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Bemisia tabaci sur cotonnier au Sénégal : analyse de la situtation et recommandations

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Sénégal : analyse de la situation

et recommandations

Au Sénégal, les campagnes agricoles 1997 et 1998

ont été marquées par de spectaculaires infestations

de l'aleurode Bemisia tabaci sur cotonnier.

On observe d'ailleurs une recrudescence

de cet insecte depuis les années 90. La question

des modalités de lutte contre les ravageurs

du cotonnier se pose : plutôt que d'intensifier

la seule maîtrise de l'aleurode, ne faut-il pas

repenser une nouvelle gestion de lutte intégrée ?

J.-P. DEGUINE, M. VAISSAYRE, B. HAU Cirad-ca, programme coton, BP 5 0 3 5 , 3 4 0 3 2 Montpellier Cedex I , France F a x : + 33 ( 0 ) 4 6 7 61 5 6 6 6 vaissayre@cirad.fr

L

es a le u r o d e s , d o n t B e m is ia tabaci Gennadius est la p rin c i­

pale espèce sur c o to n n ie r en A friq u e occid en ta le , sont des rava­ geurs connus depuis longtemps. La présence de ces mouches blanches, stade a d u lt e très m o b ile , est p lu s fa c ile m e n t observée que c e lle des stades larvaires, fixés à la face infé­ rieure des feuilles. Dans l'ensemble des p ays de la z o n e s a h é lie n n e ,

B. tabaci semble passer progressive­

ment d'un statut de ravageur secon­ daire (années 60 à 80) à un statut de ravageur im p ortant dans les années 90.

Au Sénégal, des autorités administra­ tives aux paysans isolés en brousse, tous ont entendu parler de cet insec­ te. De fait, on lui attribue les m au­ vais résultats de la culture cotonniè­ re récoltée en 1998-1999. B. tabaci, insecte piqueur-suceur, est considé­ ré c o m m e un d é p ré d a te u r m a je u r des cultures maraîchères depuis de n o m b r e u s e s a nn ée s , n o ta m m e n t

dans les Niayes près de Dakar. Il est aussi responsable de dégâts s ign ifi­ catifs sur de nom breuses cu ltures. Des p ro b lè m e s o n t été ren con trés sur le c o to n n ie r de m anière épiso- d iq u e , en p a r tic u lie r au cours des cam pagnes 1978 et 1989, et, plus récemment, au cours des deux cam ­ pagnes 1997 et 1998.

Quels dégâts ?

A u jo u rd 'h u i, les niveaux atteints par les p o p u la tio n s d 'a le u ro d e s sur le c o to n n ie r sont très élevés. Les pay­ sans observent à la fois l'im portance des nuages d'adultes et une densité très forte des larves sur les feuilles. Selon la Sodefitex, les aleurodes ont u n e i n c i d e n c e é c o n o m iq u e non négligeable sur la production co ton ­ nière. Il faut cependant replacer ces dégâts dans un contexte général et constater q u 'ils sont m oins p ré ju d i­ c ia b le s q u e c e u x p r o v o q u é s par

H. armigera (chenille des capsules).

De plus, il ne faut pas confondre le niveau d'infestation et le niveau de d é g â ts ; b ie n s o u v e n t , de fo rt e s p opulatio ns d'aleurodes sont systé­ m a tiq u e m e n t interprétée s c o m m e d o m m a g e a b le s p o u r la c u ltu r e . Il existe pourtant un seuil de tolérance qui dépend n o ta m m e n t de l'âge et de l'état physiologique du cotonnier. M êm e si les populations d'aleurodes sont présentes toute l'année, passant du c o to n n ie r en saison des plu ies à d 'a utres plantes en saison sèche (cultures maraîchères en particulier), les d égâts q u i o n t une in c id e n c e é c o n o m iq u e sur la p r o d u c tio n de coton résultent de pics d'infestation survenant à partir de septembre.

