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De la réinoculation syphilitique · BabordNum

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(1)

FACULTE DE

MÉDECINE

ET

DE PHARMACIE DE CORDEAUX

ANNÉE 1898-1899 86

13E LA

à Chef-Doutonne (Deux-Sèvres), le 27 août 187-4

MM. MOUSSOUS, professeur... Pr(sident.

Examinateurs de laThèse: ^ ARNOZAN,professeur \ I RONDOT,agrégé /Juges.

LE DANTEC,agrégé )

Le Candidat repondra aux questions qui luiseront faites surles diverses parties

de l'Enseignementmédical.

BORDEAUX

G. G01N0UILII0U. IMPRIMEUR DE LA FACULTE DE

MÉDECINE

il, EU.M G0IRA U DE, il 1899

(2)

FACULTE DE MEDECINE ET

DE

PHAlîMACIE DE BORDEAUX

M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.. Doyen honoraire.

PROFESSEURS MM. MICE . . .

AZAM. . .

DUPUY.. . MOUSSOUS MM.

Professeurs honoraires.

Cliniqueinterne . . .

Cliniqueexterne. . .

Pathologieetthérapeu¬

tique générales. . .

Thérapeutique. . . .

Médecineopératoire . Cliniqued'accouchements.

Anatomiepathologique. .

Anatomie

Anatomie générale et histologie

Physiologie ...

Hygiène

PICOT.

PITRES.

DEMONS.

LANELONGUE YERGELY.

ARNOZAN.

MASSE.

LEFOUR.

COYNE.

N...

VIAULT.

JOLYET.

LAYET.

Médecinelégale .

Physique ....

Chimie

Histoire naturelle Pharmacie . . .

Matière médicale.

Médecine expérimentale . Clinique ophtalmologique.

Clinique des maladieschi¬

rurgicales desenfants .

Clinique gynécologique Clinique médicale des

maladies des enfants Chimie biologique . .

mm.

morache.

bergonié.

blarez.

guiléaud.

figuier.

denabias.

ferré.

BADAL.

piéghaud.

boursier.

a. moussous.

denigès.

AGREGES EN EXERCICE:

section de médecine (PathologieinterneetMédecinelégale.) MM.CASSAET.

AUCHÉ.

SABRAZÈS.

MM. LE DANTEC.

HOBBS.

Pathologieexterne.

section de chirurgie et accouchements iMM.BINAUD.

BRAQUEHAYE CHAVANNAZ.

. ,

, (MM. CHAMBRELENT.

Accouchements.i

FIEUX.

Anatomie

section des sciences anatomiques et physiologiques

IMM.PRINCETEAU. I Physiologie . . . MM.PAGHON-

*( CANNIEU. Histoire naturelle. BEILLE.

Physique.

section des sciences physiques MM.SIGALAS. Pharmacie . .

COURS COMPLÉMENTAIRES

Cliniquedesmaladiescutanéeset syphilitiques Clinique desmaladies des voies urinaires. . . Maladiesdularynx, des oreillesetdu nez

Maladiesmentales

Pathologie externe

Pathologie interne Accouchements Chimie

Physiologie Embryologie Pathologie oculaire

CONFÉRENCEd'hydrologie etminéralogie.

m. barthe.

mm.dubreu1lh.

pousson.

moure.

régis.,

denuge.

rondot.

chambrelent.

dupouy.

pachon.

cannieu.

lagrange.

carles.

Le Secrétaire de la Faculté; LEMAIRE.

Par délibération du 5 août 1879^ la Faculté a arrêté que les opinionsémisés = Thèsesqui luisont présentées doiventêtre considérées commepropresà leursaut >^ qu'elle n'entend leurdonnerni approbationniiinprobation.

(3)

, MON

PÈRE

-

4 Mt MÈRE

faible gage de filiale tendresse

deetprofonde .

A. MES SŒURS - A

MON FRÈRE

A MES PARENTS ET

AMIS

(4)

, .

(5)

A MON PRÉSIDENT DE THÈSE

MONSIEUR LE

DOCTEUR MOUSSÔUS

PROFESSEUR DE CI/UNIQUE MEDICALE DES MALADIES DE L'ENFANCE

OFFICIER D'ACADÉMIE

;

(6)
(7)

Arrivéau terme de nos

études médicales classiques, il nous

est un devoir bien doux

à remplir

:

celui de remercier les

maîtres qui, tant

à la Faculté

que

dans les services des hôpi¬

taux, nous ont

inculqué les principes de la médecine et de la

chirurgie.

