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Polym´ erisation de l’α

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Academic year: 2021

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Chapitre 6

Polym´ erisation de l’α

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-antitrypsine

La superfamille des inhibiteurs de serine prot´eases (serpines) est compos´ee d’environ 500 membres qui poss`edent la capacit´e de subir une importante modification conforma- tionnelle dans le cadre de leur activit´e biologique [1–6]. L’α1-antitrypsine appartient `a la superfamille des serpines, et comprend 394 r´esidus qui forment trois feuilletsβ (A-C) et neuf h´elices α (A-I). Sous certaines conditions, l’α1-antitrypsine, tout comme plusieurs autres serpines, est sujette `a de dramatiques alt´erations conformationnelles qui m`enent

`a la formation de polym`eres inactifs et sont `a l’origine de diverses maladies [7].

Afin d’identifier des r´esidus jouant un rˆole crucial dans le processus de polym´erisation, et de contribuer ainsi `a une meilleure compr´ehension des m´ecanismes impliqu´es dans de telles modifications conformationnelles, nous avons entrepris une ´etude in silico ayant pour objectif la conception rationnelle de mutants qui pr´esentent des propri´et´es de polym´erisation contrˆol´ees. Cette ´etude a ´et´e suivie d’une caract´erisation exp´erimentale de certaines des mutations propos´ees [8].

6.1 Introduction

6.1.1 ecanisme d’inhibition

Le m´ecanisme qui permet aux serpines d’assurer leur fonctions d’inhibiteurs est assez particulier car il implique certaines modifications structurales majeures [1–6]. Une analogie amusante qui est parfois utilis´ee consiste `a comparer ce m´ecanisme `a celui d’un pi`ege `a souris. En effet, l’inhibiteur actif circule sous une forme tendue, souvent qualifi´ee de m´etastable, et se relache brusquement suite `a l’interaction avec la prot´ease cible pour adopter une conformation plus stable, en complexe avec celle-ci.

La structure native de l’α1-antitrypsine, qui correspond `a la forme active de cette prot´eine, est repr´esent´ee en Figure 6.1.a. Le site actif est localis´e dans un tournant flexible compos´e d’une quinzaine de r´esidus et expos´e au solvant : le reactive center loop (RCL). La premi`ere ´etape du processus d’inhibition est l’interaction du RCL avec le site actif de la prot´ease. La prot´ease r´eagit alors comme s’il s’agissait d’un substrat, ´etablit un lien covalent avec le site actif de l’inhibiteur et initie le clivage de celui-ci [9–12].

Cette action d´eclenche une modification dramatique de la conformation de la serpine : le RCL cliv´e s’ins`ere rapidement dans le feuillet β A pour y former un brin β additionnel (Figure 6.1.b) [4, 13, 14]. La prot´ease, qui reste li´ee au RCL [15], est entraˆın´ee par ce

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mouvement d’un pˆole de la serpine `a l’autre, ce qui correspond `a un d´eplacement relatif d’environ 70 ˚A [16–19]. Au cours de ce mouvement, la prot´ease subit ´egalement certaines modifications conformationnelles qui consistent notamment en une distortion de son site actif [19–22]. La prot´ease est alors inactiv´ee et incapable de se lib´erer du complexe form´e avec la serpine. Elle est ´egalement plus sensible `a la digestion prot´eolytique [23, 24].

Figure6.1 – R´epr´esentation des structures native et complex´ee de l’α1-antitrypsine. Le RCL est color´e en mauve, et le feuilletβA en bleu. (a) Structure native (code PDB : 1qlp). (b) Structure du complexe avec la trypsine (code PDB : 1ezx). La trypsine est en color´ee en jaune.

La force motrice de cet ing´enieux m´ecanisme d’inhibition est la grande diff´erence de stabilit´e qui existe entre la structure native (active) de la serpine et la structure ins´er´ee (apr`es clivage). A titre d’exemple, dans le cas de l’α1-antitrypsine, la temp´erature de d´enaturation de la forme active est de l’ordre de 60C, tandis que la forme ins´er´ee est stable jusqu’`a approximativement 100C [25–27]. Il a ´et´e montr´e que cette diff´erence de stabilit´e r´esulte de la pr´esence d’un certain nombre de d´efauts structuraux au sein de la forme native de cette prot´eine. Ces d´efauts se traduisent par des empilements trop serr´es de chaˆınes lat´erales [28], des interactions entre r´esidus polaires et non-polaires [29, 30], ou encore des cavit´es [31, 32]. La plupart sont localis´es `a proximit´e du feuillet β A et facilitent vraisemblablement son ouverture, avant l’insertion du RCL.

6.1.2 Conformations alternatives et pathologiques

La flexibilit´e du RCL et sa propension `a adopter une conformation ´etendue de typeβ, ainsi que les d´efauts structuraux pr´esents dans la forme active de la plupart des serpines, rendent ces prot´eines, et particuli`erement celles affubl´ees de mutations, tr`es vuln´erables

`a des modifications conformationnelles anormales. Nous pr´esentons ici quelques aspects de ces modifications, qui ont souvent de lourdes cons´equences pathologiques.

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Forme latente

L’insertion pr´ematur´ee du RCL d’une serpine dans son propre feuilletβ A, sans qu’il n’y ait eu clivage, m`ene `a la g´en´eration d’une forme((latente)). La structure d’une serpine sous forme latente est assez similaire `a la structure adopt´ee lorsqu’elle est en complexe avec une prot´ease [3]. Cependant, le RCL n’´etant pas cliv´e, son insertion dans le feuillet β A de la serpine n´ecessite certains r´earrangements structuraux suppl´ementaires, dont notamment un d´emant`element partiel du feuilletβ C, situ´e `a l’autre extr´emit´e du RCL.

