HAL Id: jpa-00206914
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00206914
Submitted on 1 Jan 1970
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Pénétration de l’induction, champ électrique et pertes dans les supraconducteurs de seconde espèce impurs
présentant un courant de surface
G. Fournet, A. Mailfert
To cite this version:
G. Fournet, A. Mailfert. Pénétration de l’induction, champ électrique et pertes dans les supraconduc-
teurs de seconde espèce impurs présentant un courant de surface. Journal de Physique, 1970, 31 (4),
pp.357-367. �10.1051/jphys:01970003104035700�. �jpa-00206914�
PÉNÉTRATION DE L’INDUCTION, CHAMP ÉLECTRIQUE
ET PERTES DANS LES SUPRACONDUCTEURS
DE SECONDE ESPÈCE IMPURS PRÉSENTANT UN COURANT DE SURFACE (*)
G. FOURNET et A. MAILFERT
Laboratoire de Génie
Electrique
L. C. I. E.(**)
de la Faculté des Sciences de Paris33,
avenue duGénéral-Leclerc,
92, Fontenay-aux-Roses (Reçu
le 18 novembre1969)
Résumé. 2014 Les auteurs analysent en détail le comportement d’un
supraconducteur
de deuxième espèceimpur
en présence d’un champ magnétique alternatif. Alors que les études antérieures surle même
sujet
admettaient pour hypothèse l’existence d’une densité de courantcritique
en volumequi dépende
de l’induction en tout point au moyen d’une relationalgébrique
simple, les auteurs utilisent ici l’hypothèse des états critiques sous la forme générale où la densité de courant critiqueest une fonction
quelconque
de l’induction ; un courant de surfacecritique
est également prisen compte. Des expressions rigoureuses du
champ électrique
en toutpoint
du matériau sontindiquées,
et on en déduit une méthode de mesure des densités critiques, ainsi que laprévision
du comportement des matériaux pour diverses formes
analytiques
des densités critiques. Des expé- riences réalisées enparticulier
sur le Nb - 25%
Zr ont confirmé les prévisionsthéoriques. Enfin,
le calcul rigoureux des
dissipations
de puissance est effectué, et lesexpressions
théoriques des pertes obtenues pourplusieurs
formes de la densité de courantcritique
montrent que certaines des relations proposées par d’autres auteurs ne sontqu’approchées.
Abstract. 2014 The behaviour of hard superconductors in a. c.
magnetic
fields is studied. The other works on the same subject used the critical state model,supposing
that the bulk critical currentdensity j depends
on the magnetic induction B on each point by the way of a mere algebric relation;in this paper, the authors use the critical state model in the general form where j is any function of B ; a critical surface current is also considered. Rigourous
expressions
of the electric field at each point aregiven,
and a method of measurement of the critical current densities at lowmagnetic
field is deduced. The behaviour of hard superconductors for several critical state lawsare then calculated. Experiments,
performed
noticeably with Nb 2014 25 % Zr, show a good fit with the theoretical results. At last, the losses are calculated, and the rigourous theoretical relations obtained for some critical laws show that several expressions given by other works are veryapproximated.
1. Introduction. - La
pénétration
de l’induction dans lessupraconducteurs
de secondeespèce
a étédéjà
étudiée deplusieurs
manières :- soit en mesurant
directement,
au moyen d’une sondesensible,
la valeur duchamp magnétique
entout
point
d’une fenteménagée
dansl’échantillon, perpendiculairement
auxlignes
d’induction[1] [2] [3]
(cette
méthode permet de connaître la variation de l’induction dans lematériau,
avec une résolution d’une fraction demillimètre) ;
- soit en reliant à un modèle
théorique
les résultats de mesures d’aimantation enrégime
permanent[4] [5]
ou
variable,
de mesures de pertes ou de tension induiteen
régime
variable[6] [7] [8] [9] [10] ;
les modèlesthéoriques
utilisés dans ce cas ont été celui dudéplace-
ment des
lignes
de tourbillon par activationthermique [11],
ouplus généralement [12]
le modèle des étatscritiques,
initialementproposé
par Bean[13].
Cedernier modèle a en
particulier l’avantage
de rendrecompte
de la variation desphénomènes
avec la fré-quence, observée dans les
supraconducteurs
de secondeespèce
trèsimpurs.
Il supposequ’en
toutpoint
à l’in-térieur du
supraconducteur,
la densité de courantmacroscopique
n’est fonction que de l’induction en cepoint.