Que M. le professeur

Boursier,

en

particulier, reçoive ici

l'expression de notre

plus profonde reconnaissance; nous

n'oublieronsjamais la façon

dont il sut vis-à-vis de nous, pen¬

dant les quatre années

nous avons

suivi ses leçons, allier à

la science éclairée du maître une

bienveillance de tous les

instants.

M. leprofesseur Moussous,

après

nous

avoir initié pendant

quelquesmois hélas !

bien courts

aux

délicatesses de la

médecine infantile,nous faitl'honneur

de vouloir bien accepter

laprésidence de ce modeste

travail

;

qu'il soit assuré de notre

sincère gratitude.

Merci à tous nos maîtres des hôpitaux, à M.

le Dr Monod,

àMM. les professeurs Gassaët et

Picot, à M. le Dr Moure, sous

les auspices desquels nous avons

accompli notre stage hospi¬

talier. Nous avons eu labonne fortune de faire sous

la direc¬

tion de M. le professeur agrégé

Rivière

nos

débuts dans la

pratique obstétricale; qu'ilnous permette

de lui dire combien

nous avons su apprécier, outre son

admirable dévouement à

l'enseignementde sa profession, le

courant de franche cordia¬

lité qu'il avaitsu établir de maître à

élèves.

Que MM. les professeurs agrégés

Le Dantec et Pachon dai¬

gnent recevoir l'assurance de notre respectueux

souvenir, pour

la bienveillance qu'ils nous ont

plusieurs fois témoignée dans

lecoursde nos études.

(8)
(9)

INTRODUCTION

Enfaisantnotre thèse sur la possibilité d'une

réinoeulation

syphilitique, nous n'avons pas la prétention

de trancher la

questiond'une façon définitive; nous n'avons pas non

plus le

dessein d'analyser et d'exposer tous les cas

de réinfection

syphilitique que l'on peut relever dans la

littérature médicale.

Quoi qu'il en soit, nous en avons réuni

le plus

que nous pouvions. Nous avons puisé à toutes les sources, nous

réser¬

vant bien entendu le droit de discuter toutes les observations

quenous citons.

Comme on le verra au cours de ce travail, notre thèse n'a

pourbut, somme toute, qued'être un exposé

très impartial du

sujet; malheureusement, comme nous le disions tout

à

l'heure, le sujet prête trop à controverse pour

qu'on puisse

trancher la question.

En somme, après des périodes diverses, on

était arrivé à

admettre qu'un individu ayant contracté la

vérole

ne

pouvait-

pas être réinoculé..

On avait admis aussi qu'un sujet issu de

syphilitiques était

immunisécontre la diathèse; voilà les lois

générales qui

ont

étéposées ily a déjà longtemps en principe.

Il faut reconnaître qu'il existe des exceptions

nombreuses

quebeaucoup d'auteurs ont signalées et qui ont

été le point de

départd'une série de travaux tendant à prouver le

contraire.

Comme toujours, les lois trop absolues sont

le point de

départde réactions violentes, etc'est ce qui est arrivé.

Nous

chercherons la vérité entre ces deux extrêmes.

(10)

10

Dans les maladies

infectieuses,

il en est certaines qui

offrent cette particularité remarquable, qu'elles modifient l'or¬

ganisme d'une façon telle que cet organismeconstitue alors un

milieu dans lequel il est impossible de reproduire cette affec¬

tion; ceci est ce que l'on a défini d'un mot : l'immunité.

Débutant aussitôt que l'organisme est infecté entièrement,

elle dure aussi

longtemps

que persiste la maladie. Commele dit Hudelo, on n'a pas en même temps deux varioles, deux rougeoles, etc. L'immunité débute, comme nous venons de le

dire, tantôt au moment l'infection est réalisée, c'est-à-dire

au moment éclosent les premiers symptômes, d'autres fois c'est dans la période prodromique, dont la durée est variable, qui s'écoule entre l'infection et l'apparition des premières manifestations.

Elle a ce caractère, dans le cas les premières manifesta¬

tions peuvent s'inoculer à l'individu sain, d'empêcherla réino¬

culation de ces manifestations au porteur primitif. Dans d'au¬

tres cas, l'immunité subsiste, la maladie qui l'a créée ayant elle-même

disparu,

en apparencetout au moins.

Cette immunité peut être définitive dans certains cas, bien entendu, témoin les oreillons ou la scarlatine. Dans d'autres cas, cette immunité disparaît avec le temps, et aubout d'un

délai plus ou moins long, suivant les infections, on peut réino¬

culer avec succès la même maladie. Ces faits sontbien connus, et il n'est pas de praticien qui n'ait observé de rougeole se

répétant chez le même individu.