L’adoption d’une conformation latente par une serpine implique une perte quasi- totale de son activit´e, ce qui peut ˆetre `a l’origine de certaines maladies. Par exemple, la forme latente de l’antithrombine sauvage n’est pr´esente qu’en tr`es faibles quantit´es dans des conditions normales [33], mais elle peut ˆetre induite, notamment, par traitement `a t´emp´erature ´elev´ee [34]. Toutefois, certains variants de cette prot´eine peuvent subir une transition vers la forme latente beaucoup plus ais´ement, et causer ainsi le d´eveloppement d’une thrombose [25, 33, 35, 36].

La prot´eine PAI-1 (plasminogen activator inhibitor-1) est assez particuli`ere parmi les serpines car elle adopte spontan´ement une forme latente [35,37–41], ce qui lui procure une plus grande r´esistance `a la prot´eolyse et permet une r´egulation de son activit´e [35, 42].

La transition de la forme latente vers la forme active de cette prot´eine peut en effet ˆetre stimul´ee par l’interaction avec une autre prot´eine, la vitronectine [38, 42].

La forme latente de l’α1-antitrypsine peut ˆetre obtenue sous certaines conditions bien particuli`eres [27]. Elle n’a cependant, `a notre connaissance, jamais ´et´e observ´eein vivo.

Polym´erisation

Certains variants naturels de l’α1-antitrypsine ont tendance `a s’assembler bout `a bout, par insertion du RCL d’une mol´ecule dans le feuillet β A de la suivante, et `a former ainsi de longues chaˆınes polym´eriques insolubles et inactives [7, 26, 43–46]. Une l´eg`ere ´el´evation de la temp´erature suffit `a induire la formation de polym`eres dans le cas de l’α1-antitrypsine sauvage [47–49]. Le m´ecanisme de polym´erisation de l’α1-antitrypsine implique la formation d’un ´etat partiellement structur´e, pr´ealablement `a l’´etablissement d’interactions intermol´eculaires [47,48]. Cet ´etat partiellement structur´e peut ˆetre atteint de deux mani`eres : au cours du reploiement initial de la prot´eine ou suite `a un d´eploiement partiel de la structure native.

Dans le cas de l’α1-antitrypsine, la polym´erisation constitue une double menace pour la sant´e [43, 50, 51]. D’une part, l’incapacit´e de cette prot´eine `a assurer sa fonction biologique induit une d´efaillance de la protection des tissus pulmonaires qui peut, `a terme, ˆetre `a l’origine d’un emphys`eme. D’autre part, l’accumulation de polym`eres dans les h´epatocytes du foie peut conduire au d´eveloppement d’une cirrhose. Plusieurs autres membres de la famille des serpines peuvent ˆetre affect´es par un processus de polym´erisation similaire. Les cons´equences pathologiques de la polym´erisation des serpines sont nombreuses et vari´ees : la thrombose dans le cas de l’antithrombine [33,35], l’angioedeme dans le cas de l’inhibiteur-C1 [52], la maladie pulmonaire obstructive chronique dans le cas de l’α1-chymotrypsine [53] ou encore la d´emence dans le cas de la neuroserpine [54].

Comme nous l’avons vu pr´ec´edemment (Sections 1.3 et 5.1.3), les serpines ne sont pas les seules prot´eines qui sont responsables de maladies suite `a leur polym´erisation et/ou

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agr´egation au sein du syst`eme biologique [50, 51, 55–57]. Par ailleurs, l’agr´egation de plusieurs prot´eines qui ne sont pas associ´ees `a des maladies de ce type peut ´egalement ˆetre provoqu´ee sous certaines conditions particuli`eres [58–69]. Sur la base de ces observations, il a ´et´e sugg´er´e que l’agr´egation est une propri´et´e g´en´erale des chaˆınes polypeptidiques [55, 65].

De mani`ere g´en´erale, la d´estabilisation de la structure native d’une prot´eine apparaˆıt favorable `a l’agr´egation de celle-ci, notamment via une augmentation de la population de conformations partiellement d´eploy´ees [62, 70]. Cette observation semble ´egalement valable pour l’α1-antitrypsine. Il a par exemple ´et´e montr´e que l’introduction de la mutation stabilisante F51L dans la s´equence d’un variant pathog`ene de cette prot´eine facilite son reploiement et empˆeche sa polym´erisation [71]. Une stabilisation de l’´etat agr´eg´e peut ´egalement avoir un impact favorable sur l’agr´egation. Plusieurs ´etudes consacr´ees aux peptides amyloidog´eniques ont en effet montr´e que des mutations stabilisant les interactions intermol´eculaires avaient pour cons´equence une augmentation de la propension de ces peptides `a former des agr´egats [72–77]. Par ailleurs, des mutations introduites dans des r´egions sp´ecifiques peuvent moduler l’agr´egation de mani`ere essentiellement ind´ependante de la stabilit´e. Ainsi, certaines mutations dans des r´egions hydrophobes de l’acylphosphatase, qui pr´esentent une forte propension `a l’adoption de structures ´etendues de typeβ, influencent fortement la vitesse d’agr´egation de cette prot´eine [69].

Remarquons qu’il existe tout de mˆeme une diff´erence essentielle entre les prot´eines, comme les serpines, dont la polym´erisation est responsable de maladies et les autres.

Pour ces derni`eres, les conditions dans lesquelles la polym´erisation se r´ealise sont en effet g´en´eralement fort diff´erentes de celles qui existent dans un environnement cellulaire.

Dans le cas des serpines, le m´ecanisme de polym´erisation est intimement li´e `a leur activit´e biologique normale : ces deux processus d´ependent de l’insertion du RCL dans le feuillet β A. En cons´equence, la formation de polym`eres de serpines peut ˆetre induite sans difficult´e et ne requiert aucune condition particuli`ere de solvatation : une l´eg`ere ´el´evation de temp´erature est g´en´eralement suffisante.

Autres conformations

Diverses autres cons´equences structurales de la mobilit´e du RCL des serpines ont

´et´e relev´ees. A titre d’exemple, nous pouvons citer la formation d’un dim`ere entre deux mol´ecules d’antithrombine, l’une intacte et l’autre cliv´ee (ou sous forme latente) [78–80].

