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Études sur le Tertiaire du Haut-Jura neuchâtelois

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Études sur le Tertiaire du Haut-Jura neuchâtelois

FAVRE, Jules, BOURQUIN, PH., STEHLIN, H.G.

FAVRE, Jules, BOURQUIN, PH., STEHLIN, H.G. Études sur le Tertiaire du Haut-Jura neuchâtelois. Mémoires de la Société Paléontologique Suisse, 1937, vol. 60

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:108924

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(2)

Etudes

sur le

Tertiaire du Haut-Jura neuchâtelois

par

JuLES FAVRE,

Pn.

BouRQUIN ET

H. G.

STEHLIN

Genève La Chaux-de-Fonds Bâle

Avec 4 planches et 7 figures dans le texte

MÉMOIRE SUBVENTIONNÉ PAR LA FONDATION DOCTEUR JOACHIM DE GIACOMI DE LA SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES

Tiré à part des

Mémoires de la Société Paléontologique Suisse Vol. LX

En commission chez E. Birkhauser & Cie., Bâle 1937

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(3)

I.

Nouvelles observations stratigraphiques sur la Gompholithe et les dépôts d'eau douce oeningiens

par J. FAVRE et P. BouRQUIN.

La erme lacustre et les couches tourbeuses de l'Oeningien supérieur (Sarmatien) du Crêt-du-Locle.

Au point où la nouvelle route du Locle à la Chaux-de-Fonds croise l'ancienne, à 150 m. environ au SW du passage à niveau du Haut-du-Crêt, une tranchée assez profonde, exécutée en 1931, a dé- couvert un complexe de couches de l'Oeningien supérieur. La figure 1 en donne le relevé.

Il est bien rare qu'on puisse observer ces couches très tendres et friables qui n'apparaissent jamais en affleurements naturels. Nous n'avons donc pas jugé inutile de les étudier en détail, d'au- tant plus qu'elles présentent des caractères assez différents de celles du même âge qui ont été dé- crites jusqu'ici dans d'autres parties du synclinal1).

Pour ce qui concerne les couches charbonneuses, les auteurs n'y ont signalé que des lignites, alors qu'au Crêt-du-Locle il s'agit de véritables tourbes.

Les niveaux calcaires poreux et pulvérulents qui alternent avec ces dernières diffèrent de même assez sensiblement de ceux de nature analogue qui sont déjà connus. Ainsi ScHARDT (1905, p. 266 à 274) dans la coupe très détaillée qu'il a publiée, et qui a été levée au Locle même, ne cite pas d'autres couches calcaires tendres que des marnes et des marna-calcaires, c'est-à-dire des roches à forte pro- portion d'argile. Or, les dépôts étudiés ici n'en contiennent presque pas. Par exemple, le résidu de l'attaque à l'acide chlorhydrique des bancs nos 7 et 10 n'atteint que le 1,3 et 1,2

%,

et certainement la partie organique de celui-ci est plus forte que la partie argileuse. Le résidu clastique est à peu près nul; ce sont de très rares grains anguleux minuscules, ne dépassant pas 200 ft, attribuables au mica, pl~s rarement au g:uartz, exceptionnellement à la tourmaline. Ces couches calcaires tertiaires sont donc des craies lacustres poreuses, pulvérulentes, qui ont à peine été transformées par les phé- nomènes de diagénèse.

Elles sont de teintes diverses, variant du blanchâtre, beige, au brun foncé, selon la proportion des matières humiques ou tourbeuses. Certaines d'entre elles sont stériles, mais la plupart renfer- ment d'innombrables Amnicola pseudoglobulus (n'ORB.) normalis (GoTTSCH.). Gyraulus

1) Les échantillons de roches récoltés pour cette étude sont déposés au Musée d'Histoire naturelle de Genève.

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2 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHÂTELOIS

trochiformis (STAHL) kleini (GoTTSCH. et WENZ) y est très fréquent, enfin, Galba j accardi (MAILL.) et Bithynia curta (Loc.) y sont communes. A noter encore que la couche n° 7 a fourni Leucochila acumina (KLEIN) v. larteti (DuP.), très rare dans le bassin tertiaire du Locle.

. . . . . .

Fig. 1. Coupe de l'Oeningien supérieur, au Crêt-du-Locle.

15 Craie lacustre beige pâle à strates ocre, ou gris pâle à strates gris-bleu, à concrétions calcaires de même couleur. A la base la couche est ocre foncé.

14 Craie lacustre blanchâtre stérile.

13 Craie lacustre humique gris-brun à strates charbonneuses, remplie d'Amni cola pseudo- globulus, de Gyraulus kleini ct de débris de coquilles.

12 Craie lacustre gris-brun. Amnicola peu abondants.

11 Craie lacustre gris-brun foncé. Amnicola très abondants.

10 Craie lacustre très poreuse et légère, beige blanchâtre, à fines strates beige; Amnicola et Gyraulus kleini assez abondants. Lentilles silicifiées dures, compactes, brun noirâtre, à fossiles opalinisés.

9 9a, craie lacustre humique gris foncé, feuilletée, à lits tourbeux. 9b, Lentilles silicifiées po- reuses, gris-brun ou blanchâtres, à empreintes de végétaux et à coquilles silicifiées ( Amnicola ).

8 Tourbe friable, pulvérulente. A la base, abondants menus débris de coquilles.

7 Craie lacustre humique gris-brun, remplie d'Amnicola pseudoglobulus puis de Gyrau- lus kleini, Galba jaccardi, Bithynia curta .

6 Craie lacustre stérile, blanchâtre ou jaunâtre, ocre à la base.

5 Minces lits de craie lacustre lumachellique gris-brun et minces strates tourbeuses à menus fragments de coquilles très abondants et à opercules de Bithynia. Coquilles entières rares:

Amnicola.

4 Tourbe pulvérulente à débris de coquilles, très abondants à la base.

3 Craie lacustre lumachellique grise.

2 Tourbe pulvérulente.

1 Strates minces de craie lacustre gris-brun et de tourbe. Débris de coquilles et opercules de Bithynia très abondants. Coquilles entières rares: Amnicola et Gyraulus kleini.

(5)

Ces bancs de craie montrent souvent de très minces strates charbonneuses, mais on trouve aussi, en alternance avec eux, des couches d'origine végétale bien différentes de celles signalées jusqu'ici dans l'Oeningien par JACCARD (1869, p. 94) et ScHARDT (1905, p. 263), car elles ne sont pas formées de lignite, mais d'un charbon très léger, friable, poreux, tout à fait analogue à nos tourbes post- glaciaires. A la base de ces couches tourbeuses on observe souvent une quantité de débris de coquilles et parmi elles de nombreux opercules de Bi thynia, bien qu'il ne s'y trouve souvent aucune co- quille appartenant à ce genre. Il y a évidemment eu, comme dans les dépôts tourbeux actuels, une dissolution plus ou moins complète du test des Mollusques par l'action des acides organiques.

Abstraction faite des lentilles de sédiment crayeux silicifié des couches 9, lOb et des concrétions calcaires de la couche 15, qui sont le résultat de phénomènes déjà avancés de diagénèse, le complexe de couches étudié ici rappelle étonnamment les dépôts de comblement post-glaciaire de beaucoup de nos lacs et étangs où les formations tourbeuses et crayeuses jouent un si grand rôle. Le même processus, à deux époques fort éloignées, a donné lieu à des sédiments tout semblables. Ces couches tourbeuses et crayeuses de l'Oeningien du Locle représentent un des derniers stades, sinon le dernier, du bassin lacustre miocène en voie de disparition par l'accumulation des sédiments.

