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Chapitre 5. Piéça

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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revue murmureuse Editeur Gilles F. Jobin ombrée et songeuse Chêtre 19, 2800 Delémont

envoyée sur demande No 0,11 décembre 2017 lit tous les textes reçus

Moi-même. C’est quand je suis tout seul que je commence à être plusieurs. On ne s’entend pas tellement bien. On n’est pas du même avis. Il faut que quelqu’un arrive pour que je me retrouve moi-même.

Norge ( écrit en 1984 et publié en 1988)

Chapitre 5. Piéça

Je suis dans la rue. Le projet : sa description. Je n'y suis pas.

J'imagine d’y être. Les passants, les enseignes, les maisonnées.

Les détails que l'on voit, ceux qui se taisent. Je pense que vous rentrez du Pérou. Par quoi démarrer. Quand et comment.

Scruter le ciel, ses bavardages qu'on ne saisit pas. Effleurer la terre. Il y avait trois boucheries, les paysans amenaient les bêtes dans l'une d'elles. J'avance de cinq pas. Une main sur la clôture de fer. Je ne suis pas dans un jeu. Ni dans un roman

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photo. Tu dis que je quitte Lima aujourd'hui. La dernière boulan- gerie a verrouillé son pétrin en novembre. Les enfants se sou- viennent des odeurs sur le chemin de l'école. Elle n'existe plus. C'est un dépôt d'outils qui s'empoussière. L'immeuble locatif de sept étages est en vente. Les stores sont tombés.

Les adolescents s'en vont ailleurs. Pour travailler, apprendre, devenir. Pour vivre. Au bord de la nuit, je pense que vous êtes dans l'avion. La femme en rouge promène son chien sous la pluie qui se presse. Elle se hâte. L'animal tire sur la laisse.

La patronne cherche à remettre son bistrot. Il n'y a plus d'ama-

teurs. Sur le grillage, l'écriteau s'effrite. Barré, le mot location.

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Des jeunes créent un jardin. La permaculture s’avérera pro- pice. Je marche sur le trottoir. Je m'égare dans les ruelles de ma tête. Une ondée rageuse chasse les oiseaux. Mouloudji chante Bernard Dimey, les heures que j'ai passé à me finir au Gerpil avec des filles de rien que j'appelais monsieur. Tu connais celle de mon arrivée à l'aéroport. Ce sont des mots déjà per- dus. Des morts aussi. Dans les murs des bâtiments que le temps a délabrés. Saison hors saison. La porte de l'église est cadenassée. Pour la visite, s'adresser à la vieille sacristine.

Lettres en capitales. À la main. Ils transforment une ancienne cantine en un pays de convivialité. Pléthore d'ateliers. D’aucuns dédiés aux arts. À l'artisanat. Je compte les pavés autour de la fontaine. L'eau est sale. La pierre verdâtre. Je me retourne.

Ne pas tomber du lit. Lui, il avait travaillé plus au Nord, je me souviens, au bord du Pacifique. Le bus charge les écoliers qui se rendent dans d'autres classes dans d'autres localités. Le chanteur a écrit lui-même les paroles, j'ai tant besoin d'amour ce soir. Le facteur ne vient plus. Il a rangé son vélo puis son scooter puis sa jeep. On glane le courrier en des lieux qui va- rient toujours. J'arrive devant la mairie, seule une fenêtre est éclairée. Des ombres passent dans le parc. Je vous attends depuis deux jours, vous serez là, je le sais. Dans la vitrine, le peintre marocain expose acryls et sculptures en métal. Je res- pire l'air d'autrefois, je reconnais à peine la place des fêtes.

On a remplacé les réverbères. Du papier jauni recouvre les vitres du salon de coiffure. Devant, une benne débordant de détritus. Les tulipes n'ont pas encore refleuri. C'est sans doute un rêve. Un de ceux qui reviennent. Tu restes tellement silen- cieux, j'ignore qui tu es. Le vieillard somnole sur le banc, un livre à moitié ouvert sur les genoux. Le platane a grandi, c'était le coin des rendez-vous. Les nuages hésitent au-dessus des forêts. Je ne vois plus rien, il fait trop sombre dans mon crâne.

Je ne sais pas si je musarde dans le passé. Il avait fait du tra- vail communautaire dans les quartiers défavorisés. Le guita- riste de quinze ans compose en secret, les parents s'agacent.

Ils écoutent des vinyles. Rares sont les ouvriers qui pédalent

encore jusqu'à l'usine. Je tourne la page. Je reprends le cray-

on. Où en sommes-nous ? Dis-moi si je. J'efface à vau-de-route.

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