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AVANT-PROPOS Pour un retour à Socrate

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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AVANT-PROPOS Pour un retour à Socrate

Ces Chroniques de colèresont placées sous l’égide de socrate qui vécût en Grèce quatre siècles avant J.-C. Pourquoi se référer à ce penseur, alors qu’il n’a pas laissé d’écrits ?

dans les rues d’athènes, ce sage aimait bavarder avec des gens simples qui lui posaient des questions sur le sens de la vie, l’origine du monde, les règles de la société, la morale en général. il répondait avec habileté et les interrogeait à son tour. avec amitié il les désta- bilisait en leur faisant comprendre que la question essentielle à laquelle chacun devait répondre était: « Connais-toi, toi-même». un point de départ idéal pour des réflexions pertinentes.

socrate dégageait avec sagesse des voies que Platon et aristote surent ensuite conduire jusqu’aux sommets de la Pensée. C’est pourquoi il fut reconnu comme : Père de la Philosophie.

Cette expérience de controverses multiples avec des interlocu- teurs variés, aux opinions discordantes, nous autoriserait à décerner également à socrate le titre de :Père des Enquêtes journalistiques.

Pourquoi pas ? les enquêtes sur tous les sujets se répandent, à travers les médias du monde entier. la mode à la radio, à la télévi- sion et sur internet débouche actuellement sur les enquêtes-trottoirs.

aujourd’hui, avons-nous toujours la sagesse de socrate et le courage de nous interroger sur des problèmes majeurs :

Qui sommes-nous ? Qu’est ce qui fonde la valeur humaine ? À quoi sert notre liberté ? Jusqu’où devons-nous aller pour sauvegarder les chances 9

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de l’homme ? Savons-nous nous exprimer avec justesse ? Quel rôle don- nons-nous à l’éducation ? Avons-nous le goût de la vérité ?

toutes ces questions se posent comme au temps de socrate. et même plus que jamais ! elles constituent le tissu de ces Chroniques de colère, pour un retour au réelface aux idéologies. il nous a semblé utile et urgent de revenir à des évidences fondamentales.

l’homme n’est jamais seul. ne l’oublions pas. dans le ventre de sa mère, il est déjà en communion intime avec autrui. À sa nais- sance, il est accueilli avec des gestes d’amour, des paroles de ten- dresse et des sourires de bonheur. sa vie s’enrichit ainsi, jour après jour, par des échanges qui provoquent l’attention, éveillent l’intel- ligence et conduisent l’esprit à épouser le Vrai. tout homme se construit dans l’infinie multiplicité de relations partagées. Chacun, dès les premiers jours, est à l’écoute des autres et à l’épreuve de problèmes quotidiens, parfois graves, qu’il doit affronter pour vivre.

socrate était le fils d’un sculpteur dont le métier consistait à modeler l’argile, tailler la pierre ou le marbre pour créer des formes belles et utiles. sa mère était sage-femme. il trouva donc, auprès d’elle, la source naturelle de la méthode socratique:la maïeu- tique ou l’art d’accoucher les esprits.

Cet illustre penseur nous a révélé par ses dialogues que l’âme est riche de vérité. une vérité qu’il convient de sauvegarder et de faire renaître en pratiquant le raisonnement sous ses deux formes : l’in- duction et la déduction.

hélas, aujourd’hui, les opinions sommaires, les idéologies men- songères se répandent plus que jamais. nombre d’entre nous en sont les victimes. Ce sont des poisons et des hallucinations que ces Chroniquesdénoncent.

Puissent ces pages échapper aux critiques que lePère de la Philo - sophiepourrait formuler si, à leur lecture dans l’empyrée céleste, il constatait que j’ai manqué à la prudence que recommande le Con- nais-toi toi-même.

il convient que nous suivions les conseils de socrate pour « mieux nous connaître » et bénéficier de la Santé du Réelau service du Bien commun.

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LA CAGE AUX PHOBES

il y a quelques années, à l’initiative du Figaro, vingt-trois intel- lectuels furent invités à répondre à cette grave question : Peut-on encore débattre en France ?

l’interrogation laisse percer une vive inquiétude, un désap - pointement. la pensée contemporaine serait-elle en crise ?