Les lentilles silicifiées diffèrent quelque peu entre elles dans les deux niveaux où elles ont été observées. Celles de la couche 10 sont très dures, brun foncé, compactes, fétides au choc, à fines stries de stratification noirâtres, à veines et à petites concrétions d'opale et à coquilles opalinisées.

Dans la couche 9, elles sont poreuses, assez tendres, gris-brun ou blanchâtres, pulvérulentes à la surface, présentant des empreintes noirâtres de végétaux, empreintes tapissées de minuscules cris-·

taux de quartz ne dépassant pas deux dixièmes de mm. Les coquilles et leur contenu sont cons- tituées par une silice blanche, opaque, plus compacte que celle du reste de la lentille, mais elles ne sont pas opalinisées. Il semble que les lentilles de la couche 10 représentent un stade plus avancé dans la diagénèse que celles de la couche 9.

Les concrétions du niveau crayeux poreux et friable n° 15 sont curieuses et leur formation énig- matique. Elles atteignent 10 cm. dans leur plus grande dimension et sont constituées par un calcaire dur, gris-bleu ou beige selon qu'il est oxydé ou non, de texture très fine, à résidu argileux faible (1,5

%)-

Elles sont irrégulièrement convexes sur l'une des faces et irrégulièrement concaves sur l'autre, leur périphérie étant arrondie. Cette forme précise n'implique pas pour elles, comme on pourrait le croire à priori, une orientation déterminée dans la couche où, au contraire, elles occupent les positions les plus diverses. Leur surface est craquelée et crevassée; les cravasses béantes pénétrant profondément à l'intérieur où Fon observe encore des cavités de fissuration qui n'ont pas d'issue vers l'extérieur.

On ne remarque guère, sur les sections de ces concrétions, de structure zonée concentrique aux deux faces qui les limitent, cependant, dans la concavité, on observe une tendance, par fissuration ou rétraction, à la formation d'écailles courbes.

Ce complexe, qui forme la partie terminale des dépôts d'eau douce oeningiens du Locle, contient en abondance Galba jaccardi, Bithynia curta, Gyraulus kleini, Amnicola pseudo- g 1 ob u 1 us, toutes espèces qui permettent de le classer dans l'étage sarmatien.

Cette attribution est confirmée par la découverte dans ces mêmes couches d'une cheville osseuse de Gazelle que M. H. G. STEHLIN1) place à la partie tout à fait supérieure du Vindobonien, soit le Sarmatien des malacologistes. On verra plus loin2) que le complexe inférieur de l'Oeningien du Locle,

cc les grands bancs de calcaire dur)) de JACCARD, est d'âge tortonien.

1 ) Voir chap. II ci-dessous. 2 ) Voir chap. III ci-dessous.

(6)

4 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHÂTELOIS

Présence des couches sarmatiques

à

Amnicola pseudoglobulus dans le synclinal des Ponts-de-Martel.

Il y a plus d'un demi-siècle déjà que JACCARD (1870, p. 23) a signalé aux Ponts-de-Martel, sur le bord NW du synclinal, les grands bancs calcaires d'eau douce de l'Oeningien inférieur à Coretus mantelli (DuNKER) et Cepaea silvana (KLEIN) dont l'âge est tortonien. Nous avons découvert sur le même bord de ce synclinal, près du village des Ponts, entre le Voisinage et la Scierie des Creux, des couches appartenant au complexe de l'Oeningien supérieur (Sarmatien), soit des ·bancs minces de calcaire et des bancs silicifiés dans lesquels abondent Am nicola pseudoglobul us (n'ORB.) normalis (GoTTSCH.) et Gyraulus trochiformis (STAHL) kleini (GüTTS. et WENz). La série oeningienne paraît donc présenter ici les mêmes caractères que dans le synclinal du Locle et y être complète. Ce fait, ajouté à celui de l'absence de Gompholithe et de tout dépôt détritique eontem- porain de l'Oeningien sur les deux bords contigus des deux synclinaux du Locle et des Ponts indique que, au moins dans sa partie sud-occidentale, l'anticlinal de Sommartel qui les sépare aujourd'hui n'était nullement ébauché à la fin du Miocène moyen. Pourtant, un relief déjà nettement accusé existait à ce moment à proximité, plus au nord, dans la région de l'anticlinal de Pouillerel, comme en témoigne l'importance des dépôts de falaise représentés par la Gompholithe.

La Gompholithe helvétienne et l'Oeningien inférieur (Tortonien) du Crêt-du-Locle.

A 200 m. au nord-est du Pied-du-Crêt, entre la ligne du chemin de fer et la cote 978 située au coude de l'ancienne route du Locle à la Chaux-de-Fonds, la tranchée de la nouvelle route a permis d'observer les couches fortement renversées (30° environ) de la partie supérieure de la Gompholithe et de la base de l'Oeningien. La figure 2 donne le relevé détaillé de ce complexe rétabli dans sa situa- tion normale.

L'Oeningien inférieur ne présente rien de très particulier si ce n'est la présence de deux couches de montmorillonite qui sont la prolongation probable de celles découvertes autrefois (FAvRE, 1911, p. 419) à la Combe du Stand, à 1 km. au sud-ouest. Dans ces deux localités, ces couches sont intercalées dans les grands bancs calcaires qui sont charbonneux au contact du toit de la couche du minéral.

La coupe figurée ici présente par contre un certain intérêt au point de vue de l'âge de la Gom- pholithe. Dans une étude antérieure, l'un de nous (FAVRE, 1911, p. 412) avait considéré que cette formation était contemporaine des Marnes rouges helvétiennes (Vindobonien inférieur), puisque, en plusieurs points de la région, à la gare du Locle entre autres (FAVRE, 1911, fig. 9, p. 409), ces deux formations sont en alternances très nettes. RoLLIER (1912, p. 104-110), quelque temps après, était arrivé à une tout autre conception. Il admettait trois niveaux d'âges différents:

1° La Gompholithe pralinée, qu'on trouve par exemple à la Croix-des-Côtes, à l'ouest de la gare du Locle. Ses éléments, appartenant en partie au Crétacé inférieur, sont recouverts d'une épaisse couche concrétionnée rose-rouge à zones concentriques; le ciment calcaire qui les relie est de même couleur. Seule elle serait contemporaine des Marnes rouges helvétiennes.

2° La Gompholithe supramiocène, à ciment blanchâtre, à éléments jurassiques très do- minants ou exclusifs, subanguleux, à incrustation peu épaisse et blanche. Son âge serait oeningien inférieur, soit tortonien.

(7)

3° La Gompholithe postmiocène, d'aspect et de constitution identiques à la précédente, postérieure au plissement du Jura, probablement d'âge quaternaire ancien.

L'un de nous avait déjà montré antérieurement que non seulement la Gompholithe pralinée est en imbrication dans les Marnes rouges mais aussi la Gompholithe ordinaire à éléments subanguleux exclusivement jurassiens et à ciment blanc, celle-là même que RoLLIER place dans l'Oeningien in- férieur. Il en est ainsi par exemple pour le gisement mis à jour lors des travaux de fondation de l'usine électrique de la Chaux-de-Fonds (FAVRE, 1911, p. 411, fig. 12) _et pour celui de la tranchée du chemin de fer à la Combe du Stand (idem, fig. 17, p. 420). Dans les deux cas les galets et les blocs sont uniquement jurassiens, peu roulés, non pralinés, et leur ciment est blanc ou gris mais non rouge.

