FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1898-1899 N® 57
IDE
A LA
PÉRIODE SECONDAIRE DE LA SYPHILIS
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentéeet soutenue publiquement le 21 janvier 1890
PAR
Louis
ROUCHAUD
Nè à Lisle (Dordogne) le 16 janvier 1873
MM. PICOT,professeur Président.
Examinateursde la Thèse:^ LAYET, professeur \
I DUBREUILH, agrégé >Jvges.
MOURE, chargé decours.)
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses
parties de l'Enseignementmédical.
BORDEAUX
G. GOUNOUILIIOU. IMPRIMEUR DE LA
FACULTÉ DE MÉDECINE
11, RUE GU1RAUDE il 1899
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
•
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES... Doyen honoraire.
PROFESSEURS:
MM. MIGÉ \
AZAM /ne i
DUPUY.. 1 Professeurs honoraires.
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Clinique interne . . . Cliniqueexterne. . .
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tiquegénérales. . . Thérapeutique. . . .
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Clinique des maladiesdes voies urinaires Maladies dularynx, des oreillesetdunez Maladies mentales
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LAGRANGE.
CARLES.
Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les Thèses qui lui sontprésentées doivent être considérées comme propresà leursauteurs, et qu'ellen'entend leur donner niapprobation ni improbation.
A MON PRÉSIDENT DE
THÈSE
M. LE
DOCTEUR PICOT
PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE
LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE
BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE
MÉDECINE
DE
L HYPERTROPHIE DES AMYGDALES
A LA
PERIODE SECONDAIRE DE LA SYPHILIS
CHAPITRE
PREMIER
Depuis que la
syphilis est devenue
uneentité morbide bien
distincte, on a étudié avec
soin chacune de
sesmanifestations,
et à l'envi les spécialistes se sont
efforcés de retrouver dans
chaque
manifestation morbide pathologique que présentait
un individu entaché de syphilis, le sceau
de la diathèse infec¬
tieuse. La pneumonie est
devenue la pneumonie syphilitique,
l'iritis, l'onyxis, les
arthrites, la gastrite, ont toutes donné lieu
à des études très sérieuses de
diagnostic différentiel. On
a multiplié les symptômespathognomoniques, au dire des obser¬
vateurs, grâce
auxquels
onpouvait diagnostiquer la syphilis
ou tout au moins retrouver la marque
et l'évolution toute
particulièrequ'imprime la syphilis à tous les processus patho¬
logiques qui
peuvent exister
enmême temps qu'elle. Sans
nierl'influenceprofonde que peut
avoir
surtous les systèmes
en généralun
état pathologique dont le virus se diffuse d'une
façon si évidente dans tous
les
organes,il nous semble que
dans beaucoup de cas
l'ingéniosité des auteurs et leur désir
de publier ont beaucoup
exagéré.
Du fait qu'un individu est ou a été syphilitique, faudra-t-il
dire que tous les états pathologiques qu'il doit présenter
seront d'ordre syphilitique, ou faut-il admettre qu'à côté de
la syphilis des diathèses peuvent se développer pour leur
propre compte sans être entachées en rien de syphilisme, et
par syphilisme nous entendons qu'ils présenteront des carac"
tères différentiels tels qu'on pourra y reconnaître les carac¬
tères généraux de syphilis?
En outre, si l'on veut réfléchir, à la limite si discutable de
la fin de la période secondaire, à la variété étrange des acci¬
dents de cette même période secondaire qui ont valu à la syphilis le nom si justifié de Protée, on se rendra compte des
difficultés que peut présenter le diagnostic étiologique diffé¬
rentiel d'une foule d'accidents.
Au cours de nos études, nous avons eu souvent l'occasion
d'entendre nos maîtres nous parler de ces difficultés", et dans
notre pratique nous avons été assez souvent aux prises avec elles. On comprendra l'intérêt de ce diagnostic étiologique si
l'on veut songer que c'est de lui souvent que dépendra le traitement, traitement qui, s'il a toujours pour base essen¬
tielle le mercure et ses dérivés et l'iodure, varie cependant
dans de larges limites avec chaque sujet, et, comme le disait Diday, « il faut pour chaque syphilitique une médication spé¬
ciale, et si nous n'avons en principe que deux médicaments à ordonner, les indications fournies par les antécédents du malade, son état de dépression plus ou moinsgrand, et enfin
et d'une façongénérale les diathèses qu'il peut présenter outre
la syphilis, sont souvent des indications impérieuses pour modifier le traitement type d'une syphilis. »
Et celasecomprend facilement; qu'un tuberculeux contracte
la syphilis, qu'un individu dont l'appareil digestif a été sur¬
mené, qu'un diabétique, qu'un vieillard, qu'un anémique, qu'un nerveux attrape la vérole, que d'indications nous seront fournies par ces divers états pour instituer un traite¬
ment! Mais pour l'institution de ce traitement, ily a un point capital à considérer. Quelle est la partqui revient à la syphilis,
quelle est la part
qui revient à la diathèse accessoire? En un
mot, dans une
lésion donnée, faut-il voir et la part qui revient
au processus
syphilitique et la part qui ne lui est pas propre?