En

résumé,

l'immunité est un état passager ou permanent qui empêche d'une façon absolue la maladie de se produire

deux fois surle même individu, tant que cet état d'immunité persiste.

Dans cet ordre

d'idées,

est-il possible d'avoir deux fois la syphilis?

C'est une des questions qu'il importerait le plus de résou¬

dre d'une façon ou d'une autre, et cela d'une manière indis¬

cutable.

En somme, c'est la curabilité ou l'incurabilité de la

syphilis

(11)

11

qui est en

jeu; mais,

comme

le dit Paul de Molène (Ann.

dermat. etsyphil.) : «

Malheureusement, les avis sont partagés,

etsi la plupart des auteurs pensent que

la syphilis récidivée

ou double n'existe pas, d'autres, au

contraire,

et

des plus

autorisés, professent l'avoir

observée.

»

Diday (Arch. méd., 1882), Neumann,

Rodet, Sturgis, Cas-

pari, Gabolodsky, ont

publié des observations tendant à

prou¬

verla possibilité d'une réinfection

syphilitique.

D'après d'autres, au contraire,

l'apparition des accidents

générauxcréeraitune immunité qui

persisterait toute la vie.

Avant d'aller plus loin, nousferons remarquer que

lorsqu'il

s'agit d'immunité comme de réinfection, onne

doit

pas

déduire

ce qui se passera dans une maladie de ce qui se passe

dans

une autre; chaque infection a ses réactions propres

absolu¬

ment distinctes et caractéristiques. On peut joindre

à cela

que, bien souvent, suivant le terrain, ces manifestations et ces réactions elles-mêmes sontplus ou moins modifiées.

On ajoutera, en outre, que dans les infections,

quelles

qu'elles soient, l'incubation est courte; que non seulement

l'incubation est rapide, mais encore l'évolution brève, que

la

syphilis, elle, possède une«incubation longue, une

évolution

dont la durée est indéfinie, ce qui a fait dire à

Fournier qu'on

pourrait définir la syphilis « un état de santé parfaite,

inter¬

rompu seulementpar des explosions d'accidents

de

temps en temps».

C'est justement ces longues périodes de répit,

pendant

lesquellesaucune manifestation ne vient troubler la santé du malade, qui compliquent le problème de la réinfection

syphi¬

litique.

Comment affirmer avec certitude qu'unindividu

n'était plus

en état d'infection syphilitique, lorsqu'on voit des

accidents

éclater trente ou quarante ans après la cessation

de

toute

manifestation spécifique ?

Quantà la question de savoir si la syphilis est une

maladie

inoculable, de lamentables et inombrables expériences ont

prouvé son inoculabilité à l'individu sain. C'est surtout dans

(12)

12

la période qui s'étend de 1830 à 18(38 que ces expériences ont été faites.

Grâce à elles, on a pu facilement déterminer non seulement lapériode d'incubation de la vérole d'une façon certaine, mais

encore la date d'apparition générale des accidents secondaires et leur durée.

On faisait en même temps la réinoculation syphilitique aux

individus déjà contaminés. C'est à l'ensemble de ces pratiques qu'on a donné le nom de syphilisation.

Beck en

Norwège,

Osias Turenne en France et Spedino en

Italie, ont cloué leurnom à la syphilisation.

(13)

DE LA

RÉINOCULATION SYPHILITIQUE

HISTORIQUE

L'histoire de la réinoculation syphilitique débute avec l'his¬

toire de la syphilis elle-même. Gommela diathèse elle-même,

elle est fort mal connue au début. Il était impossible à des

auteurs qui ne connaissaient même pas la syphilis de traiter

laquestion de la réinfection syphilitique.

Gomme beaucoup d'auteurs modernes encore, ils ont pris

pourdes réinoculations, ouplutôt desrécidives, des accidents

secondaires ou tertiaires dont Fournier et du Gastel ont fait justice dans ces derniers temps.

Sil'on joint à celaque l'on a longtemps confondu

l'accident

initial delàsyphilis avecle chancremou, on voit avec quelle

facilité les premiers syphiligraphes pouvaient

admettre la

récidive du mal napolitain ou du mal français suivant leur

nationalité.

On peut à la rigueur citer : Antoine Leocq, en 1540, qui,

dans son livreDe lue hispanica, croyaitqu'un individu

pouvait

avoir deux syphilis; Bartholomeo Maggi, qui, en

1550,

parta¬

geait cette opinion. Brassavole poussait les choses

plus loin et

écrivait dans la même année qu'une première

syphilis

peut disposer àune seconde.

