• Aucun résultat trouvé

LE CONTRAT JEUNE MAJEUR - UN OUTIL PARADOXAL

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "LE CONTRAT JEUNE MAJEUR - UN OUTIL PARADOXAL"

Copied!
80
0
0

Texte intégral

(1)

Institut de Formation et de Recherche en Action Sociale

LE CONTRAT JEUNE MAJEUR - UN OUTIL PARADOXAL

Session 1999

Mémoire présenté par _ VÉRONIQUE IMPELLIZZERI-

En vue de l'obtention

Du diplôme d'Etat d'Assistant des services sociaux

(2)

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION p. 1

Préambule : Le « contrat jeune majeur »,

une protection de l'enfance p. 6

PREMIERE PARTIE

LE ROLE « SEPARATEUR » DU CONTRAT JEUNE MAJEUR

1. LE CONTRAT VIENT SIGNIFIER QUE LE JEUNE EST ADULTE ET

RESPONSABLE p.14

a) Le jeune majeur, un adulte responsable p. 14

b) Le contrat permettant cette reconnaissance en tant qu'adulte p. 15

c) Un engagement réciproque p. 16

2. LE CONTRAT VIENT SIGNIFIER UNE VOLONTE D'AUTONOMIE POUR LE

JEUNE p.20

a) Devenir adulte p. 20

b) La séparation de la personne protectrice p. 21 c) Une dépendance néanmoins à la D.A.S.S. p. 22

3. POSSIBILITE DE REBELLION p.24

a) Envie de liberté p.24

b) Déception du monde adulte p.25

c) La rébellion p.26

CONCLUSION p.28

(3)

DEUXIEME PARTIE

LE ROLE «PROTECTEUR» DU CONTRAT JEUNE MAJEUR

1. LE CONTRAT ASSURE UN CADRE p.31

a) Besoin de limites

b) Recherche de ses limites c) Adulte garant du cadre

p.31 p.32 p.32

2. LE CONTRAT ASSURE LE SOUTIEN D'UNE PERSONNE PROTECTRICE p.35

a) Le travailleur social : un ami, un confident b) Entre volonté de liberté et besoin de soutien c) Le maintien du lien

3. LE CONTRAT : UNE ASSURANCE

p. 35 p. 36 p. 38

p. 40

a) Le contrat rassurant p.40

b) Accès à un projet du jeune p. 41

e) La question de l'argent p. 43

CONCLUSION p.46

BIBLIOGRAPHIE p.50

ANNEXE p. 52

(4)

L'objet de mon mémoire concerne les jeunes de 18 à 21 ans qui bénéficient d'un « Contrat Jeune Majeur» du service de l'Aide Sociale à l'Enfance.

Ce contrat est un outil offrant un soutien financier et moral à des jeunes dans des projets leur permettant de construire leur avenir tel que formation, accès à l'hébergement, accompagnement des problèmes quotidiens (aide administrative, écoute...), ... Ce soutien accordé a pour but d'être mis à profit afin d'acquérir une autonomie pas encore atteinte à la majorité.

Mon premier questionnement s'appuie sur mon observation en stage de polyvalence. La situation de Suzanne, âgée de 19 ans, permet d'en rendre compte.

Avant de rencontrer cette dernière, je considérais cette mesure comme une opportunité supplémentaire donnée à des jeunes qui, sans cela, auraient rencontré des obstacles dans la construction de leur projet (études, formation,...).

Contracter est un acte volontaire pour lequel cette jeune avait reçu toute l'information nécessaire. Elle savait, en le signant, qu'elle s'engageait à collaborer avec le travailleur social chargé du suivi. Mais elle venait d'atteindre sa majorité. Elle était donc devenue responsable de ses actes.

A notre rencontre, Suzanne vivait l'accompagnement comme un contrôle exercé sur sa vie dont elle aurait dû maîtriser tous les paramètres. Elle avait l'impression de ne pas avoir le choix et d'être contrainte à suivre les décisions du travailleur social. Des tensions commencèrent donc à apparaître avec des refus, des non- respects d'engagements pris, ce qui a conduit à la rupture du contrat engagée par le service.

Les réactions de Suzanne m'ont amené à me poser certaines questions : comment ce contrat peut-il être considéré par les jeunes?

Comment peuvent-ils ressentir l'accompagnement?

Pourquoi peut-on arriver à une telle rupture entre le service de l'Aide Sociale à l'Enfance et un jeune?

En tant que future professionnelle, il me paraissait intéressant d'essayer d'y répondre afin de comprendre tout ce qui peut se jouer lors d'un contrat.

Lorsqu'un jeune a encore sa famille et qu'il décide de rester

au domicile parental il subit aussi des contraintes. Mais à l'Aide

Sociale à l'Enfance c'est un professionnel qui conseille le jeune et

(5)

les relations avec la personne référante ne sont bien évidemment pas du même ordre que celles que l'on a avec un parent où l'affection est présente.

Le terme « autorité » renvoie à trois dimensions : juridique, institutionnelle et morale.

Il désigne en effet tout à la fois, le droit de commander, c'est-à-dire le droit ou le pouvoir d'imposer l'obéissance, des organes mêmes qui exercent ce pouvoir, et l'attitude ou la supériorité qui impose sans contrainte le respect et la soumission.'

Le jeune majeur est demandeur d'un contrat qui impose certaines contraintes. En s'engageant, il reconnaît la qualité du travailleur social représentant de l'autorité, ceci en échange d'un service : l'accompagnement de son projet.

Selon le psychanalyste P.JEAMMET l'opposition constitue pour le jeune une voie idéale de construction de sa personnalité. En s'affirmant « contre », il découvre qui il est, il amorce un mouvement de séparation et s'éloigne de la présence protectrice.

Mais ceci suppose qu'il y ait différence de point de vue entre accompagnant et jeune majeur. Désaccord qui, selon les attitudes ou les désirs de chacun, permettra le réajustement du contrat ou conduira l'une ou l'autre partie à le rompre.

«La dynamique éducative se trouve dans le rapport entre l'autorité (...) et l'autonomie

»2.

Selon lui, encore faut-il que ce rapport trouve un certain équilibre.

En étant demandeur d'un contrat jeune majeur, un jeune a pour objectif premier de mener à bien ses projets scolaires ou professionnels.

En tenant ses engagements, le jeune reconnaît dans ce contrat une autorité à laquelle il se soumet.

Or pour ce construire en tant qu'adulte il devra s'y opposer et, pour certains, le mettre en échec au risque de ralentir son insertion professionnelle.

' BARREYRE, BOUQUET, CHANTREAU, LASSU—Dictionnaire critique de l'action sociale —Paris — Bayard,1995 —p.62.

2 Ibid.

(6)

Je pose donc l'hypothèse suivante: certains jeunes majeurs peuvent aller jusqu'au rejet du contrat jeune majeur pour se construire en tant qu'adulte.

Mon mémoire n'a pas la prétention de tirer des généralités des conclusions de ma recherche. Il ne s'agit pas de trouver des réponses précises à la manière dont un travailleur social peut agir auprès d'un jeune mais d'ouvrir des pistes de travail pouvant aider à la prise en charge.

Afin de définir un cadre de recherche et d'élargir mes connaissances techniques, il paraît nécessaire de mener des entretiens exploratoires avec des travailleurs sociaux vivant ce type de situation, des responsables de service, et de lire des ouvrages traitant du contrat et de l'adolescence. Ceci permet d'établir la catégorie des personnes à interroger pour approfondir l'axe de recherche.

Deux catégories sont déterminées:

- Des travailleurs sociaux instruisant le dossier et accompagnant l'usager, ce qui permet de connaître leur pratique, - Des jeunes majeurs ayant contracté à un moment donné et étant sortis du service depuis un certain temps, ceci afin de recueillir leurs impressions après un certain recul; ainsi que des jeunes majeurs actuellement sous contrat afin de connaître leurs sentiments pendant cette période.

Le point de vue des deux parties permet une analyse plus juste de la situation. S'interroger sur le bien-fondé du contrat jeune majeur nécessite de recueillir la perception et le vécu de chacun, ce que permet l'entretien semi-directif.

n

s'agit d'obtenir la libre expression au travers des thèmes émergeant des entretiens exploratoires.

