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UR 02 - Cours 00 Introduction Philippe Dehan

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Academic year: 2022

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UR 02 - Cours 00 Introduction

Philippe Dehan

Une planète de plus en plus urbaine

La ville est un phénomène multimillénaire puisque c’est bien avant les civilisations grecques et romaines que naissent les premières villes, dans les sociétés organisées du Moyen Orient.

Mais le phénomène urbain s’est aujourd’hui complètement transformé :

En 1900, malgré la révolution industrielle dans les pays occidentaux, 10 % de la population mondiale seulement vit dans des villes (soit 160 millions de personnes) ;

En 1950 le taux monte à 29 % soit 730 millions pour une population montée à 2,5 milliards de personnes ; En 2000 le taux d’urbanisation était de 48 % avec une population urbaine de 2,9 milliards de personnes sur une

population totale de 6,1 milliards.

En 2008 la planète a officiellement atteint un taux d’urbanisation de 50 % ; la moitié des 6,5 milliards d’humains vivent donc aujourd’hui dans des agglomérations.

En 2008, la population urbaine a officiellement dépassé celle de la population rurale. Nous sommes désormais à plus de 50 % d’urbains sur l’ensemble de la planète.

Ce phénomène avait commencé en Angleterre où, avec l’industrialisation la population urbaine composait, dès les environ de 1870, la moitié de la population. En France, ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que cette modification structurelle de la population sera effectuée

Le phénomène de croissance actuellement à l’œuvre est double beaucoup plus marquant que les phénomènes antérieurs car la croissance se fait à la fois en % et en chiffre brut puisque la population mondiale augmente fortement. : entre 1900 et 2000, la population fut multipliée par 4.

Origines de la croissance urbaine

La croissance des villes est liée à trois phénomènes : - l’exode rural

- le taux de fécondité (qui baisse avec l’éducation et qui est toujours moins fort en ville)

- la baisse de la mortalité liée au progrès de la médecine (l’espérance de vie est toujours meilleure en ville) ;

Le premier est le moteur le plus important dans le cas des fortes progressions. Le second et le troisième sont liés au phénomène de transition démographique qui fait que, dans les pays du tiers monde, avant que

l’augmentation du niveau d’éducation et en particulier celui des femmes, ne conduise à faire baisser la natalité, la baisse de la mortalité, liée à l’amélioration de l’hygiène et de la médecine, induit un saut démographie en quelques décennies. Ce n’est qu’ensuite, dans un deuxième temps, que la courbe se stabilise et qu’on arrive à une progression démographique lente voire négative, comme en Europe et au Japon.

Une transformation récente et radicale des phénomènes urbains

Le phénomène d’une urbanisation forte est récent. Entre la création des premières villes dans l’antiquité et la révolution industrielle au 18e et 19e siècles, le phénomène urbain est resté relativement stable : de petites villes relativement peu nombreuses jouxtent des campagnes très peuplées.

La révolution industrielle voit émerger un certain nombre de villes importantes, mais le phénomène urbain n’explose qu’au 20e siècle.

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En 1800, les cinq plus grandes villes sont : - Pékin 1 100 000 habitants

- Londres 861 000 - Canton 800 000

- Constantinople 570 000 - Paris 550 000

En 1900, les cinq plus grandes villes sont : - Londres compte 5,5 millions d’habitants - New York 4,6

- Paris 3,6 - Berlin 2,4 - Chicago 1,7 En 1950

- New York 12,3 millions d’habitants - Tokyo 10,4

- Londres 9 - Osaka 6,8

- Paris 6,1 millions, à égalité avec Moscou En 1975

- Tokyo 26,6 millions

- New York-Newark 16 millions - Mexico city 10,7

- Osaka-kobe 9,9 - Sao Paolo 9,6

Une forte dualité entre deux type de mégalopoles en croissances

les choses ont encore évolué de manière forte. En 2000, d’après l’ONU, il y avait : 10 villes de plus de 15 millions d’habitants et 8 villes de plus de 10 millions.