La relation entre la densité de courant et l’in-duction
qui
permet le meilleur accord avec les résultatsexpérimentaux
est pourbeaucoup
de matériaux celleproposée
par Kim et coll.[5].
Indépendamment
de cesétudes, plusieurs
travauxont mis en évidence l’existence d’un courant de surface
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01970003104035700
FIG. 1. - Montage expérimental permettant la mesure du champ électrique et du flux magnétique dans un cylindre supraconducteur
dans les
supraconducteurs
de secondeespèce.
Plusieursprocessus ont été
proposés qui
conduisent à un courant de surface :- la barrière de surface
[14], qui
résulte de l’interac- tion deslignes
de tourbillon et de la surfacegéomé- trique
del’échantillon ;
- la
supraconduction
de surface[15]
àlaquelle correspond
un courantcritique
de surface mêmeen dessous du
champ critique H,, [16] [17] [18] ;
- le
piégeage
ensurface,
danslequel
lesaspérités
et
hétérogénéités
de la surface interviennent pourpiéger
leslignes
de tourbillon[19].
Ce processus semble leplus probable
pour lessupraconducteurs
de deuxièmeespèce
trèsimpurs
danslesquels
la surface est trèsperturbée.
Nous nous proposons, dans le
présent article,
d’étu- dierthéoriquement
etexpérimentalement
lephéno-
mène de
pénétration
de l’induction dans un supra- conducteur de secondeespèce impur,
pour deschamps magnétiques
alternatifs à bassefréquence d’ampli-
tude
faible, lorsqu’il
existe un courant de surface.Nous montrerons comment on peut, à
partir
de lamesure du flux
magnétique
ayantpénétré
lematériau,
déduire la forme de la courbe de
pénétration
de l’induc-tion,
et comment lesrenseignements
ainsi obtenus àpartir
del’expérience
permettent de déterminer lechamp électrique
et les pertes. Nous donnerons desexpressions rigoureuses
duchamp électrique
en toutpoint
et à tout moment dans lesupraconducteur,
et des pertes pour différents modèles depénétration.
2.
Dispositif expérimental
d’étude de lapénétration.
- Nous avons étudié la
pénétration
de l’induction dans des fils parcourus par un courant alternatifsinusoïdal,
ou dans des échantillonscylindriques
(cylindres
à basecirculaire,
oulamelles) placés
dansun
champ magnétique
alternatifappliqué parallèle-
ment à la surface. Le
principe
de notredispositif expé-
rimental consiste à mesurer dans le
premier
cas latension aux bornes des
fils,
ou dans le deuxième cas la tension induite dans une bobine de mesure enroulée autour ducylindre.
La tension recueillie estcompensée
de manière à se débarrasser des termes
inductifs,
soit aumoyen d’une inductance mutuelle
variable,
soit aumoyen d’un
dispositif comportant
enparticulier
undérivateur
électronique (Fig. 1).
La tensioncompensée
est observée sur un
oscilloscope (Fig. 2),
cequi
permet d’obtenir lechamp électrique
à la surface dufil, puis appliquée
à l’entrée d’unintégrateur électronique,
ce
qui
donne la variation au cours dutemps
du fluxmagnétique
à l’intérieur du matériau(Fig. 3).
La
fréquence
du courant d’alimentation est variable de 10 Hz à 1 000 Hz. Nous avons observé que les valeur du fluxmagnétique
au cours d’uncycle
sontindépen-
dantes de la
fréquence
dans la gammeexplorée.
FIG. 2. - Oscillogramme de la tension aux bornes d’un fil
supraconducteur parcouru par un courant sinusoïdal. Fil de Nb - 25 % Zr ; Longueur : 3,2 m ; Diamètre : 0,23 mm ;
Fréquence : 565 Hz ; Ieff : 50 A ; Echelle verticale : 5 mV/div ; Température : 4,2 °K.
FIG. 3. - Oscillogramme du flux magnétique dans un fil supraconducteur parcouru par un courant sinusoïdal. Fil de Nb - 25 % Zr ; Longueur : 3,2 m ; Diamètre : 0,23 mm ;
Fréquence : 565 Hz ; Ieff : 50 A.
3. Définitions et cadres de l’étude
théorique.
-Nous supposons que la surface de
séparation
entre lesupraconducteur
et le vide est unplan,
leplan Oyz ;
l’axe Ox est
dirigé
vers l’intérieur dusupraconducteur.
