉ
Blé
Physiologie Morphologie Sénescence
En suivant l’évolution des poids d’eau et de matière sèche pour les 2 dernières feuilles, les 2 derniers entre-noeuds et pour des lots de 10 grains prélevés dans le tiers médian des épis, et en analysant les
fluctuations du rapport entre les diamètres desséchés à l’étuve et les diamètres frais sur les 2 derniers noeuds,
on obtient une description précise de la progression de la sénescence sur les maîtres-brins dominants d’un blé d’hiver. La variété « talent » étudiée est caractérisée par un port de feuilles très érigé.
Grâce, en partie, à l’interprétation des pics de variances visibles sur les poids de matière sèche et d’eau dans les grains, on montre qu’il existe une véritable coordination entre la progression de la sénescence le long des
brins (du bas vers le haut) et la croissance des grains. Aussi, les mesures par télédétection qui sont sensibles
aux changements de morphologie d’un couvert végétal (en particulier la réflectance) peuvent fournir des informations sur la croissance des grains.
SUMMARY
Wheat
Physiology Morphology
Senescence
Macrophysiology of
winter wheat maturation in natural conditions. II. -Relationship
betweensenescence
of
main culms and kernel maturation in talent cultivar.Benefit for
remotesensing.
Water content and dry matter weights were evaluated on the whole ear, on the 2 upperleaves (fig. 1 and 2c),
on the 2 upper stem internodes (fig. 2d) and on 10 kernels from the median third of ear (fig. 2a). Variations of green-to-dry diameter ratio for the 2 upper nodes (fig. 2e) were examined too. An accurate description of
senescence for dominant main culms of winter wheat may thus be obtained. The investigated cultivar
« talent » has characteristically erected leaves.
Partly owing to interpreting « variance peaks » visible on the weights of water and dry matter in kernels (fig. 2b), a real co-ordination between the progression of senescence along the culms (from the basis to the top) and the kernel growth is shown up.
Therefore, the remote sensing data which are sensitive to the morphological changes of canopies (e.g. the reflectance) can give very useful information on the grain growth.
INTRODUCTION
La sénescence du blé est un
sujet
très étudié si l’onrattache à ce thème les recherches sur le fonctionnement de la
plante pendant
la maturation :effectivement,
les diversorganes
végétatifs
vieillissent et meurent successivement au cours de cettepériode. Mais,
saufexception (STAM P
&HERZOG, 1976),
il est rare que lesujet
soit abordé nommé- ment. Deplus
la sénescence n’est pas unconcept
sanséquivoque :
parexemple,
PALTRIDGE& DENHOLM(1974)
la (’) Etude réalisée dans le cadre d’une action concertée entre l’I.N.R.A. et l’I.T.C.F.conçoivent
à l’échelle de laplante
entière(et
non au niveau d’un organe isolé comme le font les auteursprécédents)
et lafont débuter dès l’initiation des
premiers
organes floraux.La télédétection suppose cette vision
globale
de la sénes-cence d’une
plante
et même de l’ensemble d’un couvertvégétal.
Mais elle n’a d’intérêt que dans la mesure où leschangements
d’architecture et depropriétés optiques
desplantes, qui
caractérisent l’évolution de la sénescence etauxquels
la télédétection est effectivement sensible(SuiTS, 1972),
sont en relation avec la maturation desgrains (l’objectif
de la télédétection étantl’appréciation
des rende-ments et non celle de la
sénescence
ensoi).
Avant de décrire dans un article
suivant,
leschangements
d’architecture
qui
caractérisent la sénescence d’un blé d’hiver(variété « talent ») pendant
la maturation desgrains,
nous examinerons les relationssignificatives
entre la sénescence et la vitesse de croissance desgrains.
Ayant
montré dans un articleprécédent (MALET
&GURN A
DE, 1980)
que les événements lesplus
faciles à détecter et àinterpréter
sont lesplus brefs,
nous n’examine-rons que les
conséquences
des morts successives des organes aériens du blé sur la croissance desgrains.
C’est évidemment laconception
laplus
radicalepossible
de la sénescence d’uneplante.
A celas’ajoutent
bien sûr leschangements
despropriétés optiques
des feuilles(le jaunis- sement) qui
sont lessignes
d’une réductionprogressive
de l’activitéphotosynthétique.
Mais nous laisserons de côtél’analyse
de cesphénomènes
« continus» qui exigent
desmoyens
d’investigation beaucoup plus sophistiqués
que les nôtres : une balance deprécision,
une étuve et un modèlestatistique d’analyse
de la croissance(M AL ET, 1979).
