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Énergie mécanisable et entropie
J. Mercier
To cite this version:
ÉNERGIE MÉCANISABLE
ET ENTROPIEPar J. MERCIER.
Laboratoire de
Physique
del’École
NormaleSupérieure.
Sommaire. - Lathermodynamique reste pour beaucoup, qu’on le veuille ou non, quelque peu
hermé-tique. Le second principe notamment apparaît sous les aspects les plus divers.
Il est facile cependant de montrer que, pour une grande part, il n’appartient pas en exclusivité à la
thermodynamique, mais n’est que l’application à la forme calorifique de l’énergie d’une loi d’évolution
tout à fait générale. Cette part est résumée par le postulat de Clausius, la nécessité d’une chute de tempé-rature et la tendance à l’équilibre thermique. C’est alors qu’en restant dans le domaine des transfor-mations réversibles on voit s’introduire la notion d’entropie. On peut donner de cette dernière, une
interprétation physique qui permet de bien mettre son rôle en évidence. C’est une grandeur qui
s’appa-rente à la masse, à la quantité de mouvement ou à la charge électrique. Il y a lieu toutefois d’indiquer comment elle en diffère par certains de ses aspects.
Si l’on aborde le domaine des transformations irréversibles, on constate tout d’abord que la définition de l’entropie présente quelque chose de tout à fait particulier, mais on peut montrer qu’il y a lieu
justement de revenir sur cette définition et que l’intégrale
~dQ/T
représente dans Lous les cas la variationde l’entropie d’un corps au cours d’une transformation, que celle-ci se fasse ou non par voie réversible.
L’introduction et la considération d’une notion nouvelle et que nous avons désignée sous le nom
d’énergie transformable; ou mieux encore mécanisable, permettent de saisir de quelle façon varie,
l’entropie d’un système isolé en évolution et même de calculer directement cette variation.
Finalement les modes de raisonnement utilisés en thermodynamique peuvent s’apparenter étroitement à ceux de la mécanique. Ce qui d’ailleurs ne fait que mieux mettre en évidence la tendance caractérisée
de l’énerge à se dissiper en chaleur et à provoquer ainsi une augmentation d’entropie.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE SÉRIE VIII, IX, FÉVRIER 1948.
Transformations réversibles.
1.
L’entropie.
--Commençons
par
rappeler
comment la notion
d’entropie
s’introduit enphysique.
Après
avoir affirmé que la chaleur ne remonte passpontanément
l’échelle destempératures, puis
qu’un système
en évolution etparcourant
uncycle
fermé ’est
incapable
de donner du travail s’il n’entreen contact
qu’avec
une seule source, on fait évoluercelui-ci entre deux sources.
Le
système, après
avoiremprunté
unequantité
de chaleur
Q2
à la source chaude à latempérature
T2
restitue une
quantité Q,
à la source froide dont latempérature
estTj
et l’on est amené à écrire :la
quantité
de chaleur(Q~ .~ QI)
pouvant
être recueillie sous forme de travail 2.Mais si la chaleur ne tend pas à remonter l’échelle
des
températures, l’énergie mécanique
ne tend pas nonplus
à remonter son niveau nil’énergie électrique
à accroître son
potentiel.
Bien aucontraire,
l’élec-tricité tend d’elle-même à passer d’unpotentiel
à unpotentiel
plus
bas et,quand
on lâche uncaillou,
il tombe et ne tend pas à remonter en l’air. Et si parhasard, l’inverse
semble seproduire,
c’est que, parailleurs,
unphénomène
est venulargement
compenserle
premier.
C’est ainsi que si un ballond’hydrogène
s’élève,
c’est’que
de l’airplus
lourd esttombé,
venant
prendre
laplace
primitive
du ballon.Et pour un corps tombant d’un
niveau z2
à unniveau on
peut
écrire leségalités analogues
auxprécédentes :
De même
quand,
dans un moteur, de l’électricité passe d’un hautpotentiel
V2 à
un baspotentiel V,,
on a-- - - -
--E2 représente
dans ceségalités l’énergie
empruntée
auplus
hautpotentiel V2
etEa
l’énergie
rendueau
plus
basVl.