Nous supposons que la seule variable
spatiale
entraî-nant des variations des
phénomènes
est x. Nous pre-nons Oz
dirigé parallèlement
à la direction des induc- tionsmagnétiques.
La relation entre l’induction
magnétique
B et lamoyenne j
du courantmicroscopique [20]
s’écrit alorsla seule composante
de j est jy
telle quele
champ électrique
necomporte
alorsqu’une
compo- santeEy
avecDans toute la suite de
l’article,
poursimplifier,
nousnoterons j
pourjy,
Bpour Bz
et E pourEy.
Le résultatde
l’intégration
de(2)
sera donc écrit sous la formet)
estidentiquement nul).
Les
hypothèses
ci-dessus ne sont pastrop
contrai- gnantes : lesprofondeurs
depénétrations
sont del’ordre de
quelques
microns et dans ces conditionsl’examen des
phénomènes
à lasuperficie
d’un fil de125 Il
de rayon peut être assimilé auproblème
semi- infini que nous venons de définir.Nous
notons ,j(x, t)
la densité moyenne de courantmicroscopique ;
la densité de courantsuperficielle
estdésignée
parJs.
Nous utiliserons le modèle des étatscritiques [13]
à l’intérieur dumatériau,
la valeur abso-lue I j(x, t) de
la densité moyenne de courant micros-copique
esttoujours égale
à la densité de courantqui
nedépend
que de la valeur absolue deB(x, t)
soitLa
fonction,j(x, t)
peut êtrepositive
ounégative
tandisque la
fonction j(j B |)
ne peut être quepositive.
Nous supposons enfin que l’induction
magnétique qui règne
à l’extérieurjuste
à la surface est alternative(pulsation a»,
établiedepuis longtemps
et variantdepuis BoM
=0) jusqu’à - BOM
=n).
4. Flux maximal. - 4 .1 EXPRESSION DU FLUX. -
Nous examinons la fonction
B(x, 0)
dans lematériau,
au moment où l’induction extérieure vient d’atteindre la valeur
BoM.
Lafigure
4a montre l’allure desphé-
FIG. 4. - Profils de pénétration de l’induction magnétique dans un supraconducteur soumis à une excitation magnétique
alternative.
nomènes :
B(x, 0)
estpositif
et décroissantet j, toujours positif (2) ;
dans l’intervalle 0 x xl circule le courantsuperficiel JS
tandis que pour xi x xM la loi des états
critiques
est vérifiée
soit,
qui
parintégration
fournitLa constante a se détermine en considérant le
point (x,,
d’oùce
qui
montre queNous pouvons
également
évaluer le flux d’inductionmagnétique (dans
la direction deOz),
par unité delongueur
dans la directionOy,
pourl’espace compris
entre x et
l’infini,
soitL’indice M
indique
que ce flux est évalué au moment oùBo
atteint sa valeur maximaleB,m.
En conservantla variable B et
grâce
à(8)
nous obtenons ensuiteet en
particulier
Lorsque BoM
est assezgrand
devant(Bom - B1M)’
c’est-à-dire
lorsque
lechamp magnétique
extérieurBomlyo appliqué
au matériau estgrand
devant ladensité
linéique
du courant desurface,
on peutnégliger
xi devant xM et
devant
Le flux
qui peut
être mesuréexpérimentale-
ment s’obtient alors par
D’après
notre remarqueprécédente
cetteexpression
ne
s’applique
que pour les valeurs assez élevées deB1M.
Comme nousl’indiquons
auparagraphe suivant,
les donnéesexpérimentales justifient
cetteapproxima-
tion.
4.2 MÉTHODE DE DÉTERMINATION DE LA DENSITÉ DE COURANT CRITIQUE
j(B).
-L’expression (15)
est inté-ressante parce
qu’elle
montre lapossibilité
d’atteindre lafonction j(B)
au moyen deLes données brutes de
l’expérience
permettent de tracer les deux courbes de lafigure
5 :pendant
l’intervalle 0 t t’ le flux unitaire reste constant ; en confir-mant la validité de
l’approximation (15)
ceci tend à montrer queB1
resteégalement
constant durant cettepériode.
Lesfigures 4a, 4b,
4c montrent l’allure des courbesB(x, t) pout t
=0, t
= t’(cf. Fig. 5)
ett
> t’ ; l’allure générale
de ces courbes est bien connue([22]
parexemple)
et nous ne donnons pasplus
dedétails. L’ensemble des
figures
4a et 4b montre queFIG. 5. - Flux magnétique et induction au voisinage de leur
valeur maximale.
