C OMPOSITIO M ATHEMATICA
A NDRÉ M ARCHAUD
Sur les champs continus de demi-cônes convexes et leurs intégrales
Compositio Mathematica, tome 3 (1936), p. 89-127
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les leurs intégrales
par
André Marchaud
Marseille
Introduction.
Dans un espace euclidien à trois
dimensions, rapporté
à troisaxes
rectangulaires Oxyz,
considérons larégion (R) == [0 0153 1].
A
chaque point
m de(R)
attachons un demi-cône convexeC(m),
de sommet m,
possédant
lespropriétés suivantes,
1° toute demi-droite de
C(m)
fait avec Ox unangle
auplus égal
à unangle
fixe moindre que2 ,
2°
C(m)
varie continuement avec m.On a ainsi
défini,
dans(R),
unchamp
borné en direction parrapport
à Ox et continu. Un arcsimple ab,
situé dans(R),
seradit une
intégrale
duchamp,
issue de a, si en chacun de sespoints
m toutes ses
semi-tangentes
à droite sont dansC(m),
et toutesses
semi-tangentes
àgauche
dans le demi-côneopposé -
sauf bienentendu en a pour les
semi-tangentes
àgauche
et en b pour lessemi-tangentes
à droite. Avec laterminologie
introduite par M.Georges Bouligand,
on dira: uneintégrale
issue de a est un arcsimple ab
dont lecontingent postérieur
enchaque point
mest contenu dans
C(m),
et lecontingent
antérieur dans le demi- côneopposé -
avec les mêmes restrictions pour a et b. Il résulte immédiatement de leur définition que lesintégrales
deC(m)
sontrectifiables,
et par suitepossèdent
unetangente
presquepartout.
L’objet
duprésent
Mémoire est l’étude desintégrales
deschamps
tels que
C(m).
Dans le casparticulier
oùC(m) )
se réduitpartout
à une demi-droite
unique
on aura despropriétés
desintégrales
d’un
système d’équations
différentiellesoù les fonctions
f(x, y, z)
etg(x, y, z)
sont bornées et continuesdans
(R).
Nous obtiendrons aussi des résultats serapportant
àla théorie des
équations
aux dérivéespartielles
dupremier
ordre.Les
principales notions, qui
interviendront dans lesénoncés,
sont celles d’émission d’unpoint
ou d’unensemble,
defrontière
latérale(ordinaire
etextérieure)
d’uneémission,
etd’intégrale frontière.
L’émission d’un ensemble
A (de (R)),
par lechamp C(m),
est l’ensemble des
points
de(R)
par chacundesquels
il passe au moins uneintégrale
deC (m)
issue d’unpoint
deA ;
on larepré-
sentera par
E[C(M), A].
La
frontière
latérale deE[C(m), A]
est la fermeture de l’en- semble despoints
frontières de cette émission dont l’abscisse est inférieure à 1. Cette restriction asimplement
pour but d’écarter lespoints
de x = 1,qui
sont enquelque
sorte artificiellement despoints frontières,
etqui
cesseraient de l’être si lechamp
etl’émission étaient
prolongés
à droite de x = 1.La
frontière
latérale extérieure deE[C(m), A]
est la fermeturedes
points
de la frontière latérale extérieurs à A.Enfin on
appellera intégrale frontière
deC(m),
touteintégrale
dont les
semi-tangentes
à droite et lessemi-tangentes
àgauche
en chacun de ses
points
m sont toutesrespectivement
sur lafrontière
deC(m)
et celle du demi-côneopposé. Lorsque C(m)
est lecône élémentaire d’une
équation
aux dérivéespartielles
dupremier ordre,
àlaquelle s’appliquent
les théoriesclassiques,
la courbed’une
caratéristique
est uneintégrale
frontière duchamp,
mais laréciproque
n’a pas forcément lieu.Avec les définitions
précédentes,
lesprincipales
conclusions du Mémoirepeuvent
se résumer dans les énoncésqui
suivent. Laplupart
d’entre eux ont étécommuniqués
à l’Académie des Sciences le 3 Décembre1934.1)
1. De tout
point
de(R) part
au moins uneintégrale
d’unchamp
donnéC(m), intégrale qui peut
êtreprolongée jusque
dans le
plan x
= 1.2)
II. Soient
C1 (m ), C2(M),
... une suite dechamps
conver-geant
uniformément vers lechamp C(m),
et, pourchaque champ Cn(m),
uneintégrale anbn.
Si la suite al, a2, ... admet unpoint
d’accumulation a à distance
finie,
onpeut
extraire de la suite{anbn}
une suitepartielle ayant
pour limite uneintégrale
abde
C(m).
1) C. R. 199, 1278.