II. MATÉRIEL ET
MÉTHODES
1. Conditions
générales d’expérimentation
etdispositif
Les détails ont été
exposés
dans l’articleprécédent (M
ALET
& GuttNnDE,1981).
Ils’agit
d’uneexpérience
menée à Gréoux-les-Bains
(Alpes-de-Haute-Provence),
en1977 et
1978,
sur le cultivar de blé tendre « talent ».Rappelons,
pourmémoire,
que les densitésd’épis
au m2(mesurées
à larécolte)
étaient notablement différentes entre les 2 années : 412 en1977,
588 en 1978.2.
Organes
observésDifférentes études
(BALDY, 1973 ;
CARR &WaaDt,aw, 1965 ; T HORNE , 1973)
montrent que lesparties supérieures
des brins
(dernière
feuille et sagaine,
col del’épi)
restentphotosynthétiquement
activesaprès
la floraison et contri- buent pourplus
de 90 p. 100 aupoids
degrains
à la récolte(RAWSON
&HOFSTRA, 1969). Cependant,
ainsi que lemontre
LEDE NT (1974b),
la contributionphotosynthétique, juste après
l’anthèse, de l’avant-dernièrefeuille,
n’est pasnégligeable
sur des variétésqui
ont unfeuillage
à port relativement vertical.Or la variété « talent
qui
est étudiée ici est de ce type :l’angle
d’insertion de la dernière feuille(mesuré
àpartir
du haut de latige)
fait 10° à la floraison et encore 35°au début du
palier
d’eau desgrains (GU RNAD E
&M ALET
,
1981).
C’est la raison pourlaquelle
des mesurespondérales
de matière sèche et d’eau ont été faites, dès1977,
sur les 2 dernièresfeuilles,
maisuniquement
sur des brins dominants(on appelle
brin dominant d’uneplante
celui
qui
a latige
laplus longue),
c’est-à-dire sur des échantillons de maîtres-brins et de talles confondus(10
parprélèvement).
En
1978,
ces mesures ont été renouvelées à la fois sur des brins dominants( 10
parprélèvement)
et sur des échantillons constitués exclusivement de maîtres-brins dominants(10
par
prélèvement) repérés depuis
le début dutallage.
Deplus,
sur cette dernièrecatégorie
debrins,
les mesures ontété étendues aux 2 derniers articles de la
tige :
- à la
hampe
del’épi
endistinguant
la fraction incluse dans lagaine
de la dernière feuille de celle située au-dessus(nous
avons choisid’appeler « hampe
del’épi »,
toutl’entre-noeud
qui porte l’épi,
étant donné son caractèregénétique
depédoncule. floral qui
ledistingue
des autres entre-noeuds de latige).
- à l’entre-noeud situé
au-dessous, qu’on appellera
l’entre-noeud
(n - 1).
On a
également
mesuré l’évolution des diamètres des 2 derniers noeuds(où
s’insèrent lesgaines
des 2 dernièresfeuilles),
d’abord à l’étatfrais, puis après
passageà l’étuve,
afin d’obtenir l’évolution de leur
rapport
de rétrécissement(diamètre
frais/diamètresec).
Eneffet,
on peut supposer que lespossibilités
de transit de l’eau et de la matière sèche par un noeud sont d’autantplus
difficiles que cerapport
« frais/sec » se
rapproche
de l’unité :c’est,
enquelque
sorte, un critère de l’état de sénescence d’un noeud.
Enfin,
nous avons mesuré l’arrivée des assimilats dans lesgrains
selon la méthode décrite dans l’articleprécédent (M
ALET
&GuttNaDE, 1981) :
àchaque
date deprélèvement,
10
grains
parépi
étaient extraits àpartir
du 4eétage d’épillets
sur 10épis
de maîtres-brinsdominants,
chacun deces lots de 10
grains
étantpesé séparément frais, puis
secaprès étuvage
à 110°Cpendant
12 heures.3.
Interprétation
des variancesAprès
avoir examiné l’évolution moyenne des différents organes observés et les concordances de dates existant avecles
phases
de maturation dugrain,
oninterprétera
l’évolu-tion des variances de
chaque
type de mesure. En effet(M
AL
ET, 1979)
pour tout caractèrebiologique qui
évoluedans le temps et
qui
concerne une « entité élémentaired’organogénèse
», unchangement
notable de la variance est unsigne
révélateur d’une variationimportante
de la vitesse d’évolution.Or
chaque
organe mesuré ici est bien une « entité élémen- taired’organogenèse
», ycompris
le secteur del’épi
où sontprélevés 10 grains (VINCEN T
& MALET,1977).