40
Mais il faut remarquer
qu’au
cours de cetteévolution,
au cours, de ceschangements,
il y aquelque
chosequi
se conserve. Leprincipe
d’évolution, del’énergie
s’accompagne
ainsi d’unprincipe
deconservatiorc. L’on a, en
effet,
en écrivant d’uneautre
façon
leségalités précédentes :
Nous
pourrions
ajouter
que dans le cas d’unchoc au cours
duquel
un corps à lavitesse v2
rencontreun corps à la vitesse vl, on
peut
écrireIci,
c’est laquantité
de mouvementdu qui
se conserve tandis queplus
haut c’étaient la masse et laquantité
d’électricité.Si nous
transposons
alors cequi
vient d’être dit à nospremières
égalités,
nous constaterons que làaussi,
il y aquelque
chosequi
se conserve, c’est lequotient
9 .1,
c’estl’entropie
S. Lesystème
en évolutionrend à
la,source
froidel’entropie
que lui avait cédéela source chaude.
Et l’on aura, dans les différents cas,
.
L’entropie
Sapparaît
ainsi évidemment commele facleur de
quantité
del’énergie
thermique,
T enétant le facteur de
qualité.
Et il
n’y
a pas àobjecter
que dans le cas de lachaleur,
il y a uncycle
fermé dusystème
enévolu-tion,
alorsqu’il
n’en est pas ainsi dans les autres cas. Car onpeut
très bienimaginer
également
pourceux-ci les
cycles
fermés. C’est ainsiqu’on
peut
concevoir undispositif
àcylindre
etpiston
recevant de l’eau auniveau z2
et la rendant au niveau 21.De même on
imagine
facilement un condensateur déformablequi
décrirait uncycle,
genrecycle
deCarnot,
et fournirait du travail en subissantsucces-sivement deux transformations à
potentiel
constantet deux à
charge
constante.Et comme en
chaleur,
on nepeut
pas recueillir de travail avec une seule sourced’énergie
méca-nique
ouélectrique
si lesystème
en évolutionparcourt
un
cycle
fermé.Nous savons que,
partant
des considérationsprécédentes
sur uncycle
fermé,
on montre que lavariation
d’entropie
d’un corpsB
dQ
nedépend
A T
pas du chemin parcouru pour aller de l’état initial A
à l’état initial
B,
mais seulement de ces deux états.Et l’on en déduit que
~~
est une différentielle exacte.2. Potentiels relatifs et
température
absolue.- La
physique
enquelque
sortecomparée
que nous venons d’ébaucherappelle
quelques
remarques. Lesgrandeurs
gz, U ou V sont despotentiels
relatifs,
tandis que la
température
T est unetempérature
absolue. "
Dans les transformations
adiabatiques,
de même que dans les transformations àcharge
constante,
n’interviennent certes que des différences de
tempé-rature ou des
différences
depotentiel,
mais dansl’expression qui
définitl’entropie
ils’agit
de latempérature
absolue et non d’une autre.C’est que pour évaluer le
rapport §
des chaleurs mises enjeu
dans uncycle
deCarnot,
on aégalé
ces chaleurs aux travauxcorrespondants
d’un gazparfait.
Or lapression
d’un gazparfait
estquelque
chose
d’absolu,
car elledépend
directement del’agi-tation moléculaire et la
pression
P et latempérature
Tsont alors directement
proportionnelles
l’une àl’autre,
lapremière
servant à mesurer la seconde.Ainsi le travail
qui
estproportionnel
àchaque
instant à P l’est doncégalement
à T. Il en est parsuite de même pour
Q;
la chaleur mise enjeu.
Celle-ci
d’ailleurs,
au même titre quel’énergie
ciné-tique d’agitation,
présente
quelque
chose d’absolu.Et alors que les forces de
pression
sontdirec-tement
proportionnelles
aupotentiel
absolu T del’énergie
calorifique,
les forces mises enjeu,
leschamps
enmécanique
et en électricité nedépendent
pas directement des
potentiels,
mais de leurs dérivées parrapport
àl’espace.
C’estpourquoi
d’ailleurs onpeut
sans inconvénientpartir
d’un zéro arbitrairepour évaluer les
potentiels
et lesénergies.
Mais il n’en reste pas moins que les lois de l’évolution del’énergie
sont tout à faitgénérales
ets’appliquent
aussi bien à la forme
thermique
de celle-ciqu’à
toutes les autres formes.
