MÉTHODES D’ÉTABLISSEMENT DES INDEX DE SÉLECTION
DES TAUREAUX DE RACES A VIANDE
SUR LA VALEUR ÉCONOMIQUE DE LEURS DESCENDANTS
J.-L. FOULLEY R. ROUVIER
Station de Génétique quantitative et appliquée,
Centre national de Recherches zootechniques, J. N. R. A., 78 - Jouy-en-Josas
Laboratoire de Méthodologie génétique,
Centre de Recherches de Toulouse, I. N. R. A.,
B. P. 12, 31 - Castanet
RÉSUMÉ
La sélection des taureaux de races à viande destinés au croisement de première génération
a visé jusqu’ici à maximiser la recette brute fournie par les veaux croisés à un âge donné. Diverses méthodes d’indexation utilisant l’information fournie par les contrôles d’aptitude ont été discutées ainsi que l’incidence de l’adjonction d’une contrainte de progrès génétique nul sur le poids à la
naissance des veaux. Une application numérique faite dans les races Charolaise et Limousine a
permis de mettre en évidence des différences de comportement entre les deux races sous l’effet d’une sélection par index ; ainsi, le coût génétique de la contrainte est apparu plus élevé en Limou-
sin qu’en Charolais.
I. - POSITION DU
PROBLEME
I,e
développement
du croisement commercial entre taureaux de races à viandeet femelles de races laitières ou
rustiques
en vue de laproduction
de veaux de bou-cherie a entraîné le
développement
de schémas de sélection des mâles utilisés par lescentres d’insémination sur les caractères de croissance et de conformation bouchère.
Cette sélection intéresse successivement les
performances
de l’individupuis
cellesde sa descendance croisée
(F REBLING
etGAILLARD, i 97 o).
Dans le dernier cas, onestime,
pourchaque
taureau, sonaptitude générale
au croisementaprès
une correc-tion des données destinée à éliminer les effets liés à une
répartition déséquilibrée
des sexes et races maternelles dans
chaque lignée paternelle (V ISSA C, z 9 6 4 ).
Les troiscritères considérés dans cette estimation sont :
- le
poids
vif à 75jours (âge auquel
sont abattus lespremiers veaux),
déter-miné par
intrapolation
linéaire entre deuxpesées ;
- le
pointage
de valeur bouchèreégal
à la somme decinq appréciations subjec-
tives de la
musculature,
de la finesse dusquelette,
dudegré
de rétraction du ventre, de l’étatd’engraissement
et de l’intensité de décoloration des muqueusessupposée
liée à celle du
muscle ;
ces notes sont données lors de la dernièrepesée
de l’animal àun
âge
de deux mois et demi à troismois ;
- le
prix
de vente aukilogramme
vif fourni parl’éleveur ;
dans la mesureoù,
comme c’est en
général
le cas, les veaux relatifs à une série de taureauxcontempo-
rains sont nés et commercialisés dans unepériode
detemps
et unerégion limitées,
ce
prix qui
constitue l’élément de latransaction, peut
êtreconsidéré,
eneffet,
commereprésentatif
de la conformation bouchère du veau au moment de la vente.L’objectif global
de sélection doit tendre à améliorer la rentabilité de laspécu-
lation animale
entreprise
par l’éleveur. Dans le cas de laproduction
de veaux deboucherie effectuée dans les
régions
du centre et du sud-ouest de laFrance,
il est difficiled’appréhender
cetterentabilité,
étant donné les variations considérables destechniques
deproduction :
allaitement maternel aupis
ou au seau, avec ou sansadjonction
d’une mère nourrice ou d’aliment d’allaitement. Lesâges
etpoids
d’abat-tage
varient de deux àcinq
mois et de z2o à 250kg respectivement,
en fonction de lademande du marché
local,
decontingences
liées à l’éleveur etindépendantes
del’animal,
dupotentiel
de croissance et de l’étatd’engraissement
de ces derniers. Onpeut
en fait considérer que, dans lamajorité
des cas, le veau consomme lelait
maternel,
lesquantités
non consommées n’étant pas valorisées. La recette brutequi s’exprime
par leproduit
dupoids
de vente par leprix
de vente est alors lemeilleu rcritère de rentabilité de la
production
de veaux de cetype.