Deux grilles d'entretiens sont construites à cet effet:

- Celle des jeunes majeurs tient compte des motivations les conduisant à contracter, de ce que leur a apporté l'accompagnement et de leur jugement quant aux relations entretenues avec le travailleur social chargé du suivi,

- Celle s'adressant aux travailleurs sociaux demande les raisons

de la proposition d'un contrat, la nature de leurs relation avec le

(7)

jeune, les difficultés pouvant intervenir, enfin, les raisons menant à l'interruption d'un contrat.

Un stage de polyvalence et un stage spécialisé au service social en faveur des élèves m'ont permis de rencontrer les travailleurs sociaux. C'est par leur biais que les jeunes sont contactés. Nous avons convenu de leur demander leur accord préalable et ensuite seulement leurs coordonnées me sont communiquées

Chacun est d'abord joint par téléphone afin de convenir d'un rendez-vous. Ils sont assurés de l'anonymat pour permettre une expression plus libre. Leur prénom est donc modifié pour la rédaction de cet écrit.

Chaque département ayant sa propre méthode de prise en charge, il paraît plus logique d'arrêter le sujet de ma recherche à un seul d'entre eux, la Meuse puisque j'y ai effectué mes stages.

Sept jeunes ont pu être interviewés et six professionnels .3

L'analyse des entretiens m'a permis de préciser qu'un jeune a besoin de s'éloigner de la personne protectrice pour se construire en tant qu'adulte mais elle m'a aussi amené à constater que dans le même temps le jeune a aussi besoin d'être soutenu et encadré dans l'accès à ses projets d'avenir.

Cette nouvelle dimension fait évoluer mon hypothèse et affirme que le contrat jeune majeur répond au paradoxe inhérent à la construction du jeune et à celui inhérent au travail d'accompagnement du professionnel:

- besoin de cadre et d'opposition, - rôle de protection et d'autorité.

Dans un premier temps, l'analyse m'amène à préciser que pour le jeune majeur de l'Aide Sociale à l'Enfance, la recherche de la reconnaissance en tant qu'adulte, l'affirmation de sa personnalité et la revendication de sa liberté sont des moyens lui permettant de s'opposer à l'autorité par le biais du contrat et ainsi d'amorcer l'éloignement de la personne protectrice afin de se construire en tant qu'adulte. La rébellion pouvant être la forme la plus extrême de cette opposition.

a Annexe 1 et 2.

(8)

Dans un deuxième temps, l'analyse m'amène à développer

pourquoi un jeune à néanmoins encore besoin de limites, de cadre,

d'une personne présente et active auprès de lui et comment le

contrat jeune majeur peut apporter ce soutien au jeune en lui

permettant d'accéder à ses projets.

(9)

PREAMBULE

« LE CONTRAT JEUNE MAJEUR »:

UNE PROTECTION DE L'ENFANCE

Le contrat jeune majeur est une mesure établie entre des jeunes de 18 à 21 ans et les services départementaux de l'Aide Sociale à l'enfance.

Ces services ont une mission donnée par les lois de décentralisation au Président du Conseil Général.

Ils sont chargés:

* De la prévention de l'inadaptation sociale de l'enfance et de la jeunesse,

* De la prévention des mauvais traitements à l'égard des mineurs et de la protection des mineurs maltraités,

* De l'entretien et de l'hébergement des mineurs qui lui sont confiés soit par la famille, soit par décision judiciaire ainsi que des femmes enceintes et des mères isolées avec leurs enfants de moins de trois ans qui ont besoin d'un soutien matériel et psychologique.

Sous des formes différentes d'aujourd'hui, l'Aide Sociale à l'Enfance existe depuis très longtemps. Par exemple, les bureaux des pauvres de St François d'Assise au début du 12è siècle ou les filles de la charité de St Vincent de Paul au 17è siècle.

C'est en 1811 qu'apparaît la première charte des enfants assistés. Ceux-ci sont recueillis par les hôpitaux et les hospices par le biais des tours (armoire cylindrique dans laquelle on déposait l'enfant à abandonner et qui pivotait sur elle-même afin qu'il puisse être recueilli).

En 1904, naît l'assistance publique avec la suppression des tours. Désormais, la procédure d'abandon sera organisé par des permanences d'accueil.

Il n'existait pas avant 1912 de séparation entre la juridiction

s'adressant aux adultes et celle des mineurs. Cette distinction

apparaîtra à cette date. Avec la création en 1945 d'un magistrat

(10)

spécialisé qui portera le nom de juge pour enfant, la justice des mineurs se différencie totalement. Ceci est confirmé par l'organisation en 1958 de l'assistance éducative pour l'enfance en danger, l'action sociale préventive étant instaurée l'année suivante.

La justice peut donc prendre des décisions éducatives concernant les mineurs. Des Directions Départementales de l'Action Sanitaire et Sociale cvéées en 1964 les accueillent. Enfin, en 1982, les lois de décentralisation confient la mission de protection de l'enfance au Président du Conseil Général et à son service spécialisé dénommé Aide Sociale à l'Enfance (A.S.E.).

Ceci explique que pour tout ce qui n'est pas codifié réglementairement, il peut y avoir des modes d'organisation différents selon les département (le suivi des enfants confiés peut être attribué à un service éducatif spécialisé ou à la polyvalence de secteur).

La majorité est l'âge légal à partir duquel une personne est capable d'exercer ses droits civils et est responsable de ces actes.

En France, elle est fixée à 18 ans depuis 1974.

C'est donc normalement à cet âge que cesse l'obligation pour l'Aide Sociale à l'Enfance de prendre en charge les jeunes qui lui sont confiés.

Suite à la loi du 3 juillet 1974 sur la majorité, paraissait, le 7 août 1974 une circulaire dans laquelle le ministre de la santé indiquait les possibilité de l'Aide Sociale à l'Enfance à l'égard des majeurs de 18 à 21 ans .4

Ceci intervient alors que les sociologues constatent que la période intermédiaire entre l'enfance et l'âge adulte se prolonge et se complexifie. «La situation des jeunes se caractérise aujourd'hui par une plus grande difficulté à définir et à construire leur identité sociale et personnelle.

»5

La crise économique et ses effets sur le marché du travail contribuent pour une bonne part dans cette complexité. Mais celle- ci est aussi due à la prolongation de la scolarité et au fait que souvent on ne quitte ses parents que lorsque les circonstances économiques et sociales le permettent.

° Annexe 3.

s GALLAND (Olivier) —Adolescence: physiologie, épidémiologie, sociologie —Condé sur Noireau—

Nathan, 1993 —p. 49.

(11)

Les recherches statistiques actuelles démontrent que peu de jeunes débutent leur vie professionnelle d'une manière stable:

contrats divers, stages, etc.... rendent leur situation précaire, ce qui ne leur donne pas la sécurité financière permettant d'assurer leurs projets.

L'indépendance financière est donc de plus en plus inaccessible et elle accompagne, dans la plus grande ambivalence, la demande faite aux jeunes d'être responsables. Cette non-autonomie financière rend la situation difficile pour le jeune et la limite entre l'âge de l'adolescence et l'âge adulte est de plus en plus difficile à discerner.

Au sortir de l'adolescence, le jeune adulte qui se porte bien est décrit comme étant une personne capable de s'adapter, de faire des choix, de trouver par lui-même des solutions à ses problèmes, d'être physiquement et matériellement autonome et de pouvoir accéder à la réalisation de ses projets en se soumettant à la réalité sociale.

Selon Yves JACQUET, sociologue, l'adolescence est le passage qui mène à cette réalisation.

Cette période est particulièrement propice aux changements, aux transformations qui s'opèrent progressivement en fonction de chacun.

L'enfant devient peu à peu adulte. Il définit sa vie, élabore des projets, élargit son champ de relation.

Selon le psychiatre Pierre HUERRE, l'adolescence est source d'élan, de découvertes de potentialités et de pulsions nouvelles mais elle risque de générer dans le même temps l'inquiétude, le doute, la souffrance ou la tension.

Ce passage ne prend donc pas en compte le temps de réalisation qui peut différer selon les individus. Il est banal de constater que personne ne devient adulte au même moment et de la même façon. Fixer arbitrairement un âge d'accession à l'autonomie paraît donc artificiel au regard de la réalité: certains ont encore besoin de quelques années supplémentaires avant de pouvoir assumer leurs responsabilités.

