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Réponses de la production et de la composition du lait
de vache aux variations d’apports nutritifs
J.B. Coulon, B. Remond
To cite this version:
J.B.
COULON B. REMOND INRA Laboratoire de la Lactationet de
l’Elevage
des RuminantsTheix - 63122
Saint-Genès-Champanelle
Réponses
de la
production
et
de
la
composition
du lait
de
vache
aux
variations
d’apports
nutritifs
La
production
et
la
composition
du lait
varient
enfonction des
apports
nutritifs,
enparticulier énergétiques.
Mais
quelle
est
la forme de
cesréponses
et
sont-elles différentes
selon
le stade de lactation
et
le
potentiel
de
production
des
animaux ?
Une
augmentation
du niveau d’alimentationénergétique
des vacheslaitières,
trèsgénérale-ment réalisée par une distribution
plus
libérale d’alimentconcentré,
entraîne uneaugmenta-tion de
production
laitière, qui
suit la loi des rendements décroissants(Wiktorsson
1979, Gordon 1980, Broster et Thomas 1981, Rémond1985, Leaver
1988).
La diminutionprogressive
de l’efficacitémarginale
desapports
alimen-taires a 2 causes
principales :
1)
Unaccroisse-ment de
plus
enplus
faible de laquantité
d’énergie
réellement mise à ladisposition
desanimaux, au fur et à mesure que
l’apport
deconcentré s’accroît. Ce ralentissement est lié d’une
part
à la diminution deplus
enplus
importante
de laquantité
defourrage
ingérée
lorsqu’il
est distribué à volonté(phénomène
desubstitution,
Dulphy
et ai1987),
et d’autrepart
à l’accroissement de
plus
enplus
faible de ladigestibilité
de la ration par suite del’augmen-tation du niveau
d’ingestion
et de laproportion
de l’aliment concentré dans la ration(Doreau
etRémond 1983, Vermorel et al
1987),
2)
Unepro-portion
décroissante del’énergie
supplémen-taire réellement mise à la
disposition
de la mamelle. Eneffet,
au fur et à mesure que lacapacité
maximale deproduction
laitière estapprochée,
unepart
croissante del’énergie
dis-ponible
pour laproduction
estdéposée
dansl’organisme
del’animal,
essentiellement sousforme de
lipides
(Broster
et Broster1984).
Inversement, pour des
apports
inférieurs à lacouverture stricte des
besoins,
unepartie
del’énergie
utilisée pour laproduction
laitièreprovient
des réservescorporelles.
Ces modifications de la
digestion
et del’utili-sation
métabolique
del’énergie
liées à deschangements
du niveau d’alimentation sontsujettes
à des variationsimportantes
d’un essai à l’autre(Gordon 1980).
Différentes causes decette variabilité ont
déjà
été mises en évidence ousuggérées.
Elles relèvent soit descaractéris-tiques
des animaux : stadephysiologique
(Bros-ter et al
1985) ;
étatcorporel (Larnicol
1984,Garnsworthy
1988,Jones
etGarnsworthy
1989) ;
capacité
deproduction
laitière(Wiktors-son 1971 et 1979,
Johnson
1979, Gordon 1984,Coulon et al
1987),
soit de leur nutrition autrequ’énergétique
et enparticulier
de lasatisfac-tion des besoins azotés. Il a en effet été montré
(Rémond
1985, Vérité1989)
que laréponse
deproduction
laitière auxapports
alimentairesazotés suivait
également
la loi des rendementsdécroissants.
Enfin,
la duréed’expérimentation
peut aussi être un facteur de variation de la
réponse
de laproduction
laitière aux apportsénergétiques.
Résumé
!..!.. !...!.!...!.! ._!....! .a.._...! _!.._!..! !... _.. _ _!...L’objectif
de cette étudebibliographique
a été depréciser
l’influence du stade delactation,
del’âge,
du niveau deproduction
des animaux et de la durée de lasous(sur)-alimentation,
sur laréponse
de laproduction
laitière et du tauxprotéi-que à des
apports
variablesd’énergie.