Dans le cas de l’α1-antitrypsine, des formes oligom´eriques r´esultant de l’insertion du RCL d’une mol´ecule dans le feuilletβ C d’une autre ont ´egalement ´et´e observ´ees avec certains variants, ou sous certaines conditions de solvatation particuli`eres [49, 81–83].

6.2 Identification in silico de mutations modulant la polym´erisation

Comme nous l’avons mentionn´e plus haut, l’objectif de cette ´etude est de concevoir des prot´eines mutantes caract´eris´ees par une propension `a polym´eriser modifi´ee, afin de contribuer `a une meilleure compr´ehension des m´ecanismes qui r´egulent la conversion de l’α1-antitrypsine en polym`eres. Tester exp´erimentalement toutes les mutations est

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irr´ealisable en pratique. Il y a en effet 19 mutations possibles par position dans la s´equence, ce qui correspond `a un total de plus de 7000 mutations ponctuelles dans le cas de l’α1-antitrypsine. Dans nombre d’´etudes, des mutations sont choisies plus ou moins al´eatoirement et les propri´et´es des prot´eines mutantes sont analys´ees exp´erimentalement afin de mieux cerner le rˆole jou´e, au cours du processus de polym´erisation, par la r´egion dans laquelle les mutations sont situ´ees [28, 29, 84–86]. La possibilit´e de concevoir rationnellement des prot´eines mutantes qui pr´esentent des propri´et´es de polym´erisation et d’agr´egation contrˆol´ees a cependant ´et´e sugg´er´ee par certains, notamment dans le cadre d’une ´etude de l’agr´egation de la prot´eine Ada2H [63].

Nous avons suivi cette suggestion et ´elabor´e une strat´egie bas´ee sur l’utilisation de PoPMuSiC, un programme qui permet de pr´edire les changements de stabilit´e de prot´eines `a la suite de mutations ponctuelles (voir Annexe D), afin d’identifier des mutations susceptibles de diminuer, ou d’accroˆıtre, la propension de l’α1-antitrypsine

`a polym´eriser. L’avantage de l’utilisation de PoPMuSiC est que ce programme permet d’analyser in silico l’impact thermodynamique de chacune des mutations possibles en un temps raisonnable, et de proposer un ensemble restreint de mutations susceptibles de pr´esenter les propri´et´es d´esir´ees, qui pourront ˆetre test´ees exp´erimentalement par la suite.

6.2.1 Strat´egie

Afin de concevoir des prot´eines mutantes pr´esentant une tendance r´eduite `a la polym´erisation, nous avons s´electionn´e des mutations qui stabilisent l’´etat natif et d´estabilisent simultan´ement la forme polym´erique. De telles mutations devraient en principe limiter la polym´erisation, que celle-ci soit sous contrˆole cin´etique ou thermo- dynamique.

Supposons que la polym´erisation est une r´eaction en deux ´etapes, qui implique la for- mation d’un ´etat interm´ediaire partiellement d´eploy´e et, qu’en premi`ere approximation, l’´etat interm´ediaire et les ´etats de transition ne sont pas affect´es par la mutation (Figure 6.2.a). Si la r´eaction est sous contrˆole cin´etique, la stabilisation de l’´etat natif induira une diminution de la vitesse de polym´erisation grˆace `a l’accroissement de la barri`ere

´energ´etique qui s´epare l’´etat natif de l’´etat interm´ediaire (∆GNI,mut >∆GNI). Si elle est sous contrˆole thermodynamique, la polym´erisation sera p´enalis´ee par l’accroissement de la diff´erence d’´energie libre entre l’´etat natif et l’´etat polym´erique (∆GoNP,mut>∆GoNP).

Dans l’´eventualit´e o`u les interactions impliquant le r´esidu mut´e sont conserv´ees au sein de l’´etat interm´ediaire, il est vraisemblable que la mutation induise ´egalement une stabilisation de l’´etat interm´ediaire (Figure 6.2.b). On peut alors consid´erer que la barri`ere ´energ´etique caract´eristique de la transition de l’´etat natif vers l’´etat interm´ediaire reste approximativement constante. La vitesse de polym´erisation sera n´eanmoins affect´ee par l’accroissement de la barri`ere ´energ´etique qui s´epare l’´etat interm´ediaire de l’´etat polym´erique (∆GIP,mut > ∆GIP). Notons que dans ce cas, si l’´etat interm´ediaire est atteint directement `a partir de l’´etat d´eploy´e, le reploiement vers l’´etat natif sera favoris´e cin´etiquement, et thermodynamiquement, par rapport `a la polym´erisation.

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Figure 6.2 – Repr´esentation sch´ematique de l’effet de mutations sur la polym´erisation de l’α1-antitrypsine. Les courbes en traits pleins et pointill´es repr´esentent le profil ´energ´etique de la polym´erisation avant et apr`es mutation, respectivement. On suppose que le passage de l’´etat natif (N) vers l’´etat polym´erique (P) se fait via un interm´ediaire partiellement d´eploy´e (I). ∆GoNI et ∆GoNP sont les diff´erences d’´energie libre entre les ´etats N et I, et N et P, respectivement. ∆GNI est l’´energie libre d’activation du d´eploiement vers l’´etat interm´ediaire et ∆GIP est l’´energie libre d’activation de la polym´erisation `a partir de l’´etat interm´ediaire. ∆GoNI,mut, ∆GoNP,mut, ∆GNI,mut et ∆GIP,mut sont les valeurs correspondantes apr`es mutation. Les valeurs repr´esent´ees ici sont donn´ees `a titre illustratif et ne correspondent pas n´ecessairement `a la r´ealit´e. (a) La mutation stabilise l’´etat natif et d´estabilise la forme polym´erique. Ni l’´etat interm´ediaire, ni les ´etats de transition ne sont affect´es. (b) La mutation stabilise l’´etat natif, l’´etat interm´ediaire et l’´etat de transition qui les s´epare, et d´estabilise la forme polym´erique. L’´etat de transition s´eparant l’´etat interm´ediaire de l’´etat polym´erique n’est pas affect´e.