L’agglomération parisienne avec 9,2 millions ne fait plus partie du peloton de tête mais en 19eme position bien devant Londres qui n’est plus que la 22eme ville avec 9,1 millions

En 2007, deux métropoles économiques restent en tête : - Tokyo-Yokohama avec près de 35,7 millions - La conurbation New York – Newark avec 19 millions et ensuite, il s’agit de ville de pays émergents :

- Mexico vient ensuite avec 29 millions - Mumbai (Bombay) 19 millons

- Sao Paolo un peu moins de 19 millions

Paris est en 20 eme position derrière Moscou (18e) ; quand à Londres elle passe en 26e position après la ville chinoise de Guangzhou (près de Honk-kong)

Dans cette évolution, le phénomène le plus marquant est le fait que, désormais, loin devant les villes

européennes, de nombreuses villes des pays les plus pauvres atteignent aussi des dimensions incroyables : Bombay compte 19 millions, Calcutta 15 million, Lagos près de 10 millions

Parallèlement il faut souligner que se mettent en place d’énormes aires urbaines, des conurbations

gigantesques, comme celles de Tokyo-Osaka (47 millions d’ha) ou New York-Philadelphie plus de 20 millions qui ne sont pas toujours comptées comme entités urbaines en tant que telle mais qui fonctionnent de manière globale ; et ce phénomène se retrouve dans le tiers monde.

- la rivière Pearl qui regroupe Hong-Kong et Guangzhou

- la rivière Yangze autour de Shanghai ; le bassin économique de Shanghai est le plus grand du monde et regroupe une population presque aussi importante que celle des USA entiers

- Entre Rio de Janeiro et Sao Paolo se met en place une région métropolitaine de 37 millions d’habitants, structurée par un axe de transport de 500 km

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- A new Delhi c’est la région entière qui est urbanisée : on constate une sorte de fusion entre développement urbain et régional ; un changement d’échelle.

A une échelle plus modeste, en Europe, l’axe Grenoble - Lyon - Marseille - Nice Gêne constitue aussi une conurbation fonctionnant de manière de plus en plus globale, de plus en plus intégrée.

A coté des villes gigantesques, le nombre de grandes villes de plus de 1 million d’habitants explose : en 2005, la Chine en comptait 166, alors qu’il n’y en a que 9 aux USA. En Afrique, à côté de la création d’une métropole comme Lagos – 13 millions d’habitants, de nombreuses villes moins importantes, comme Ouagadougou, Nouakchott Douala ou Conakry sont devenues des villes aussi larges que San Francisco ou Manchester…

En fait, la croissance urbaine touche les villes de toutes échelles. Les villages deviennent des bourgs, les bourgs deviennent des villes, les petites villes s’élargissent parfois énormément et absorbent une grande partie de la croissance urbaine. L’importance de la croissance des petites villes est particulièrement marquée dans un pays comme la Chine, sans doute parce que la planification est plus forte que dans d’autres pays en développement.

Il faut aussi souligner que les mutations ne sont pas que quantitatives. Le phénomène urbain s’est

profondément modifié au cours des dernières décennies. Jusque là la croissance urbaine accompagnait la croissance économique. Depuis le 19 e siècle, les périodes d’explosion urbaine étaient liées au développement économique. Et, à l’exception peut être de Dublin, qui a préfiguré une croissance sans développement

économique, la croissance urbaine du XIXe et début du XXe siècle, était liée au développement industriel.

Les conditions de vie des habitants n’étaient pas bonnes (voir Dickens), mais les gens avaient du travail. Ils quittaient les campagnes surpeuplées pour trouver du travail en ville.

Ce modèle de développement conjoint de la ville et de l’économie est encore vrai dans les pays d’Asie du sud est, Chine, Taiwan, Corée, en Inde (Bombay), en Amérique du sud – même si la croissance économique n’est pas toujours au rendez-vous, mais plus du tout en Afrique sub-saharienne où l’on a vu se développer un nouveau phénomène : celui de croissance urbaine totalement déconnectée de l’économie. C’est ainsi que de nombreuses villes d’Afrique grandissent, à un rythme soutenu, alors qu’il n’y a ni richesse ni travail. Les gens fuient les campagnes où l’agriculture ne nourrit plus la population pour s’installer en ville sans espoir réel de trouver une activité.