C'est donc afin d'éviter une rupture prématurée entre l'Aide

Sociale à l'Enfance et le jeune que certains départements ont choisi

d'expérimenter le contrat jeune majeur dés 1974.

(12)

L'obligation d'une prise en charge matérielle et psychologique des mineurs émancipés ou des majeurs de moins de 21 ans confrontés à des difficultés sociales susceptibles de compromettre gravement leur équilibre est apparue dans l'art. 40 de la loi n° 86-17 du 6 janvier 1986.6

L'Aide Sociale à l'Enfance est donc, à cette date, légitimée à intervenir chaque fois que cela correspond aux voeux d'un jeune majeur précédemment accueilli dans le service et dans le mesure où l'intervention se justifie au regard de son projet. Dans certains cas, cette intervention peut aussi s'adresser à des jeunes majeurs qui n'ont jamais eu de lien avec l'Aide Sociale à l'Enfance. Il s'agit alors de jeunes qui présentent des situations particulières: plus de liens avec les parents, incapacité des parents à la prise en charge...

Comme tout contrat, le contrat jeune majeur est un acte par lequel deux ou plusieurs personnes (ici le jeune majeur et le travailleur social représentant le service de l'Aide Sociale à l'Enfance) s'engagent par libre consentement à accepter des obligations réciproques.

Chacun doit respecter les termes de cet accord sinon l'autre partie peut décider de le rompre. C'est le concept implicite du donnant- donnant.

Le contrat dans l'action sociale comporte deux dimensions éthique et Technique.

D'après C. de ROBERTIS, ces principes éthiques reposent sur la participation active des intéresses à la résolution de leurs problèmes, sur leur droit à choisir en détenant toutes informations.

L'usager doit être reconnu en tant que sujet actif, membre à part entière d'une société au sein de laquelle il doit trouver une place.

Le fait qu'il soit citoyen porteur de droit étant fondateur.

D'après elle, le processus contractuel, comme toute intervention sociale, comporte quatre phases techniques:

* La phase préliminaire qui comprend à la fois l'accueil, la mise en place d'une relation de confiance et l'information des procédures et des dispositifs existants,

6 Annexe 4.

(13)

* La négociation qui a pour but de clarifier les problèmes et les aspirations, d'établir des objectifs communs, d'élaborer un plan de travail et de formaliser le contrat,

* La mise en oeuvre des engagements qui sert à définir les tâches respectives, l'accompagnement adéquat et éventuellement réajuste les termes du contrat selon l'évolution de la situation,

* L'évaluation des résultats qui consiste à vérifier si les objectifs ont été atteints et à analyser l'impact de l'intervention.

Même si l'on considère que le contrat est une technique utile et positive pour le travail et l'action sociale, sa mise en application peut rencontrer des difficultés

- liées à l'usager (par exemple: « non-demande », passivité, résistance au changement, transgression du contrat),

- liées à la situation externe (pauvreté des réseaux, insuffisance d'offres et de possibilités proposées par la société, rigidité des institutions) ,

- liées au travailleur social routinières...).

lui-même (attitude, réponses

Par ailleurs, un des problèmes du contrat n'est-il pas que l'usager se trouve dans une situation où il n'a pas vraiment le choix, compte-tenu du besoin vital de la contre-partie?

Peut-on contracter par la « libre-volonté » lorsqu'on est exclu du système socio-économique?

L'ambiguïté du travail social est que l'usager n'a objectivement pas la possibilité de choisir. Il se sent dans l'obligation d'accepter les contraintes que lui impose le contrat. Cela peut entraîner une inégalité de pouvoir entre l'usager et le travailler social ce qui est paradoxal compte-tenu des principes éthiques du travail social et du contrat.

Le formulaire établi à l'effet du contrat jeune majeur prévoit plusieurs aspects devant faire l'objet d'une obligation?

L'usager s'engage à résider au lieu défini dans le contrat, à poursuivre son emploi, sa formation ou sa scolarité, à prévoir une couverture sociale, à collaborer avec le travailleur social chargé du

7 Annexe 5.

(14)

suivi du contrat et à tenir informé le service de toute modification de sa situation décrite dans le document.

Le Conseil Général peut s'engager, par le biais de ce contrat, à prendre en charge l'hébergement, l'entretien, l'habillement, la scolarité et l'accompagnement éducatif de l'intéressé.

Ce contrat est limité dans le temps.

Le Conseil Général s'engage donc à offrir un accompagnement au jeune qui lui même s'engage à collaborer avec le travailleur social chargé du suivi du contrat.

Ce travailleur social donne une référence personnalisée au jeune. C'est l'interlocuteur qui rend visible les exigences du service, c'est celui vers qui le jeune pourra se tourner en cas de difficultés.

L'accompagnement s'adapte au jeune et à sa problématique.

L'objectif est de développer ses compétences personnelles et sociales.

Trois dimensions principales sont identifiées par Jacqueline MATHIEU pour formaliser l'aide qui peut être offerte:

* Le soutien psycho-affectif: il s'agit de répondre à un jeune qui souhaite bénéficier de l'aide de l'intervenant:

- parce qu'il éprouve des difficultés à maîtriser ses émotions, - parce qu'il a du mal à se distancier ou au contraire à

s'impliquer vis-à-vis de ses problèmes,

- parce qu'il a une estime de soi très dévalorisée,

* L'aide du projet: en accompagnant dans son cheminement personnel, le travailleur social veille à développer les motivations susceptibles d'inspirer une projection dans le temps, il favorise la formulation, la concrétisation et enfin la réalisation de ses projets (travail, formation, comportement...),

* Plan relationnel: lorsque la confiance est établie, il devient

possible d'aider le jeune à comprendre, à interpréter des attitudes,

des comportements sources d'ennuis, de conflits, de contentieux

avec d'autres personnes. L'intervenant favorise ou valorise des

compétences de négociation ou de positionnement face à des tiers.

(15)

Le rôle de l'accompagnant est aussi d'informer, d'orienter, de guider le jeune, de le convaincre et de le soutenir dans ses projets.

Tous deux se fixent les même objectifs.

Mais lorsque l'accompagnement est vécu comme imposé, des

notions de contrainte peuvent alors rentrer en jeu. Dans ces

conditions l'accompagnement ne peut plus se réaliser.

(16)

ter

partie

LE ROLE « SEPARATEUR » DU

CONTRAT JEUNE MAJEUR

(17)

1. LE CONTRAT VIENT SIGNIFIER QUE LE JEUNE EST ADULTE ET RESPONSABLE.

Le contrat jeune majeur, comme tout contrat, met en présence (au moins) deux parties légalement habilitées à contracter (un jeune majeur et un service) et il s'appuie sur:

- une libre adhésion du jeune dans le dispositif jeune majeur, - un engagement réciproque du jeune majeur et du service.

En tout premier lieu, le jeune doit être reconnu comme adulte et responsable de ses actes pour pouvoir contracter.

a) Le jeune majeur, un adulte responsable

La loi admet qu'un jeune à 18 ans est capable d'assumer seul tous les actes de la vie civile. Et il doit répondre à titre personnel de tous les actes juridiques ou matériels qui engagent sa responsabilité.

D'après le dictionnaire de la psychologie, la notion de responsabilité exige deux conditions: que l'on possède toute sa raison et que l'on soit libre de ses actions (on n'est pas responsable d'un acte accompli sous la menace ou la contrainte morale).

L'Aide Sociale à l'Enfance n'a plus l'obligation de prendre en charge un jeune à sa majorité. Mais elle a la possibilité de lui proposer un contrat. L'engagement n'est alors pris envers lui que quand le service estime que cela correspond bien aux voeux de l'intéressé et que cela se justifie pour lui.

Et comme pour tout contrat, une contre-partie est demandée. Le jeune doit lui aussi prendre des engagements, cela devant un travailleur social représentant de l'Aide Sociale à l'Enfance.

Mais la responsabilité reconnue au jeune à sa majorité suppose, comme pour tout adulte responsable, l'engagement personnel de rendre des comptes à une autorité supérieure, ce terme signifiant « l'obligation ou la nécessité morale de répondre de quelque chose ou de quelqu'un, de remplir un devoir ou un engagement, de réparer une faute

».8

s BARREYRE, BOUQUET, CHANTREAU, LASSUS — Dictionnaire critique de l'action sociale — Paris — Bayard,1995 — p. 338.