6.2.2 Mod´elisation de la forme polym´erique

La structure native de l’α1-antitrypsine, c’est-`a-dire la forme active, a ´et´e r´esolue par cristallographie au rayons X et rendue disponible dans la Protein Data Bank (code PDB : 1qlp, Figure 6.1.a) [87]. Il est donc possible d’appliquer directement PoPMuSiC sur cette structure afin d’´evaluer l’effet de mutations sur la stabilit´e de la forme active.

Par contre, aucune structure de la forme polym´erique de l’α1-antitrypsine sauvage n’est disponible. Nous avons donc utilis´e la structure de l’α1-antitrypsine en complexe avec une trypsine (code PDB : 1ezx, Figure 6.1.b) [19] en tant que mod`ele de la forme polym´erique. Cette structure correspond `a ce que nous appellerons la forme ins´er´ee. En effet, la diff´erence principale entre les structures 1qlp et 1ezx tient au fait que, dans cette derni`ere, le RCL est cliv´e entre les positions 358 et 359, adopte une conformation ´etendue

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en brinβ et est ins´er´e entre les brins A3 et A5 du feuillet β A (Figure 6.1.b). La forme ins´er´ee pr´esente donc une certaine similarit´e avec la forme polym´erique, dans laquelle le RCL intact est ins´er´e dans le feuilletβ A d’une autre mol´ecule. Notre choix d’utiliser la structure de la forme ins´er´ee comme mod`ele, approximatif, de la structure polym´erique repose sur cette similarit´e et sur l’hypoth`ese que l’insertion du RCL dans le feuillet β A est au moins aussi importante que les autres interactions prot´eine-prot´eine impliqu´ees dans la r´eaction de polym´erisation.

6.2.3 election de mutations candidates

Nous avons introduit une `a une, in silico, toutes les mutations ponctuelles possibles dans la s´equence de l’α1-antitrypsine. Le programme PoPMuSiC a ´et´e utilis´e afin d’´evaluer l’impact de chaque mutation sur la stabilit´e de la forme active et sur celle de la forme ins´er´ee. Afin d’identifier des mutations susceptibles de r´eduire la propension de l’α1-antitrypsine `a polym´eriser, nous avons s´electionn´e celles qui ont `a la fois un effet stabilisant sur la forme active et un effet d´estabilisant sur la forme ins´er´ee.

Notons que, de mani`ere g´en´erale, les mutations qui stabilisent la structure native d’une prot´eine ne constituent qu’une petite fraction de l’ensemble des mutations possibles, ce qui indique que les s´equences des prot´eines sont relativement bien optimis´ees vis-`a-vis de la stabilit´e de leur structure native. C’est ´egalement le cas de l’α1- antitrypsine : lorsque les potentiels sont d´eriv´es de la base de donn´eesDB141, seulement 664 mutations sur un total de 7068 (c’est-`a-dire 9.4%) sont pr´edites comme ´etant stabilisantes. D´estabiliser la forme ins´er´ee, qui est globalement assez similaire `a la structure native, est par contre une tˆache bien plus ais´ee. En effet, un impact d´estabilisant sur cette forme est pr´edit pour 6317 mutations (89.4%).

Afin de consid´erer uniquement les mutations qui sont les plus susceptibles d’avoir les propri´et´es d´esir´ees, l’ensemble des mutations candidates est restreint `a celles qui satisfont les crit`eres suivants :

1. Les mutations qui impliquent un r´esidu de type proline ou cyst´eine sont ignor´es. En effet, les prolines sont susceptibles de g´en´erer des r´earrangements conformationnels qui ne sont pas pris en compte par PoPMuSiC. Par ailleurs, l’introduction d’une cyst´eine pourrait entraˆıner la formation d’un pont disulfure avec le r´esidu 232, la seule cyst´eine dans la s´equence sauvage de l’α1-antitrypsine, et perturber le processus de reploiement de la prot´eine.

2. La mutation candidate doit ˆetre pr´edite comme stabilisant la forme active de plus de 0.5 kcal/mole et d´estabilisant la forme ins´er´ee de plus de 0.5 kcal/mole. En plus de limiter les cons´equences d’´eventuelles impr´ecisions dans les pr´edictions, ce crit`ere permet d’assurer un impact significatif sur la stabilit´e des diff´erentes formes.

3. Etant donn´e que la structure ins´er´ee en complexe avec la trypsine n’est qu’une approximation de la forme polym´erique, nous nous limitons aux mutations pour lesquelles un effet d´estabilisant sur la forme ins´er´ee est pr´edit lorsque la pr´esence de la trypsine est prise en compte et lorsqu’elle ne l’est pas.

4. Afin de limiter les erreurs dues aux imperfections des potentiels de force moyenne, deux s´eries de pr´edictions sont r´ealis´ees, avec des potentiels d´eriv´es de deux bases de donn´ees diff´erentes (DB141 etDB735 : voir Annexe B). Seules les mutations qui pr´esentent les propri´et´es requises dans les deux cas sont retenues.

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Cinq mutations satisfont l’ensemble de ces crit`eres. Elles sont r´epertori´ees en Table 6.1.

L’une d’elles implique la ph´enylalanine en position 352. Ce r´esidu fait partie du RCL, qui s’int`egre au feuilletβ A, entre les brins A3 et A5, dans la forme ins´er´ee (Figure 6.3).

Les quatre autres mutations concernent le r´esidu K331, qui est situ´e au d´ebut du brin β A5. La position 331 semble donc cruciale vis-`a-vis de la stabilit´e relative de la forme active et de la forme ins´er´ee. Sur les 19 mutations possibles `a cette position, il y en a d’ailleurs 14 ou 11 (selon que les potentiels soient d´eriv´es de DB141 ou de DB735) qui stabilisent la forme active et d´estabilisent la forme ins´er´ee. Elles n’ont cependant pas toutes ´et´e retenues car certaines ne satisfont pas les autres crit`eres d´efinis ci-dessus.

