partielles – École Polytechnique
L. T ARTAR
Solutions oscillantes des équations de Carleman
Séminaire Équations aux dérivées partielles (Polytechnique) (1980-1981), exp. n
o12, p. 1-15
<
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SEM 1 N AIR EGO U LAO U 1 C - M E Y E R - S C H W ART Z 1980-1981
SOLUTIONS
OSCILLANTES DES EQUATIONS DE
CARLEMANby
L. TARTARExposé n
XII 20 Janvier1981
1
1.
INTRODUCTIONUn des
problèmes
essentiels concernant leséquations
aux dérivéespartielles
nonlinéaires
est decomprendre
comment uncomportement
auniveau
macroscopique peut
se déduire deséquations
decomportement
auniveau
microscopique.
Un des butsà
atteindre est decomprendre
la turbulencehydrodynamique.
D’un
point
de vuequalitatif
ils’agit
de savoir comment les"moyennes"
dedifférentes
fonctions sontreliées
entreelles ;
engénéral
il faut
rajouter
desgrandeurs macroscopiques supplémentaires
dontl’exemple
le
plus simple
est celui del’énergie
interne d’un gaz(cela
illustre le fait que la moyenne ducarré
d’une fonction estsupérieure
aucarré
dela moyenne de cette
fonction) ;
pour unsystème d’équations
donné(non
linéaire
évidemment)
il n’est pas facile de décrire les bonnes variablessupplémentaires à
introduire.A
l’approche probabiliste qui parlera
de bruits(trop
souventliés
à
un mouvementbrownien) je préfère
celle(qui
avaitpeut
êtreété utilisée
avanmoi) d’essayer
dedécrire
les limites faibles de solutionsd’équations
auxdérivées partielles
nonlinéaires ;
si les limites faiblesvérifient
la mêmeéquation
il n’est pas besoin de variablessupplémentaires,
sinon laquestion
se pose dedécrire
les limites et pour cela derajouter
les variables internesnécessaires.
Pour les
problèmes où
n’interviennent pas dedérivées
l’outil des fonctionsgénéralisées
introduites par L.C.Young
dans les années40
suffit. Dans le casoù
desdérivées
interviennent l’outil actuel est lacompacité
parcompensation
quej’ai développé
avec F.Murat;
cet outiln’est pas encore assez
puissant
et uneamélioration pourrait
venir d’unesynthèse
de ces idées avec celles des outils microlocauxdéveloppés
pour les
équations
auxdérivées partielles
linéairesqui,
pour lemoment,
ne sont pas
adaptés
aux vraiesdifficultés
nonlinéaires.
Le but de cet
exposé
est deprésenter
unphénomène
de propa-gation
d’oscillations pour deséquations
aux dérivéespartielles
non linéairesqui
n’a rienà
voir avec lapropagation
dessingularités.
Il est utile de
signaler
quel’importance pratique
dumodèle
de Carleman
considéré
ici(au
moins enthéorie cinétique)
estquasiment
nulle et
qu’il
seraitimportant d’étudier
lesphénomènes analogues
surdes
modèles plus
raisonnables. Une tentative dans cette direction est faite sur lemodèle
de Broadwell.2. RAPPELS SUR LES
EQUATIONS
DE CARLEMANLes
équations
de Carlemandécrivent
un gaz fictif(il n’y
apas conservation de
la quantité
demouvement) où
lesparticules
ne+
peuvent
avoir que les vitesses - 1(en
une seule dimensiond’espace)
et
où
2particules
de même vitessepeuvent
"interagir"
etdécider
d’aller toutes deux dans la direction
opposée.
Si u et vdésignent
les
densités
departicules
de vitesserespectives
+1 et -1 on obtientle
système
suivant :avec les
données
initialesLes
équations (1), (2) permettent
dedéfinir
unsemi-groupe (non-linéaire) S(t)
dont on connait lespropriétés
suivantesR1 : Si
o B4 -g Mo
0 alors la solution .(u,v) = S ( t) ()
existe surt
E [0,+-[
etvérifie 0 S u,v S M 0
.R2 : Le semi groupe
S(t)
est de contraction dansL(W)
X(il
est seulement
défini
sur les fonctionspositives).
