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antécédents héréditaires du malade sont déplorables : le père est mort

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-tuberculeux et alcoolique; sa mère est porteuse d'un lupus à la face;

deux sœurs du malade, malingres etchétives, présentent des gourmes.

Le malade lui-même a toujours joui d'une très mauvaise santé. A chaque instantil s'enrhumait, àchaque instantsesamygdalesgonflaient.

Il a été atteint d'arthrite du genou droit, arthrite qui a nécessité un

séjour de huit mois dans le service du Dr Piéchaud; l'ulcération du frein est apparue dix-sept jours après avoir vu uuefemme qui est, du reste, internée à l'hôpital Saint-Jean pour plaques muqueuses de la

vulve. De pareilsantécédents ne permettentaucun doute. Un traitement antisyphilitique est prescrit. De l'huilede foie de morue est ordonnéeà haute dose. En un mot, un régime fortifiant complet est formulé.

Sous l'influence de ce traitement, la cicatrisation du chancre s'opère

très vite, la roséole disparaît et, progressivement, l'hypertrophie des amygdales, très accusée, rétrocède. Mais le malade quitte l'hôpital et, fumeur incorrigible, reprend ses habitudes. Quinze jours après, il

sollicite de nouveau son admission, et dit qu'il ne peut plus avaler et qu'il a grand'peine à respirer. A l'examen, on trouve les amygdales

très hypertrophiées, couvertes de plaques muqueuses se rejoignant

presque sur la ligne médiane. Le maladeestadmis, etdans la première

nuit qui suit son admission présente des accès de spasme de la glotte

d'une telle intensité, que l'interne de garde est obligé de pratiquer»

séance tenante, le tubage. Dans les trois jours qui suivent, malgré le

traitement institué, le spasme se reproduit plusieurs fois. Du reste, ce n'estqu'àgrand'peinequel'on peutfaireavaler unpeude laitaumalade.

En présence de tels symptômes, le Dr deChapelle pratique

l'amygdolo-tomie unilatérale. L'opération se passe sans incident, et malgré un véritable épanouissement de plaques muqueuses qui apparaît sur la

facecruentéesixjours aprèsl'opération, le malade esttellementsoulagé qu'il demande à ce qu'on lui enlève la deuxième amygdale. On ne défère pas à son désir, etpendant un mois et demi on lui applique le

traitement qu'on avait institué lors de sa première entrée à l'hôpital.

Malgré ce traitement, l'hypertrophie ne rétrocède pas. Au contraire, malgré lacautérisation etmalgrétoutce quel'onput faire, le statu quo

persiste. On intervient une seconde fois comme lapremière; la surface de section se couvre de plaques muqueuses qui n'ont disparu que très lentement.

Six semaines après, le malade quitte l'hôpital,présentant encore des plaques muqueuse de la bouche. Il est à noter que ses ganglions cervi¬

cauxsont tousindurés. Huit jours après, ilva mourir dansle service de M. le Dr Davezac de pneumonie infectieuse.

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Observation III (Lestage et Servel).

Marie J... est amenée le 25 janvier à l'hôpital Saint-Jean pour

plaques muqueuses de la langue. Antécédents héréditaires nuls. Ses

antécédents personnels sont de nature scrofuleuse. Il y a environ deux

mois et demi, elle contracta un chancre à la fourchette; soigné à la Policlinique de Bordeaux, ce chancre évolua simplement. Lors de son internement àl'hôpital, elle présente unepoussée deplaquesmuqueuses et un commencement d'hypertrophie des amygdales, un érythème bucco-pharyngé très net. Malgré le traitement syphilitique institué (pilules Ricord), l'hypertrophie des amygdales ne veut par rétrocéder.

Des cautérisations discrètes à la teinture d'iode ont pour résultat une véritable éclosion de plaques muqueuses. Ces plaques muqueuses, traitées alternativement parla teinture d'iode, le nitrate d'argent et de

loin en loin par le nitrate acide, mettent trois semaines à disparaître;

mais l'hypertrophie persiste. Cette hypertrophie ne gênant en rien la malade, l'amygdalotomie n'est pas pratiquée,et la malade sort del'hôpi¬

tal guérie simplement de ses plaques muqueuses.

Observation IV (Lestage et Servel).

Eugénie L..., âgée de trente ans, fille publique, entre à Saint-Jean

le 15 mai1897. Maladedepuis trois mois, elle souffre de la gorge et dit

quedepuis quelque temps elle entend moins de

l'oreille droite. Faciès

scrofuleuxtype. Ellea subi unearthrotomieducoude pour une tumeur

blanche, il y a six ans. Elle s'était bien remise deson opération,

mais

avait continué à présenter de temps à autre des troubles nettement

scrofuleux. A l'examende lagorge, on voitque les amygdales onttriplé

de volume, rétrécissant ainsi notablement l'isthme dugosier; violacées, irrégulières, elles ont une teinte blanchâtre opaline

étendue

çà et

là,

mais à proprement parler pas d'ulcérations. La

voix

est

sourde,

et depuis quelque temps la respirationestgênée par

intervalles. Érythème

bucco-pharyngé très net.