Plusieurs facteurs peuvent être évoqués : la très mauvaise gestion politique économique de ces pays à conduit à des ajustements structurels violents liés à la dette, imposés FMI et la banque mondiale. Des actions qui déstructurent l’agriculture. Ensuite à part la Chine et quelques états de l’Inde, aucun pays du tiers monde et en particulier de l’Afrique n’a mis en place une politique active de limitation de la natalité. La surpopulation, est un facteur important puisque la population croit alors que la production agricole recule. Enfin, les guerres civiles, la corruption, les maladies ont une action complémentaire qui déstructure les populations et les pousse à migrer vers les villes. Les gens viennent donc en ville sans espoir de trouver du travail, créant des sortes de camps de réfugiés économiques plus que de vraies villes. Les Nations Unies estiment que, dans le tiers monde, le parc de logement ne représente que 20 % des besoins. C'est-à-dire que 80 % des gens vivent dans le « marché illégal ou informel », c'est-à-dire les taudis et les bidonvilles.

Les très fortes inégalités sociales des pays pauvres conduisent des millions de gens à la pauvreté et la famine.

Ils n’ont d’autre solution de logement que les bidonvilles.

Les phénomènes d’explosion urbaine affectent donc conjointement trois types d’agglomérations : 1) De manière traditionnelle les mégalopoles qui dirigent l’économie mondiale ;

2) Les grandes villes des pays émergents qui s’inscrivent dans la course mondiale de l’économie, en devenant les bassins productifs du monde, comme l’étaient le bassin de la Ruhr ou le nord de la France dans les années 60 ; Shanghai ou Séoul par exemple

3) les villes, petites et grandes, des pays économiquement les plus mal en points, créant des concentrations humaines fortes et dense, sans que les moyens économiques de leur survie soient assurés.

Par contre en Europe, les petites villes, dont Compiègne pourrait être un exemple ont une croissance faible.

Le bidonville est le lot du tiers de la population.

Dans un livre, le sociologue américain Mike Davis pose la question la terre est-elle en train de devenir une Planet of Slums (traduit en français sous le titre « le pire des mondes possibles, de l’explosion urbaine au bidonville global » La découverte 2006) ?

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Car si désormais 50% de la population vit en milieu urbain, les conditions urbaines ne sont pas les mêmes pour tous. Alors que les bidonvilles sont largement résorbés dans les pays développés (même s’il existe des ghettos, des quartiers pauvres et qu’on trouve encore quelques petits bidonvilles, même en France), au niveau mondial, c’est 32% de la population qui vit dans des bidonvilles. Officiellement selon les chiffres des nations unies c’est 900 millions de personnes, soit presque 1 milliard de personnes, vivent dans des taudis et bidonvilles.

Cette population se répartie entre les villes des pays en voie de développement ou de « sous-développement » comme l’Afrique. Dans ces derniers pays la situation est particulièrement grave puisque, en Afrique sub-

saharienne, en 2001, 72% de la population vivait dans des bidonvilles. C'est-à-dire presque les trois quarts de la population. C’est donc la condition urbaine de près du tiers de la population.

En 2005 le pourcentage de population logée dans des bidonvilles varie selon les lieux : 72% en Afrique Sub-Saharienne

58 % en Asie du centre sud 36% en Asie de l’Est 33% en Asie de l’Ouest

32 % Amérique latine et Caraïbes 28% en Afrique du nord

28% en Asie du Sud-est 24% en Océanie

Quantitativement, c’est l’Asie, plus peuplée qui abrite la plus grande population des bidonville (554millions de personnes), suivie par l’Afrique (187 millions) puis par l’Amérique latine / Caraïbes avec 128 millions de personnes. Les bidonvilles des pays industrialisés ne représente « que » 54 millions de personnes…1. Dans les pays en voie de développement il peut y avoir l’espoir d’une résorption avec la croissance économique, dans les autres aucun.

Mais même dans les pays émergents, comme l’Inde, la chose ne sera pas simple car la croissance des

bidonvilles est plus forte que celle des populations. C’est ainsi que les bidonvilles indiens croissent 250 fois plus que la population. Parmi les 500 000 personnes qui émigrent chaque année à Delhi, 400 000 vivront dans des bidonvilles. C’est ainsi qu’en 2015 la capitale de l’Inde devrait avoir une population vivant des les bidonvilles de 10 millions d’habitants, c'est-à-dire un peu plus que celle de l’agglomération parisienne (9,5 millions).

L’UN-Habitat parle d’une « bombe sociale explosive » ou d’une « bombe urbaine explosive »2. Cette situation globale au niveau mondiale est forcément instable.

Cela explique la pression des phénomènes migratoires actuels (beaucoup d’africains ont le choix entre une vie sans travail, dans un bidonville, ou tenter sa chance pour émigrer dans un pays riche… Les espagnols, les Italiens, ne sont pas près de voir s’arrêter les phénomènes d’immigration illégale.