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Les dégâts trop hiq ue s sont liés aux piqûres des adultes et des larves qui provoquent la chute d'organes fruc­ tifères (shedding). L 'im p o rta n c e en est c e p e n d a n t d i f f i c i l e à e s tim e r, c o m p t e te n u des a u tr e s s o u rc e s d'abscission. Le shedding est accen­ tué dans certaines c o n d itio n s , fré ­ q u e n te s au S é n é g a l, c o m m e les stress h y d r iq u e s , l ' a l i m e n t a t i o n potassique insuffisante, etc.

Des dép ôts de m ie lla t sont é g a le ­ m ent observés sur les feuilles — ils p ro v o q u e n t alors une réd uctio n de l'activité photosynthétique — et sur le c o to n g ra in e à l'o u v e r t u r e des ca p s u le s — ce q u i a p o u r c o n s é ­ quence un coton collant. Ces dépôts de m ie lla t favorisent le d év e lo p p e ­ m ent de c h am pign on s saprophytes (fum agine), q u i d é p ré c ie n t enco re davantage la qualité de la fibre. Il c o n v ie n t de n o te r q u 'u n e autre catégorie de dégât n'est pour l'in s ­ tant pas observée au Sénégal, mais e lle reste p o t e n t ie lle m e n t d a n g e ­ reuse : la transmission de virus. Enfin, c o n tra ire m e n t aux o bs e rv a ­ tions faites dans des pays voisins, la

maladie des cotonniers rouges n'est pas présente au Sénégal — pas de c o uleu r rouge lie-de-vin caractéris­ tique des feuilles, ni de m om ification des c a p s u le s — m ais il n 'e s t pas e x c lu q u e des d é g â ts de ce ty p e a p p a ra is s e n t dans les p ro c h a in e s années. En effet, la densité des pop u ­ lations d'a leurodes, la présence de feuilles grillées et les difficultés d 'a li­ m e n ta tio n en eau ou en é lé m e nts m in é ra u x (carences en p otassium g é n é r a lis é e s ) se r e t r o u v e n t au Sénégal au m ême niveau que dans les pays affectés par cette maladie.

Comment expliquer

l'évolution

du comportement

de B. tabaci ?

Il est im possible de c o nnaître avec ce rtitu de les causes exactes et leur importance relative dans le change­

m e n t de s ta t u t de B. t a b a c i en A f r iq u e o c c id e n ta le . N é a n m o in s , plusieurs raisons peuvent e xpliqu er l'actuel déséquilibre entom ologique observé, m ême si elles ne sont pas exhaustives.

La sécheresse

Certains facteurs sont liés à la m o d i­ fic a tio n de facteurs a b io tiq u e s . Le plus significatif est la d im in u tio n de la p lu v io m é tr ie d e p u is les années 70, favorable aux insectes piqueurs- s u c e u rs q u i se d é v e lo p p e n t p lu s a is é m e n t d a n s des c o n d i t i o n s d 'h u m id ité réduite et de température élevée.

Le changement

des pratiques agricoles

En Afrique occidentale, l'augmenta­ t i o n des s u rfa c e s c o t o n n i è r e s et l'intro du ction d'autres cultures hôtes de l'insecte ont représenté un renfor­ cement de l'offre alimentaire. L'évo­ lu tio n des itinéraires te c hn iqu es et des modalités de protection phytosa- nitaire ont également cond uit le plus souvent à une rupture de l'équilibre pré-existant de l'entomofaune. En c u ltu re co ton niè re , l'a u g m e n ta ­ tion des doses d'engrais minéral — jusqu'à 200 kg/ha de 20 N - 16 P - 20 K apportés au premier sarclage et 50 kg/ha d'urée épandus au m oment du buttage du c o tonnier — favorise la c r o is s a n c e des f e u i l l e s a v e c d 'e x c e lle n te s q u a lité s n u tr itiv e s : ce la p e rm e t d 'a b r it e r des p o p u la ­ tions élevées d'aleurodes.