C'est à l'étude d'un de ces points de
détail
que nous consa¬crons notre thèse inaugurale. Très
souvent, dans la pratique
journalière, nous avons
été embarrassé par des hypertrophies
amygdaliennes.
Non seulement le diagnostic
étiologique
nelaissait
pasque
de nous embarrasser, mais encore les
multiples indications
du traitement nous laissaient parfois
indécis.
La très grande
difficulté qu'il
y a,même pour un histologiste
expérimenté, de
faire des recherches anatomo-pathologiques
sur ce sujet, a fait qu'à notre
connaissance, il n'existe qu'un
nombre très restreint d'auteurs qui se
soient préoccupés de
la question.
Cornil
etRanvier
endisent à peine quelques
mots,le professeur Coyne
n'en parle
pasdavantage; quant aux
autres auteurs, ils ont ou
bien effleuré la question, ou pillé,
sans même les citer parfois, les deux auteurs que nous
venons
de mentionner. Du reste, pour nous,
praticien, il
nouseût
été impossible, avec
la meilleure volonté, de traiter cette
question.
Mais avant d'allerplus loin,
il importe
que nousdéfinissions
très exactement ce que nous
entendons
parhypertrophie des
amygdales à la
période secondaire de la syphilis.
CHAPITRE II
Nous entendonspar hypertrophie des amygdales à la période secondaire, l'augmentation du volume de cet organe qui se
produit durant les limites que l'on attribue d'une façon géné¬
rale à la période secondaire de la syphilis.
Nous rappellerons que, par période secondaire, les auteurs
entendent le temps que met à apparaître la série desaccidents qui se produisent depuis l'apparition du chancre induré jus¬
qu'à la disparition définitive de tous les accidents, sauf la
gomme, qui marque, pour ces auteurs, l'avènement de la période tertiaire.
Nous ferons remarquer qu'avec les méthodes actuelles de
traitement, la gomme est un accident qui tend à disparaître
de plus enplus et que, par conséquent, la limite qu'attribuent
les auteurs à la période secondaire est quelque peu illusoire.
Nous préférons, pour nous, définir la période secondaire : la période qui s'étendrait depuis le moment où le chancre induré
a paru jusqu'au moment où, sans suivre de traitement, le
malade peut passer deux ans sans présenter d'accidents. . Qu'il y ait des exceptions à la règle et que parfois une plaque muqueuse tardive apparaisse en dehors des limites que nous assignons à la période secondaire, nous savons que le fait existe, qu'il a été cité, quoique pour notre part nous n'en ayons jamais vu. Mais on avouera que, comme nous le
disionsplus haut, c'est l'exception.
Traitantde l'hypertrophie des amygdales à la période secon¬
daire de la syphilis, nous ne parlerons pas bien entendu de l'hypertrophie que peutprésenter une amygdale porteuse d'un
chancreinduré ou envahie par une gomme.
En résumé, après avoir décrit l'hypertrophie syphilitique
de l'amygdale à la période secondaire, son époque d'appari¬
tion,safréquence,sadurée sans traitement ou sous
l'influence
d'un traitement, essayé d'établir un diagnostic différentiel clinique entre les diverses hypertrophies amygdaliennes,
donné les opinions des divers auteurs à ce sujet, nous ten¬
terons de déterminer la part qui revient à la syphilis et celle qui peut revenir aux différentes
diathèses qui
peuvent se présenter chez le même individu.Le nombre d'observations que nous avons recueillies, soit personnelles, soit dans les auteurs,
soit dues à l'obligeance de
quelques-uns de nos camarades, nous aprouvé
que cettemanifestation constituait un symptôme qui, sans avoir la
valeur diagnostique des grands accidents
syphilitiques, n'en
constituait pas moins un élément précieux de
diagnostic
tropsouvent méconnu, peu souvent traité, sur lequel il nous a semblé bon d'attirer l'attention des praticiens. Quant au trai¬
tement, après avoir exposé ceux que préconisent
les princi¬
paux auteurs, nous donnerons le
résultat tiré des observations
qui constituentl'avant-dernièrepartie de
notrethèse.
Qu'il nous soit permis, en terminant ce premier chapitre,
de remercier tous ceux qui ont bien voulu s'intéresser à nous dans le cours de nos études. Que M. le professeur Picot
veuille bien recevoir l'expression de notre très sincère et
très respectueuse gratitude pour sa
paternelle bienveillance.
En acceptant aujourd'hui la
présidence de notre thèse, il
acquiert un titre de plus à notre
reconnaissance,
sansqu'il
nous soit possible de
lui exprimer toute notre affection.
