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Enjeux de connaissance et de politiques autour de l'enfance

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Enjeux de connaissance et de politiques autour de l'enfance

HANSON, Karl

HANSON, Karl. Enjeux de connaissance et de politiques autour de l'enfance. In: Pache Huber, V., de Suremain, Ch.-E. & Guillermet, E. Des politiques institutionnelles aux

représentations de l'enfance. Perspectives d'Amérique latine et d'Europe.. Liège : Presses Universitaires de Liège, 2016. p. 179-185

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150651

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DES POLITIQUES INSTITUTIONNELLES AUX REPRESENTATIONS DE LENFANCE. PERSPECTIVES D’AMERIQUE LATINE ET D’EUROPE

SOUS LA REDACTION DE CHARLES-EDOUARD DE SUREMAIN,ELISE GUILLERMET ET JEANNE- VERONIQUE PACHE,2016

P

OSTFACE

E

NJEUX DE CONNAISSANCE ET DE POLITIQUES AUTOUR DE L

ENFANCE

KARL HANSON1

Ce livre, qui présente des études de cas en lien avec des politiques sociales relatives à l’enfance dans cinq pays d’Amérique latine et d’Europe, adopte une posture critique et réflexive pour interroger la façon dont les politiques et les représentations de l’enfance prennent forme. À cette ambition de produire des connaissances sur les politiques institutionnelles de l’enfance s’ajoute une volonté d’analyser les discours et pratiques concernant le principe d’autonomie des enfants, un axe fondamental des droits humains. Le présent ouvrage souhaite, selon Véronique Pache Huber, Charles-Édouard de Suremain &

Élise Guillermet, « prendre en compte le point de vue et la marge de manœuvre des enfants » qui sont considérés comme « des acteurs sociaux à part entière, dotés d’une capacité d’action

» (Introduction).

Les politiques de l’enfance sont basées sur de multiples disciplines productrices de connaissances en lien avec les enfants et l’enfance. Prenant en compte cet état de fait, le présent ouvrage privilégie une approche pluridisciplinaire et réunit des contributions qui mobilisent la pédopsychiatrie, le travail social, les sciences de l’éducation, la psychologie du développement, la sociologie et l’anthropologie de l’enfance, le droit de la famille et les sciences politiques. Ces disciplines produisent des connaissances qui sont invoquées pour légitimer des démarches politiques ou institutionnelles variées, désignées comme favorables à l’enfance. Aux connaissances académiques s’ajoutent les savoirs concernant les enfants et l’enfance, qui renvoient à d’autres sources. Ils se réfèrent, entre autres, à des expériences pratiques (par exemple concernant l’éducation des enfants), à des expériences

1 Professeur ordinaire, Centre interfacultaire en droits de l’enfant, Université de Genève, Suisse. Email : Karl.Hanson@unige.ch

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autobiographiques, à des représentations culturelles ou religieuses ou encore aux connaissances qu’ont les parents du parcours de vie de leurs enfants. Par exemple, dans son étude des enfants Mayas yucatèques au Mexique, María Dolores Cervera Montejano s’appuie sur les connaissances des mères du développement de leurs enfants pour étudier la construction culturelle de l’enfance et sa relation avec la vision du monde maya (Chapitre 8).

Le caractère interdisciplinaire des contributions facilite une exploration créative et innovante des trois thèmes principaux du livre qui sont : la scientifisation des politiques de l’enfance, les enjeux institutionnels et politiques qui entourent les figures de l’enfance et la notion d’agencéité.

Les différents chapitres démontrent que les enjeux de l’enfance pour les pouvoirs publics ne se réduisent pas à une simple mise en œuvre linéaire d’objectifs universels. Au contraire, l’enfance présente pour les pouvoirs publics des enjeux multiples qui peuvent converger, coexister en parallèle ou encore entrer en conflit. Les débats autour de ces enjeux renvoient à trois types de connaissances, c’est-à-dire aux connaissances empiriques, normatives et théoriques. Ces différentes formes de connaissances interagissent non seulement entre elles, mais sont aussi mobilisées au service d’enjeux plus larges que représentent les enfants et l’enfance pour les pouvoirs publics.