(18)

Dans le cadre du contrat jeune majeur, cette autorité supérieure est le représentant de l'Aide Sociale à l'Enfance, le travailleur social chargé de l'accompagnement.

Les professionnels interviewés reconnaissent que les jeunes puissent leur attribuer ce rôle mais ne le revendiquent pas. «C'est l'autorité qu'on n'a pas mais qu'on nous donne. Et on nous la donne de part notre statut, de part ce que l'on représente.» (Mm D., Educatrice spécialisée).

Le jeune de dix-huit ans est donc reconnu comme responsable devant la loi et cette responsabilité l'amène, dans le cadre du contrat jeune majeur, à rendre des comptes à une autorité : l'Aide Sociale à l'Enfance.

b) Le contrat permettant cette reconnaissance en tant qu'adulte Le contrat reconnaît au jeune un rôle d'acteur, de personne capable de prendre des décisions, de s'investir, de faire des choix.

«C'est vraiment en terme de contrat qu'il faut en parler parce que c'est ce que le jeune est prêt à mobiliser pour lui dans les trois ans qui lui reste avant qu'il ne soit plus pris en cljarge. » (Mme D., Educatrice spécialisée).

Avant leur majorité, les jeunes subissent les décisions prises par le juge, l'Aide Sociale à l'Enfance, le travailleur social, la famille d'accueil,..., pour leur bien-être. Après 18 ans, le jeune est responsable de sa vie ce qui implique, pour le contrat, la reconnaissance de celui-ci comme adulte capable. L'usager devient acteur et sujet, non plus seulement objet d'aide. Ceci prend effet dés la majorité donc avant le début de la négociation du contrat.

«Jusqu'à r8 ans, les jeunes qui sont confiés au service sont en fait soumis, entre guillemets, aux décisions judiciaires prises à l'encontre de leurs parents. A i8 ans, c'est eux qui sont acteurs et demandeurs de leur contrat jeune majeur.» (Mme D., Educatrice spécialisée).

Ceci change les relations entre lui et le travailleur social chargé du suivi. «Cette relation doit cbanger parce que le jeune majeur est majeur donc il devient responsable de ses actes.» (Mr C., Educateur spécialisé). Et il n'est plus considéré comme un enfant.

Dans les faits, lorsqu'un jeune mineur est confié à l'Aide

Sociale à l'Enfance (placement), le service travaille avec le jeune

mais aussi avec l'adulte (assistante maternelle en cas d'accueil en

famille d'accueil ou équipe spécialisée lors d'un placement en

(19)

foyer). Le contrat jeune majeur, quant à lui oblige un face à face avec le jeune et rend la relation plus duel entre l'accompagnant et l' accompagné.

«Même si le jeune est encore en famille d'accueil, c'est vrai qu'il a quand même d'autres relations établies avec le jeune dans le cadre du contrat. wisque le contrat n'est pas signé avec la famille d'accueil. Ça le jeune, il le sait que c'est un contrat entre lui, nous et le service.» (Mme B., Assistante sociale).

Cette nouvelle relation qui s'établit à la majorité est vécue différemment par les jeunes eux-mêmes. Quatre jeunes sur sept interrogés se sentent responsabilisés et plus sûrs d'eux. Lors des entretiens, trois d'entre eux expriment leur sentiment d'être considérés comme des adultes par leur accompagnant. Cela les rassurent car « être adulte » signifie, pour eux, une maturité.

Carole exprime l'impact que cette nouvelle considération a pu avoir sur elle : « Mon éducatrice m'a toujours parlé comme à un adulte. Elfe me disait tu fais ce que tu veux, situ fais des erreurs, tu en seras la responsable, mais c'est tout.(...). On se vo Sait peut-être pins adulte, oui, plus adulte. ».

Le contrat jeune majeur implique donc une responsabilité du jeune, une démarche volontaire de sa part dans la négociation des objectifs et l'engagement dans la mise en oeuvre de son projet.

D'après Christmas de ROBERTIS, la coopération, la responsabilisation et l'évaluation sont les meilleures façons de réinsérer quelqu'un dans la société. Contracter avec lui c'est le reconnaître comme personne à part entière, lui redonner une citoyenneté.

c) Un engagement réciproque

L'engagement dans un contrat se traduit par la négociation de celui-ci et par ses termes.

Etre demandeur (ici, du contrat) est pour le jeune une nouvelle démarche qui émane d'une volonté personnelle.

Contrairement au placement qui, lui, est imposé, «le contrat ne devrait

(20)

pas être vécu comme une contrainte puisque le jeune en est le iôemanôeur. » (Mme D., Educatrice spécialisée).

Et être demandeur d'une prise en charge dans le cadre d'un projet personnel implique aussi, pour le jeune, la possibilité de négocier les termes du contrat en fonction de ses objectifs.

Lorsqu'un désaccord intervient, une renégociation des termes du contrat qui ne satisfont plus est toujours possible. «Un contrat est révisable et modifiable en fonction des événements qui surviennent ou de la demande des signataires.

».9

Les désirs et les besoins du jeune sont alors réévalués avec lui.

Quatre travailleurs sociaux sur six affirment lors des entretiens que la simplicité du document donne de la souplesse au contrat et autorise sa réévaluation régulière si nécessaire. «Dans cette souplesse-la

1

justement1 on peut se permettre âe rectifier (e tir sans changer L'objet âu contrat.» (Mme B., Assistante sociale).

Et dans cette période propice aux changements, où il n'est pas anormal que les intérêts du jeune évoluent, il est important de permettre la renégociation des engagements pour modifier et réajuster le travail entrepris avec le jeune.

«Les règles ne peuvent être fixées une fois pour toute dans un ensemble qui ne supporterait aucune évolution. Elles trouvent leur légitimité dans le fait qu'elles structurent un espace de négociation ou d'échange et la prise en considération de l'autre « différent » prennent le pas sur le rapport de force.

»10

Pour l'accompagnant, le jeune a la possibilité, même une fois le contrat signé, de renégocier les engagements pris avec lui. Or six jeunes sur sept interrogés ne sont pas de cet avis. Ces jeunes se sentent obligés d'accepter ce qu'il considèrent comme des contraintes our pouvoir garder l'aide financière apportée par le service. «II faut que j'aille au lycée. Bon1 ça ne me ôérange paso c'est le lycée. Et puis

ils me financent.» (Georges)

9 BONNEAU (Jacqueline) —Le contrat avec les usagers dans la pratique professionnelles des travailleurs sociaux — Direction de la Solidarité, 1989—p. 66.

'o JEAMMET (Philippe) —Repéres /Adolescences — Fondation de France, 1993 — p. 44.

(21)

Ce témoignage montre que le projet du jeune n'est plus ou pas la poursuite de la scolarité. Ce qui est important, ce n'est pas la revendication en elle-même puisqu'il ne nous appartient pas de juger de sa pertinence.

Georges, comme beaucoup de jeunes suivis dans le cadre du contrat jeune majeur, se sent engagé par les termes du contrat (j'ai une allocation si je poursuis mes études), mais en aucun cas il ne considère la poursuite de ses études comme un objectif négociable ou renégociable.

Sur la question de pouvoir négocier son présent pour construire son avenir Annabel répond ainsi: « Le choix? Non1 parce que si je restais à Ny j'étais encore sous contrats si je retournais à S. j'étais plus sous contrat.

Donc... ».

Cette jeune ne trouvait plus d'intérêt dans les études et ressentait le besoin de se rapprocher de sa famille. Pour cela, elle proposait de retourner prés de sa mère et d'essayer de trouver du travail. Le service informa Annabel qu'il ne la soutiendrai pas si elle décidait de partir de N. et d'arrêter ses études.

Malgré le fait que sa famille ne pouvait subvenir à ses besoins Annabel ne se sentait pas capable de tenir ses engagements. Elle décida finalement de rompre son contrat même si cela voulait dire qu'elle allait vers de grandes difficultés.

Il n'est pas tout à fait clair que ce contrat repose sur une volonté librement consentie quant aux termes du contrat. Toutefois, il se pose bien le principe de réciprocité, de contrepartie et dans la recherche d'un accord, il peut y avoir consensus ou compromis, ce qui expliquerait que le jeune ne s'y retrouve pas tout à fait.

