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a chirurgie vit depuis deux décennies une véritable révolution qui a transformé la manière dont elle est pratiquée, initialement avec l’introduction de la chirurgie minimalement invasive, ultérieurement avec l’adjonction de la robotique et prochainement avec l’intégration d’une imagerie «intelligente». Des perspectives nouvelles s’offrent aux chirurgiens et aux patients et, tout en respectant les acquis chirurgicaux accumulés au cours des siècles, il s’agit de mettre à profit ces progrès technologiques pour améliorer la qualité de nos prestations et la performance de nos gestes.La chirurgie change, le chirurgien doit évoluer, le bien-être et la santé du patient demeurent notre préoccupation unique.
Les possibilités technologiques qui nous sont offertes par l’industrie mé- dicale, l’imagination des chirurgiens et le désir des patients, nous amènent
à imaginer de nouvelles opérations, à modifier les techniques existantes et à inventer des procédures chirurgicales différentes. Ces développements chi rur- gicaux doivent faire l’objet d’un contrôle rigoureux de qualité et d’une analyse scientifique détaillée. Il n’est pas pos- sible d’accepter que des procédures chirurgicales nouvelles, ou une ma- nière technologiquement différente de les réaliser, ne fassent pas l’objet d’une attention quant à la qualité des résultats obtenus. Innover est judi- cieux et justifié ; contrôler ses résultats et en évaluer la qualité est impé- ratif si l’on veut qu’une technique, qui a initialement bénéficié à quelques patients, puisse ensuite bénéficier à l’ensemble des patients concernés.
Chaque chirurgien, chaque groupe chirurgical, qu’il travaille dans un milieu privé ou dans un milieu public, peut contribuer à ce développe- ment. La chirurgie minimalement invasive, on le sait, s’est essentiellement développée initialement dans des structures chirurgicales privées. Aujour- d’hui nous en avons tous le bénéfice. La qualité des infrastructures hospi- talières, qu’elles soient privées ou publiques en Suisse, la très haute compé tence de la plupart des chirurgiens de notre pays, doivent nous permettre, dans cet effort international, de contribuer significativement à cette révolution chirurgicale. Mais le contrôle de qualité demeure un élé- ment essentiel à la promotion de ces changements.
La Suisse alémanique est beaucoup plus avancée que la Suisse romande dans ce domaine. Des programmes de collectes de données, permettant leur analyse qualitative, sont largement répandus et utilisés en Suisse alé- manique et au Tessin ; beaucoup moins en Suisse romande. Nous devons combler cette lacune et nous attacher à fournir nous-mêmes les données qualitatives dont les politiciens ont besoin, que les assurances réclament, et dont les patients devraient pouvoir bénéficier. Il ne faut pas laisser à d’autres, comme cela est le cas actuellement au travers de certaines assu- rances, la possibilité de recueillir, souvent de manière aléatoire, non scientifique et biaisée, des informations sur la qualité de nos résultats.
Nous devons associer les patients à cette évaluation, et avec eux analyser les résultats des nouvelles procédures chirurgicales.
Le contrôle de qualité, l’analyse des résultats, la transparence dans cette évaluation seront des critères déterminants pour permettre aux patients de bé néficier en toute connaissance de cause des apports considérables que peu- vent encore fournir les nouvelles technologies appliquées à la chirurgie.
Chirurgie et contrôle de qualité
«… le contrôle de qualité demeure un élément essen- tiel à la promotion de ces changements …»
éditorial
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 22 juin 2011 1339
Editorial
Ph. Morel
Philippe Morel
Service de chirurgie HUG, Genève
Jean-Claude Givel
Service de chirurgie CHUV, Lausanne Articles publiés
sous la direction des professeurs
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