Mutant ∆∆G(kcal/mole) ∆∆G(kcal/mole) ∆∆G(kcal/mole)

Forme active Forme ins´er´ee (avec trypsine) Forme ins´er´ee (sans trypsine)

K331I -1.4 / -1.3 1.6 / 2.1 1.2 / 1.5

K331V -1.5 / -1.1 1.5 / 1.9 1.1 / 1.4

K331F -1.0 / -0.6 1.8 / 2.3 1.4 / 1.7

K331T -0.8 / -0.6 1.1 / 1.4 0.9 / 1.1

F352T -0.7 / -0.6 2.8 / 2.3 3.0 / 2.5

T102E 1.7 / 1.4 -0.6 / -0.7 -0.5 / -0.5

T102A 1.2 / 1.3 -0.7 / -0.8 -0.7 / -0.7

T102Q 0.8 / 0.8 -1.0 / -0.7 -0.9 / -0.6

G304A 0.8 / 0.9 -0.9 / -0.8 -0.9 / -0.8

S330R 1.4 / 1.3 -1.1 / -0.7 -1.1 / -0.7

Table 6.1 – Mutations ponctuelles stabilisant la forme active et d´estabilisant la forme ins´er´ee, ou invers´ement. Les valeurs de ∆∆G sont calcul´ees `a l’aide de PoPMuSiC, en se basant sur les structures de code PDB 1qlp (forme active) et 1ezx (forme ins´er´ee). Deux colonnes sont consacr´ees aux pr´edictions concernant la forme ins´er´ee : la pr´esence de la trypsine n’est prise en compte par les pr´edictions que dans un des deux cas. Les deux valeurs de ∆∆Gdonn´ees dans chaque colonne correspondent `a celles obtenues lorsque les potentiels sont d´eriv´es de laDB141 et de la DB735, respectivement.

Sur la base de crit`eres analogues, nous avons ´egalement s´electionn´e cinq mutations susceptibles de renforcer la tendance `a la polym´erisation de l’α1-antitrypsine (Table 6.1).

Trois d’entre elles impliquent le r´esidu T102, qui fait partie d’une h´elice adjacente au feuillet β A (Figure 6.3). Une mutation concerne le r´esidu G304, qui appartient `a une autre h´elice, ´egalement localis´ee `a proximit´e de ce feuillet. La derni`ere mutation implique le r´esidu S330, situ´e dans le tournant qui pr´ec`ede le brin β A5. Il est int´eressant de remarquer que ce r´esidu est voisin du r´esidu K331, pour lequel de nombreuses mutations sont pr´edites comme ayant un effet oppos´e.

6.3 Caract´erisation exp´erimentale des mutations

Cinq mutations ont ´et´e choisies parmi celles s´electionn´ees au terme de l’analyse in silicod´ecrite ci-dessus. Selon nos pr´edictions, quatre d’entre elles (K331F, K331I, K331T et K331V) stabilisent la forme active et d´estabilisent la forme ins´er´ee, ce qui devrait induire une diminution de la propension `a polym´eriser de l’α1-antitrypsine. La derni`ere mutation (S330R) est cens´ee avoir un effet oppos´e.

Chacun de ces cinq variants de l’α1-antitrypsine a ´et´e exprim´e et purifi´e `a partir d’Escherichia Coli, et sa structure secondaire, sa stabilit´e, sa propension `a polym´eriser

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Figure 6.3 – Localisation des mutations s´electionn´ees `a l’aide de PoPMuSiC. Le RCL est color´e en mauve, et le feuillet β A en bleu. Les r´esidus dont certaines mutations induisent une stabilisation de la forme active ainsi qu’une d´estabilisation de la forme ins´er´ee sont mis en ´evidence en jaune. Les r´esidus dont certaines mutations induisent une d´estabilisation de la forme active ainsi qu’une stabilisation de la forme ins´er´ee sont mis en ´evidence en rouge. (a) Forme active (code PDB : 1qlp). (b) Forme ins´er´ee (code PDB : 1ezx).

ainsi que son activit´e biologique ont ´et´e ´etudi´ees exp´erimentalement. Ces travaux ont ´et´e r´ealis´es par le groupe du Professeur S.P. Bottomley, `a laMonash University en Australie.

Nous ne nous attarderons donc pas sur la description des proc´edures exp´erimentales.

Les r´esultats de ces analyses sont riches d’int´erˆet, car elles constituent une validation exp´erimentale directe des pr´edictions effectu´ees `a l’aveugle `a l’aide de PoPMuSiC.

6.3.1 Impact des mutations sur la stabilit´e

La stabilit´e thermique de chacune des prot´eines mutantes a ´et´e d´etermin´ee par analyse de l’´evolution du spectre UV lointain durant une augmentation graduelle de la temp´erature [8]. La temp´erature de fusion (Tm) de l’α1-antitrypsine sauvage (α1-AT), ainsi que celles des diff´erents mutants sont donn´ees en Table 6.2.

Afin d’´evaluer l’impact des mutations sur la stabilit´e thermodynamique, les courbes de d´eploiement `a l’´equilibre en pr´esence d’ur´ee ont ´et´e relev´ees `a 25C selon une proc´edure d´ecrite dans des travaux ant´erieurs [8, 88, 89]. Il a ´et´e montr´e que le processus de d´eploiement de l’α1-antitrypsine suit un parcours en deux ´etapes, avec un ´etat interm´ediaire peupl´e pour de basses concentrations en d´enaturant [90–92]. Les cinq prot´eines mutantes suivent ´egalement un d´eploiement en deux ´etapes. Cependant, comme l’indique la Table 6.2, les concentrations en ur´ee correspondant `a la transition de l’´etat natif vers l’´etat interm´ediaire (DmNI) et `a la transition de l’´etat interm´ediaire vers l’´etat d´eploy´e (DmIU) sont affect´ees par les mutations.