A titre de
première approximation
nous pouvonsprendre
Cette relation revient à dire que la valeur absolue
critique
du courant de surface nedépend
pas du sens de ce courant,lorsque B1M
estdonné, hypothèse plau-
sible si l’existence de ce courant est liée au
piégeage
des
lignes
de tourbillon.On peut alors obtenir
graphiquement
la fonctionj(B)
de lafaçon
suivante :1 ° On connaît
expérimentalement
pourchaque
valeur deBoM.
2° Pour
chaque
valeur deBoM on
mesure letemps t’
(Fig. 5) correspondant,
cequi permet (connaissant Bo(t))
d’évaluerj9o.
3° On calcule
B1M au
moyen del’approximation (18).
4° On peut donc tracer la courbe en fonc- tion de
B1M
dont la pente(16)
de latangente
enchaque point
fournit en définitivej(B).
,4.3 MÉTHODE DE DÉTERMINATION DE LA DENSITÉ
SUPERFICIELLE DE COURANT revenant maintenant sur
(18)
nous voyons que cetteapproxi-
mation revient à supposer que,
pendant
l’intervalle de temps 0 t t’ oû le flux estmaximal,
le moduledu courant
superficiel
nepeut
pasdépasser
une cer-taine
valeur,
soitla valeur limite étant
précisément 2 (BoM - Bâ) ;
B(Xl’ t)
reste constante(B1 == B1M)
durant cet intervalle de temps et nous pouvons donc
définir une fonction en rapportant la valeur
de JSM à
JsM(B1M)
fournit ainsi la valeur maximale que peut atteindre le module deJ, quand
l’induction aupoint
xl atteint sa valeur maximale
B1M.
4.4 RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. - Nous avons étu- dié divers
échantillons ;
nous donnons à titred’exemple
les résultats obtenus pour un fil de Nb 25
%
Zr de0,25
mm dediamètre,
à diversestempératures.
Sur lesfigures
6 et 7 sontportées
les densités de courant déterminées au moyen des méthodesexposées précédemment.
FIG. 6. - Densité de courant dans Nb - 25 % Zr
aux faibles valeurs de l’induction et pour diverses températures.
On remarque que la détermination de
j(B1M)
estentachée d’une
imprécision importante ;
en effet notreméthode permet d’obtenir indirectement la densité de
courantj(B)
en effectuant la dérivation d’une courbeexpérimentale,
la courbeÇp(B1M).
Ceprocédé
estgénéralement
moins exact que des méthodes directes.En
particulier,
la méthode des transitions résistives[21 ],
permet d’obtenir
j(B)
avecplus
deprécision.
Mais ellene
s’applique
pas aux matériaux sous forme de filslorsqu’ils
sont encore fortementdiamagnétiques,
c’est-à-dire pour des valeurs faibles de l’induction.
On constate
également (Fig. 8)
que la variationde j
FIG. 7. - Densité linéique de courant de surface dans Nb - 25 % Zr.
FIG. 8. - Variation de la densité de courant dans Nb - 25 %
Zr en fonction de la température.
en fonction de la
température,
àBiM donné,
est pra-tiquement
linéaire dans la gammeétudiée,
en accordavec les variations observées pour ce
type
de matériaux dans des inductions élevées.Sur la
figure
9 sontportées
les courbes depénétra-
tionB(x)
que l’on peut déduire de ces mesures pour la valeurparticulière Bl
=BiM
=0,143
etpour les
températures
étudiées. On vérifie que pour la valeur deB1M envisagée,
lesprofondeurs
depénétra-
tion sont faibles devant le diamètre du fil.FIG. 9. - Courbe de pénétration de l’induction dans le Nb - 25 % Zr, pour diverses températures, et pour
j8iM= 0,143 Wb.m-2.
5. Calcul du
champ électrique
E en tous lespoints
du matériau. - Nous n’effectuons maintenant aucune autre
hypothèse
que celles décrites dans la 3e section de cet article.5.1 EVOLUTION DE
B(x, t).
- Avant de calculer Enous devons d’abord déterminer l’évolution au cours
du
temps
de la courbeB(x, t).
