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Article pp.339-342 du Vol.22 n°3 (2012)

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I

NTRODUCTION

La Conférence internationale de Géomatique et Analyse spatiale, SAGEO (Spatial Analysis and GEOmatics), organisée par le GDR MAGIS et soutenue par le GDR S4, s’est déroulée en juillet 2011 à Paris sur une journée, au sein de la 25e Conférence cartographique internationale. Cela a constitué une formidable occasion de porter à la communauté internationale les travaux du GDR. Elle a rassemblé neuf communications et cinq posters, et s’est clôturée par un hommage rendu à Thérèse Libourel et Robert Laurini, pour leur engagement actif et dynamique dans la communauté interdisciplinaire rassemblée autour des questions de recherche en géomatique, dès les premiers pas du GDR Cassini il y a deux décennies déjà.

Le présent numéro spécial comprend six articles issus de cette journée SAGEO 2011. Sans en représenter une vision exhaustive, ces six textes, par leur diversité, illustrent néanmoins la pluralité des travaux menés actuellement dans le champ de la géomatique et des questions qui animent le domaine des sciences de l’information géographique. Avec des ancrages et des questionnements divers, ils rendent compte de démarches que l’on pourrait qualifier d’ « orientées information géographique », étant donné qu’il s’agit de construire, reconstruire, identifier, des objets, des organisations spatiales, des changements, tant dans le temps présent que dans le passé, à l’échelle fine du bâtiment où plus globale d’un environnement urbain ou agricole.

La géomatique associe des problématiques spatiales, issues des questionnements de thématiciens (géographes, architectes, archéologues, dans les présents textes), et des méthodologies et techniques issues des sciences de l’information. Dans certains articles les secondes sont au service des premières et l’objectif est alors de montrer comment la géomatique permet de donner à voir différemment, de manière enrichie, une information masquée, vague, pas directement visible. Dans d’autres articles l’objectif est de contribuer à faire sauter des verrous dans ces processus mêmes de représentation, en proposant notamment des algorithmes originaux, parfois dans des domaines très spécialisés comme celui de l’informatique graphique. Les titres des articles illustrent bien ces différentes ambitions : il s’agit de penser, modéliser (en référant, suivant les cas aux BD ou aux processus de changement en jeu), « faire dire à », reconnaître, visualiser, une information géographique.

Si ce numéro s’intitule « construction et reconstruction d’information géographique » c’est que ces enjeux nous sont apparus comme constituant un fil évident des motivations de l’ensemble des développements proposés. La plupart des articles reviennent dans un préambule plus ou moins appuyé sur le caractère incertain et insuffisant des données observables, relativement à ce qui serait nécessaire pour avancer sur les problématiques en jeu. Cette insuffisance peut être

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340 RIG. Volume 22 – n° 3/2012

liée à la nature même des données dans un champ thématique. Barge et Régagnon soulignent ainsi que les données incomplètes sont le propre des données archéologiques et Desjardins et al., dont la contribution concerne également les données archéologiques, réfèrent à la notion d’imperfection dans le titre même.

Olteanu et al. considèrent que l’incomplétude, l’imprécision, l’incertitude sont les caractéristiques mêmes des enregistrements des données mobiles. Dans le cas de Janty et al. la difficulté est de saisir le changement des pratiques agricoles en l’absence d’une référence spatiale fixe. Dans les deux autres cas (Suleiman et al.) il s’agit également de construire de l’information géographique mais plutôt dans la perspective d’améliorer la représentation d’une réalité.

