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l'intrépide héroïne du cybermonde ? omine Lej vont-eiyj prendre les arinej, eon

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(1)

«Lara Croft»^femme de demain?

Lej filleJ vont-eiyj prendre les arinej, eon l'intrépide héroïne du cybermonde ? omine

Ce cannabis qui soigne

P S Y C H O L O G I E : C O M M E N T L E B É B É V I T A V A N T S A N A I S S A N C E - S P É C I A L

• p W f B i p H V O T A T I O I M S : Q U A N D

LU m l M i L E S S O L D A T S S U I S S E S É T A I E N T P A Y É S P A R L ' É T R A N G E R -

(2)

p r é v o i r é p a r g n e r i n v e s t i r

• V J

nou

n monde à partagea

I m a g i n e z u n e a s s u r a n c e f o n d é e sur u n v r a i p r i n c i p e d e m u t u a l i t é . U n e a s s u r a n c e q u i v o u s f a i t p r o f i t e r d e la t o t a l i t é d e ses e x c é d e n t s e t d o n t les c o n s e i l l e r s m é r i t e n t l e u r n o m . I m a g i n e z u n e a s s u r a n c e q u i p a r t i c i p e à l ' é c o n o m i e d u c a n t o n , q u i le c o n n a î t , q u i v o u s c o m p r e n d . I m a g i n e z u n e a l t e r n a t i v e d e

\ / ^ ) / ^ 7<S p ' a ce m en ts s i m p l e , s û r e e t p e r f o r m a n t e , d e s s o l u t i o n s

¿1 Q f Ç i a d a p t é e s , u n e r e l a t i o n

b a s é e sur la d u r é e .

I m a g i n o n s e n s e m b l e v o t r e p r é v o y a n c e , v o t r e é p a r g n e e t vos i n v e s t i s s e m e n t s .

R e t r a i t e s P o p u l a i r e s "fie

m u t u e l l e d ' a s s u r a n c e s

Spécial votations du 10 juin:

Quelle université pour le X X Ie siècle?

La question valait bien un débat à découvrir avant d'aller voter (page 26).

Peut-on envoyer des soldats suisses à l'étranger sans trahir la neutralité? Les centaines de milliers de mercenaires qui ont combattu dans toutes les armées d'Europe entre 1500 et 1848 ont ré- pondu oui. Rappelde leurj fait*» d'armer en page 10

S O M M A I R E

Bébé : faire connaissance avant le berceau

Il est loin le temps où l'on calait les nour- rissons dans un tiroir en attendant qu'ils grandissent. A l'heure du progrès tech- nique, le bébé est surveillé de près. Et l'on découvre un fœtus très actif. Explo- rations, jeux et érections commencent bien avant la naissance. Petite échogra- phie de la vit à naître, en page 18

M Ê 1) E G ! N E

Edito page 2

Cannabis: attention, ceci est un médicament!

page 3 D'une pratique «sauvage» à une étude scientifique page 5 Le saviez-vous? page 9

Quand led Suisses ensanglantaient l'Europe

page 10

60'000 soldats suisses engagés au même moment à l'étranger page 13 Mercenariat et neutralité: le chassé-croisé page 16

P S Y C H O L O G I E

Bébé: et si on faisait connaissance

avant le berceau?

page 18

Rêve-t-il déjà? page 21 Premier contact avec un prématuré page 25

IMPRESSUM Allez savoir!

Magazine de l'Université de Lausanne

№ 20, juin 2001 Tirage 22'000 ex.

48'400 lecteurs (Etude M I S Trend 1998) Internet: http://www.unil.ch/spul Rédaction:

Service de presse de l'UNIL

Axel-A. Broquet resp., Florence Klausfelder BRA, 1015 Lausanne-Dorigny

Tél. 0 2 1 / 6 9 2 20 71 Fax 0 2 1 / 6 9 2 20 75 uniscope@unil.ch Rédacteur responsable:

Axel-A. Broquet

Conception originale et coordination:

Jocelyn Rochat, journaliste à L'Hebdo Ont collaboré à ce numéro:

Patricia Brambilla, Michel Beuret, Sonia Arnal, Elisabeth Gilles et Giuseppe Melillo Photographe: Nicole Chuard Correcteur: Albert Grun

Concept graphique: Richard Salvi, Chessel http://www.swisscraft.ch/salvi/

Publicité:

Christophe Wüest, Agence Electron libre, 6, rue du Midi, 1009 Pully

Tél. 021 / 729 9881, fax 021 / 729 9881 e-mail: electron.Iibre@bluemail.ch Imprimerie:

Presses Centrales Lausanne SA Rue de Genève 7, 1003 Lausanne Photos de couverture:

«Lara Croft»: Paramount pictures Cannabis: www.arttoday.com

K Ki. h ; i o n I N T E R V I E W

Quelle université pour le XXI

e

siècle?

Débat contradictoire entre le recteur Jean-Marc Rapp

et Denis Ramelet, doctorant en droit page 26

Les taureaux sacrés de nos ancêtres

page 34 Mythique Minotaure page 37 Cybèle: le taureau châtré à la place de l'homme page 38 Sacrifié par Mlthra, le dieu franc-maçon de l'Antiquité page 40 Le taureau tricorne des Gaulois page 42

Femmes en armes: adieu Marilyn, bonjour Lara

page 43

Le modèle de la femme postmoderne page 44 Les criminelles des siècles passés page 48

A C T U S

Les lacs, océans des continents page 51

F O R M A T I O N C O N T I N U E

Demandez le programme page 53

(3)

È D I T O

Q u a n d Lara Croft a débarqué sur les écrans de nos ordinateurs, l'affaire ne faisait aucun doute. L'archéologue musclée du jeu informatique «Tomb Raider», ses seins surréalistes, ses longues jambes nues et ses revolvers frénétiques ne pouvaient être que le résultat tragi-comique d'un fantasme d'adolescent attardé. A l'époque où 9 5 % de ses fans étaient des porteurs de lunettes de sexe masculin atteignant à peine la trentaine d'années, cela suf- fisait à classer le dossier.

M a i s depuis, la réalité a parfois rat- trapé la fiction. Côté obscur de la Force, on a r é c e m m e n t vu une bra- queuse «aux gros seins» et son com- p a g n o n p r e n d r e p o u r cible un bistrot de la campagne bernoise. O n a appris l'existence de b a n d e s de jeunes filles qui semaient la t e r r e u r dans les toi- lettes de la gare de F r i b o u r g . O n a pu lire dans la presse q u ' u n e femme offi- cier dans l'armée suisse réclamait son incorporation dans les troupes de com-

bat, au même titre que les hommes. Et, dans un registre plus positif, on a d é c o u v e r t l ' e x i s t e n c e d ' u n c l u b d'admiratrices de Lara Croft qui se r e t r o u v e n t plusieurs fois par année avec armes et bagages d a n s le cadre de compétitions internationales où elles peuvent jouer à imiter les exploits de leur héroïne préférée.

A u t a n t d'anecdotes, autant de doutes.

Aurions-nous, dans un ultime cliché machiste, sous-estimé l'influence ou plutôt la valeur prophétique de la plus populaire des figures de jeux informa- tiques? Probablement oui, répond une sociologue de l'Université de Lausanne interrogée à l'occasion de la sortie d'une version de «Tomb Raider» calibrée pour les cinémas (voir en page 43).