Lafigure
4 montrequelques
courbesschématiques typiques ;
nous dési-gnons par
X2(t)
l’abscisse où est réalisée la valeur maximale de B etB2(t)
cette valeur :de même
(la
valeur de xi étant trèspetite
devant xM les varia- tions éventuellesxi(t)
n’interviennentpas).
Letemps t"
est celui où
B1
est nulDans ces conditions les
figures
4c et 4d donnent les différentes courbes pour un état définipar t’
tt" ;
au-delà de t’ la valeur de
B1
diminue et il faut donc[cf. (4)]
quej(x, t)
nepossède plus
exclusivement des valeurspositives ;
par continuité lechangement
designe apparaît
d’abord auvoisinage
de x = xl : pour xi x X2j(x, t)
estnégatif
et donné parpour x2 x xm
j(x, t)
estpositif,
et donné par +j[B(x, t)].
On observe que
lorsque B1
varie(t’
tT/2),
leprofil
de l’induction dans le matériaucomprend
unsegment
variable appartenant à une courbequi
sedéplace
par translationparallèlement
àOx,
etqui
« efface » au fur et à mesure le
profil
de l’induction obtenu pour t = 0. Cette courbe variable est unecourbe
intégrale
del’équation (2)
décrivant la loi des étatscritiques.
Le module de la densité de courant(donc
le module de lapente)
nedépend
que de la valeur absolue de B, et par suite lapartie
de courbevariable
qui correspond
aux valeurspositives
de Best
symétrique,
parrapport
auplan
d’abscisse x2, duprofil piégé
pour t = 0.Appelons X3(t)
lesymétrique
de XM par
rapport
à x2. Sur lesfigures
4c et4d, X3(t)
estnégatif,
etcorrespond
à unpoint
virtuel àl’extérieur du
supraconducteur.
Les
figures
4e et4f
sont relatives aux états observéspour t"
tT/2.
La valeurx3(t)
est telle quex3(t)
est alorspositif,
etcorrespond
à unpoint
réel àl’intérieur du
supraconducteur ;
dans l’intervalle xi x X3,j(x, t)
estnégatif
et donné parles définitions
déjà
données restent bonnes pourUn
argument simple
permet d’obtenirB2.
Eneffet,
dans tous les cas de
figure x2(t)
est la demi-somme des abscisses XM etX3(t) -
A une variation
dB1
deBl(t), correspond
une varia-tion
d’où une variation
A la variation
dx2
onpeut
associer une variationdB2
telle que :
Finalement :
Cette relation est valable à tout moment
quand B1
varie.
5.2 LA FONCTION
B2(B1, B1M).
-- Nous verronspar la suite le rôle essentiel de la connaissance de
B~.
On constate que
B2
peut être calculé en fonction deB1
(sans
avoir à connaître enintégrant (28).
Il existe en
général,
suivant lesigne
de deuxbranches de la fonction
B2(Bl) :
chacune de cesbranches est déterminée par l’une des conditions aux limites
(cf. Fig.
4a et4g)
suivantes :Ceci met en évidence que
B2 dépend
deBi
etB1M
et doit être noté
B2(B1, B1M) ; la
courbeB2(Bl)
n’ade sens que si
B1M
est déterminé.A titre
d’exemple
nous donnons lesexpressions
desfonctions
B,(B,, B1M)
pourquelques fonctions J(I B 1)
typiques.
5.3 LE CHAMP
E(x, t).
- 5.3.1Expression
de E.- Le
champ électrique E(x, t)
s’obtient par l’inter- médiaire cf.(3)
de(en remarquant
queE(oo, t)
=0).
Pour x > x2 nousavons vu que
B(x, t)
nedépend
pas du temps et parconséquent
On
envisage
maintenant le cas oû t’ tT/2
etoù xi x
x2(t).
La loi des étatscritiques
étantvérifiée
On
intègre
cetteexpression :
En dérivant
partiellement
par rapport au temps :On déduit de
(33)
et(37),
en tenant compte de(34)
En utilisant
(35)
etchangeant
de variable :Dans la couche
superficielle
les variations de B en fonction du temps sont limitées
et
quand
xi est trèspetit
devant xM le terme(40)
esttrès
petit
devantE(xi, t).