— 12 —
CHAPITRE III
Actuellement, d'une façon générale, on admet en
fait l'in¬
fluence de lasyphilis surle système
lymphoïde et les amygdales
en particulier. Quelques auteurs
modernes, cependant,
ne signalent pasl'hypertrophie simple des amygdales à la période
secondaire, se rattachant en cela
à des opinions antérieure¬
ment admises. Si l'on veut revenir à l'origine et recourir
auxopinions les plus anciennes,
les descriptions sont tellement
embrouillées, les textes si obscurs, que
c'est
avecla plus
grandedifficulté
quel'on peut bien démêler de quoi les
auteurs ont bien voulu parler. En effet, dans toutes ces
des¬
criptions, il règne un
désordre inconcevable
: onparle de
l'arrière-bouche, de la base de la
langue, du pharynx, des
amygdales^ en un mot
de tout le fond de la bouche,
sans jamais spécifiers'il s'agit
oudes amygdales
oude telle autre
région du pharynx en
particulier.
Sans compter queles auteurs se
préoccupent fort
peu,à
ces époques-là, s'il s'agitd'un accident secondaire
outertiaire,
oumême sans s'inquiéter de savoir
si les accidents qu'ils attri¬
buent à la « grosse vérole » sont
bien d'origine syphilitique.
C'est ainsi que les auteurs
chinois, d'après le capitaine Dabry,
parlent de la
difficulté de la déglutition,
quel'on observe chez
les syphilitiques. A
quoi
estdue cette dysphagie
;c'est le seul
point qu'ils oublient
de
nousindiquer.
Les Latins et les Grecs ne donnentpas davantage
d'explica-
— 13 -
tions, etil faut
arriver à A. Paré pour trouver quelque chose
à ce sujet.
Ambroise Paré, au chapitre
IV de
sondix-neuvième livre,
estle premier auteur
qui décrive nettement l'hypertrophie des
amygdales : «Leur
survient aussi, dit-il, tumeurs aux amyg¬
dales qui les
gardent bien de parler et avaler leurs viandes et
même leur salive. »
Comme on le voit, Paré ne
spécifie
paslui non plus. Il a
noté que les
amygdales étaient grosses, et voilà tout. Que cette
hypertrophie
soit due à la syphilis ou à des affections secon¬
daires venantse greffer sur
des plaques muqueuses, ou même
que la
difficulté de la déglutition soit due à la présence d'un
chancre toujours
possible, il n'en
acure.
Swedeaur, le premier,
est réellement explicite. Parlant de
l'érythème
syphilitique bucco-pharyngé, il ajoute : « Quand le
» virus syphilitique est
absorbé dans la masse du sang, il porte
» le plussouvent
la première action sur la gorge... En exami-
» nant la gorge, on ne
trouve parfois qu'un gonflement consi-
» dérable des amygdales. »
Après
Swedeaur, il faut aller jusqu'en 1814 avec R. Carmi-
chaël et Tanturri(de
Naples),
pourvoir
cesymptôme signalé.
Actuellement Desnos, Lanceraux,
Despretz, Jullien, Aimé-
Martin, Corail,
Martinaud, Mauriac, Ferréol, Gouguenheim
(cité par
Gilles), mentionnent l'hypertrophie de l'amygdale
d'origine
syphilitique.
«D'autres auteurs sont
moins affîrmatifs. Bassereau dit qu a
l'époque
des plaques muqueuses souvent les amygdales se
gonflent.
Vidal, Ricard, Langlebert, Bazin, Fournié, ne pro¬
noncent pas le mot
d'hypertrophie, mais laissent voir qu'ils y
font plus ou
moins allusion. Besnier (Soc. méd. des Hôpitaux,
25 novembre 1881) admet
l'hypertrophie, tout en la déclarant
très rare. » (Gilles.)
Enfin en 1882, l'auteur
des quelques lignes précédentes
consacre à
l'hypertrophie des amygdales chez les syphilitiques
une thèse pleine
d'intérêt. Depuis cette époque, les travaux
publiés sur
la question ont été très rares.
— 14 —
Les auteurs de Traités généraux de Médecine signalent à
peu près tous actuellement l'hypertrophie des amygdales,
mais ils sont muets pour la plupart sur l'étiologie de ce symp¬
tôme et, en outre, le plus souvent, ils passent sous silence
non seulement son époque
d'apparition,
mais encore sa durée et sa fréquence.CHAPITRE IV
Avantd'aborder l'étude dudiagnostic différentiel de l'hyper¬
trophie des amygdales d'origine syphilitique, nous devons
scinder cette partie de notre thèse. Dans la première partie,
nous traiterons du diagnostic de l'hypertrophie simple sans érosion tégumentaire; dans la seconde,nous décrirons l'hyper¬
trophie amygdalienne avec perte de substance.