L'engagement réciproque peut se concrétiser par un

« marché » de type « donnant-donnant » : le service accorde une aide financière (allocation mensuelle jeune majeur) si le jeune poursuit ses études et les mène à bien.

Néanmoins, toute la difficulté à envisager le contrat comme

un véritable échange entre les deux parties réside dans

l'acceptation d'une renégociation qui en modifie les termes. Cette

souplesse, qui permet de caractériser la relation entre le travailleur

social et le jeune dans l'accompagnement social, vient fragiliser la

nature et la portée du contrat.

(22)

Car si, dans la relation d'aide indispensable, la négociation - permanente est un fait acquis, dans une démarche contractuelle elle vient signifier que les termes de l'accord (les termes du contrat>

peuvent, à tout moment, s'en trouver modifiés.

(23)

2. LE CONTRAT VIENT SIGNIFIER UNE VOLONTE D'AUTONOMIE POUR LE JEUNE.

a) Devenir adulte

Pour se construire en tant qu'adulte le jeune doit se libérer de ses parents, des personnes chargées de son éducation afin de se libérer de l'emprise morale à laquelle il était soumis.

Cela doit l'amener progressivement au droit de se gouverner selon ses propres lois, ses propres valeurs élaborées précédemment.

«C'est à lui de savoir ce qui est bien et mal vrai et faux, beau et laid mais surtout ce qui est prioritaire et ce qui est accessoire, pour se conduire dans l'existence»

,11

Enfin le jeune est capable de gouverner sa personne, la loi devenant la seule limite obligatoire à ses choix. «Encore faut-il justement qu'il ait intégré l'interdit et la loi (...). Pour se libérer de la dépendance et s'affirmer, le jeune doit surmonter trois exigences:

l'indépendance, l'autonomie et l'émancipation

» I2.

Pour cela, le jeune doit avoir conscience de sa réalité.

Le contrat jeune majeur, par le biais de l'accompagnement, peut amener le jeune à le faire. La démarche contractuelle vient signifier que le jeune est un adulte responsable et que, à ce titre, il a à acquérir plus d'autonomie, notamment dans les relations qu'il établit avec le « tiers protecteur », c'est à dire celui qui, lorsqu'il était mineur, était au quotidien responsable de lui.

Et c'est en travaillant sur sa situation réelle que le travailleur social chargé du suivi apprend au jeune à réfléchir objectivement à ses possibilités. De même, les demandes du jeune ne sont entendues que si elles restent réalistes au vu de sa situation et non en fonction des possibilités financières du service à y répondre.

«Ne pas lui faire croire des cljoses qui ne sont pas vraies. Faire croire à un gamin qu'à i8 ans on peut avoir un appartement, je crois que c'est se leurrer, se faire plaisir et lui faire plaisir à un moment donné.

Mais c'est sûr, ce n'est pas l'aider.

Il y a aussi des pratiques de réalité avec lesquelles il faut travailler constamment. Notre travail c'est

"Dr RIBSTEIN — Symbolisme et représentation de la loi — ANPASE n°14 /1993 — p. 35.

12 Ibid.

(24)

d'amener les gens à accepter ce qui est possible au moment-là, ce qui pourra être possible ailleurs ou après.» (Mme D., Educatrice spécialisée).

Ceci a pour but d'amener le jeune à assumer sa majorité.

C'est-à-dire à être responsable de ses actes. «j'ai trouvé ce truc important, le contrat, parce qu'il nous responsabilise encore plus, parce que c'est vrai qu'on est comme dans un cocon à la D.A.S.S.. » (Carole).

b) La séparation de la personne protectrice

Pour développer son autonomie et se construire en tant qu'adulte, le jeune est obligé de s'éloigner de la personne protectrice. Car «plus l'adolescent a besoin de soutien et plus ce dernier est une menace pour son autonomie.»

13

Mais tout ceci va en fait dépendre de la capacité du jeune à prendre conscience de sa réalité, à assumer certains aspects de la vie, donc de sa maturité.

Un jeune aura plus ou moins besoin de se sentir protégé en fonction de ses capacités à se prendre en main. Et le travailleur social qui tient compte des nouveaux aspects du jeune devra peu à peu savoir prendre lui-même ses distances en fonction, bien sûr, de la situation.

Quand le jeune s'oppose à l'autorité cela crée des tensions entre l'accompagnant et le jeune qui ne sont pas toujours évidentes à gérer. Mais «en testant leur résistance (celle des limites posées par l'autorité), en s'affirmant «contre », il amorce un mouvement de séparation

».14

Petit à petit, le jeune prend son indépendance en s'éloignant de la personne protectrice, en se détachant de son emprise morale pour acquérir une autonomie le poussant à s'émanciper.

Le contrat jeune majeur laisse donc du temps aux jeunes qui ne sont pas encore adultes, même si aux yeux de la loi ils sont déjà majeurs.

Un autre problème se pose alors:

Is Fondation de France, AGF - Repères /Adolescence — Paris, 1993 — p.24.

14 Ibid.

(25)

Les jeunes sont-ils tous capables de s'assumer à vingt-et-un ans?

«Même si nous à vingt-et-un ans on arrête, pour certains jeunes on demande la mise en place Vautres mesures parce qu'on sait que le jeune n'est pas encore capable à vingt-et- un ans. il n'a pas encore réellement accéder à l'autonomie.» (Mr C., Educateur spécialisé).

Aussi, deux professionnels interrogés sur six se demandent, lors des entretiens, si on ne pourrait pas réinventer un système de prise en charge au sein de l'Aide Sociale à l'enfance pour les jeunes n'ayant pas pu mener à termes leur projet scolaire ou de formation professionnelle.

Même si l'arrêt de ce contrat et de la prise en charge est angoissant, ceci m'amène à me demander comment le jeune pourrait alors vivre et concrétiser son besoin d'éloignement. N'en est-il pas de même pour les jeunes décidant de partir du domicile parental?

c) Une dépendance néanmoins à la D.A.S.S.

Etre pris en charge par le service de l'Aide Sociale à l'Enfance était une contrainte pour ces jeunes pendant leur minorité.

Prendre la décision de continuer son chemin avec lui peut être très difficile.

«Un gamin qui a subit pendant très longtemps les décisions judiciaires, if est rare qu'il soit demandeur d'un contrat jeune majeur. Ou quand il le fait, c'est très très douloureux pour fui. Parce que c'est justement se dire qui si pendant x temps j'ai refuser f'aide que L'on pouvait m'apporter, de se rendre compte de sa réalité et de devenir demandeur soit même d'un contrat jeune majeur.»

(Mme D., Educatrice spécialisée).

Les jeunes savent que le service va les aider, au maximum

pendant trois ans encore. Cela peut être vécu comme une contrainte

parce que c'est garder, encore pendant ce temps, l'image d'enfant

de la D.A.S.S..

(26)

«Ces jeunes ne panent pas be la Direction be la Soliàarité. Pour eux, c'est encore la D.A.S.S. et d'un point be vue imaginaire, ils ont l'impression be porter une croix et d'avoir une énorme pancarte écrit D.A.S.S.. C'est plus qu'une contrainte. C'est un poiôs et c'est un f arbeau. D'un côté, ils sentent que le service peut les aTher et il y a quanà même cet aspect qui est plus douloureux.»

(Mr C., Educateur spécialisé).

Alors certains finissent par refuser le contrat afin de prouver qu'ils ne sont pas différents. En espérant retrouver une normalité, ces anciens bénéficiaires de l'Aide Sociale à l'Enfance revendiquent plus fortement que les autres leur identité. «Quand j'étais en classe, ça n'allait pas. J'avais l'impression que je n'étais pas comme les autres.»

(Carole).

Demander aux jeunes de devenir subitement adulte, de ne plus être dépendant de l'Aide Sociale à l'Enfance n'est pas simple.

« Arriver à être autonome par rapport à cette étiquette d'enfant de la D.A.S.S., c'est certainement le plus long. » (Mr C., Educateur spécialisé).

Mais en tout état de cause, dans toute famille, la question de

l'autonomie se pose à dix-huit ans.

