1426 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 27 juin 2012
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Maximes, choses de la vie…
Mettant de l’ordre, je suis tombé sur une fourre où je glissais des notes manuscrites ou coupures de journaux avec des formules, phrases, déclarations, qui m’ont frappé (je collectionne ainsi de longue date). Florilège pour sourire en vue de la pause estivale.
L’Homme : Einstein : «Deux choses sont infi- nies : l’univers et la bêtise humaine. En ce qui concerne l’univers, je n’en ai pas acquis la certitude absolue». Le poète et moraliste italien Giacomo Leopardi (début du 19e) :
«Dommage que ce ne soit pas un péché que de boire de l’eau… comme elle aurait bon goût». Anonymes : « Il se trouvera toujours des Esquimaux pour donner aux habitants du Congo des conseils pour lutter contre les grandes chaleurs» ; «L’esprit est comme un parachute, il fonctionne seulement quand il est ouvert».
La manière de mener sa vie : Le mystique et poète persan Roumi : «Entre faire le mal et faire le bien, il y a tout un espace, je vous y rencontrerai». Le Prix Nobel égyptien Na- guib Mahfouz : «On peut dire si un homme est intelligent par ses réponses ; on peut dire carte blanche
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Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 27 juin 2012 1427 si un homme est sage par ses questions». A
propos de question, Boris Vian : « La ques- tion ne se pose pas, il y a trop de vent». Qui fait penser à Paul Valéry : «Le vent se lève, il faut tenter de vivre». Bertrand Russell : «Pour- quoi répéter les erreurs passées, quand il y en a tellement de nouvelles à commettre». Ou :
«Ne me donnez pas de conseils, je saurai bien me tromper tout seul». Jane Fonda : «Il est beaucoup plus important d’être intéressé que d’être intéressant». Qui me rappelle cette al- lusion à ceux qui croient qu’ils sont devenus sourds parce qu’ils n’entendent plus parler d’eux. A propos de ressenti : «La bonne oppor- tunité survient toujours au moment le moins opportun».
La vie en société : Montesquieu : «Il y a une infinité de choses où le moins mal est le meil- leur» (un des enseignements de ma propre carrière – J.M.). Anonyme : «Personne ne vous écoute, jusqu’au moment où vous faites une erreur». John F. Kennedy : «Pardonnez à vos ennemis mais n’oubliez jamais leurs noms»
(cf. «Les Vaudois ne sont pas rancuniers mais ils ont la mémoire longue»). Mieux vaut la co- médienne Arletty : «Je ne suis pas complète, je ne connais pas la haine». Stanislaw J. Lec :
«Il faudrait avoir des centaines d’yeux pour les fermer sur tout».
Hector Bianciotti (académicien français d’ori- gine argentine) : «C’est dans l’absence de limi- tes qu’on se sent prisonnier». Dans le même
sens (de je ne sais qui) : «La liberté ne vaut que par les limites qu’on accepte de lui mettre».
Edgar Morin, très actuel : «On chemine sans qu’il y ait de chemin», et pourtant (Dostoïevski et St-Exupéry) : «Chacun est responsable de tout devant tous». Et puis, d’un lion anonyme :
«Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de la chasse glorifiera les chasseurs».
Pas gentil : Puis-je, en toute amitié, citer deux méchancetés sur une autre profession libérale :
«Quand voit-on qu’un avocat ment ? Quand ses lèvres bougent» (dans un film de Francis F. Coppola) ; «99% des avocats donnent une mauvaise réputation à tous les autres». Dans la foulée, Staline : «Un diplomate sincère, c’est comme de l’eau sèche ou du bois métallique».
Churchill auprès de qui on soulignait la mo- destie de son adversaire et successeur Cle- ment Attlee : «Oui, il y a beaucoup de choses à propos desquelles il peut être modeste».
Anonyme : «Les politiciens et les couches ont une chose en commun, ils doivent être chan- gés régulièrement, et pour les mêmes raisons».