La femme nie avoir eu la syphilis et, de fait,on ne retrouve pas de

trace dechancre oude roséole. Mise en observation, le huitième jour de

son séjour à l'hôpital on voit apparaître sur la face

postérieure de la

lèvre inférieure, au point coïncidant avec les incisives, la plaque mu.

queuse typedécrite par Diday. En même teiçps,sur

la face interne des

amygdales, on voit des plaques muqueuses. Le mercure est

institué;

les plaques, cautérisées, disparaissent en une

douzaine de joursj mais

l'hypertrophie persiste malgré un traitement antiscrofuleux. Les trou¬

bles auditifs apparaissent toujours d'une façon intermittente, caracté¬

risés par une diminution de l'acuité auditive et des bourdonnements d'oreille. La malade étant en même temps gênée pour déglutir, on enlève l'amygdale droite.

L'opérationet lacicatrisation n'ont rien présentéde typique, et deux

mois après la malade aquitté l'hôpital bien portante.

Observation V.

(Ricord, Traitécomparatif des maladiesvénériennes, pl. XX bis, fig. 3 et 4.)

Papules muqueuses des lèvresetpapulesmuqueuses végétantes

de la base de lalangue (accidents secondaires).

Adèle D..., âgée de dix ans, néede parentssains, d'un tempérament lymphatique très prononcé, avait de fréquents maux de gorge qui

déterminèrentune hypertrophie permanente des amygdales.

Onapprend que, surprise dans une allée sombre par unindividu, il n'y eut que des attouchements avec les doigts et des rapports sexuels incomplets;néanmoins, elle estaffectée d'ulcérationsau bord interneet

supérieurdes grandes lèvres.

Les ulcérations n'étant pasdouloureuses, la jeune Adèle ne sedécida

à enparler àsa mèrequ'après unmois seulement.

Pansementsavec l'onguent gris; ulcérations promptementcicatrisées.

Un mois plus tard, douleurs de tête qui s'exaspéraient vers le soir;

on les prit pour de la migraine; une éruption de taches rouges con-fluentes apparaît sur le torse et sur les membres; alors, on crut à l'existence d'unerougeole.

Mais l'éruption persista, et, un mois après, des boutons sedéveloppè¬

rentàla face interne de la lèvre inférieure et à la hase de la langue.

Aucun traitement n'ayant été fait, et les accidents du côté de la langue ayant fait des progrès, on soumit à mon examen cette jeune

fille le 8 mai1842, c'est-à-dire quatre mois après la contagion.

Voici ce que je constatai : Cette jeune fille présentait en résumé des symptômes de syphilis constitutionnelle à la périodeprécoce, dont l'évo¬

lutionrégulière n'avait été entravée par aucunemédication.

Le tempérament lymphatique et les tendances strumeuses de cette petite malade ajoutaient à lagravité du pronostic,sous le point de vue de la diathèse.

Voici le traitementauquel ellefut soumise: touslesjours,troisverres d'eau d'une décoction de houblon avec une cuillerée à bouchede sirop

de gentiane dans chaque verre.

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On prescrivit, en outre, deux pastilles de lactate de fer à prendre

avecle verrede tisane le matin etcelui du milieu dujour.

Le soir, en même temps que le demi-verre de tisane, une pilule de

2centigrammesde protoiodurede mercure.

Au huitième jour, on prescrivit deux pilules, et huit jours plustard

trois.

Cette dose fut continuéejusqu'à la fin du traitement.

Tous les jours, sur l'éruption des lèvres, une couche de calomel.

L'éruption végétante de la base de lalangue fut touchéeavecle nitrate acide de mercureliquide tousles trois ouquatrejours.

Au bout de quinze jours de ce traitement, l'éruption cutanée avait

presque entièrement disparu; il n'existait plus de croûtes dans les cheveux : l'alopécie avait cessé.

Après un mois du même traitement, la lèvre et la langue étaient complètement guéries.

Quoi qu'ilen soit, on en continual'usage pendant troismois, époque

à laquelle l'engorgement des ganglions sous-maxillaires persistant, on administra l'iodure de potassium, à la dose de 1 gramme parjour, pour

compléter le traitement etcombattre lacomplication strumeuse.

Deux mois après, la guérison parut complète, seulement l'hyper¬

trophie desamygdales demeura persistante.

Observation VI(personnelle).