Si nous nous en rapportons à Gilles, à Jullien, à Balzer, à Biday, ceserait environvers la sixième semaine après l'appa¬
rition de l'accident primitif que surviendrait l'hypertrophie amygdalienne. Une statistique que nous avons établie et com¬
portant 106 observations, tant personnelles qu'empruntées à
la littérature médicale,nous ferait plutôt fixervers la huitième
semaine l'époque d'apparition de cet accident. Il est à noter qu'il est excessivement difficile de déterminer l'époque précise
de l'apparition de l'hypertrophie. Celle-ci, en effet, ne débute
par aucunedouleur, les malades ne se plaignent pas; souvent
même le chancre etla roséole ayantpassé inaperçus, ce symp¬
tôme n'est découvert que par hasard à propos d'une affection
collatérale. Du reste, cette époque d'apparition, à quelques jours près, n'a pas grande importance. On verra aussi
dans
quelques cas combien elle est tardive, alors que dansd'autres
sa précocité est telle qu'elle peut coïncider avecla disparition
du chancre.
L'affection est toujours bilatérale, premier élément de diag-
_ 16 —
noslic; uniformément gonflée, l'amygdale est rouge ou plutôt
d'une teinte rosée, intermédiaire entre le rouge vif et le rosé,
nuanceindéfinissable pour ceux qui ne l'ont pas observée. Les cryptes ont àpeu près disparu ou sont peu
accusées,
etsi l'on
fait tenir la bouche ouverte au malade quelques instants, la
muqueuse se dessèche rapidement et
prend
un aspectluisant
assez caractéristique. Il està noter, et ceci est presque
patho-
gnomonique, que cettehypertrophie des amygdales coïncide
toujours avec une sorte d'angine
spécifique bien décrite
par Jullien, angine que, du reste, Babington,Swedeaur, Cullerier
et Ratié, Cazenave, Ricord, Beaumetz, Bassereau,
Lanceraux,
Profeta, et plus récemmentMac-Carthy, Martelière et Pion,
ont particulièrement étudiée.
«Sorte d'érythème précoce, dit Jullien,
de couleur groseille,
occupant levoile dupalais, la luette
etle pharynx
;il peut
nese fixer que sur une de ces parties,
mais il existe toujours
lorsquel'on a unehypertrophie des amygdales.
»« Mieux que personne, Guéneau de Mussy a
peint le
carac¬tère particulier de sa coloration à propos
d'un malade dont
nous lui devons l'instructive observation. Ce n'était pas,
écrit-il, le framboisé de la scarlatine, le rouge un peu
doré de
l'érysipèle, le rosefoncé des fumeurs de cigarettes, mais
unrouge vif tout spécial,
éclatant, carminé, qui frappe
par son étrangeté. » (Jullien.)En somme, c'est sur un fond fortement congestionné que repose l'amygdale.
Son hypertrophie est bien régulière. Les
deux amygdales tendent à se
rapprocher. Quelques troubles
auditifs fugaces, quelques
bourdonnements d'oreille,
souvent gênants, apparaissentparfois. Qu'ils soient dus à l'hyper¬
trophie des amygdales ou
qu'ils soient
unedes manifes¬
tations de la syphilis secondaire, nous ne
trancherons
pasla question,
mais leur rareté
nousdonne lieu de
penserque
l'hypertrophie amygdalienne n'est
pasgrand'chose
dans leur étiologie. C'est ordinairement en
cinq
ousix
jours que lesamygdales arrivent
aumaximum de leur déve¬
loppement.
(Nous parlons, bien entendu, dans la généralité
des cas). A ce moment-là, chez un adulte, les tonsilles ont la
grosseur d'une petite noix, plus exactement d'un œuf de pigeon. Du reste, la question, somme toute, est peu impor¬
tante. Ellene peut être fixée d'une façon même approximative.
A partir de ce moment, l'organe peut subir deuxprocessus différents : ou bien le sujet syphilitique est traité, il se soigne consciencieusement, son médecin le surveille deprès et il peut
avoir la chance de voir se résorber cette hypertrophie; ou bien, sous l'influence des irritations qu'occasionnent les ali¬
ments, du tabac, de l'alcool, il se produit là un véritable
locus minoris resistentiœ et des plaques muqueuses apparais¬
sent. Nous entrons alors dans la seconde partie de notre chapitre. La durée du premier processus est variable. Il faut
avoir été aux prises avec ces hypertrophies tenaces pour savoir combien il est difficile au début deporter un pronostic
sur leur durée, et tant de causes secondaires peuvent venir
encore apporter des modifications à leur marche que nous ne connaissons pas d'auteurs qui leur aient fixé mêmeune
durée
approximative.D'après notre statistique : toute hypertrophie,sans
érosions,
bien traitée, évolueraiten cinq ou six semaines.
Il est à remarquer que cette première forme est extrême¬
ment rare. Il est presque exceptionnel que
l'hypertrophie
d'une amygdale se résorbe sans que
l'organe ait été atteint
de plaques muqueuses.
— 18 —
CHAPITRE Y
D'une façon générale,
l'amygdale hypertrophiée présente,
comme nous l'avons dit au début de ce
travail, des plaques
muqueuses. Comme
toujours, c'est
aulieu de moindre résis¬
tance que s'observe
la solution de continuité symptomatique.
Par conséquent, ce sera aux
endroits
surlesquels les ali¬
mentsglissentdans
la déglutition
quel'on observera les plaques
muqueuses.