Si l’on admet en outre que les différences moyennesd’âge
de vente entre descendancespaternelles
sontnégligeables
onpeut
retenir comme critèreglobal
de sélection leproduit
des valeursgénotypiques
relatives aupoids
à 75jours
et auprix
de vente.Si ce critère a été utilisé dans un
premier temps,
le calcul desparamètres géné- tiques (coefficients
d’héritabilité et de corrélationgénétique)
entre les trois variables considérées et lepoids
à la naissance(P O U j ARDI E U
etV IS S A C, r 9 68)
conduit à effectuercertaines
critiques quant
à son efficacité.a) L’augmentation
dupoids
à 75jours risque
d’entraîner indirectement uneaugmentation
dupoids
à la naissance dont l’héritabilité est engénéral plus
élevéeque celle du
poids
à 75jours
- en race Charolaise notamment — et de lafréquence
des difficultés de mise bas des veaux
croisés ;
ces difficultés sont, eneffet,
étroitementliées,
entre descendancespaternelles,
aupoids
des veaux à la naissance(B E LI C
etM ENISSIER
,
19 68).
b)
La substitution de la note depointage
auprix
de vente dont l’héritabilité estplus
faiblepermettrait
d’améliorer laprécision
d’estimation de la conformation bouchère et l’efficacité de la sélection.La
prise
encompte
de ces remarques et, d’unefaçon plus générale,
la définition d’unobjectif global
de sélectionadapté
à la situationqui
nouspréoccupe,
soulèventle
problème
del’introduction,
d’unepart
de caractères à seuil - cas dupoids
à lanaissance des veaux dont l’incidence sur les difficultés de mise bas pour une femelle donnée se manifeste suivant un ou
plusieurs
seuils - d’autrepart
de fonctions qua-dratiques
des caractères dans les index de sélection. Sil’emploi
de contraintes(C UN -
rrlrrGxAM, MOEN et
GJ!nRWvI, 1970 )
dans l’établissement de ces index(limitation
du
progrès
sur lepoids
à la naissance à une valeur fixée parexemple)
fournit unesolution
adaptée
dans unpremier temps
pour lepremier problème,
la sélection enfaveur du
produit
de deux caractères n’a pas encore reçu de solutionpratique
satis-faisante.
Après
avoir discuté les méthodesgénérales
d’élaboration des index de sélection dans le cas d’unobjectif quadratique,
nousappliquerons
à la sélection sur descen-dance croisée des taureaux de races à viande divers
types
d’indexation tenantcompte partiellement
ou totalement descritiques
formulées ci-dessus.II. - DISCUSSION DU CHOIX
D’UN
INDEX DES!I,ECTION
CHEZ LES
BOVINS,
DANS LE CASD’UN OBJECTIF QUADRATIQUE
Les index de sélection sur
plusieurs
caractères onc surtout été étudiés dans lecas
simple
où l’index est unprédicteur
d’une combinaison linéaire H des valeursgénétiques
additives à améliorer(S MI T H , I g 3 6 ; H AZ E L ,
Ig43 ;R OUVI E R , I g6g a).
En
production
de viandebovine,
lescomparaisons
ont concernégénéralement
des index établis sur cette
hypothèse
delinéarité ; (I, E xNIArr et al., ig6i)
pour la pro- duction de veaux de racesanglo-saxonnes ; (I, INDH O M
etSTONAK!R, 1957 ;
WIt,sONet
al., 19 6 3 )
pour des bovinsHereford plus âgés.
Enréalité,
il est de nombreux cas où cette condition n’est pasvérifiée,
ainsi que l’ontsouligné
KW vlrTxoRrrr;( 1957 ),
M
OAV
( 19 66),
WII,TONet VANVLECK( 19 67, 19 68, 19 6 9 ),
HARRIS(Ig70).
Avec un critère
purement multiplicatif,
il estpossible
de se ramener à une fonc-tion linéaire en
prenant
leslogarithmes (hr,sTOrr, I g6 3 ; S MITH , I g6 7 ).
Cela nécessiteune
analyse
des variances et covariances deslogarithmes
des valeursphénotypiques qui
n’a d’intérêt que si leur distributionpeut
être considérée comme normale. Or rien ne nouspermet,
notamment dans notre cas, d’accréditerplus
cettehypothèse
de
log-normalité
que celle de normalité(RouvI!R, 19 6 9 b).
Récemment, W I I, TO rr,
EVANS et VAN VLECK( 19 6 9 )
ont abordé cettequestion
de
façon générale
etW II ,T O rr,
VAN Vr,!cK( 19 68, 19 6 9 )
en ont donné desexemples
pour la sélection des vaches et des taureaux laitiers. Ces auteurs ont
établi,
par la méthode de minimisation de la variancerésiduelle,
deux index : l’unlinéaire,
l’autrequadratique.