Soixante-six essais d’alimentation réaliséssur des vaches laitières
produisant
entre 9 et 29kg/j
(6
à 30 vaches/lotexpéri-mental)
etcomportant
au moins 3 niveauxd’apports énergétiques
ont été utilisés.Ces apports
énergétiques
ont étéexprimés
enénergie
réellementdisponible
pour l’animal(énergie
nette delactation, UFL).
En début delactation,
laréponse
deproduction
laitière aux apportsénergétiques
a été linéaire et élevée(+
0,9kg
delait/UFL).
En milieu de lactation et dans les essais delongue
durée,
cetteréponse
a été curvilinéaire.
Lorsque
lesapports
étaient inférieurs auxbesoins,
elle a étéplus
forte dans les essais delongue
durée que dans ceux réalisés sur de courtespériodes
en milieu de lactation(2,2 kg/UFL
contre1,3 kg/UFL,
P <0,01).
Laréponse
du tauxprotéique
auxapports
énergétiques
a été linéairequelles
quesoient la
période
et la durée des essais. Elle a été 2 foisplus
faible en début delactation
(0,3
gp.1000/UFL) qu’en
milieu de lactation ouqu’au
cours des essaisde
longue
durée(0,6
gp.1000/UFL).
La relation entre les variations de laproduc-tion laitière et du taux
protéique
a été curvilinéaire et adépendu
du stade delac-tation et du niveau de couverture des besoins
énergétiques.
Il n’a pas étépossible
de mettre en évidence d’effet
important
du niveau deproduction
des animaux surles
réponses
de laproduction
laitière ou du tauxprotéique
aux variationsL’influence des
apports
énergétiques
sur lateneur en
protéines
du lait estsujette
auxmêmes variations. Elle a
cependant
faitl’objet
de travaux de
synthèse beaucoup
moinsnom-breux et
complets (Emery
1978, Rémond 1985,Sutton 1989,
Sporndly 1989).
L’objectif
de cette étude est depréciser
la courbe deréponse
de laquantité
de laitpro-duite et de ses teneurs en matières grasses et en
protéines
à des apports variablesd’énergie,
selon lescaractéristiques
des animaux et de leuralimentation,
ainsi que selon la duréed’ex-périmentation.
Elle a été réalisée avec desrésul-tats
bibliographiques,
àpartir
desquels
lesvariations
d’apports énergétiques
ont étéexpri-mées dans le
système
d’énergie
nette leplus
récent et donc apriori
leplus
précis
(Vermorel
1989).
1
/
Données
utilisées
1.
1
/
Origine
et
caractéristiques
des données
Soixante-six essais
d’alimentation,
français
(13)
etétrangers
(53)
danslesquels
au moins3 niveaux
d’apports
énergétiques
(soit
216 lotsexpérimentaux)
étaientcomparés,
ont étéutili-sés. Leurs
caractéristiques
détaillées sontpréci-sées dans les tableaux 1 et 2. Dans chacun de
ces essais, un des niveaux
d’apport
pouvait
êtreconsidéré comme
proche
des recommandationsproposées
par Faverdin et al(1987) :
pour lesessais en milieu de lactation
(M)
et delongue
durée(L),
l’écart entre les besoins et les apportscorrigés
était en moyennefaible,
de même queles variations de
poids
vif,
lorsqu’elles
étaientdisponibles
(tableau
2).
Dans les essais réalisésen début de lactation
(D),
le déficiténergétique
observé dans le lot témoin était en moyenne
comparable
à celuiproposé
dans les dernières recommandationsfrançaises.
Dans laplupart
des essais, les besoins azotés des animaux étaient constamment couverts. Seuls 26 lotsexpérimentaux
(conduits
en milieu delacta-tion)
ont reçu des rations avec des teneurs enMAT faibles
( <
13%)
et croissant avec leniveau des
apports
énergétiques
d’un lot àl’au-tre dans le même essai ; ils ont été
analysés
séparément.
Sur l’ensemble des lots
expérimentaux
initia-lement
disponibles,
7 n’ont pas été utilisés pourl’analyse
des variations de laproduction
lai-tière,
et 5 pourl’analyse
des variations du tauxprotéique.
