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Résoudre la pénurie de profs en trois étapes

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Academic year: 2022

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Résoudre la

pénurie de profs

en trois étapes

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La pénurie de profs est un problème réel depuis vingt ans dans l’enseignement francophone. Mais depuis ce temps, aucune solution durable n’a permis de résoudre ce grave problème. Les conséquences sont évidentes : difficultés de trouver des remplaçants, élèves de nombreuses heures à l’étude – parfois déjà en début d’année – faute de prof, remédiations à la trappe, etc. Juste avant la crise covid, une étude réalisée par la Communauté Française elle-même a permis de conclure qu’au moins 6 % des cours ne sont pas donnés faute de profs.1 Mais il s’agit vraiment d’un seuil minimum. Il est très probable que la situation réelle soit souvent pire, la Fédération des Associations de Parents de l'Enseignement Officiel évalue à 200 h par an le temps passé à l'étude faute de prof.2 Cela s'est fortement empiré depuis la crise sanitaire. 13 % des cours n’étaient pas assurés juste avant les vacances de Noël d’après une étude réalisée par le réseau libre.3

Alors devant la situation dramatique, certains cherchent des solutions « simples ». Proposer aux enseignants à la retraite de revenir. Ou demander aux inspecteurs d’enseigner. Pourquoi pas ? Mais ce sont évidemment des pseudo-solutions. Elles sont forcément très temporaires et ne permettent pas de résoudre fondamentalement le problème.

Les enseignants seront dans la rue le 10 février pour dénoncer notamment leurs conditions de travail. Les réponses qu’ils attendent permettraient de rendre le métier plus attractif et donc d’améliorer fondamentalement le problème de pénurie.

On observe ces dernières années une augmentation du nombre de profs qui travaillent sans le diplôme requis. Les derniers indicateurs de l’enseignement montrent que plus de 40% des profs de géographie n'ont pas le diplôme requis. Pour math ou philosophie et citoyenneté, ça dépasse les 20 et 30 % !4

Car pour engager un enseignant, un Pouvoir Organisateur (PO) doit respecter les règles suivantes : trouver quelqu’un qui a le diplôme (titre) requis (un mathématicien agrégé pour donner math). S’il n'en trouve pas, on peut se tourner vers quelqu'un qui a un titre suffisant (un physicien par exemple), et ensuite vers un titre de pénurie (un informaticien), puis un 1 Etude réalisée par l’Inspection à la demande du gouvernement de la Communauté Française en 2018.

2 Pénurie de profs: près de 200 heures de cours non dispensées par an

https://www.rtbf.be/article/penurie-de-profs-pres-de-200-heures-de-cours-non-dispenses- 10427022?id=10427022

3 La Libre Belgique, 6 janvier 2022

https://www.lalibre.be/belgique/enseignement/2022/01/06/la-penurie-denseignants-en-hausse- entre-2020-et-2021-quel-sera-leffet-domicron-TQNTPVDSFJDRPK5N3SRDVDE37A/

4 La Meuse, 29 décembre 2021

https://lameuse.sudinfo.be/889251/article/2021-12-29/la-penurie-denseignants-saggrave- encore

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titre de pénurie non listé (un voisin « fort en math »…)

Ce n’est pas anodin. En effet, même avec de la bonne volonté, un enseignant qui ne possède pas de titre suffisant n’a pas forcément toutes les compétences requises pour amener ses élèves au meilleur niveau.

Alors quelles solutions à court, moyen et long terme ?

A court terme, il faudrait maintenir les « périodes covid ». Il s’agit de moyens qui ont été dégagés pour engager du personnel afin de répondre à l’urgence de la situation sanitaire. Ils étaient prévus jusqu'à Noël. Sous la pression, notamment du PTB, ils ont été prolongés jusqu'à Pâques. Mais il faut clairement les prolonger jusqu'à la fin de l’année scolaire. Et même les pérenniser. Ce ne serait vraiment pas du luxe.

