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O Inégalités sociales chez les Scarabées

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IN S E C T E S

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O

n peut dire, presque sans métaphore, que les exi- gences variées de l’estomac sont à l’origine de la diversité des formes chez les animaux en général, et chez les insectes en particulier.

Et cela s’explique : il faut être au- trement bâti, outillé, armé, suivant qu’on force à la course un gibier ra- pide, qu’on le poursuit dans l’air ou dans l’eau ; ou qu’on se contente du nectar des fleurs, du suc des fruits, des liquides provenant de la matière organique en décomposition. Beau- coup d’insectes ont reçu la mission de débarrasser le sol des cadavres et des détritus dont la corruption em- plirait l’air de miasmes dangereux ; bribe à bribe, leur estomac absorbe la putréfaction, pour en extraire les particules alimentaires qu’elle peut encore contenir, et la restituer à la terre sous une forme qui ne puisse plus nuire. Ces Saprophages et ces Coprophages, qui se délectent de l’ordure, de la chair décomposée, ont reçu, comme attribut extérieur bien caractéristique, une forme d’antennes remarquablement adap- tée à leurs fonctions spéciales. Ces menus appendices, si déliés chez les espèces chasseresses sont ici dilatés en boutons, ou épanouis en éven- tail ; afin de recueillir sur une plus grande surface olfactive les émana- tions putrides qui viennent de loin, apportées par l’aile du vent.

On peut voir l’indication de cette

modification des antennes chez les Nécrophores et les Silphes, amis des cadavres des petits animaux ; elle est très accentuée chez les Sca- rabéides ou Lamellicornes, qui de chaque côté de la tête portent, pour la plupart, un ample panache de lames mobiles. À vrai dire, tous les Scarabées ne semblent pas retirer un égal avantage de leurs antennes flabellées, et il paraît, en tant du moins que nous puissions apprécier l’utilité d’un organe dont nous ne connaissons pas très bien le rôle et le fonctionnement, que cette adap- tation particulière n’est réellement utile qu’à ceux qui font leur pâture des excréments répandus sur le sol.

C’est peut-être là la vérité ; mais l’inutilité d’un organe n’implique pas sa disparition lorsque cet or- gane fait partie d’une formule ca- ractéristique dont tous les éléments sont solidaires. En d’autres termes, si les Lamellicornes qui vivent sur les fleurs n’ont que faire d’an- tennes flabellées, ce n’est pas une raison pour qu’ils les perdent, parce qu’elles représentent, un de leurs liens de parenté avec les types qui en ont besoin, un des traits de structure qui leur valent de n’être pas exclus de la famille. Ils en ont d’autres qui leur sont utiles, et qui sont respectés aussi chez les espèces coprophages, encore que celles-ci n’en retirent presque aucun profit. Mais qui dit ressemblance ne dit pas identité, et, en dépit du rapport étroit créé, mal- gré la divergence des mœurs, par la forme semblable des antennes et des tibias, il est instructif de considérer

combien l’aspect extérieur des Sca- rabées varie suivant leur régime et leurs habitudes. Le cadre général demeure intact, et les grandes lignes de la forme ne sont pas altérées, mais que de différences dans les détails ! Les uns vivent des excréments des Herbivores, les roulent en boules, et, de leurs mandibules, découpent la bouse. Ceux-là n’ont point de parure élégante, et n’ont reçu pour vêtement que des couleurs ternes et sans éclat ; leur travail obscur, in- grat, dégoûtant, dure autant que leur vie, et s’accomplit sous la livrée de la misère. Les autres, au contraire, après leur période larvaire écoulée parmi les détritus, débarrassés des misères inévitables du jeune âge, n’ont plus qu’à jouir de la vie au sein des fleurs, et à se barbouiller de pollen ; les corolles les accueilleront comme elles reçoivent les papillons, parce qu’ils sont parés d’un habit de fête, orné de velours, rehaussé d’or et d’argent, miroitant de paillettes métalliques. La société humaine n’a pas seule ses parias ; on en trouve parmi les bêtes, mais apparemment les bousiers se résignent à leur sort, car ils n’ont jamais, jusqu’ici, songé à faire grève.

Inégalités sociales chez les Scarabées

Par Alexandre Acloque1. In : La Nature, n°1396, février 1900

Les insectes de la Belle Époque

1. Naturaliste français (1871-1941). Il a publié de nombreux ouvrages sur la flore et la faune française, notamment plusieurs consacrés aux insectes dans la série Faune de France de l’éditeur Baillière & Fils (NDLR).

Géotrupe, scarabée des bouses Gravure de A. L. Clément.

Trichie, scarabée des fleurs Gravure de A. L. Clément.

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