La valeurgénotypique globale
H est de la forme :où
y -!- g
désigne
le secteur(m, i)
des valeursgénétiques
additives des m carac- tères considérés dans lasélection,
fL+ g ayant
une distribution N( fL , !g),
a le vecteur
(m,i)
despondérations
de ces valeursgénétiques ;
A la matrice carrée
(m, m) symétrique
despondérations
des carrés et desproduits
deux à deux des m valeursgénétiques
additives.La meilleure
prédiction
par un index linéaire s’écrit :où
at est une constante
g
la variable aléatoire E(g/p) espérance
conditionnellede g quand !
varie.!
vecteur(n,i)
des observationsphénotypiques exprimées
en termes dedéviation par
rapport
aux moyennes y, la distributionde !
étantsupposée N(o,Y,,).
On démontre que E
(g/p)
=!9p 1!!!
oùLgp
= E(g t fi)
matrice(m, n)
determe
général
cov(gi, pi)
La meilleure
prédiction
par un indexquadratique
est:où rxq est une constante
et g
à la mêmesignification
queprécédemment.
Cette
expression équivaut,
à une constanteprès,
à l’estimation du maximum de vraisemblance de Hconnaissant p
notéeH/!
et àl’espérance
conditionnelle de H connaissantfi.
L’index linéaire
équivaut
aux recommandations de SMITH( 19 6 7 ),
lequadratique
à celles de HARRIS
( 1970 ) qui préconise, plus généralement,
d’utiliser comme critère sélectif dans le cas d’une fonctioncomplexe d’objectif,
H =(G i , G,, -G n ),
l’indexI =
H(I l ,
I2, -I n )
obtenu enremplaçant
les G, par leursprédicteurs
Ic sur les valeursphénotypiques
observables.Dans la discussion de ces méthodes de
prédiction,
ilimporte
depréciser
les deuxpoints
suivants :a)
pour que l’indexI q soit applicable,
il faut quel’espérance
duprogrès génétique s’exprime
defaçon simple
àpartir
deIq.
Nous avons de fait vérifié que cetteespé-
rance sur
l’objectif global
de sélectionquadratique
H était bienégale,
dans unepopulation
idéale de trèsgrand
effectif où tous lestypes d’accouplement
sontéqui- probables
et pour des caractèrespolygéniques
neprésentant
pasd’épistasie,
à ladifférence entre les valeurs moyennes de l’index dans la
population
desparents après
et avant
sélection ;
b)
la variableIq, explicitée
en( 3 ),
a une loiqui
nepeut
être normale sip,
vec-teur des variables
phénotypiques prédictrices
centrées l’est. Le calcul de sonespé-
rance sur la
population tronquée
des animaux sélectionnés nepeut
alors donner lieu à uneexpression simple
en fonction del’écart-type, sI Q
et de l’intensitéi,
fonc- tion dupourcentage
d’animaux sélectionnés. La validité d’une sélection sur cetype
d’index est donc discutable. On nepeut
admettre quel’espérance
duprogrès géné- tique
sur H estiaiq
ainsi que le font WW2orr et Vnrr VLECK( 19 68, 19 6 9 )
sil’impor-
tance de l’erreur que fait commettre cette
approximation
n’est pasappréciée.
Il sepeut qu’elle
soit faible - mais rien ne nouspermet
de l’affirmer apriori
- et mêmenégligeable
parrapport
aux autres erreursfaites,
notamment celles inhérentes àl’emploi
de matricesE 9 , E!,, E aP
estimées et non connues a!rioyi (WILLIAMS, i 9 62).
La simulation devrait être un moyen
d’appréhender
ceproblème.