A moyen terme, le PTB propose de créer un pool d'enseignants remplaçants. Ces enseignants auraient un contrat d'un an avec garantie de salaire et feraient des remplacements là où il y a un besoin. Ils ne devraient plus effectuer de démarches en permanence à chaque changement de contrat, en faisant notamment appel au chômage. Ce pool mettrait à disposition des enseignants pour des remplacements dans une zone déterminée, en inter-réseau. Actuellement, les jeunes profs en début de carrière sont souvent ballotés d’une école à l’autre, d’un remplacement à un autre avec très peu de stabilité et des démarches à effectuer après chaque changement de situation. Actuellement, si un prof effectue un remplacement dans un autre réseau que celui dans lequel il a déjà travaillé, il perd l’ancienneté accumulée en matière de protection d’emploi ! Il pourrait donc être tenté de refuser un remplacement qui risquerait d’être défavorable pour lui. C'est complètement absurde et on ne peut certainement pas se permettre ce luxe vu le nombre d'absences.

« Ma première année d'instit, j'ai enchainé cinq contrats de remplacement : une maternité, un congé parental, une jambe dans le plâtre et deux burnouts. Remplacer tous ces collègues, c'est ce qui m'a permis de travailler, témoigne Céline, une jeune instit primaire. Mais quelle galère pour être payée convenablement, pour signer chaque fois un nouveau contrat et le stress de ne rien avoir. Entre deux contrats, je m'inscrivais au chômage. Ma deuxième année, j'ai remplacé une collègue en burnout.

Chaque fin du mois, j'allais dans le bureau du directeur la boule au ventre, en espérant que mon contrat de remplacement serait prolongé. Chaque fin de mois, je re-signais donc pour 30 jours, quelle galère! »

On pourrait d’ailleurs faire la même réflexion pour le système de

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réaffectations. Un prof nommé qui perd ses heures continue d’être payé à temps plein pendant deux ans, tout en étant soumis au processus de réaffectation. Ca veut dire qu’une commission lui cherche des heures dans une autre école. Mais pour l’instant, ça se fait uniquement par réseau. Ce qui fait que Malik, qui vient de perdre ses heures d’histoire dans son école libre parce que le nombre d’élèves a diminué, ne peut pas être réaffecté dans l’école officielle située à 50 m de chez lui… alors qu’il y manque un prof d’histoire !

Pour le plus long terme, l’objectif doit évidemment être de rendre le métier plus attractif pour attirer les jeunes vers la profession et les y maintenir. En ce qui concerne le salaire, il faut savoir que les enseignants n’ont plus été augmentés (en dehors des indexations) depuis une dizaine d’années. Il est temps d’avoir une vraie négociation à ce sujet. On ne peut pas dire vouloir engager des enseignants et en même temps bloquer leurs salaires ! Pour le fondamental et le secondaire inférieur, la formation passera à quatre ans au lieu de trois.

C’est une bonne chose car le métier demande de plus en plus de compétences. Mais il est évident que si la formation est allongée, il doit y avoir une augmentation barémique. Or aucun accord n’est encore intervenu à ce sujet. Le Ministre-Président Jeholet affirme même à qui veut l’entendre qu’il faudra alourdir la charge de travail si on veut augmenter les salaires.

Pour ce qui est des conditions de travail, il faut clairement diminuer la taille des classes. Il va de soi que pour un enseignant, avoir quinze élèves dans sa classe au lieu de vingt-cinq, trente ou parfois plus, ça fait une énorme différence. Et on améliorera aussi les conditions d’apprentissage pour les élèves. Plusieurs études montrent en effet que le nombre d’élèves par classe influe fortement sur les niveaux atteints, et ce sont surtout les jeunes de milieux populaires qui en bénéficient.5

Enfin, quand on sait que 40 % des jeunes enseignants quittent la profession dans les cinq premières années et qu’ils sont déjà 20 % à partir dans le courant de  la première année, il faut en conclure qu’il est nécessaire de prendre des mesures pour les garder. Alléger la charge de travail en début de carrière. Par exemple, nous proposons qu’un enseignant preste, pendant les cinq premières années, 80 % d’une charge complète devant ses élèves. Cela lui laisserait assez de temps pour les préparations et les corrections. Les heures dégagées pourraient aussi permettre du coaching ou tutorat de la part d’enseignants expérimentés.

Cela permettrait aussi d’alléger les fins de carrière en soulageant un peu 5 La taille des classes, ça compte ?, L’école démocratique, mars 2021

https://www.skolo.org/2021/10/02/la-taille-des-classes-ca-compte/#:~:text=Sur%20ces

%20neuf%20%C3%A9tudes%2C%20sept,plus%20de%2020%20%C3%A0%2030%20%25

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les enseignants plus âgés… ce qui est une autre manière de lutter contre la pénurie.

Références

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