Aussi l’ensemble de ces articles comprend une phase de re-construction d’une information. Il s’agit d’identifier, de reconnaître, de détecter, des objets, des mouvements, des changements. Dans ce but, différents types de modèles sont mobilisés : des modèles ancrés dans la thématique (telles traces archéologiques ou formes urbaines, organisées suivant tel schéma, représentent probablement tel objet architectural) et des modèles de données spatiotemporels associés. Barge et Régagnon ont ainsi pour objectif de « donner à voir ce qui sur le terrain n’est pas visible », donner à voir une ville médiévale, dans ses principaux agencements, l’image produite correspondant à une interprétation de l’archéologue, avec la possibilité de multiplier les points de vue sur ce qu’a pu être cette ville. Le SIG proposé est à la fois un outil de communication (vers le grand public), de dialogue et d’exploration (pour les scientifiques). Cette approche, tout comme celle de Desjardins et al. permet de reconstruire des objets (bâtiments, places par exemple) à partir de modèles (sous forme de règles) appliqués aux relevés bruts, et de représenter le paysage urbain avec son agencement de bâtiments, de rues, etc. De telles représentations facilitent le test, la remise en cause, des modèles interprétatifs sous-jacents. Dans certains cas la reconstruction passe par une phase de

« déconstruction ». Il s’agit ainsi pour Olteanu et al. de reconstruire dans une première phase des trajectoires à partir des traces des téléphones mobiles, et dans une deuxième phase de « déconstruire » ces trajectoires pour identifier les mouvements et repérer les « arrêts » (« stations »). Ces arrêts permettent enfin d’identifier « l’espace des lieux touristiques ». Tout comme dans les cas précédents il y a ainsi deux échelles en jeu ici, celle des stations et celle des espaces touristiques. Partant du mouvement pour identifier les « arrêts », ceux-ci sont ensuite qualifiés grâce à la sémantique du lieu. L’information est ainsi enrichie grâce au contexte géographique. L’enjeu est similaire dans Suleiman et al. partant d’une image (on peut comparer cela à une collecte passive), c’est la liste des

« points d’intérêt » qui constitue le « modèle » de la façade, et on « contextualise » ces « points d’intérêt » pour définir des textures locales, et apparier les « façades ».

Cette démarche d’appariement, utilisée ici sur les points d’une image, correspond d’un point de vue conceptuel à la démarche proposée par Janty et al. L’enjeu y consiste à évaluer, à partir de sources d’information non compatibles, quels ont pu être les changements au sein de la palmeraie, en termes d’abandon ou au contraire

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Introduction 341

de création ou de densification. L’appariement a cette fois comme support les catégories de densités relatives des jardins aux différentes dates considérées.

La visualisation est un aspect généralement très dominant dans les développements de géomatique ; soit c’est un moyen d’exploration ou de représentation des résultats, soit c’est l’objectif même des développements. Les articles de ce volume illustrent bien ces différentes démarches : certains comme Desjardins et al. combinent les deux approches, d’autres comme Thanh Vu et Gaio ont plus spécifiquement pour objet la représentation elle-même. Dans ce cas les auteurs adoptent un point de vue tentant d’approcher une « réalité », en intégrant la troisième dimension. Suleiman et al. se situent dans le domaine de la réalité augmentée avec un développement permettant d’habiller les façades dans un modèle virtuel 3D. C’est aussi l’objet de la proposition de Thanh Vu et Gaio, pour lesquels l’enjeu concerne la qualité de l’affichage d’un MNT : leur objectif est de reconstruire une « réalité virtuelle » et d’obtenir en parallèle « qualité visuelle, fluidité et réponses proches du temps réel ». Les temps historiques peuvent aussi se représenter en 3D. Ainsi Barge et Régagnon, en « pensant le plan archéologique comme un système d’information », souhaitent fournir pour le site de Qualhât « un système vivant » et proposent « des vues en perspective pour appréhender la réalité archéologique ». Desjardin et al. développent quant à eux la restitution d’une villa gallo-romaine sous la forme « d’une reconstruction 3D photoréaliste ». Les représentations cartographiques 2D ne sont cependant pas exclues : elles sont largement utilisées, pour illustrer les différents aspects des développements, donnant à voir de manière originale les différents indicateurs construits. Ainsi, une carte de

« fiabilité » est proposée pour le site de Qualhât et une carte « d’antériorité floue » autour d’une date pour les tronçons de rues de Reims à l’époque. Ces représentations cartographiques peuvent aussi être intégrées dans le processus d’analyse, à des fins exploratoires comme pour l’étude de l’évolution des palmeraies où il s’agit d’analyser les effets de proximités, ou encore à des fins de valorisation des résultats, comme c’est le cas avec les cartes de densité de présences des

« mobiles étrangers » à Paris.