2) Dans cet énoncé, comme dans les suivants, il s’agira, toujours de champs
continus dans (R) et bornés en direction par rapport à Ox dans ce domaine.
III. Soient
CÂ(m)
unchamp convergeant
uniformément versle
champ C (m ),
etA ,
un ensemble borné et ferméayant
pour limiteA, quand
et ,u tendentrespectivement
versÂo
et flo.Si, quels
que soient  et p,C (m)
etA p contiennent respective-
ment
C(m)
etA,
l’émissionE[CA(m), Ap]
et sa frontière latérale tendentrespectivement
versE[C(m), A]
et sa frontière latérale.Les limites dont il
s’agit
dans les énoncésqui précèdent
sontdes limites
métrique,
au sens de M. Hausdorff.La dernière
proposition généralise
un résultat de M. PaulMontel, complété
par Mlle MarieCharpentier,
sur la semi-con- tinuité desintégrales supérieure
et inférieure del’équation
dy -
dy _=f(x, Y).
IV. Soient
C(m)
unchamp
et A un ensemble borné et fermé.La frontière latérale extérieure de
E[C(m), A ]
est constituée par desintégrales
frontières duchamp,
issues despoints
frontièresde A. De
plus,
enchaque point
m de la frontière latéraleextérieure,
celle-ci n’a aucune
semi-tangente
dansC (m )
ni dans le demi-côneopposé..
Cet énoncé
généralise
un Théorème de M. Masuo Fukuhara.Mais son
principal
intérêt est dans le faitqu’il peut
servir d’intro- duction à l’étudegéométrique
del’équation
aux dérivéespartiel-
les du
premier
ordre dontC (m )
est le cône élémentaire. Il estimmédiat,
eneffet,
que tout morceau d’une frontière latérale extérieurequi
est une surface pourvue d’unplan tangent,
estune surface
intégrale
del’équation.
V. Si A est un continu ou un
point,
la section deE[C(m), A]
par un
plan
x = const., laissant A à sagauche,
est un continuou un
point.
C’est l’extension du Théorème de M. Kneser.
VI. Un ensemble fermé vers la
gauche 3), qui possède
enchacun de ses
points
m, saufpeut-être
pour ceux d’un ensemble bornéA,
unesemi-tangente
au moins dans le demi-côneopposé
à
C(m),
est nécessairement contenu dansE[C(m), A],
où Adésigne
la fermeture de A.De cette
proposition, qui généralise
un résultatque j’ai
obtenusantérieurement,
onpeut
déduire de nombreusesconséquences.
En voici une,
qui
donne des conditions strictement suffisantes pourqu’un
continu soit uneintégrale
d’unsystème d’équations
différentielles du
premier
ordre.3) Pour la définition de ces ensembles, voir plus loin [no. 31].
Si
C (ni)
se réduitpartout
à une demi-droiteunique,
etsi,
deplus, l’intégrale
issue de a estunique,
tout continu admettantpartout,
sauf en a, la demi-droiteopposée
àC(m)
pour une deses
semi-tangentes
est un arc del’intégrale
issue de a.Il est évident que la restriction relative à l’unicité de
l’intégrale
issue de a ne
peut
être levée.Cette dernière
proposition
avait été établie par M.Georges Bouligand
et par moi-même àpartir d’hypothèses
deplus
enplus larges,
maisbeaucoup plus
restrictives.Ajoutons
enfin que tous les résultats obtenus dans ce Mémoire sont valables pour un espace euclidienquelconque.
Dans le casdu
plan,
on pourra lesrapprocher
de ceux de M. S. K. Zaremba4 ).
I. Notions et résultats
préliminaires.
1. Il
s’agira
ici d’ensembles situés dans un espace euclidien à trois dimensions. Ce choix du nombre des dimensions a seule- ment pour but de fixer lelangage;
les résultats obtenus s’étendront d’eux-mêmes au cas d’un espace euclidienquelconque.
Je commencerai par
rappeler quelques
notions et établir cer-tains résultats dont nous aurons besoin. Nous nous occuperons d’abord des notions d’écart
(Entfernung)
de deux ensembles et de limitemétrique
d’une suite d’ensembles.Si A
désigne
unensemble,
onreprésentera
parU(A, r)
l’enseni-ble des
sphères
de rayon r centrées sur lespoints
de A. Je sup-poserai
cessphères fermées (c’est-à-dire
contenant leurs fron-tières),
il en résulteraque si
Aest fermé, U(A, r)
l’est aussi. D’autrepart
il est immédiat que toutpoint
extérieur à A est extérieurà
U(A, r)
dès que r est assezpetit. (La
constructionprécédente
est celle de
Cantor-Minkowski,
mais on considère ordinairement lessphères ouvertes.)