(14)

Trajan Petronius admit, lui aussi, la réinfection syphilitique

et ajouta que le traitement à base de gaïac était particulière¬

ment efficace lors de la récidive et pouvait dans une certaine mesure la prévenir.

Yidius-Vidiusétaitpartisan, lui aussi, de la possibilitéd'une deuxième réinfection. Il ajoutait même que la seconde était moins graveque la première et se bornait en général à l'acci¬

dent primitif. Nous ne nous attarderons pas à discuter l'opi¬

nion de ces auteurs; nous ne l'avons citée que pour montrer que d'une façon générale la récidive de la syphilisa été admise d'une façon courante, a été

classique,

tant que la syphilis elle- même n'a pasété tirée du chaos des maladies générales etdes réinfections vénériennes.

Hunter fut le premier à dégager Yunicité de la syphilis;

Ricord insista lui aussi sur cette unicité dans satraduction de Hunter.

En effet, dans une notede Ricord, ontrouve : «(L'expérience

a appris qu'un sujet déjà atteint de syphilis constitutionnelle

n'est plus apte à contracterune nouvelle infection générale. » Dans son Compendium de médecine, il ajoutait,revenant un peu sur ses idées primitives : « La loi d'unicité sur la diathèse est-elle absolue? Probablement non. La disposition acquise

peut s'atténuer et finir par s'éteindre. Dans le premiercas,

une première infection générale devenue possible produira

des accidents constitutionnels modifiés. » C'est là qu'il faut

chercher l'origine de tous ces fameux dérivés, que Ricord dénommait pittoresquementles syphiloïdes.

« Un malade, du reste, quia déjàeu un chancre induré n'en

a pas d'autres... Ilest probable que cette loi doit présenter

des

exceptions, quoique je n'en aie jamais vu. »

Follin, en 1854, Puche, dans la même année, Delestre,

en 1860, se livrèrent à des études sérieuses sur la question.

En 1860, Horand et Diday firent les premières études appro¬

fondies sur le phénomène de la réinfection.

Dans un mémoire très important, publié dans les Archives générales de médecine et plus tard dans YHistoire naturellede

(15)

- 15

la syphilis, en

1862,

ce

dernier auteur présenta trente-deux

observations que l'onpouvait

considérer

comme

des exemples

absolumentprobants de

réinfection syphilitique.

Ilavaitréparti ces cas de la

façon suivante

:

Chancre et vérole pour effet de la

première contagion

;

chancre seul pour effet de la

seconde

:

dix-neuf

cas ;

'2°Chancre et vérole pour effet de la

première contagion

;

chancre etvérole atténuéspour effet de la

seconde

:

dix

cas ;

Chancre et vérole pour effet de la première

contagion

;

chancreetvérole plus fortepour effet

de

la

seconde

:

trois

cas.

Rollet, dans ses recherches cliniques

expérimentales

sur

la

syphilis, le chancre simple et la

blennorragie, dit

que

l'im¬

munitén'a pas toujoursunedurée indéfinie,et si

elle

est

jamais

générale et complète, c'est surtout à une époque peu

éloignée

de la maladie et avant que l'organisme ait eu

le

temps

de

se

réinoculer.

Après ces auteurs, nous citerons encore les

recherches de

Hagenberger en 4863, Corten en 1865,

Scarenzio

en

1866,

Kobner en1872, Gascoyen en1875, Pelizzari en

1883.

Nous citerons encore les notes et les travaux de Vénot, de

Bordeaux (lettre à Diday, 1854), Melchior Robert.

Vidal de Cassis, dans son Traité des maladies vénériennes, prétendit que l'inoculation de la vérole «n'était

qu'une

hypothèse qui s'évanouissait ».

Horand, en 1884, s'occupaencore de la question et,

suivant

en celaWallace et Bouley, inocula le produit de

sécrétion

de plaques muqueuses à un syphilitique parvenu à la

période

secondaire.

Depuis cette époque, des mémoires, assez peu

nombreux,

ont paru sur la question, et on peut dire que

depuis

une

dizaine d'années il n'y a pas eu un véritable

travail d'en¬

semble faitsur ce sujet.

Nous citerons cependant, et en première ligne,

le travail

très consciencieux et très documenté de Hudelo, paru il y a

une dizaine d'années, surl'immunité syphilitique.

