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M ...sculptures vivantes

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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IN S E C T E S

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Face de singe. Tête de cochon. Lion, fourmi, mante ! Entre courges et petits pois, un étrange bestiaire a envahi le fond du jardin. Il n’est pas là pour effrayer d’hypothétiques envahisseurs, bien au contraire. Ces drôles de sculptures ne sont autres que des nichoirs à insectes : ils abritent une multitude de cavités, tiges creuses, bûches percées, fentes, qui offrent autant d’abris à nos amis les auxiliaires. Rencontre avec un naturaliste devenu artiste pour le bien de nos jardins.

...sculptures vivantes

Propos recueillis par Bruno Didier

M

oo (prononcer « mo ») a toujours vécu dans la na- ture. Ses grands-parents lui ont fait découvrir très tôt cette passion qui ne l’a jamais quitté. Il apprend à se nourrir de son potager et des plantes sauvages, à jardiner pour maintenir les espèces loca- les, à vivre en quasi-autonomie et en harmonie avec la nature. Pour intervenir auprès du public et faire

de l’éducation à l’environnement, il a d’abord créé l’association Les Articulés, dont le nom rendait déjà hommage aux petites bêtes. Le jar- din naturel, l’importance des bon- nes pratiques, les auxiliaires, font partie du discours véhiculé et trans- mis au public. Moo construit un premier nichoir/totem pour l’offrir à son frère. À l’aide de matériaux naturels locaux, non traités, issus

de collecte ou de récupération, il en fabrique bientôt un autre, puis deux, puis quelques-uns qu’il ex- pose dans des vide-greniers, des marchés sur lesquels interviennent Les Articulés. La curiosité fait le reste. Avant d’attirer les abeilles et autres bestioles en souffran- ce d’hébergement, les curieuses sculptures totémiques attirent les regards et interrogent les passants.

Mais, justement, Moo, à quoi ser- vent vos sculptures ? « Dans un premier temps, elles me permet- tent d’établir le contact. On vient les voir pour le côté esthétique et artistique et on fi nit par discuter du jardin, de la place qu’y occu- pent les insectes. Les totems sont donc avant tout le support d’un discours. C’est d’autant plus vrai que lorsqu’on en met un dans son jardin, le phénomène se prolonge :

A RT ET INSECTES

Les clichés sont de Moo

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les visiteurs sont interpellés comme on l’a été soi-même, et si on a été sensible aux explications, on va transmettre le message à son tour ! Les grands modèles d’hô- tels à abeilles tels qu’ils sont décrits un peu partout sont très bien mais, selon les matériaux utilisés, ils peuvent se dégra- der plus ou moins rapidement.

Avec les intempéries ils ne sont parfois plus très jolis et refaire un hôtel demande du temps et de l’investissement. Ils sont lourds, fi xes et encombrants. Ils sont longs à remplir, il faut dispo- ser de beaucoup de tiges creuses, etc. Mieux vaut avoir plusieurs pe- tits nichoirs qu’on peut facilement abriter en hiver, déplacer et dispo- ser dans les coins du jardin où ils seront les plus utiles par exemple en créant un pôle au plus près des cultures. »

Et les insectes dans tout ça ? « Je ne suis pas entomologiste et je n’ai pas le souci de le devenir. Mon re- gard sur les insectes est d’abord sensible plutôt que scientifi que. Les nichoirs m’ont permis de les décou- vrir, de les voir et de les suivre dans le jardin, de les fi lmer. Au gré des rencontres avec des producteurs de pommes, des pépiniéristes, des jardiniers, auprès de qui je suis in- tervenu, j’ai beaucoup appris sur leur place dans les cultures. J’ai la conviction que quand on sème ou quand on plante, on devrait tou-

jours "cultiver" les insectes en pa- rallèle. Un jardin, c’est un bout de nature en déséquilibre auquel il faut apporter une compensation. Mettre un nichoir dans son jardin, c’est utiliser un outil de la même manière qu’on utilise une bêche ou un râ- teau. Les insectes sont des ouvriers indispensables et s’ils en profi tent en se nourrissant et en assurant

leur descendance, ils y travaillent pour nous. Et c’est vrai dans la nature comme au jardin : si les insectes ont souvent été décriés, on ne serait pas là sans eux. » Aujourd’hui, Moo intervient auprès des écoles, anime des ate- liers. Pendant qu’il construit des nichoirs avec les enfants, qu’il coupe les bambous et qu’il leur fait remplir la structure, il parle des abeilles, du jardin naturel, des plantes. « Je tiens avant tout à rester dans une démarche qui me permette d’échanger avec les personnes que je rencontre. Aller sur les marchés aux plantes plutôt que dans les centres commerciaux, aller dans les foires bio, les fêtes de la nature ou du jardin plutôt que dans les manifestations mercanti- les. » Moo vend quelques totems sous le statut d’artiste pour couvrir les frais de ses interventions, mais cherche avant tout à sensibiliser le public, à avoir un retour d’expérien- ce, des regards différents. « Je vois parfois des copies ou des imitations du "style Totemoo" chez certains commerçants, dans des jardine- ries. Malheureusement ils sont ven- dus sans la moindre explication et certains vendeurs ne savent même pas à quoi servent ces objets, c’est dommage. »

Le blog Totemoo :

http://totemoo.over-blog.com/

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