Soient A et B deux ensembles bornés et
fermés,
l’écart de cesdeux
ensembles, [A, B]
=[B, A],
est la borne inférieure e des nombres r satisfaisant à la double condition.Les ensembles A et B étant
fermés,
on a évidemment4) S. K. ZAREMBA, Sur une extension de la notion d’équation différentielle
[C’. R. 199 (1934), 545]. M. S. K. Zaremba considère des champs de "pinceaux’’
de droites, et fait intervenir le paratingent.
Le présent Travail était rédigé presqu’entièrement quand a paru la Note de 1B1. S. K. Zaremba.
Les
propriétés
de l’écartqui
nous seront utiles sont les suivantes.10. L’écart de deux
points
est leur distance.20. La condition nécessaire et suffisante pour que A et B coïncident est que leur écart soit nul.
30. La double inclusion A -D B D C
implique
nécessairement lesinégalités
4°. On a
quels
que soientA,
B etC,
Il
s’agit toujours
d’ensembles bornés et fermés.Les trois
premières propriétés
sontpresqu’évidentes,
la qua- trième est uneconséquence
de la relation: ac ab + bc entreles distances mutuelles de trois
points
a,b,
c; le lecteur l’établira aisément. Il pourra consulter à cesujet (et
aussi sur la notionde limite
métrique
dont il seraquestion
au numérosuivant)
laMengenlehre
de M.Hausdorff,
pages 145 et suivantes. La défini- tion de l’écart y est formulée d’une manière un peu différente de cellequi précède,
maiséquivalente.
2. Soit
A j A2,
...,5 A n
... une suite d’ensembles bornés etfermés.
On ditqu’un
ensemblefermé
A est la limiteniétrique
dela
suite,
om deAn’
si l’écart[A, An]
tend vers zéro avec1 -
nLorsque
cette limiteexiste,
elle est nécessairementunique.
Celarésulte immédiatement du numéro
précédent.
D’autre
part
les énoncés suivants sontpresqu’évidents.
1°. Soit
B1, B2,..., Bn, ...
une deuxième suite d’ensembles bornés etfermés, ayant
pour limitemétrique
B.Si,
pourchaque
valeur de n,
Bn
est contenu dansA n , B
est contenu dans A.2°. La limite
métrique
d’une suite de continus nepeut
êtrequ’un
continu ou unpoint 5).
Dans le cas où chacun des ensembles de la suite
{An}
contientle
suivant,
leproduit
est la limite
métrique
deA n .
Pour le montrer il suffira de prouver que, r étant choisiU(A, r)
contientA n
pourvu que n soit assezgrand.
Eneffet, An
contientA,
et d’autrepart
ce dernier ensembleest évidemment fermé.
Supposons qu’il
existe une suite infinie 5) Un continu est un ensemble fermé connexe (qui ne peut être décomposéen deux ensembles fermés disjoints).
de valeurs de n: n,,,n,, ..., np , ... telle que
chaque An J) possède
un
point
mp extérieur àU(A, r).
La suite mp est contenue dansA1,
elle admet donc unpoint
d’accumulation m non intérieur àU(A, r).
Mais lepoint
mappartient
àchaque A.,,, puisque
chacun de ces ensembles est fermé et contient le suivant. m fait donc
partie
deA,
cequi
conduit à une contradiction.(Il
pourra arriver que lespoints
mp, sauf un nombre fini d’entre eux, soient confondus avec unpoint fixe, celui-ci jouera
alors le rôle depoint d’accumulation.)
3. Dans ce Mémoire nous considérerons
uniquement
deslimites
métriques.
Poursimplifier
lelangage,
noussupprimerons
lequalificatif: métrique.
Voici sur ces limites uneproposition
dontnous aurons à faire usage.
Soit
{An}
une suite d’ensembles bornés etfermés ayant
une limi-te A contenue dans chacun
d’eux;
lafrontière
deA n
a pour limite celle de A6).
Désignons
par F etFn
les frontièresrespectives
de A etA n
et par en l’écart
[A, An].
en tend vers zéro avec2-.
n Soitfn
unpoint
de
Fn. n’appartenant
pas àF, f n
faisantpartie
deAn’
lasphère U(fn’ en )
contient unpoint
deA,
et par suite deF,
carf n
estextérieur à A. Donc
Fn
est contenue dansU(F, en ).
Pour achever ladémonstration,
il suffira d’établir que, r étant donné arbitrai- rement, onpeut
choisir n assezgrand
pour queU (F n’ r )
contienneF.
Supposons
que cette affirmation soitfausse;
il existe alors une suite ni, n2’ ..., np , ... , , telle que pourchaque
valeur de p onpuisse
trouver dans F unpoint
ypqui
soit extérieur àU(FnP, r).