Nous avons proposé une lecture orientée sur l’information et les phases de construction et représentation de cette information. Cette lecture n’est pas exclusive d’autres aspects, en particulier ceux concernant les apports méthodologiques de l’analyse spatiale. Ceux-ci peuvent être explicites comme dans l’analyse des régularités de la géographie du changement de la palmeraie de l’oasis de Figuig (Janty et al.), où les proximités d’évolutions sont analysées au prisme des proximités spatiales ; ou encore dans l’analyse des organisations spatiales des fréquentations touristiques (Olteanu et al.) où sont étudiées les concentrations spatiales. Le cadre méthodologique de l’analyse spatiale est aussi très explicite pour les deux applications en archéologie au travers soit de la formalisation des « relations spatiales » pour la construction d’entités dites « modèles » (Barge et Régagnon), soit des algorithmes de reconnaissance de forme pour la reconstruction d’objets de niveau supérieur comme les rues médiévales pour Reims (Desjardins et al.). Ce

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342 RIG. Volume 22 – n° 3/2012

cadre est moins explicite pour les deux articles traitant de représentation. Il existe cependant des analogies possibles entre les algorithmes utilisés pour le traitement de l’image et le traitement de l’espace. Tel est le cas du calcul des indicateurs de texture locale et de la détection des points d’intérêt par comparaison avec le voisinage (Suleiman et al.) ou encore de l’approche multiniveaux pour la gestion de transition entre niveaux de détail (Thanh Vu et Gaio).

Ces articles illustrent les possibilités de reconstruction d’une l’information pertinente à partir d’enregistrements qui sont parfois dépourvus de sens a priori (traces de mobiles, vestiges, images, faits). Les développements proposés s’appuient sur des modèles soit pour re-construire des objets relevant de différents niveaux d’organisation (trajectoire, structure), soit pour re-construire et analyser des processus (changement, mouvement), soit pour re-construire des représentations (réalité augmentée, réalité virtuelle, réalité archéologique). Ces trois familles de re- construction ont servi de fil pour déterminer l’ordre de présentation des articles de ce numéro.

HÉLÈNE MATHIAN LÉNA SANDERS UMRGéographie-cités, CNRS, Paris

Tous nos remerciements aux relecteurs (du comité scientifique et lecteurs additionnels) pour leur lecture attentive et leurs suggestions stimulantes.

Alain Bouju – Université de la Rochelle, L3I

Joël Boulier – Université de Paris 1, UMR Géographie-cités Mickael Braesebin – IGN, Laboratoire COGIT, Paris

Thomas Devogele – Université François Rabelais de Tours, Laboratoire d’informatique

Pierre Dumolard – IGA, Grenoble

Mauro Gaio – Université de Pau et des Pays de l’Adour, Laboratoire d’informatique Didier Josselin – UMR ESPACE, CNRS, Avignon

Florence Le Ber – ENGEES, Laboratoire LHYGES, Strasbourg Hélène Mathian – UMR Géographie-cités, CNRS, Paris Sébastien Mustière – IGN, Laboratoire COGIT, Paris Marjorie Musy – CERMA Nantes

Nicolas Paparoditis – IGN, Laboratoire MATIS, Paris Christine Parent – EPFL, Lausanne

Anne Puissant – Université de Strasbourg, LIVE Xavier Rodier – UMR CITERES, CNRS, Tours Lena Sanders – UMR Géographie-cités, CNRS, Paris

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