3. Rendement et unités. - Les considérations
précédentes
nous amènent àparler
du rendement.Toute
énergie
potentielle, quelle
que soit saforme,
peut
enpartie
et enpartie
seulement setrans-former en une autre forme et notamment en travail. Le reste est dévalué en
passant
d’unpotentiel
initial à unpotentiel
final
plus
bas. Onpeut
dire1 d t h ,.
t V22013V1 . que le rendement
théorique
est2013p2013?
, mais cequi
compte,
c’est la différence( V2
-V,).
Et enmécanique
et enélectricité,
on nes’occupe
que de ces différences et l’onparle
de rendementsthéoriques
de 100 pour 100 et de rendementspratiques
de go,g5
oug8
pour 100. Enthermo-dynamique
aucontraire, c’est
lerapport
T-2 - Ti que l’on considère et l’onparle
de rendements de 25ou de 3o pour 100.
n’est pas tombée à zéro et
quand
ils’agira
derevaloriser cette
énergie,
iln’y
aura lieu de sepréoccuper
encore que des différences depotentiel
et l’onreparlera
enmécanique
de rendementsthéoriques
de Ioo pour 100, tandis que pour lesmachines
frigorifiques
ou les pompes dechaleur
on
parlera
avec sérénité de rendementségaux
T2
à de 3oo ou de
4oo
pour 100.’
Et le rendement sera alors d’autant meilleur que l’on
agira
moins. A la limite eneffet,
le travailfourni
serait nul ainsi que(T2 -
TI),
tandis que lerendement tendrait vers l’infini ! 1
Evidemment ni
25,
ni4oo
pour 100 nerepré-sentent le rendement véritable des
opérations.
Comme pour les autres transformations
d’énergie,
le rendement
théorique
est de 100 pour 100 etl’on
essaiepratiquement
de s’enrapprocher
leplus
possible.
,Les mêmes
problèmes qu’en thermodynamique
d’ailleurs seposent
enmécanique.
On n’utilisejamais
toutel’énergie
d’un réservoirhydraulique
et
quand
un corps àgrande
vitesse vient rencontrerun corps à faible
vitesse,
iln’y
aqu’une partie
de
l’énergie cinétique
perdue
par le corps leplus
rapide
susceptible
dechanger
deforme;
le reste venants’ajouter
à celle du corps le moinsrapide.
En se
plaçant
doncuniquement
aupoint
de vue durendement, on ne
peut
pas dire que la chaleur soit une formedégradée
del’énergie.
Certes,
suivantsa
forme,
l’énergie
estplus
ou moins facile àmanier,
chaque
former sesparticularités,
mais les lois sontles mêmes pour toutes.
Il est
probable
que lemalentendu
qui
s’estproduit
n’aurait pas vu lejour
si l’on savait mesurerdirectement les chaleurs
spécifiques
et lesentropies
sans être
obligé
de passer par l’intermédiaire desquantités
de chaleur mises enjeu.
Alors que dans tous les autres domaines de laphysique,
c’est enfaisant le
produit
des deux facteurs dequalité
et dequantité
mesurés directement que l’on évalue lesénergies,
c’est en divisantl’énergie
calorifique
Q
mise en
jeu
par le facteur dequalité
T que l’on obtientl’entropie.
Et il en résulte constamment des
façons
diffé-rentes de
s’exprimer
et même de penser et de raisonner.C’est ainsi que l’on considère une masse à Io ou 20 m de
haut,
tandis que l’onparle
de calories à 3 ou 6oooabsolus. On
reçoit
une masse à I o m dehaut,
onemprunte
tant de calories à une source à 3 00~. On ne dit pas que l’onreçoit
del’énergie potentielle
à 10 m, on ne dit pas que la source fournit une
certaine
entropie.
Etpourtant
ils’agit
bien dequelque
chosed’analogue !
1On
pourrait
certesconcevoir,
pour remédier àcette confusion de
langage,
de mesurer la chaleuravec une unité
proportionnelle
à latempérature
absolue. Et l’on dirait alors que le
long
d’uncycle
fermé,
le corps en évolutionperd
autant d’unitésde chaleur
qu’il
en a reçues parailleurs,
ouplus
simplement,
comme nous l’avons fait nous-mêmeque le corps cède autant ..d’unités
d’entropie qu’il
en avait reçues.