S e l o n cette spécialiste des femmes guerrières, Lara Croft serait tout sim- plement «le modèle de la femme post- moderne, intelligente, libérée, indé- pendante et égale de l'homme». Un symbole de liberté et d'indépendance issu de l'univers des jeux informa- tiques? Lara nous est d'autant plus sympathique. Serait-elle aussi avant- gardiste quand elle annonce un univers où la femme devient l'égale de l'homme q u a n d il s'agit de presser la détente d'une arme à feu? La perspective est bien plus dérangeante.

H e u r e u s e m e n t pour nous, les statis- tiques suisses semblent nous tenir à l'écart de cette dérive de gros calibres.

Reste que les signaux en provenance des Etats-Unis sont nettement moins clairs. Et qu'il vaut mieux les surveiller avant qu'il ne nous reste plus que le choix des larmes.

« Jocetyn Roc bat

L'arme à l'œil

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1

M E D E C I N E

Cannabis:

attention, ceci est un médicament !

J^ientôt dépenaillé, le cannabu éera-t-U un jour prescrit dur ordonnance? On n'en eöt peu encore là.

Mci'u éeé propriétés thérapeutiques commencent à être pr'ued audérieux.

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1 3

(4)

Cannabis : attention, ceci ejt un medicament !

M I : M ; E : I N U

A

ujourd'hui, Christine n'a pas reçu son colis habituel de cannabis.

Confisqué par la police. Et une menace d'amende par là-dessus. Cette jeune femme atteinte de sclérose en plaques a beau expliquer au gendarme que la fumée de cette plante soulage la rai- deur musculaire, rien n'y fait: la loi, c'est la loi.

Le prénom est fictif, la situation bien réelle. Des histoires comme celle-ci, Eric J e a n n e r e t , secrétaire romand de la Société suisse de la sclérose en plaques, en a des dizaines à raconter.

Le récepteur du cannabis

Cette terrible maladie évolutive - qui, au stade avancé, aboutit à une paraly- sie généralisée - n'est pas la seule concer- née par l'usage thérapeutique «sauvage»

du cannabis. Mais c'est une de celles qui fait l'objet d'une étude scientifique en Suisse. Celle-ci se déroule sous la direc- tion de Claude Vaney, docteur en méde- cine de l'Université de Lausanne, neu- rologue et médecin chef de la Clinique bernoise, à Montana (lire l'encadré en page ci-contre). C'est là-bas que cin- quante patients testent les effets d'une plante aussi célèbre que mal connue, à bien des égards.

On a par exemple découvert ily a une dizaine d'années seulement l'existence d'un récepteur du cannabis. Le récep- teur est une molécule qui reconnaît les propriétés d'un produit, ses messages chimiques, et les transmet d'une cellule nerveuse à une autre. A quoi peut-il ser- vir, en l'occurrence? «Dans sa grande bonté, Dieu aurait-il voulu que l'homme

rencontre un jour le cannabis?», plai- sante Jacques Diezi, vice-recteur et pro- fesseur de pharmacologie et toxicologie à l'Université de Lausanne.

Deux études autorisées en Suisse

En fait, si ce récepteur reconnaît le T H C (tetrahydrocannabinol, principe actif du cannabis), c'est qu'il le prend p o u r un autre : un cannabinoïde endo- gène. Produit de notre chimie interne, présente naturellement dans notre cer- veau, cette molécule a été découverte encore plus récemment. Son dé- couvreur lui a donné le beau nom de

«anandamide» (de «ananda», «félicité»

L'utilisation du cannabis en médecine a inspiré aux Anglais un logo très pop

Le chanvre est utilisé comme ingrédient par une marque lausannoise de bières

Jacques Diezi, vice-recteur et professeur de pharmacologie et toxicologie à l'Université de Lausanne

D'une pratique «sauvage»

à une étude scientifique

étude menée par Claude Vaney, ' médecin chef de la Clinique bernoise, à Montana, porte sur cin- quante patients atteints de sclérose en p l a q u e s . U n e maladie qui concerne de 6000 à 8000 personnes en Suisse. «Il s'agit de fournir une base scientifique à une pratique rela- tivement courante. Des études anté- rieures ont en effet montré que le cannabis est utilisé assez communé- ment, sous sa forme fumée, par les malades atteints de spasticité (rai- deur des muscles). L'enjeu est donc d'apporter la preuve de son effica- cité. Les résultats définitifs devraient être disponibles à la fin de l'été», explique le neurologue.

PI

us économique

Contrairement à ce qui se passe au Centre de paraplégiques, à Bâle - où les tests se font avec le Dronabinol (substance active du Marinol) - à Montana, c'est la plante elle-même qui est prescrite, par voie orale. «Une for- mule qui a le mérite d'être beaucoup plus économique que le médicament américain (Marinol), relève Claude Vaney. Le produit-test se présente sous la forme d'une capsule qui contient des extraits broyés de la fleur entière. Résine comprise. Car cette substance, utilisée par la plante pour se protéger du dessèchement, contient le principe actif (THC).»

Claude Vaney,

docteur en médecine de l'Université de Lausanne

Est-ce au soleil du Valais que pousse ce cannabis? Mystère. Il est cultivé en Suisse en tout cas. Et mis en cap- sule en Allemagne, par une sous- firme de Weleda.

Adapter les doses

«L'herbe», comme on appelle aussi le cannabis, il en pousse partout. En- core faut-il en connaître avec préci- sion la qualité, et en particulier, le taux en T H C . «Dans notre étude, le taux en question est de 2,5 milli- grammes par capsule. L'exercice consiste à adapter les doses en fonc- tion des patients, de manière à obte- nir l'effet relaxant recherché pour lutter contre la spasticité. Mais il faut éviter d'en arriver à la sensation de fatigue. Celle-ci est en effet un des premiers signes que les effets psy- chotropes, indésirables en l'occur- rence, sont en train de se produire.»

Bientôt reconnu?

Les patients qui participent à l'étude reçoivent trois fois quatre capsules par jour. Ils remplissent un carnet de bord qui permet d'évaluer l'amélioration ou la détérioration de leur qualité de vie, sur la base de cer- tains critères (spasmes, sommeil, douleur, urine, etc.). N i eux ni le médecin ne savent si une capsule contient ou non l'extrait de canna- bis : c'est le principe du protocole «à double aveugle». Une tierce per- sonne, qui, elle, en connaît le contenu, adapte les dosages.

Quant aux malades qui ne sont pas concernés par l'étude, ils se débrouil- lent comme ils peuvent p o u r se pro- curer cette fameuse marijuana, autre nom, mexicain celui-là, donné à une plante qui n'a pas fini de faire par- ler d'elle. D'où l'espoir de Claude Vaney de voir un jour le cannabis reconnu pour son usage médical.

KG.

(5)

Cannabis : attention, ceci edt un médicament ! M iD E C I Ni

(mite de la p. 4) en sanskrit). Des avancées qui ou- vrent des pers- pectives en neu- r o p s y c h i a t r i e , même si tout cela reste encore affai- re de recherche expérimentale.

Plus concrète- ment, les deux autres études au- . torisées en Suisse portent, l'une sur

la fréquence et la gravité des crampes musculaires - au Centre suisse pour paraplégiques, à Bâle - , l'autre sur le traitement des nausées. Cette dernière, internationale, est menée à Saint-Gall.

Le cannabis stimulerait

l'appétit et combattrait l'obésité

Ya-t-il d autres domaines où «l'her- be du diable» pourrait exercer ses ef- fets? Sur internet, on trouve des sites qui énumèrent une vingtaine de mala- dies qu'elle pourrait traiter. «Bien sûr, on peut tout imaginer et faire des tests a t o u t hasard, remarque J a c q u e s Diezi.

