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La somme des chires des carrés
par
Christian Mauduit
Institut de Mathématiques de Luminy Marseille, France
Joël Rivat
Institut de Mathématiques de Luminy Marseille, France
1. Introduction
L'objet de cet article est de répondre à une question posée par Gelfond en 1968 [12, p. 265] en montrant que la somme des chires des carrés est équirépartie dans les progressions arithmétiques.
Dans tout cet article,qdésigne un nombre entier supérieur ou égal à2. Tout entier npeut s'écrire de manière unique en baseqsous la forme
n=X
k>0
nkqk, nk∈ {0, ..., q−1}, (1)
où lesnk sont tous nuls à partir d'un certain rang. Si`=max{k:nk6=0}, on note repq(n) =n`... n0
la représentation denen baseq.
La somme des chires du nombre entiernécrit en baseqest dénie par sq(n) =X
k>0
nk. (2)
Dans toute la suite on noterae(x)=exp(2iπx),kxk la distance du nombre réelxà l'entier le plus proche,τ(n)le nombre de diviseurs du nombre entiern, etω(n)le nombre de facteurs premiers distincts den.
1.1. Représentation des carrés en baseq
Les résultats que nous présentons dans ce travail s'inscrivent dans le cadre de l'étude de la représentation des carrés en base q. On connaît peu de résultats sur ce sujet en
dehors de celui de Davenport et Erd®s qui ont montré en 1952 [9], pour tout poly- nôme f à valeurs entières, la normalité du nombre réel dont l'écriture en base q est 0.repq(f(1)) repq(f(2)) repq(f(3)).... Il résulte en particulier de leur théorème que
X
n6x
sq(n2)∼(q−1)xlogqx lorsque x!+∞.
Peter a donné dans [23] une version beaucoup plus précise de ce résultat en moyenne en montrant le théorème suivant qui généralise le résultat classique de Delange concernant le cas de la fonction sommatoire de la fonction somme des chires :
Théorème A. Il existe c∈R,ε>0et Φq une fonction continue sur R,1-périodique et nulle part dérivable, tels que, pour tout x>2, on a
X
n6x
sq(n2) = (q−1)xlogqx+cx+xΦq(2 logqx)+O(x1−ε).
On trouvera également dans [2] l'étude de la distribution limite de la fonction somme des chires dans l'ensemble des carrés.
La suite des carrés est engendrée par le morphismeσ déni sur l'alphabet{a, b, c}
parσ(a)=ab,σ(b)=ccbet σ(c)=c en ce sens quem=abccbccccbccccccbccccccccbcc ... est l'unique mot inni sur l'alphabet {a, b, c} point xe de σ et que si l'on dénote π la projection de{a, b, c}vers{0,1}dénie parπ(a)=π(c)=0etπ(b)=1, alorsπ(m)coïncide avec la fonction indicatrice des carrés (on trouvera dans [11] un introduction à la notion de suite engendrée par un morphisme sur un alphabet ni).
Par contre on ne connaît pas d'algorithme simple permettant de savoir si un nombre entier est un carré à partir de la donnée de son écriture en baseq.
Il résulte d'ailleurs des travaux de Büchi concernant l'arithmétique faible du second ordre que la suite des carrés n'est reconnaissable par aucun automate ni (voir [4] ou [27]). Ritchie a donné dans [27] une preuve très élégante et élémentaire de cette non reconnaissabilité dans le cas de la baseq=2et Minsky et Papert ont montré dans [20] la non reconnaissabilité de toute suite de nombres entiers (un)n∈N de densité nulle et telle quelimn!∞un+1/un=1(voir aussi Cobham [5]).
Les théorèmes que nous établissons ici peuvent être interprétés comme une démons- tration de l'indépendance statistique entre la propriété multiplicative être un carré et une propriété de nature automatique relative à la représentation des nombres entiers en baseq (on pourra également parler d'une propriétéq-multiplicative ouq-additive, la fonction somme des chires vériant, pour tous entiersk,aetbtels queb<qk, la relation sq(qka+b)=sq(qka)+sq(b)).