1,’unités ainsi
envisagée
aurait pourexpression
kTet ferait en
quelque
sortependant
auquantum
hu,
k étant au même titre que h une constante universelle.Et ce sont d’ailleurs ces deux
produits qui figurent
dans la formule de Plarrck relative aurayonnement
du corps noir.Transformations irréversibles.
4. Mesure de
l’entropie.
-- On admetque la
variation
d’entropie
d’un corpspassant
d’un état Aà un autre B est donnée par
l’intégrale /
di,
T
le passage
s’effectuant
par voie réversible.L’entropie
S d’un corps est donc une fonction del’état défini dans
lequel
le corps se trouve au mêmetitre que son
énergie
interne ou sacapacité
calori-fique.
C’est ainsi que pour un corpsparcourant
uncycle
fermé dequelque façon
que cesoit,
l’inté-grale
dS est nulle. Mais si le parcours s’est effectuéd’une
façon irréversible,
on admet en mêmetemps
quel’intégrale f
f
dQ
il estnégative.
Et pour une transformation
spontanée
d’unsystème isolé,
on admet de même que l’on asimul-tanément i
.f
dS > oet
dQ
= o. ilÉtant
donnée la définition del’entropie,
iln’y
aévidemment pas de
contradiction,
cependant
iln’est pas
interdit
de songer àquelque
chose deplus
satisfaisant pourl’esprit.
Or,
onpeut
faire tout d’abord la remarque quenulle
part ailleurs,
pour la mesure ou ladé finition
d’aucune autre
grandeur physique,
on ne faitinter-venir la
façon
réversible ou non dont desphéno-mènes se
passent.
Il y a donc làquelque
chose de tout à faitparticùlier
et apriori
d’assezétrange.
Mais reprenons les raisonnements parlesquels
s’introduit la notiond’entropie.
Pour un corps
parcourant
uncycle
de Carnot entre deux sources et d’unefaçon
réversible,
l’on écritQ2 2013 Q1
= o.Cependant
la source chaude7s 7i 1
pouvant
être à unetempérature
T;
légèrement
supérieure
à latempérature T2 et la
source froide à unetempérature
T ~
inférieure àT,, T2
etT,
étant lestempératures
du corps au moment où celui-cireçoit
ou cède de lachaleur,
on est amené à42
Et
si,
parailleurs,
la différence n’est pas entièrement transformée entravail,
l’inégalité
estrenforcée si l’on
ajoute
àQ,
lespertes
de naturecalorifique
recueillies par le corps. Mais ils’agit
alors sous une formeplus
ou moins directe de chaleuréchangée
avec d’autres sources que la source chaudeou la source froide et
qui provient,
parexemple,
du travail desfrottements;
nous ne sommesplus
dans les
conditions
initiales duproblème,
l’évolutiondu corps entre les deux sources ne se faisant
plus
suivant les
adiabatiques.
Etsi,
parexemple,
ladétente a été vraiment
adiabatique
entre latempé-rature
T2 à
laquelle
était le corps avant la détenteet la
température Tl qui
était la sienneaprès,
iln’y
a paslieu,
en cequi
le concerne, de faire cetteaddition. Ou alors il ne serait pas dans l’état où il est effectivement
après
s’être détenduadiabati-quement
sous son volume actuel.Et comme d’autre
part
leséchanges
de chaleurdu corps avec les sources se font
lorsqu’il
est à latempérature T2
ou à latempérature
Tl
et nonT ;
.>ou
T’
l’égalité
g p o doit être 7 2 T1conservée,
à condition de considérer dans cetteégalité
lestempératures
du corps aux momentsoù il
échange
de la chaleur et non celles des sources.Certes la
quantité
de chaleur(Q2 - Qa )
qui a été
libérée n’apeut-être
pas été entièrement recueilliesous forme de travail. Mais écrit-on en
mécanique
que le travail d’une force F
déplaçant
sonpoint
d’application
d’une
longueur
d est inférieur à F d sousprétexte
qu’on
ne recueille pas tout le travailthéoriquement
possible ?