Mais cela n'a pas beaucoup de sens. En définitive, c'est surtout comme stimu- lant de l'appétit, dans les cas d'ano- rexie, entre autres, que les potentiali- tés existent. Et, implicitement, pour le traitement de l'obésité, avec le déve- loppement d'un antagoniste (substance bloquant l'effet d'un cannabinoïde).

Là, l'intérêt commercial est énorme.»

L'intérêt commercial, on allait l'ou- blier. P o u r t a n t cette belle plante, cap- tivante sous de nombreux aspects, est à l'origine d'un médicament de syn- thèse américain : le Marinol. Il n'est pas inscrit dans la pharmacopée suisse, mais peut être autorisé «pour usage compassionnel».

Chimique ou cultivé?

Une trentaine de personnes en Suis- se en bénéficient, grâce à des autori-

Source de fantasmes, l'origine du cannabis utilité en médecine est démystifiée

ici par un chercheur anglais qui pose au milieu de son champ

(source: http:llwww.medicinal-cannabis.org)

sations de l'Office fédéral de la santé publique, obtenues par l'intermédiaire du médecin traitant, sur la base de cri- tères stricts. Trente personnes, pas plus? Non, parce qu'il n'y a pas plus de demandes», rétorque fermement Paul Dietschy, responsable des déro- gations.

M a i s p o u r q u o i d o n c p a y e r t r è s c h e r ce q u e la n a t u r e met g r a c i e u s e - m e n t à n o t r e disposition? «La chimie de la p l a n t e est t r è s c o m p l i q u é e , e x p l i q u e J a c q u e s Diezi. Le can- nabis est c o m p o s é

d ' u n e s o i x a n t a i n e d e c a n a b i n o ï d e s , d o n t le T H C . C e t t e s u b s t a n c e , c o n t e - nue d a n s la résine des p l a n t e s femel- les, a des effets t h é - r a p e u t i q u e s qui res- tent p o u r une b o n n e p a r t à d é m o n t r e r m a n i è r e definiti M a i s elle a aussi effets p s y c h o t r o p e O r les u n s et les autres sont difficiles à disso-

N N A B I S

cier. D ' o ù l'inté- rêt de d i s p o s e r d ' u n e molécule s y n t h é t i q u e c o n t r ô l a b l e , ci- blée, et sans ef- fets s e c o n d a i r e s indésirables.»

Une fumée toxique

C'est que, à l'état naturel, la plante produit ce fameux T H C à des taux variables, au gré de ses caracté- ristiques génétiques et du degré d'ensoleillement. Plus il fait chaud, plus le taux est élevé. D'où le joint, pas for- cément recommandé pour la santé, car c'est la combustion qui pose problème.

«Comme celle de toute cigarette faite de tabac, remarque J a c q u e s Diezi. O n a même prétendu que la fumée des ciga- rettes de marijuana est encore plus toxique que celle du tabac. C'est pour- quoi il est important, pour une appli- cation médicale, de rechercher d'autres voies d'exposition que l'inhalation, qui permettraient une efficacité compa- rable, sans les inconvénients de la fumée. L'administration orale ou l'inha- lation du produit purifié (aérosol, par exemple) pourraient être des solutions.

O u la voie sublinguale, qui permet un passage rapide dans la circu-

lation et donc un accès aux récepteurs.»

Bientôt en pharmacie?

Alors, les médicaments à base de c a n n a b i s d a n s

es b o n n e s p h a r m a - -+p.8

ATRE exemple d'utilisation légale du chanvre en Suisse:

une boisson apéritive

6 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1

Durant des siècles, le cannabis a été utilisé pour ses vertus médicinales.

La preuve par ce grimoire médiéval qui lui prête des vertus en période d'accouchement

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1

(6)

C a n il a b Li : attention, ceci edt un mèdica M E D E C I N E

cies, c'est p o u r q u a n d ? P a s d'en- t h o u s i a s m e intempestif. «Les indica- tions potentielles sont déjà occupées p a r d e s p r o d u i t s efficaces a u x q u e l s les firmes p h a r m a c e u t i q u e s se tien- nent f e r m e m e n t : c'est le cas, p a r exemple, d e s antivomitifs, analyse le toxicologue. E n r e v a n c h e , comme analgésique ou stimulant de l'appé- tit, le c a n n a b i s p o u r r a i t t r o u v e r u n c r é n e a u .

Mais on voit mal une grande entre- prise s'y intéresser actuellement. Les exemples récents montrent que ce sont plutôt les petites entreprises qui pren- nent des risques, quitte à être rache- tées ensuite p a r plus grosses qu'elles en cas de succès.»

Le thé à l'étude

L'Institut de médecine légale, à Lau- sanne, s'intéresse aussi à cette plante.

«Une étude est en cours pour tenter d'établir une corrélation entre la con- centration sanguine des principes actifs du cannabis et les capacités psycho- motrices, explique Christian Giroud, toxicologue. L'étude se fait avec du thé de cannabis que l'on trouve dans le commerce.»

P o u r q u o i le thé, alors q u e les con- sommateurs ont plutôt tendance à p r é - férer le joint? C'est q u e ce fichu végé- tal est décidément bien compliqué.

«Avec la fumée, le taux de T H C monte et descend très vite, poursuit le toxi- cologue. D'où des problèmes de timing p o u r nos mesures.» P a r voie orale, le t a u x monte lentement, les effets ne sont p a s immédiats et se prolongent dans le temps.

«Une d e m a n d e est d'ailleurs en cours a u p r è s du F o n d s national de la recherche scientifique p o u r entre- p r e n d r e u n e comparaison entre le D r o n a b i n o l (substance active du M a r i n o l ) , administré oralement, et le thé de cannabis. Mais, entre les a u t o - risations officielles et les commissions d'éthique, c'est un véritable p a r c o u r s

du combattant.» A côté de cela, aller acheter son p é t a r d au coin de la rue est u n jeu d'enfant.

Il est recommandé de chercher

Dans le dernier rapport sur le can- nabis de la commission fédérale pour les questions liées aux drogues, il n'est pas question explicitement, pour l'ins- tant, d'une distinction entre «usage thé- rapeutique» et «usage récréatif». Mais le texte mentionne que «des recherches sont recommandées, notamment des études cliniques contrôlées s'intéressant au cannabis fumé en plus des produits pharmaceutiques proprement dits».

Et ceci p o u r les cas suivants : trai- tements analgésiques, troubles neuro- logiques, nausées et vomissements sous chimiothérapie, glaucome et l'amai- grissement en cas de maladies graves.

Etuabetb Gilles

A L I R E :

U n chapitre est consacré au chanvre dans:

«Tout savoir

sur le pouvoir des plantes, sources de médicaments», Prof. Kurt Hostettmann,

Editions Favre (Lausanne, 1997)

L'autorisation

de la culture du chanvre en Suisse a permis la commercialisation d'une large

gamme de produits (huile, shampoing, bonbons...) qui invoquent les vertus réelles ou

fantasmées de la plante

L E S A V I E Z - V O U S ?

Les premiers écrits sur l'utili- sation médicinale du cannabis sont probablement ceux d'un manuel chinois de botanique et de médecine qui remonte à 4700 ans.

I Dans nos régions, cette herbe

est introduite dans la méde- cine populaire avec la pre- mière croisade et figure dans de nombreux ouvrages de médecine monastique.