Dans le cas de la mutation S330R, qui est pr´edite par PoPMuSiC comme d´estabilisant fortement la structure native, une valeur de 1.3 M d’ur´ee est mesur´ee pour DmNI. Cette

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∆∆GpredNU DmNI ∆∆GNI DmIU ∆∆GIU Tm

(kcal/mole) (M) (kcal/mole) (M) (kcal/mole) (C)

α1-AT 2.36 5.47 58

Mutant K331F -1.35 3.04 -1.31 6.08 -0.44 64

Mutant K331I -1.30 2.76 -0.77 5.46 -0.07 61

Mutant K331V -0.80 2.70 -0.65 5.80 -0.24 62

Mutant K331T -0.70 2.13 0.43 5.32 0.11 57

Mutant S330R 1.35 1.30 2.02 4.90 0.42 52

Table 6.2 – Stabilit´e thermique et thermodynamique des mutants de l’α1-antitrypsine.

∆∆GpredNU est la variation de la diff´erence d’´energie libre entre l’´etat natif (N) et l’´etat d´eploy´e (U), telle que pr´edite par PoPMuSiC (voir Table 6.1).DmNIetDmIUsont les concentrations en ur´ee correspondant

`a la transition de l’´etat natif vers l’´etat interm´ediaire (I) et `a la transition de l’´etat interm´ediaire vers l’´etat d´eploy´e, respectivement. Ces concentrations ont permis de calculer ∆∆GNI et ∆∆GIU, les diff´erences d’´energie libre entre les mutants et la prot´eine native, pour ces deux transitions.Tm est la temp´erature de fusion.

concentration est nettement plus faible (de 1.1 M) que celle correspondant `a la mˆeme transition pour la prot´eine sauvage, ce qui ´equivaut `a une perte de stabilit´e de plus de 2 kcal/mole par rapport `a l’´etat interm´ediaire. Selon les pr´edictions d´ecrites pr´ec´edemment, les quatre mutations en position 331 devraient avoir un effet stabilisant sur la structure native. C’est effectivement le cas pour trois d’entre elles. La mutation K331F est la plus stabilisante, avec une transition de l’´etat natif vers l’´etat interm´ediaire qui se produit

`a 3 M d’ur´ee, indiquant un accroissement de la stabilit´e d’environ 1.3 kcal/mole. Aux variants K331I et K331 correspondent des valeurs de ∆∆GNI de -0.77 kcal/mole et -0.65 kcal/mole, respectivement. La mutation K331T apparaˆıt cependant comme l´eg`erement d´estabilisante.

La Table 6.2 montre que les mutations ont ´egalement un effet relativement important sur la transition de l’´etat interm´ediaire vers l’´etat d´eploy´e. C’est `a nouveau la mutation S330R qui entraˆıne la d´estabilisation la plus marqu´ee, avec une perte de stabilit´e de l’´etat interm´ediaire par rapport `a l’´etat d´eploy´e d’environ 0.4 kcal/mole. A l’oppos´e, les mutations K331F et K331V induisent une stabilisation de l’´etat interm´ediaire de 0.44 kcal/mole et 0.24 kcal/mole, respectivement. Le d´eploiement des variants K331I et K331T se produit `a des concentrations en ur´ee similaires `a celle n´ecessaire au d´eploiement de la prot´eine sauvage.

Pour ce qui est de l’impact sur la stabilit´e de la structure native, ces r´esultats exp´erimentaux confirment donc les pr´edictions de PoPMuSiC pour quatre parmi les cinq mutations analys´ees.

6.3.2 Impact des mutations sur la propension `a polym´eriser

Afin d’´evaluer la facilit´e avec laquelle chacune des cinq prot´eines mutantes est sujette

`a la polym´erisation, chaque prot´eine a ´et´e incub´ee `a une temp´erature de 60C et des ´echantillons ont ´et´e pr´el´ev´es `a diff´erents instants. Apr`es un refroidissement rapide permettant de mettre un terme `a la r´eaction de polym´erisation, ces ´echantillons ont ´et´e analys´es `a l’aide d’un syst`eme PAGE non-d´enaturant [8, 93] (Figure 6.4).

On observe que la forme monom´erique de l’α1-antitrypsine sauvage disparaˆıt compl`etement au cours des dix premi`eres minutes d’incubation `a 60C, suite `a la

(11)

Figure6.4 –Analyse PAGE native de la r´eaction de polym´erisation de l’α1-antitrypsine et des mutants s´electionn´es par PoPMuSiC. L’analyse, bas´ee sur la mesure de la migration dans un gel, permet de d´eterminer s’il subsiste de la prot´eine non-polym´eris´ee dans l’´echantillon, apr`es incubation `a 60C pendant le temps indiqu´e (en minutes).

formation de polym`eres qui sont incapables d’entrer dans le gel. Des comportements tr`es diff´erents sont observ´es pour les 5 prot´eines mutantes. De mani`ere consistante avec l’accroissement de la stabilit´e thermique et thermodynamique, les mutants K331F, K331V et K331I sont stables `a 60C plus longtemps que la prot´eine sauvage. En particulier, la forme monom´erique du variant K331F est toujours pr´esente apr`es 30 minutes d’incubation. Le temps n´ecessaire `a la polym´erisation du mutant K331T est comparable `a celui correspondant `a l’α1-antitrypsine sauvage, tandis que le variant S330R polym´erise compl`etement au cours des cinq premi`eres minutes d’incubation.

Ces r´esultats d´emontrent, de mani`ere qualitative, que la strat´egie d´efinie sur la base de l’utilisation de PoPMuSiC a permis de s´electionner avec succ`es des mutations qui accroissent, ou diminuent, la propension `a polym´eriser de l’α1-antitrypsine. En effet, exp´eriences et pr´edictions sont en accord pour quatre mutations sur cinq, au niveau de leur impact sur la vitesse de polym´erisation.