. 00 00
R3 : S(t)
n’est pas( séquentiel lement)
continu sur L(IR)
X L(IR)
munide la
topologie faible *
.3
R4 :
Si0 ~ ~ ,~
avec dx = m alorspour une certaine fonction
C(m).
3. QUESTIONS
ET METHODESLa
première question,
assez naturellequand
on a R1 etR3.
estla suivante :
Ql :
Soit0 s c,
t c M o pour une suite e(tendant
vers0)
alorsles solutions
vérifient
aussi 0M ;
siw
et00
convergent
dans Lfaible
quepeut
on dire dec c c
La
deuxième question
estliée à R4 :
Q2 :
Soit 0 ~cp,’"
avec (pet ~ E L (JR) étudier
lecomportement à
t = +00 de la solution
(u,v) .
La
troisième question
estliée à R3
et concerne l’extension deS(t)
à
des mesuresQ3 :
Si est une suite de Xconvergeant vaguement
vers((x6
opôo)
o quepeut
on dire des solutionsc c
En
plus
depropriétés élémentaires
dusystème (1),(2)
:(3)
Conservation de lamasse
IR
(u(x,t)
+v(x,t) )
dx(4)
Invariance de(1)
par lechangement (u,v) - (Xu(Xx,Àt) ,
On utilisera le lemme de
compacité
parcompensation
suivant :Co 2 00 2
Lemme : Soit
(w ,z )
une suite deLoo (m2)
Xvérifiant
2013201320132013
E g + +
Alors si w et z
convergent
dansL (IR2faible Il
vers w et ze e + o 0
le
produit
wE z
E converge dans
L (IR2) faible il
vers leproduit
w0 z
0 .4.
RESULTATSif- Pour
répondre à
laquestion
1 on doit remarquer que la connais-sance des limites
due
est insuffisante pourcaractériser
les limites deu
etv y
il fautplus d’information,
comme parexemple
les limites des
puissances (p et %km
pour tout m(qui~
engénéral
ne se
déduisent
pas les unes desautres).
Il estimportant
de remarquer que, pour lemodèle considéré,
aucunecorrélation
entre (ûet
n’intervient.
Théorème
1 : Soit une suite(~,~) vérifiant
presque
partout
alors la suite des solutions
(u
c,v )
cvérifie
où
la famille(U 1 ..., V 1 ,...)
est la solutionunique
dusystème
infini5
vérifiant
les conditions aux limitesPrenons le cas
simple (le
casgénéral
n’est pastrès différent) où
la suite(m,)
TE est de la forme(9
tend vers0)
c
,
ou
(12)
a et bétant périodiques
depériode
1 dans ladeuxième
variable
(et régulières)
alors
et la solution du
système (9), (10)
esttrès simple :
Corollaire 1 : Sous les
hypothèses (11), (12)
la solution de(9), (10)
est
donnée
par’
où A,B
est la solutionunique (qui vérifie
oOn voit donc sur
(15)
que l’effet de la convergence faible seréduit à l’adjonction
d’une variable"d’espace" supplémentaire.
Si on nes’intéresse qu’aux
limites faiblesU1
etv1
ilsuffit, après
avoirrésolu (15),
de
supprimer
la variable y par uneintégration.
Un corollaire
important
dusystème (9)
estl’inégalité
suivante sur les.
Corollaire 2 : La variance
vérifie
1’inégalité
De même
Une des
conséquences importantes
est lapropagation
desoscillations,
ouplus précisément
la noncréation d’oscillations.
Corollaire
3
:Si q c
converge fortement(dans
sur un intervalleI alors
U~
converge fortement sur la bandecaractéristique ~ (x ~t) :
x-tE I ~;
de même
si %/ c
converge fortement surI, v £
converge fortement surOn voit donc que des oscillations en u ne
peuvent
pascréer
des oscilla- tions en v etréciproquement.