JACCARD (1870, p. 22, pl. III, fig. 5, 6, 7) avait déjà indiqué la superposition de la Marne rouge à la Gompholithe1) .Ille dit expressément:<< Au-dessus du Verger, la Gompholithe est très développée et acquiert ici sa plus grande épaisseur. Comme dans la tranchée du chemin de fer, elle est encore séparée du calcaire d'eau douce par la marne rouge)). Il ne s'agit point ici de la Gompholithe pralinée mais bien de la Gompholithe typique à éléments jurassiques peu roulés que RoLLIER attribuait à la base de l'Oeningien.

La nouvelle coupe que nous donnons vient appuyer encore notre opinion du synchronisme de l'ensemble de la Gompholithe avec les Marnes rouges helvétiennes. Le complexe de la Gompholithe que nous avons étudié montre plusieurs imbrications marneuses. La plus ancienne (couche n° 2) présente exactement les caractères habituels des Marnes rouges helvétiennes. Les trois suivantes (couches 9, 11, 13) ne sont pas typiques puisqu'elles ne sont pas vivement colorées, mais par leurs autres caractères elles se rattachent encore au dépôt helvétien, tandis que jamais des roches mar- neuses-argileuses n'ont été signalées dans les grands bancs de l'Oeningien inférieur où on ne trouve que des dépôts calcaires plus ou moins riches en matières organiques, mais pauvres en argile. La couche supérieure (n° 15), au contact de l'Oeningien, montre les plus grands rapports avec la couche inférieure (n° 2) quoique de teinte moins vive, et peut encore être rattachée aux Marnes rouges hel- vétiennes; elle contient 50% d'argile.

Il faut noter que si parfois la Gompholithe est en contact avec l'Oeningien (FAVRE, 1911, p. 409, fig. 9) jamais on n'a observé jusqu'ici d'intercalations de celle-ci dans les bancs du calcaire d'eau douce.

D'autre part, jamais les intercalations calcaires qui se trouvent dans la Gompholithe n'ont présenté de fossiles d'eau douce. Au contraire quand ces dernières renferment des organismes c'est, comme on le verra plus loin2), Microcodium elegans GLücK, Algue calcaire qui, dans le Jura oriental, se trouve dans le Citharellenkalk dont le facies est marin, et dans les couches immédiatement super- ··

posées, ensemble qui correspond aux couches helvétiennes du Locle, mais non à l'Oeningien dont la partie inférieure est tortonienne. Remarquons enfin que cette même Algue qui se trouve dans la Gompholithe pralinée rouge (Croix-des-Côtes et Brenets) s'observe aussi dans la Gompholithe typique à éléments jurassiens et à ciment blanc de notre coupe, soit dans la couche n° 5.

1 ) La coupe fig. 5 de JACCARD paraît être en contradiction avec les autres en ce sens que l'auteur indique la Molasse marine au-dessus des Marnes rouges, mais, p. 23, il dit qu'à la Croix-des-Côtes« la molasse n'est plus représentée que par des marnes blanches sans fossiles», marnes qui évidemment n'ont rien à voir avec les dépôts tertiaires marins du synclinal qui n'ont jamais ce facies.

Cette appréciation singulière du géologue loclqis peut être expliquée par le fait qu'il considérait la Gompholithe comme plus ancienne que la Molasse marine.

2) Voir chap. IV.

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Fig. 2. Coupe du passage de la Gompholithe à l'Oeningien, au Crêt-du-Locle.

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28 Marne grise.

27 Calcaire blanc-jaunâtre, tendre, gris, noirâtre à la base.

26 Montmorillonite.

25 Calcaire blanchâtre.

24 Grand banc calcaire tendre, blanchâtre.

23 Calcaire gris assez foncé.

22 Calcaire tendre blanc-jaunâtre.

21 Calcaire gris, tendre, à fines strates charbonneuses.

20 Grand banc de calcaire blanchâtre.

19 Calcaire tendre, gris, à fines strates charbonneuses.

18 Montmorillonite .

17 Calcaire dur au milieu, tendre en haut et en bas, gris noirâtre à la base.

16 Grand banc de calcaire tendre, blanchâtre, mais gris foncé à la base, à concrétions noduleuses au milieu. Coretus man tclli, Rad ix dilata ta.

15 Marne jaune-rougeâtre ou brun-rougeâtre, à concrétions calcaires blanches et irrégulières.

Cailloux de Malm à la base.

14, Marna-calcaire gris bleu pâle, à concrétions calcaires blanches. Au sommet, zone d'altéra- tion jaune d'ocre.

13 Marna-calcaire gris-jaunâtre ou jaune d'ocre, à concrétions blanches .

12 Gompholithe gris-jaunâtre, gris-verdâtre, à cailloux de Malm plutôt petits et subroulés;

ciment calcaréo-argileux tendre.

11 Marne argileuse gris-verdâtre, gris-jaunâtre ou jaune d'ocre pâle, à concrétions calcaires blanches.

10 Gompholithe gris-jaunâtre, gris-verdâtre, jaune d'ocre pâle à cailloux subanguleux de Malm;

ciment tendre, calcaréo-argileux.

9 M'1rne argileuse gris-jaunâtre, gris-verdâtre, à cailloux disséminés.

8 Gompholithe à ciment calcaire gris clair, à concrétions calcaires de même couleur et 2. cailloux de Malm subanguleux atteignant jusqu'à 20-30 cm.

7 Calcaire argileux tendre gris clair, à cailloux de Malm disséminés.

6 Calcaire argileux dur en haut, tendre en bas, gris pâle, gris-jaunâtre, gris-verdâtre, à petits cailloux de Malm très disséminés.

5 Gompholithe à ciment calcaire blanc, à cailloux de Malm subanguleux et multicolores (gris- jaunâtre à noir) atteignant jusqu'à 15-20 cm. Microcodium elegans.

4 Calcaire gris pâle à cailloux disséminés.

3 Calcaire blanc, assez dur, très pur.

2 Marnes panachées de rouge, de vert, de blanc et à concrétions blanches, irrégulières.

1 Gompholithe marneuse gris-jaunâtre, brunâtre.

Comme on le voit par les considérations qui précèdent et par les faits sur lesquels elles s'ap- puyent, la Gompholithe pralinée et la Gompholithe supramiocène de HoLLIER ne peuvent être main- tenues l'une dans le Miocène moyen, l'autre dans le Miocène supérieur. Elles sont toutes deux syn-

(9)

chroniques des Marnes rouges de l'Helvétien supérieur, l'Helvétien inférieur étant représenté dans le synclinal par une partie de la Molasse marine.

Enfin, la troisième Gompholithe de RoLLIER, qu'il appelle postmiocène, est constituée par les dépôts de la Combe Bichon près du Crêt-du-Locle et surtout par ceux du Bois Jean Droz, près des Eplatures. RoLLIER a reconnu que, au point de vue de leur nature, ils sont identiques à la Gompho- lithe précédente. C'est uniquement par leur situation qu'il les a datés. Leurs rapports avec les autres dépôts tertiaires voisins du synclinal sont obscurs; des dislocations ont brouillé les relations entre ces divers terrains qui ne peuvent être observés que très mal grâce à la rareté des affleurements. Comme on se trouve à cet égard dans le doute le plus grand, il faut donc envisager avant tout les caractères propres de ces dépôts. Or, et RoLLIER l'affirme lui-même, cette troisième Gompholithe ne diffère en rien de la seconde. Toutes deux présentent des caractères très particuliers qu'on ne retrouve dans aucun autre conglomérat jurassien d'un autre âge; il faut les considérer comme synchroniques.