Parfois localisées à
unedes amygdales, parfois
généralisées aux
deux, elles
seprésentent toujours sur les
faces antérieure ou interne. Nous n'avons pas
connaissance
que l'on en ait
signalé à la face postérieure des amygdales.
Nous-même, nous avons
plusieurs fois pratiqué l'examen
laryngoscopique, et
jamais
nousn'en
avons vu.Opalines, à
bords souvent assez irréguliers, effleurant pour
ainsi dire la
surface de l'organe, elles gagnent peu en
profondeur; à peine
voit-on, et encore
faut-il beaucoup d'attention,
unezone ou
plutôt unliséré mince,
rouge,qui les délimite; au delà,
l'amygdale est
lardacée, dure
autoucher
ouplutôt rénitente,
presque insensible.
La zone pellucide
blanchâtre semble être
unefausse mem¬
brane, et, en fait,
elle
estconstituée
par unensemble d'élé¬
ments épithéliaux
nécrosés. Lorsqu'elle vient à tomber sous
l'influence des caustiques, elle laisse
à
nu unesurface fixe¬
ment grenue, ne
saignant
pourainsi dire
pas,et cicatrisant
régulièrement de
la périphérie
versle centre,
entendant le
plus souvent à circonscrire
des segments
oudes cercles à
peu— 19 —
près parfaits, caractère général des
syphilides
surlequel les
anciens auteurs ont souvent insisté. Si l'on joint à celaune adénite multiganglionnaire en chapelet, indolente,
n'aboutis¬
sant jamais à suppuration, le manque absolu ou
le
peude
réaction générale de l'organisme infesté, on aura
le
tableau clinique à peu près complet d'une amygdalitehypertrophique
à la période secondaire. Il existe en même temps, assez souvent, une raucité de la voix toute particulière qui n'a rien
de pathognomonique.
— 20 —
CHAPITRE YI
L'hypertrophie amygdalienne est-elle précédée de plaques
muqueuses sur
les tonsilles
oubien est-elle antérieure aux
plaquesmuqueuses? La généralité des auteurs qui ont signalé
ce symptôme
(Despretz, Lanceraux, Martinaud, Gouguenheim)
disent seulement qu'il existe enmême temps que
les plaques
muqueuses
Basseraud fait bette
remarque :Souvent les
amygdales se
gonflent avant
ouimmédiatement après l'appa¬
ritiondes plaques opalines.
M. Jullien est plus explicite. On
peut observer,
dit-il, cette lésion
enl'absence de toute locali¬
sation morbide vulgaire ou
spécifique
surla
muqueuse.M. le
professeur
Cornil, rappelant l'avis de plusieurs auteurs,
M. Aimé-Martin particulièrement, que
l'hypertrophie est
primitive et quela plaque muqueuse est consécutive, déclare
avoir examiné à ce sujet un certain
nombre de femmes et
d'enfants et d'avoir « positivement vu
plusieurs fois la plaque
muqueuse
débuter avant toute hypertrophie tonsillaire )>.
D'après
Gilles,
ce neserait
paslà le
casle plus fréquent,
et il appuieraitson
opinion
surla théorie de nombreux auteurs
quiexpliquent
l'hypertrophie
parle rôle d'irritant que joue la
plaque et
qui
suppose, parconséquent, sa préexistence, avis
personnel, du reste, de M. Gouguenheim.
D'autresauteurs, tel le professeur
Cornil, tel Jullien,
rappro¬chent les lésions de
l'amygdale de celle du ganglion lympha¬
tique : «
L'amygdale n'est autre qu'un ganglion lymphatique
recouvert par la muqueuse
buccale et percé de cavités
cryp-— 21 -
teuses que tapisse cette muqueuse.
On peut alors facilement
comprendre que
les amygdales subissent la même lésion que
tous les ganglions
lymphatiques, c'est-à-dire l'adénopathie des
premiers mois
de la période secondaire en dehors même de
toute lésion tégumentaire,
déclare M. Jullien.
Sur les 42 cas observés, nous avons
noté
quedans 25 cas
l'hypertrophieavait précédé la plaque muqueuse chez les
femmes. Lamême proportion
s'observe chez les hommes. Par
conséquent, nousavons
tout lieu de penser qu'en règle géné¬
rale, c'est
l'hypertrophie qui débute.
Maintenant, du fait
qu'une amygdale est hypertrophiée,
doit-il s'ensuivre qu'il yaura
formation de plaques muqueuses
sur son tégument? Dans un cas,
l'hypertrophie a disparu sans
avoir été accompagnée de
plaques
muqueuses.On peut établir en
règle générale que si le malade suit un
traitement rationnel, s'il ne fume pas,
si enfin il
necommet
pas
d'imprudence et si surtout l'hypertrophie des amygdales
n'est pas telle
qu'elle constitue
unobstacle au passage des
aliments, elle disparaît
progressivement
sansdonner lieu à
des plaques muqueuses,
à moins qu'une cautérisation intem¬
pestive ne
soit
venue en provoquerl'apparition, fait beaucoup
plus Iréquent
qu'on
nepourrait le croire.