1.2. La fonction somme des chires
Il semblerait que le premier mathématicien à avoir introduit la fonction somme des chires soit Prouhet en 1851 dans [25]. Mahler est premier à la faire intervenir dans un contexte d'analyse harmonique en introduisant dans [15] la suite((−1)s2(n))n>0 an d'illustrer plusieurs théorèmes d'analyse spectrale obtenus par Wiener [29]. Il montre ainsi en particulier la convergence, pour tout nombre entierk>0, de la suite(γk(N))N>1 dénie pour tout nombre entierN>1 par
γk(N) = 1 N
X
n<N
(−1)s2(n)(−1)s2(n+k),
vers une limite non nulle pour une innité de nombres entiersk.
Ces travaux ont ouvert la voie à l'étude spectrale des systèmes dynamiques symbo- liques. En eet notonsT le décalage déni sur l'espace des suites(un)n∈Nà valeurs dans {−1,1} par T(un)=un+1 et munissons l'espace {−1,1}N de la distance ultramétrique dénie, siu=(un)n∈Net v=(vn)n∈Npar
d(u,v) =
2−inf{n∈N:un6=vn}, siu6=v,
0, siu=v.
Alors l'adhérence de l'orbite sous l'action de T de la suite ((−1)s2(n))n∈N munie de la transformationTconstitue un système dynamique symbolique appelé système dynamique de ThueMorse (voir par exemple [11] ou [26]).
La convergence de la suite(γk(N))N>1peut être comprise comme une conséquence de l'unique ergodicité du système dynamique de ThueMorse (voir par exemple [26]).
Keane a montré dans [14] que pour tout entierk, la limite de la suite(γk(N))N>1 est égale au k-ième coecient de Fourier de la mesure de corrélation associée au système dynamique de ThueMorse, c'est-à-dire le produit de Riesz
Y
n>0
(1−cos 2nt).
Des résultats analogues ont été obtenus dans [6] et [19], pour la classe plus générale des suitesq-additives ouq-multiplicatives, introduites indépendemment par Bellman et Shapiro [3] et Gelfond [12].
On trouvera dans [1] un survol sur de nombreux problèmes liés à la fonction somme des chires et à ses généralisations.
1.3. La somme des chires pour les suites éparses
L'étude des propriétés arithmétiques des suites éparses (c'est-à-dire dont le nombre de termes jusqu'àxest o(x)) est une source importante de problèmes ouverts en théorie des nombres : nombres premiers de la formen2+1(plus généralement de forme polyno- miale), de la forme2n−1(nombres de Mersenne), de la forme2n+1(nombres de Fermat).
En 1953, Piatetski-Shapiro a étudié dans [24] la répartition des nombres premiers dans la suite (bncc)n∈N pour c>1, celle-ci pouvant être considérée, pour1<c<2, comme un cas intermédiaire entre les polynômes de degré1 et ceux de degré2.
Dans [16] et [17], nous avons étudié la somme des chires de cette suite éparse et nous avons obtenu le résultat suivant :
Théorème B. Si c∈
1,75, alors
• pour tout (a, m)∈Z×N∗, on a lim
N!+∞
1
N card{n < N:sq([nc])≡amodm}= 1 m,
• la suite (sq([nc])α)n∈N est équirépartie modulo 1 pour tout nombre irrationnel α. La méthode développée dans [16] et [17] ne permet pas d'atteindre le cas limitec=2 et donc d'étudier la répartition de la somme des chires des carrés. Dans ce dernier cas, le meilleur résultat actuel est dû à Dartyge et Tenenbaum qui montrent en particulier dans [8] :
Théorème C. Soient qet mnombres entiers positifs tels que q>2 et(m, q−1)=1. Alors il existe deux constantes C=C(q, m)>0 et N0=N0(q, m)>1 telles que pour tout a∈{0,1, ..., m−1} et pour tout nombre entier N>N0, on a
card{n < N:sq(n2)≡amodm}>CN.
