Enveloppe convexe de O n ( R )
Florian BOUGUET
Références : [Szpirglas] Algèbre L3, p344 (merci à Hugo M.)
Au cours de ce développement, on montre plusieurs choses : on caractérise le dual deMn(R)à l’aide de la trace, on démontre que l’enveloppe convexe deOn(R)est la boule unité ferméeB¯ associée à la norme subordonnée à k·k2puis queOn(R)est en fait l’ensemble de ses points extrémaux. Il s’agit d’un développement long mais faisant appel à de nombreuses notions d’algèbre linéaire.
Les normes considérées seront la normek · k2pour les vecteurs et la norme||| · |||2pour les matrices.
Lemme 1 (caractérisation du dual deMn(R)) Le dual deMn(R)est exactement
Mn(R)0 ={ϕA:M 7→Tr(AM)/A∈ Mn(R)}
Preuve du lemme :
NotonsΦ :A7→ϕAdéfinie comme au-dessus. La linéarité de la trace montre queϕA ∈ L(Mn(R),R)et donc Φ∈ L(Mn(R),Mn(R)0). En comparant les dimensions deMn(R)et de son dual„ il reste juste à montrer queΦ est injective. SoitA∈ Mn(R)telle queϕA= 0. Si on note(Eij)1≤i,j≤nla base canonique deMn(R), on a alors
φA(Eij) =Tr(AEij) =aji= 0
J’invite mes lecteurs à faire au moins une fois le calcul pour être à l’aise là-dessus, mais il n’y a rien de difficile.
On déduit donc queA=O, ce qui conclut la preuve du lemme.
Theorème 1 On a
Conv(On(R)) = ¯B
Preuve du théorème 1 :
Remarquons tout de suite queB¯est convexe et que Ω∈ On(R)⇒ kΩk= 1
On a donc Conv(On(R))⊆B. Reste à montrer l’inclusion inverse.¯
Par un corollaire du théorème d’HAHN-BANACH, on a que Conv(On(R))est égale à l’intersection des demi- espaces qui contiennentOn(R). On veut donc montrer que∀M ∈B¯ on a,∀ϕforme linéaire surMn(R),
ϕ(M)≤ sup
Ω∈On(R)
{ϕ(Ω)}
D’après le lemme, cela revient à montrer que,∀A∈ Mn(R), Tr(AM)≤ sup
Ω∈On(R)
{Tr(AΩ)}
1
Considérons une décomposition polaire deA(on n’a pas unicitéa priori, siA /∈Gln(R)), A=U R avecU ∈ On(R), R∈Sn+(R)
Considérons également(ei)1≤i≤nune base de vecteurs propres deR(rappelons queRest orthodiagonalisable car symétrique réelle). Alors
Tr(AU−1) = Tr(U RU−1) =Tr(U−1U R) =Tr(R)
=
n
X
i=1
kReik SoitM ∈ ¯
B. On a alors
Tr(AM) = Tr(M A) =
n
X
i=1
< M Aei, ei>=
n
X
i=1
< Aei, MTei>
≤
n
X
i=1
kU Reik.kMTeik ≤
n
X
i=1
kReik.kMTk.keik
≤
n
X
i=1
kReik carkMTk=kMk ≤1etkeik= 1
≤ Tr(AU−1)≤ sup
Ω∈On(R)
{Tr(AΩ)}
Ce qui conclut la preuve du lemme.
Theorème 2 On a
On(R) =Extr(¯B)
Preuve du théorème 2 : Rappellons que, par définition,
M est extremal deB¯si, et seulement si,
∀M1, M2∈B¯, M =M1+M2
2 ⇒M =M1ouM2
Iles points extremaux de¯
Bsont de norme 1 Remarquons que
O=I+ (−I) 2
On’est donc pas extremal. SoitA∈B(c’est-à-direkAk<1). On a A= 1
2 A
kAk+(2kAk −1)A kAk
DoncAn’est pas extremal.
Iles éléments deOn(R)sont extremaux
SoitΩ∈ On(R)telle queΩ = U+V2 avecU, V ∈B¯. On a alors∀x∈Rn 4kxk2 = k2Ωxk2=kU x+V xk2
≤ kU xk2+kV xk2+ 2< U x, V x >≤ kxk2+kxk2+ 2kU xkkV xk
≤ 4kxk2
2
Les inégalités sont donc des égalités, et doncU x etV xsont positivement liés (cas d’égalité dans l’inégalité de CAUCHY-SCHWARTZ) etkU xk =kxk = kV xk. Bref,U x = V xpour toutx, doncΩ =U = V.Ωest donc extremal.
Iles éléments extremaux sont des isométries SoitA=U Rextremal de ¯
B. En particulier,kAk= 1d’après le premierI. On va montrer queR =I. Il existe P ∈ On(R)tel que
R=PTDP avecD=diag(λ1, . . . , λn)
kAk =kRk =kDk, donc pour touti,λi ∈[0,1]. Supposons qu’il existe unλi tel queλi <1(choisissons par exempleλ1). On peut alors écrire
D=D1+D2
2 avecD1=diag(1, λ2, . . . , λn)etD2=diag(2λ1−1, λ2, . . . , λn) Par suite
A= U PTD1P+U PTD2P
2 : impossible carAest extremal DoncD=IdoncR=IdoncA∈ On(R).
3