I En 1848, le médecin anglais Robert Christinson note: «Il s'agit d'un médicament qui mérite des études plus appro- fondies.» Tout au long du XIXe

siècle, ses indications sont as- sez floues. Mais il a été utilisé notamment contre la migraine, les névralgies, les convulsions

Avant d'être mise à l'index par les autorités, le chanvre apparaissait

parfois dans des représentations symboliques de l'Etat, comme sur cette peinture de Germania par Philipp Veit, vers 1848

épileptiformes et les insom- nies. Avant d'être détrôné par plus fort que lui (l'opium, entre autres, qui était prescrit contre la toux). Puis, au début du XXe siècle par des médicaments synthétiques.

I En Europe, et par conséquent en Suisse, il y avait plus d'une centaine de médicaments à ba- se de cannabis sur le marché entre 1850 et 1950.

I Jusqu'en 1955, la pharmaco- pée suisse proposait une tein- ture à base de cannabis en trai- tement des cors aux pieds.

(7)

H I S T O I R E

Quand les Suisses

ensanglantaient l'Europe

En voyer ded doldatd arméd à L'étranger, comme Le propode La cotation fédérale du 10 juin ? Beau- coup ne peuvent d y rédoudre au nom de La dacro- dainte neutralité. Laquelle n 'a pad empêché ded cen- tamed de millierd de mercenaired helvèted de de battre durant ded diècled.

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N S 0 0 1

Paru, 10 août 1792: ^ des grenadiers de Fribourg meurent

en défendant les Tuileries

D

ans la paroi gréseuse de l'an- cienne carrière de Lucerne, un lion de neuf mètres se meurt. Etendu, une patte ballante, il protège de l'autre le lys de France. Dédiée «A la vertu et à la fidélité des Suisses», la sculpture rend hommage à la mémoire des mercenaires tombés au service de Louis XVI. Chargés de défendre le roi, alors retenu aux Tuileries, les 850 hommes de la Garde helvétique se sont fait massacrer presque jusqu'au dernier par les miliciens révolutionnaires.

C'était le 10 août 1792, l'un des der- niers hauts faits d'armes des Confédé- rés à l'étranger. Un carnage qui met un terme provisoire au mercenariat helvé- tique, en attendant que la Constitution de 1848 ne l'interdise et que ne subsiste dès lors que la Garde pontificale héris- sée de hallebardes. La fin d'une époque.

Pas de quartier !

Si certaines associations comme

«Honneur et fidélité» (1) célèbrent encore aujourd'hui cette gloire passée, la réalité historique est, hélas, bien plus sordide. Mais le mythe a la vie dure.

«La dimension glorieuse du mercena- riat suisse existe bien sûr, admet le pro- fesseur Alain Dubois, lui-même ancien lieutenant-colonel. La fidélité à l'em- ployeur est une des qualités qui a fait sa renommée. Mais cette vision a long- temps occulté l'aspect anarchique, sau- vage, brutal de ces hommes. Ils avaient la réputation de ne pas faire de pri- sonniers et de massacrer les vaincus.»

Sauf bien sûr les nobles ou les riches.

«En ce cas, ils espéraient en retirer une rançon. Cela a choqué dans les armées encore chevaleresques où ce n'était pas la c o u t u m e . » P l u s p r a g m a t i q u e , Machiavel écrit dans son «Art de la g u e r r e » : «Le riche désarmé est la récompense du soldat pauvre.»

Lors de la bataille de La Bicoque (1522 dans le Milanais) qui se solde par une victoire du Saint-Empire sur les

Mi lu nais. 1522:

le capitaine bernois Albert de Stein tombe à la bataille de La Bicoque

Français et leurs mercenaires suisses, la grande honte de ces derniers fut d'être faits prisonniers puis renvoyés chez eux.

Point d'argent, point de Suisse

Sanguinaires, ces hommes avaient aussi la réputation d'être vénaux. Des expressions françaises, passées dans le langage courant, en témoignent : «Point d'argent, point de Suisse», dit Petit- J e a n dans «Les Plaideurs» de J e a n

Racine. D e même, la formule «boire comme

un Suisse» trouverait une loin- taine origine chez les troupes au service du roi de France qui avaient la réputation d'ingurgi- ter d'énormes quantités d'alcool.

Des sauvages, nos ancêtres?

Certes pas la totalité des cen- taines de milliers d'hommes par- tis se battre à l'extérieur du X I Ve au X V I I Ie siècle. Pas aux y e u x de tout le monde non plus. Nico- las M a c h i a v e l ( 1 4 6 9 - 1 5 2 7 ) , chancelier florentin, ne tarit pas de louanges sur l'armée de milice suisse (2) qu'il considérait comme un modèle.

Les compliments de Machiavel

«Machiavel se méfie comme de la peste des Condottieri en Italie, peu enclins à livrer bataille pour éviter les pertes en hommes et en matériel et capables d'abandonner un employeur pour son rival s'il paie mieux, rappelle

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1

(8)

Quand led Suidded endanglantaient l'Europe H i S T o i R i;

Charles de Bourgogne, dit le «Téméraire», a appris à ses dépens

que les Suisses constituaient bien «la plus puissante armée du moment»

Alain Dubois. Après avoir vu les Suisses à l'œuvre, le chancelier est frappé par leur sens de la liberté et de l'égalité.»

Des valeurs républicaines, donc sub- versives dans une Europe de monar- chies. Mais pas assez pour que ces der- nières aillent chercher querelle à «la plus puissante armée du moment, du moins entre les guerres de Bourgogne et celles d'Italie». C'est que personne n'ignorait les débâcles des Habsbourg, ni le sort du pauvre Charles de Bourgogne, qui, de défaite en déroute et jusqu'à ce que mort s'ensuive, a honoré son surnom de

«Téméraire» (une manière polie de le déclarer «idiot» à la postérité).

Alain Dubois,

professeur à l'Université de Lausanne

Moins chers que la cavalerie et parfois plus efficaces

Pourquoi les Suisses, plus que d'au- tres, ont-ils fait du mercenariat un métier? «Tout commence lorsque les cantons primitifs ont dû défendre leur indépendance fraîchement arrachée a u x H a b s b o u r g , e x p l i q u e Alain Dubois. Modestes paysans sans che- vaux ni armures, ils ont développé des techniques de combat à pied. Au fil des victoires, ils se sont fait une réputation en battant des armées militairement supérieures.»

Peu à peu, les soldats suisses repré- sentèrent une offre sur le marché.

Moins chers que la cavalerie et parfois plus efficaces. «La Suisse était pauvre, les régions alpines et préalpines prati- quant plutôt l'élevage que l'agriculture, b e a u c o u p d'hommes étaient sans emploi l'hiver.» Le mercenariat offrait soudain de nouvelles perspectives.

Courageux,

mais peu disciplinés

La fin de l'hiver, avant la reprise des activités agricoles, était la meilleure sai- son p o u r mobiliser les Suisses, précise le professeur. Les motivations? O u t r e l'argent, «voir du pays, échapper à la justice ou à l'autorité d'un père. Par- tir, c'était aussi la promesse de butins, de fêtes et de conquêtes féminines.»

Mais les campagnes étaient de courte durée, «quelques semaines tout au plus.

Au-delà, les hommes se débandaient, retournant à leurs champs et à leur cher pays.» Aussi, les Suisses avaient-ils la réputation d'être coura-

g e u x , certes, m a i s aussi peu disciplinés hors c o m b a t q u ' u n e cour de récréation

Capitaine du régiment des gardes suisses de France. 1620

Au fil des siècles, les mercenaires se civilisent. «Ou plutôt, corrige Alain Dubois, la sauvagerie est domptée.