Des connaissances empiriques sont mobilisées pour fonder, légitimer, infléchir ou contester des politiques institutionnelles qui concernent la protection et les droits et intérêts des enfants.

Dans son examen du rôle de l’hôpital dans les productions institutionnelles de l’enfance aux XIXe et XXe siècle, Sarra Mougel met, par exemple, en avant le rôle des connaissances médicales dans l’évolution de la représentation de l’enfance (Chapitre 4). Ces évolutions s’appuient d’abord sur des avancées spectaculaires dans le domaine des connaissances thérapeutiques de la médecine clinique qui, grâce aux vaccins et antibiotiques, ont permis la survie des enfants malades hospitalisés. Les savoirs élaborés par la psychiatrie ont ensuite largement contribué à reconfigurer le regard porté sur l’enfant malade et à reconsidérer l’enfant comme un être d’émotion. Ces connaissances ont notamment contribué, surtout à partir des années 1950, à ouvrir l’hôpital à la présence des parents, qui vont être amenés à participer à un ensemble d’activités pédago-ludiques favorables au développement psychique et au bien-être de l’enfant.

Plusieurs chapitres révèlent l’importance des connaissances normatives pour l’analyse des politiques institutionnelles de l’enfance. Il s’agit de connaissances des ordres prescriptifs qui s’appuient sur des représentations de ce qui est considéré comme approprié, légitime, juste,

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valable, etc. dans une société. Par exemple, dans son analyse des parcours de placement sous contrainte des enfants en France, Pierrine Robin fait référence au contexte normatif d’une parentalité unique, qui représente une sorte de modèle idéal dans la société française (Chapitre 2). L’auteur remarque que cet idéal de la parentalité unique est en tension avec les différentes formes de parentalité plurielle, telles qu’elles sont vécues par les enfants au long de leurs trajectoires de placement. Dans sa contribution sur la confrontation normative autour de la prévention précoce de la petite enfance en France, Marie-Laure Cadart démontre les enjeux sous-jacents de deux modèles de prévention qui s’appuient sur deux visions idéologiques antagonistes (Chapitre 5). En analysant le débat de société autour de la petite enfance et la prévention précoce, l’auteur distingue un modèle de prévention « soignant » centré sur l’enfant et un modèle de prévention « économique » visant la normalisation des comportements des enfants. Prenant partie pour le modèle soignant qui met au centre l’écoute et la rencontre, et qui tient compte de la singularité de chaque enfant, Marie-Laure Cadart relève les rapports de force inégaux et appelle à un mouvement de résistance contre le modèle économique qui repose sur l’investissement social dans la petite enfance. Elle dénonce le rôle dominant attribué aux neurosciences, savoir scientifique et technique par excellence, dans la définition actuelle des politiques publiques de la petite enfance. Selon l’auteur, ces connaissances empiriques ne sont pas neutres, mais sont mobilisées dans le but de soutenir une position idéologique particulière.

Dans leur chapitre sur les modalités d’hébergement de l’enfant en cas de séparation parentale en Belgique, Marie-Thérèse Casman & Angèle César analysent l’application de l’intérêt supérieur de l’enfant, une notion éminemment normative qui traverse le champ de la politique institutionnelle de politique de l’enfance (Chapitre 3). Selon les auteurs, il s’agit d’une notion floue dont les interprétations peuvent se révéler contradictoires en fonction de la personne qui l’emploie. Ce terme, qui se trouve au centre des décisions de justice et des motivations des parents, est utilisé et récupéré par les uns et les autres au gré de leurs convictions, intérêts et certitudes. Au terme de leur analyse, les auteurs constatent que la notion de l’intérêt supérieur de l’enfant apparaît « comme quelque peu vidé de son sens ». Cette notion, importante dans le droit national de nombreux pays, occupe une place centrale en droit international, en particulier dans l’article 3 de la Convention relative aux droits de l’enfant. À cause de sa souplesse et de son adaptabilité, l’article 3 de la Convention relative aux droits de l’enfant peut faire l’objet de manipulations. Selon le Comité des droits de l’enfant, qui est chargé de surveiller la mise en œuvre de cette Convention par les États, « le concept d’intérêt supérieur

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de l’enfant a été utilisé abusivement : par des gouvernements et d’autres pouvoirs publics pour justifier des politiques racistes, par exemple ; par des parents pour défendre leurs propres intérêts dans des différends relatifs à la garde ; par des professionnels qui n’en ont cure et refusent d’évaluer l’intérêt supérieur de l’enfant en le qualifiant de non pertinent ou de dénué d’importance » (Comité des droits de l’enfant, 2013, p. 10).