Comme le remarque Mike Davis, dans Planet of slums (le pire des mondes possible), les urbanistes et utopistes visionnaires du début du XXe siècles imaginaient, la ville du futur comme une ville haute, composée

d’immeubles de béton, de verre et d’acier. La réalité est moins romantique : la ville du XXIe siècle est une ville basse, étalée et composée de briques crues, de paille, de parpaings non enduit, de tôle ondulée, de déchets de bois et de plastique.

On le voit l’histoire de la ville est en plein développement et l’un des enjeux majeur de l’urbanisme de demain au niveau mondial, sera de parvenir à transformer les bidonvilles en vraies villes. L’enjeu est, comme pour

l’environnement, mondial.

1 Chiffres extraits du communiqué de presse de la journée mondiale de l’habitat, UN-Habitat, 3 oct. 2005 à Genève

2 UN-Habitat op. cit. P. 3

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Situation en Europe et en France métropolitaine

Mais l’urbanisation n’est pas égale sur toute la planète : l’Europe et l’Amérique du Nord sont les plus urbanisés, tandis que l’Afrique et l’Asie comptent encore une majorité de ruraux3. Par contre la croissance urbaine est liée au tiers monde : le rapport 2007 ONU-Habitat, souligne que les pays en développement induisent 95 % de la croissance urbaine mondiale en recevant 5 millions de nouveaux urbains chaque mois contre 500 000 dans les pays développés.

L’Europe de l’Ouest est globalement très urbanisée, avec un taux de 75 %.

Si l’on regarde un plan montrant les agglomérations de plus de 20000 ha, on voit deux élément majeurs : une répartition globale de l’urbanisation sur tout le territoire européen avec la création d’un croissant de conurbation qui va de l’Angleterre au sud de l’Allemagne : Allemagne, Belgique et Hollande sont des pays très denses et très urbanisés : la Hollande à un taux d’urbanisation de près de 90%. La Suisse coupe cette urbanisation qui reprend en contournant les alpes : de Grenoble à Milan, en passant par Nice et Turin, se dessine une autre conurbation.

En France, le taux d’urbanisation actuel est de 80 % ; entre 1936 et 1999, la population des villes a doublé, passant de 22 à 44 millions d’habitants, alors que l’ensemble de la population n’augmentait que de 40 %.

Désormais, les trois quarts des Français vivent dans les unités urbaines, qui occupent 18,4 % du territoire seulement.

La tendance à l’étalement urbain, commencé dans les années 20-30 s’est fortement renforcé depuis les années 60, d’abord avec les grands ensembles, puis a explosé avec la libéralisation de la construction de maisons individuelles à partir de la fin des années 60. Cette extension des aires urbanisées s’est renforcée aussi par le processus d’inclusion dans les zones urbanisées de communes auparavant rurales à cause du fait que les extensions urbaines ne se font pas en continuité.

Entre 1990 et 1999, la population urbaine s’est accrue de 2,3 millions de personnes. À l’inverse, la population rurale a diminué de 400 000 personnes.

La population augmente le plus autour des pôles urbains, dans les couronnes périurbaines.

Cet espace périurbain abrite 12,3 millions de personnes ; depuis 25 ans, il a gagné plus de 3 millions

d’habitants. Dans le même temps, les pôles urbains n’en ont gagné que 2 millions, alors qu’ils étaient trois fois plus peuplés. Nous sommes donc dans un milieu très urbain, mais dans une urbanité de moins en moins dense et qui intègre un usage urbain de la campagne.

D’autant plus que le mode de vie urbain a aussi gagné les populations rurales qui partent en vacances, font leurs courses dans des super ou hypermarchés, et bien sûr possèdent tous télévision, téléphone et telphone portable, voire internet ADSL...

Mais l’Institut National d’Etudes Démographique (Ined) note néanmoins qu’en Afrique, un phénomène inverse voit le jour : les villes se ruralisent. Cela rejoint ce que l’on disait précédemment sur la ville horizontale (les bidonvilles) : avec la dégradation des conditions de vie en milieu urbain, les citadins, souvent nouveaux venus des campagnes adoptent ou prolongent un mode de vie importé de la campagne et une partie croissante de la population urbaine vit d’agriculture, en particulier dans les villes secondaires4.

3 Population et société n°435, juin 2007

4 Population et société n°435, juin 2007

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