On a vu, du reste,
les médecins tenter de faire régresser le
processus
hypertrophique
parle galvano ou l'ignipuncture.
CHAPITRE YII
Avant de chercher la part qui revient à la scrofule et la partqui revientà lasyphilis dans l'hypertrophie amygdalienne,
il faut bien définir ce qu'on entend par scrofule. Faut-il voir dans la scrofule ce que les auteurs primitifs désignaient sous le nom de tempérament faible (tempérament dans lequel les
humeurs âcres, peccantes, comme ils le disaient, avaient le dessus), définition bien vague et dans laquelle il est possible
de tout faire rentrer, jusqu'à la syphilis elle-même. Faut-il?
avec des auteurs plus modernes, englober dans le même cadre la scrofule etle lymphatisme, en faire une sorte de prédispo¬
sition morbide, une sorte de diathèse comparable un peu à l'arthritisme, tous états dont il est parlé partout à tout propos, et que bien peu ont essayé de définir exactement. Faut-il, en
dernier lieu, en faire une pseudo-tuberculose ou une tuber¬
culose atténuée?
De ces divers tableaux tracés par les auteurs successifs, il
n'est resté que peu de chose, et actuellement le démenbre-
ment de la scrofule est chose accomplie, beaucoup au profit
de la tuberculose, un peu au profit de la syphilis. La scrofule
aperdu toute autonomie, et dans presque tous les cas la scro-
fulo-tuberculose, comme l'appelle Dieulafoy, ou le scrofulate
de vérole, comme disait Pdcord, ont remplacé la scrofule proprement dite. Est-ce à dire que l'hypertrophie amygda-
lienne que nous étudions ici est due à de la tuberculose
— 23 —
latente ou atténuée, à laquelle une
infection surajoutée vient
donner un coup de fouet?
Dans les coupes que nousavons
examinées, le signe patlio-
gnomonique
de la tuberculose n'existait pas, le bacille man¬
quait. Quoi
qu'il
ensoit,
nousentendrons par scrofuleux des
gens atteints «
d'une dystrophie constitutionnelle dont les
» manifestations, de la nature
inflammatoire
pourla plupart,
» occupent les
ganglions, la
peau,le tissu cellulaire, les tissus
» ostéo-fibreux et les viscères».
(Jaccoud.)
Si l'on veut bien se rendre compte
qu'il
y adans l'appari¬
tion des manifestations de la scrofule des
irrégularités échap¬
pantà toute
règle; qu'en outre, elles sont souvent séparées par
des intervalles de temps
considérables,
cequi
apermis à des
auteurs de dire qu'on était
scrofuleux
parexcès,
oncom¬
prendra la
difficulté qui existe à porter à un moment précis
le diagnostic de
scrofule; qu'en plus de cette difficulté, la
nature des accidents scrofuleux est
immédiatement modifiée
par la syphilis, on
comprend facilement combien les hésita¬
tions sont grandes,
lorsqu'en face d'un malade il faut trancher
la difficulté et déclarer, somme toute, que
l'on
aaffaire à de
la syphilis pure, ou
à la syphilis entachée de scrofule, plus
exactement non pas de
scrofule, mais de tuberculose.
Lesobservations quel'ontrouvera
à la fin de notre thèse, ont
été prisestrès
consciencieusement. Dans tous les cas il n'a pas
été possible de
faire l'examen bactériologique. Dans celles où
cet examen a été possible, on a
parfois trouvé le bacille de
Koch; dans d'autres cas,
les recherches ont été infructueuses.
Si l'on veut se reporter à notre
tableau statistique, on verra
que sur un
total de 106 syphilitiques examinés pendant
la période qui
s'étend du 7 janvier 1898 au 22 avril de la
même année à l'hôpital
Saint-Jean de Bordeaux, dans le
service de M. de Chapelle,
chirurgien
enchef,
ontrouve une
proportion de54 0/0.
Si l'on se reporte au
tableau statistique, on voit que sur
l'ensemble de ces 106
syphilitiques, il
y a14 hommes
seulement et 28 femmes
atteints d'hypertrophie amygda-
— 24 —
lienne. On peut expliquer ce notable écart par les conditions
mêmes d'existence des sujets examinés. Les femmes internées à l'hôpital Saint-Jean sont des prostituées chez lesquelles les antécédents héréditaires sontle plus souvent entachés d'alcoo¬
lisme, et comme nous le faisait remarquer dans une de ses visites le Dr de Chapelle,le plus souventce sont les dégénérées physiques qui deviennent de basses prostituées. En outre, les
excès de toute nature auxquels elles se livrent, leur tenue
« professionnelle », les obligent à avoir constamment la gorge
découverte, à aller à chaque instant de milieux surchauffés dans des milieux plus froids, il n'est pas étonnant alors que la gorge devienne un locus minoris resistentice ouvertà toutes les infections, et sur lequel retentiront fortement les processus morbides qui atteindront cette caste.
