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il te dit qu'il t'aime
il te dit qu’il t’aime, que tu es tellement différente de toutes les autres femmes !... tu sais bien qu’il n’y a rien de moins différent d’une femme qu’une autre femme, et surtout qu’il n’y a rien de plus différent de toutes les femmes qu’un homme. tu sais donc bien que sous l’emprise de son mâle homosexualisme, celui qui te sentiment ainsi (présent éternel du verbe sentimentir) est en train de t’octroyer la qualité d’homme d’honneur — comme les national-zoocialistes allemands traitaient leurs alliés japonais d’aryens d’honneur pour les besoins de leur homoraciale cause.
il te parle des autres femmes, de toutes ces autres dont il t’énumère, non sans quelques pointes d’homorage, les défauts collectifs — ces traits si féminins puisque communs à la quasi-totalité des femmes — pour faire valoir tes qualités exceptionnelles — donc si peu féminines —, puisque tu es toi si différente des femmes de ton sexe si généralement abominable. tu sais bien que, comme chaque homoraciste antisémite a un ami juif pas comme les autres, chaque homosexiste gynécophobe a un amour de femme pas comme les autres. comment ne fuis-tu pas ? pourquoi supportes-tu cet amour qui couronne tant de haine pour les femmes, qui te prive de ton sexe, qui te masculinise ? la masculinisation d’une femme ne la transforme pas plus en homme que l’émasculation d’un homme ne le transforme en femme : ces procédures duales et solidaires conduisent à la neutralisation.
tu te dis qu’il n’aime et n’aimera que toi, et pour croire posséder exclusivement la sexualité de cet homomâle, tu acceptes son opprobre sur la féminie — maquillant ton excès de féminité —, et d’en être épargnée à titre d’homme d’honneur en échange de ton consentement à être expropriée de la force productive de ta sexualité féminine. ou plutôt à en demeurer expropriée avec en prime le cachet de l’abject libre consentement, car tu n’accepterais pas le moindre empiétement homomâle ou hommage si tu n’étais déjà colonie homomaternelle, ne serais raptée si jà n’étais captée,
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interdite d’hétéroféminité, si tu aimais l’homme pour son sexe : pour rien d’autre que ton plaisir d’hétérosexuelle.
ils parlent généreusement de partage et d’équilibre, de juste reconnaissance et de complémentarité, d’interdépendance et de respect mutuel, lorsqu’ils voient que sur tel ou tel point, il devient impossible de maintenir en l’état le vieux, l’ancestral, l’immémorial mécanisme de spoliation des femmes par les hommes — de l’afrique noire par les nations occidentales et arabes.
c’est en dernier ressort l’idéal de la parité qu’ils enfourchent lorsque leur domination est en cause : si dans un couple par exemple, la femme se révolte contre sa servitude domestique, dite inégale répartition des tâches à son détriment, l’homme finira, s’il ne parvient pas à la mater, par lui octroyer libéralement la parité ménagère afin qu’il ne soit plus jamais question du travail volé, qu’il n’ait jamais à en fournir contrepartie, et qu’il puisse même se targuer du consentement de la détroussée. les plus modernes des expropriateurs, avant-garde de la contrerévolution permanente, veulent, à la manière des dictateurs militaires d'amérique qui décident de passer la main à de civils démocrates, non seulement que l’impardonnable leur soit pardonné mais aussi en être remerciés, et que soit effacée leur dette, historique et quotidienne, qu’il ne soit tenu aucun compte de l’immensité de la spoliation, de ce que les hommes doivent aux femmes — de ce que les nations occidentales et arabes doivent à l’afrique des peuples à la peau noire —, et que chacune et chacun y mette de la bonne volonté, renonce à des querelles d’un autre âge, moratoire imposé prenant — prônant — hypocritement la forme de la réconciliation, que tout continue sur une base paritaire dans un esprit de coopération fraternelle, le travail volé restant pour jamais aux voleurs. sous le masque hideux et fallacieux de la vérité et de la (ré)conciliation.
tu te dis que cette parité vaut mieux que la pérennité brutale de l’iniquité — vaut mieux moins bien que pire —, mais tu sais bien qu’elle en est la forme suprême, et même la plus sûre, puisqu’elle repose sur le maintien des acquis et des pertes, sur l’éternisation, la
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légalisation et la moralisation des coups de force et des expropriations — comme disait cette chanson soviétique : il ne faut pas penser camarades, vous n’êtes que des pignons dans un rouage. travaillez, martelez, travaillez voilà votre lot ! nous n’avons pas besoin d’amour ! —, et qu’elle s’oppose ainsi précisément à l’équité qui ne peut s’établir que sur le paiement de la dette des hommes aux femmes — des nations occidentales et arabes à l’afrique des peuples à la peau noire.
la réparation d’une injustice n’a rien d’admirable, c’est toujours moins que la moindre des choses : la normale absence de spoliation. tu me dis que de toute façon personne ne paie jamais de telles dettes, que ce serait la fin du commerce et de l’amour. tu ajoutes que c’est même pour ça qu’il n’y a pas de vraie vengeance, qu’amour et commerce doivent être aveugles et oublieux, et que si l’argent n’a pas d’odeur, l’amour ne connaît pas la rancune. tu ricanes en m’faisant savoir que tu connais le plaisir sexuel, sans oser cependant t’avouer que tu acceptes qu’il soit aliéné en une portion commerciale.