D ' u n e part, les employeurs se font plus exigeants, et d'autre part, vers la fin du X Ve siècle, les dirigeants des cantons utilisent ce potentiel militaire en échan- ge d'avantages financiers, douaniers,\

commerciaux de la part des Etats recruteurs. O u encore, une aide au cas où la Suisse serait attaquée. Le service étranger est alors un aspect de la poli- tique de neutralité.»

60'000 soldats suisses engagés au même moment à l'étranger

Et puis, les autorités commencent à craindre les effets néfastes de ces excursions sauvages, où de petites troupes conduites par un chef impro- visé ou un homme d'affaires, s'en al- laient guerroyer Dieu sait où, y com- pris contre d'autres Suisses au service d'un employeur rival (ils ont été jusqu'à 60 000 à se battre simultanément à l'étranger). Dernière motivation, toute helvétique à ce «domptage»: la disci- pline augmente la valeur marchande de la troupe.

Au début du X V Ie siècle se mani- feste p o u r la première fois une oppo- sition au service étranger. «C'est à cette période que le réformateur Zwingli, aumônier des troupes glaronaises à M a r i g n a n et témoin de la boucherie, nourrit un discours violent contre le mercenariat, ses effets déplorables sur le plan moral et physique de la solda- tesque : alcoolisme, infirmités, maladies vénériennes et autres.»

L'économie manque de bras

A u t a n t de bras qui viennent à man- quer à l'économie du pays. Les mer- cenaires suisses s'enga- geaient à l'âge de 16 ans et la mortalité dans

Ulrich Zwingli (1484-1531), opposant déclaré du service mercenaire

les batailles était élevée, «de 10 à 2 0 % en campagne, estime Alain Dubois. O n m o u r a i t d a v a n t a g e d ' é p i d é m i e s , d ' a u t a n t p l u s d é v a s t a t r i c e s q u e l'hygiène manquait.» Avec la Réforme, des cantons comme Berne et Zurich vont interdire le mercenariat, avant de le rétablir. Les arguments économiques pèsent plus lourd que la morale zwin- glienne. «La controverse avec les can- tons demeurés catholiques est une des raisons - pas la seule, bien sûr - de la division confessionnelle du pays. Si les cantons primitifs sont restés catho-

(9)

Quand lej Suidées ensanglantaient l'Europe I I I S T O I K I;

Quand il menait campagne,

Louis XIV engageait des soldats suisses pour donner de l'éclat à son soleil

Le retour du soldat, selon Freundenberger de Berne (1745-1801). A noter que le mot

nostalgie a été inventé par le médecin J.-J. Ha rder en 1678 pour parler du mal du pays

que ressentaient les soldats suisses engagés par des puissances étrangère,)

liques, c'est beaucoup parce qu'ils n'ont pas voulu renoncer à la manne du mer- cenariat.»

A l'origine de la neutralité

N o u s touchons ici à l'une des ori- gines de la neutralité suisse. «Dès le X V Ie siècle, le pays se trouve paralysé p a r l'opposition entre partisans des alliances française, savoyarde, pontifi- cale, impériale et espagnole, ainsi que par sa division confessionnelle.»

Le pays se rend compte peu à peu, que les conflits à l'étranger mettent la

Confédération en danger. Jusqu'ici, «de peur que les puissances étrangères se mêlent de ses luttes intestines ou que ses alliances militaires ne se retournent contre elle, la Suisse décide de s'abste- nir de prendre parti. C'est une pratique, pas encore un principe ou une doctrine.»

L'apogée du mercenariat

En outre, les Suisses prennent grand soin à régler leurs comptes pendant des guerres civiles de courte durée, profi- tant des moments où leurs puissants voisins vaquent à d'autres tâches.

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J u , N 2 0 01

Pour autant, on retrouve des Suis- ses sur tous les champs de bataille au cours de la guerre de Trente Ans ( 1618-

1648) et des campagnes de Louis XIV.

Le X V I Ie siècle marque l'apogée du mercenariat : pour les «entrepreneurs»

militaires suisses, c'est une des der- nières occasions de gagner beaucoup d'argent. «Certains chefs vont se cons- tituer de grosses fortunes. Le palais des Stockalper à Brigue (VS) ou la de- meure des Frôler à Nâffels (GL) en témoignent.»

Les armées deviennent permanentes

Paradoxalement, la fin de ce siècle de guerres et de calamités inaugure aussi le déclin du mercenariat helvé- tique. «L'évolution des techniques mili- taires et de la tactique font que la condi- tion de soldat perd de son attrait, rappelle Alain Dubois. Les armées deviennent permanentes, les nouvelles formes de combat rendues nécessaires par l'omniprésence et l'amélioration des armes à feu exigent une formation plus poussée.»

Le drill apparaît. La discipline est renforcée. En temps de paix, la troupe est de plus en plus casernée. Les pos- sibilités de faire du butin s'amenuisent.

La solde diminue. «Les propriétaires de régiments et de compagnies sont de

Régiment suisse Hessy au service de la France.

Grenadiers, Ordonnance de 1693

plus en plus étroitement surveillés par les gouvernements qui les engagent. Ils ne peuvent plus, comme autrefois, encaisser un financement de 120 hom- mes alors que l'effectif réel n'est que de 50.»

La concurrence de l'industrie

Le mercenariat se fait d'autant moins intéressant qu'en Suisse, la Ré- volution industrielle a créé des emplois mieux payés. Signe des temps, de gran- des familles comme les Von Reding à Schwytz, traditionnellement merce- naires, se tournent vers l'industrie tex- tile. Au niveau politique, enfin, «on commence aussi à se demander si le mercenariat et les alliances multiples sont compatibles avec le droit des neutres, en pleine évolution».

Pourtant, le mercenariat pesait encore dans la balance. «En 1750, note le professeur lausannois, Heinrich Waser de Zurich est exécuté pour tra- hison de secrets d'Etat, notamment p o u r avoir condamné le service mer- cenaire non plus seulement sur le plan moral, mais sur la base de documents g o u v e r n e m e n t a u x qui montraient, selon Waser, que l'argent français encaissé ne compensait pas, économi- quement, le sang versé.»

Du sang et pas d'impôts

A l'heure du bilan, les sanglantes épopées des Suisses ont-elles enrichi le pays? «Indéniablement. Si le simple soldat n'a pas fait fortune, ses services ont doré le blason du village, grossi la fortune des élites, nourri le trésor des cantons. En Valais, par exemple, les pensions étrangères ont longtemps per- mis de ne pas lever des impôts.»

Mais cette forme particulière d'émi- gration saisonnière a aussi influencé la culture du pays : «Les élites s'inspirent des «bonnes» manières de leurs voisins.

Bon n o m b r e de mercenaires revien- nent avec un b a g a g e linguis- tique, le patriciat bernois se met à

parler français. Vêtements, architec- ture, argenterie, techniques, savoir- vivre, tout ce qui n'a pas poussé sur nos pâturages a été importé.»

Si la Constitution de 1848 interdit le mercenariat, les autorités vont appli- quer la loi avec tolérance. Des Suisses continueront à s'engager. Avec d'autres motivations. Tant lors de la guerre d'Espagne, aux côtés des Républicains, qu'au service de l'Axe, l'idéalisme a remplacé l'argent. Ce que la Suisse sanctionne. En revanche, elle se montre plus indulgente à l'égard des engagés dans la Légion étrangère. O n ne renie pas six siècles d'histoire.

Michel Beuret

(1) «Honneur et fidélité:

histoire des Suisses au service de l'étranger», Capitaine de Vallière, avant-propos de H.Guisan, U.Wille, préface de G. de Reynold, Lausanne, Ed. d'art suisse ancien, 1940 (1913).