Un autre idéal normatif qui occupe une place importante dans le travail de plaidoyer international entrepris par les grandes organisations de défense et de promotion des droits de l’enfant concerne la lutte contre toutes les formes de violence envers les enfants (Poretti et al., 2014). L’objectif général selon lequel toutes les violences doivent disparaître dans les rapports entre adultes et enfants est interprété différemment suivant le point de vue adopté. Ainsi, Chantal Medaets & Fernanda Bittencourt Ribeiro signalent le décalage entre l’interdiction légale de tout châtiment corporel fait aux enfants proposée dans un projet de loi national et les codes moraux locaux dans deux villages amazoniennes au Brésil (Chapitre 6). Pour les avocats de cette loi, il s’agit d’un projet qui vise à contribuer à l’éradication de la violence dans la société brésilienne toute entière, tandis que les communautés locales considèrent l'usage circonstancié de châtiments corporels comme nécessaire dans le but d’instaurer l’autorité parentale avec le moins de violence possible. Il ne s’agit pas, dans ce conflit, d’interprétations divergentes de normes internationales – seuls les partisans de l’interdiction de la fessée au Brésil s’appuient sur les règles normatives internationales – mais d’une confrontation de points de vue normatifs distincts entre les classes moyennes représentées au parlement et les habitants de deux communautés villageoises brésiliennes. La promotion de la loi permet à une partie de la population brésilienne de mettre en avant leur adhésion à des valeurs jugées universelles et surtout supérieures à celles détenues par des « autres » qui se voient ainsi stigmatisés en tant que rétrogrades et malveillants.

Les enjeux que représentent les enfants pour les pouvoirs publics concernent moins les droits et intérêts des enfants dans le monde « tel qu’il est » que le bien-être futur de l’ensemble de la population dans le monde « tel qu’il devrait être ». Les origines des systèmes spécialisés de protection de l’enfance, qui ont été mis en place à partir de la fin du XIXe siècle, illustrent bien l’enchevêtrement des politiques de l’enfance et l’agenda du développement de la société.

La loi belge de protection de l’enfance de 1912 offre un exemple intéressant de la façon dont les politiques de l’enfance en Occident étaient au service d’un projet de société qui dépassait largement le bien-être des enfants (Hanson, en préparation). Cette loi permettait au juge des enfants de prendre des mesures de garde, d’éducation et de préservation à la fois envers des

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enfants qui avaient commis des infractions, « les enfants dangereux », et les enfants victimes de mauvais traitements, les « enfants en danger ». Les travaux d’Adolphe Prins (1899), criminologue et pénaliste qui a largement influencé les débats politiques sur l’instauration de la loi sur la protection de l’enfance en Belgique, permettent de saisir l’idéologie sous-jacente à ces changements. Selon Prins, tant les enfants qui ont enfreint le droit pénal que les enfants moralement ou matériellement abandonnés font partie de la même population malheureuse et misérable dépourvue des conditions nécessaires au développement de l’individu. Les enfants en danger d’aujourd’hui sont identifiés aux enfants dangereux de demain, lesquels deviendront à leur tour les criminels endurcis d’après-demain. Afin de protéger la société contre la criminalité, surtout imputable aux criminels endurcis, il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. À cette fin, le système de protection de l’enfance mis en place devrait permettre d’intervenir le plus tôt possible dans le but de sensiblement réduire le taux de criminalité. Le remplacement du droit pénal applicable aux enfants et aux jeunes par un « système protectionnel » dépasse dès lors la simple question de la délinquance juvénile, mais vise un but plus large qui est celui de réaliser une société sans criminalité. Ce projet progressiste était instauré non pas dans le but de protéger les enfants et de s’occuper de leurs droits et intérêts, mais principalement dans le souci d’assurer un meilleur futur pour tous (Hanson, 2014a).