Deuxans plus tard, Journeault, dans sa thèse, fit à

Hudelo

(16)

16

le reproche d'avoir été partrop rigoriste et se montrapartisan

de là réinfection syphilitique. Il est inutile de dire qu'il n'ya

guère de comparaison possible entre ces deux travaux, etla thèse de Journeault nous semble un peu superficielle si on veut la comparer à l'œuvre de Hudelo.

Parmitouscesdocuments,il convientde citer àpart, comme

nous l'avons fait au début de cette étude, les recherches de A. Fournier sur le pseudo-chancre induré des syphilitiques.

(Archives générales de médecine, 4868.)

Dans ce travail, Fournier montra que ce quejusqu'alorson avait souvent pris pour des chancres indurés de récidive,

n'étaient que des manifestations dues à l'infection primitive

etqui se

développaient

ipsofacto en dehors de toute contagion

nouvelle.

Depuisla publication de son mémoire, de nombreuxauteurs ont insisté sur les causes multiples d'erreur dans de sembla¬

bles cas; parmi ces auteurs, nous citerons: Thibierge, Lan- douzy, du Castel.

C'est ainsi que ce dernier auteur (Sem. méd., 1888), et quelques autres qui ne sont pas partisans de la réinfection,

ont signalé des cas dans lesquels, après un coïtcertainement suspect, des syphilitiques ont eu des accidents chancrifor-

mes. « En admettant, dit du Castel, qu'il s'agisse d'une infec¬

tion, on est tenté de croire qu'on est en face d'un complément d'infectionplutôtqued'uneréinfectionvéritable, d'uneseconde intoxication par un virus fort chez un intoxiqué la première

fois par un virus faible. Ce serait,comme dit Diday,unevérole

en deux livraisons complémentaires. »

Du reste, cet auteur est revenu plus tard sur sa première opinion,un peu trop absolue,etdansuneobservation quenous citerons dans le cours de cette thèse, il dit lui-même qu'en présence de certains faits on est réellement obligé d'admettre

la possibilitéd'une réinfection syphilitique. »

Danslemémoirede Diday,Lasch,tout enadmettantqu'avant l'apparition de la roséole il est possible d'inoenler au porteui

d'un chancre la sécrétion de ce chancre, dit que le plus sou

(17)

17

ventlaréinoculationnedétermine pas unedeuxième infection,

maisseraitune provocationaudéveloppement

de lésions

papu-

leuses que Clerc

appela le chancroïde.

Demême,Zeissl aécrit: « L'inoculation de

virus syphilitique

à des sujets syphilitiques produit

parfois

une

lésion qui est

lechancroïde de Clerc. Si l'on inocule cette lésion à un indi¬

vidusain, on obtient : ou rien, ou un ulcère

local vulgaire,

ou

unchancre induré avec syphilis constitutionnelle (si

le liquide

inoculé contenait du virus syphilitique). »

Neumann rapporte des cas où le frottement

simple, l'irrita¬

tion de l'épiderme, produirait des indurations. « C'est

ainsi,

dit-il, que chez les syphilitiques une irritation

quelconque

pourrait déterminerau pointtouchéune induration. »

Ce seraitmême, d'après l'auteur, un moyen

de reconnaître

lasyphilis latente.

A l'appui des opinions des différents auteurs que nous

venons de citer et des explications qu'ils donnent pour mon¬

trerla possibilité d'une réinfection qui aurait pour

base

une

erreurde diagnostic, nous pourrions ajouter tous

les

cas que Fournier a énumérés dans ses leçons sur le pseudo-chancre; du reste, il faut admettre, que d'une façon générale, tous

les

accidents syphilitiques ontune tendance àl'induration, et quel

estlepraticienqui, en face d'une plaque muqueuse

isolée des

grandes lèvres chez une femme, ne s'est point trouvé embar¬

rassé pourétablir son diagnostic?

Ce point de diagnostic différentiel entre le chancre et le pseudo-chancre est entièrement traité par Fournier. Nous

n'insisterons pas, nous contentant simplement de noter que dans les cas de pseudo-chancres, l'adénite n'est pas le

plus

souvent indolore et que son évolution est d'ordinaire rapide.

En troisième lieu, le manque de roséole vient

confirmer

lediagnosticdu pseudo-chancre.

On pourra nous objecter qu'il existe des roséoles dites

de retour; mais, outre la rareté de cet accident, la roséole

de retour est un érvthème qui se manifestera le plus souvent

en même temps que le chancre, chose qu'on ne voit pas

2

(18)

18 -

d'une façon courante lorsqu'on a affaire à une roséole secondaire.