III. - COMPARAISON DE DIVERS
SYSTÈMES D’INDEXATION
DES TAUREAUX SUR LA VALEUR DE I,!URS DESCENDANTSa. - Méthodes d’étude et
comparaisons
réaliséesDans l’état
actuel, plusieurs
attitudes sontpossibles :
- sélectionner directement sur la valeur du
produit exprimant
la recette brutemais il est facile de vérifier
qu’une
telle sélectionindirecte,
que ce soit pour leproduit
«
poids
à 75jours
Xprix
unitaire de vente » ou «poids
à 75jours
X note depoin- tage
» est moins efficacequ’une
sélection sur index combinant les deux caractèresimpliqués
dans leproduit,
voire mêmequ’une
sélection sur un seulcaractère,
celui deplus
fortehéritabilité ;
’- aborder le
problème
à lafaçon
de KEMPTHORNE et NoRnsKOG( 1959 )
enconsidérant les termes
produits
au carré tels que gi X gi,gl
comme de nouvellescaractéristiques génétiques
dont on calcule les variances et covariances et se ramenerainsi à l’établissement d’un index
linéaire ;
- ou, vu la
complexité
des lois des variablesquadratiques, prendre l’approxi-
mation linéaire Hi comme le fait SMITH
( 19 6 7 )
dont l’index It défini par WILTON et VA
rr V!.ECK est le meilleur
prédicteur.
Le troisième
procédé paraît
leplus judicieux
et c’est donc sur cette basequ’ont
été
construits,
dans notreétude,
les diverssystèmes
d’indexation des taureaux soumisau contrôle de descendance.
Compte
tenu des deuxaspects qui
nouspréoccupent
dans l’indexation de ces taureaux utilisés en croisement et
qui
concernent, outre letype
de fonctionutilisée,
le choix du critèred’appréciation
de la valeur bouchère et l’incidence de l’effet direct du taureau sur lafréquence
des difficultés devêlage,
nousavons
comparé
les index suivants :r. les index I1
prédicteurs
centrés del’approximation
linéaire ¡L.¡L3 + ¡L3g. -f- ¡L.g3 duproduit (¡ Lo
+g,) (¡ L3
+g 3 )
des valeursgénétiques
additives non centréesdu
poids
à 75jours (!.2
+g.)
et dupointage (¡ L3
-!--g 3 ),
comme l’asuggéré
V I
SSAC
( 19 64) ;
ceproduit présentant l’avantage
de ne pas être lié aux fluc-tuations
conjoncturelles
deprix.
2
. les index
1 2 prédicteurs
centrés del’approximation
linéaire !.1(!2 + yig2 +¡Lokg3
duproduit (!2
-I-g z ) (y i
-I--kg 9 )
de la valeurgénétique
additive dupoids
à 75jours
par larégression
!.1 -!kg 3
de la valeurgénétique
additiveau
prix
unitaire de vente ¡L, -!- g, sur lepointage
centré g..Dans chacun des deux cas, nous avons
étudié,
en outre, l’influence del’adjonc-
tion de la contrainte : « maintien du
poids
à la naissance constant» (E (à g 4 )
=o)
en utilisant la méthode de calcul des index aveccontrainte, proposée
parC UNNINGHAM ,
MOEN et
G J E DR E M (rg 7 o).
Les calculs ont été effectués àpartir
des matrices de variances et covariancesgénétiques !u
etphénotypiques £ 5 ,
déduites de l’étudebiométrique
deP OUJARDI E U
et VISSAC(tg68).
b. - Résultats et discussion.
Nous avons rassemblé sur le tableau i les critères suivants
qui expriment
l’orien-tation et l’efficacité de la sélection
correspondant
àchaque type
d’index :- les
gains génétiques globaux
et surchaque
caractère avec une intensité de sélectionégale
àl’unité;
- le
rapport b 3/ b 2
des coefficients dupointage
et dupoids
à 75jours
dansl’index ;
- le carré
R I (H,I)
du coefficient de corrélation entre l’index etlavaleurgéno- typique globale correspondante qui
mesure laprécision
de l’index.La
comparaison
intra-race depères,
des index Ila et I,a noncontraints,
ne laissepas
apparaître
de différencesmarquées. L’index l,
estlégèrement pénalisé quand
onconsidère le
progrès génétique global ( 1
314pourI l a
contre 137 6
pour1!,
en Charo-lais,
1 339contre I 400enLimousin).
L’index l,a attribue un peuplus d’importance
à la note de valeur bouchère que ne le fait
I!a,
comme le montrent les valeursprises
par le
rapport b 3/ b z (8, 71
contre2 , 3 6 ;
3,20contre 1,27respectivement
en Charolaiset
Limousin)
et lesprogrès respectifs
sur les caractères depointage
et de croissance :(1,44 points
et 1,17kg
à 75jours
pour Ila contre 1,27points
et 1,49kg
pour1!
enCharolais ; o,65 points
et 2,oikg
contre 0,49points
et 2,34kg respectivement
pour les mêmes index enLimousin).