La
sphère U(03BCp, r )
ne contient aucunpoint
deFnp.
Soit alors flun
point
d’accumulation de la suite yp, cepoint
est sur F. Con-sidérons la
sphère U(,u, 2) ,
elle est intérieure àU(03BCp, r)
dèsque lip lui est intérieur. Nous arrivons donc à la conclusion
qu’il
existe une infinité de frontières
Fn n’ayant
aucunpoint
dansU(,u, ’r 2 ).
Or ceci est contradictoire avec le fait que ,u est sur F.En
effet,
il y a nécessairement dansU(,u, 2
unpoint
y extérieurà A et par suite à
An’
si n est assezgrand,
donc unpoint
de F(d’après
la remarque faite en note à la pageprécédente).
Ladémonstration est achevée.
6 ) La frontière d’un ensemble fermé est l’ensemble de ses points non intérieurs.
Il est immédiat que tout segment joignant un point de l’ensemble à un point
extérieur contient un point de la frontière. La frontière d’un ensemble est évi- demment fermée.
Il faut remarquer que la
proposition
serait fausse sans la res-triction :
A. -D A.
Eneffet,
prenons pour A unesphère (fermée)
de rayon l, et pour-
An
l’ensemble obtenu en retranchant de A l’intérieur de lasphère concentrique
derayon -.
On voit immé-n
diatement que
Quand An
tend versA,
l’écart des frontières tend vers im.On observera que les considérations des numéros 1, 2 et 3
sont valables dans tout espace
métriqu,e (c’est-à-dire
danslequel
on
peut
définir une"distance"
satisfaisant àl’"inégalité
dutriangle".
4. Nous allons considérer maintenant des ensembles
fermés
dedemi-droites
ayant
mêmeorigine
0. Soit C un tel ensemble et oc un nombrepositif
auplus égal
à 03C0. Jedésignerai
par(C)03B1
l’en-semble des demi-droites
d’origine
0 faisant unangle
auplus égal
à oc avec au moins une demi-droite de C. L’ensemble(C)oc
est évidemment
fermé.
Dans le cas où oc est inférieurà 2 (C)03B1
est l’ensemble des demi-cônes de révolution
d’angle
au sommet2oc,
ayant
pour axes les demi-droites de C.La construction
précédente
n’est autre que celle de Cantor- Minkowski dansl’espace
des demi-droitesd’origine 0,
espace danslequel
la"distance"
de deux"points"
estl’angle
des deuxdemi-droites
correspondantes.
Cet espace est borné.L’écart
[C, C’]
=[C’, C] 7)
de deux ensembles fermés(de
demi-droites de même
origine)
C et C’ se définira de la mêmemanière que celui de deux ensembles
ponctuels;
c’est la borneinférieure e des
angles
oc satisfaisant à la double conditionComme pour les ensembles
ponctuels
on aD’après
la remarque faite à la fin du numéroprécédent,
lespropriétés
de l’écart sont conservées. Enparticulier:
1°. l’écart de deux demi-droites est leur
angle.
2°. pour que C et C’
coincident,
il faut et il suffit que leur écart soit nul.7) Nous utilisons la même notation que pour désigner l’écart de deux ensembles ponctuels. Il n’y aura pas de confusion possible, car C et C’, considérés comme
ensembles ponctuels, ne sont pas bornés.
3°. si C"
désigne
un troisième ensemblefermé,
on aVoici encore une
propriété qui
nous serautile,
c’est celle ex-primée
parl’inégalité
suivante:Pour la démontrer,
désignons
par e l’écart[C, C’].
Onpeut
écrire
Mais [(C)e]03B1 et [( C )liJe
sontidentiques 8 ).
On a doncd’où il résulte la relation à établir.
La notion de limite
métrique
s’étendra d’elle-même etpossèdera
les mêmes
propriétés
que dans le cas des ensemblesponctuels.’
Par
exemple,
une suite d’ensembles fermésCI, C2,
...,Cn,
...telle que chacun d’eux contienne le suivant admet une limite:
le
produit
C =Cl - C2
... -Cn
...(il s’agit toujours
d’en-sembles de demi-droites
d’origine 0).
5. Les considérations du numéro
précédent s’appliquent
enparticulier
aux demi-cônes convexes. Un demi-cône convexeC,
de sommet
0,
est un ensemble fermé de demi-droitesd’origine 0,
ne contenant aucune
droite,
et tel que si deuxpoints a
et b appar- tiennent àl’ensemble,
lesegment ab
en faitégalement partie.
Un
angle plan
moindre que 03C0 satisfait à cettedéfinition,
et aussiune demi-droite
unique.
Une demi-droite
D, d’origine 0,
est intérieure à C s’il existeun
angle
a tel que(D)03B1
soit contenu dans C. Un demi-côneconvexe est intérieur à C si toutes ses demi-droites le sont.