Cetteapproximation
esttrès
proche
de celle que nous avons effectuée en(15)
où nous avons
négligé
le flux relatif à l’intervalleDans ces conditions
pour t’
tT/2
Cette
expression
est en fait valable pour 0 tT/2 puisque E(o, t)
~ 0 pour 0 tt’,
intervallequi correspond
àB,(t)
--_B1Mo
5.3.2 Cas où
J,
estidentiquement
nul. - Le cal-cul de
B2(B1, B1M)
est effectué commeindiqué
au
§
5.2. L’identité entreBo(t)
etBi (t)
permet ensuited’écrire
nos
calculs,
effectués avec(a) soit j(B) = j~ (constant), (b)
soitj(l B ~)
=ajl B 1
nous ontpermis
de retrouverles résultats de H. London
[23] ]
et Green et Hla-wiczka
[8] ;
notre calcul(c)
liéà j
=al(1 B 1
+C)
estnouveau.
Les courbes
représentatives
de ces différents cas sontportées
sur lafigure 10a, b,
c. On observeun maximum par
demi-période
pour lapremière hypothèse,
et deux maximums dans les autres cas. En outre, lechamp électrique
s’annule entre les deuxmaximums dans la seconde
hypothèse (Fig. 10b),
alors
qu’il
conserve une valeur finie dans le cas de lafigure
lOc.5.3.3 Cas où
J,
est constant. - Le calcul est très voisin duprécédent ; quand
E n’est pas nul on sait quemais par contre
1
d’où
Les
figures 10d, e, f correspondent respectivement
à
Jloj(B)
= ct,Byo j(B)
= ct,(B
+C)
= ct.Les remarques faites sur les
figures 10a, b,
cdemeurent valables. On observe en
plus
unpalier
dechamp électrique
nul pardemi-période.
FIG. 10. - Champ électrique de surface en fonction du temps, pour diverses formes analytiques des densités de courant j et Js.
5.3.4 Cas
général
etJs(B1).
- Le casgénéral
estdifficile à traiter parce que le
champ E(o, t) s’exprime
en fonction de
Bl(t)
et queBo(t)
est la seule fonction directement connue. Pour essayer de vérifierl’ap- proximation (18) qui
nous apermis
d’obtenir àpartir
de
l’expérience
la fonctionj(B)
et de définir la fonc- tionJsM(B1M)
nous pouvons, en allantlégèrement plus loin,
supposer que pour l’intervalle de tempsle courant
J,
est donné parL’introduction du
signe
« moins » ne fait que traduirel’aspect
des courbes desfigures
4b à4f ;
par contre l’identification de la relation entre etB,(t)
àcelle
qui régit JSM et
est unesupposition nouvelle,
que l’on peut d’ailleurs
justifier
si l’on fait certaineshypothèses quant
àl’origine
du courant de surface[24].
Nous pouvons alors obtenir :
d’où
d’où
ce
qui
montre que lechamp électrique
observablepour t’
tT12
est obtenu voir(41)
par :les
signes supérieurs
étant valables pourBI
> 0 soit t’ tt",
lessignes
inférieurs pourB1
0soit t" t
T/2.
A
partir
des courbesexpérimentales
nous avons
déjà
obtenuj([
B1) (§ 4.2)
etJsM(B1M) (§ 4.3) ;
la fonctionj([ B [ ~
permet d’atteindre(10)
la courbe
B(x, 0)
d’où nous pouvons déterminer gra-phiquement
les fonctionsB2(B1, B1M).
Enimposant (comme
dans nosexpériences) Ba
=ROM
cos cvt nouspouvons donc obtenir
graphiquement
- àpartir
dela seule courbe
rPM(BoM)IL
relative à 0 t t’ - la fonctionE(t)
relative à l’intervalle t’ tT/2.
Lacomparaison
entre cette courbe et le résultatexpéri-
mental est effectuée pour une valeur
particulière
de
B,m,
sur lafigure 11 ;
étant donnéel’imprécision
des déterminaisons
graphiques
de la courbe « cal- culée » l’accord peut être considéré comme bon.FIG. 1l. - Comparaison de la tension calculée (en trait plein)
et mesurée (en pointillé) aux bornes d’un fil de Nb - 25 % Zr traversé par un courant alternatif sinusoïdal (Longueur du fil : 3,2 m ; Diamètre : 0,23 mm ; Fréquence : 565 Hz ; Ieff : 55 A ; T = 4,2 -K).
6. La
puissance dissipée.