Leurs résultats se situaient trèslar-gement
en dehors de l’évolutiongénérale
observée
(écart
entre la valeur réelle et la valeurestimée
supérieure
à 2écart-types).
1.
2
/
Analyse
des données
Pour
chaque
lotexpérimental
dechaque
essai, les
apports
et les besoinsénergétiques
ont été calculés en Unités
Fourragères
Lait(1
UFL = 7,1MJ
d’énergie
nette =11,7
MJ
d’énergie métabolisable) (Vermorel
et al1987).
Les besoins ont été calculés à
partir
dupoids
vif des animaux et de laproduction
de lait 4%,
lesapports
àpartir
desquantités ingérées
d’ali-ments et de leur valeur
énergétique.
Celle-ci aété estimée, selon les informations
disponibles
danschaque
publication,
àpartir
de leur teneuren
énergie
digestible
oumétabolisable,
selonles relations
proposées
par Vermorel et al(1987),
de lacomposition
chimique
desali-ments ou des tables de la valeur nutritive
(INRA 1988).
Cesapports
ont ensuite étécorri-gés
pour tenircompte
de l’effet du niveauali-mentaire et de la
proportion
de concentré dans la ration sur la valeurénergétique
des rations(interactions digestives
etmétaboliques)
(Ver-morel et al
1987).
Les écarts de
production
laitière(lait
4%)
etde
composition
du lait(taux butyreux
et tauxprotéique
lorsqu’ils
étaientdisponibles)
entreles lots
sur(sous)-alimentés
et le lot moyen ontd’autre part été calculés pour
chaque
essai. Ils ont été mis en liaison avec les écartsd’apports
énergétiques
corrigés
correspondants.
De cettemanière,
les erreurs d’estimation de la valeurdes aliments n’ont
qu’une
influencemarginale
sur les résultats de la liaison entre les écarts de
performances
et les écartsd’apports
énergéti-ques.
Cette liaison a été calculée par
régression
non linéaire selon le modèle mononucléairesimplifié :
Y= a(1 - b
x
),
où Yreprésente
lesvariations de
production
laitière ou de tauxprotéique,
et X les variationsd’apports
énergé-tiques corrigés.
Lorsqu’il
étaitplus approprié,
le modèle linéaire : Y =aX + b a été utilisé. Les
différentes
équations
obtenues sontprécisées
L’influence du stade de lactation et de la durée de la
période
desur(sous)-alimentation
aété
analysée
encomparant
les essais réalisés endébut de lactation
(D),
en milieu de lactation(M)
ou sur unelongue
durée(L).
En raison du nombre réduit d’essais M et L réalisés avec desprimipares,
et de la faibleplage
de variation desapports
énergétiques
dans ces essais, l’effet del’âge
des animaux n’a pu être étudiéqu’en
début de lactation. Dans les essais M et L, les résultats observés surprimipares
etmultipares
ont donc été traités ensemble. L’effet du niveaudes apports azotés a été étudié en milieu de lac-tation, en
comparant
les essais où les besoinsazotés étaient constamment couverts à ceux où
la couverture de ces besoins n’était pas
constamment réalisée. L’effet du niveau de pro-duction a été étudié sur les essais M et L
conduits avec des
multipares
et où les besoinsazotés étaient constamment couverts : les essais
où le niveau de
production
du lot moyen étaitsupérieur
à 22kg/j
ont étécomparés
à ceux où ce niveau moyen était inférieur à 22kg/j.
Pourcette
comparaison,
laplage
de variation desapports
énergétiques
a été restreinte à cellepour
laquelle
des essais des 2 types étaientdis-ponibles.
La
signification
statistique
des écartsd’évolu-tion de la
production
laitière et du tauxprotéi-que en fonction des apports
énérgétiques
selonles différents facteurs
étudiés,
a étéappréciée
par
comparaison
despentes
derégression
desvariables étudiées. Cette
comparaison
a étéréa-lisée sur l’ensemble de la
plage
de variation des apportsénergétiques
lorsque
la relation étaitlinéaire ;
lorsque
ce n’était pas le cas, cettecomparaison
a été réalisée sur les intervalles oùelle
pouvait
être considérée comme linéaire.2
/
Résultats
2.i
/ Variations de la
quantité
de lait
produite
En début de
lactation,
laréponse
deproduc-tion laitière à une variation de
l’apport
d’éner-En milieu de lactation
ou sur
la
lactationtotale,
laréponse
de laproduction
laitière à desapports
énergétiques
croissants est
gie
nette a été linéaire et un peuplus
forte,
mais de manière non
significative,
chez lesmultipares
que chez lesprimipares (+
1,0 ocontre + 0,7
kg
/UFL,
P >0,05)
(figure 1).