Dès lors :- un
pic
de variance relatif aupoids
d’eau devraitpermettre
de situer avecplus
deprécision
le début et la findu «
palier
d’eau » desgrains ;
- un
pic
de variance sur la matière sèche devrait permettre de confirmer ou de détecter unchangement
dutaux d’accumulation de la matière sèche dans les
grains.
III. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX 1.
Comparaison
entre maîtres-brins et brins dominantsEn
1978,
les teneurs en eau des 2 dernières feuilles et desépis
évoluent d’unefaçon
trèscomparable
dans les 2catégories
de brins(fig. 1).
Les feuilles commencent à sedessécher brutalement aux même dates : la seule différence notable entre les 2 échantillons est un dessèchement de la dernière feuille
(N) plus
brutal sur les brins dominants quesur les maîtres-brins dominants. On peut donc se
permettre,
dans une certaine mesure, de comparer le dessèchement des feuilles mesuréuniquement
sur des brins dominants en 1977avec celui mesuré sur des maîtres-brins dominants en 1978.
2. Maturation des
grains
et sénescence des organes sur les maîtres-brins dominantsLa
figure
2présente,
pour les 2 années 1977 et1978,
les évolutions dans letemps :
a)
des masses de matière sèche(M.S.)
et d’eau contenues dans 1 000grains,
b)
les variances 0’2 relatives à ces 2grandeurs, c)
les teneurs en eau(p. 100)
de la dernière feuille(N)
de l’avant-dernière(N-1)
et del’épi complet (grains
etrachis),
d)
les teneurs en eau(p. 100)
des entre-noeuds(N-1),
de la totalité de lahampe
del’épi
et de sapartie
située au-dessusde la
gaine
de la dernièrefeuille,
e)
lerapport
du diamètre frais au diamètre sec(après
dessèchement àl’étuve)
pour les 2 derniers noeuds de latige.
Cette
représentation
permet de dater un certain nombre dephénomènes caractéristiques
de la sénescence du brin et derepérer
certaines concordances. En1978,
on observe successivement :- en
t i
- Un début de dessèchement(fig.
c) de l’avant- dernière feuille(N-1), correspondant
cette année-là au début dupalier
d’eau desgrains (fig. a) ;
suit 3jours après,
une
augmentation
du taux d’accumulation de la matière sèche dans lesgrains (fig. a), phénomène qui,
comme leprévoit
le modèle de MALET(1979),
provoque unpic
très netsur la variance de la matière sèche
(fig. b),
- en t!- Le dessèchement définitif
(fig.
c) de la feuille(N-1).
C’est à peuprès
à ce moment-là que la feuille(N)
commence à
jaunir,
bien que sa teneur en eau soit encoretrès stable. Comme pour la feuille
(N-1),
ce début de sénescence de la dernière feuille est suivi d’une augmenta- tion du taux d’accumulation de matière sèche dans lesgrains (fig. a)
et dupic
de variancecorrespondant (fig. b).
Enmême
temps,
la teneur en eau de l’entre-noeud(N-1)
augmentelégèrement (fig. d)
et le dernier noeud N se dilateun peu (fig. e),
- en
t,
- Le début du dessèchement de la feuille(N),
),sans que le taux d’accumulation de matière sèche dans les
grains
diminue comme il l’avait fait en t,, au début du dessèchement de la feuille(N-1).
L’avant-dernier noeud(N-1)
commence à se rétrécir(fig. e),
cequi
n’est pas le cas du noeud(N),
-
en t,
- La fin dupalier
d’eau(fig. a), auquel correspond
unpic
très net sur la variance dupoids
d’eau(fig. b) (ce phénomène
attendu(MALET
&GtlRrrnBE, 1980)
ne s’était
pratiquement
pasproduit
au début dupalier d’eau).
A cemoment-là,
la dernière feuille(N)
se dessèchedéfinitivement,
- en
t,
- Le dessèchement brutal et simultané desparties
hautes de latige (fig. d) qui correspond
au momentoù la matière sèche dans les
grains
atteint au maximum(fig. a) ;
ce dessèchement ultime estprécédé
d’une part, d’uneaugmentation
du taux d’accumulation de la matière sèche dans lesgrains (mais
sansrépercussion
sur lavariance)
et d’autre part, d’unpic
de variance sur lepoids
d’eau
(fig. b) auquel
necorrespond
aucunchangement
visible sur l’évolution dupoids
d’eau(fig. a),
-
en t 6 -
La masse de matière sèche dans lesgrains
sestabilise de même que celle de l’eau
(fig. a) ;
cechangement
de vitesse d’évolution se retrouve bien sur la variance des
masses d’eau mais non sur celle de la matière sèche
(fig. b).