(2) Le Rapport sur les choses de l'Allemagne (1512), Le Prince (1513),

L'Art de la guerre (1519-1520).

A LIRE

«Gente Ferocissimaj

mercenariat et société en Suisse ( X Ve- X I Xe siècles)»,

recueil offert à Alain Dubois, Lausanne/Zurich,

Editions d'En bas, Chronos, 1997.

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1

(10)

Quand led Suidded ensanglantaient l'Europe

11 1

S T O I R E

Mercenariat et neutralité : le chassé-croisé

Reprise de Grandson par les Suisses et défenestration de la garnison bourguignonne.

Mars 1476

\Du XIV

e

au XVI

e

siècle: les troupes suisses, mercenaires ou non, jouent un rôle actif et par- fois déterminant dans les con- flits européens. Des guerres de Bourgogne à celles d'Italie, les Confédérés possèdent la plus puissante armée d'Europe.

1515 : bataille de Marignan, les

soldats suisses sont défaits. C'est le début de la «neutralisation»

du pays. Depuis lors, la Confé-

dération n'interviendra plus dans les guerres hors de ses fron- tières. Les souverains étrangers sont toutefois autorisés à recru- ter des mercenaires sur le terri- toire helvétique.

Guerre de Trente ans (1618-

1648) : la Confédération se tient

à l'écart. Et interdit - avec un succès relatif - le passage de troupes étrangères sur son terri- toire. Au-dehors, ses ressortis- sants continuent à guerroyer.

I 1648: le Traité de Westpha-

lie reconnaît l'indépendance de la Confédération. La neu-

tralité s'érige peu à peu en doctrine. Le mercenariat continue.

1798-1813: occupée par les

troupes françaises, la Suisse n'est plus un Etat indépen- dant. Des hommes seront mobilisés dans les troupes napoléoniennes.

Bataille de Marignan, par Hodler

Compagnie des Cent-Suisses de la garde sous Louis XIII, 1625.

Hallebardier et officier

Bataille de la Bérésina, 27-29 novembre 1812.

Led débris des 4 régiments suisses attaquent les Russes à la baïonnette

Garde du drapeau Swisscoy à Suva Reka

I 1815: au Traité de Vienne, les

puissances reconnaissent «la neutralité perpétuelle» de la Suis- se. Mais le mercenariat renaît.

I 1848: la nouvelle Constitution

amène la création d'une armée fédérale et interdit le service à

l'étranger.

11936: des résistants suisses par-

tent se battre aux côtés des Républicains pendant la guerre d'Espagne.

1939-1945: dès les débuts de la

Seconde Guerre mondiale, la Suisse rappelle sa volonté de res- ter neutre. Avec un certain op- portunisme toutefois. D'autres parlent de «réalisme». Epargné en 1945, le pays renforce le sens de sa neutralité.

1946-1989: pendant la guerre

froide, la Suisse adopte la doc-

trine dite de «neutralité active».

Officiellement, elle ne se range ni dans le camp de l'OTAN, ni dans celui du Pacte de Varsovie.

Mais les Soviétiques ne sont pas dupes. En 1963, ils ne recon- naissent plus la neutralité suisse en cas de conflit.

I 1993 : le rapport sur la neutra-

lité limite cette dernière à un

«noyau dur». Le Conseil fédé- ral modifie la doctrine, se don- nant la liberté de suivre les résolutions de l'ONU, comme en 1998, l'embargo sur les armes à destination de la You- goslavie.

1999: la guerre au Kosovo dé-

bouche sur une grande confu- sion dans l'application de la doctrine. La Suisse refuse le sur- vol de son territoire par les troupes de l'OTAN, respecte l'embargo de l'ONU et poursuit ses propres exportations d'ar- mes à l'OTAN.

1995-2001: le développement

de l'ingérence humanitaire, les

réformes successives de

l'armée, l'implication crois-

sante de la Suisse dans l'OSCE,

sa collaboration avec le Parte-

nariat pour la Paix et la pers-

pective du vote de l'entrée de la

Suisse dans l'ONU relancent la

controverse. Faut-il que des sol-

dats suisses en armes partici-

pent au maintien de la paix à

l'étranger? Réponse dimanche

10 juin, dans l'après-midi.

(11)

P S Y C H O L O G I E

J^nerte, lefœtLU?

1

Peu vraiment. Explorations, jeux, érections commencent bien avant la ndiééance. Petite échographie de la vie à naître

Bébé : et si on faisait connaissance

avant le berceau?

I

l est loin le temps où l'on emmaillo- tait les nourrissons, bras rangés le long du corps, et où on les calait dans un tiroir en attendant qu'ils grandis- sent. O ù on les pensait aveugles et s o u r d s . D e s m o i t i é s d ' h o m m e . Aujourd'hui, à l'heure du progrès tech- nique et de l'enfant souvent unique, le nourrisson est guetté, soigné, surveillé de près, hautement espéré dans la plu- part des cas. Loin d'être un ridicule amas de chair, le bébé est désormais une personne à part entière.

Sensorialité du fœtus

Fallait-il en rester l à ? Bien sûr que non. O n imagine aujourd'hui toute une vie in utero, puisqu'au cours de ces dix dernières années, le gène explora- teur des chercheurs a fait reculer la bar- rière des connaissances. P o u r établir que, à la suite des études du Français J e a n - P i e r r e Lecanuet, le fœtus aussi est capable de perceptions sensorielles.

Ainsi, l'être recroquevillé dans le ventre de sa mère n'est pas une chose inerte,

un espoir immobile. Il n'est pas un œuf informe et passif qui attendrait genti- ment d'éclore à la naissance.

Non. Voilà que cet étonnant «mys- tère du désir qui s'incarne», comme le formule joliment Françoise Dolto, per- çoit. Sent. Goûte. Touche. «On sait au- jourd'hui que la sensorialité du fœtus suit une maturation progressive tout au long de la grossesse», affirme Carole M u l l e r N i x , p é d o p s y c h i a t r e au S U P E A à Lausanne (Service univer- sitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent). Ainsi des récepteurs se forment dans la bouche dès la douzième semaine, suivis par un développement graduel des sens olfactif, gustatif, audi- tif et visuel (le fœtus ouvrirait les pau- pières dès la vingtième semaine).

Un utérus pour apprendre

L'utérus n'a d o n c rien d'une cham- bre noire. Il s'apparenterait plutôt à un bain sensoriel où les b a t t e m e n t s de c œ u r de la mère, sa voix et les bor- borygmes de ses intestins se mélangent

Pendant des siècles,

on a emmailloté et immobilisé les nourrissons que l'on croyait aveugles et sourds, en attendant qu 'ils grandissent

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1 1 9

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Bébé : et si on faisait connaissance avant le berceau ? P S Y C H O L O G I E

L'écbograpbie

donne souvent un aperçu de la vie in utero de l'enfant

a u x bruits de l'extérieur. Espace d'odeurs aussi, puisque certaines substances (épices, ail) franchis- s e n t la b a r r i è r e p l a c e n t a i r e . A u t a n t de stimulations senso- rielles qui empreignent sans doute l'enfant en devenir, le pétrissent déjà tout en l'invitant à participer à la découverte de la vie : «L'enfant est très sensible au placenta, parce que c'est un organe stimulant sensoriellement, à cause de sa chaleur et de sa consis- tance. O n a pu observer que dans ses phases d'éveil, il le touche, l'explore ou «joue» avec le cordon ombilical», poursuit Carole M u l l e r N i x .