Et d'ailleurs, la Gompholithe du Bois Jean Droz, comme les autres renferme Microcodium ele- gans, Algue connue seulement de l'Helvétien. Il y a longtemps que cet organisme y a été signalé (FAVRE, 1911, p. 407, 412), mais à une époque où il n'avait pas encore été identifié et n'avait donc pas la signification qu'il a prise aujourd'hui. La troisième Gompholithe de RoLLIER doit donc, de même que les deux autres, être considérée comme contemporaine des Marnes rouges helvétiennes.

Découverte de la Gompholithe helvétienne dans le synclinal des Brenets.

Des travaux exécutés pour l'établissement du tennis de l'Hôtel Bel-Air, aux Brenets, ont mis à découvert, un peu au-dessous de la ligne du chemin de fer, à environ 150 m. au sud de la gare, une série de couches appartenant à la Gompholithe helvétienne. Cette série est redressée et repose stra- tigraphiquement sur les Marnes rouges panachées de vert dans lesquelles abondent des concrétions calcaires blanches irrégulières.

La première couche de conglomérat, située au contact de ces marnes, mesure entre 2 et 3 m.

d'épaisseur. C'est la Gompholithe pralinée typique, identique à celle de la Croix-des-Côtes, dans le synclinal voisin du Locle, et plus riche encore en cailloux provenant du Crétacé inférieur, ceux du Jurassique étant peu abondants. Ces cailloux d'origine locale, sont subanguleux ou plus ou moins arrondis, de petite taille, ne dépassant guère 10 cm. Ils présentent toutes les couleurs, du gris, du roux et du rouge jusqu'au noir et sont recouverts d'une incrustation calcaire épaisse rose, rouge, parfois noire, qui est disposée en couches concentriques finement ondulées. Ces galets pralinés sont pris eux-mêmes dans un ciment de même nature et de même couleur rose-rouge que les inscrusta- tions; ce dernier est un peu argileux (8 %), assez dur, de sorte qu'en cassant la roche les galets sont souvent sectionnés.

Ce banc, par son facies, correspond exactement à la Gompholithe de la Croix-des-Côtes (FAVRE, 1911, p. 405-407), mais son synchronisme avec cette dernière est encore confirmé par la présence, dans les deux localités, de Microcodium elegans GLücK, qui, dans le Jura allemand caractérise l'Helvétien.

Au-dessus de ce premier niveau, la Gompholithe change un peu de caractère, ses cailloux sont plus petits et plus disséminés, leur incrustation est blanchâtre, plus rarement noirâtre et le ciment qui les relie est blanchâtre. Toutes ces couches contiennent Microcodium elegans, mais cette

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8 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHÂTELOIS

Algue foisonne surtout dans un banc de calcaire friable pulvérulent un peu argileux (7 %) intercalé parmi les couches précédentes.

Ce complexe de Gompholithe pouvait être observé sur une épaisseur de 7 m. environ.

La présence de ce terrain dans le synclinal des Brenets soulève deux questions intéressantes.

Voici la première. La Gompholithe, qui existe sans discontinuité sur le bord NW du synclinal du Locle-Chaux-de-Fonds, de la dernière de ces localités jusqu'à la Croix-des-Côtes située un peu à l'W de la gare du Locle, disparaît complètement dans la partie sud-occidentale de ce synclinal.

Par contre, on la voit réapparaître aux Brenets avec un facies identique à celui de la Croix-des-Côtes.

Cette bande de Gompholithe abandonne donc le synclinal du Locle-Chaux-de-Fonds pour réapparaître dans celui des Brenets malgré l'interposition de l'anticlinal de Pouillerel. Cela semble indiquer que si la falaise qui a donné naissance à ces dépôts était orientée sur une partie de son trajet dans une direction parallèle aux plissements qui se produisirent plus tard, sur une autre partie, au contraire, elle prend une position à peu près transversale à ceux-ci.

Il n'est pas sans intérêt de rapprocher cette constatation, de celle qui vient d'être faite ci-dessus à propos de l'Oeningien des Ponts-de-Martel, à savoir, qu'à l'époque correspondant au passage du Miocène moyen au Miocène supérieur, aucune ébauche du pli de Sommartel ne séparait les régions du Locle et des Ponts-de-Martel qui formaient alors une seule dépression occupée par un lac. Et si, quelques kilomètres au nord, un relief nettement accusé existait déjà, son orientation, on vient de la voir, ne devait pas être concordante avec celle de l'anticlinal actuel de Pouillerel. Ce sont là quel- ques indices qui laissent supposer que les grands plissements de la fin du Miocène n'ont pas été simple- ment une accentuation du relief ébauché déjà pendant le Miocène moyen, ils ne paraissent guère avoir été influencés par la topographie préexistante.

A propos du second problème que pose la découverte de la Gompholithe aux Brenets, il n'est pas inutile de donner un bref résumé de la succession des terrains tertiaires du synclinal. JACCARD (1869, p. 112) avait signalé un banc de grosses Huîtres reposant sur les calcaires portlandiens taraudés par les Pholades. Au-dessus, il avait observé un poudingue à ciment sableux et à cailloux bien ar- rondis et parfois attaqués par les Mollusques lithophages. L'Huître lui paraissant être Ostrea cal- lifera LAM., il attribua ce complexe au Tongrien. Mais RoLLIER (1910, p. 9) a montré que ce fossile n'appartient pas à cette espèce et que ce complexe, auquel s'associent encore des marnes vertes à Pecten, fait partie de la Molasse helvétienne. Au-dessus, ce même géologue a constaté les Marnes rouges que ScHARDT avait aussi notées (1903, p. 428) en les classant dans l' Aquitanien, erreur que RoLLIER rectifie. Elles sont l'équivalent de celles du Locle, soit aussi helvétiennes et c'est sur elles que repose la Gompholithe à Micro co di um elegans décrite ci-dessus.

En un mot le Tertiaire du synclinal des Brenets est constitué par la Molasse marine, les Marnes rouges et la Gompholithe, ensemble appartenant en entier au Vindobonien inférieur, soit à l'Helvétien.

Mais il existe encore dans ce synclinal un dépôt très considérable sur l'âge duquel les géologues n'ont pas osé se prononcer (ScHARDT, 1903, p. 427; RoLLIER, 1912, p. 28). C'est un blocage, formant de grands amas bordant le synclinal des Brenets de l'ouest du village jusqu'aux Recrettes, amas où dominent les blocs et les cailloux du Malm supérieur, mais où apparaissent aussi des marnes rouges et des conglomérats rappelant la Gompholithe. Maintenant que l'on connaît un fossile de cette der- nière formation, il serait fort intéressant de reprendre l'étude du blocage des Brenets afin de rechercher si peut-être son âge est Miocène et particulièrement Helvétien.

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II.

Notice sur une cheville de Gazelle trouvée dans le miocène lacustre du Crêt-du-Locle, suivie de rernarques sur les restes de mammifères

recueillis antérieurement dans les couches lacustres du vallon de La Chaux-de-Fonds

par H. G. STEHLIN.