Selon Verhellen (1999), la projection des enfants dans le futur fait partie de « l’idéologie du progrès » qui s’est propagée en Occident depuis le Siècle des Lumières et qui a eu des conséquences durables sur la représentation des enfants. L’auteur constate que « [l]’image de l’homme a évolué de façon à considérer l’individu au service du progrès, au service d’une société qui n’était pas encore telle mais qui le deviendrait. Le diktat de ‘l’avenir’ allait nier et infirmer de plus en plus le bien-être actuel de l’homme au profit d’un bien-être à venir » (1999 : 20). Dans le monde globalisé contemporain qui est résolument tourné vers le progrès et surtout le développement économique, les enfants sont devenus de plus en plus les instruments pour réaliser une société meilleure. Pour les états modernes, les enfants deviennent ainsi les porteurs non seulement de leur propre développement, mais aussi du développement de la société entière (Burman, 2008). Pour atteindre ce but, les connaissances de l’enfance, issues entre autres de la psychologie développementale, de la médecine spécialisée, du droit, de la pédopsychiatrie, des sciences de l’éducation ou encore de l’anthropologie de l’enfance, risquent d’être mises au service de la construction d’un futur meilleur pour tous au détriment de leurs droits et intérêts actuels.

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Dans un tel contexte, quel rôle peut jouer la recherche académique pour mieux comprendre les enjeux des politiques institutionnelles et les changements des représentations de l’enfance ? D’abord, comme le démontrent les contributions de l’ouvrage, cette recherche doit continuer à jouer un rôle critique en analysant les objectifs affichés, mais aussi cachés, des politiques institutionnelles de l’enfance, ainsi que leurs effets sur les représentations de l’enfance et les enfants eux-mêmes. En d’autres termes, la recherche scientifique doit continuer à faire ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir révéler au grand jour les multiples enjeux normatifs et idéologiques sous-jacents aux politiques et aux connaissances relatives à l’enfance. Au-delà de cette entreprise de « déconstruction », cette recherche peut également contribuer à une « reconstruction » des connaissances en développant des nouveaux concepts et cadres théoriques qui, dans le contexte des droits de l’enfant, s’appuient sur une axiologie en lien avec les droits humains. Le cadre normatif des droits humains appelle notamment à respecter les points de vue de l’ensemble des acteurs concernés, y compris ceux des enfants, autour des définitions et interprétations de leurs droits fondamentaux et des priorités politiques en matière de l’enfance.

Dans mes propres recherches, j’ai contribué à ce double mouvement de déconstruction et de reconstruction en critiquant les approches qui considèrent les enfants comme de simples bénéficiaires de bonnes intentions à leur égard, et en abordant les questions de l’enfance et des droits de l’enfant à partir de l’agencéité et le droit à l’autonomie des enfants. Mes recherches se situent dans le domaine émergeant des études en droits de l’enfant, un champ d’études interdisciplinaire qui se positionne à la croisée des childhood studies (études de l’enfance) et des études en droits humains (Hanson, 2014b). En collaboration avec l’anthropologue Olga Nieuwenhuys, j’ai développé un cadre théorique qui a pour but de faciliter l’analyse et la compréhension des pratiques sociales autour des droits de l’enfant.

Cette approche confère une place importante à la confrontation des points de vue divergents sur les droits de l’enfant et se concentre sur les expériences réelles dans lesquelles les droits de l’enfant prennent forme. Notre cadre théorique est construit autour de trois notions centrales : droits vivants, justice sociale et traduction (Hanson & Nieuwenhuys, 2013). La notion des « droits vivants » prend en compte les représentations qu’ont les enfants de leurs droits, en s’appuyant sur l’agencéité des enfants. La reconnaissance de l’agencéité des acteurs implique que les droits vivants ne sont pas statiques ; ils ne se limitent pas à un catalogue figé des droits existants, mais chaque génération de détenteurs de droits ré-adopte et réinvente ce que sont ses droits en fonction de nouvelles circonstances, transformant ainsi de simples

