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NOS ENQUÊTES
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L'EDUCATEUR
Réponse d'Alexandre ARNOUX
Je garde les plus aimables souvenirs de mon temps d'école et de lycée.
A l'école maternelle, une nonne jeune et ravissante m'a appris à lire et m'a inculqué ce vice que je n'ai que trop pratiqué par la suite ; mais il m'a procuré beaucoup de plaisirs coupables ou innocents.
Au lycée, j'ai eu les maîtres les plus divers, parmi lesquels, je leur garde une vive reconnaissance, pas mal d'hurluberlus. D'aucun je n'ai véritablement à me plaindre. Ils avaient presque tous un faible pour moi-. Car je n'étais ni un de ces cancres décourageants ni un de ces forts en thème qui finissent par rebuter les professeurs à force de docilité et de réussite. Je me comportais plutôt en amateur négligent et distingué ; quand je m'i~téressais il leurs cours, ils en éprouvaient une certaine satisfaction, comme le jongleur du cirque que le public difficile applaudit ; je ne. faisais pas partie de la claque. Ils se mettaient en frais pour moi ; ils espéraient toujours une bonne note. Je ne les accordais qu'à bon escient.
C'est vous 'dire que l'école n'a pas été un obstacle à l'éclosion de mon talent, si j'en ai un toutefois. J'ai assez vite oublié les bribes de ce qu'on avait médité de m'y apprendre pour ne pas me trouver surchargé et empêtré. A-t-elle été une aide ? Il faut bien que je le concède. Si l'on ne m'avait pas enseigné l'écriture, j'aurais sans doute moins écrit. Mes maîtres ne savaient pas quelles responsabilités ils allaient assumer devant mes infortunés conte~porains.
Paix à leurs cendres !
Réponse de Claude AVELINE
« l'école - le lycée, le bon vieux lycée classique avec son grec et son latin, - a été pour moi plus qu'une aide. Elle m'a donné le goût et l'amour des lettres, je lui dois tout en ce domaine. Il est vrai que j'ai eu la chance, dans certaines a.nnées capitales - la sixième, la troisième, la première - d'y trouver les meilleurs maîtres, qui concevaient leur métier comme une mission heureuse. »
Réponse de R. DHOMBRES
Je ne fus jamais bon élève. Appliqué peut-être et plein de cette bonne volonté qui s'inspirait d'un certain ~sir de plaire à mes maîtres. Malgré cette bonne volonté et cette application; je ne suis pas parven'u 'à m'intéresser ·à "mes études et, après l'examen qui m'ouvrait une carrière, je me sÛis empressii d'oublier
ce 'que j'avais appris sur les bancs de l'école. C'est dire si je dois peu à l'école
quant à ma formation d'écrivain ; olle ne fut pas un obstacle, non plus une aide. D'ailleurs, écrire est un don et il est rare qu'un don n'arrive pas à s'épanouir. L'école devrait s'efforcer à déceler le don chez l'enfant. Mais c'est là chose difficile. Seules les réactions de l'homme devant la vie peuvent l'amener à se connaître. fe m'excuse d'être poncif. Notre personnalité ne se révèle que lorsque les dures leçons de l'existence nous ont appris à ne plus confo.ridre nos désirs avec nos possibilités.
( 1) R. Dhombres a publié en .1953 un très beau livre chez Robert Laffont,
«La truite de Saint-Christol», avec une préface d'André Chamson.