L'été passé M. PHILIPPE BouRQUIN m'a remis pour examen un document très intéressant re- cueilli au Crêt-du-Locle et précisément dans ces couches supérieures rarement accessibles du miocène loclois qui sont décrites au chapitre précédent. C'est la cheville gauche d'une petite Antilope.

La coupe ci-contre, fig. 3, dressée par M. BouRQUIN, indique la situation du gisement qui a fourni cette trouvaille. Comme on le voit, il se trouve exactement en dessous de la route de sorte que toute fouille complémentaire serait impossible.

NW SE

Le Cre! du Locle

Fig. 3. Coupe du Synclinal de La Chaux-de-Fonds-Locle, au Crêt-du-Locle. Echelle 1 : 10.000.

1. Kimmeridgien, 2. Portlandien,

Communiquée par M. PH. BouRQmN.

3. Purbeckien, 4. Valanginien,

5. Molasse marine, 6a. Marnes rouges,

6b. Gompholithe, 7. Oeningien,

8. Lehm, 9. Tourbe.

La cheville du Locle est représentée figure 4a par sa face externe et figure 5a par sa face an- térieure. Autant que le petit fragment de frontal y adhérent permet d'en juger, elle était inclinée en arrière et très légèrement au dehors. Assez rapidement rétrécie vers la pointe, elle se courbe en arrière, son contour antérieur étant convexe, son contour postérieur faiblement concave. Elle est épaisse; sa section a la forme d'un ovale court à axe majeur antéro-postérieur. Le trou sus-orbitaire s'ouvre immédiatement à la base de la cheville ou plutôt dans cette base elle-même.

Aucune des diverses Antilopes signalées dans le Vindobonien ne présente cet ensemble de carac- tères. Tout d'abord notre échantillon s'écarte très sensiblement des petites chevilles droites et un peu rupicaproïdes de l'Antilope cristata BIEDERMANN, dont le gisement voisin des Combes, au sud- ouest du Locle, a fourni quelques exemplaires. Il n'a pas de rapport non plus avec les formes voisines

2

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10 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHATELOIS

de Sansan que Filhol a décrites sous les noms d'Antilope martiniana Lartet, Antilope sansaniensis LARTET et Antilope clavata GERVAIS. Les chevilles du Protragoceros chantrei DEPÉRET de La Grive-

Saint Alban l'égalent comme dimensions, mais elles en diffèrent considérablement par leur section et par leur forme générale. Il ne saurait encore moins être question de rapprocher cette cheville du Yliotragoceras monacensis STROMER d'Oberfêihring (Bavière) ou du Tragocerus latifrons SICKENBERG d'Oberhellabrunn (Basse-Autriche) qui ont tous les deux des appendices frontaux fortement aplatis.

Fig. 4. Chevilles gauches, vues par leur face externe, de a. la Gazelle du Crêt-du-Locle (Ctn de Neuchâtel)

b. Gazella deperdita Gervais ( = brevicornis RoTH et WAGNER) du Pontien de Pikermi c. la Gazelle du Vindobonien supérieur de La Grive-St-Alban (Isère).

5/s de grandeur naturelle.

En revanche la cheville du Locle possède une ressemblance frappante avec Gazella deperdita GERVAIS ( = brevicornis RoTH et WAGNER), si largement répandue dans le Pontien européen 1).

J'ai fait représenter fig. 4b et 5b un document analogue au nôtre, mais un peu moins incomplet, provenant de Pikermi. Quelques différences de détail entre les deux échantillons sont incontestables.

Dans la vue de profil, Fig. 4, on remarquera que la limite des rugosités qui différencient la cheville proprement dite, couverte de la gaine cornée, du col, couvert de peau, prend une direction un peu différente sur l'exemplaire du Locle; en arrière elle se rapproche davantage de la base que sur l'exem- plaire de Pikermi, en avant au contraire moins. La cheville du Locle est en outre un peu plus épaisse vers la base, mais plus rapidement rétrécie vers la pointe et en même temps plus courbe. La vue par

1 ) Cette constatation avait déjà été faite par M. le docteur P. REVILLIOD, qui a vu l'échantillon avant moi.

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devant, fig. 5, montre que la situation du trou sus-orbitaire n'est pas exactement la même. Enfin il faut ajouter que l'échantillon du Loele, sur la face postérieure de la cheville, présente l'indication obtuse d'une arête, dont on ne trouve pas la moindre trace sur celui de Pikermi. Ces petites diver:..

genees, cependant, ne sauraient masquer la très grande ressemblance des documents dans les traits principaux. La question de savoir si l'animal du Crêt-du-Locle doit être rapporté à l'espèce Gazella deperdita reste ouverte jusqu'à plus ample informé. Ce qui ne me paraît pas être douteux c'est qu'il rentre dans la proche parenté de ce type d'Antilope jusqu'ici inconnu dans le Vindobonien et signalé exclusivement dans le Pontien.

a. la Gazelle du Crêt-du-Locle.

a

Fig. 5. Chevilles gauches, vues par devant, de b. Gazella deperdita de Pikermi.

5/6 de grandeur naturelle.

c. la Gazelle de La Grive-St-Alban.

c

Ce résultat de l'examen morphologique, et la constatation que le gisement du Crêt du Locle occupe une situation élevée dans la série mioeène du vallon, devaient faire naître le soupçon que celle-ci, pourrait empiéter par son sommet sur le Miocène post-vindobonien, c' est-à-dirè sur le Pontien.

A la réflexion un vague souvenir me revient à l'esprit. Il me semblait avoir remarqué, il y a bien des années, un fragment de cheville d'allure pareille parmi les nombreux restes de mammifères que le musée de Lyon possède du célèbre gisement vindobonien de La Grive-St-Alban (Isère). Des ren- seignements demandés aussitôt à Lyon prouvèrent que ma mémoire ne m'avait pas trompé. Avec sa libéralité habituelle, M. CL. GAILLARD, directeur du Musée de Lyon, m'envoya pour étude l'échan- tillon en question. Il eut la grande amabilité d'ajouter la permission de le figurer. Qu'il en soit chaudement remercié.

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12 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHÂTELOIS

Le fragment de La Grive, représenté fig. 4c et 5c dans les mêmes positions que les deux autres, est malheureusement encore moins complet que celui du Crêt-du-Locle et de plus un peu roulé. Mais il suffit pour prouver que le type d'Antilope que nous étudions est également représenté à La Grive- St-Alban. Dans quelques détails, comme la courbure de la cheville et la direction de sa limite infé- rieure, il est encore plus semblable à notre document suisse que celui de Pikermi. D'autre part je puis ajouter que l'hypothèse d'une parenté étroite entre la forme de La Grive et Gazella deperdita est corroborée par une dent conservée au musée de Bâle et recueillie jadis à La Grive par FoRSYTH MAJOR (G. A. 1429). C'est une P1 supérieure, très différente de son homologue chez les autres ru- minants représentés dans la faune de La Grive-St-Alban, mais - à part les dimensions légèrement plus fortes -- identique à la P 1 de Gazella deperdita de Pikermi, etc.

Le gisement de La Grive-St-Alban est un remplissage de fente de nature sidérolithique. Il peut représenter une durée assez considérable, mais rien m'indique que celle-ci embrasse plusieurs phases de l'époque miocène différenciées les unes des autres par des changements appréciables dans la com- position de la faune des mammifères. Surtout, nous n'avons aucune raison d'admettre que la formation de ce dépôt s'est prolongée jusqu'au Pontien. La Grive correspond à une phase avancée du miocène prépontien, du Vindobonien. Si, avec M. FAVRE, on veut admettre, comme terme de la classification générale, un Sarmatien, ce gisement peut être considéré comme sarmatien.