Les techniques d 'application insecti­ c id e s u lt r a ou trè s bas v o l u m e n'assurent pas le recouvrem ent des fa c e s in f é r ie u r e s des f e u i l l e s du c o t o n n i e r . D e p lu s , c e r t a in e s m a tiè re s a c tiv e s u tilis é e s d e p u is lo n g te m p s ( p y r é th r in o ï d e s ) n 'o n t qu'un e efficacité réduite sur les aleu­ rodes. En cultures maraîchères, pour lesquelles les paysans m anquent de conseils et d'encadrement, on assiste tr o p s o u v e n t à l 'e m p l o i m assif et anarchique de produits insecticides. Ces p ra tiq u e s p h y to s a n ita ire s o n t

g lo b a le m e n t tend an ce à avantager des ravageurs com m e les aleurodes, t o u t en d é fa v o r is a n t les e n n e m is naturels. L 'u tilis a tio n excessive et incontrôlée des pesticides comporte aussi le risque de v o ir des résistances apparaître au sein des p o p u la tio n s d'aleurodes.

Le d é s é q u ilib r e de l'e n t o m o fa u n e peut être accru en partie par le type des variétés vulgarisées. Si leur carac­ tère de pilosité offre une résistance aux jassides, il pourrait nuire à l'acti­ vité des ennemis naturels de certains piqueurs-suceurs. De plus, les varié­ tés cultivées sont assez végétatives, avec un indice de surface foliaire éle­ vé, ce qui augmente leur attractivité et le p o te n tie l d 'in fe s ta tio n par les ravageurs phyllophages.

Les caractéristiques

propres à l'insecte

Le p o u v o i r de r e p r o d u c t i o n de

B. tabaci est élevé et des populations

résiduelles p e u v e n t se d é v e lo p p e r assez rapidement. B. tabaci est aussi très p o ly p h a g e , ce q u i p erm e t des infestations rapides et importantes à partir de nombreuses plantes hôtes. Cet insecte possède une forte capa­ c ité à d é ve lo pp er des phénomènes de résistance aux insecticides. Enfin, il est connu q u 'il existe une grande variété de biotypes, de races ou de sous-espèces à l'intérieur de l'espèce

B. tabaci. Depuis quelques années,

on évoque le rôle du biotype B, ou de l'espèce B. a rg e n tifo lii, dans la r e c r u d e s c e n c e des i n f e s t a t i o n s d'aleurodes.

La lutte raisonnée

contre

les aleurodes :

un problème

complexe

Les r a v a g e u r s d u c o t o n n i e r sont n o m b re u x et leur b io lo g ie est d ifférente. La d iffic u lté de protéger

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durablem ent le cotonnier est surtout due à c ette d iv e rs ité . L 'u tilis a tio n d 'u n e m é th o d e de lu tte c o n tre un déprédateur peut favoriser le déve­ lo p p e m e n t d 'a u tr e s rava ge urs, la d im in u t io n ou la d is p a r itio n de la faune utile. C haque pro po sitio n de lu t te d o i t p r e n d re en c o m p te les risques sur la faune non cible. Ainsi, pour l'a griculte ur et l'encadrem ent, il y a un v r a i r is q u e à n é g li g e r

H. arm igera, qui reste l'inse cte clé

en culture co ton niè re ouest-africai­ ne, et à fo caliser l'a tte n tio n sur les insectes piqueurs-suceurs. Mais il est possible que B. tabaci devienne un ravageur encore plus préjudiciable à la c u ltu re c o to n n iè re q u 'il ne l'est aujou rd 'h ui, si des méthodes de ges­ tion intégrée ne sont pas appliquées. En effet, com m e nous l'avons vu pré­ cédemment, plusieurs raisons e x p li­ quent la difficulté à lutter contre ces insectes : ils vivent sous les feuilles, ils peuvent résister aux insecticides, leur d é v e lo p p e m e n t est très rapide en c o n d it io n s fa v o ra b le s , ils so nt présents sur de nombreuses plantes h ô te s . D a n s ce c o n t e x t e , les m éthodes de lutte c o n tre les rava­ g e u rs e m p lo y é e s en A f r i q u e o c c id e n t a le d e v r a i e n t d o n c ê tre remises en question : elles consistent en une a s s o c ia tio n d 'in s e c t ic id e s

c o m p o rta n t un a le u r o d ic id e , dans un p ro g r a m m e de p r o t e c t io n sur c a le n d rie r d irigé en p rio rité contre les chenilles des capsules. O r, si la technique d 'a p p lic a tio n est adaptée à la lutte contre ces dernières, elle a montré ses limites dès que les pop u ­ lations de ravageurs v iv a n t sous les f e u i l l e s a t t e i g n e n t des n iv e a u x c o n s é q u e n ts (aca rie ns, p uc e ro n s , aleurodes).