Est-ce que le travail desforces de
pression
dans uncylindre
est inférieurâ p du 2
Il est vrai que le cas d’un
cycle
de Carnot n’estpratiquement jamais
réalisé,
le corpsparcourant
enfait un
cycle plus
ou moinscomplexe
et n’étantpeut-être pas à
chaque
instant dans un étatidentique
dans toutes ses
parties.
Mais,
d’unepart,
toutetransformation
peut
être considérée comme unesuccession de transformations
élémentaires,
alter-nativement isothermes etadiabatiques
et parconséquent
uncycle
ferméquelconque
peut
êtreassimilé à un ensemble de
cycles
élémentaires deCarnot et, d’autre
part,
onpeut
raisonnersépa-rément sur chacune des
parties
élémentaires du corpsprises
suffisammentpetites
pour êtreconsi-dérées à
chaque
instant dans un état uniforme.Et l’on
sait,
dans cesconditions,
que desconsidé-rations
analogues
auxprécédentes
conduiront à écrire pour uncycle
fermé
f
o, en affectantT
du
signe
+ la chaleur absorbée et dusigne
- la chaleurperdue
par le corps en évolution.Ainsi,
quelle
que soitl’origine
de la chaleur reçue et T étanttoujours
lafempérafure
du corps au momentoù
il-reçoit
celle-ci,
ladifférentielle
restetoujours
une différentielle exacte etl’intégrale J II
a une valeur
indépendante
du cliemin parcouru et de lafaçon
réversible ou non dont ce chemin a été parcouru.Et
effectivement,
parcomparaison,
quand
ils’agit
d’une roue de moulin recevant de l’eau à des hauteurs variables et la rendant demême,
on nedit pas que la masse de la roue dm =
f
d V
:;a diminué au cours d’un tour
complet
sousprétexte
que tout le travail
possible
n’a pas été recueilli ! iOn pourra certes
toujours
écrirel’inéga-lité o., mais cette
inégalité
ne concerne Tpas le
corps en évolution. Ils’agit
d’une relationconcernant les sources, leurs
températures
et lesquantités
dechaleur qu’elles
fournissent
ouqu’elles
absorbent. Il
s’agira
si l’on veut d’un bilanqui
montrera que le travail recueilli à l’aide d’une machine au cours d’un de ses
cycles
est inférieur àce que l’on était en droit
d’espérer.
Mais il ne fautpas
confondre
cequi
ne doit pas être confondu.5.
Énergie
mécanisable d’unsystème
isolé.---Il n’en est pas moins vrai que
l’entropie
d’unsystème
isolé etn’échangeant
pas de chaleur avec l’extérieuraugmente
au cours d’unetransformation
spontanée.
On
peut
dire tout d’abordqu’une
telle transfor-mation suppose que dans cesystème
toutes lesvariables de tension n’ont pas une valeur
uniforme.
Tous les
points
ne sont pas au mêmepotentiel.
électrique
ou à la mêmetempérature
parexemple
Sinon le
système
n’évoluerait pas. Et du fait de la tendance naturelle àl’uniformisation
des variablesde
tension,
cesystème
possède
une certainequantité
d’énergie
transformable
en une autre forme ou entravail. C’est
pourquoi
nousl’appelons
mécanisable.Mais si cette
dernière,
lorsque
lesystème
évoluevers un état
d’équilibre,
n’est pas entièrement recueillie àl’extérieur,
de la chaleurapparaît
etéchauffe le
système,
d’où naturellementaugmen-tation
d’entropie,
car il nes’agit
pas là de chaleurprovenant
d’unecompression adiabatique.
Il est facile de montrer sur des
exemples
diversqu’il
en est bien ainsi et que
l’augrnentation
det’entropie
d’un
systèmes
isoléprovient
d’unetransf ormation
totate ou
pcertielle de l’énergie
mécanisable de cesystème
en chaleur.1° Considérons deux corps
électrisés,
l’un aupotentiel
Vz;
l’autre aupotentiel
V,,
autrementdit un condensateur
chargé.
Lorsqu’une
quantité
d’électricité passe de l’un à l’autre à travers un, moteur, on
peut
recueillir sous forme de travail lapar effet Joule. Il y a alors
augmentation
del’en-tropie
et celle-ci est bien due àl’énergie
mécani-sabledq
(Vs
-V])
etqui
n’a pas été « mécanisée ».’),0 Considérons de même deux vases
communi-quants
et non enéquilibre.
