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Bioéthique : petite toilette tricolore

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468 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 23 février 2011

actualité, info

Aux Etats-Unis, environ 11% des femmes âgées de plus de 18 ans ont chaque année une infection urinaire (IU) ; dans les six mois sui- vant une première IU, le risque d’infections urinaires à répétition (IUR) est de 24%.Un nombre im- portant d’études suggère que le jus de canneberge (cranberry en anglais) peut diminuer l’incidence des IUR notamment par diminution de l’adhérence d’E.coli aux cel- lules uro-épithéliales due à l’effet suspecté de la proanthocyanidine.

Le Clinical Infectious Disease

publie une étude en double aveugle, randomisée, afin de déter miner l’effet de l’apport régu- lier du jus de canneberge (240 ml 2 x/j) sur la réduction du nombre d’IUR et de la durée des symp- tômes, comparé à un jus placebo.

L’IU est définie comme une combi- naison de plus de trois symptômes (douleur lors de la miction et polla- kiurie, urgence mictionnelle, héma turie ou pression sus- pubien ne) et une culture d’urine positive pour un pathogène uri- naire. 319 femmes sexuellement

actives, âgées en moyenne de 21 ans, ont été randomisées en deux groupes ; 99% des participantes étaient connues pour M 1 infection urinaire. Sur un suivi de six mois, des visites médicales étaient orga- nisées à trois et six mois et lors de symptômes d’IU. Contrairement à toute attente, le jus de canne- berge ne protège pas contre le risque de récidive d’IUR. Les résul- tats montrent même une légère augmentation de leur fréquence dans le groupe sous canneberge (20% vs 14%). De plus, aucune différence entre les deux groupes n’est constatée concernant la durée et la sévérité des symptômes.

Commentaire : parmi toutes les études ayant démontré les béné- fices d’une prophylaxie des IUR par

canneberge, une étude randomi- sée avait évalué ses coûts annuels entre 620-1400 US$. Ainsi, à ce stade des études, la canneberge est fortement remise en doute quant à son efficacité, avec un coût annuel non négligeable dans le cadre d’une prophylaxie des IUR.

Dr Laetitia Vauthey Policlinique médicale universitaire Lausanne

Barbosa-Cesnik C, et al. Cranberry juice fails to prevent recurrent urinary tract infection : Results from a randomized placebo-controlled trial. Clin Infect Dis 2011;52:23-30.

Le jus de canneberge, un remède de grand-mère contre les infections urinaires à répétition ?

Bioéthique : petite toilette tricolore

Le temps fuit, les ambitions s’éloignent.

Durant la décennie 1980-1990, la France commence, non sans majesté, à organiser le passage – inédit – de «l’éthique au droit».

Vieille et noble tradition remise alors au goût du jour du fait de la compréhension et de la maîtrise progressives du vivant hu- main. Il y a urgence démocratique. La France – celle des Lumières – entend, une nouvelle fois, éclairer la planète. On se doit, selon elle, d’identifier dans ce domaine moderne et mouvant, des invariants dont la portée ne saurait être qu’universelle ; à commencer par cette clef de voûte en forme de trinité quelque peu redondante : «anonymat, béné- volat, gratuité» pour tout ce qui a trait aux échanges corporels humains à visée théra- peutique.

Heureuse époque. On échange. Des débats sont organisés, parfois éclairants, parfois pom peux, parfois les deux. Des rapports d’importance sont rédigés à la plume sous les ors réunis du Conseil d’Etat et de la Ré- publique française. Puis tout ceci est traduit dans le marbre législatif en 1994. L’exercice doit être repris en 1999. Il faudra toutefois attendre 2004 pour que le législateur fran- çais revienne sur le métier. Il corrige alors quelques petites affaires à la marge et re- fonde en une seule loi des dispositions jus- qu’alors éparpillées en trois. La loi française de bioéthique millésimée 2004 doit être revue en 2009. Elle le sera en 2011 : l’affaire est en cours.

Mais le citoyen sait déjà que les modifica- tions à venir sont, pour l’essentiel, infinitési- males ou presque. Il sait aussi que l’on va, cette fois, en finir avec la révision program- mée tous les cinq ans imaginée du temps où François Mitterrand était président de la Ré- publique française. S’émouvoir ? Et pourquoi donc ? Ce programme n’a jamais été tenu.

Et l’exercice était devenu lassant, coûteux, contre-productif. On exagère, bien sûr. Car ces rendez-vous successifs avaient une ver- tu : celle de faire émerger un instant dans

l’espace public citoyen des débats sous- jacents mal verbalisés, mal structurés. Une sorte d’équivalent jacobin, en somme, des célè bres votations en vigueur outre-Léman.