(27)

3. POSSIBILITE DE REBELLION

a) Envie de liberté

Un adolescent espère vivre toute la liberté que lui laisse la loi à ses dix-huit ans. Cette liberté est ressentie comme la rupture des entraves et la levée des interdits. « Le jeune considère qu'il est indépendant,

qu'if se débrouillera et qu'il n'a plus besoin de personne.» (Mme A., Educatrice spécialisée).

Il supporte difficilement les règles et les contraintes, même s'il est demandeur d'un contrat. C'est ainsi qu'un jeune peut ne pas comprendre les exigences du travailleur social chargé de son suivi.

«Comme le petit enfant qui tente d'obtenir une sucette à chaque fois qu'il se trouve dans une boulangerie, l'adolescent expérimente de nouveau ses possibilités de satisfaire ses désirs quand il le veut

».1s

Cinq jeunes sur les sept interrogés prétendent lors des entretiens que, pour eux, l'aspect négatif du contrat jeune majeur

« c'est le fait de ne pas avoir toute sa liberté. On est surveillé quand même. On ne peut pas faire tout ce que l'on veut. En fait, c'est le fait de toujours être obligé de demander la permission.» (Annabel).

En contestant ces exigences, en revendiquant sa liberté, le jeune affiuijie son point de vue et amorce un mouvement d'éloignement de la personne protectrice. Mais «toute autorité devient pesante, toute contrainte apparaît d'autant moins supportable qu'on est pas encore capable de comprendre sa nécessité

» 16

D'autre répondront aux exigences de l'accompagnant que pour obtenir de lui ce qu'ils désirent.

«Je lui avais donné un délai de trois mois en lui disant: si tu te stabilises, si tu trouves un job, à ce moment-là on reverra la question et on pourra mettre en lace un contrat jeune majeur. Et elle l'a fait. Elle a fait cette démarche fa. C'était un stage. Elle est venue me voir en me disant: voilà, cela fait deux mois que je travaille, est-ce qu'on peut m'aider pour

's Fondation de France, AGF — Repères/ Adolescences — Paris, 1993 — p.18.

16 Que sais-je ? — Adolescence — p. 70.

(28)

que j'ai un logement. J'ai dit oui, tu as respecté. Je vais t'aider par rapport à un logement. Ce qu'on a fait.

Mais à partir du moment où elle l'a eu, elfe a laissé towlher alors que ce stage lui permettait d'accéder à un apprentissage. Donc elle, effectivement, elle s'est peut- être situé en refus d'autorité.»

(Mme E., Assistante sociale)

b) Déception du monde adulte

Suzanne m'explique pendant notre entretien, qu'à ses dix-huit ans elle voulait obtenir de l'Aide Sociale à l'Enfance un appartement pour jouir pleinement de sa liberté.

Le travailleur social chargé de son accompagnement a préféré négocier avec elle son hébergement dans un foyer jeune travailleur, ceci afin qu'elle ne soit pas livrée du jour au lendemain à elle- même et qu'elle puisse trouver autour d'elle des personnes capables de l'aider en cas de difficultés quotidiennes.

Cette jeune revendiquait le fait de pouvoir faire ce qu'elle souhaitait puisque la loi l'y autorisait. Elle se sentait frustrée parce qu'elle avait l'impression d'être surveillé au foyer (interdiction d'inviter ses amis, de recevoir son petit ami, réveil le matin et couvre feu le soir). Mais dans le même temps, elle exprimait le fait qu'être majeur n'était pas ce à quoi elle s'attendait, puisqu'assumer son indépendance n'était pas aussi simple.

L'adolescent devenu grand a envie de réaliser ce qu'il ne pouvait étant enfant. En même temps, «il découvre que l'adulte qu'il avait paré des attributs de la puissance pendant l'Enfance ne détient pas cette puissance illimitée

».17

D'après Yves JACQUET, pédiatre, et Patrice HUERRE, psychiatre, l'adolescent devient facilement critique parce que le monde des adultes n'est pas le modèle qu'il s'imaginait. Il éprouve alors des moments de terrible déception entraînant des périodes de rébellion enflammée. Des attitudes de soumissions passives alternant avec des initiatives d'extrême confiance riches d'enthousiasme suivies de paresse absolue et de renoncement.

17 Dictionnaire critique de l'action sociale — Adolescence — Bayard — Paris,1995 —p. 28.

(29)

Certaines particularités de l'adolescence telles que : l'opposition à l'autorité, désir de faire, identification aux copains, aux semblables traduisent ces sentiments.

c) La rébellion

Les exigences des travailleurs sociaux et les souhait des jeunes dans un contrat jeune majeur ne sont pas toujours en accord.

«Mais tous les adolescents ne claquent ras la porte de chez eux1 même s'il a des cfashs de temps en temps. Et pourtant c'est ce qu'ils demandent: se frotter au père ou d fa mère1 toujours bien vérifier que la mère ou le père remplissent bien encore leur rôle.

Même s'ils ont dix-sept anse même s'ils ont dix-huit ans/ même s'ils ont vingt ans.

Je crois que la relation qu'on a avec les jeunes majeurs c'est bien ça aussi. S'ils sont en Contrat Jeune Majeur C'est bien 'ils ne peuvent pas compter sur Leurs parents. Leur référent c'est bien le travailleur social.»

(Mme D., Educatrice spécialisée).

Mais quand la confrontation devient trop dangereuse pour soi et pour l'autre, l'adolescent cherche à l'éviter. Pour échapper au conflit certains jeunes adoptent des conduites qui leur permettent de fuir la relation, les autres et lui-même.

Ainsi ils pourraient mettre en péril leurs projets pour s'affirmer et donc se construire en tant qu'adulte. «Pour lutter contre la confusion entre lui et l'autre, l'adolescent risque de s'engager dans des conduites néptives.

Au moins pourra-t-il les revendiquer comme lui appartenant en propre.

»1

Quand le travailleur social chargé de l'accompagnement du jeune a le sentiment que celui-ci rejette le contrat qu'il a signé, il demande au service de l'interrompre. «il a des contrats interrompus parce que tous les projets qu'on avait mis en place avec lui se démolissent. Il les démolissait.»

(Mme D., Educatrice spécialisée).

D'autre fois, c'est le jeune lui-même qui prend cette initiative.

S'affirmer contre l'accompagnant au point d'interrompre le contrat peut-être un moyen de se confronter à sa réalité. C'est une autre

18 Fondation de France, AGF —Repères/Adolescences — Paris, 1993 — p. 40.

(30)

façon d'accéder à l'autonomie en l'acquérant seul face aux duretés de la vie.

«C'est moi qui l'ai voulu parce que je vais avoir vingt ans. je sais que c'est jusqu'à vingt-et-un ans. Vu qu'à mes vingt-et-un ans je vais me retrouver sans rien autant que ça soit tout be suite et que je me mette tout be suite à cherc ter bu travails à me débrouiller toute seule (...). Prancbement1 'en avais marre be ôépenére ées autres. C'était l'envie be faire mes preuves et aussi le fait que je sais que dans un an j'aurai peut-être toujours été au même point que maintenant. Donc autant que je m'y mette tout be suite.» (Annabel).

Une rupture de contrat peut aussi amener le jeune à réfléchir

sur ce qui c'est passé, ce qui va, ce qui ne va pas. «On laisse la porte

ouverte. Tant qu'il n'a pas vingt-et-un ans1 il peut revenir et1 à ce moment-là1 on revoit

où on en est, qu'est ce qu'il veut et on refait un contrat.» (Mm E., Assistante

sociale).

(31)

Pour se construire en tant qu'adulte, un jeune à besoin de s'éloigner de la personne protectrice, celle qui l'a protégé lors de son enfance.

Le contrat jeune majeur permet à des jeunes en rupture familiale de concrétiser cet éloignement en trouvant auprès du travailleur social une personne qui le met devant ses responsabilités de majeur, qui représente l'autorité à laquelle il peut s'opposer et revendiquer sa liberté.

Mais l'analyse des entretiens a permis d'apporter une autre dimension à l'attitude des jeunes lors d'un contrat jeune majeur, une attitude traduisant un besoin de soutien.

Le graphique ci-après a pour objectif de préciser les attitudes des jeunes majeurs interrogés dans le cadre du contrat.