Groucho Marx : «Le secret de la vie est l’hon- nêteté et le fair-play, si vous savez les simuler vous avez gagné !». Un rien de biologie : «Sup- port bacteria – they are the only culture some people have». Et de statistique : «Souvenez- vous que la moitié des gens que vous rencon- trez sont en dessous de la moyenne».
Aimer, pardonner, vivre : Camus : «Il y a de la
malchance à ne pas être aimé, il y a du mal- heur à ne pas aimer». L’incomparable Woody Allen : «L’amour non partagé est le seul qui dure». Bossuet : «Le bonheur, qui n’est jamais et qui pourtant, un jour, n’est plus. Et Jules Renard : «Le bonheur serait de se souvenir du présent». «La vie, un si petit mot pour un si long chemin» (la jeune poétesse belgo-suisse Laurence Vielle, entendue à Lausanne en janvier dernier). Vieillissant, être attentif à ne pas tomber dans «cette crainte de la mort qui transforme la vie en salle d’attente».
Enfin, d’une chanson de Jacques Brel : «Voir la rivière gelée, vouloir être au printemps – Voir passer un croquant et tenter de l’aimer – Voir une barricade et la vouloir défendre – Voir l’ennemi de toujours et fermer sa mémoire – Voir que l’on va vieillir et vouloir commencer».
Tout cela ne montre-t-il pas que «les mots n’ont pas dit leur dernier mot» (Jacques Audi- berti) ?
Dr Jean Martin La Ruelle 6 1026 Echandens jean.martin@urbanet.ch
chercheurs français, dirigés par Shahragim Tajbakhsh et Fabrice Chrétien ? Peut-être.
Ces chercheurs expliquent avoir découvert l’existence jusqu’ici ignorée d’un réservoir de cellules souches toujours bien vivantes, présentes au sein de tissus musculaires de cadavres humains dont le cœur ne battait plus depuis dix-sept jours.
On peut certes ne voir là qu’un nouveau
et précieux gisement de matériel cellulaire thérapeutique. Demain, les cadavres humains pourraient fournir, outre des organes et des tissus destinés à être greffés sur des vivants, des cellules capables de redonner vie à des pièces dégénérées de corps vieillissants. On peut aussi, raisonnablement, soulever quel- ques questions complémentaires.
Comment l’équipe française a-t-elle pu en arriver là ? «L’idée de ces expériences m’est venue en observant au microscope des cel- lules musculaires prélevées lors d’une autop- sie, explique simplement Fabrice Chrétien, spécialiste de neuropathologie à l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches et professeur à l’Université Versailles Saint-Quentin. Alors même que toutes les cellules de leur envi- ronnement étaient complètement détruites, ces cellules souches conservaient un bel as- pect». Mais encore ? Comment com prendre que des cellules, fussent-elles sou ches, puis- sent survivre dans un environnement sans oxygène et très précisément aux antipodes de la vie ? Un peu à la manière des mammi- fères entrant en hibernation. Mais ici à l’éche- lon cellulaire.
Les chercheurs français n’expliquent pas les raisons premières qui poussent ces cel- lules à agir de la sorte. Ils ne nous éclairent pas non plus sur la durée de cette hiberna- tion microscopique. Pour savoir si les dix- sept jours peuvent être dépassés, il leur fau- drait désormais disposer de cadavres plus âgés. De nombreux points d’interrogation demeurent quant aux usages thérapeutiques qui pourraient être faits de ces cellules. Il n’en reste pas moins que l’équipe du Pr Chrétien est d’ores et déjà parvenue à gref- fer les descendantes des cellules survivantes et à obtenir leur différenciation en cellules musculaires d’une parfaite vitalité. Ceci à partir de cellules souches obtenues chez des souris mortes depuis quatorze jours.
Difficile, pour l’heure, en amont des pers- pectives médicales, de ne pas évoquer le possible impact de cette publication quant aux regards désormais portés sur les cadavres humains.
Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com
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