La solution à un tel problème phyto­ sanitaire, g én éralem e nt dem andée sans délai par les sociétés de déve­ lo p p e m e n t et par les a g ric u lte u rs , n'est pas immédiate. Sans investisse­ ment en moyens, en sensibilisation, en in fo rm a tio n et en fo rm a tio n des acteurs de la filière, il n'existe pas de solution facile qui soit durable.

Vers une protection

durable

B. tabaci est resté un ravageur secon­

daire des cultures ta n t q u 'u n é q u i­ libre écologique a pu être maintenu avec ses e n n e m is naturels et dans des systèmes de c u ltu re différents ; cet é q u ilib r e s'est ro m p u dans les a n n é e s 9 0 . En f a it , p o u r r é d u ir e

d u ra b le m e n t les p o p u la tio n s et les dégâts, il s 'a g it de re c h e r c h e r un retour vers la situ a tio n d 'é q u ilib r e é c o l o g i q u e : l ' i d e n t i f i c a t i o n et l'i n t e r p r é t a t io n des causes e x p l i ­ quant la recrudescence actuelle des aleurodes c o n trib u e ro n t à imaginer de nouvelles techniques.

Les méthodes de lutte possibles sont diverses et s'inscrivent parfaitement dans un schéma de lutte intégrée. La seule façon de viser à terme la maî­ trise de ce ravageur est de mettre en place toutes ces composantes. Cela demandera du temps : évolution des m e n ta lité s , tra v a u x de rec h e rc h e , change m e nt des habitudes de p ro ­ tection, etc. L'orientation qui consis­ te à co n tin u e r à utiliser des aleuro- d ic id e s tels q u 'il s s o n t a p p liq u é s a c tu e lle m e n t, ou de m a n iè re plus intense, ne p e u t a lle r q u e dans le sens d'une aggravation.

Les m éth o d e s de lu tte q u i e n tre n t dans le c o n c e p t de lu tte intég ré e m éritent d'être étudiées ou vérifiées dans les conditions du Sénégal avant d 'ê t r e v u lg a r is é e s . Elles d o i v e n t s'accompagner d'observations sur la biologie et la taxonom ie des souches présentes. Des études sur la caracté­ risation génétique des populations, sur les relations et les flu x entre les d iffé re n ts systèmes de c u ltu re s ou plantes hôtes, c o n trib u e ro n t égale­ m e n t à p ro p o s e r des m éth od es de lutte adaptées.

Des techniques culturales

appropriées

Installation ra p id e et précoce

de la culture

L'installation précoce et rapide de la culture, et tout ce qui peut y co ntri­ buer, est à privilégier : elle permet de réduire l'incidence é conom ique des dégâts des a le u r o d e s . C e tte v o ie r é s u lt e de d if f é r e n t e s m é th o d e s de lu tte in té g ré e et, à ce t it r e , le semis précoce est p ro b a b le m e n t la p lu s im p o r ta n te r e c o m m a n d a tio n à r e s p e c t e r . E lle d é p e n d c e rte s des c o n d it io n s p lu v io m é tr iq u e s : le re n fo rc e m e n t des capacités des L'aleurode Bemisia afer.

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a g ric u lte u rs à semer tô t et v ite est à e n c o u ra g e r par la ré d u c tio n des tem ps de tra v a u x , la d is p o n ib ilit é du matériel agricole, etc.

Certaines techniques peuvent aider à l'installation précoce et rapide de la culture : itinéraires fondés sur un tra­ vail m in im u m du sol (par exemple le semis direct), utilisation d'herbicides (gain de temps, couvert végétal mort réduisant l'évaporation et l'érosion), semences de bonne qualité germina- tive (maturité des graines ayant servi à produire la semence, pouvoir ger- minatif). De même, un apport préco­ ce d'engrais, dont la dose et la c o m ­ p o s i t i o n d o i v e n t ê tre a d a p té e s , p e r m e t un d é m a r r a g e r a p id e du cotonnier.