A chacun sa personnalité

Après avoir suivi plusieurs couples de jumeaux tout au long de leur ges- tation, la psychiatre italienne Romana Negri parle même de «stratégies com- p o r t e m e n t a l e s » dès la vingtième semaine. Parce que chaque fœtus a une manière de se mouvoir caractéristique, une position qu'il préfère, un tonus par-

Carole Muller Nix, pédopsychiatre au Service universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, à Lausanne

ticulier, qui en fait un être plus ou moins curieux, agité ou serein.

«Quand on fait des prélèvements du liquide amniotique de longue durée, certains fœtus viennent acti- vement toucher l'aiguille... J e suis con- vaincu que chaque enfant a déjà in utero des réactions différentes, une vie à lui, un comportement qui lui est propre», confirme Yvan Vial, écho- graphiste et maître d'enseignement à la Faculté de médecine de l'Université de Lausanne.

Aux origines de la vie

Des échanges entre la mère et le fœtus ont donc bel et bien lieu. Cer- tains spécialistes avancent même que le contenu psychique de la mère, ses élans de joie, d'excitation ou de tris- tesse, modifieraient le goût des hor- mones transmises au fœtus et de là influenceraient son état psycho-com- portemental...

Hypothèse. Reste que tout progrès dans la connaissance apporte simulta- nément son faisceau de nouvelles ques- tions. Comme si toute avancée scien- tifique révélait en vis-à-vis un champ inexploré, que chaque pas en terre meuble ouvrait une brèche inconnue juste en dessous : «Certes, le fœtus per- çoit beaucoup de choses, mais com- ment? Entend-il u n i q u e m e n t p a r l'audition ou par des aspects kines- t h é s i q u e s v i b r a t o i r e s ? » i n t e r r o g e Carole Muller Nix.

De même il est difficile de cerner l'instant précis où le fœtus devient une personne distincte, où il n'est plus

«dans sa mère mais avec elle», comme l'écrit l'éthologue français Boris Cyrul- nik dans son dernier ouvrage, «Les

vilains petits canards» (Ed. Odile J a c o b ) . A quel stade de la gestation y a-t-il naissance du sujet? L'étincelle biologique est-elle aussi le début d'une histoire identitaire, identifiée?

Rêve-t-il déjà?

Si on a pu déceler une alternance des différents types de sommeil chez le fœtus, incluant donc une phase de som- meil ressemblant au sommeil paradoxal ultérieur, peut-on en déduire qu'il rêve? De même, le fait que le fœtus ait des érections dès la 2 3e semaine im- plique-t-il qu'il soit déjà animé par des désirs sexuels? P o u r François Anser- met, professeur de pédopsychiatrie au S U P E A , voilà un saut logique à ne pas franchir : «On entre là dans le domaine des spéculations. Si le fœtus a une capa- cité de perception, cela ne signifie pas pour autant qu'il ait une capacité de

représentation. Le bain amniotique n'est pas un bain de langage.»

Beaucoup de réactions sont ainsi d'ordre mécanique, et non la réponse d'une présence subjective. Tout sim- plement parce que, rappelle Carole Muller Nix, le fœtus n'a pas encore une maturité corticale. S'il réagit effecti- vement par une accélération cardiaque ou un mouvement de succion à une composition musicale, par exemple, cela ne signifie pas pour autant qu'il manifeste une préférence.

Education prénatale

Après avoir, p e n d a n t des siècles, ignoré le potentiel de l'enfant à naître, c'est bel et bien l'extrême inverse qui nous guette aujourd'hui : le surinves- tissement, la surstimulation. A l'instar de ces écoles californiennes où il est question d'éduquer le fœtus, histoire

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Bébé : et si on faisait connaissance avant le berceau ?

P S Y C H O L O G I E

François Ansermet,

professeur de pédopsychiatrie au SUPEA

période d'apprentissage qui prépare à la naissance. Laquelle n'est d'ailleurs plus considérée par les psychologues comme un traumatisme ou une rupture.

Mais davantage comme un épiphéno- mène, qui n'interrompt en rien la conti- nuité d'existence du fœtus. D'ailleurs, le nouveau-né préfère la voix de sa mère à toute autre voix ou son dès la naissance.

Mais comment vit-il l'instant de la naissance, ce passage d'un absolu à un espace défini, ce débarquement plus ou moins brutal dans le monde de la gra- vitation, où bruits, lumières, couleurs s'entrechoquent? Naître, c'est renon-

cer à la globalité, au grand tout, renon- cer aux pleins pouvoirs de l'apesanteur pour avoir une chance d'exister. Voilà que le bébé est devenu, aux y e u x des parents, fille ou garçon, et que, d'un seul coup, ses poumons doivent ap- p r e n d r e l'oxygène.

L'assaut des sensations

Autant de stimulations extérieures que la présence de la mère, outre son évidente fonction nourricière, sert à fil- t r e r : «Le nouveau-né est un être pul- sionnel qui est assailli de sensations, faim, froid, troubles digestifs, etc. Les

d'en favoriser préventivement le déve- loppement intellectuel... «On n'a aucune idée du devenir de ces enfants, de l'impact cérébral que peut avoir cette tentative d'éducation précoce», souligne Carole Muller Nix.

Un avis que partage François Anser- met: «Il faut rester prudent. C'est très bien de tenir compte de la sensibilité du fœtus, mais on a aussi vite fait de s'en servir pour culpabiliser les parents. Et puis, où s'arrêtera-t-on? Un jour, on ob- servera que la queue des spermatozoïdes bouge davantage avec un air de Verdi...»

La naissance ; un passage

Les spécialistes sont d'accord: il s'agit surtout d'accompagner les com- pétences du fœtus plutôt que de les sti- muler. Neuf mois de gestation. Qui ne sont ni un tremplin à Q I ni un no man's land. Mais un sas, une poche de tran- sition pour a p p r é h e n d e r la vie, une

2 2 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1

parents sont là pour agir sur ces sti- mulations, y répondre et leur donner un sens. Ils jouent le rôle de pare-exci- tation», explique Carole Muller Nix.

Des bras qui bercent, des mains qui endiguent l'inquiétude, des voix qui caressent et enveloppent comme un voile protecteur cette vie qui commence.

Rien que des gestes intuitifs, au fond, qu'il n'est pas nécessaire d'apprendre.

Mais qui sont autant de gestes indis- pensables: «L'enfant a besoin du relais de la mère, ou du père, qui lui présente le monde. Un bébé seul n'existe pas. Il faut que quelqu'un décode, détoxifie ses émotions, donne une cohérence à ce qu'il vit», poursuit la spécialiste.

Besoin d'une mère imparfaite

Si cette «préoccupation maternelle primaire», comme l'appelait le pédiatre et psychanalyste anglais Donald Win-

nicot, fait partie du domaine de l'inné, en revanche, il est une autre aptitude que les mères doivent souvent ap- p r e n d r e : le lâcher prise. En effet, et c'est un rassurant paradoxe, le bébé a besoin d'une mère imparfaite pour se développer : «Elle doit savoir s'oublier, certes, mais aussi lâcher son attention pour que l'enfant acquière une auto- nomie. Dès la naissance, il a une cer- taine indépendance.»

