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Le hall de mon hôpital (en période d’épidémie de grippe ou non)

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Le hall de mon hôpital (en période d'épidémie de grippe ou non)

LUTHY, Christophe

LUTHY, Christophe. Le hall de mon hôpital (en période d'épidémie de grippe ou non). Revue médicale suisse , 2017, vol. 13, no. 554, p. 627

PMID : 28718609

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:112275

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ActuAlité

www.revmed.ch

15 mars 2017

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sants. Il faut maintenant confirmer que cette stratégie est efficace à long terme, permettant de prévenir les complications chroniques de la drépanocytose, avec une toxicité acceptable, commente dans Le Monde, le Dr Jean­Benoît Arlet, interniste à l’Hôpital européen Georges­Pompidou et spécialiste de la drépanocytose. La pu­

blication du New England Journal of Medicine constitue une preuve de concept. Si c’est le cas, la thérapie génique pourra devenir une alternative à la greffe de moelle. Il faudra alors définir sa place par rapport aux nouvelles techniques de greffes dites haplo­identiques, qui permettent aujour­

d’hui de trouver plus facilement un donneur dans la famille, compatible à uniquement 50 %. »

Le Pr Marina Cavazzana précise que ce premier patient s’inscrit dans une étude de phase I / II, qui prévoit sept malades,

1 ribeil Ja, hacein-Bey-abina s, cavazzana m, et al.

gene therapy in a patient with sickle cell disease. n engl J med 2017;376:848-55.

2 « la drépanocytose. anémie falciforme. anémie à hématies falciformes ». orphanet, site d’information spécialisé dans les maladies rares.

tous pris en charge à l’Hôpital Necker de Paris : cinq – dont quatre atteints de tha­

lassémie ont déjà été traités, avec des ré­

sultats positifs. Pour l’heure, le coût de cette thérapeutique est très élevé, de l’ordre de 500 000 euros par patient, selon le profes­

seur Cavazzana. Ce montant devrait, selon elle, fortement diminuer dans les pro­

chaines années, avec l’automatisation des procédés. Comment ne pas l’espérer ? Car s’il ne baissait pas, on voit mal comment cette nouvelle et prometteuse thérapie pourrait être proposée à l’ensemble des malades qui pourraient en bénéficier.

On compte environ 12 000 malades drépanocytaires, rien qu’en Ile­de­France.

Entre 10 et 20 % d’entre eux nécessitent un programme transfusionnel régulier car ne répondant pas aux traitements par l’hydroxyurée. Une allogreffe peut leur être proposée mais seule une faible proportion

d’entre eux disposent de donneurs intra­

familiaux compatibles.

Au­delà de cette première et des suites de cet essai clinique, d’autres voies pour­

raient s’ouvrir. Des équipes explorent ainsi la piste d’une correction de la mutation de la drépanocytose avec la technique Crispr­

Cas9 de réédition du génome humain. On peut voir là comme la promesse concrète d’un nouvel avenir pour la thérapie génique.

le hall de mon hôpItal (en période d’épidémie de grippe ou non)

Le hall de mon hôpital, j’y passe plusieurs fois par jour du lundi au vendredi et régulièrement le week-end également. Je traverse cet espace en arrivant le matin et en quittant mon travail le soir. Je traverse aussi fréquemment ce lieu pour me rendre aux réunions se tenant dans une autre aile du bâtiment ou à des rendez-vous fixés au bar, juste à côté de la grande porte vitrée qui marque l’entrée principale. A chaque fois que l’occasion se présente, je cherche à me concentrer sur tous les individus que je croise et pas seulement sur les soignants que je reconnais.

La principale raison pour laquelle je suis si friand de mes observations

repose sur le fait qu’il se dégage de cet endroit-là une atmosphère très différente de celle des unités de soins que les blouses blanches connaissent bien (je n’évoque pas ici les secteurs médico-administra- tifs qui possèdent eux aussi leurs propres conditions barométriques !).

En particulier, je crois que je suis devenu particulièrement sensible à l’infinie déclinaison des émotions émises par les individus qui y transitent aux différents horaires.

Ainsi, pour rentabiliser mes passages répétés dans ce lieu charnière, je me force à fréquenter rigoureuse- ment le même chemin tout en me concentrant sur ce qui change pourtant à chaque fois.

Même en ces temps où les virus qui circulent justifient le port de masques nuisant à la variété de mes analyses, je ne rate jamais l’occasion de considérer à la volée ceux qui croisent mon chemin. Il y a des jeunes, des vieux, des bien habillés, des mal fagotés, des maigres et des gros. Il y a ceux qui cherchent leur route. Ceux qui marchent sans hésitation et sans dévier le regard. Ceux qui déam- bulent plus lentement le long des murs avec ou sans appareil de marche. Il y a les individus qui se déplacent avec des fleurs à la main.

Il y a ceux qui transportent plutôt ce que j’imagine être un livre ou une boîte de chocolats. Il y a ceux dont on voit facilement les larmes ou les yeux rougis. Il y a également

ceux qui renversent la tête en arrière pour saluer un collègue tout en esquissant un bref sourire ou un petit signe de la main.

Evidemment, l’émotion se devine surtout sur le visage. Toutefois, la disposition des corps entre eux et leur emplacement font aussi appa- raître leurs lots de sensations. Je repère les individus qui se déplacent en se tenant la main, en s’appuyant l’un sur l’autre ou en s’entrelaçant.

Et parmi ceux qui se quittent ou se rassemblent devant la grande porte, je reconnais les enfants qui abandonnent leurs parents et réci- proquement. J’identifie les amis ou les conjoints qui se séparent.

Je discerne l’hôtesse d’accueil qui prend en charge ce nouvel arrivant électif. J’aperçois aussi un aide- soignant qui raccompagne un malade en chaise roulante. Je vois un monsieur avec un grand man- teau d’hiver qui salue dignement

cette femme vêtue de la robe de chambre de l’hôpital. J’observe ces gens qui arrivent ou qui s’en vont on ne sait pas d’où, ni pourquoi, ni pour combien de temps.

Quand j’ai de la chance, je peux saisir davantage encore. J’entends des bribes de discussions. Je vois des au revoir à travers une vitre : des bras qui se lèvent haut, des individus qui s’évertuent à parler fort alors qu’on ne les entend pas.

Je vois des yeux qui se cherchent.

Je peux comprendre alors que la séparation risque de durer long- temps ou qu’elle génère une plus grande densité émotionnelle.

Parfois, malgré l’effervescence du lieu, les gens semblent oublier l’absence d’intimité. Les corps de ceux qui arrivent ou qui repartent étreignent de façon prolongée les corps de ceux qui restent. L’émo- tion peut alors être très vive et c’est comme si l’air s’épaississait.

carte blanche

Dr Christophe Luthy

Département de médecine interne, réhabilitation et gériatrie HUG, 1211 Genève 14 christophe.luthy@hcuge.ch

D.R.

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