Le délintage des graines et un traite­ ment de semences avec un insectici­ de systémique permettent un dém ar­ rage rapide de la phase végétative de la cu lture, ce qui va dans le même sens qu'un e mise en place précoce. Mais tout investissement en intrants (délintage, traitem ent de semences, herbicides, etc.) d o it être raisonné en fo nction du potentiel de production (rentabilité).

La v o ie g é n é tiq u e p eut é g a le m e n t être approfondie. La recherche peut tr a v a ille r p o u r m ettre au p o in t des cultivars améliorant la mise en place de la culture. Ce critère variétal nous p a r a ît ê tre a u j o u r d 'h u i , d an s les conditions du Sénégal, fédérateur et prioritaire. O n peut par exemple ima­ giner cultiver des variétés précoces, dont la production repose essentielle­ ment sur les capsules de base (rang de la p re m iè re b ra nch e fructifère), en e nvisag ea nt des m o d a lité s de ra c ­ courcissement du cycle (forte densité et régulateurs de croissance).

Les conditions d'alim entation

du cotonnier

La d é m a rc h e est d 'é v ite r les situ a ­ tions de stress h y driq ue et m inéral, qui am plifient le stress biotique dû à

B. ta b a c i. Il c o n v i e n t é g a le m e n t

d 'é v ite r des situations d 'a ttra c tiv ité excessive des aleurodes, com m e un feuillage exubérant et riche en cer­ taines substances.

Les aleurodes ont tendance à provo­ quer des dégâts d'autant plus consi­ dérables que l'alim entation minérale e t h y d r i q u e des c o t o n n i e r s est mauvaise. Le bon dém arrage de la culture ou des opérations culturales, c o m m e le buttage, o p tim is a n t l 'a li ­ m e n ta tio n en eau et en é lé m e n ts m in é ra u x , p a rtic ip e n t au m a in tie n de l'état n utritif des plants, ce qui les rend plus résistants. Un apport tardif d 'a z o te , sous la fo rm e d 'u ré e , ne peut que favoriser les infestations de

B. t a b a c i tandis que les déficiences

en potassium aggravent les dégâts trophiques. Une forte attaque sur des parcelles carencées en potassium se t r a d u i t p a r l 'a f f a i b l i s s e m e n t des cotonniers et un shedding physiolo­ gique accru.

La lutte chimique

La lutte c h im iq u e actuellem ent v u l­ garisée n'est pas efficace, quelle que soit la matière active, et son intensi­ fication cond uira à une aggravation des p ro b lè m e s . La lu tte c h im iq u e contre les aleurodes, si elle est e nvi­ sagée, d o it être réalisée du m ie u x possible, ce qui im plique une grande discipline.

La technique d 'a p p lic a tio n

Le p re m ie r fa c te u r l im i t a n t est la technique d'a pp lica tion . L'utilisation d'atomiseurs à dos et à moteur per­ m e t d ' a t t e i n d r e , en r e m u a n t le feuillage, toutes les parties du coton ­ nier, y com pris les faces inférieures des feuilles. Elle est vulgarisée dans certains pays par des petits p ro d u c ­ teurs, co m m e en Thaïlande : il fau­ d ra it v é rifie r son efficacité dans les c o n d itio n s du Sénégal. Son e m p lo i d e m a n d e ra it des efforts de la part des acteurs de la filiè re : é v o lu tio n des mentalités, formation des utilisa­ teurs, possible remise en question des itin é ra ire s te c h n iq u e s actuels, d isponibilité en carburant, etc. De la même façon, on pourrait projeter le retour à la technique conventionnel­ le (appareil à dos à pression entrete­ nue), co m m e en Côte d 'iv o ire dans les régions où l'acariose sévit.