Par conséquent la cheville du Crêt-du-Locle ne permet pas de conclure à la présence d'un dépôt pontien au sommet de la formation lacustre du vallon de La Chaux-de-Fonds. Mais elle indique à coup sûr un niveau très élevé dans le complexe du miocène prépontien.

Depuis cent ans les couches miocènes du vallon de La Chaux-de-Fonds ont, à plusieurs reprises, donné des restes de mammifères fossiles.

Un seul de ces documents provient des marnes rouges helvétiennes qui forment le passage entre la molasse marine et la série lacustre. C'est la pointe d'une défense de sanglier recueillie à La Chaux-de-Fonds même, à la rue du commerce, par le docteur E. BouRQUIN-LINDT. Cet auteur (1910, p. 73) a cru pouvoir la rapporter à Listriodon splendens. J'estime, pour ma part, qu'elle n'est pas susceptible d'une détermination aussi précise. L'espèce L. splendens serait même invraisemblable à ce niveau.

Le terme suivant de la série, les grands bancs de calcaire dur- complexe 1 a de la clas- sification de M. JuLES FAVRE - n'ont jamais livré la moindre trace de mammifère.

D'après les renseignements que je dois à M. FAVRE la presque totalité des ossements de mammf- fères trouvés dans le vallon appartient aux marnes et calcaires marneux, soit à son complexe lb.

C'est notamment de cette assise que dépendent le gisement de la place neuve à la Chaux-de-Fonds et celui des Combes au sud-ouest du Locle.

Le gisement de la place neuve à La Chaux-de-Fonds a été découvert par CÉLÉSTIN NrcoLET en 1838. L'étude de la récolte de fossiles assez considérable et variée que ce savant y fit au cours des années suivantes fut confiée à HERMANN voN MEYER de Francfort, dont les observations

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sont consignées dans une notice parue en 1846. Dix ans plus tard BAYLE, le paléontologiste de l'Ecole des Mines à Paris, a consacré quelques pages à cette même série. voN MEYER y est revenu en 1867 et les dessins qu'il a exécutés 1) ont permis ultérieurement à ScHLOSSER de réviser plusieurs de ses déterminations. Soit d'après ces dessins ou des moulages, soit d'après les originaux, AGASSIZ, RüTI- MEYER, JouRDAN, DEPÉRET et l'auteur de ces lignes se sont également occupés de l'une ou de l'autre des espèces recueillies par N ICOLET.

Malheureusement une bonne partie des fossiles qui composaient cette série a été égarée au cours des années. M. PH. BouRQUIN a bien voulu me communiquer, l'année passée, ceux de ces échan- tillons que je n'avais pas eu l'occasion d'examiner précédemment.

Voici une liste revisée de la faunule de La Chaux-de-Fonds, dans laquelle j'ai tâché d'éviter les précisions insuffisamment justifiées:

Pseudocyon sansaniensis LARTET Carnassiers indéterminés, deux espèces Hyotherium sommeringi MYR.

ou Conohyus simorrensis LARTET Listriodon splendens MYR.

Palaeomeryx eminens MYR.

Palaeomeryx bojani MYR.

Euprox fllrcatus HENSEL

Petit Ruminant (Lagomeryx? Micromeryx ?) Brachypotherium brachypus LARTET

Rhinocerotidé de taille moyenne Anchitherium aurelianense Cuv.

Dinotherium levius JouRDAN Mastodon angustidens Cuv.

v. MEYER a cité trois espèces de carnassiers dont un, de la famille des Canidés, à peine plus petit que l'Amphicyon major, mais différent. Il mentionne, comme se rapportant à cette grande espèce, une molaire inférieure, une incisive supérieure et une phalange. Je me fie au jugement de ScHLOSSER qui a constaté (1899, p. 124) que la molaire en question est de Pseudocyon sansaniensis.

Moi-même, je n'ai vu qu'un onciforme qui pourrait provenir de cette espèce. v. MEYER ne fait pas mention de cet os bien conservé. Les autres carnassiers cités étaient l'un un peu plus grand, l'autre un peu plus petit que le renard ordinaire et représentés par des débris peu caractéristiques. Parmi les documents qui m'ont passé par les mains, je n'ai vu de rapportable à un petit carnassier qu'un menu fragment d'ischium.

Deux molaires inférieures et une P1 supeneure indiquent un Suidé bunodonte. v. MEYER les a attribuées à Hyotherium sommeringi. Cette détermination est peut-être exacte. Mais, comme en 1899 (p. 46), je n'ose pas me prononcer de façon aussi catégorique que le paléontologiste franc- fortois. Comme structure des dents en question, le ci-devant H. simorrense, aujourd'hui classé dans le genre Conohyus PILGRIM, se distingue à peine de l'H. sommeringi; et la taille des deux espèces ne nous fournit pas non plus un caractère distinctif.

Le genre Listriodon et l'espèce L. splendens ont été créés par H. v. MEYER pour les molaires, prémolaires et incisives de la série NICOLET. Mais dans la même publication cet auteur a proposé le genre Calydonius ainsi que les espèces C. tener et C. trux pour les canines qui ont été recueillies associées à ces molaires. C'est le mérite de BAYLE d'avoir établi que toutes ces dents appartiennent à la même espèce. BAYLE a cependant fait tort à son prédécesseur en prétendant que celui-ci a créé

1) v. MEYER avait la coutume de dessiner minutieusement tous les fossiles qui lui passaient par les mains. Le riche atlas qu'il s'est ainsi constitué est conservé au Musée paléontologique de l'Etat bavarois, à Munich.

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14 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHÂTE;LOIS

son Calydonius trux pour les canines supérieures et son C. tener pour les canines inférieures. Il ressort nettement des paroles de MEYER que c'est une différence de taille observable sur les canines supé- rieures qui l'a déterminé à faire cette distinction. L'une des six canines supérieures recueillies par NicoLET est en effet considérablement plus faible que les autres, quoiqu'elle provienne comme celles- ci d'un sujet mâle. En dehors de ces diverses dents la série comprend un certain nombre d'os des membres attribuables au Listriodon: fragments d'humerus et de fémur, magnum, calcaneum, plu- sieurs exemplaires de l'astragale, du naviculaire, du cuboïde. Le Listriodon est l'espèce représentée par le plus grand nombre d'individus dans le matériel de ce gisement.

Quelques dents du Listriodon de La Chaux-de-Fonds sont figurées d'après les dessins de voN MEYER, dans mon ouvrage de 1899-1900 (pl. V, fig. 14-16, 22-23; pl. VI, fig. 18-19); en partie les mêmes, en partie d'autres dans le mémoire de STEBLER (1872, fig. 1-2, 4, 9-10). Il n'est peut- être pas superflu de rappeler que la première incisive supérieure de Listriodon évoque - de loin il est vrai - la canine mandibulaire bilobée de la Girafe et que, pendant quelque temps, cette res- semblance trompeuse a donné lieu à la croyance qu'un Girafidé fait partie de la faunule de La Chaux- de-Fonds 1).

Un très grand Palaeomeryx est représenté par deux molaires, l'une supérieure, l'autre inférieure et par une dernière dent de lait inférieure. v. MEYER a proposé pour ces trois dents une espèce nouvelle, P. nicoleti, que cependant il n'a jamais justifiée par une figure. Ces dents diffèrent si peu du P. eminens, dont le type est d'Oeningen, qu'il paraît superflu de leur réserver un nom spécial.