Enmilieu de
lactation,
lorsque
les besoins azotés étaient couverts(79
lots),
cetteréponse
a étécurvilinéaire
(1,3
kg/UFL
entre - 3 et - 2 UFLcontre 0,4
kg/UFL
entre + 2 et + 3 UFL ;figure
1).
Dans les essais delongue
durée,
cetteréponse
a aussi été curvilinéaire :lorsque
lesapports
étaientsupérieurs
auxbesoins,
elle aété semblable à celle observée en milieu de
lac-tation dans la même
plage
desur-alimentation ;
lorsque
lesapports
étaient inférieurs auxbesoins,
cetteréponse
a étésupérieure
(P
<0,01)
à celle observée en milieu delacta-tion
(2,2 kg!UFL
entre -2 et -3 UFL contre 1,3kglUFL)
et voisine de laréponse
maximale pos-siblequi
est de 2,3kg/UFL
(1
UFL/0,44
UFLpar
kg
delait).
En milieu de
lactation,
le niveau deproduc-tion des animaux n’a pas eu d’effet sur la
réponse
deproduction
laitière aux variationsd’apports énergétiques.
Dans les essais delon-gue
durée,
cetteréponse
a étélégèrement plus
élevée,
mais de manière nonsignificative,
chezles vaches fortes
productrices
que chez lesvaches faibles
productrices
(1,1
contre 0,9kg/
UFL entre - 2 et + 2 UFL, P >0,05).
Lorsque
lesapports
azotés variaientconjoin-tement aux
apports
énergétiques
(analyse
réali-sée sur 26 lots
expérimentaux
en milieu de lac-tation, cforigine
desdonnées),
laréponse
deproduction
laitière à cesapports
a été linéaireet
plus
élevée(P
<0,01)
que dans les essais oùles besoins azotés étaient constamment
cou-verts
(figure 1) :
enparticulier,
laproduction
laitière a continuéd’augmenter
fortement(+
1,1kg/UFL)
au delà de la couverture des besoinsénergétiques.
2.z
/
Variations de la
composition
chimique
du lait
La
réponse
du tauxprotéique
auxapports
énergétiques
a été linéaire dans les trois groupes d’essais(D,
M etL) analysés
(figure
1).
En début delactation,
elle a étéplus
élevée(P
<0,01)
chez lesmultipares (0,5
gp.1000/
UFL)
que chez lesprimipares
(0,2
gp.1000/
UFL).
En moyenne, cetteréponse
a été 2 foisplus
faible en début de lactation(0,3
g p. 1000/UFL)
qu’en
milieu de lactation ouqu’au
coursdes essais de
longue
durée(0,6
gp.1000/UFL).
Cette
réponse,
mesurée en milieu delactation,
a étésignificativement plus
élevée(P
<0,05)
chez les faibles
productrices (0,8
gp.1000/UFL)
que chez les fortesproductrices (0,4
gp.1000/
UFL) ;
àl’inverse,
dans les essais delongue
durée,
elle a étésupérieure
chez les vachesfortes
productrices
(1,0
gp.1000/UFL
contre0,5 g
p.1000/LJFL,
P <0,01).
Les variations du taux
butyreux
en fonctiondu niveau des apports
énergétiques
ont étérelativement faibles : en moyenne,
l’augmenta-tion de ces
apports
s’accompagne
d’unedimi-nution du taux
butyreux
de 0,3 g p. 1000/IJFL(R
=-0,30, P <
0,01),
voisine dans les 3types
d’essais
(D,
M etL),
mais avec des variationstrès
importantes
d’un essai à l’autre(figure 2)
(écart-type
résiduel de larégression
de1,7
g p.1000).