Intervenir en fonction

de la pression parasitaire

Pour une bonne gestion des popula­ t i o n s de r a v a g e u r s , il c o n v i e n t de tra ite r sur seuil et non plus sur cale nd rie r. La rép étitio n des tra ite ­ ments inutiles favorise l'a u g m e n ta ­ tio n de la p ro p o rtio n des in d iv id u s résistants et la destruction de la fau­ ne u tile. La d é fin itio n de seuils est com p le xe puisqu 'e lle fait intervenir la clim atologie, le stade de dévelop­ p e m e n t du c o to n n ie r , l'é ta t de la végétation et le d é n om brem en t des insectes (adultes ou formes fixées).

Le choix des matières actives

Il est n é c e s s a ire d 'e m p l o y e r des m atiè re s a c tiv e s s p é c ifiq u e s , peu polluantes, peu toxiques et ayant des p ro p rié té s a le u r o d ic id e s v é rifié e s (effet c h oc et rém anence). Elles ne sont pas nombreuses : leur coût doit être pris en considération ainsi que le u r e ffe t sur la fa u n e a u x i l ia i r e . P lu tô t q u e les in s e c tic id e s b i o l o ­ giques, il est souvent préférable de rechercher la préservation des enne­ mis naturels des aleurodes : parasi- toïdes de la fam ille des Aphelinidae, prédateurs, sans com pter les c h a m ­ pignons. Ces ennemis naturels sont observés en grand nombre dès l'arrêt des traitements. Ils pourraient parti­ c ipe r, s'ils é taient sauvegardés, au m a in tie n de n iv e a u x d 'in f e s ta tio n au-dessous des seuils économiques.

Prévention ou gestion

d e la résistance

L'hypothèse de l'apparition de p op u ­ lations résistantes n'est pas à écarter, s u r t o u t d an s le cas du b io t y p e B de B. tabaci. Avant de s'intéresser à cette hypothèse, il faut analyser les raisons des échecs au champ, dans les c o n d itio n s des forts niveaux de p o p u la t io n s d 'a le u r o d e s observés depuis deux ans : sont-ils liés à une mauvaise efficacité de recouvrement de la technique d'a pp lica tion vulga­ risée ? Sont-ils dûs à une mauvaise qualité des produits insecticides ? Les recommandations de prévention o u de g e s tio n de la ré s is ta n c e

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c o n v e rg e n t : elles d o iv e n t v is e r

à

r é d u ir e la p re s s io n de s é le c t io n (ré d u c tio n des q u a n tité s d 'in s e c t i­ cides aleurodicides utilisés, intégra­ tion de matières actives spécifiques ou au m ode d 'a c tio n différent) et

à

intégrer d'autres méthodes de lutte.

Autres méthodes de lutte

La voie génétique autorise l'id e n tifi­ cation de cultivars m oins sensibles a u x in f e s t a tio n s q u e les v a rié té s a c tu e lle m e n t c u ltiv é e s . Les c a ra c ­ tères okra, red, glabre peuvent aider

à

r é d u ir e les p o p u la t io n s d 'a l e u ­ rodes. Les études futures doivent esti­ mer si les différen ces d 'in fe s ta tio n induisent une réduction significative des dégâts et quels sont les risques

à

favoriser in v o lo n ta ire m e n t d'autres ravageurs. A ce titre , il est d é c o n ­ seillé de réduire la pilosité des varié­ tés actuelles, les jassides demeurant des déprédateurs dangereux.

Un bon entretien des parcelles per­ met de réduire des plantes suscep­ tib le s d 'h é b e rg e r des p o p u la t io n s d'aleurodes. Sur le m ême p rincipe, des essais p o u r r a i e n t c o n s is te r

à

in tro d u ir e , en p é r ip h é r ie des p a r­ celles de c o to n n ie r, des p a rc e lle s pièges de m anière

à

c o ncentrer les infestations en vue de les détruire.

L 'u t ilis a t io n d 'in s e c tic id e s b i o l o ­ g iq u e s ( e x tr a it s v é g é ta u x , k a ir o - mones, régulateurs de croissance) ou semi-biologiques (huiles, détergents) est concevable dans un co nce pt de protection intégrée.

Cependant, aucune de ces proposi­ tions n'est facile

à

mettre en place et ne résoudra, seule, du jo u r au lende­ m a in , le p r o b l è m e p o s é . Elles r e q u iè r e n t des e ffo rts de to u s les acteurs de la filière.