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pratiques sociales ou tabous en droits reconnus et vice versa. La notion de « justice sociale » renvoie à un ensemble d’idées normatives adoptées par les personnes qui souhaitent réaliser, ou au contraire réfutent, certains droits. Dans les frictions autour des définitions et interprétations des droits et de leurs priorités, les acteurs s’appuient sur leurs visions spécifiques de la justice sociale. Dans différents contextes, espaces et interactions quotidiennes sont ainsi mis en balance non seulement des idées sur les droits de l’enfant mais aussi des idées renvoyant à des représentations spécifiques et parfois divergentes de ce qui approprié, légitime, juste, valable etc.. Les mécanismes de négociation ainsi que les transformations du sens conféré aux droits faisant l’objet de débats sont considérés comme des « traductions », qui indiquent les transactions subtiles entre les différentes perspectives et croyances autour des droits de l’enfant.

Ce cadre théorique et ces outils d’analyse souhaitent renforcer la réflexivité critique autour de la production, la mise en place, l’interprétation, la défense, la mise en œuvre ou le refus des droits de l’enfant et s’approchent ainsi du courant pragmatique en sociologie (Garnier, 2014).

Il ne s’agit pas d’un cadre théorique qui vise à expliquer les forces politiques ou structurelles à l’œuvre dans les politiques institutionnelles de l’enfance, mais d’une démarche conceptuelle qui cherche une meilleure compréhension des multiples façons dont les échanges autour des interprétations des droits de l’enfant prennent forme (Quels concepts des droits de l’enfant sont présents ? Qui les a défendu, et avec quels moyens ? Quand et comment est-ce que ces représentations ont été traduites ? Etc.). Les recherches en études des droits de l’enfant doivent prendre en compte le caractère généralement prescriptif des discussions sur les représentations de l’enfance et les droits de l’enfant.

Dans un pareil contexte, des investigations résolument empiriques qui cherchent à comprendre ce qui s’est passé, et comment cela s’est passé, ont un rôle important à jouer afin d’ouvrir les débats sur les politiques institutionnelles de l’enfance. Cette approche empirique s’avère indispensable si l’on prend en compte le caractère centripète de ces politiques, la diversité des convictions et des pratiques sociales envers les enfants et, bien entendu, les perspectives que les enfants eux-mêmes développent sur leur quotidien et sur leurs droits. Il s’agit donc d’étudier en détail les représentations des droits de l’enfant et de l’enfance auxquelles adhèrent une pléiade d’acteurs, au nombre desquels figurent non seulement ceux qui agissent au nom des enfants, mais aussi les enfants eux-mêmes. Il s’agit également de comprendre les multiples techniques et stratégies empruntées dans le travail de traduction.

Cette démarche suppose une prise en compte simultanée et complémentaire des

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représentations et des pratiques élaborées par des acteurs individuels et collectifs ainsi que des ressources mobilisables par les uns et les autres. Ce faisant, elle permet d’approfondir non seulement les relations entre la politique et les représentations de l’enfance mais aussi les multiples façons dont les structures économiques, sociales et politiques se reproduisent, évoluent et se transforment. Le cadre théorique autour des trois notions « droits vivants », « justice sociale » et « traduction », qui prend en compte les connaissances empiriques, normatives et théoriques qui ont été présentées dans cet ouvrage, permet ainsi à renforcer les capacités d’analyse et de compréhension des chercheurs qui s’intéressent aux champ complexe de la politique institutionnelle de l’enfance et des représentations de l’enfance.

BIBLIOGRAPHIE

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COMITÉ DES DROITS DE LENFANT (2013). Observation générale no 14 sur le droit de l’enfant à ce que son intérêt supérieur soit une considération primordiale (art. 3, par. 1), CRC/C/GC/14.

GARNIER, P. (2014). “Childhood as a question of critiques and justifications: Insights into Boltanski’s sociology”, Childhood 21(4): 447-460.

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HANSON, K. & NIEUWENHUYS, O. (ed.). (2013). Reconceptualizing children's rights in international development: living rights, social justice, translations. Cambridge : University Press.

PORETTI, M., HANSON, K., DARBELLAY, F. & BERCHTOLD, A. (2014). “The rise and fall of icons of ‘stolen childhood’ since the adoption of the UN Convention on the Rights of the Child”, Childhood 21(1): 22-38.

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Références

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