2.
3
/ Liaisons
entre
les
variations
de la
production
et
de
la
composition
du
lait
Les variations du taux
butyreux
ont étéprati-quement
indépendantes
de celles de laEn début de
lactation,
les variations du tauxprotéique
sous l’effet du niveau des apportsénergétiques
ont été faiblescomparativement
àcelles de la
production
laitière(le
tauxprotéi-que
augmente
de 0,6 gp.1000
pour 1kg/j
d’augmentation
de laproduction
laitière).
Cetteaugmentation
du tauxprotéique
est un peuplus
importante
dans les essais delongue
durée(0,8
gp.1000
pour 1kg/j d’augmentation
de la
production laitière).
En milieu delacta-tion, la relation entre les variations du taux
pro-téique
et de laproduction
laitière a été curvili-néaire : en dessous de la couverture des besoinsénergétiques,
la diminution du ’tauxprotéique
est faiblecomparativement
à celle de laproduction
laitière(-0,5
gp.1000
parkg
delait en
moins),
alorsqu’au
dessus des besoinsl’augmentation
du tauxprotéique
est enmoyenne
importante
(1,8
g p. 1000 parkg
delait en
plus),
mais très variable d’un essai àl’autre
(figure
3).
Cette variabilité est due enpartie
aux différences de niveaud’apport
azotéd’un lot à l’autre. Dans la
majorité
des lots oùl’augmentation
desapports
énergétiques
s’ac-compagnait
d’uneaugmentation
des apportsazotés
(essais
où les besoins azotés n’étaientpas
toujours
couverts),
un accroissementimportant
a été observé à la fois sur laproduc-tion laitière et sur le taux
protéique.
Dans lesessais où les besoins azotés étaient
toujours
couverts, cet accroissementporte
essentielle-ment sur le taux
protéique.
3
/ Discussion
et
conclusions
Les
réponses
deproduction
laitière obtenues dans cette étude sontlégèrement supérieures
àla
plupart
de celles observées dans d’autres étudesbibliographiques,
en raison de lacorrec-tion des apports
énergétiques
pour tenircompte des
phénomènes
d’interactionsdiges-tives et
métaboliques.
Calculés sans faire cettecorrection, ils s’inscrivent tout à fait dans la
gamme des valeurs moyennes
proposées
parEkern
(1972),
Wiktorsson(1979)
ou Rémond(1985).
L’utilisation de
l’énergie
métabolisable pour laproduction
laitière est maintenant bienconnue
(environ 0,60)
et constante sur unelarge plage
deproduction, qu’il
s’agisse
devariations entre animaux de
potentiels
de pro-ductiondifférents,
ou d’animaux recevant desniveaux d’alimentation différents
(Flatt
et al 1972, Van Es1975).
Les rendementsmarginaux
toujours
inférieurs au rendement maximalthéorique (2,3
kg
de lait à 4 % de matièresgrasses/UFL)
que nous avons observésrésul-tent donc de l’effet de la variation de la
quantité
d’énergie apportée
aux animaux, à la fois sur lasécrétion de lait et sur la
quantité
de réservescorporelles.
Dans ces
conditions,
cette étude apermis
deconfirmer et de
préciser
les résultats obtenusou les
hypothèses
émises par différents auteurs.En début de
lactation,
laréponse
de laproduc-tion laitière est en moyenne
supérieure
à celleobservée en milieu de
lactation,
comme cela aété couramment observé
(Broster
et Broster1984).
Celas’explique
d’abord par le fait que leniveau de couverture des besoins
énergétiques
à cette
période
n’estpratiquement jamais
réa-lisé. La
réponse
observée chez lesmultipares
en début de lactation est ainsi voisine de celle observée en milieu de lactation pour un déficit
énergétique
de 2 UFL(figure 4),
cequi
corres-pond
à peuprès
au déficit moyen observé dansles lots « moyens » en début de lactation
(tableau 2).
D’autrepart,
il estpossible
que laconcentration en MAT des rations distribuées
dans les essais en début de
lactation,
bien queplus
élevée que dans les essais en milieu de lac-tation, n’ait pas été suffisante à unepériode
oùla
réponse
deproduction
auxapports
azotés estimportante
(Vérité
1983).