La
frontière
d’un demi-cône convexe est l’ensemble de ses demi- droites non intérieures. Unangle plan
moindre que 03C0, ou unedemi-droite
unique
sont des demi-cônes convexes réduits à leur frontière. Laréciproque
est évidente.Il est immédiat que si les termes de la suite considérée à la fin du numéro 4 sont des demi-cônes convexes, il en est de même de leur limite.
8) En effet, si e + x est au plus égal à 03C0 les deux ensembles coincident avec
(C)e+a’ dans le cas contraire ils remplissent tout l’espace.
6. Je vais rassembler
quelques propriétés
des demi-cônesconvexes dont nous aurons à faire usage. La
première
est lasuivante.
Soit C un demi-cône convexe, si 03B1 est assez
petit (C)oc
est aussiun demi-cône convexe.
En
effet, (C)oc
est fermé et ne contiendra aucune droite si aest assez
petit.
Considérons alors deuxpoints a
et b de(C)03B1,
ilexiste deux demi-droites
Oal
etOb,
de C telles que l’on aitMais
l’ensemble y
des demi-cônes de révolutiond’angle
au sommet/B
203B1
ayant
pour axes les demi-droites del’angle alOb1
est évidem-ment un demi-cône convexe contenu dans
(C)03B1. Or y
contienttout le
segment ab 9).
Les
propriétés
suivantes feront intervenirl’opération
inversede celle de Cantor-Minkowski. Elles ont pour but de donner une
forme et un sens
précis
à cettepropriété
intuitive:deux demi-cônes convexes de même sommet, non réduits à leurs
frontières,
et trèsvoisins,
ont en commun un demi-cône convexetrès voisin de chacun d’eux.
Soit C un ensemble fermé de demi-droites
d’origine 0,
et ocun
angle
donné. Jedésignerai
par(C)_03B1
l’ensemble des demi- droitesD, d’origine 0,
telles que(D)03B1 appartienne
à C.( C ) _ 03B1
ne
peut
exister que si C contient des demi-droites intérieures et si oc est assezpetit, (C)_03B1
est alors un ensemble fermé. Il est immédiat que si un ensemble fermé C’ contientC, ( C’ ) _ a
contient(C) - 03B1
et, d’autrepart, que [(C)pJ -rx
existe nécessairement pourvu que oc ne surpasse pas03B2.
Enfin si D’ est une demi-droite intérieure àC,
elle sera intérieure à(C)_03B1
pourvu que « soit assezpetit.
En
effet,
il existe unangle e
tel que(D’)8
soit contenu dansC, (D’)8
est alors contenu dans
(C)_03B1
dès que oc est moindreque 2
2Il ne faudrait pas croire que
l’opération qui
vient d’être dé- finie et celle de Cantor-Minkowski soientréciproques,
c’est-à-dire que l’on aLa
première
relation est fausse même si C est convexe. Il suffit pour le voir deprendre
pour C un trièdre et (x assezpetit
pour 8) Cette démonstration reproduit à peu près celle que j’ai donné de la même propriété dans mon Mémoire: Sur les champs de demi-droites et les équations différentielles du 1° ordre [Bull. S. M. F. 62 (1934), 7].que
( C ) _ a
existe. Les demi-droites de C voisines des arêteséchap- pent
à[(C)-.].-
La seconde relation est fausse
lorsque
C n’est pas convexe. Eneffet,
soit D une demi-droited’origine
0 et oc unangle
moindreque
4 .
4 Prenons pour C l’ensemble des demi-droites de(D)03B1
03B1extérieures à
( D ) 03B1. (C)03B1
n’est autre que(D)203B1’
parsuite (c).
2
03B1-03B1
se réduit à
(D)a, qui
est différent de C.7. Je vais montrer
que si
ac est moindreque 2
et si C est undemi-cône convexe, on a bien
Posons [(C)cxJ-oc == C’.
On a évidemment C C C’. Ils’agit
d’établir que C contient C’.
Supposons qu’une
demi-droite D’de C’ soit extérieure à C. Il existe alors une demi-droite
G,
deC,
faisant avec D’
l’angle minimum, puisque
C estfermé,
et cetangle minimum f3
est différent de zéro et auplus égal
à oc(car D’ appartient
à(C),,,).
C n’a aucunpoint
à l’intérieur du demi- cône de révolution(D’){1.
D’autrepart (D’)oc
est contenu dans(C)a, d’après
la définition de C’. Considéronsalors,
dans leplan (G, D’),
une demi-droiteD", d’origine 0,
faisant avec G unangle aigu
ysupérieur
à oc et telle que D’ soit intérieure àl’angle
/B /’..