Les deux index
I l b, I 2 b
soumis à la contrainte de maintien dupoids
à la nais-sance conduisent
pratiquement
aux mêmes résultats dans chacune des racespater-
nelles. Ils sont, commeprévu
et surtout enLimousin,
moinsprécis
que les index noncontraints. Le coût
génétique
de cette contrainte(pourcentage
de diminution parrapport
auprogrès espéré
avec une sélection sanscontrainte)
sur lepoids
à deux moiset demi s’avère
plus
accusé en race limousinequ’en
charolaise( 74
contre58
p. 100avec
1 0 ;
70contre4 6
p. 100avecI 1 ).
Deplus, l’adjonction
de la contrainte entraîneune
augmentation
degain
sur la valeurbouchère, appréciable
surtout en race Limou-sine. De ce
fait,
le coûtgénétique
de la contrainte calculé sur la valeuréconomique globale
estplus
faible que sur lepoids
à 75jours
et atteint 22 p. 100 en Charolais contre4 6
p. ioo en Limousin avec l’index Il. Ce coûtglobal peut
même être considérécomme
surestimé ;
il y auraitlieu,
de déduire de la valeur duprogrès économique global espéré
par sélection sur l’index noncontraint,
le coûtimputable
à l’accroisse- ment des difficultés devêlage
consécutif à uneaugmentation
dupoids
à la naissance.Enfin,
il est à remarquer que les index de sélection sans contrainte accordent relativementplus d’importance
à la croissance et, encontrepartie,
moins à la confor-mation bouchère en Limousin
qu’en Charolais,
ainsiqu’en
attestent les valeurs durapport b 3/ b z ( 1 , 27
en Limousin contre2 , 3 6
en Charolais avecI!a ;
3,20contre8,71
avec
I l a).
Ces différences depondération
serépercutent
par desdifférences,
favo- rables au Charolais pour lepointage
de valeur bouchère et au Limousin pour la crois- sance, au niveau desgains génétiques,
sans toutefois affecter sensiblement leprogrès
sur la valeur
économique globale.
Ces différences decomportement
entre les deuxraces sous l’effet d’une sélection par index découlent directement de différences entre elles dans la variabilité
génétique
de la croissance et de la conformation(tabl. 2 ).
Uncoût
génétique plus
élevé de la contrainte en Limousinqu’en
Charolaiss’explique
parune
plus
faible héritabilité dupoids
à 75jours
en Charolais(h l
=0 , 0 6) qu’en
Limou-sin
(h l
=o,i6),
alors que les valeurs de ce coefficient sontpratiquement égales
pour lepoids
à la naissance :( 0 , 24
et o,igrespectivement
en Charolais etLimousin).
Nos résultats concordent avec ceux de MOLINUEVO
( 1971 )
établis dans le cadre d’une sélection massale des taureaux utilisés en race pure.Quant
à l’incidence de cette contrainte de maintien dupoids
à la naissance dans ces deux races,l’adoption
de la contrainte
s’accompagne
toutefois dans cette situation d’un coûtgénétique
sur le
poids
à 180jours
moins élevé(réduction
de58
p. 100en Limousine et Ip. 100en
Charolais)
que celuiauquel
nous aboutissons sur lepoids
à 75jours (respectivement
74 et58
p. 100 avec l’indexI Z ).
Deplus,
contrairement au cas du croisementenvisagé ici,
ces résultats sont liésprincipalement
à une différence des valeurs de l’héritabilité dupoids
à la naissance -plus
élevée pour les veaux mâles Limousins(h 2
=0 , 47 )
que pour les Charolais(h 2
=0 , 22 )
-, celles dupoids
ausevrage étant
comparables.
CONCLUSION
Cette étude
peut apporter
certains éléments deréponse
auproblème
du choixd’une indexation rationnelle des mâles des races Charolaise et Limousine destinés
au croisement de
première génération
pour laproduction
de veaux de boucherie.Elle confirme le bien-fondé de la substitution de la note de
pointage
auprix
unitaire de vente dans l’établissement des index de sélection
synthétiques qui peuvent
être
calculés,
defaçon quasi équivalente quant
à leur efficacitéthéorique,
par lesproduits
des valeursgénotypiques
dupoids
à 75jours
d’unepart,
par l’estimée duprix
unitaire àpartir
dupointage,
ou directement par lepointage
d’autrepart.