Jules D..., charretier, âgé de vingt-cinq ans, vient nous consulter

parcequ'il souffre de la gorge.Robuste, bien constitué, il n'a pasd'anté¬

cédents héréditaires suspects; quant àses antécédents personnels, ils ne

présentent rien de notable. Il y a deux mois, ilest allé à Bordeaux, et

en coïtantavec une fillepublique, il s'estdéchiré le frein. L'écorchure,

absolumentindolente, a persistépendant six semaines; elle était dure à

sa base,il n'a pas remarquéqu'il y aiteu des tachesrosées sur lecorps.

En l'examinant,nous trouvonsun érythèmebucco-pharyngé très appré¬

ciable et une hypertrophie amygdalienne très accusée. Sur la face

interne de l'amygdale gauche siège une plaque muqueuse nette. Sur

ses lianes,onvoit des tracesnon équivoques d'une roséoleen disparition.

La cicatrice du chancre, de résistance chondroïde lisse, enl'absence de

tout autre symptôme,ferait àelle seulesonger àlasyphilis. En outre, le

malade perd ses cheveux depuis quelques jours. J'institue immédiate¬

ment untraitement mercuriel(sirop de Gibert, deux cuilleréesparjour),

des gargarismes au chlorate depotasse;jecautérisela plaqueetje donne

des indicationsgénérales. D'une façonassez régulière; j'ai vu ce malade

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trois fois par semaine. La plaque muqueuse de l'amygdale aguéri sans

accident dès le septièmejour. Quant àl'hypertrophie elle s'est atténuée progressivement pendant trois mois. Elle a fini par disparaître plutôt

sousl'influence du traitementgénéral, jecrois, que sous l'influence des révulsifs, que j'ai, du reste, employés d'une façon très discrète..

Observation VII (personnelle).

Raoul T... vient nousvoir le 6juillet dernier pour une «écorchure»

sous-préputiale. Elle est apparue, dit-il, une quinzaine de jours après

un coïtavec unefemme qu'il ne connaît pas. Base indurée, les rayures

ne suintent pas, elles présentent tous les caractères du chancre induré.

Adénite typique. Je prescris de petits pansements locaux, un régime toniquegénéral, etj'attends l'apparition des accidents secondaires pour instituer le traitement. Les antécédents du malade sont fortement enta¬

chés de scrofule. Un mois après,je revois mon malade, qui vient me montrer une roséole très nette. En examinant sa gorge, les amygdales

sont hypertrophiées. Elles ont le volume d'une petite noix. Pas de plaques muqueuses; érythème hucco-pharyngé.

Je fais continuer le régime tonique et je prescris du sirop de Gibert

et un gargarisme astringent. Deux jours après, le malade vient me trouver, me disant qu'il étouffe, qu'il n'avale qu'avec la plus grande

difficulté. J'examinesa gorge; les amygdales sont couvertes deplaques

muqueuses. Je propose une intervention chirurgicale, qui n'est pas acceptée; mais huit jours après le malade, qui a épuisé la série des

conseils des rebouteux et collectionné les ordonnances des spécialistes

des multiples cliniques à bon marché, revient me voir, décidé à tout.

Assisté d'un confrère,j'enlèvel'amygdale gauche, la plushypertrophiée.

Les suites ont été des plus simples, à part l'apparition de plaques

muqueuses surla cicatrice. Quant àl'amygdale droite, quoi quej'aie pu faire ouinstituer, elleest toujoursrestéevolumineuse.

Elle aété le siège àplusieurs reprises de plaques muqueuses, quiont

du resteévoluéassez rapidement.

Dans ce cas,il est intéressant de noter que notre individu avait tou¬

jours eu des amygdales grosses et que, sous l'influence de la syphilis,

ces amygdales ont encore augmenté de volume. L'influence des deux

diathèses est certainement indiscutable ici.

ObservationVIII (personnelle).

Jeanne S..., dix-neuf ans, bonne dans un restaurant, vient me trouver le 3juillet pour de l'enrouement persistant et de la dysphagie.

TmËÊÊÊÊifâÊÊmim

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Al'examen, érytlièmebucco-pharyngé, hypertrophie amygdalienne. Les

antécédentshéréditaireset personnels de lamalade sontscrofuleux. Bien

entendu, ellenie la vérole. Traitement général neretrouvant nulle part

trace de syphilis. Quelques jours après la malade, perdant sescheveux

etayant des «croûtes» surla tête, vient me voir. L'examende lagorge

me montre une plaque sur l'amygdale gauche, qui lève mes doutes.

J'institue le traitement mercuriel, jecautérise la plaque, et tout rentre dans l'ordre, saufl'hypertrophie, qui persiste. Très lentement, elle dis¬

paraît en partie au bout de trois mois. Mais les amygdales restent

grosses. L'influence des deux diathèses nous semble ici aussi évidente

que dans lecas précédent.