GOD".
L’angle
D’OD" estégal à y - fl,
il sera moindre que ce pourvu que y soit choisi inférieur à oc +{3.
Dans ces conditionsD"
appartient
à(D’)a.
et par suite à(C)a.
Il en résulte que le demi- cône de révolution(D")oc
contient au moins une demi-droite G‘de C. Comme G est extérieure à
(D")cx’
G’ est différent de G./’..
Donc toutes les demi-droites de
l’angle
GOG’appartiennent
àC,
d’autre
part
elles sont contenues dans(D")y.
Mais ce demi-cônede révolution contient
(D’)03B2 lequel
lui esttangent
lelong
de G.Par suite C contient des demi-droites intérieures à
(D’)03B2,
cequi
conduit à une
contradiction, car {3
est le minimum del’angle
de D’ avec une demi-droite
quelconque
de C. Laproposition
estdonc démontrée.
8. Considérons un demi-cône convexe
C,
de sommet0,
non réduit à safrontière,
et oc unangle
assezpetit
pour que(C)-03B1
existe. Nous savons
déjà
que cet ensemble estfermé, je
dis que c’est un demi-cône convexe. Comme il nepeut
évidemmentcontenir aucune
droite,
il suffira de montrer que si deuxpoints
a et
b,
distincts de0, appartiennent
à( C ) _ a,
il en est de même.du segment
ab. Pour cela considérons les deux demi-droites Oaet Ob. Comme elles
appartiennent
à(C) _ a, (Oa)a;
et(Ob)a;
sont/B
contenus dans
C,
et par suite(aOb)a;.
Soit alors d unpoint quel-
/B
conque du
segment ab,
la demi-droite Od faitpartie
dea0b, (Od)a;
appartient
donc à C. Il en résulte que Od est une demi-droite de(C)_03B1.
9. Nous pouvons maintenant établir la
proposition, impor-
tante pour la
suite,
àlaquelle
il a été fait allusion au numéro 6.Soit C un demi-cône convexe et oc un
angle aigu
tel que(C)-a;
existe,
tout demi-cône convexe dont l’écart avec C est auplus égal
à a contient
(C)-03B1.
Considérons en effet un demi-cône convexe C’ satisfaisant à
l’hypothèse précédente. D’après
la définition de l’écart onpeut
écrire
d’où l’on déduit
[nO. 6],
Or le
premier
membre de cette dernière relation n’est autre que C’[nO. 7].
10.
Jusqu’à présent
nous avons considéré des demi-cônes de même sommet. Nous allons étendre les notions et les résultatsprécédents
à des demi-cônes de sommets différents. Pour cela il sera commode d’introduirequelques
notations.Soient C et C’ deux demi-cônes convexes
(n’ayant
pas néces- sairement mêmesommet), Co
etC’0
les demi-cônes de sommet0, qui
s’en déduisentrespectivement
par translations. Les relationsexprimeront respectivement
queElles sont évidemment
indépendantes
dupoint
O.Enfin pour
exprimer
que C et C’ sont inversement homothé-tiques,
on écrira:10) Les signes ~ et C seront réservés pour l’inclusion.
BIBLI REQUE
10) Les signes D et C seront réservés pour l’inclusion. B
QUE
Ceci
posé,
nousappellerons
écart de C et C’ celui deCo
etC’o.
Nous le
désignerons
par[C, C’],
il estindépendant
de 0. On aévidemment
D’autre
part
lesinégalités
établies au numéro 4 subsistentEnfin le résultat établi au numéro
précédent
devient:Soient C un demi-cône convexe non réduit à sa
frontière,
et «un
angle aigu
assezpetit
pour que(C)-,, existe;
tout demi-côneconvexe
C’,
dont l’écart avec C est auplus égal
à rI..,satisfait
à larelation
(C) -03B1
C’.11. Je terminerai ces considérations
préliminaires
par troispropositions,
quej’ai déjà
utilisées ailleurs et dont nous auronsà faire usage ici.
Comme
plus
hautdésignons
parCm
le demi-cône de sommet mdéduit de C par translation et par -
Cm
sonopposé
par le sommet.1°. Si m’
appartient
àCm, Cm,
y est contenu tout entier.2°. Si m’est dans
[intérieur à] Cm,
m est dans[intérieur à] -Cm’.
3°. Un arc
simple ab possédant
en chacun de sespoints
intérieurs m une
semi-tangente 11)
à droite dansCm ,
est contenutout entier dans
Ca
et dans -Cb.
,Les deux
premiers
énoncés sont des remarquespres-
qu’évidentes,
quej’avais formulées,
sous une forme un peu diffé- rente, dans un travailprécédent 12).