- 6.1 EXPRESSIONS GÉNÉ-RALES. - La
puissance dissipée
peuttoujours
êtreatteinte par l’intermédiaire du vecteur de
Poynting
S=EnH
soit ici
Sx = Ey H, ;
la moyenne de la densitésuperfi-
cielle de
puissance dissipée (puissance
moyenne dis-sipée
par unité de surface deséparation
milieu exté-rieur -
supraconducteur)
est doncsoit
grâce
àl’approximation (41)
puis
enchangeant
de variable et en admettant que la fonction estunivoque :
Cette
expression
peut aussis’écrire,
en tenant compte du courant de surface :Cette dernière forme a
l’avantage
de faireapparaître
distinctement les pertesqui
seproduisent
dans l’in- térieur du matériau pour x > xi(premier
terme dusecond
membre),
et les pertes de surface seproduisant
pour 0 x xi
(second terme).
L’emploi
de(56)
nécessite la connaissance des courantscritiques j(Bl)
etpuisque
seulBaM
est connu
directement ;
à l’intérieur deshypothèses effectuées,
les pertes sontproportionnelles
à la fré-quence et ne
dépendant
que deBoM (pertes
detype hystérétique),
dans le cas oùBo(t)
est une fonctionpériodique ayant
des valeurs maximalesopposées.
6.2 CAS OÙ
J,
EST IDENTIQUEMENT NUL. - Nousavons dans ce cas :
et
On peut réduire l’intervalle
d’intégration
de(58),
cequi
donne :Nous avons
appliqué
cette formule dans différents cas :a) j(B) - je (constant)
résultat établi
depuis longtemps
par d’autres auteurs[22], [23].
La valeur de
l’exposant
deBoM
avaitdéjà
été établie dans cettehypothèse [8]
Cette
expression compliquée
montrequ’il
seraiterroné de calculer les pertes dans ce cas en
rempla-
çant dansl’expression (60)
la densité de courantj,,
par
a/(BoM
+C).
6.3 CAS ou
Ys
EST CONSTANT. - Dans ce cas, nous avons,pour t’
tT j2 :
L’expression (56)
devient :On remarque que le
premier
terme estégal
aux pertesqui
existeraient pour le même matériau avecJ.
--_ 0dans une induction alternative de valeur maximale
B1M (voir expression 58).
Soit Le deuxièmeterme peut se transformer de manière à faire appa- raître le flux
magnétique
par unité delongueur.
On aen effet
(voir § 4.1) : pour 0 t t’ :
pour t ‘ t t"
{B1
1 >0) :
pour t"
Par
différenciation,
on obtientpour t’
1 tT/2 :
D’où,
en utilisantl’expression (28) :
L’expression (64)
devient finalement :Soit :
L’application
de cetteexpression
aux différents cas considérés auparagraphe
6.2 conduit aisément aux résultats suivants :On obtient les pertes en
ajoutant
àl’expression
de P écrite enremplaçant Bom
pardans
(68),
le terme :6.4 CAS
OU Js
EST UNE FONCTIONJs(B1).
- Lerésultat de
l’intégration
-analytique
ounumérique -
des
pertes
dans laprofondeur
de surface(expression 56) dépend
évidemment de la loi de variationJs(B1).
Il suffit
cependant
d’examiner lesexpressions (55)
et
(56)
pour constater que si dans un matériau déter-miné,
sans courantsuperficiel,
les pertess’expriment
par une fonction
f (B,m),
les pertes relatives au mêmematériau,
mais en tenant compte d’un courant super-ficiel,
nes’expriment
pas engénéral
par la fonctionOn
négligerait
ainsi les pertes localisées dans la pro- fondeur xi.Les mesures de pertes effectuées par d’autres
expé-
rimentateurs sont en
général interprétées
au moyend’expressions semi-empiriques [26],
et les variationsavec l’induction des densités de courant et de surface
ne sont pas mesurées simultanément. Pour notre part,
nous n’avons pas effectué sur nos matériaux de mesures
directes de pertes
qui pourraient
êtrecomparées
auxrésultats
théoriques
donnés par lesexpressions rigou-
reuses établies
précédemment.
Nous pensons en effet que lescomparaisons
effectuées entre les valeurs théo-riques
etexpérimentales
duchamp électrique
sontplus probantes puisqu’elles
peuvent être faites àchaque
moment au cours d’une
période,
alors que les mesureshabituelles de pertes n’en donnent
qu’une
valeurmoyenne au cours d’une
période.