L'idéal est ici l'ennemi du bien : une mère qui serait omniprésente, à tout instant, ne permettrait pas à son enfant de se différencier d'elle, «ce serait un envahissement de l'autre, un empiéte- ment problématique». Ainsi, l'absence, progressive bien sûr, aide l'enfant à se construire. Car c'est par le jeu de l'éloi- gnement que la pensée du nourrisson se structure peu à peu. Ce sont ces moments de courte attente qui lui per-

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1 2 3

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Bébé : et di on /aidait connaiddance avant le berceau ? P S Y C H O L O G I E

O n l'aura compris : dès les premiers instants, la vie n'est qu'un long chemin vers l'autonomie. A petits pas, il s'agit donc d'aider à couper le lien de dépen- dance biologique. Une démarche im- possible sans un environnement de confiance et d'amour. Faut-il rappeler la triste expérience menée par Frédé- ric II de Hohenstaufen (1194-1250)?

D a n s une chambre, un lot de bébés. A leur service, un bataillon de nourrices confirmées. La consigne : les nourrir et les changer, mais ne pas leur parler dans le but de savoir quelle langue allait émerger. Résultat : non seulement au- cun n'a parlé, mais tous ces enfants ont fini par mourir.

Les nourritures affectives

Une tragédie qui prend valeur de parabole. Carole Muller Nix : «L'enfant est d'abord nourri par l'investissement affectif. Il faut que les mères et les pères osent communiquer leur amour à leur manière, que ce soit par les gestes ou la parole. Mais il est capital que l'enfant le perçoive.»

Au fond, d é n o u e r le cordon ombi- lical sert aussi à cela: à mieux s'atta- cher par le cœur. A tisser avec l'enfant d'autres liens. D e ceux qui en feront un être à part entière. A la h a u t e u r des hommes.

Patricia Brambilla

mettent de se forger des préimages mentales. De «créer» p a r exemple le sein maternel, de «l'halluciner» quand il en a besoin. Et de l'appeler. «Il faut que la mère soit suffisamment présente à l'enfant et suffisamment capable de le lâcher», résume Carole Muller Nix.

Vivent les jeux du coucou

D'où l'intérêt des enfants pour les jeux du coucou. P o u r le tout-petit, l'autre n'est pas complètement autre, mais se situe dans une aire d'illusion ou de transition (Donald Winnicot).

Cet intérêt pour l'objet qui disparaît et réapparaît est une tentative d'ap- prendre déjà la séparation, la distinc- tion entre les êtres.

P R E M I E R C O N T A C T A V E C U N P R É M A T U R É

Un prématuré dand da couveude, au CHUV, à Laudatine

I 7 tablir un contact avec un

nouveau-né semble tenir ' 1 de la haute voltige de la tendresse. Mais que dire d'un pré- maturé, qui doit rester en cou- veuse pendant des semaines, voire des mois ? «C'est vrai que les mères ont souvent le sentiment que leur enfant ne les aime pas ou ne les veut pas, parce qu'il ne répond pas à leurs signaux. Mais il faut savoir que le prématuré a une immaturité de base, au niveau du tonus. Il regarde moins longtemps, il est moins réactif, tout simplement parce qu'il dis- pose de moins de moyens», explique Carole Muller Nix, pédo- psychiatre au SUPEA, à Lausanne (Service universitaire de psychia- trie de l'enfant et de l'adolescent).

Rien à voir avec une absence de

sentiments, donc. Juste une inca- pacité provisoire à l'échange.

Autant le savoir pour ne pas se culpabiliser, «pouvoir supporter l'incertitude de ces quelques mois et oser investir un enfant même s'il ne répond pas toujours».

Mais faut-il le stimuler davantage pour combler le retard? En fait, il s'agirait plutôt du contraire: ne pas en faire trop. En effet, com- ment ne pas être trop intrusif, alors que les nombreux soins, les bruits répercutés parla couveuse, la lumière incessante sont autant de perturbations qui risquent d'empêcher le nourrisson de trou- ver son rythme veille-sommeil?

En revanche, il est un domaine spécifique où les prématurés doi- vent parfois être suivis de près:

l'alimentation. Comme ils ont une

immaturité du tractus œsopha- gien et digestif, ils font beaucoup de reflux. L'important est donc de maintenir malgré tout leur plai- sir de succion, pour qu'ils conti- nuent à se nourrir. Une tâche dont se charge l'hôpital.

Pour le reste, il s'agirait plutôt...

d'oublier que l'enfant était un prématuré : «L'essentiel est de ne pas rester sur cette naissance pré- coce. A la mère de dépasser son angoisse, le souvenir que son enfant a passé près de la mort.»

D'ailleurs, avec le temps, les é- ventuelles différences s'estom- pent: passé six mois, voire une année, bien malin qui pourra dis- tinguer un prématuré d'un enfant né à terme.

PB.

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I N T E R V I E W

Quelle université pour le XXI e siècle

10 juin prochain, led Vaudoid de pronon- cent dur un projet de réorganisation ded Hau- ted Ecoled de Laudanne

(UNIL et EPFL) et de Genève. Débat contra- dictoire autour de ced enjeux qui de chiffrent en miUiond.

Jean-Marc Rapp, recteur de l'UNIL

2 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N !

F

aut-il maintenir les études de phar- macie à l'Université de Lausanne?

Faut-il contribuer chaque année pour 4,6 millions à l'Ecole romande de phar- macie, après son installation à l'Uni- versité de Genève? Les citoyens vau- dois sont appelés à se prononcer le 10 juin sur ces deux questions. Des ques- tions «pièges» dans la mesure où le résultat de cette votation aura des conséquences capitales pour le déve- loppement futur de l ' U N I L .

Afin d'y voir un peu plus clair dans les enjeux f o n d a m e n t a u x qui se ca-

c h e n t d e r r i è r e le d é m é n a g e m e n t de la pharmacie, «Allez Savoir!» a orga- nisé u n e interview croisée e n t r e u n défenseur du projet, J e a n - M a r c Rapp, r e c t e u r de l ' U N I L et ancien d é p u t é libéral, et un o p p o s a n t qui est allé j u s q u ' a u Tribunal fédéral, D e n i s Ramelet, d o c t o r a n t en droit, q u i r e p r é s e n t e les é t u d i a n t s de sa faculté à la F é d é r a t i o n d e s Associations d ' E t u d i a n t s ( F A E ) et qui est égale- ment l'auteur de plusieurs articles cri- tiques s u r le sujet d a n s «La N a t i o n » , o r g a n e de la Ligue v a u d o i s e .

«Allez Savoir!» :

Quel enjeu donnez-voiu) aux votatioiu du 10 juin?

Jean-Marc Rapp : Techniquement, nous votons sur une petite partie d'un projet d'ensemble élaboré p a r trois Hautes Ecoles, l'Université de Lau- sanne, l'Université de Genève et enfin l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Il s'agit d'abord de transfé- rer trois branches de la Faculté des sciences de l'Université de Lausanne (la chimie, la physique et les maths) à l ' E P F L , et de regrouper à Genève tous les étudiants de pharmacie lausannois, à l'Ecole romande de pharmacie. Pour ces matières, nous visons des renfor- cements p a r coordination.

Notre projet contient également des innovations : la collaboration entre nos trois Hautes Ecoles dans le domaine des sciences humaines, où une série de dix thèmes d'études communs sont déjà définis, et dans le domaine des scien- ces de la vie, pour l'étude desquelles nous allons créer un lieu d'importance européenne voire mondiale. Ce «Cen- tre intégratif de génomique» ( C I G ) , établi dans l'actuel bâtiment de phar- macie, sera à la pointe de la recherche dans ce domaine, très porteur mais aussi très dynamique.

Denis Ramelet, doctorant en droit

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 0 J U I N 2 0 0 1 2 7

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