Considérons lepremier,
soitI le
symétrique
de rn parrapport
à m’. Cepoint
est dansCm.
D’autre
part C.,
estl’homothétique
deCm
parrapport
aupoint I,
dans lerapport 2.
Donc Iappartient
àCm,.
Soitalors q’
unpoint quelconque
deCm,, et q
sonhomothétique
parrapport
àI dans le
rapport 2. q appartient
àC.,
donc tout lesegment I q (puisque
C estconvexe),
et par suite lepoint q’.
11) En un point d’accumulation m d’un ensemble E, une demi-droite mt est une
semi-tangente en m si tout demi-cône de révolution de sommet m et d’axe mt con-
tient des points de E aussi voisins de m que l’on veut. (L’ensemble des semi- tengentes est le contingent de M. G. Bouligand.)
Les expressions: semi-tangente à droite, semi-tangente à gauche en un point
d’un arc simple, ont, d’après ce qui précède, un sens évident. Lorsque les semi- tangentes pour un côté déterminé se réduisent à une demi-droite unique, c’est la demi-tangente pour le côté considéré.
12) A. MARCHAUD, Sur les demi-sécantes et les semi-tangentes aux ensembles [Journ. de Math. (9) 12 (1933), 418].
Pour justifier
le secondénoncé,
il suffit de remarquer queCm
et -
Cm’,
sontsymétriques
parrapport
au milieu de mm’13).
12. Considérons maintenant le troisième énoncé. Il
reproduit
un
Lemme,
quej’ai
utilisé récemment14).
Je l’avais déduit d’unproposition générale
surlaquelle
nous reviendronsplus
loin[nO. 31].
En voici une démonstration directe.Soit e un
angle
assezpetit
pour que(C)ê
= h soit un demi-cône convexe.
L’hypothèse peut
alors se traduire ainsi: m étantun
point
intérieur à un arca’b’
deab (a
a’b’ b),
il y a dansr m’
en dehors de m, despoints
de mb’. Ceciposé,
supposonsque a’b’
possède
unpoint
m° ,compris
entre a’ etb’,
extérieurà-Tb’.
Alors b’ est extérieur àrmo [nl.
11,2°].
Considérons l’ensemble E despoints
dem°b’
non extérieurs àrmo.
Parhypo-
thèse cet ensemble n’est pas
vide,
d’autrepart,
il est évidemmentfermé sur
a’b’.
Soit ml la borne à droite de E sur cet arc; ml est dansT’mo,
il est donc distinct de b’. Par suiterml
contient despoints
demib .
CommeFm!
est contenu dansFmo [nO.
11,1°j,
ily a contradiction. Nous avons donc établi que tout
point
deab’,
distinct de a, est dans -
Fb,;
il en est de même de apuisque ab
est un ensemble fermé. Mais a faisant
partie
de -Tb’,
b’ est dansFa [nO.
11,2°].
Ceciayant
lieuquel
que soitb’,
l’arcab
est tout entier dansra.
Le même raisonnement montre quea’b
est dansFa,
il en résulteque a’
est dans -Fb.
Ceciayant
lieuquel
que soita’,
tout l’arcab
est dans ce demi-cône. Endéfinitive,
aussipetit
que soit ~, l’arcab
est dansTa
et -Fb,
il est donc dansCa
et -Cb.
La démonstration est achevée.II.
Intégrales
d’unchamp
borné et continu de demi-cônesconvexes.
13.
Considérons,
parrapport
à trois axesrectangulaires Oxyz,
le domaine(R)
={0
x1}.
A toutsystème d’équations
différentielles
13) On observera que la convexité n’intervient pas dans cette démonstration, tandis qu’elle est indispensable à l’exactitude du premier énoncé.
14 ) A. MARCHAUD, Sur les champs de demi-droites et les équations différentielles du 1 ° ordre [Bull. Soc. Math. de France 62 (1934), 2-38]. On trouvera dans ce
Travail un exemple montrant que la proposition serait fausse pour des demi- cônes non convexes.
où
f(x, y, z)
etg(x, y, z)
sont des fonctions bornées et continues dans( R ), correspond
dans ce domaine unchamp
de demi-droites.En
effet,
àchaque point m(x,
y,z )
on faitcorrespondre
la demi-droite
D(m), d’origine
m, et de coefficientsangulaires f(x,
y,z)
et
g(x,
y,z).
Suivant uneexpression
quej’ai
utilisée dans leTravail cité au numéro
précédent,
lechamp D(m)
est borné endirection par
rapport
à Ox et continu dans(R).
Uneintégrale
à droite du
système (4),
issue d’unpoint
a, est un arcsimple ab
admettantpartout,
saufen b,
la demi-droite duchamp
commedemi-tangente
àdroite,
etpartout,
sauf en a, la demi-droite op-posée
commedemi-tangente
àgauche.