Mais de ce côté-ci du lac, ces débats étaient rapidement enterrés, victimes d’un double corsetage interdisant toute réelle respiration démocratique.

Au total, l’horlogerie de la machinerie ré- publicaine française parvenait ainsi à tou- jours repousser à plus tard le règlement de questions de société tenues par certains com- me essentielles ; des questions souvent asso- ciées à des pratiques médicales. Trois exem- ples : l’usage élargi qui pourrait être fait des techniques actuelles de l’assistance médi- cale à la procréation (au-delà du simple trai- point de vue

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 23 février 2011 469 tement de la stérilité – ou de l’hypofertilité –

des couples composés d’un homme et d’une femme en âge de procréer) ; la dépénalisation de cette pratique émergente qu’il convient désormais de désigner sous la formule de gestation pour autrui (celle de mère porteuse étant perçue comme un commentaire par trop négatif) ; l’obtention, enfin, de ce nouveau droit que serait celui d’avoir, le cas échéant et pour l’éternité, accès à ses origines biolo- giques.

Députés et sénateurs français ne débat- tront pas de questions aussi essentielles. Où alors le feront-ils de manière tellement indi- recte que leurs débats perdront tout de leurs sucs. Pour l’heure, si l’on en croit les infor- mations soufflées depuis les coulisses, le spec- tacle est bien en place. Commencé le 8 fé- vrier à l’Assemblée nationale, il est prévu pour durer plusieurs mois. Les élus de la gauche défendront globalement des positions libé- rales tandis que la droite, clairement en posi- tion d’arbitre, apparaît étrangement divisée.

C’est ainsi que l’on assiste ces derniers temps à quelques escarmouches éclairantes entre le gouvernement français et ses principaux représentants au sein du Parlement. Le pré- cédent gouvernement français entendait ou- vrir (ou plus précisément entrouvrir) la voie à la levée de l’anonymat des donneurs de sperme (et d’ovocytes). Jusqu’alors simple règle d’usage, la pratique de l’anonymat du don de gamètes fut inscrite dans la première loi de bioéthique de 1994. Il s’agissait d’une donnée intangible : le Conseil d’Etat faisait encore valoir il y a peu que c’était là une inter diction absolue. Impossible donc pour l’enfant, même devenu adulte, non seule- ment de connaître l’identité du donneur mais plus généralement d’avoir le moindre rensei- gnement concernant ce dernier. Le principe de l’anonymat est ainsi consacré en France à la fois par le code civil et par le code de la santé publique.

Or voici que le précédent projet de loi gou- vernemental de révision de la loi proposait de revenir sur cette disposition solennelle.

C’était là un retournement d’autant plus surprenant qu’on laissait entendre que cette disposition pourrait avoir une valeur rétro- active. Cette initiative réjouissait évidemment tous ceux qui estiment que ces enfants ont le droit, s’ils le souhaitent, de connaître leur géniteur (du moins quand leurs parents les ont informés des circonstances de leur con- ception). En clair : si la loi devait être votée en l’état, les enfants conçus à partir d’un don de sperme (soit un peu plus d’un millier chaque année en France, cinquante mille au total) pourraient ainsi avoir prochainement accès à une série de données concernant leur

père biologique. Mais rien n’est simple aujour- d’hui dans les rangs de la majorité présiden- tielle française. Le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s’est clairement pro- noncé – à la différence de celle dont il vient de prendre la place – en faveur du maintien de l’anonymat du don de gamètes tandis que son adjointe (la secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra) a défendu le texte gouverne- mental précédent le jugeant «plutôt équilibré car il apporte des solutions à la souffrance des enfants». Mme Berra a aussi indiqué qu’il y aurait «un débat au sein du gouverne- ment» pour décider, ou pas, de présenter de nouveaux amendements quant à la levée de l’anonymat.

On peut le dire autrement : où est la droite française sur de tels sujets ? Dans un entre-

tien récemment accordé au magazine catho- lique La Vie, le ministre français de la Santé ne se déclare pas seulement opposé à la levée de l’anonymat du don de gamètes. Concer- nant un possible alignement de la législation française en matière de gestation pour autrui et d’aide à la procréation pour les homo- sexuels, M. Bertrand affirme ne pas se résou- dre «à l’idée que nos règles éthiques puis- sent nous être imposées de l’étranger». « Au contraire, dit-il, la France a tout intérêt à as- surer la promotion de ses valeurs au-delà de ses frontières». Sans aucun doute. Mais n’est- il pas, déjà, un peu trop tard ?

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

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