Je n'ai pas vu la molaire et les quelques os de patte que vo01 MEYER a rapportés à son P. b o jan i, mais je crois qu'on peut accorder une entière confiance à cette détermination.

Parmi les ossements qui m'ont passé dans les mains, j'ai remarqué un petit fragment de frontal qui indique un cervidé proprement dit. On y voit l'amorce du bois, dont la morphologie me semble être en meilleur accord avec Euprox qu'avec Heteroprox, Dicroceros, Procervulus, etc. Un certain nombre de molaires et d'os de pattes signalés par voN MEYER sous les noms tombés aujourd'hui en synonymie de Palaeomeryx medius et Scheuchzeri sont de taille analogue et peuvent provenir de la même espèce ou d'autres de taille analogue. Ces parties du squelette des Cervidés miocènes ne sont pas susceptibles d'une détermination précise.

Dans sa liste de 1867 v. MEYER cite un Palaeomeryx minor qui ne figure pas dans celle de 1846.

Il n'indique pas les documents par lesquels cette espèce était représentée. Je n'ai vu qu'un fragment de cuboscaphoïde qui pourrait provenir de ce ruminant, le plus petit de la faunule. Le nom de P.

minor est également tombé. C'était peut-être un Lagomeryx ou un Micromeryx.

Le matériel NicOLET comprenait, paraît-il, un lot assez considérable de restes de Rhinocérotidés, dont je n'ai vu qu'une petite partie. v. MEYER, suivant l'habitude de son temps, les a répartis sur Rh. incisivus et Rh. minutus. Je dois à feu ScHLOSSER le renseignement que, parmi les documents figurés dans l'atlas v. MEYER, il y a un métatarsien III qui porte les traits non méconnaissables du Brachypotheri um brachypus. Le musée de Bâle possède le moulage d'une molaire inférieure, exécuté au musée de Lyon du temps de JouRDAN. Selon l'étiquette, cet échantillon proviendrait de La Chaux-de-Fonds; si cette indication est exacte, il confirme la présence du Brachypotherium dans ce gisement. Quelques fragments d'os que j'ai vus, un bec d'olécrane, un pisiforme, une moitié de cuboïde, un cunéiforme II, deux phalanges II sont également rapportables à ce type. Les autres

1) Voir à ce sujet NICOLET 1847 I et GAUDRY 1862, p. 245.

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documents indiquent des Rhinocérotidés de taille moyenne. Ils peuvent provenir, en partie ou en totalité, d'Aceratherium incisivum, mais ne se prêtent pas à une détermination précise. Le Rhino- céros minutus, espèce stampienne, n'y est sûrement pas représenté.

Anchitherium aurelianense n'a pas été signalé par voN MEYER. Dans la série d'ossements Hudiée j'ai remarqué une deuxième phalange de doigt médian de cet Equidé. Ce document possède les fortes dimensions de l'Anchitherium de Steinheim.

De Dinotherium, v. MEYER mentionne une P ou D inférieure et quelques fragments de mo- laires. La dent entière est représentée sur l'une des planches que JouRDAN a fait dessiner et que DEPÉRET a incorporé à son grand ouvrage de 1887 (pl. XVII, fig. 2). Ce dernier auteur l'interprète exactement comme D3 inf. droite. La fig. 4, pl. XVI du même ouvrage se rapporte à une M2 in- férieure droite (dépourvue de son cône antéroexterne) qui provient également de La Chaux-de-Fonds.

Le musée de Bâle possède des moulages de ces deux dents qu'il a reçus anciennement de la part du musée de Lyon, accompagnés de celui d'une troisième qui selon l'ancienne étiquette proviendrait elle aussi de La Chaux-de-Fonds. C'est celle qui, avec l'indication<< provenance inconnue))' est figurée Pl. XVII, Fig. 8 de l'ouvrage cité. DEPÉRET l'interprète comme molaire; en réalité c'est une D1 inférieure droite, qui a perdu son troisième lobe et le cône externe du lobe mitoyen. Toutes ces dents indiquent des sujets de taille moyenne. Elles seraient petites pour D. giganteum et sont décidément trop fortes pour D. Cuvieri. Je ne vois pas de raison de ne pas les rapporter à D. levius JouRDAN dont le type est du Vindobonien supérieur de La Grive-St-Alban.

Mastodon angustidens a été signalé par v. MEYER d'après quelques petits fragments de molaires et une pointe de défense supérieure; cette dernière est représentée pl. V, fig. 24-27 de son ouvrage de 1867.

ScHLOSSER, d'après lesdessins de VON MEYER, a encore signalé comme faisant partie de la faune de La Chaux-de-Fonds: Galerix exilis (1887, p. 119), Tapirus, Chalicomys (lettre adressée à l'auteur le 17 septembre 1914). Ces espèces n'altéreraient pas le caractère de la faunule, mais j'ai préféré de ne pas les introduire dans ma liste 1).

Quant à Chalicomys il est très probablement cité par erreur. v. MEYER (18L16) mentionne, à la suite de ses remarques sur la faune de La Chaux-de-Fonds, un rongeur comparable à ce genre, mais des Guinots (Département du Doubs), non pas de La Chaux-de-Fonds.

Dans son ensemble, la faunule de La Chaux-de-Fonds revêt un cachet vindobonien supérieur typique. Rien encore n'y révèle l'approche de l'invasion pontienne. Mais Palaeomeryx eminens, ainsi que la taille considérable des représentants du Listriodon splendens et de l' Anchitherium aure- lianense, indiquent un terme élevé de la série vindobonienne. Cette constatation est du reste en par- fait accord avec l'observation stratigraphique qui nous montre l'assise à ossements séparée de l'Hel- vétien par l'épaisseur considérable des grands bancs de calcaire dur.

Le gisement des Combes, exploité par A. JACCARD vers 1885 2), est situé au Sud-ouest du Locle et «presque à l'extrémité du dépôt lacustre )). En cet endroit, un éboulement local avait mis à découvert une couche de «marne noire, presque tourbeuse)) qui, à part d'innombrables coquillages

1) Je ne m'arrête pas à la vertèbre de grenouille ni aux restes de tortues, que v. MEYER a répartis sur six espèces différentes.

Ces fossiles ne nous fournissent aucune indication stratigraphique.

2) JACCARD, 1888.

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16 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHÂTELOIS

brisés, contenait des restes de mammifères en quantité. Les os retirés de ce gisement sont de couleur foncée, tandis que ceux de La Chaux-de-Fonds se distinguent par une teinte claire.

Malheureusement la récolte faite aux Combes a également subi des pertes. Ce que j'en ai vu à l'institut géologique de l'université de Neuchâtel se répartit entre Antilope cristata BIEDERMANN, un Cervidé de la taille de l'Euprox furcatus HENSEL et un Rhinocerotidé.