Plus précisément, Dartyge et Tenenbaum présentent dans [8], d'une part une preuve élégante et élémentaire de ce théorème dans le cas particulier q=m=2(conduisant à la valeurC(2,2)=58−1332√
2>201), et d'autre part une généralisation qui permet de remplacer la suite (n2)n∈N par la suite (f(n))n∈N où f est un polynôme à coecients entiers de degréd>2et tel quef(N)⊂N(obtenant dans ce cas général une minoration de l'ordre de N2/d!). La preuve de ce résultat général nécessite l'utilisation de techniques plus élaborées développées dans [7].
2. Résultats
Nous avons étudié récemment dans [18] la répartition de la somme des chires dans la suite des nombres premiers qui constitue un autre exemple classique de suite éparse.
Ce travail, qui résolvait une question posée par Gelfond dans [12], introduisait plusieurs types d'outils de nature à la fois combinatoire, analytique et harmonique. Cependant, la méthode mise en place pour cette étude n'est pas susante pour étudier la répartition de la somme des chires des carrés en raison de la croissance beaucoup plus rapide de cette suite. L'objet du présent article est d'introduire de nouveaux outils qui nous permettront de surmonter cette diculté et d'apporter une réponse complète à une autre question posée par Gelfond dans [12] concernant cette fois les carrés, ainsi qu'à des questions analogues concernant les propriétés arithmétiques de la somme des chires des carrés :
Théorème 1. Pour q>2 et α tels que (q−1)α∈R\Z, il existe σq(α)>0 et x0:=
x0(q, α)>2 tels que pour tout nombre réel x>x0, on a
X
n6x
e(αsq(n2))
64q7/2(logq)5/2τ(q)1/2
1+logx logq
ω(q)/2+4
x1−σq(α). (3)
Théorème 2. Pour q>2, la suite (αsq(n2))n∈N est équirépartie modulo 1 si et seulement si α∈R\Q.
Théorème 3. Pour qet mentiers >2, il existe σq,m>0tel que pour tout a∈Z, card{n6x:sq(n2)≡amodm}= x
mQ(a, d)+Oq,m(x1−σq,m), (4) où d=(q−1, m)et
Q(a, d) = card{06n < d:n2≡amodd}. (5) Remarque. Il n'existe pas de formule simple permettant d'exprimerQ(a, d)dans le cas général. Par contre, pouraet dxés, il est facile de calculer la valeur de
Q(a, d) =Y
p|d
Q(a, pvp(d))
(voir [28, 5.9]). Dans le cas particulier oùd=1on aQ(a, d)=1, et plus généralement si dest impair,(a, d)=1, alors
Q(a, d) =Y
p|d
1+
a p
où(a/p)désigne le symbole de Legendre.
3. Description de la preuve du théorème 1 Posons
f(n) :=αsq(n). (6)
Pour démontrer (3) on eectue un découpageq-adique de la sommeP
n6xe(f(n2))auquel on commence par appliquer dans 5.1 l'inégalité de van der Corput. Ceci nous conduit à considérer dans l'exponentielle des diérences de la forme
f((n+r)2)−f(n2),
où la variablerest très petite devantn. Or, les chires de(n+r)2et ceux den2coïncident assez rapidement au delà de la taille de nr, une diérence n'étant possible que par la propagation d'une retenue. En prenant une petite marge, on s'assure que les entiers n exceptionnels pour lesquels la coïncidence n'a pas lieu sont en nombre négligeable. Nous pouvons ainsi remplacer dans 5.2 la fonction f par une fonction tronquée fλ qui ne prend en compte que les chires de n de poids inférieur à λ (λ est un paramètre qui dépend essentiellement de la taille den) et qui est périodique de périodeqλ.
Plus précisément pour tout entierλ>0, on dénit fλ par la formule fλ(n) :=X
k<λ
f(nkqk), (7)
où les entiersnk désignent les chires de n dans son écriture en base q dénie par (1).
En appliquant une variante de l'inégalité de van der Corput, nous obtenons dans 5.3 des diérences de la forme
fλ((n+sqµ)2)−fλ(n2)
où la variables est très petite devantnet µ<λ. On constate que dans cette diérence, seuls les chires de poids supérieur à µinterviennent, ce qui nous permet de remplacer la fonctionfλ par une fonction doublement tronquéefµ,λ dénie par
fµ,λ:=fλ−fµ, (8)
qui ne prend en compte que les chires de poids compris entreµet λ.