En résumé, en éliminant les cas douteux, sur 106 cas nous avonsobservé 8cas d'hypertrophie amygdaliennedans lesquels
la syphilis semblait avoir agi seule; 34 cas dans lesquels la syphilis était indéniablement entachée de scrofule.
Nous avons eu la bonne fortune de voir, dans le courant de notre pratique, quelques syphilitiques secondaires être atteints d'affections telles que les oreillons, la fièvre typhoïde, la scar¬
latine, la rougeole.
Dans aucun de ces cas nous n'avons observé
d'hypertrophie
amygdalienne, mais nos observations étant trop peu nom¬breuses sur ce sujet, nous n'en tirerons aucune conclusion.
CHAPITRE VIII
Le diagnostic d'angine
syphilitique
pureayant
puêtre nette¬
ment établi, la première
question qui
se poseest la question
dutraitement.
Nous avons admis deux cas. Dans le premier, nous avons
admis quel'angine était pure et
simple et
neprésentait pas de
complications, et nous
entendions
parlà
unesolution de conti¬
nuité dans le tégument.
Le malade n'est pour ainsi dire pas
gêné
par salésion. Il
respire facilement,
il déglutit
sansdifficulté. Que faut-il faire?
Faut-il laisser cette hypertrophie
évoluer purement et simple¬
mentsous l'influence de la médication spécifique?
Faut-il,
pardes révulsions modérées, essayer de faire
rétrocéder
ce pro¬cessus hypertrophique?
Faut-il,
endernier lieu, enlever
l'organe quiva
devenir gênant? Nous ne rappelons cette der¬
nière alternative que pour
l'éliminer. On sait d'une manière
générale
quels sont les dangers que peut présenter l'excision
d'une amygdale
congestionnée. Les hémorragies désastreuses
qui peuvent
s'ensuivre,
nous neparlerons pas bien entendu,
des complications que
peut présenter
unepareille intervention
sur des sujets nerveux,
impressionnables, outre que l'on ne
peut jamais
affirmer de prime abord que le processus hyper¬
trophique ne va pas
rétrocéder à une médication interne bien
dirigée, il nous
semble
queles indications que nous venons
d'esquisser
condamnent suffisamment cette méthode par trop
énergique.
— 26 —
S'il n'y a pas plaques muqueuses, faut-il tenter de faire rétrocéder le processus hypertrophique par des caustiques chimiques ou physiques? Nous ne le pensons pas non plus.
Outrequ'une interventionavec le galvano-cautère peutexposer à des hémorragies secondaires graves, à des infections par¬
fois difficiles à prévenir, surtout dans des organismes déjà
affaiblis par la diathèse et parfois par la médication mercu-
rielle, nous ne croyons pas que cette méthode doive être
appliquée.
La plupart du temps, elle répugne au malade, elle n'aboutit trop souvent qu'à un véritable épanouissement de plaques
muqueuses développées au point où la cautérisation a porté.
Gomme on le voit d'après ce qui précède, à notre avis le procédé de choix serait ce qui fut et demeure souvent une
vérité en médecine pratique : l'expectative. Il est évident que par expectative nous n'entendons pas l'expectative absolue,
mais l'expectative locale. Le sujet à traiter étant syphilitique secondaire, subira le traitement de la syphilis secondaire.
Mais ici nous nous trouvons en présence de deux méthodes.
Quelques auteurs classiques prescrivent, à la période secon¬
daire, l'iodure de potassium et le mercure associés (sirop de Gibert); d'autres, n'admettant pas l'iodure à la période secon¬
daire, prescrivent à peu près exclusivement le mercure.
D'après les quelques observations que l'on trouvera à la fin de notre thèse, il nous semble que l'iodure est une contre- indication. Sous l'influence de ce médicament, nous avons
vu de véritables poussées congestives se produire et, au
contraire, avec le mercure, une tendance à la résorption beaucoup plus rapide. Avant le mercure, nous placerons les composés d'iode et de mercure, qui semblent, à notre avis, donner de bien meilleurs résultats encore. On comprend faci¬
lement que nous n'indiquions pas quelles seront les doses que
nous donnerons de ces composés. L'âge, le sexe, les diathèses intercurrentes, et enfin les nombreuses indications indiquées
dans un des chapitres de notre travail, seront autant de repères pour régler ces doses : affaire de doigté et de tact.
— 27 —
Nous ne parlerons pas,
bien entendu, des règles générales
dont un syphiligraphe ne doit
jamais
sedépartir
:antisepsie
de la bouche, hygiène générale, etc.,
règles qui devront être
rigoureusement
observées dans le second
casque nous allons
examiner :
L'amygdale est
hypertrophiée et possède des plaques mu¬
queuses. Est-ce la
plaque qui
acausé l'hypertrophie ou réci¬
proquement? Il est
bien difficile,
pour ne pasdire impossible,
de résoudre la question.
Quoi qu'il en soit, la
première indication est de guérir la
plaque muqueuse.