7. Conclusion. - Nous avons étudié la
pénétra-
tion de l’induction dans les
supraconducteurs
de2e
espèce
trèsimpurs
traversés par un courant élec-trique,
ou soumis à unchamp magnétique,
alternatifde basse
fréquence.
Nous avons montré comment laconnaissance du courant de surface et de la loi des états
critiques
de volumej(B)
permet de calculer lechamp électrique
et les pertes dans le matériau. Lesexpériences
que nous avons effectuées ontpermis
dedéterminer les courants
critiques
de surface et de volume pour divers échantillons. Nous en avonsdéduit
théoriquement
la valeur duchamp électrique
à tout moment au cours d’une
période
pour un cou- rant alternatif sinusoïdal dans le matériau. Les courbesprédéterminées
sont en bon accord avec les courbes relevéesexpérimentalement.
Les
expressions analytiques
obtenues pour lechamp électrique
nous ontpermis
de calculerrigoureusement
les pertes dans
plusieurs hypothèses.
Certaines desexpressions
obtenues avaientdéjà
étéindiquées
par d’autres auteurs. Les formules de pertes que nous trouvons pour les types depénétration
observés pra-tiquement (loi
deKim)
sont nouvelles.Nous avons montré que les courants de surface interviennent dans
l’expression
des pertes d’une manièrequi
n’est passimple,
etqu’une partie
despertes est localisée à la surface même de l’échantillon.
Les
expressions
que nous avons données permettentde
séparer
les pertes seproduisant
à la surface même de l’échantillon des pertes seproduisant
« en volume ».Dans le cas des
supraconducteurs étudiés,
laprofon-
deur faible trouvée pour les pertes « en volume »
justifie l’hypothèse
faite[25]
pour des échantillons soumis à deschamps magnétiques
derépartition compliquée,
et où l’on considère que toutes les pertessont localisées à la surface même de
l’échantillon,
pour des
champs magnétiques
extérieurs suinsam- ment faibles.Ce travail a été effectué
grâce
au soutienapporté
au L. C. I. E. par la D. G. R. S. T. et les membres d’un club comprenant E. D.
F.,
l’Airliquide, Alsthom,
C. E.
M.,
C. G.E.,
Jeumont-Schneider.Bibliographie
[1]
COFFEY (H. T.), Cryogenics, 1967, 7, 73.[2]
SIKORA (A.), MAKIEJ(B.),
TROJNAR (E.), Physics Letters, 1968, 27A, 3, 175.[3]
CLINE(H. E.),
ROSE (R. H.), WULFF (J.), J. A. P., 1966, 37, 1.[4]
CLINE(H. E.),
TEDMON (C.S.),
ROSE (R.M.),
Phys.Rev., 1965, 137, 1767.
[5] KIM (Y.
B.),
HEMPSTEAD(C. F.),
STRNAD (A.R.),
Phys. Rev., 1963, 129, 528.[6]
TAYLOR (H. F.), Phys. Rev., 1968, 165, 517.[7]
LOVE (G. R.), J. A. P., 1966, 37, 3361.[8]
GREEN(M.),
HLAWICZKA(P.),
Proc. I. E. E., 1967, 114, 1329.[9]
ULLMAIER(H.
A.),Phys.
Stat. Sol., 1966, 17, 631.[10]
GRASHMER (T.W.),
FINZI (L. A.), I. E. E. E. Trans.on Mag., 1966, 2, 334.
[11]
ALAIS(P.),
SIMON(Y.), Phys.
Rev., 1967, 158, 426.[12]
HANCOX(R.),
Proc. I. E. E., 1966, 113, 1221.[13]
BEAN (C. P.), Phys. Rev. Let., 1962, 9, 250.[14]
BEAN(C.
P.), LIVINGSTON (J. D.), Phys. Rev. Let., 1964, 12, 14.[15] ST. JAMES (D.), DE GENNES (P.
G.), Phys.
Let., 1963, 7, 306.[16] FINK (H. J.), Phys. Rev. Let., 1966, 16, 447.
[17]
FINK(H. J.),
BARNES(L.
J.),Phys.
Rev. Let., 1965, 15, 792.[18]
FINK(H. J.),
KESSINGER(R. D.),
Phys. Rev., 1965, 140, 1937.[19]
HART(H. R.),
SWARTZ (P. S.), Phys. Rev., 1967, 156, 403.[20]
LONDON(F.),
Superfluids I, Dover, 1960, New York.LORENTZ, The
theory
of electrons, 1909, Dover1952,
New York.