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DOCUMENTS FAUNISTIQUES ÉCOLOGIQUES ET
MÉTÉOROLOGIQUES
J. Kufferath
To cite this version:
J. Kufferath. DOCUMENTS FAUNISTIQUES ÉCOLOGIQUES ET MÉTÉOROLOGIQUES. Vie et Milieu , Observatoire Océanologique - Laboratoire Arago, 1963, pp.457-462. �hal-02932295�
DOCUMENTS FAUNISTIQUES
ÉCOLOGIQUES ET MÉTÉOROLOGIQUES
OBSERVATIONS DE CICATRICES DE MORSURES
CHEZ LES DELPHINIDES «
Nous avons eu l'occasion de capturer, par harponnage, des
Delphinus delphis et des Tursiops truncatus <2>, au cours d'une
expédition en Méditerranée occidentale, à bord de la Calypso affrétée, à notre intention, par le C.N.R.S. <3>.
La zone d'observation s'étendait au triangle Alméria, Gibraltar, île d'Alboran; les animaux dont il est fait mention ont été pris sur des fonds de 800 à 1 200 m, par mer 0, en août 1962.
Sur deux Delphinus (1 $ de 95 kg et de 2,10 m, 1 $ de 63 kg et de 1,80 m) et sur un Tursiops femelle (145 kg, 2,60 m), il a été observé qu'en plusieurs endroits du corps, soit au niveau du bec, soit au niveau des organes génitaux et de la fente anale, soit de la queue, ces animaux portaient des cicatrices importantes, paraissant relativement fraîches.
(1) Laboratoire de Physiologie acoustique, I.N.R.A., Jouy-en-Josas. Le groupe de travail comprenait MM. R-G. BUSNEL, A. DZIEDZIC, M. RIEU, H. SAINTIN
et F. VINCENT.
(2) Il s'agit probablement d'une sous-espèce méditerranéenne, dont la dé-termination reste à faire, et qui semble assez éloignée morphologiquement des exemplaires américains classiques.
(3) Croisière entreprise avec l'ensemble des moyens divers mis à notre disposition par plusieurs organismes, auxquels nous adressons ici l'expression de notre reconnaissance : C.N.R.S., Marine Nationale (D.C.A.N.), O.N.R. (contrat n° N 62558-2226), Bureau des Sciences Pures de l'O.T.A.N.
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-Ces traces se présentaient comme une érosion profonde, ayant enlevé toute une partie de la couche épidermique pigmentée et fai-sant apparaître, en sillon, le lard sous-cutané. Elles étaient toujours formées de lignes, séparées de distances assez régulières, et sem-blaient bien correspondre à des traces de morsures.
Il n'est pas possible de savoir s'il s'agit de morsures spécifiques, mais la mesure des écarts entre deux traces d'une même morsure montre qu'elle correspond très probablement aux écarts dentaires de l'espèce, c'est-à-dire environ 0,5 cm chez Delphinus delphis et de l'ordre de 1 cm chez Tursiops. Des exemples de ces morsures sont illustrés dans les figures jointes.
Il est permis de penser que chez ces Delphinidés grégaires qui vivent en hardes groupant des individus plus ou moins nombreux (jusqu'à 25 dans celles de D. delphis et 3 à 5 pour T. truncatus, rencontrées lors de cette expédition et dans cette région), les com-portements sociaux ne diffèrent pas beaucoup de ceux de Mammi-fères vivants en petites bandes, et que ces morsures sont le témoi-gnage soit de comportements sexuels, soit de dominances hiérarchi-ques.
Ces marques sont de forme différente des traces ou cicatrices rondes classiques de certains Mammifères marins et qui proviennent des ventouses de Calmars.
UN PROCÉDÉ SIMPLE DE FIXATION
DES HOLOTHURIES
La préparation et la fixation des Holothuries posent certains problèmes d'ordre pratique. La fixation directe au formol de ces organismes est impossible, l'animal réagissant violemment par une contraction générale et aussi par le rejet de ses viscères. Le résultat est que l'on obtient un objet de collection ratatiné et durci, n'ayant plus que de vagues similitudes morphologiques avec l'animal vivant et, en outre, privé d'une partie de ses organes internes.