Pour cela, il est nécessaire de dégager des indicateurs précisant le niveau de l'attitude d'opposition du jeune majeur et le niveau de sa demande de soutien.

Chaque indicateur est noté de 1 s'il se vérifie pour le jeune, de 0 s'il ne se vérifie pas.

Ces indicateurs sont les suivants

• Pour l'opposition

- L'interruption ou le refus du contrat par le jeune

- Le jeune exprime son besoin d'indépendance, de liberté

- Le jeune a l'impression d'être surveillé par le travailleur social - Le jeune exprime seulement son besoin d'argent

- Le jeune a le sentiment de ne pas avoir le choix

- Le jeune appréhende le non-renouvellement du contrat

• Pour la demande de soutien:

- Le jeune a bénéficier d'un contrat jeune majeur pendant plus d'un an

- Le jeune pense que le contrat est une aide - Le jeune a le sentiment de ne pas être seul

- Le jeune a établi une relation de confiance avec le travailleur social

- Le jeune exprime que le travailleur social lui rappelle ses engagements (besoin d'objectifs, d'étapes)

- Le jeune exprime que le travailleur social le guide et le

conseille.

(32)

C:t2mca,\da àQ $cx+V~Qn

Ca

Fz~>1 .~ X

CoxoL. I ' R n~10.1~Q`

y ~ x

-- I ~ ---

X' x xS~g ~n~

ct;

Tous les points représentant l'attitude des jeunes majeurs interrogés sont placés au milieu de ce graphique. Cela signifie que ces jeunes ne sont pas dans l'une ou l'autre tendance, mais que leur besoin d'opposition n'est pas indépendant de leur demande de soutien.

Dans la première partie, nous avons tenté de comprendre comment et pourquoi le contrat jeune majeur peut être objet d'opposition pour un jeune qui évolue vers le monde adulte.

Pour vérifier mon hypothèse, il est donc aussi nécessaire

d'analyser comment ce besoin d'être soutenu peut se concrétiser

dans le cadre du contrat jeune majeur.

(33)

7 ème

Partie

LE RÔLE « PROTECTEUR » DU

CONTRAT JEUNE MAJEUR

(34)

1. LE CONTRAT ASSURE UN CADRE, DES LIMITES

a) Besoin de limites

Les transformations nécessaires au passage de l'adolescence au monde adulte sont génératrices d'inquiétudes.

Le jeune conscient de sa métamorphose au travers du regard de l'autre est décontenancé. Qui ou que va-t-il devenir ? Quel sera son avenir?

Pour contenir ses angoisses, l'adolescent a besoin d'un cadre dans lequel il pourra se retrouver. «Contrairement aux apparences et à sa demande d'indépendance, le jeune a besoin d'être maintenu, bien sûr avec souplesse (... ). Mais il doit pouvoir se représenter des limites, sous la forme d'interdits, de règlements, de contrat que l'on passe avec lui.

» 19

Pour les travailleurs sociaux interrogés, les engagements pris lors du contrat jeune majeur sont un moyen d'apporter au jeune le cadre dont il a besoin. « Les termes du contrat font rappeler l'engagement de chacun Les termes du contrat sont: le service s'engage à..., le jeune s'engage à... Si l'un ou l'autre ne s'engage plus, le contrat est rompu. Ça c'est le cadre.» (Mme D., Educatrice spécialisée).

Par ce biais, l'adolescent connaît ce qu'il peut faire. Cela lui pet iitet de trouver un équilibre. « Le contrat jeune majeur pourrait peut-être représenter les limites à ne pas dépasser. C'est encore un cadre qu'on leur propose dont il faut qu'ils se servent. Il faut qu'ils se l'approprient.»

(Mme F., Assistante sociale).

La plupart des jeunes reconnaissent l'importance qu'ils ne soient pas livrés à eux-mêmes. Ils ne savent pas ce qu'ils seraient devenus si l'argent était attribué et que le service leur laissait la possibilité de faire ce qu'ils veulent, sans restriction. «Des fois, s'ils n'avaient pas été là, j'auras fait certaines choses et j'aurais peut-être mal tourné après .»

(Annabel)

Mais au départ, le contrat n'est pas l'engagement de ne pas enfreindre un règlement. C'est bien «un contrat (qui) contient des clauses, des objectifs qu'on fixe». (Mme E., Assistante sociale).

19 HUERRE, JACQUET — Adolescence — Fondation de France — Paris, 1993 — p. 18.

(35)

Les limites, ce cadre apporté aux jeunes majeurs, n'existent que parce qu'il y a un but commun: la construction d'un avenir et de l'autonomie.

b) recherche de ses limites

Puisque ce passage d'enfant à adulte bouleverse l'équilibre de l'adolescent, les repères de celui-ci vont aussi devoir évoluer.

Ainsi, les règles que l'on fixe à un enfant ne peuvent plus être les mêmes à l'adolescence.

Le jeune majeur ayant contracté sait qu'il a certains engagements à tenir. Annabel raconte qu'

«u

a eu un problème avec un cbéquier. I[ a f a[[u que je rembourse ôonc c'était dans [e contrat. I[ fallait que je tienne à tous prix mes enga9elnents .» (Annabel)

Mais avec la quête de son identité, le jeune va chercher de nouvelles expériences et essayera de trouver de nouvelles limites.

«L'accès à une nouvelle place, à de nouvelles potentialités, bouleverse les interdits acquis durant l'enfance qui étaient liés à la différence entre adulte et enfant. Celle-ci s'atténuant fortement, les interdits sont testés pour s'assurer de leurs validités

».20

Le contrat jeune majeur qui fixe des règles peut être l'appui recherché par ces jeunes pour connaître les limites à ne pas dépasser et les tester.

Mais jusqu'où le jeune peut-il aller avant de faire réagir le travailleur social chargé de son accompagnement?

c) Adulte garant du cadre

L'adolescence est caractérisée par la volonté de plaisir immédiat. Afin de ne pas être tenté par des conduites déviantes

«l'adolescent a besoin de s'appuyer sur des bases qui lui résistent

».21

Du point de vue éducatif, l'autorité des parents est aussi nécessaire aux enfants que l'affection. A la période de l'adolescence, elle devient même plus importante que celle-ci. Sans autorité, l'éducation est incertaine, la personnalité que l'on voudrait

20 BARREYRE, BOUQUET, CHANTREAU, LASSUS — Dictionnaire critique de l'action sociale — Bayard — Paris, 1995 — Adolescence.

21 JEAMMET — repères/Adolescences — Fondation de France, AGF — Paris,1993 — p. 40.

(36)

former reste faible et inconsistante, le conscience morale devient déficiente, l'individu vit dans l'insécurité et l'anxiété.

Pour ces jeunes en rupture familiale, les travailleurs sociaux ont là un rôle à jouer. «Ils sont les gardiens d'une certaine limite à l'intérieur de laquelle les adolescents pourront créer un espace d'autonomie»

22

L'accompagnement qu'ils peuvent apporter à ces jeunes ne consiste pas seulement en un soutien de projet avec informations et conseils donnés. Les travailleurs sociaux représentent aussi l'autorité garante des limites nécessaires à la construction du jeune.

En demandant aux jeunes de rendre des comptes sur ce qui est fixé dans le contrat, en en rappelant les termes et la possibilité de rupture en cas de non-respect des engagements pris, ceux-ci délimitent un cadre d'évolution pour les jeunes.

Le contrat reste pourtant souple. Le travailleur social garde une grande place d'intervention auprès du jeune.

n

peut discuter avec celui-ci pour comprendre et reprendre les raisons de ce non- respect des clauses et, à tout moment, accepter de réviser son contenu.

«L'avantage bu contrat/ c'est qu'il fixe un cabre bien àéterminé. Un cadre be prise en charge c'est à bire qu'on explique au jeune en quoi on peut l'aiber mais aussi ce qu'on attenà be lui. on en parle ensemble. Si lui n'est pas ib'accora pour telle ou telle chose, il me le ait ùonc on négocie quelque part ».

(Mme E., Assistante sociale).

L'accompagnant (comme le jeune) peut interrompre le contrat si les limites sont dépassées. Mais il laisse la possibilité de faire des erreurs, propre à chaque être humain et légitimes à cette période de la vie.