L'antilope est représentée par un certain nombre de dents et par cinq chevilles osseuses, dont une assez complète. RüTIMEYER, consulté par JACCARD, a attribué ces documents à l'Antilope cri- stata, signalée par BIEDERMANN dans la molasse de Veltheim, près de Winterthour, tandis que TH. STUDER les a plus tard rapportés à Antilope clavata LARTET. Pour ma part j'estime que la pre- mière de ces déterminations est la bonne. Deux des chevilles sont figurées dans le mémoire de STUDER (1896, fig. 6) )1

JACCAHD signale les restes de Cervidé sous les désignations de << Palaeomeryx >> et Dicroceros;

en réalité ils ne se prêtent pas à une détermination précise. Il en est de même des quelques débris d'un Rhinocérotidé, qu'il attribue avec réserve à << R. incisivus n. Je n'ai rien vu de rapportable aux genres Machairodus, Amphicyon, Mastodon, qui figurent dans l'énumération de cet auteur. La men- tion d'un Machairodus, que j'ai conservée dans ma liste de 1914, a été basée sur deux mauvais frag- m(mts de canines aplaties. J'ai constaté depuis que ces dents proviennent d'un Cervidé, probable- ment le même qui est représenté par d'autres parties de son squelette.

Cette faunule, étant donné le petit nombre des espèces qui la composent, est forcément moins bien caractérisée que celle de La Chaux-de-Fonds, mais elle peut très bien être du même âge.

Il en est de même de quelques trouvailles éparses qui ont été faites dans l'assise des marnes et calcaires marneux.

Lors de la construction du nouveau collège du Locle, en novembre 1871, JACCARD recueillit une symphyse mandibulaire de Listriodon avec la canine endommagée et les trois incisives gauches, ainsi qu'une énorme canine superieure. Ces pièces remarquables, conservées à l'institut géologique de Neuchâtel, ont été décrites et figurées par STEBLER (1872, fig. 3, 5, 7-8).

A la combe Girard, au S-E du Locle, a été trouvé une portion de tibia que JACCAHD rapporte à un Hyotherium. Je n'ai pas vu ce document.

En 1856 les travaux de terrassement de la voie ferrée et de la gare du Locle, ont mis au jour, d'après le même auteur, des ossements nombreux mais qui proviennent exclusivement de tortues.

Enfin il convient de rappeler que - toujours d'après des renseignements dus à M. FAVRE - la cheville du Crêt-du-Locle n'est pas le premier reste de mammifère recueilli dans les calcaires siliceux à lignites (complexe II de la classification FAVRE). Ces couches les plus élevées de la formation lacustre existent dans la région du Verger à l'extremité Est du Locle et c'est de là que provient la dent de Dinotherium donnée au Musée de Neuchâtel par HENRI GRANDJEAN et présentée par AGASSIZ à la société helvétique des sciences naturelles, il y a juste un siècle, en 1837. C'est une pénultième prémolaire inférieure gauche de dimensions analogues à celles des pièces recueillies à La Chaux-de-Fonds. Ce fossile n'a pas une signification stratigraphique précise; il pourrait provenir des niveaux les plus divers du système miocène.

1) A noter en passant que le fragment d'os de Bretiège (Brüttelen) que STUDER interprète comme cheville de la, même Antilope a une toute autre signification.

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Vingt ans plus tard, dans la même région, JAccARD découvrit des ossements brisés de trés grande taille. «Je les confiai)), écrit-il, <<à M. JouRDAN, de Lyon, qui ne me les a jamais rendus)).

Le sort de ces ossements, peut-être inutilisables, m'est inconnu. Mais la remarque de JACCARD me rappelle une dent de suidé conservée au musée de Lyon et portant l'indication de provenance << Locle )).

Je l'ai mentionnée en 1899 (l. c. p. 56) en la rapportant dubitativement à << Sus palaeochoerus )) et en formulant des réserves expresses au sujet de sa provenance. A cette époque je ne me rendais pas compte de la possibilité de distinguer dans le Vindobonien supérieur du Locle un niveau plus élevé que celui qui a fourni les ossements de La Chaux-de-Fonds. Aujourd'hui, la présence du S. palaeo- choerus 1) dans les couches supérieures du Verger ne paraîtrait pas invraisemblable et serait d'un très haut intérêt. Avec Dryopithecus Fontani, Protragoceros Chantrei, Miotragoceras monacensis, Tragocerus latifrons, ce Suidé peut en effet être cité parmi les espèces qui, comme la Gazelle du Crêt- du-Locle, préludent à l'époque pontienne. Cependant, en revoyant l'esquisse que, jadis, j'ai prise du document en question, je m'aperçois que mes doutes au sujet de son attribution spécifique étaient des plus fondés. J'incline aujourd'hui à croire que cette dent est posttertiaire et dans ces conditions il me paraît préférable de ne pas en tenir compte.

1 ) Il convient de transporter Sus palaeochoerus dans le genre Hyotherium parce que ses canines supérieures forment encore des racines. Tout porte à croire qu'il n'est qu'une mutation évoluée 'de l'Hyotherium Sômmeringi.

3

(20)

18 J. FAVRE ET CONS., TERTIAIRE DU HAUT-JURA NEUCHATELOIS

III.

Revision de la faunule malacologique de l'Oeningien du Locle

par JuLES FAVRE.

Introduction.

Les travaux de correction de la route du Locle à la Chaux-de-Fonds ont mis à jour au Crêt-du- Locle, en 1931, un complexe de couches de l'Oeningien supérieur. On en trouvera ci-dessus une étude qui a été faite en collaboration avec M. PH. BouRQUIN.

Ces sédiments n'ont fourni que quelques espèces de Mollusques; mais certaines d'entre elles y étaient représentées par un nombre prodigieux d'individus qui constituent un matériel précieux pour l'étude de la variabilité dans ce groupe d'animaux. D'autre part, au cours des années, j'ai recueilli dans les dépôts d'eau douce de la région du Locle, et particulièrement à la Combe Girard, une assez grande quantité de fossiles. J'ai été ainsi amené à entreprendre une revision des espèces de Mollusques de l'Oeningien du synclinal du Locle-Chaux-de-Fonds, dont l'étude avait été faite par MAILLARD et LocARD (1892, 1893).

A vrai dire, une revision de cette faunule, à laquelle j'avais collaboré, a déjà été publiée par ScHARDT (1905, p. 279). Toutefois, elle n'était basée que sur les échantillons de la collection JACCARD qui est actuellement à l'Institut de géologie de Neuchâtel. Elle restait donc incomplète, puisque MAILLARD et LocARD ont aussi utilisé l'important matériel du Musée de Lausanne. Grâce à l'ama- bilité de M. le Professeur LuGEON, j'ai pu étudier ce matériel, et je dois à l'obligeance de l\1. le Pro- fesseur ARGAND et de son assistant, M. C. E. THIÉBAUD d'avoir pu revoir les espèces de l'Oeningien de la collection JACCARD. Enfin, le Musée de Genève possède une série de fossiles du Tertiaire d'eau douce du Locle et de la Chaux-de-Fonds qui m'a été précieuse.

Il a été pour moi de la plus grande utilité de comparer la faune du Locle avec celle de Steinheim.

Le Musée de Stuttgart, par l'intermédiaire de M. le Dr SEEMANN, conservateur, et M. le Dr \V. WENZ ont eu la grande complaisance de me communiquer toutes les espèces du gisement classique wurtem- bergeois qui pouvaient m'intéresser.

Que tous ceux qui ont ainsi contribué à faciliter ma tâche veuillent croire à mes sentiments reconnaissants.

Les matériaux que j'ai récoltés moi-même et dont il est fait mention au cours de ce travail sont déposés au Musée d'Histoire naturelle de Genève.

Pour des raisons d'opportunité, l'ordre suivi dans cette revision est celui adopté par MAILLARD et LocARD dans leur monographie. Les chiffres placés après les noms des espèces citées au Locle par ces auteurs renvoient à la page et aux planches de cette monographie où il en est fait mention, et où elles sont figurées.

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