Observation IX(personnelle).

M. J. R...., âgé dedix-sept ans, se présente au mois d'août 1898, por¬

teurd'un chancre induré en pleine voie de cicatrisation. Ce chancre a paru treize jours après un coït suspect, a évolué en cinq semaines.

Quand le maladese présentedevantnous, il ade la roséoleet lesamyg¬

dales très augmentées de volume. Antécédents personnels scrofuleux.

Le double régime classique lui est appliqué, et en quatre mois il est guéri de son hypertrophie desamygdales tout aumoins.

Nous citons ce cas à cause de la précocité de l'apparition de l'hyper¬

trophie des amygdales.

Observation X (personnelle).

M. A. S...vient nousconsulter aumois de septembre 1897 pour une

angine persistante. Le malade, âgé de quinze ans, nous raconte qu'il

souffraitdepuis quelque temps de la gorge, lorsque, ces jours derniers,

il est allé voir un médecin qui lui a fait des pointes de feu sur les amygdales.

Depuis, il a étéde mal enpis. A l'examen, nous trouvonsdes traces d'ignipuncture profondes autour desquelles rayonnent pour ainsi dire

des plaques. Un interrogatoire et un examen consciencieux de notre

client nousprouve un syphilitique. Le traitementspécifique estinstitué,

et le malade voitson hypertrophie évoluer d'une façon normale.

Nous avons cité cette observation pour noterce quenous avons déjà

constaté : quel'influencedes cautérisations ignéesestplutôt fâcheusesur les amygdales hypertrophiées.

Observation XI (Lestage).

Pauline M... est internée h Saint-Jean, en mars 1897, pour plaques

muqueuses sur les amygdales. Antécédents scrofuleux très nets. Elle est traitée parle Gibert et l'iodureen même temps. Sous l'influence de

ce traitement, aucune amélioration ne seproduit. Au contraire, l'hyper¬

trophie augmente et leslalu quopersiste pendant un mois. Au bout de

ce temps, on supprime l'iodure, et peu à peu tout rentre dans l'ordre normalement. Nous citons cette observation entre beaucoup d'autres

pour montrer l'influence peu favorable de l'iodure dans ce processus.

Nota.Nousdevons le tableauqui vasuivre à l'obligeance de noire camarade Lestage,interne àSaint-Jean,qui a bien voulunous le livrer alors qu'il le destinait

untravailstatistique.

TABLEAU STATISTIQUE

Nombre total descasobservés 106

( sansscrofule 8

Nombre des hypertrophiesJ1 1 , n,

( avecscrofule 34

àla 6esemaine 6 hypertrophies.

i 7c 16

1 Oq Q

Date d'apparition. . J

i 9e

7

f

_ 10e _ 3

\ lie 1 _

/ 5 ontduré 8 semaines.

sans scrofule. .) 2ontduré7 semaines.

\ 4 aduré 6 semaines.

Durée

^13 ontduré

4 mois.

„, ) 3 opérés le 2e mois.

avec scrofule .< _ . . ,, .

j 8 persistanceindéfinie.

\ 10perdusdevue après le 4e mois.

!3

1

précédées

guériesans

de plaques.

plaques.

t

4 présentent des plaques.

ques muqueuses . /22précédées de plaques.

avecscrofule. .j Qrenseignements insuffisants.

( 6sansplaquesau début.

Rapportavecl'érythè-l ^^ ^ 3, ésentévérythème.

mebucco-pharynge/

[ . ( Hommes 2

1 1° sansscrofule. .J 0

Fréquence dans lesi f

Femmes b

deux sexes ) i Hommes 12

avec scrofule.

Femmes 22

CONCLUSIONS

L'hypertrophie des amygdales est un symptôme de syphilis secondaire fréquent sur lequel il est bon d'attirer l'attention des praticiens.

2° Elle peut s'observer à la période secondaire, enl'absence

de tout autre accident syphilitique.

3° Il est rare d'observer l'hypertrophie simple sans plaques

muqueuses concomitantes.

L'hypertrophie apparaît vers la septième semaine, après l'apparition du chancre.

L'influence du traitement sur l'hypertrophie est très

variable. L'iodure semble l'accentuer dans la majorité des

cas. Le mercure et ses dérivés, au contraire, semblent avoir

une heureuse influence sur le processus.

6° Les cautérisations, soit ignées, soit chimiques, seront à rejeter dans les cas où il n'y aura pas de plaques muqueuses.

L'excision ne devra être pratiquée que lorsque la respiration

ou la déglutition seront par trop gênées.

7° Dans les cas de plaques muqueuses sur

les amygdales

hypertrophiées, les

cautérisations alternées (iode et nitrate

acide) conduisent rapidement

à .la guérison

L'hypertrophie des

amygdales coïncide toujours

avec

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