«J'ai eu penôant une périoôe une jeune fille qui était en appartement. Le contrat a été rompu parce qu'elle ne respectait pas les clauses bu contrat. A savoir/ elle ne se présentait pas chez son employeur elle ne faisait pas les àémarches administratives

u JEAMIv1ET — Repères/Adolescences —Fondation de France, AGF —Paris,1193 —p.40.

(37)

nécessaires1 type allocation logement9 etc...Donc on a mis fin a son contrat. 1...)

Elle n'avait pas envie. Elle faisait la fête. Elle a eu plusieurs chances qui lui ont été ôonnées. On a pas

interrompu le contrat au bout ôe ôeux mois ! Elfe a eu plusieurs chances qui lui ont été ôonnées1 elle n'a jamais saisi les occasions1 là~ ôonc1 on a suspenôu le

contrat.»

(Mme D., Educatrice spécialisée).

Sur la difficulté de concilier l'image d'accompagnant à celle

de représentant de l'autorité, les travailleurs sociaux me répondent

effectivement qu'ils ont une double étiquette. Mais c'est la réalité

de notre travail. «On ne peut pas aiôer quelqu'un si on ne lui rappelle pas les règles1

le caôre1 les limites. »(Mm D., Educatrice spécialisée).

(38)

2. LE CONTRAT ASSURE LE SOUTIh:N D'UNE PERSONNE PROTECTRICE

a) Le travailleur social : ami, confident

Le travailleur social n'est pas que le représentant de l'autorité.

pour certains jeunes «on peut être un grana frère, une sosur1 une maman ».

(Mme D., Educatrice spécialisée).

Quatre jeunes interrogés sur sept l'affirment par des expressions telles que «moi, je la considère

comme

ma mère» (Cathy) ou encore «comme un ami» (Annabel).

Pour ces jeunes dont les relations sociales sont souvent restreintes, l'accompagnant est, pendant cette période d'incertitude, celui qui peut aider, qui n'est pas dangereux. Il peut devenir celui à qui l'on veut et peut se confier.

Les phrases « je ne lui ai jamais rien caché » (Annabel), « je me confiais pas mal à elle » (Carole) révèlent cette confiance. Car «celui qui détient l'autorité est aussi celui qui soutient et aide au développement

».23

Le travailleur social peut donc être perçu comme cet ami et ce confident dont le jeune a besoin. Outre ce rôle d'autorité, le professionnel a une place d'accompagnant, de proche, à prendre auprès du jeune afin de l'aider dans la construction de sa personnalité. Car savoir que quelqu'un est présent est rassurant.

Cela permet d'avancer avec plus de confiance.

A l'adolescence,

«on cherche un double pour se sentir plus fort, un confident pour partager les difficultés, une âme soeur pour les adoucir dans la fraternité, un alter ego qui vous soutienne et vous aide à avancer(...) On cherche aussi un miroir vivant pour se conforter parce que l'on est pas sûr de soi»

.24

Dans « Le complexe du homard », Dolto affirme que «la confiance est une valeur essentielle dans l'histoire de l'humanité parce que c'est

23 SILLAMY — Dictionnaire usuel de psychologie — Larousse —Bordeaux, 1995 — Autorité.

24 DOLTO (Françoise) — Le complexe du homard — Hatier — Paris, 1989 — p. 51.

(39)

un appui que l'autre vous donne et sur lequel on fonde un sentiment de sécurité.

A partir de là, toutes les grandes envolées sont possibles ».

Mais pour les jeunes majeurs de l'Aide Sociale à l'Enfance, la confiance est-elle toujours comprise avec le contrat?

b) Entre volonté de liberté et besoin de soutien

A l'adolescence, le jeune aspirant à découvrir de nouvelles choses veut expérimenter toute l'indépendance que lui laisse les personnes chargées de son éducation.

Le jeune attend sa majorité avec impatience, la loi lui permettant, à ses 18 ans, de jouir de la liberté de ses faits et gestes comme il le souhaite (dans la limite des règles et lois de notre société). «Pour expérimenter la nouveauté, l'adolescent revendique la liberté.

Mais est-il capable de l'assumer? Pas encore, il a toujours besoin de la présence et de l'affection de ses parents.

»25

Pour devenir indépendant, l'adolescent a d'abord besoin de se construire en tant qu'adulte tout en étant soutenu.

Les jeunes interrogés expriment eux-mêmes ce besoin. «C'était Gien, on est pas tout sein. » (Suzanne)

Dans le même temps, l'adolescent s'éloigne de la personne protectrice en expérimentant une liberté nouvelle alors que sa jeunesse nécessite encore d'être conseillé et guidé dans ses choix.

L'adolescent a besoin de ses parents (pour ces jeunes déjà pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance avant leur majorité, l'accompagnant, dans le cadre du contrat, est celui qui tient ce rôle) et il doit s'en éloigner.

D'une part il est encore dépendant d'eux matériellement et d'autre part, il ressent la nécessité de les quitter pour pouvoir devenir adulte et s'accomplir.

Ce paradoxe, désir d'autonomie et besoin d'attachement, vient de ce que le jeune n'est pas

25 JEAMMET — Repères/Adolescences — Fondation de France, AGF — Paris, 1995 — p.23.

(40)

effectivement prêt à partir. Il n'a encore ni la maturité, ni les moyens affectifs de s'assumer.26

Ce besoin dépend donc de la maturité du jeune. Un contrat jeune majeur peut être un moyen de pallier à la solitude du jeune dans sa nouvelle majorité.

«Tous les jeunes ne bemanbent pas be contrat jeune majeur et on ne fait pas be contrat avec tous les jeunes. Pour certains ce sera simplement une aibe f inanciêre ponctuelle.

Le contrat jeune majeur a quant même bien une notion d'accompagnement ébucatit c'est-à-bure qu'il y a bes jeunes qui ne se sentent pas prêts à affronter toutes les réalités be la vie et être seuls.»

(Mme D., Educatrice spécialisée).

Le contrat jeune majeur est une étape possible pour aller vers une réelle indépendance.

Les conseils donnés par le travailleur social doivent l'aider à accéder à son autonomie, à pouvoir assumer seul les difficultés quotidiennes, à devenir adulte responsable. Son but est donc de lui apporter le soutien dont il a encore besoin et dont il a conscience puisqu'il en est demandeur.

«Inbirectement1 il y a quelqu'un derrière moi. j'ai toujours aimé y aller. Tu es conseillé, tout ça... je sais que le service m'épaulera bouc je m'y appuie aussi.»

(Carole)

«Mais l'objectif final bu contrat jeune majeur étant l'autonomie, ce soutien ne boit pas être une façon pour le jeune be rester bans un système d'assistanat.

C'est essayer be leur tonner un beclic be se prenbre en charge.»

(Mme A .,Educatrice spécialisée).

an

Pourtant ne pouvons nous pas'dtous demander si le fait de poursuivre la même prise en charge qu'avant la majorité n'est pas une façon d'assister ces jeunes?

z6

m;a.

Références

Documents relatifs

Et pourtant… Lorsque Dunn et Steginga (11) font appel en 2000 à 24 femmes de moins de 45 ans traitées pour un cancer du sein afin de connaître leur définition d’ une femme

Leur choix existentiel me désarçonne. La clochardisation relève-t-elle de la déchéance ou serait-elle une forme d’ascèse ? Pour quelqu’un qui a passé sa vie à se battre

Cela soulève certes des problèmes en raison des nombreuses interdépendances existant entre l'économie et la politique d'une part et entre les détenteurs/trices de pouvoir dans le

Vendredi 1 er avril 2016 • de 14h à 21h30 • Entrée libre • Centre Pompidou • Petite Salle • Niveau -1 • Entrée rue Saint-Martin (Piazza). Comment

Toutefois, dans des régions où se développent des exploitations à plus grande échelle, pourvoyeuses d'emplois agricoles, les jeunes sont moins enclins à quitter

We ask authors to study youth, for instance, by looking at the social conditions surrounding the passage from adolescent to adult (Galland, 2009), or by focusing

Avec pour objectif de promouvoir et d’accompagner la création d’en- treprises génératrices d’emplois, sur des activités de production et d e s e r v i c e s à l ’ e n t r e p r

Aide pédagogique individuelle (API) Professionnel à consulter pour toute demande en lien avec le cheminement scolaire (ex. : annulation ou modification de cours, changement