Cesystème
estsuscep-tible de fournir un certain travail tant que les surfaces libres ne sont pas au même niveau dans
les deux vases. Si le
système
évolue delui-même,
on arrivera à cette
égalité
deniveau,
maisl’énergie
mécanisable
qu’il
contenait se sera transforméeà peu
près intégralement
en chaleur à sonprofit
et, par
suite,
satempérature
et sonentropie
augmen-teront.
D’ailleurs,
cesystème
une fois àl’équilibre
renfermera bien encore de
l’énergie,
mais dont unepartie
ne sera mécanisablequ’autant qu’on
pourral’opposer
à un autresystème
de même nature et à niveau inférieur.3° Soit maintenant un condensateur de
pression
réalisé par deux gazparfaits
renfermés dans uncylindre
de volumeinvariable,
auxparois
imper-méables à la chaleur et
qui
sontséparés
par unpiston
parfaitement
mobile,
parfaitement perméable
à lachaleur et de
capacité calorifique
nulle. Ouplus
simplement
considérons la détente d’un gaz dans levide,
cequi
revient à considérer l’un des gazprécé-dents comme étant à une
pression
nulle
et cequi
constitue une des
expériences classiques
de lathermo-dynamique.
Pour ce gaz
parfait,
en détenteadiabatique
réversible,
on aLe travail
disponible
estMais si ce travail n’est pas
récolté,
il setrans-formera en chaleur et l’on aura
- Cette valeur est bien conforme aux
expressions
classiques.
Pour une détente
qui
ne serait pasélémentaire,
l’on aurait
par voie réversible et
par voie irréversible.
Si le gaz n’était pas
parfait,
l’augmentation
d’entropie
serait moindre pour une mêmedétente,
car une
partie
du travail aurait été utilisée contreles forces intérieures et resterait
emmagasinée
sousforme
d’énergie
potentielle
interne.La valeur
de T
n’est donc pas nulle et mesurebien encore
l’augmentation d’entropie.
L’échauf-fement ici ne
provient
pas en effet d’unecompres-sion
adiabatique.
On n’a pas fourni au gaz dutravail,
mais de la chaleur.Soit encore un condensateur
thermique
quenous supposerons constitué par deux corps de même
capacité calorifique
poursimplifier
leschoses,
devolumes invariables et à des
températures
diffé-rentes
T~
etT,.
On a bien là un réservoir
d’énergie
mécanisable et il est facile de calculer celle-ci.Imaginons
pour cela une machinethermique
fonctionnant entre les deux corps à intervalle detempératures
décrois-sant et
permettant
ainsi
de recueillir le travaildisponible.
On a à
chaque
instantD’où la
température
finaled’équilibre
Mais si l’on ne recueille pas
l’énergie
disponible,
latempérature
finale est T=201320132013~’
L’énergie
transformable a donc pour valeur
Supposons
que cetteénergie
ne soit pas recueillieet se transforme en
chaleur,
les deux corps vont seréchauffer
de T’ à ~’ etl’augmentation
d’entropie
seraPar voie
irréversible,
de la chaleur passedirec-tement de la
température T2
à latempérature T,.
L’entropie
augmente
et l’on aLa variation totale a pour valeur
Le
résultat,
comme il étaitprévu,
est exactementle mêmes.
50 On
peut
généraliser
cequi
précède
enconsi-dérant Je cas
complexe
d’unsystème
où latempé-rature, la
pression
et lesdifférents
potentiels
varient d’unefaçon
quelconque, plus
ou moins continueou discontinue d’un
point
à l’autre. Ce cas estnotamment celui des détentes irréversibles au cours
44
mais il y a
toujours
tendance àl’équilibre.
Certesle calcul direct n’est pas
toujours
possible, cependant
onpeut
théoriquement
diviser lesystème
en une infinité d’éléments pourlesquels
lapression
et latempérature
sont uniformes et deproche
enproche
calculerl’augmentation d’entropie
résultantde la mise en
équilibre
de deux éléments voisins etprogressivement
deplus
enplus importants.