La fonction fµ,λ est périodique de périodeqλ et cette propriété va nous permettre dans 5.4 en quelque sorte de séparer la structure digitale de la structure arithmétique du problème en faisant apparaître des sommes de Gauss quadratiques qui sont traitées dans 4.3. La clef permettant de poursuivre la majoration consiste à estimer dans 5.5 5.7 des moyennes de produits de fonctions génératrices qui s'expriment elles-mêmes à l'aide de produits de polynômes trigonométriques. Cette démarche est analogue à celle que nous avions introduite dans [18] lors de l'étude de la somme des chires des nombres premiers, mais les dicultés rencontrées étant d'une nature diérente, nous utilisons pour y parvenir une série de lemmes techniques démontrés dans 4.1 et 4.2.
4. Lemmes techniques
4.1. Fonction génératrice
Lemme 1. Pour tout nombre entier k>1, la fonction ϕk dénie par
ϕk(t) =
X
06v<k
e(vt)
=
|sinπkt|/|sinπt|, sit∈R\Z,
k, sit∈Z. (9)
est paire, continue sur R, périodique de période 1 et vérie pour tout t∈R, ϕ2k(t) = X
|h|<k
(k−|h|)e(ht), (10)
X
06r<k
ϕ2k t+r
k
=k2. (11)
Preuve. Voir par exemple le lemme 14 de [18].
Lemme 2. Pour tout nombre entier k>1, on dénit Φ(k) := max
t∈R
1 k
X
06r<k
ϕk
t+r
k
. (12)
Alors pour tous les nombres entiers k>1 et k0>1, on a
k|k0 =⇒ Φ(k)6Φ(k0), (13)
et pour tout nombre entier k>1, on a
Φ(k) =1 k
X
06r<k
1
sinπ(1/2k+r/k)6 2
ksin(π/2k)+2
πlog cot π 2k62
πlog2eπ/
√2k
π . (14) Preuve. Lorsque k=1, la propriété (14) est trivialement vériée et, pour k>2, l'égalité et la première majoration de (14), découlent par exemple du lemme 15 de [18].
Par ailleurs, on a
π
ksin(π/2k)6 π
√
2 et cot π 2k62k
π et donc
2
ksin(π/2k)+2
πlog cot π 2k62
πlog2eπ/
√2k
π .
Pour montrer (13), écrivonsk0=kdet r0=rd+javec06r<k et06j <d, d'où Φ(k0) =1
k X
06r<k
1 d
X
06j<d
1
sinπ(1/2kd+r/k+j/kd). Or, comme la fonctiont7!(sint)−1 est convexe sur]0, π[, on a
1 d
X
06j<d
1
sinπ(1/2kd+r/k+j/kd)> 1 sinπ 1/2kd+r/k+d−1P
06j<dj/kd
= 1
sinπ(1/2kd+r/k+(d−1)/2kd), d'où
Φ(k0)>1 k
X
06r<k
1
sinπ(1/2k+r/k)= Φ(k).
Lemme 3. Pour tout nombre entier k>2, et tout t∈R, on a
ϕk(t)6kexp
−k2−1 6 π2ktk2
lorsque ktk6
s 6 π2(k2−1). Preuve. Pour toutu∈R, on vérie facilement les inégalités
06sinu6u−u3 6 + u5
120 lorsque 06u6π,
06u−u3
6 6sinu lorsque 06u6√
6,
061−u+u2
3 61−u+u2 2 −u3
6 6e−u lorsque 06u61.
Commeϕk est paire et périodique de période1, on peut supposer que
06t6 s
6 π2(k2−1).
Observons que sous cette hypothèse, on a06πkt6πet06πt6√
6. Pour établir l'inégalité attendue :
sinπkt6k(sinπt) exp
−k2−1 6 π2t2
,
if sut de montrer que πkt−(πkt)3
6 +(πkt)5 120 6k
πt−π3t3 6
1−k2−1
6 π2t2+(k2−1)2 3·62 π4t4
,
ce qui équivaut à montrer que
5π2t2(k2−1)263k4+30k2−60.
