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Pour le groupe Lettres : brève analyse des livrets de connaissances et de compétences

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Academic year: 2021

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Pour le groupe Lettres : brève analyse des livrets de connaissances et de compétences Maintenant que nous disposons des livrets de connaissances et de compétences qui vont servir à

« valider l’acquisition du socle », nous pouvons réévaluer ce dernier. Si le pilier 1 du socle (maitrise de la langue française) pouvait paraître parfois peu éloigné de ce que l’on attend aujourd’hui d’un élève de collège, et enfonçait même vigoureusement pas mal de portes ouvertes, la lecture des deux livrets proposés nous conduit à réviser ce jugement. Socle, grilles et livrets posent plusieurs problèmes, d’ordre et d’intensité différents.

Tout d’abord, le livret met encore plus en évidence le problème de fond posé par le socle qui est la distinction très confuse et bien peu utile en pratique entre connaissance et compétence. Ceci est particulièrement évident en matière de maitrise du langage. Mais je n’insiste pas puisque la question a déjà été traitée et bien traitée dans les publications précédentes du secteur contenus.

De la même manière, je ne m’arrête pas sur la critique de fond qui consiste à dire qu’une somme de microcompétences ne saurait constituer un savoir et une maitrise de ce savoir. Une fois de plus ce problème est particulièrement prégnant en ce qui concerne la maitrise du langage. Mais cette question aussi a déjà été traitée.

Restent deux points qui nous « sautent à la figure », nous professeurs de lettres, à la lecture des livrets. On ne peut qu’être consterné en mesurant la faiblesse de l’ambition de l’enseignement annoncé parce qu’on sait bien, même si on le déplore, que notre enseignement est piloté par l’évaluation terminale prévue par l’institution : brevet ou bac jusqu’à aujourd’hui, livret demain. A ce titre, il faut espérer que la version A du livret ne soit présentée qu’en guise de répulsif, moyen grossier de faire accepter la version B ! Que peut bien signifier, en effet « lire régulièrement des œuvres intégrales » ? L’objectif est-il seulement comptable ? Mais la précision donnée par le livret B « lire des œuvres notamment classiques », si elle peut rassurer certains « anciens » (qui ne sont pas forcément vieux) sans effrayer les « modernes » (pas toujours jeunes), n’apporte pas beaucoup plus de précisions quand à la maitrise de la lecture. Mais ce critère n’est qu’un exemple, tous les autres, comme celui-ci, ne se préoccupent jamais du sens : écrire sans faute certes, mais pour quoi dire ? Lire et rendre compte certes mais avec quelle analyse du discours ? Bien sûr, il y a des restes de certains dadas de prof de lettres : la question de la réception du message est toujours là en bonne place mais la réflexion, la véritable argumentation, celle qui utilise l’implicite, l’analyse des attendus d’un discours ? Tout cela serait-il devenu tabou ou dangereux ? La grille de référence hélas ne peut que nous conforter dans cette interprétation alarmiste puisqu’elle nous demande d’attendre d’un élève en fin de scolarité obligatoire d’être capable de repérer, dans un texte argumentatif court, la thèse qui est énoncée explicitement par l’auteur. On voit mal comment, avec de tels objectifs, on va former des citoyens ou même comment on va préparer des élèves de 3ème à réussir en lycée et à atteindre les exigences de l’épreuve de français du bac. A moins d’abandonner aussi l’argumentation, l’analyse et la réflexion au bac…Le pilier 5, qui devrait aussi concerner l’enseignement des lettres, ne nous est pas d’un grand secours. Si l’étude des textes littéraires apparaît, c’est uniquement dans l’optique d’une connaissances de l’histoire littéraire :

« avoir des repères littéraires ». Il est bien question de « formuler sur ses lectures une opinion » mais une opinion n’est pas une analyse et encore moins une analyse argumentée. Bref il va certainement falloir se contenter de l’injonction bien vague du pilier 6 : « Faire preuve d’esprit critique » pour laquelle la grille de référence ne propose aucune indication d’évaluation, c’est dire l’importance de ladite compétence !!!

Le dernier point, qui est encore une fois une critique de fond : comment séparer maitrise de la langue et étude des textes ? Pourquoi une distinction entre le pilier 1 et l’étude des textes littéraires perdue dans le pilier 5 ? On voit bien l’objectif « stratégique » de ne pas faire des piliers par discipline mais le hic est que cela mène à une absurdité. On valide la maitrise du langage sans tenir compte du sens produit par ce même langage ou dit plus vulgairement : peu importe les âneries que l’on débite du moment que l’orthographe et la syntaxe sont respectées ; ça c’est pour le pilier 1. Dans les piliers 5 et

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6, on valide les compétences « produire une opinion » et « faire preuve d’un esprit critique » mais peu importe si c’est en langage compréhensible ou non ! On en revient toujours à la forme et au fond ; sauf que maintenant, il faut les séparer ! Certains de nos collègues vont avoir du mal à y retrouver leurs repères et encore plus leur latin (et leur grec) qui ne sont plus dans le socle et de moins en moins souvent dans les DGH. L’enseignement de la langue et de la littérature est ainsi réduit à sa fonction

« utilitaire ». Or jusqu’à présent l’école ne « sert pas du tout à apprendre un métier » et il serait dangereux qu’on la réduise à cette fonction. Si on ne redéfinit pas clairement les missions de l’école, on se retrouve avec des profs qui sont remis en cause sans arrêt, par les élèves, les parents et souvent les médias sur la question de « l’utilité de ce qu’ils apprennent ». Lorsque cette remise en cause devient un discours gouvernemental, c’est le système scolaire tout entier qui est atteint.

Pour conclure, je propose que nous nous concentrions tous sur le 3ème critère de la deuxième partie du 7ème pilier du livret B parce qu’on va en avoir besoin. Si, je vous assure, ça vaut le coup de s’y concentrer !

Magali Espinasse

SNES – S4 – Secteur contenu – groupe lettres Janvier 2008

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