Remarque
1 : Onpeut,
yà partir
de cesrésultats répondre
auxquestions
2et
3, R2, R4
ainsi que(3), (4)
sont alors utiles. a7
Remarque
2 : Lesrésultats qui précèdent permettent
de trouver la limitefaible de toute fonction
(continue)
de U et v . Eneffet, puisque
c c
d’après
le lemmeuP vq
converge faiblement vers U V on connait le"
es" P q
résultat
pour toute fonctionpolynôme
et donc pour toute fonction continue.00
Dans le cas des données
(11)
on aF(uv)f
dans L- F- F-
faible *
où
5.
DEMONSTRATIONSThéorème
1 :D’après
Ri et(6)
on aOn
peut
donc extraire une sous suite telle que, pour m =ly2y ... ) um
e
converge dans
L oo faible "
vers U etvm
versV ;
le fait que les. m 2 m
(U ,V ) vérifient (9), (10) qui
a une solutionunique
montreraqu’il
m m
n’est pas
nécessaire
d’extraire une sous suite.D’après (1)
on aon
peut
doncappliquer
le lemmeà
w =um ,
z =vp
pour déduire queE E E E
um vp
converge dansL
faible * vers U V .e e m p
Cela
permet
alors de passerà
la limite dans(20)
pour obtenir(9), (10).
Pour montrer
l’unicité,
si(U ,V )
est une autre solution pour les mêmesm m
données
initiales on poseD’où
l’estimationMais comme on a
M . (22)
donne parrécurrence
o
,
, ,
d’ou on
déduit
tiquement
nul.Corollaire 1 : Il est facile de voir que
(15) a
une solutionunique vérifiant OA,BM .
o Il suffit de chercher unpoint
fixe del’appli-
cation
qui à A,B
associe(A,B)
solution duproblème découplé
c’est alors un exercice de
vérifier
que lesUm définis
par(14) vérifient
(9) (10).
Corollaire 2 :
d’ où
9
Mais on a
toujours, à
cause deU 0,
y u3>U1U2 :
: en effet enprenant
E
J
2la limite de U
(U -U )2
on obtient U ? 2U U - U U . DoncF- C 1
3
1 2 1 1 2Corollaire
3
: Comme 6 est ? 0 etdécroissant
lelong
des carac-2013201320132013201320132013201320132013 u
téristiques,
s’il est nul initialement sur I cela se propage sur la bandecaractéristique.
Mais siDe
converge faiblement versU1
etU
e
vers
U2
celaimplique
la convergence forte(dans Lp
poure 1 loc
tout p
+00)
deU
versU1 .
6.
GENERALISATION ET PROBLEMENous allons maintenant
considérer
unmodèle plus réaliste,
celui de Broadwell
Ce
modèle
est obtenuà partir
d’unmodèle plan à 4 vitesses,
introduiten fait par
Maxwell, où
lesparticules
ont une vitesse de module 1parallèle à
l’un des axes ; on suppose ensuite que les distributions sontindépendantes
de y et que les distributions departicules à
vitesse
parallèle à
y sontégales.
Les
propriétés
de cemodèle
sonttrès différentes
de celle de Carleman.(C’est
le cas pour tous lesmodèles
réalistes dethéorie
cinétique
desgaz).
On a lespropriétés
suivantesR’l : : Si
Mo
alors la solution(u,v,w) =
existe sur t
E L
etvérifie 0
yF(t,M ) . (La meilleure
0
borne
F(t,M )
n’est pas connue mais de toutefaçon
ce n’est pasM ) .
o o
Une borne locale en
temps F(t,M)
=M(l-tM) -1
est claire.00 0
R’3 :
:S(t)
n’est pas(séquentiellement)
continu surL ( 1R) 3 muni
de la
topologie
faible*.