Or notre hypothèse surtci-dessus entraîne la majoration 5π2t2(k2−1)265(k2−1)2 6
(k2−1)= 30k2−30, et le résultat en découle car3k4>3·24=48>30.
Lemme 4. Pour tout nombre entier k>2, et tout t∈R, on a ϕk
t k
6ϕk
ktk k
.
Preuve. Posonst=θ+`avec−12<θ612 et `∈Z. Si`≡0 modk, commeϕk est paire et périodique de période1, on a
ϕk
t k
=ϕk
ktk k
.
Maintenant, si`6≡0 modk, alors 1
2>
t k
=
θ+`
k >
` k
− θ k >1
k− 1 2k= 1
2k>
θ k
=ktk k . La fonctionu7!sinπuétant décroissante sur
0,12
, on en déduit ϕk
t k
=ϕk
t k
= |sinπθ|
sinπk(θ+`)/kk6 |sinπθ|
sin(πktk/k)=ϕk
ktk k
.
Lemme 5. Pour tout nombre entier k>2, et tout δ∈[0,2/3k], on a max
ktk>δϕk(t) =ϕk(δ).
Preuve. Commet7!sint/sin(2t/3)est décroissante sur 0,12π
, on a
sinπ k
ϕk
2 3k
=
sin2π 3
sin(π/k) sin(2π/3k)>
sin2π
3
sin(π/2) sin(π/3)= 1.
Or pourktk>1/k, on aϕk(t)61/sin(π/k), doncmaxktk>1/kϕk(t)6ϕk(2/3k). Commeϕk
est décroissante sur[0,1/k], on a pour toutδ∈[0,2/3k], max
1/k>ktk>δϕk(t) =ϕk(δ)>ϕk
2 3k
, d'où l'inégalité attendue.
Lemme 6. Pour tout nombre entier k>2 et tout α∈R, on a maxt∈R
ϕk(α−t)ϕk(α−kt)6kϕk
k(k−1)αk k+1
.
Preuve. En posantt=α−u, on a M(α) := max
t∈R
ϕk(α−t)ϕk(α−kt) = max
u∈R
ϕk(u)ϕk(ku−(k−1)α).
Posonsδ:=k(k−1)αk/(k+1)61/2k. Pour montrer queM(α)6kϕk(δ), nous distin- guons deux cas :
• sikku−(k−1)αk>δ, alors d'après le lemme 5 nous obtenons la majoration atten- due :
ϕk(u)ϕk(ku−(k−1)α)6ϕk(u)ϕk(δ)6kϕk(δ),
• sikku−(k−1)αk<δ, alors d'après le lemme 4 on aϕk(u)=ϕk(ku/k)6ϕk(kkuk/k). Mais
kkuk=kku−(k−1)α+(k−1)αk>k(k−1)αk−kku−(k−1)αk
>k(k−1)αk−δ= (k+1)δ−δ=kδ,
donc commeϕkest décroissante sur[0,1/2k], on aϕk(kkuk/k)6ϕk(δ), d'où la majoration attendue :
ϕk(u)ϕk(ku−(k−1)α)6ϕk
kkuk k
k6ϕk(δ)k.
Lemme 7. Pour tout nombre entier k>2 et tout α∈R, on a maxt∈R
ϕk(α−t)ϕk(α−kt)6k2exp
−π2(k−1)
6(k+1) k(k−1)αk2
.
Preuve. En combinant les lemmes 6 et 3, on obtient maxt∈R
ϕk(α−t)ϕk(α−kt)6kϕk
k(k−1)αk k+1
6k2exp
−π2(k−1)
6(k+1) k(k−1)αk2
.
4.2. Valeurs moyennes des produits de fonctions génératrices
Pourq>2,α∈R, λ∈Neth∈Z, on pose Fλ(h, α) =q−λ X
06u<qλ
e(fλ(u)−huq−λ). (15)
Il résulte de la dénition (15) que
F0(h, α) = 1, (16)
et que, pourλ>1,
Fλ(h, α) =q−λ X
06j<q
X
06u<qλ−1
e(α(sq(u)+j)−h(qu+j)q−λ)
=1 q
X
06j<q
e(αj−hjq−λ)Fλ−1(h, α).