A ce moment-là
(fig. e),
les 2 derniersnoeuds,
surtout le dernier(N),
se rétrécissent.En
1977,
l’avant-dernière feuille(N-1)
avait aussi commencé à se dessécher le 15juin (fig. c’)
mais moinsbrutalement,
le taux d’accumulation de matière sèche augmentant tout de même dès cemoment-là,
avec unerépercussion
visible sur la variance(fig. b).
Mais parrapport
aupalier
d’eauqui
avait débuté dès le 7juin
cetteannée-là
(fig. a),
avec unpic
de variance très net(fig. b),
ce dessèchement de la feuille(N-1)
avait étébeaucoup plus
tardifqu’en
1978.Cependant
la dernière feuille(N)
s’étaittout de même desséchée très brutalement dès la fin du
palier
d’eau
(fig. c’),
c’est-à-dire 3jours
àpeine après
le desséche-ment définitif de la feuille
(N-1) ;
aucun ralentissement de l’accumulation de la matière sèche dans lesgrains
n’avait été alors visible entre les deuxphénomènes. Enfin,
de mêmequ’en 1978,
laphase
de diminution de la masse d’eauaprès
lepalier,
avait été aussimarquée
par des valeurs de la variance de l’eau desgrains
trèsélevées,
mais defaçon
continue et non avec une série depics
et, à cettephase,
avait
également correspondu
une ultime accélération du flux d’assimilats dans lesgrains, compensée
ensuite par uneperte
de matière sèche.IV. DISCUSSION
Les résultats
précédents
montrent l’existence d’un vérita- ble programme de sénescence desparties
aériennes. Il semanifeste par une
progression
de la sénescenced’organes
àorganes suivant un ordre
précis :
enpremier
lieu les feuillesdu bas vers le
haut, puis
les entre-noeuds de latige correspondants
à cesfeuilles,
enfin et seulement les noeuds.De
plus,
au niveau dechaque
organe, la sénescence sedéveloppe
en 2étapes :
lapremière, progressive,
voitmourir peu à peu les
chloroplastes,
ladeuxième,
trèsbrutale,
consiste en un dessèchementrapide
del’organe.
La
plupart
des intervalles detemps
entre 2étapes
successives de ce programme
dépendent
des conditionsclimatiques, édaphiques
et sanitairesparticulières
àchaque
année : parexemple,
celuiséparant
les desséchements définitifs des 2 dernières feuilles. Il semblecependant
que certainesétapes
attendent des momentscaractéristiques
dela maturation des
grains
pour seproduire.
Parexemple,
le dessèchement définitif de la dernière feuille survient exacte- ment à la fin dupalier
d’eau ou tout auplus
2 à 3jours
avant ; celui des 2 derniers articles de latige
au maximum de matière sèche dans lesgrains
et celui des 2 derniers noeuds(en particulier
ledernier)
au moment de la stabilisation de la matière sèche desgrains
à son niveau définitif(en-dessous
du
maximum).
Il existerait donc certaines concordances entre les
étapes
de la sénescence et l’état de maturation des
grains.
Mais en outre, certains flux d’assimilats dans lesgrains,
visibles sur l’évolution moyenne de la matière sèche(et
souvent confir- més par des «pics
» devariance),
sont sans doute liés à la sénescence de certains organes : enparticulier
à celle des 2 dernières feuilles et même à celle de lahampe
del’épi.
Lesflux
supplémentaires
d’assimilats peuvent venir directement des organes ensénescence,
pour ainsi dire se vidant. Mais est-ilpossible
que de telsflux,
s’ilsexistent,
aient uneimportance significative
vis-à-vis du flux totalparvenant
aux
grains ?
Ilspeuvent
tout aussi bienprovenir
des organes encore enpleine
activitéphotosynthétique qui
seraient enquelque
sorte « avertis » par un« signal
de la mortprochaine
d’un organe.Par
exemple,
l’ultime flux d’assimilats dans lesgrains,
confirmé en 1977 par unpic
devariance,
peutprovenir
de lahampe
del’épi juste
avantqu’elle
se dessèche.Qualitative-
ment, cettehypothèse
va dans le même sens que les observations de WnRDLnw(1965)
et de RAwsoN & HOFS-TRA
(1969)
sur l’existence d’un flux d’assimilats dans lesgrains
en provenance directe destiges ; quantitativement,
elle
peut
être mise enparallèle
avec les résultats de LEDENT(1974b)
montrant que lepoids
degrains
d’unépi
estsignificativement
lié aupoids
sec de lahampe
del’épi (qu’il
soit mesuré à l’anthèse ou 15
jours
avant larécolte).