C'est ainsi que Ancelon a publié quatre cas de pseudo¬

chancre qui, à première vue, semblaient en imposer abso¬

lument pour des chancres indurés nets. Seul, le manque d'accidents secondaires consécutifs empêcha de porter le diagnostic de chancre infectant.

Il ressort de la longue série de faits que nous avons énu- mérés qu'il reste encore beaucoup de syphiligraphes, et non des moindres, qui ne sont pas convaincus dela réalité du fait de la réinfection.

Ce scepticisme s'explique par les conditions rigoureuseset multiples que réclame, pour être valable, une véritable réin¬

fection syphilitique.

Si l'on veut ajouter à cela que l'histoire de la première syphilis est souvent bien difficile à établir, que si l'on s'en rapporte à ce que dit le malade, on a de fortes chances de se

tromper, si c'est un autre médecin que l'expérimentateur qui

l'a observé. Il faut autant que possible que cet autre médecin

soit lui-même un syphiligraphe, car les sources d'erreursont nombreuses; mais, de plus, quand il faut examinerlarécidive

ou la soi-disant récidive de la syphilis, les difficultés sont alors plus grandes.

On peut observer chez un individu syphilitique déjà deux

sortes de lésions ou des lésions qui n'ont rien de commun

avec la diathèse, tel l'herpès génital, par exemple, et

qui

cependant peuvent en imposer absolument pour l'accident

initial de la syphilis, vu la facilité avec laquelle des

maladies

étrangères à la syphilis reproduisent l'induration syphilitique

sur unterrain syphilisé déjà.

En d'autre cas, le syphilome primitif sera simulé par une syphilide quelconque ulcéreuse secondaire, dont la base s'in-

durera et qui

s'accompagnera

d'adénite. Les accidents secon¬

daires seront,dans ce cas, constitués, commedans lepremier,

par ce qu'on est convenu d'appeler la roséole tardive.

Comme oh le voit par ce très court exposé des causes

(19)

19

d'erreur que nous venons

d'énumérer, il n'est

pas

étonnant

qu'il y ait eu autant

de

cas

de fausse syphilis récidivée qui

aientété publiés,

Nous aurons souvent l'occasion, au cours de ce travail,

de rappeler ces causes d'erreur au

sujet d'observations qui

n'étaient des observations de syphilis récidivéeque dans l'ima¬

gination de ceux qui les rapportaient,

qu'elle qu'ait

pu

être

leur bonne foi.

Nous ajoutons en dernier lieu que, depuis quelques années,

la question semble avoir été pour ainsi dire laissée systéma¬

tiquement de côté quant à la période primaire et

la période

secondaire.

Pour la période primaire, on en parle très peu; à peine

si

quelques rares auteurs français citent des cas de chancres se

répétant à des époques où le malade était encore au cours de

lapériodeprimaire.

Quant à la réapparition de l'accident initial au cours de la période secondaire, personne n'en dit mot, et à juste raison,

carlaquestion nous semble absolumenttranchée.

Nous ne parlons pas, bien entendu, des travauxde certaines

Universités dont l'exotisme favorise les élucubrations souvent fantaisistes.

Gomme on le voit, jusqu'à notre époque la question de la

réinoculation a passé, en résumé, par trois phases.

Dans une première période, il a été admis d'une façon

courante que la syphilis récidivait. Avec Hunter, ce fait fut rejeté; avec Ricord-, Fournier et Diday, on a admis que dans

certains cas, très rares, il pouvait y avoir réinoculation du

virus syphilitique.

(20)

CHAPITRE PREMIER

Avant de commencer notre discussion sur la réinoculation

syphilitique, il faut que nous définissions exactement ce que

nous entendons par réinfection dans le cas présent.

Nous entendons par réinfection syphilitique la possibilité,

pour un même sujet, de contracter deux fois la syphilisau

cours de son existence, infections qui seraient caractérisées

toutes deux par :un chancre accompagné d'induration, d'adénite indolente en chapelet, accidents survenantaprèsune contamination avec un sujet syphilitique, la contamination

datant d'une douzaine dejours au moins et d'une quarantaine

au plus ; ces accidents seraient suivis d'une éruption surle tégument, dans les cheveux, d'une poussée sur les muqueuses

six semaines après la manifestation primitive que nous avons décrite, et enfin ces mêmes accidents seraient influencés d'une façon rapide par le traitement mercuriel.

En un mot, que la première et la deuxième infection satis¬

fassent entièrement aux lois de Fournier qui actuellement

sont admises à peu prèspar tout le monde.