Le système couramment utilisé consiste donc en une anesthésie préalable très lente, par additions limitées mais répétées à l'eau de
mer dans laquelle baigne l'Holothurie, de corps tels que l'alcool, le chloral, ou un sel de magnésium. L'opération demande une bonne dose de patience
Toutefois, même dans les conditions apparemment les plus prudentes, il est courant que certaines Holothuries, brusquement, « crachent leurs tripes », comme disent familièrement les biologis-tes. Il est, de plus, fréquent, par ce procédé, de n'obtenir qu'un exemplaire correctement fixé sur trois, voire sur quatre animaux traités. De là, la déception et la désaffection couramment constatées chez les jeunes biologistes pour ce groupe d'organismes.
Au cours d'un récent séjour au bord de la Méditerranée, et vu l'abondance locale extraordinaire des Holothuries (Holothuria polii délie Chiaje), j'ai pensé à essayer l'effet de l'asphyxie anoxique pour tuer ces animaux.
Mon idée de base était de renforcer la teneur en C02 tout en
abaissant (et si possible en annulant) la teneur résiduelle en oxygène dissous dans l'eau.
Pour ce faire, j'ai essayé deux procédés :
1) Addition ménagée d'eau gazeuse carbonique (Soda) à l'eau contenant l'animal.
2) Diminution progressive de l'oxygène par séjour de plusieurs animaux dans un volume d'eau restreint et accentuation de la pénu-rie en oxygène par un réchauffement progressif diminuant la solu-bilité de ce gaz dans l'eau et augmentant d'autre part le rythme respiratoire.
La première méthode n'est pas très commode et elle m'a causé le seul cas de rejet de viscères observé (sur un lot de six holothuries traitées). Les sujets étaient, en outre, peu étalés.
La deuxième méthode ne m'a, par contre, donné aucun déchet et a fourni des Holothuries en relative extension, tentacules buccaux visibles ou même occasionnellement étalés.
La technique est simple et applicable pratiquement partout. Voici comment j'ai opéré :
Les Holothuries avaient été récoltées en plongée et introduites
in situ dans un sac en plastique étanche (polythène) avec le
mini-mum possible de manipulation des animaux. Ramené à la rive, le sac était partiellement vidé de son eau de façon à avoir approxima-tivement un à deux volumes d'eau de mer pour un « volume » d'animal.
(1) Je passe sous silence, ici, le seul procédé réellement parfait, mais peu commode en excursion, qui consiste à attendre que l'Holothurie soit en exten-sion et à pincer alors brusquement et fermement l'anus, empêchant ainsi l'ani-mal de rejeter l'eau qui le gonfle, puis, dans cet état, à le fixer à l'alcool.
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-Revenu à l'hôtel, j'ai alors placé le sac soigneusement fermé du haut en y laissant le moins d'air possible, dans un lavabo rempli d'eau froide. Ensuite, j'ai ouvert légèrement le robinet d'eau chaude de façon à élever très progressivement la température du bain de 20° C à plus ou moins 50° C en une heure environ, après quoi cette
dernière température était maintenue jusqu'à disparition de tout signe de vie.
Dans ces conditions, les Holothuries meurent asphyxiées (ou cuites ?) en quelques heures au maximum. Les animaux sont en extension suffisante et sur une vingtaine de sujets traités en quatre lots, je n'ai pas constaté un seul cas de rejet de viscères.
Après mort des animaux, l'addition à l'eau du sac d'un dizième de son volume de formol à 40 g %, complétait la préparation.
Malgré l'absence d'autre soin et malgré des conditions de trans-port défavorables (dix jours en voiture) les animaux ainsi préparés sont arrivés à Bruxelles en état satisfaisant et, en moyenne, meilleur que selon les techniques habituelles.
G. CHERBONNIER, du Laboratoire de Malacologie du Muséum
National d'Histoire Naturelle, à qui trois exemplaires, choisis parmi les meilleurs il est vrai, ont été envoyés pour examen, donne ainsi son opinion de spécialiste : « ... le procédé... paraît excellent : les « téguments sont souples, les spicules intacts, les animaux peu « contractés, donc faciles à examiner et à disséquer ».
J'ai cru utile de signaler ce premier essai sommaire, afin que d'autres, mieux placés, contrôlent et affinent la technique proposée. Sans doute, pourrait-on tenter de traiter, de la même manière, d'autres organismes et obtenir des fixations en extension, non seu-lement pour le corps, mais peut-être aussi pour des appendices mous tels que les pieds ambulacraires, par exemple.
J. KUFFERATH
Bruxelles.
Fig. 2. — Delphinus delphis d : en haut, traces sur le bec; en bas, traces sur le ventre, au niveau génito-anal.