6.3.3 Impact des mutations sur l’activit´e biologique

Afin d’accomplir sa tˆache d’inhibiteur, la serpine agit en tant que substrat(( suicidaire )) de la prot´ease [11], selon un chemin r´eactionnel qui peut ˆetre d´ecrit de la mani`ere suivante :

Dans un premier temps, un complexe non-covalent (PA) se forme suite `a l’interaction entre la prot´ease (P) et son inhibiteur (l’α1-antitrypsine, A). S’ensuit alors le passage par un ´etat interm´ediaire hypoth´etique (P-A), qui pr´ec`ede l’´etape finale de la r´eaction. Cette

´etape consiste soit en la g´en´eration d’un complexe stable prot´ease-inhibiteur (P-A), soit en la s´eparation de la prot´ease et de l’inhibiteur cliv´e (A). La stoechiom´etrie d’inhibition, SI = 1+(ksub/kinh), d´ecrit la r´epartition entre les deux d´enouements possibles. Une valeur

(12)

de SI proche de l’unit´e indique que la plupart des mol´ecules d’inhibiteur remplissent correctement leur rˆole et ne font pas office de substrat de la prot´ease.

L’activit´e inhibitoire de chaque prot´eine mutante a ´et´e test´ee vis-`a-vis de la chymotrypsine. La constante de vitesse caract´eristique de l’association initiale (kass) entre la chymotrypsine et le mutant de l’α1-antitrypsine, ainsi que la stoechiom´etrie de la r´eaction d’inhibition (SI), a ´et´e mesur´ee `a 37C selon une proc´edure d´ecrite dans des travaux ant´erieurs [94]. La Table 6.3 permet de comparer ces valeurs avec celles propres `a l’α1-antitrypsine sauvage. Les cinq prot´eines mutantes exercent leur activit´e d’inhibition de mani`ere quasiment normale, avec des valeurs de kass et de SI similaires

`a celles caract´eristiques de la prot´eine sauvage. La seule exception concerne le variant S330R, qui joue plus fr´equemment le rˆole de substrat, comme en t´emoigne une valeur de SI l´eg`erement sup´erieure.

kass(106M−1s−1) SI

α1-AT 2.2 1.1

Mutant K331F 4.7 1.1

Mutant K331I 1.3 1.5

Mutant K331V 1.5 1.1

Mutant K331T 2.0 1.1

Mutant S330R 1.8 3.0

Table 6.3 – Activit´e inhibitoire des mutants de l’α1-antitrypsine. La constante de vitesse de l’association initiale prot´ease-inhibiteur (kass), ainsi que la stoechiom´etrie de la r´eaction d’inhibition (SI) sont donn´es pour l’α1-antitrypsine sauvage et pour les cinq mutants test´es.

Il n’est pas surprenant que les mutations test´ees affectent relativement peu la valeur dekass ´etant donn´e que, dans la forme non-cliv´ee, ces mutations sont localis´ees dans une r´egion ´eloign´ee du RCL, site de l’association initiale entre prot´ease et inhibiteur (Figure 6.3). Par contre, un certain impact des mutations sur SI pouvait ˆetre attendu. En effet, il est apparu que la vitesse d’insertion du RCL dans le feuillet β A apr`es clivage est un

´el´ement critique du point de vue de la r´epartion entre les rˆoles de substrat et d’inhibiteur [95]. Les mutations K331F, K331I et K331V stabilisent la structure native, sont pr´edits comme d´estabilisant la structure en complexe avec la trypsine, et d´efavorisent l’insertion au cours de la polym´erisation. Il semble donc probable que ces mutations d´efavorisent

´egalement l’insertion du RCL lors de la formation du complexe avec la prot´ease, et soient en cons´equence associ´es `a des valeurs de SI sup´erieures. C’est effectivement le cas pour la mutation K331I, mais pas pour K331F et K331V (Table 6.3). D’autre part, la mutation S330R ayant un effet oppos´e sur la stabilit´e des deux formes et sur la propension `a polym´eriser, elle devrait quant `a elle favoriser l’insertion du RCL lors de la formation du complexe. Cependant, ce raisonnement intuitif ne refl`ete apparemment pas la r´ealit´e,

´etant donn´e que la valeur de SI mesur´ee pour ce variant est largement sup´erieure `a celle correspondant `a la prot´eine sauvage.

L’influence de diverses mutations qui stabilisent la structure native de l’α1-antitrypsine sur la stoechiom´etrie d’inhibition a ´et´e d´ecrite dans la litt´erature. Une corr´elation lin´eaire entre l’accroissement de stabilit´e et l’augmentation du SI a pu ˆetre mise en ´evidence pour certaines mutations de r´esidus appartenant au feuillet β A, ou localis´es `a proximit´e de celui-ci [29,31]. Cette corr´elation n’est cependant pas valable de mani`ere g´en´erale, comme en t´emoigne l’existence de nombreuses mutations stabilisantes qui n’affectent pas, ou peu,

(13)

l’activit´e inhibitoire [28, 29, 84, 86, 96, 97], ainsi que de mutations qui affectent l’activit´e sans modifier significativement la stabilit´e de la structure native [29]. Ces diff´erents r´esultats sugg`erent donc qu’il existe bel et bien une relation entre la stabilit´e de la structure native, la facilit´e avec laquelle le RCL peut s’ins´erer dans le feuillet β A, et la stoechiom´etrie d’inhibition, mais que cette relation n’est pas directe et que d’autres facteurs jouent vraisemblablement un rˆole. Les interactions qui s’´etablissent entre la prot´ease et son inhibiteur doivent probablement ˆetre incluses parmi ces facteurs. Il est en effet apparu que l’impact de mutations sur la stoechiom´etrie d’inhibition des serpines peut d´ependre de la prot´ease impliqu´ee.

6.3.4 Impact des mutations sur la structure

Des spectres de dichroisme circulaire (UV lointain) ont ´et´e relev´es pour chacune des cinq prot´eines mutantes. Ces spectres sont tous identiques `a celui caract´eristique de l’α1-antitrypsine sauvage, indiquant que les diff´erences de stabilit´e, de propension

`a polym´eriser et d’activit´e d’inhibition ne sont li´ees `a aucune modification structurale majeure.