Attachons à
chaque point
m de(R)
non pas unedemi-droite,
mais un demi-cône convexe bien déterminé
C(m), de
sommetm, et satisfaisant aux conditions suivantes.
1°. Il existe un demi-cône de révolution
(non plat)
I’ de som-met 0 et d’axe
Ox,
tel que l’on aitquel
que soit m dans(R),
2°.
C(m)
varie continuement avec m, autrementdit,
mo étantun
point quelconque
de(R), l’écart [C(mo)’ C(m)]
tend vers zéroquand m
tend versmo [en
restant dans(R)].
Je dirai que l’on a défini dans
(R)
unchamp
de demi-cônes convexes, borné en direction parrapport
à Ox et continu. Le casoù
C(m)
se réduit à une demi-droiteunique,
soit en certainspoints,
soitpartout
n’est pas exclu.Il est naturel
d’appeler intégrale du champ,
issue dupoint
a,tout arc
simple ab
dont lessemi-tangentes
à droite enchaque point
m sont toutes dansC(m),
et lessemi-tangentes
àgauche
dans -
C(m),
sauf bien entendu en b pour lessemi-tangentes
àdroite et en a pour les
semi-tangentes
àgauche.
Une
intégrale
sera nécessairement un arcrectifiable,
et par suitepossèdera
unetangente
presquepartout.
Cette rectificabilité est facile à établir directement. Onpeut
aussi la déduire de la pro-position
suivante: Une courbe deJordan, qui possède
enchaque point,
saufpeut-être
auxextrémités,
unesemi-tangente
faisantavec un axe fixe un
angle
auplus égal
à une constante moindreque 2 ,
est rectifiable15).
15) A. MARCHAUD, Sur les demi-sécantes et les semi-tangentes aux ensembles [Journ. de Math. (9) 12 (1933), no. 15].
14. M. Masuo Fukuhara
16)
adéjà
considéré deschamps
telsque
C (m )
dans le casparticulier
où ce demi-cône est unepyramide
dont les faces sont
parallèles
aux axes Ox etOy.
M. Fukuharaavait en vue le théorème
suivant,
dont on trouveraplus
loinl’extension aux
intégrales
d’unchamp
de demi-cônes convexes[nO. 28]:
Soit G la
région remplie
par lesintégrales
de(4)
issues de0,
tout
point
de la frontière de G est sur uneintégrale
issue de 0située toute entière sur la frontière de G.
C’est un autre
problème qui
m’a conduit à étudier les inté-grales
d’unchamp
de demi-cônes convexes: Uneintégrale
à droitedu
système (4),
issue de a, est un continu admettant en chacun de sespoints,
distincts de a, la demi-droiteopposée
àD(m)
pourune de ses
semi-tangentes.
Aquelle
condition un continupossè-
dant cette
propriété
sera-t-il nécessairement uneintégrale?
Ilest
remarquable
que la condition se réduise à celle-ci(évidem-
ment
nécessaire): l’intégrale
à droite issue de a estunique.
Pour résoudre ce
problème,
on aurait pu se borner à deschamps
de demi-cônes
particuliers,
de révolution parexemple.
Les démon-strations auraient été à
peine plus simples.
Par contre, en considé-rant des demi-cônes convexes
quelconques,
nous aurons l’avan-tage
d’obtenir des résultats intéressants se rattachant à la théorie deséquations
aux dérivéespartielles
dupremier
ordre. Dans le but degénéraliser plus
encore, onpourrait
avoir l’idée de faireintervenir des demi-cônes non convexes. Nous verrons par la suite
qu’une
tellegénéralisation
ne donnerait rien[nO. 28].
Il y a
pourtant
unegénéralisation
intéressantepossible.
Dansmon Mémoire cité
plus
haut"Sur
lesChamps
de demi-droites et leséquations
différentielles dupremier ordre", j’ai
montré que lesystème (4) peut
admettre desintégrales
continues sans que lechamp D(m)
soit continu. Il suffit que ce dernierpossède
unecertaine
propriété, beaucoup
moins restrictive que lacontinuité,
que
j’appelle
la"régularité".
Onpourrait
faire un étudeanalogue
pour les
champs
de demi-cônes convexes. Il m’a semblépréférable
de traiter d’abord le cas
beaucoup plus simple
deschamps
continus.Propriétés
desintégrales.
15. Je commencerai par établir un résultat
important, qui
nous donnera une condition suffisante pour
qu’un
arcsimple
soit une
intégrale
duchamp C(m).
C’est le suivant:16) M. FUKUHAR,A, Sur les systèmes d’équations différentielles ordinaires [Jap.
Journ. of Math. 6 (1930), 2692013299].