Joseph macé-scaron, préfacier de ce recueil fort instructif, nous fait part de son dépit :

« On ne parvient pas à débattre sereinement sans rejouer à chaque fois, une sorte de nouvelle affaire Dreyfus. Nous avons deux types de débat : d’un côté, ceux qui sont extrêmement techniques et qui sont alors confisqués par la figure de « l’expert » et, de l’autre, ceux que l’on qualifie « d’in- tellectuels, mais qui sont tout sauf des débats et qui tiennent plutôt de l’ex- communication mutuelle […] Moins vous avez de choses à dire, plus vous devez crier fort et discréditer votre interlocuteur. »

C’est remuer le couteau dans la plaie, sans ménagement.

les réponses des intervenants, philosophes, sociologues, écrivains confirment la généralisation de ces dialogues de sourds qui rendent les débats d’aujourd’hui si fastidieux et si assommants.

sauf quelques exceptions, d’autant plus méritoires, l’excommu - nication mutuelle est pratiquée sans remords. Philippe muray, au- teur d’Après l’Histoirestigmatise cette fureur imbécile d’une manière désopilante : « Il y a maintenant des phobes pour tout, des homo phobes, des gynophobes, des europhobes. Une phobie, c’est une névrose : est-ce qu’on va discuter, débattre avec un névrosé au dernier degré ? Non, on va l’en- 11

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voyer se faire soigner, on va le mettre à l’asile ou en cage. Dans la cage aux phobes. »

serions-nous entrés comme des innocents, et bientôt des sus- pects, dans l’ère des inquisiteurs ?

rares sont ceux qui, comme Jean-François revel, max Gallo, michel maffesoli, Paul-marie Couteaux, Jean d’ormesson, ont gardé la tête libre et une expression aisée au service d’idées clai res et distinctes. ils s’efforcent d’approcher la vérité et de la servir. Car, à l’évidence, le mal profond dont souffre l’intelligence contempo- raine – surtout en France – est de nier que l’homme soit capable de connaître le Vrai, c’est-à-dire le réel. Chacun, emberlificoté dans les arguties de rhéteurs abstraits, lové dans un subjectivisme radical, refuse, méprise ou ignore la réalité objecti ve. Ce faisant, la gloriole, la superbe et la rage de séduire pour améliorer les ventes en librairie l’emportent sur le bon sens natu rel, hors de tout esprit critique.

la vérité, cette noble conquête de l’esprit, est alors amputée, contrefaite et dépossédée de son critère d’universalité.

la mise à bas du réel, l’aplatissement de l’intelligence objective sont les préalables d’un asservissement culturel et politique. C’est ce qu’exprimait hanna arendt : «Tout est possible, la condition hu- maine n’est plus considérée comme un donné, l’humanité de l’homme peut être déconstruite et reconstruite à volonté. » dès lors, les manipulateurs ont le champ libre pour imposer l’arbitraire de leur doctrine, la vio - lence de leurs lois et leur dictature.

tant que la vérité ne sera pas la première servie, les débats en France seront faussés. aujourd’hui, selon le mot d’alain Finkielkraut : « Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone […] que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. »

« Les faits seuls sont réels », disait Claude Bernard. Ceux qui s’en détournent sont à la fois les jouets et les acteurs du mensonge. ils prennent et veulent nous faire prendre des vessies pour des lan - ternes. quel fou parlerait d’amour à une poupée gonflable ?

la question demeure : pourra-t-on revenir aux vrais débats ? Comment rendre à l’esprit critique ses vertus décapantes, tel qu’il se pratiquait autrefois dans les lycées, dans les facultés, par la pré - paration et l’initiation aux humanités? seul l’esprit critique, dans le 12

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respect de l’interlocuteur, permet de déjouer les faux-sem blants, les pièges du langage et de servir la vérité.

mais une hirondelle peut faire le printemps : un très jeune édi- teur, rémi Perrin, a réédité un ouvrage du philosophe belge marcel de Corte, ancien doyen de l’université de liège. il s’agit de L’Essai sur la fin d’une civilisation. Ce livre, publié en 1949, fut suivi, entre autres, de L’Homme contre lui-mêmeet de L’intelligence en péril de mort.

la vitalité de l’auteur, la pertinence de ses analyses, la profon - deur de ses réflexions donnent des leçons de santé intellectuelle et morale. selon son diagnostic, nos sociétés ne sont plus que des dis- sociétés. l’homme est devenu un Homme-masse, désincarné, sans défense devant les idéologues et les techniques de collecti visme.

marcel de Corte exhorte à retourner au réel, à nous réconforter à la sagesse des philosophes grecs, aux richesses nutri tives de la Philosophia perennis(la Philosophie éternelle). il invite à une refon- dation, à la restauration du pacte entre l’homme et l’univers.

le chantier reste ouvert. la civilisation a besoin de notre courage.

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