Au cours de ce travail, nous ne nous départirons pas

des

règles que nous venons

d'énumérer,

et tous les cas qui ne rempliraient pas les conditions des lois émises par

Fournier

seraient par nous impitoyablement rejetés.

Nous examinerons successivement les cas de réinfection syphilitique à la période primaire, à la période

secondaire,

a

la période tertiaire, et dans lescas de syphilis

héréditaire-

(21)

Nous ajoutons que nous en avons

rencontré si souvent de si

franchement récusables, que nous les avons

rejetés

sans

même

vouloirles discuter.

Lasyphilis est-elle

réinoculable à la période primaire ?

Il y atrois points

à examiner dans cette question. Beaucoup

d'auteurs, laissant de côté la période

d'incubation du chancre,

n'entendent par période primaire que

l'accident primitif lui-

même etl'adénite caractéristique qui l'accompagne.

Pour nous, nousentendons par

période primaire la période

qui s'étend depuis le moment

où l'inoculation

a

été faite jus¬

qu'à l'instant où apparaissentles

accidents secondaires

propre¬

ment dits; par conséquent, nous allons

examiner si la syphilis

estréinoculablependant la période

d'incubation, pendant l'évo¬

lution du chancre, enfin, entroisième lieu, dans

la période qui

s'étend de la cicatrisation du chancre à la roséole. L'immunité

débute-t-elle avec l'incubation du chancre? En outre du peu

d'expériences que l'on trouve dans la littérature

médicale,

expériences parmi lesquelles nous citerons

celles de Gibert et

de Belhomme :

Gibert inocula le 28 février 1859 un sujet sain avec du

virus

de chancre syphilitique; cinq jours après, il

pratiqua

une nou¬

velleinoculation, puis deux jours après une troisième.

Les deux premières inoculations furent positives;

la troi¬

sièmene réussit pas (Traité des maladies de la peau, tome

II,

page 483). Dans lamême année, Belhomme, le 9 mai,

inocula

de la même façon un individu sain. Le10 mai, il pratiqua une seconde inoculation, et le15 mai unetroisième.

Trente-cinq jours après lapremière inoculation

survinrent

des papules chancreusesau point delà première

inoculation

;

lesdeuxautres n'évoluèrent pas.

Wallace, Lindvurm ont publié trois cas

opposés -.Wallace

inocula le 19 août1835, avec de la sérosité deplaquesmuqueu¬

ses, un individu indemne; douze jours après il

pratiqua

une

inoculation semblable : il se développa deux chancres

à six

jours d'intervalle l'un de l'autre. Le premier eut une

incuba¬

tion de vingt et un jours, l'autre de quinze jours. Lindvurm,

à

(22)

22

deux jours

d'intervalle,

pratiqua deux

inoculations;

le pre¬

mier chancre eutune incubation de dix-neufjours, le second de vingt-quatre.

Puche, à vingt etun jours

d'intervalle,

fit deux

inoculations;

il vit apparaître deux chancres le même jourdont l'un eutune

incubation de dix-neufjours l'autre de dix-sept.

Didav, dans son Histoire naturelle de la syphilis, dit qu'un

individu sain que l'on vient

d'inoculer,

qui, classiquement,

n'aura son chancre que dans une quinzaine de jours, sera

susceptible d'être réinoculé.

Mauriac, lui, est d'avis qu'avant l'apparition du chancre, jusqu'à environ le vingt-deuxième jour de l'inoculation, la réinoculation est encore possible.

A l'appui deces faits expérimentaux, nous citerons les cas

doubles ou triples des chancres indurés.

Maintenant,

il reste à examiner si le chancre est réellement réinoculable au porteur.

Mauriac cite le cas d'un individu qui présenta, dix-sept jours après le coït, une érosion du prépuce, érosion qui s'indura.

Sept jours après, apparut un deuxième chancre dans la fossette gauche du frein.

Haslund, en 1887, cite le fait d'un individu qui eut un chancre le 30 mai 1884, puis deux autres six jours après, puis

un quatrième huitjours après. Le 11 juin, il était porteurde

onze chancres indurés.

Du Castel et Lasch citent des cas semblables. Pour que de

tels faits soientpossibles,il faut de touteévidence que l'immu¬

nité ne soit pas établie pendant l'incubation du premier

chancre.

Par l'ensemble des faits qui précèdent et que nousvenons

d'énumérer,

on voit que l'on peut conclure, sans être taxe

d'exagération,

que la syphilis peut être réinoculée lorsque le

chancre induré primitif lui-même est encore à la

période

d'incubation.