Conclusion : une

rupture nécessaire

avec les pratiques

passées

C om m e les pucerons dans d'autres régions, les aleurodes sont actuelle­ ment des ravageurs dont les niveaux de populations sont devenus préoc­ c u p a n t s p o u r la f i l i è r e c o t o n en A friq ue de l'O uest. De la même manière, la protection phytosanitaire a c t u e l l e m e n t v u lg a r i s é e p o u r la m aîtrise de l'a le u ro d e ne don ne pas satisfaction. Elle d o it être repen­ sée, ce q u i nécessite des e x p lic a ­ t i o n s , u n e s e n s i b i l i s a t i o n et des

Résumé... Abstract... Resumen

J.-P. DEGUINE, M. VAISSAYRE, B. HAU — Bemisia

tabaci sur cotonnier au Sénégal : analyse de la

situation et recommandations.

Au Sénégal, l'aleurode Bem isia tabaci (Gennadius) est depuis longtemps connu comme un ravageur du cotonnier et des cultures maraîchères, mais ses infestations sont d'importance variable d'une année à l'autre. En 1 9 9 8 , elles ont été très fortes, suscitant l'inquiétude des milieux agricoles et de la filière cotonnière. A partir de l'analyse des pratiques culturales, phytosanitaires en particulier, des recom m andations peuvent être form ulées dans le sens d 'u n e gestion ra is o n n é e des po pu la tio ns de ce ravageur.

Mots-dé : B em isia tabaci, cotonnier, dégât, protection phytosanitaire intégrée, Sénégal.

J.-P. DEGUINE, M. VAISSAYRE, B. HAU — Bemisia

tabaci on cotton in Senegal: analysis of the

situation and recommendations.

The Bemisia tabaci (Gennadius) aleurode has long been k n o w n as a cotton an d m a r k e t g a rd e n crop pest in Senegal, but the severity of the da m age caused varies from one year to the next. The effects were particularly severe in 1 9 98, prompting concern in the agricultural and cotton production sectors. Following an analysis of the crop techniques practised, pa rtic ula rly phytos anitary methods, recommendations can now be made with a view to rational pest population management.

Keywords: B em isia tabaci, cotton, da m age, integrated phytosanitary protection, Senegal.

c h a n g e m e n ts d 'h a b it u d e p o u r les acteurs de la filière : c'est une ruptu­ re avec les pratiques passées. La prévention et la gestion des résis­ tances de B. tabaci aux insecticides renforcent la nécessité de m ieux rai­ s o n n e r la p r o t e c t i o n c h i m i q u e , a c tu e lle m e n t fo n d é e sur l 'e m p lo i massif de matières actives a le urod i­ cides. Les méthodes de lutte les plus e f f i c a c e s s ' i n s c r i v e n t d a n s un c o n c e p t d 'u n e v é rita b le lutte in té ­ grée qui in t ro d u it deux c o n d itio n s indispensables : l'installation préco­ ce et rapide de la culture et la réduc­ tion de l'offre alimentaire végétative en quantité et en qualité.

L'aleurode Trialeurodes ricini.

J.-P. DEGUINE, M. VAISSAYRE, B. HAU — Bemisia

tabaci en algodonero en Senegal: análisis de la

situación y recomendaciones.

En Senegal, el aloroda Bem isia ta b a c i (G ennadius) se conoce desde hace mucho tiem po como una plaga del a lg o d o n e r o y de los c u ltiv o c o m e s tib le s , p e ro sus infestaciones son de importancia variable de un año para o tr o . En 1 9 9 8 , f u e r o n m u y fu e r t e s , su s c ita n d o la inquietud de los medios agricolas y del sector algodonero. A p a r t i r del a n á lis is de las p rá c tic a s de c u ltiv o , f it o s a n it a r ia s en p a r t ic u la r , p u e d e n fo r m u la r s e recomendaciones en el sentido de una gestión raciocinada de las poblaciones de esta plaga.

P a la b ra s -c la v e : B e m is ia ta b a c i, a lg o d o n e ro , d a ño , protección fitosanitaria integrada, Senegal.

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