Ainsi, pourλ>1,
|Fλ(h, α)|=q−λ Y
16j6λ
ϕq(α−hq−j), (17)
oùϕq est dénie par (9).
Lemme 8. Pour q>2, α∈R,a∈Zet 06δ6λ, X
06h<qλ h≡amodqδ
|Fλ(h, α)|2=|Fδ(a, α)|2. (18)
Preuve. La relation (18) s'obtient facilement par récurrence à partir de (11) et (17) (voir [18, lemme 20]).
Lemme 9. Pour q>2, α∈R,h∈Z,λ>2 entier, cq= π2
12 logq
1− 2 q+1
, on a
|Fλ(h, α)|6eπ2/48q−cqk(q−1)αk2λ. (19) Preuve. D'après (17), on a
|Fλ(h, α)|6 Y
16j6bλ/2c
ϕq(α−hq−2j)ϕq(α−hq−2j+1)
q2 .
D'après le lemme 7, on en déduit que
|Fλ(h, α)|6exp
−π2 6
q−1 q+1
λ 2
k(q−1)αk2
, d'où le résultat attendu en utilisant la minoration1
2λ
>12(λ−1).
Lemme 10. Pour q>2, α∈R,λ∈Net h∈Z, la fonction Fµ,λ dénie par Fµ,λ(h, α) :=q−λ X
06u<qλ
e(fµ,λ(u)−huq−λ) (20)
vérie
|Fµ,λ(h, α)|=|Fλ−µ(h, α)|q−µϕqµ(hq−λ). (21) Preuve. Pour06µ<λ, en écrivantu=qµa+b, d'oùfµ,λ(u)=f(a), on a
Fµ,λ(h, α) =q−λ X
06u<qλ
e(fµ,λ(u)−huq−λ)
=q−λ X
06a<qλ−µ
X
06b<qµ
e
f(a)−h
qλ(qµa+b)
=Fλ−µ(h, α)q−µ X
06b<qµ
e −hb
qλ
,
d'où l'égalité (21).
Lemme 11. Pour des entiers µ et λtels que 16µ<λ, et pour α∈R, on a X
06h<qλ
|Fµ,λ(h, α)|6Φ(qµ)qλ−µ, (22)
où Φest dénie par (12).
Preuve. On écrit X
06h<qλ
|Fµ,λ(h, α)|= X
06k<qλ−µ
X
06`<qµ
|Fλ−µ(k+`qλ−µ, α)|q−µϕqµ
k+`qλ−µ qλ
= X
06k<qλ−µ
|Fλ−µ(k, α)|q−µ X
06`<qµ
ϕqµ
k qλ+ `
qµ
,
d'où, d'après (12) et en utilisant la majoration triviale|Fλ−µ(k, α)|61, on déduit (22).
Remarque. La majoration (22) pourrait facilement être améliorée en utilisant la méthode présentée dans 12 de [18] qui permet de montrer que
X
06k<qλ−µ
|Fλ−µ(k, α)| qηq(λ−µ)
avecηq<12 pourq>2.
Lemme 12. Pour des entiers µ,λetδtels que 16µ<λet λ−µ6δ6λ, et pour a∈Z et α∈R, on a
X
06h<qλ h≡amodqδ
|Fµ,λ(h, α)|6Φ(qλ−δ)q−µ+λ−δϕqµ−λ+δ(aq−δ)|Fλ−µ(a, α)|. (23)
Preuve. On écrit X
06h<qλ h≡amodqδ
|Fµ,λ(h, α)|= X
06`<qλ−δ
|Fλ−µ(a+`qδ, α)|q−µϕqµ
a+`qδ qλ
et commeλ−µ6δ, on a |Fλ−µ(a+`qδ, α)|=|Fλ−µ(a, α)|,d'où X
06h<qλ h≡amodqδ
|Fµ,λ(h, α)|=|Fλ−µ(a, α)|q−µ X
06`<qλ−δ
ϕqµ
a qλ+ `
qλ−δ
.
