Irritations
Portfolios depuis 1980
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O M M U N I Q UÉ D E P R E S S EGenève, mai 2009.– Actuellement fermé pour rénovation, le Cabinet des estampes se déplace
dans les salles du Musée d’art et d’histoire pour poursuivre son programme d’expositions. La première des deux présentations qui seront organisées cette année est consacrée à une forme spécifique de l’art de la gravure : le portfolio. Le Cabinet des estampes en conserve plus d’une centaine. Huit d’entre eux ont été sélectionnés et sont montrés dans leur intégralité, c'est-à-dire de la page de titre jusqu’au colophon.
Par définition, un portfolio est une suite de planches libres, créées pour former un ensemble et conservées dans un même contexte physique, comme une boîte ou un cartable. Ce n’est pas une collection historique et ce n’est pas seulement un moyen de préserver des œuvres, c’est un choix délibéré de l’artiste ou de l’éditeur de constituer un ensemble. Ces portfolios peuvent contenir différentes contributions, de différents auteurs, abriter différentes techniques et aborder leurs sujets à travers des approches disparates, comme par exemple jouer sur la variation autour d’un thème ou, au contraire, établir une séquence définie, composée de plusieurs images.
L’origine du portfolio remonte à la fin du XIXe
siècle, lorsque le livre illustré et la suite reliée ne répondaient plus de manière satisfaisante aux exigences des éditeurs et des artistes. Presque toujours, et depuis les années 1980 souvent de manière radicale, les portfolios interrogent les phénomènes formels, les enjeux politiques et historiques, les questions éthiques et sociales, ainsi que les problèmes liés à l’environnement. La sélection pour cette exposition reste relativement restreinte et constitue une première approche. On y trouve une suite d’images consécutives (Christiane Baumgartner), un développement quantitatif accumulant des éléments visuels (Sandrine Guérin, Jonathan Borofsky), des variations de formes et des recherches visuelles (Fabrice Gygi, John M Armleder), des parties différentes du corps humain (Louise Bourgeois), une collaboration entre deux artistes travaillant avec deux médias distincts (AR Penck, ici en tant que poète et non comme peintre ou graveur en réaction aux estampes de Jörg Immendorff), ou encore des points de vue personnels sur une question politique et morale (comme dans le portfolio Artistes contre la torture).
Le fait qu’un portfolio contienne différentes planches non reliées offre la possibilité d’en apprécier le contenu d’une manière autre que celle réservée au livre illustré. Il permet aussi de renouveler les questions liées à l’expression artistique selon un point de vue qui n’est pas celui que l’on trouve dans une toile, un dessin, une installation ou une vidéo. Sur un plan intellectuel et artistique, ces caractéristiques constituent un atout fondamental, mais le format souvent considérable des planches rend difficile l’accrochage de ces dernières. L’exposition en cours est ainsi l’une des rares appropriations de ce sujet.
Commissaire de l’exposition : Christian Rümelin