Les cas examinés sont de natures différentes. On
part,
soit de sourcesd’énergie
autres quethermique,
soit d’unsystème susceptible
’de fournir du travaildu fait de l’existence
,de
forces depression,
soitfinalement d’un
système
àénergie thermique
etévoluant normalement sans fournir de travail. Le
dernier
exemple permet
de ramener les cas lesplus
complexes
aux castypes
lesplus
simples.
Lesrésultats sont absolument
généraux. ,
A la
façon
dont nous avons considéré leschoses,
on
peut objecter
l’expérience
deBerthollet,
c’est-à-dire le cas dumélange
irréversible de deux gaz à la mêmepression
et à la mêmetempérature
et au coursduquel
l’entropie
augmente.
Mais comment se fait-il alors que lemélange
de deux volumesremplis
d’un seul et même gaz n’entraîne aucuneaugmentation
d’entropie?
C’est que dans ce derniercas on ne
peut
niréaliser,
ni mêmeimaginer
undispositif
permettant
de recueillir dutravail,
contrai-rement au
premier
cas où l’onpeut toujours
enappeler
aux cloisonssemi-perméables
qui permettent
de recueillir du travail. Et c’est bien ainsi d’ailleurs
en considérant de telles cloisons que l’on calcule
l’augmentation d’entropie
relative aumélange
degaz de natures différentes.
L’objection
ne fait donc au contraire que renforcer notrepoint
de vue. Iln’y
aaugmentation d’entropie
dansl’évolution
d’unsystème
qu’autant
que l’onpeut imaginer
undispositif permettant
de recueillir du travail etquand
en réalité on ne recueille pascomplètement
toutel’énergie
mécanisable que renfermait cesystème.
Et pour
qu’il
y aitaugmentation
d’entropie
dans lemélange
de deux volumes d’un même gaz,il faudrait avoir des cloisons
qui
ne seraientper-méables
qu’aux
seules molécules d’un des volumes et pour cela faireappel
àquelque
diablequi
neserait pas celui de Maxwell et
qui
donnerait auxmolécules de
chaque
volume despropriétés
parti-culières.
6. Conclusions. - Au
cours de cette
étude,
nous avons montré quel’entropie
était unegrandeur
s’apparentant
étroitement auxgrandeurs
de masse, decharge
ou dequantité
de mouvement. On neparle
d’ordinaire que del’entropie
d’un corps, mais toutequantité
de chaleurpeut
être considérée commele
produit
de latempérature
T par une certaineentropie
et dans une transformationréversible,
cette dernière
peut
passer d’un corps à un autresans modification au même titre
qu’une
charge
ouqu’une quantité
de mouvement.Certes,
iln’y
a pas que des transformationsréversibles. Mais nous avons montré que la vaiiation
d’entropie
d’un corpspouvait
s’évaluer parl’inté-grale
i
dans tous les cas,quel
que soit le moded’évolution,
réversible ou non, à condition deprendre
àchaque
instant pour T dans cetteintégrale
la
température
du corps et de tenircompte
de toutesles
quantités
de chaleurfournies,
enparticulier
de celles
qui
proviennent plus
ou moins directementde
l’énergie mécanisable,
que l’on doit considérercomme une
énergie
noble,
quelle
que soit la formesous
laquelle
elle se trouve, mêmecalorifique
etqui
n’a pas été entièrement mécanisée au cours destransformations.
Dans la définition de la variation
d’entropie
d’un corps, les restrictions faites d’ordinaire
relati-vement à la réversibilité ou l’irréversibilité des
phénomènes
n’ont donc pas leur raison d’être et sontsuperflues.
Et c’est ainsi que nous avons pueffectivement montrer
qualitativement
et aussiquantitativement
d’oùprovenait
l’augmentation
d’entropie
au cours des transformationsspontanées
d’unsystème.
Le corps nereçoit
pas de chaleur del’extérieur
etcependant
di
augmente.
Dans lesT
premiers
exemples
envisagés,
de la chaleur naît à l’intérieur dusystème
enévolution,
au détriment del’énergie
mécanisable non recueillieextérieu-rement. Cette
augmentation
del’entropie provient
ainsi d’unphénomène
secondaire(frottements
parexemple)
faisant passerl’énergie
mécanisable
sousla forme
calorifique,
car l’évolution dusystème
qui
permettrait
de la libérer n’entraînerait aucunevariation
d’entropie.