Mais ceflux
peut
tout aussi bienprovenir
essentiellement desglumes puisque
celles-ci ont encore une activitéphotosyn- thétique
etpuisqu’elles jouent
un rôleprépondérant
sur lafinition des
grains
àpartir
de la mort de la dernière feuille(C
ARR
&W ARD LAW, 1965).
Detoute façon quel qu’en
soit lemécanisme,
onpeut
affirmerqu’à
cemoment-là,
la vitesse d’accumulation de la matière sèche dans lesgrains
est liée àla
progression
de la sénescence.D’après
les mesures de1978,
il existeprobablement
une liaison semblable au moment de la chute des 2 dernières feuilles : parexemple,
au moment de la mort de l’avant- dernière feuille(N-1),
on décèle unelégère
dilatation du noeud(N) qui peut
effectivement favoriser le passage d’assimilats provenant aussi bien de l’entre-noeud(N-1)
que de la dernière feuille(N).
Même la
perte
de matière sèche en fin dematuration,
visible les 2 années sur les moyennes et confirmée en 1977 par unpic
de variance(le
4juillet),
semble se terminer aumoment du dessèchement définitif des 2 derniers nœuds.
Notons que cette
perte
de matière sèche n’estpratiquement jamais
tenue poursignificative
par lesexpérimentateurs (SIM
M O N
S
&CROOKSTO N , 1979)
mêmelorsqu’elle
estparfai-
tement visible sur leurs mesures.
Or,
elle l’est certainement si l’on observe unpic
de variance comme c’est le cas sur nos mesures de 1977. Ceci confirme l’intérêt du modèle d’ana-lyse
de la croissanceproposé
par MALET(1979).
Enfin,
pourinterpréter
lespics
de variance de lamasse
d’eauaprès
lepalier,
il faut sans doute se référer au modèlegénéral proposé
par MALET(1979)
et nonplus
seulement àson modèle
simplifié,
ainsi que nous l’avons fait(M ALET
&GURN AD
E, 1981)
pourexpliquer
lespics
de variance en début et fin depalier.
Celasignifie
que cespics
de variancesont
provoqués
enpartie
par le 2echangement
d’évolutionaprès
lepalier
d’eau(le
1erjuillet
en1977 ;
le 7juillet
en1978),
mais surtout par unedispersion
desâges physiologi-
ques des
grains
suivant lesépis beaucoup plus grande pendant
cettephase qu’au
cours dupalier
d’eau.L’impor-
tance des
pics
de variancedépendrait
donc de laproportion
de
grains échaudés ;
cettehypothèse
est confirmée par lesrésultats obtenus l’année suivante sur un blé très échaudé
(B
AR E
T
&H UET , 1979) :
lepic
ultime de la variance de l’eau desgrains
atteint un niveaudécuplé
parrapport
à ceuxprésentés
ici.V. CONCLUSION
Il semble donc
qu’il
existe une véritable « coordination »entre la
progression
de la sénescence lelong
des brins(du
bas vers lehaut)
et ladynamique
de maturation desgrains,
dans la variété de blé « talent ». Il y a tout lieu de penser
qu’une
telleinterdépendance
existe pourchaque
variété deblé,
tout enchangeant
évidemmentplus
ou moins de naturelorsque
varient les conditionsclimatiques,
sanitaires ouculturales
(par exemple
la densité desbrins).
Cette coordination
justifie l’hypothèse
que les conditions de maturation desgrains peuvent
êtredécrites,
sinon defaçon
continue du moins à certainespériodes favorables, grâce
aux observations faites par les satellites : enparticu-
lier
grâce
aux mesures de réflectances dans le visible et leproche infrarouge, puisque
celles-ci sontparticulièrement
sensibles aux
changements
de structure et depropriétés optiques
desvégétaux.
Mais cette conclusion
optimiste
doit êtretempérée
par laperspective
des trèslongues
recherchesqui
seront nécessai-res pour établir la
signification
«physiologique
» de tous leschangements possibles
de structure et depropriétés opti-
ques au sein des couverts
pendant
la maturation desgrains.
D’un autre
côté,
cette étude montre que de telles recherches nécessitentd’élargir
nos connaissances sur laphysiologie
dublé ;
de cepoint
de vue, elles intéressent donc aussi l’améliorationgénétique
desplantes.
Reçu le 15 février 1980 Accepté le 7 janvier 1981
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