Le fait que cetteréponse
soit linéaire est certainement dû enpartie
à laplage
de variation des données(Bros-ter et al
1985), plus
restreinte en début delacta-tion
qu’en
milieu de lactation ou que dans lesLa
réponse
du tauxprotéique
du lait
à des variationsd’apports
énergétiques
estlinéaire,
mais
plus
faibleen début
qu’en
milieuLorsque
lesbesoins
ne sont pas
couverts,
la
réponse
de
laproduction
laitière à desapports
énergétiques
croissants estd’autant plus
importante
que lasous-alimentation
estde
plus
longue
durée.essais de
longue
durée.D’ailleurs,
pour ces2
périodes,
la réduction de cetteplage
de varia-tion rend la relationpratiquement
linéaire.La
réponse
deproduction
laitièresupérieure
sur les essais de
longue
duréecomparativement
aux essais de courtedurée,
surtoutlorsque
leniveau des apports est
éloigné
desbesoins,
confirme les observations de Broster et Broster(1984).
Celasignifie
que le rôle tamponjoué
par les réserves
corporelles
diminue avec letemps,
en raison de leurépuisement
progressif
et,
corrélativement,
d’unerégulation
duméta-bolisme de l’animal
qui
restreint sesdépenses
(lait)
afin de maintenir son homéostasie. Cettesituation est
généralement plus rapidement
atteinte chez les vaches fortes
productrices
(dont
l’étatcorporel
est souvent inférieur àcelui de vaches
plus
faiblesproductrices),
cequi
expliquerait
la tendance observée danscette étude à une
plus
forte diminution de laproduction
àlong
terme chez ces animaux, etconfirmerait les observations faites dans le
même sens dans certaines
comparaisons
intra-essai(Wiktorsson
1979, Kroll et al 1986, Coulonet al
1987).
Les résultats concernant l’effet duniveau de
production
sur le rendementmargi-nal en lait restent
cependant
contradictoires : d’autres auteurs ont ainsi montré l’absence d’effet de ce facteur(Wiktorsson
1971,Johnson
1979, Gordon
1984).
Cettedivergence,
aumoins
apparente,
peut avoir 2explications :
-
comme le
signale
Leaver(1988),
laréponse
marginale
deproduction
laitière à un apportsupplémentaire
de concentrédépend
de la dis-tribution à volonté ou non dufourrage ;
lorsque
celui-ci est offert à
volonté,
lesréponses
margi-nales à
l’apport
de concentré sont les mêmes pour des vaches fortes ou faiblesproductrices,
alors que
lorsque
lefourrage
est restreint, les fortesproductrices
présentent
desréponses
marginales plus
importantes
(Leaver
1988) ;
- il est
probable
quelorsque
des vaches dedif-férents
potentiels
deproduction
étaientcompa-rées dans les mêmes essais, les vaches faibles
productrices
avaient tendance à être mieuxali-mentées relativement à leurs besoins que les vaches fortes
productrices :
la loi desrende-ments décroissants entraîne alors une
réponse
plus
importante
des vaches moins bienalimen-tées.
La
réponse
deproduction
laitièreplus
élevéelorsque
lesapports
azotés étaient faibles et s’ac-croissaient en mêmetemps
que lesapports
énergétiques pourrait
être liée1)
à unaccrois-sement des apports
énergétiques supérieur
àcelui que nous avons calculé et
qui
résulterait de l’amélioration de ladigestibilité
de la ration(et
donc de sa valeurénergétique)
apportée
par son enrichissement en azote. Vérité(1978)
etRémond
(1985)
ont en effet observé desaccroissements de valeur
énergétique compris
entre 0,01 et 0,02 UFL par
kg
MS de ration etpar
point
p. 100 de MATsupplémentaires
jus-qu’à
des teneurs de 18 % de MAT dans laration,
2)
à une meilleure utilisation desnutri-ments absorbés pour la
production
laitière,
duesoit à une amélioration de l’efficacité de la
syn-thèse du
lait,
soit à un partage de l’utilisationdes nutriments
plus
favorable à laproduction
laitière.La
réponse
de tauxprotéique
a été linéaire sur laplage
desapports énérgétiques
considé-rée, cequi
confirme les observations deEmery
(1978),
Rémond(1985)
etSpôrndly (1989).