Compte
tenu des différences des difficultés devêlage
suivant les racespaternelles (effet
direct dutaureau),
conditionsplus
défavorables avec despères
Charolaisqu’avec
desLimousircs,
et suivantl’âge
des femellesaccouplées
aux taureaux de cesraces, il semble
judicieux
d’utiliser l’index sans contrainteplutôt
dans la sélection des taureauxLimousins,
et dans le casd’accouplements
à des femelles adultes.I,’ap- plication
de la contraintepourrait,
par contre, s’avérer très utile dans le classement des taureaux Charolais destinés auxgénisses
afin d’infléchir la courbe de croissance de leurs veaux dans un sens favorable. On s’orienterait ainsi vers un classement différentiel des taureaux établi en fonction de leur utilisation suivantl’âge
desfemelles
auxquelles
ils sontaccouplés.
On en viendrait finalement àenvisager
uneévolution différente des races Charolaise et Limousine sous les effets de la
sélection,
en
égard
àl’emploi
de coefficients depondération
de la musculature et de la croissancespécifiques
àchaque
race et même desystèmes
d’indexation différents(sans
contraintesur l’évolution du
poids
à la naissance enLimousin,
avec contrainte enCha y olais).
Il
importe néanmoins,
dans laperspective
d’uneapplication
éventuelle de cesrecherches,
de formuler lescritiques qui
limitent laportée
de nos conclusions.L’hy- pothèse
de liaison directe entre recette et rentabilité est de moins en moins vraie àmesure que se
développent
les aliments d’allaitement et que les veaux sont abattus deplus
enplus
lourds ouremplacés
par desjeunes bovins,
cequi implique
deprendre
en considération le coût de l’alimentation. Les deux alternatives
envisagées
pour lepoids
à la naissance(sans
contrainte et avecprogrès nul) constituent,
parailleurs,
des solutionsextrêmes ;
il conviendrait enpratique
de fixer une valeur moyenne limiteau
poids
moyen à lanaissance,
valeurqui
varierait avec la race etl’âge
des femelles soumises au croisement. Onpourrait
déterminer cette valeur pourchaque
échan-tillon de femelles connaissant son ouverture
pelvienne
pour unrisque
de difficultés devêlage
fixé a!viori.
Laprédiction
desobjectifs
de sélectionqui
sont ici des fonc- tionsquadratiques,
suscite des difficultésqui
sont loin d’être résolues par le recours aux index linéairesclassiques
établis sousl’hypothèse
de normalité des distributions.Il serait
également
nécessaire dereprendre
les calculs de ces index àpartir
d’estima-tions des
paramètres génétiques plus précises
que celles utilisées ici. Des études théo-riques
mériteraient donc d’êtrepoursuivies
sur ces troispoints
en lescomplétant
par les vérifications
expérimentales nécessaires,
notamment en cequi
concerne l’effi-cacité réelle des méthodes de sélection avec contrainte.
Reçu pour publication en octobre l9il.
REMERCIEMENTS
Nous remercions M. G. LEFORT et B. VISSAC pour la lecture critique de notre manuscrit.
SUMMARY
METHODS OF DETERMINING SELECTION INDEXES FOR BEEF-BREED BULLS ON THE ECONOMIC VALUE OF THEIR PROGENY
The selection of beef bulls for commercial crossing has, till now, aimed at maximization of the gross income (weight at 75days x sale price of kg liveweight) furnished by the calf at a given age.
Methods of estimating the selection index when the total economic merit is the product of
two traits is first discussed. The expected genetic improvement cannot be calculated simply in
terms of the percentage of animals selected and the standard deviation of the quadratic index.
A simplified process has been adopted in which the linear terms of selection criteria are estimated
by the indexes, the quadratic terms being omitted.
Two methods of indexing Charolais and Limousin bulls are then compared using this process
(the sale price is estimated by subjective scoring), taking into account the genetic parameters obtained for each breed, in crossing. Changes introduced into the estimation equation by adding
the restriction of no genetic change in birth weight have also been studied. Numerical applica-
tion in the Charolais and Limousin breeds has put the accent on the ponderation differences which may be attributed to each one of the two selected traits in the two breeds. The indexes
give relatively less importance to growth relatively to conformation in the Charolais than in the Limousin.
The genetic costs of the restriction on birth-weight change appear to be greater in Limousin than in Charolais. The expected improvement on the 75day-weight is reduced by about 50 p. 100 for the Charolais sires and by 70 p. 100 for the Limousin and there is a decrease on the total economic improvement of respectively, 20 and 45 p. 100.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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