R’4 :
Si la normeL1
desdonnées
initiales estpetite
alors on a0 s
u,v,w ~
kM0et
lecomportement
pour tgrand
estanalogue
aucas
linéaire
u -u(x-t) ,
v -v(x+t) ,
w -w(x) .
Si on
prend
une suite dedonnées
initialesvérifiant
0 S t~~,~~,x~ 5 Mo on peut
extraire une sous suite telle queSi on pose
grâce
au lemme Mais engénéral
Avec les mêmes
techniques
enécrivant
leséquations
satisfaites parC
etvn
on obtientE F-
Les
données
initiales pour Um
et V
n
étant données
parest limite de
est limite de
.11
On
déduit
de(24)
leséquations
sur les variancesau
et6v
On voit donc que les oscillations sur u se
propagent
et nepeuvent
pas être
créées
de même que pour v .La situation pour w est différente et les oscillations sur u et v
peuvent fabriquer
des oscillations sur w .Le
système (24) (25) peut
être résolu si on connaitW2 puisque,
après
avoircalculé
~ il sedécouple.
Onpeut
arriverplus simple-
ment au
résultat (qui
donne desexpressions compliquées
des U etV )
m n
de la
manière
suivante :On introduit les fonctions auxilliaires a et a solution de
E e
Pour avoir u
donnée
par la formulee
On voit ensuite en
appliquant
lestechniques précédentes
queoù
a et a sont solutions deAlors
(29)
donneOn fait ensuite de même pour v :
Et on obtient
On voit par
exemple
que(33) implique
13
(U 1
etV1
sont en faitdéfinis
par(24)
avec m=n=lpuis
on calcule- -
a,a,b,b
et ensuite on trouve tous les U etV
toutsupposant
m n
connu
W2).
On
porte (33), (36)
dansl’équation
donnantw £
pour obtenirOn voit sur cette
équation
comment les oscillations dem et
epeuvent créer
des oscillations surw E
même siOn voit aussi que des
corrélations
entre les valeurs deXc(x)
etseront
nécessaires
pourdécrire
w .e c e
Le
problème
est ouvert de savoir sià partir
de(33) (36) (38)
onpeut
donner un
système d’équations
sur les Lm,nyp
qui
lesdétermine
demanière unique.
7.
COMMENTAIRES ET BIBLIOGRAPHIELe
modèle (1)
aété
introduit par T. Carleman.Malgré
soncaractère irréaliste
il aété
souventconsidéré,
lapropriété
Rl dueà
I. Kolodner~5~
rendant l’existenceglobale aisée.
Lapropriété
R2se trouve dans M.G. Crandall
[2] (qui
attribue l’idéeà Liggett) ;
elle est d’ailleurs
équivalente à
la conversation de l’ordre dessolutions
associée à
la conservation de la massed’après
Crandall-TartarL33.
Lapropriété R3
est dueà Tartar[10J
etR4
est dueà
R. Illner- M. Reed[4].
Le lemme constamment utilisé ici est un casparticulier
de la
compacité
parcompensation développée
par F. Murat et Tartar.On
peut
en donner unedémonstration
directesimple ;
pour le casgénéral
voir Tartar
[81 [9].
Pour le
modèle
de Broadwell lerésultat
R’l est duà
Crandall Tartar(voir
TartarE7J) généralisant
unargument
de Mimura-NishidaL61
les autres
résultats
se trouvent dans TartarLiol.
Un des
problèmes importants
est de mettre uncoefficient 1
8
devant le terme nonlinéaire
et de faire tendreô
vers 0(6
estlié
aulibre parcours moyen entre deux
collisions) ;
une solutionpartielle
de ce
problème
aété
obtenue par R. Caflish - G.Papanicolaou [il.
L’étude
des oscillationspropagées
par lesystème pourraient
aiderà
la
solution complète.
Bibliographie
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[8]
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etcompacité
parcompensation. Séminaire
Goulaouic-Schwartz.Décembre 1978.
.15
[9]
Tartar L. :Compensated compactness
andapplications
topartial
differential