Ellea été
supérieure
(sauf
en début delactation)
à celle observée par ces auteurs(0,35
à 0,50g/UFL)
pour la même raison que celleévoquée
pour la
production
laitière. Elle a étéplus
faible en début de lactationqu’en
milieu. Ilsemble-rait donc
qu’en
début de lactationl’augmenta-tion des apports
énergétiques
stimuleplus
laproduction
des matièresprotéiques,
en lesconcentrant peu, alors que par la suite, ce serait
la concentration de ces matières
qui
seraitfavo-risée. Ceci est
peut-être
lié au niveau decouver-ture des besoins
énergétiques
en début delac-tation. La relation curvilinéaire obtenue entre
ces 2
paramètres
en milieu de lactation semblemontrer que
lorsque
lesapports
sont inférieursaux
besoins,
laproduction
laitière augmenteplus
que le tauxprotéique,
alorsqu’au-delà,
c’est
plutôt
l’inverse.En
pratique,
ces résultats permettent demieux raisonner les
conséquences
dediffé-rentes
stratégies
de rationnement sur lapro-duction et la
composition
du lait(tableau
4).
Ilsmettent
principalement
en évidencel’impor-tance de la durée de la
période
desur-(sous)ali-mentation
énergétique
et de son association ounon à une sous-alimentation azotée.
Par
ailleurs,
ils semblent montrer que l’effet du niveau deproduction
des animaux, s’ilexiste, est
complexe
(variable
suivant la durée de lasous-alimentation).
Il doit êtreinterprété
avec
prudence,
en raison de la liaisonprobable
entre ce facteur et le niveau des réserves
corpo-relles,
liaisonqui
n’a pas pu êtrequantifiée
dans cette étude. En
effet, l’absence,
dans lamajorité
des essais, de la notation de l’étatcor-porel
des animaux, n’a paspermis
de tenircompte de ce
facteur,
dont on sait pourtantqu’il
interagit
fortement avec le niveaud’apport
énergétique
dans laréponse
deproduction
lai-tière à la sous-alimentation
(Garnsworthy
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La version initiale de ce texte, en langue anglaise, est en
Summary
Variations in milkoutput-and
’milk fat andprotein
content in response to the level ofenergy
supply
to thedairy
cow: a review.The purpose of this review was to determine with accuracy the effect of the lactation
stage,
length
ofunder/over-feeding,
age andproduc-tion
potential
of the animals on the milkout-put
and milkprotein
content response to vari-ations in the energysupply. Sixty-six feeding
trials on
dairy
cowsproducing
9 to 29kg/d
(6
to 30cows/experimental
group)
andincluding
at least 3 levels of energy
supply
werecom-pared.
The energysupply
wasexpressed
as anenergy unit
effectively
available to the animal(Feed
Unit forLactation, UFL).
Inearly
lacta-tion,
the milkyield
response to energysupply
was linear and
large
(+
0.9kg
ofmilk/UFL).
In mid-lactation and in
long-term
trials thisresponse was curvilinear. When the
supply
was below therequirements,
the response washigher
inlong-term
trials than in short-term trialsperformed
in mid-lactation(2.2
kg/UFL
versus 1.3
kg/UFL,
P <0.01).
Theprotein
con-tent response to energy
supply
was linearwhatever the
stage
of lactation or thelength
ofthe trials. In
early
lactation,
it was half that inmid-lactation or in
long-term
trials(0.6
gp.1000/UFL).
The relation between variations in milkyield
and in milkprotein
content wascurvilinear and
depended
on thestage
of lac-tation and on the level offeeding proportional
to the energy
requirements.
It was notpossible
to demonstrate anysignificant
effect of theproduction potential
on milkyield
and milkprotein
content responses to variations inenergy
supply.
COULON J.B., REMOND B., 1991. Réponses de la
production
et de la composition du lait de vache auxvariations