La syphilis est-elle réinoculable lorsque le chancre indure

est constitué?

(23)

23

Ou bien, en d'autres termes,

l'infection est-elle complète à

ce moment-là?

Rollet,aprèsavoir cru

à la réinoculabilité du chancre (Gaz.,

Lyon, 1856),

publia

en

1861

ses

Recherches cliniques et expéri¬

mentales sur la syphilis, dans

lesquelles il déclara

que «

le

chancre syphilitique le

plus récent n'est jamais inoculable au

porteur;il n'est

jamais à

aucune

époque réinoculable. »

Il déclara, avec Laroyenne et

Basset,

que

tous les chancres

qui avaient été

suivis de manifestations secondaires et qui

étaient réinoculés positivement,

étaient des chancres mixtes.

Diday n'admit pas ces résultats, et

déclara

que

le chancre

induréest réinoculable au porteur. II joignait

à

son

mémoire

(Hist. nat. de la syph.) une

observation de Rodet et

une personnelle.

Rollet, en 1865 (Traité des maladies

vénériennes), analysa

une quantité d'expériences faites un peu partout

et toutes plus

négatives les unes queles autres.

Hunter, qui ne connaissait pas le chancre

mixte, admettait

la réinoculation; Ricord, qui fit une

multitude de réinocula¬

tions, dit « quele chancre, inoculable à son

début,

ne

devenait

irréinoculable qu'à la période de réparation ».

Contrairement

à cette opinion,

Égan,

quelques années plus

tard, n'était

pas

parvenu à réinoculer un chancre du sein à lapersonne qui en étaitporteuse.

Avec Bassereau,le chancreinduré et le chancre mou

furent

définitivement séparés, confusion qui avait dû

créer

et

qui

en

fait avait créé une foule d'erreurs dans la série des faits que

nous venons de citer.

Clerc, Fournier, Puche, Poisson, Nadeaud des

Hets et

Ricord arrivèrent à cette conclusion: «Le chancre infectant,

à lapériode d'état, est d'une inoculation sinon

impossible, du

moins très difficile à obtenir au sujet quile porte. » Diday, Rollet,

Jullien,

Mauriac sont de cet avis.

Une objection reste: nous voulons parler des chancres

qui

se succèdent à long intervalle, tel le cas

de Cullerier dans

lequel deux chancres se succèdent à vingt-cinq jours

d'inter-

(24)

- 24

valle, celui de Diday à trois semaines, un autre, dû à Waller,

à quinze jours d'intervalle. Jullien en cite enfin un danslequel

un délai de trois semaines sépara les deuxaccidents.

Hasslund en cite cinq séparés par plus de quinze jours; de

même pour Lasch, Ulmann,

Ohmann-Dumesnil,

qui rappor¬

tent des casabsolument analogues.

En 1883, Mauriac prétendit n'avoir eu que des insuccès, lui

aussi.

Dans l'autre camp, des expériences non moins concluantes et non moins nombreuses ont été citées : c'étaient Lee, Bi- denkap, Bœck, Melchior Robert, Kobner, Hjelt, Topelius, Faye.

Malheureusement tous ces cas, quoi qu'en aient dit les auteurs qui les rapportent, sontloin d'être typiques; aux lieux

d'inoculation,

il se développe de simples pustules qui appa¬

raissent dans les vingt-quatre ou quarante-huit heures qui

suivent l'expérimentation. Tantôt ce sont des chancres mous, tantôt de simples pustules. Bœck nota que l'inoculation est

toujours positive quand on panse le chancreavec de la charpie qui n'est pas souvent renouvelée, d'où abondance de sérosité, qui, comme le fait remarquer Bœck, est bien plus abondante

et plus purulente que lorsque le pansement est renouvelé fréquemment et est fait proprement.

En somme, ces faits démontrent que l'on n'a inoculé, somme

toute, que les

micro-organismes

de la suppuration vulgaire et

nonla syphilis.

Les observations de Reger et de Melchior Robert, qui sem¬

blent les plus sérieuses, ne prouvent absolumentrien.

Sperinorapporte lefaitd'unenourriceporteused'un chancre

du mamelon qui avait été contaminée deux mois auparavant

par un nourrisson; deux jours après son entrée à l'hôpital,

on inocula la cuisse droite de la malade avec la sérosité du chancre induré; sept jours après seulement on observa deux papules, qui, précédées la veille d'une rougeur locale, se cou¬

vrirent sixjours après d'une croûte sous laquelle on constatait

une érosion superficielle.

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