Comment guérir la plaque muqueuse? Le
traitement général est
d'abord indiqué
avecles multiples indi¬
cations quepeuventprésenter
les
casparticuliers. La seconde
indication est de réduire l'hypertrophie
amygdalienne, souvent
cause de ces plaques. Pour
guérir la plaque
muqueuse,les
moyens médicamenteux
sont
ennombre infini
:tous les caus¬
tiques yont passé, et
il n'est
pasjusqu'aux pommades plus ou
moins végétales avec
lesquelles
onait essayé de les traiter.
Dans notre pratique, nous avons vu
souvent tel caustique
réussir merveilleusement dans quelques cas et ne
produire
aucun résultat dans d'autres.
Nous nous sommes arrêté à une méthode mixte,
suivant
les principes de ne pas
faire dégénérer
uneexcitation en une
irritation: nous avonsemployé le nitrate
acide de
mercure,le
nitrate d'argent et la
teinture d'iode. Débutant par celle-ci,
nous poursuivions
soit
parle nitrate d'argent, soit par le
nitrate acide. Line fois par jour nous
cautérisions les plaques
amygdaliennes
de
nosmalades
avecces caustiques, et nous
avions soin de n'user des agents
médicamenteux qu'avec
une parcimonieextrême. A notre avis, on ne devrait qu'effleurer
la plaque muqueuse, une
cautérisation trop profonde étant
une faute. Nous avions soin, en outre,
de
necautériser
quele centre de la plaque : c'est
toujours de la périphérie vers le
centre que se fait la
cicatrisation de la plaque. Il arrive parfois
dans la pratique que
certains malades présentent une hyper¬
trophie
amygdalienne rebelle à tous traitements et, chose
curieuse, formant une sorte de point d'appel pour les plaques
muqueuses. Devra-t-on exciser? Le maJade, à vrai dire, n'est
pas gêné par cette hypertrophie; seule laprésence desplaques
le tracasse. Dans un cas pareil, nous conseillerons l'ablation
de l'organe.
Mais pour cette ablation nous recommanderons de la faire à l'anse galvanique autant que possible et de n'extirper les amygdales que l'une après l'autre. Souvent il suffit d'en extirper une pour que la. voie, débarrassée, permette aux aliments de glisser sans irriter la seconde. Ce sera ainsi une
intervention à coup sûr moins dangereuse quesi l'on extirpait
les deux. Somme toute, la science physiologique est loin
d'être fixée sur le rôle de ces organes. Leur existence dans l'organisme et le rôle qu'ils yjouent nous sont inconnus, et
souvent des névroses mal définies pourraient être rattachées à l'extirpation de cesorganes. Que l'on veuille bien se rappeler
que, le plus souvent, c'est chez des lymphatiques, des scrofu- leux, des herpétiquesquel'on excise des amygdales,etqu'a-t-on
de moins défini dans la science médicale que la série des
accidents que présentent ces diathésiques? Par conséquent,
à tous les points de vue, il nous semble au moins de la pru¬
dence la plus élémentaire de ne se résoudre à pratiquer l'amygdalotomie qu'à la dernière extrémité et, en outre, de ne la faire qu'unilatérale. Comme le disait un ancien : «Mieux vault attendre, pour ce qui est coupé ne revient point,» parce que, disciple de Rabelais, il s'adressait à un autre organe que les amygdales.
CHAPITRE IX
Observation I.
Due àl'obligeancede notre camarade Servel.
Marie X..., âgée de vingt-deux ans, sans
antécédents héréditaires et
personnels, nous est adressée par un
confrère de la ville, dentiste, pour
une roséole bucco-pharyngée intense, une
hypertrophie des amygdales
très accusée.
A l'examenextérieur rien ne peut faire présumer que
la malade soit
syphilitique; cependant, après un examen
très minutieux, on voit sur
les flancs des taches très peu accusées, sur
lesquelles il
estimpossible
de porterundiagnostic. Sur
la grande lèvre droite
ontrouve une cica¬
trice légèrementindurée, rouge cuivré;pas
d'adénite.
En examinantavec soinlacavitébuccale, ontrouve la trace
de l'avul¬
sion de deux grosses molaires. La malade nous
dit
: «Il
ya unmois,
elle a eu quelques maux de tête
pendant la nuit et qu'elle perd ses
cheveux; ce n'est que depuis qu'elle
s'est mise à souffrir des dents que
sesamygdales ont grossi
progressivement; elle est allée voir le dentiste
qui a arrachéles dents, et
qui
nousl'adresse.
»On institue un traitement antisyphilitique, et en quatre
semaines,
sous l'influence du sirop de Gibert (dose: deux
cuillerées
parjour),
toute hypertrophie des
amygdales
adisparu.
Observation II.
Due à l'obligeance desinternesde Saint-Jean.
M. H. Ë... se présente le 12
décembre 1897. Il porte
auniveau du
freinune exulcération à base fortement
indurée, polyadénite bilatérale
inguinale très accusée.
Sur le thorax
ontrouve une roséole nette et les
antécédents héréditaires du malade sont