6.4 Conclusions

Sur la base des r´esultats exp´erimentaux pr´esent´es ci-dessus, nous pouvons conclure que notre tentative de conception rationnelle de mutants de l’α1-antitrypsine pr´esentant des propri´et´es de polym´erisation contrˆol´ees s’est r´ev´el´ee particuli`erement fructueuse. En effet, pour trois des quatre mutations suppos´ees stabiliser la structure native, ainsi que pour la mutation suppos´ee la d´estabiliser, l’effet pr´edit a ´et´e confirm´e par l’exp´erience.

De plus, les valeurs pr´edites et observ´ees de ∆∆G (de l’ordre de 1 kcal/mole) sont en bon accord d’un point de vue quantitatif. Remarquons ´egalement que la seule mutation incorrectement pr´edite est celle, parmi toutes les mutations test´ees, pour laquelle l’effet stabilisant pr´edit et l’effet d´estabilisant observ´e sont les plus faibles.

Par ailleurs, les trois mutations pour lesquelles nous avons pr´edit un impact stabilisant sur la structure native ainsi qu’un impact d´estabilisant sur la forme ins´er´ee, et qui stabilisent effectivement la structure native, ont ´egalement exhib´e le comportement attendu du point de vue de la polym´erisation. Au contraire de l’α1-antitrypsine sauvage, qui polym´erise compl`etement au cours des dix premi`eres minutes d’incubation `a 60C, la forme monom´erique de ces mutants (K331F, K331V et K331I) est encore observ´ee apr`es 20 `a 30 minutes d’incubation. L’augmentation de la propension `a polym´eriser a ´egalement ´et´e accomplie avec succ`es : la forme monom´erique du mutant S330R, pr´edit comme stabilisant la forme ins´er´ee et d´estabilisant la forme native, disparaˆıt en effet d`es les cinq premi`eres minutes d’incubation. Notons qu’il est assez difficile de comparer directement les r´esultats exp´erimentaux, qui sont des mesures cin´etiques `a une temp´erature ´elev´ee, aux pr´edictions, qui sont bas´ees sur la stabilit´e thermodynamique

`a temp´erature ambiante. Ces r´esultats justifient n´eanmoins, a posteriori, notre choix de mod´eliser la forme polym´erique `a l’aide de la structure ins´er´ee en complexe avec la trypsine, ainsi que l’hypoth`ese selon laquelle la modification de la stabilit´e relative des deux formes permet de moduler leur interconversion.

(14)

Nous avons donc localis´e deux r´esidus (S330 et K331) qui jouent un rˆole important au cours du processus de polym´erisation. Ces r´esidus sont localis´es dans le bas du cinqui`eme brin du feuilletβ A (Figure 6.3). Ce brinβest directement impliqu´e dans la modification conformationnelle entre la forme active et la forme ins´er´ee, vu que le RCL s’ins`ere entre le troisi`eme et le cinqui`eme brin du feuillet β A. Le r´esidu S330 est conserv´e dans 60 `a 70% des prot´eines de la famille des serpines, tandis que le r´esidu K331 est pr´esent dans 40 `a 50% des s´equences connues de serpines [2]. Aucune maladie li´ee `a une mutation naturelle de l’un de ces deux r´esidus n’est r´epertori´ee `a l’heure actuelle [7]. Le fait que des mutations de deux r´esidus voisins puissent avoir des effets diam´etralement oppos´es sur la stabilit´e de la structure native et la tendance `a polym´eriser souligne le rˆole critique jou´e par cette r´egion. Rappelons ´egalement qu’un certain nombre d’autres mutations ont ´et´e s´electionn´ees au terme de notre ´etude in silico (Table 6.1), mais n’ont pas ´et´e analys´ees exp´erimentalement. Ces mutations m´eritent une ´etude plus d´etaill´ee, afin de clarifier l’importance des r´esidus concern´es dans le contrˆole de la polym´erisation.

D’autres ´etudes ont mis en ´evidence un certain nombre de r´esidus critiques vis-`a- vis de la stabilit´e de la structure native de l’α1-antitrypsine [28, 29, 84–86, 97]. Il a ´et´e montr´e que des mutations de ces r´esidus permettent de stabiliser la structure native, avec des cons´equences diverses sur l’activit´e inhibitoire et la tendance `a polym´eriser.

Avec les crit`eres de s´election que nous avons impos´e, aucun de ces r´esidus n’a ´et´e retenu par PoPMuSiC, `a l’exception du r´esidu K331 [29]. Nous nous sommes en effet restreints aux mutations pour lesquelles un effet stabilisant sur la structure native est pr´edit, parall`element `a un effet d´estabilisant sur la structure ins´er´ee, ou invers´ement, alors que ces ´etudes ´etaient focalis´ees sur la stabilit´e de la structure native.

Un autre aspect int´eressant de l’influence des mutations sur les propri´et´es de l’α1- antitrypsine est leur impact sur l’activit´e de cette prot´eine en tant qu’inhibiteur. La plupart des mutations que nous avons test´ees affectent relativement peu l’activit´e inhibitoire, bien qu’elles interf`erent visiblement avec l’insertion du RCL au cours de la polym´erisation. L’effet le plus marqu´e sur l’activit´e inhibitoire concerne le mutant S330R. Ce mutant d´estabilise la structure native, au niveau du feuillet β A, est pr´edit comme stabilisant la forme ins´er´ee, et favorise la formation de polym`eres. Pourtant, assez curieusement, ce mutant est nettement plus susceptible de jouer le rˆole de substrat, c’est-`a-dire de subir le clivage par la prot´ease sans parvenir `a former un complexe stable avec celle-ci. Ces observations indiquent vraisemblablement une certaine diff´erence entre le processus d’insertion du RCL lors de la polym´erisation et lors de la formation du complexe avec une prot´ease. Des ´etudes plus d´etaill´ees sont bien entendu n´ecessaires afin d’en clarifier l’origine, mais cette diff´erence apparaˆıt comme plutˆot encourageante, dans l’optique de la mise au point de m´edicaments qui limitent la polym´erisation sans pour autant nuire `a l’activit´e biologique normale de l’α1-antitrypsine.

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