Dans un des cas examinés où
l’énergie
méca-nisable est sous formecalorifique,
iln’y
a même pasobligatoirement
libération de cetteénergie
etpassage
ensuite à nouveau sous la forme
calorifique.
Lachaleur
qui
était mécanisable reste sous forme dechaleur et
cependant,
comme le calcul le montre,cela revient au même. La chaleur se dévalue alors
d’elle-même en
passant
d’unetempérature
donnéeà une
température
inférieure. Le nombre « d’unitésde chaleur » ou_ mieux encore
d’entropie,
au sens où nous l’avonsenvisagé,
augmente.
Onpeut
unpeu comparer
l’opération
à celle d’unebanque
d’État
dont la réserve d’or est x milliards unjour
et 2 x lelendemain,
sans que laquantité
d’or ait varié. Mais c’est l’unité de mesurequi
a varié. De même ici la-quantité
de chaleur n’a pasvarié,
mais il y a eu en moyenne dévaluation des unitésde chaleur et, par
suite,
augmentation
de leurgénéralement
que dans la différentielledQ
il y a Tlieu
d’envisager
aussi bien la variation de T quecelle de
dQ.
Et cet
exemple
montrequ’il
est nécessaire dedistinguer
les transformationsadiabatiques,
au sensordinaire,
des transformationsisentropiques.
Il
n’y
a concordance que dans les transformationsréversibles,
lorsque
l’énergie
mécanisable estentiè-rement libérée et recueillie extérieurement.
On
pourrait objecter
que dans les calculseffectués,
nous avons
plus
ou moins consciemment et d’unefaçon plus
ou moins visiblesupposé
une certainerégularité,
pour ne pas dire une certaine réversibilitédes
phénomènes.
Dans le cas d’un corps chaud etd’un corps froid par
exemple,
etqui
échangent
dela
chaleur,
nous avonssupposé
quechaque
corpsétait à
chaque
instant àtempérature
uniforme. Mais le dernier casrépond
à cetteobjection.
Onpeut toujours
en effet raisonner sur desparties
élémentaires des corps et ensuite faire la somme de
ce
qui
a été calculé.Pratiquement
le calcul sous cette forme seraprobablement
impossible,
fauted’en
connaître
leséléments,
mais il suffit de savoirqu’il
estthéoriquement
possible.
N’est-ce pasd’ailleurs ainsi que l’on
procède
d’ordinaire,
toutphénomène
étant en soi et en réalité irréversible ?Il y a donc
lieu,
enThermodynamique
comme enMécanique,
de considérer lesphénomènes
sous uneforme
stylisée
d’abord
comme s’ils étaientréver-sibles et l’on ne s’en fait d’ailleurs pas faute avec
l’emploi
sirépandu
desdiagrammes entropiques.
Puis dans une étudecomplémentaire,
comme enMécanique
pour lesfrottements,
on tientcompte
de la tendance del’énergie
àl’éparpillement
molé-culaire,
c’est-à-dire de sa tendance à se transformeren chaleur ou à rester sous cette forme si elle l’est
déjà.
C’est cequi
a lieu parexemple
avec des corpssolides chauds et froids en
présence,
car une diffé-rence detempérature
n’est pas
une déterminantede mouvement
et,
parsuite,
de travail au même titrequ’une
différence
depression.
Et c’est en
procédant
ainsi et en considérant ceque nous avons
appelé l’énergie
mécanisable d’unsystème
tsolé,
etqui
n’est pas à confondre avec cequ’on désigne
parénergie
libre d’unsystème
évoluantà
température
constante au contact d’une sourcede
chaleur,
que l’on arrive à saisir vraiment dansson processus l’évolution
générale
et irréversible desphénomènes.
On en voitl’origine
physique
précise
et l’on s’en fait une idée vraimentquanti-tative conformément à
la
définitionénergétique
del’entropie
sans avoir àimaginer
un cheminfictif,
tout à fait différent de celuiqui
est effectivement suivi par les corps etqui,
parsuite,
nepeut
pasdonner une idée vraiment nette et
suggestive
deschoses.