Comme06λ−δ6µ, on a pour toutt∈R ϕqµ
t+ `
qλ−δ
=ϕqµ−λ+δ(qλ−δt)ϕqλ−δ
t+ `
qλ−δ
,
d'où, d'après (12) aveck=qλ−δ, on déduit
q−µ X
06`<qλ−δ
ϕqµ
a qλ+ `
qλ−δ
=q−µ+λ−δϕqµ−λ+δ
a qδ
q−(λ−δ) X
06`<qλ−δ
ϕqλ−δ
a qλ+ `
qλ−δ
6Φ(qλ−δ)q−µ+λ−δϕqµ−λ+δ
a qδ
ce qui entraîne (23) .
Lemme 13. Pour des entiersµ,λet δtels que 16µ<λet 06δ6λ−µ, et pour `∈Z, a∈Z et α∈R, on a
X
06h<qλ h≡amodqδ
|Fµ,λ(h, α)Fλ−µ(h+`, α)|6Φ(qµ)|Fδ(a, α)Fδ(a+`, α)|, (24)
oùΦest dénie par (12).
Preuve. On a X
06h<qλ h≡amodqδ
|Fµ,λ(h, α)Fλ−µ(h+`, α)|
= X
06h0<qλ−µ h0≡amodqδ
X
06h00<qµ
|Fµ,λ(h0+h00qλ−µ, α)Fλ−µ(h0+h00qλ−µ+`, α)|
= X
06h0<qλ−µ h0≡amodqδ
|Fλ−µ(h0, α)Fλ−µ(h0+`, α)| X
06h00<qµ
q−µϕqµ
h0+h00qλ−µ qλ
.
D'après (12), on obtient X
06h<qλ h≡amodqδ
|Fµ,λ(h, α)Fλ−µ(h+`, α)|
6Φ(qµ) X
06h0<qλ−µ h0≡amodqδ
|Fλ−µ(h0, α)Fλ−µ(h0+`, α)|
6Φ(qµ) X
06h0<qλ−µ h0≡amodqδ
|Fλ−µ(h0, α)|2
!1/2
X
06h0<qλ−µ h0≡amodqδ
|Fλ−µ(h0+`, α)|2
!1/2
ce qui, en appliquant (18), conduit à (24).
Lemme 14. Pour des entiers µ,λet δtels que 16µ<λet λ−µ6δ6λ, et pour a∈Z et α∈R, on a
X
06h1,h2<qλ h1+h2≡amodqδ
|Fµ,λ(h1, α)Fµ,λ(−h2, α)|6Φ(qλ−δ)Φ(qµ), (25)
oùΦest dénie par (12).
Preuve. On écrit X
06h1,h2<qλ h1+h2≡amodqδ
|Fµ,λ(h1, α)Fµ,λ(−h2, α)|
= X
06h2<qλ
|Fµ,λ(−h2, α)| X
06h1<qλ h1≡−h2+amodqδ
|Fµ,λ(h1, α)|.
En appliquant l'inégalité (23), et en utilisant la majoration q−µ+λ−δϕqµ−λ+δ((−h2+a)q−δ)61,
on obtient X
06h1,h2<qλ h1+h2≡amodqδ
|Fµ,λ(h1, α)Fµ,λ(−h2, α)|6Φ(qλ−δ) X
06h2<qλ
|Fµ,λ(−h2, α)Fλ−µ(−h2+a, α)|.
En appliquant (24) avecδ=0, commeFµ,λetFλ−µ sont périodiques de périodeqλ, on a X
06h2<qλ
|Fµ,λ(−h2, α)Fλ−µ(−h2+a, α)|6Φ(qµ),
ce qui conduit à (25).
4.3. Sommes de Gauss quadratiques
Soienta, b, m∈Zavecm>1. On dénit les sommes de Gauss
G(a, b;m) :=
m−1
X
n=0
e
an2+bn m
. (26)
Proposition 1. Si d=(a, m), on a
• si d|b alors G(a, b;m)=dG(a/d, b/d;m/d);
• si d-b alors G(a, b;m)=0.
Preuve. Posonsm0=m/d,a0=a/d. En écrivant n=km0+r, on obtient
G(a, b;m) =
m0−1
X
r=0 d−1
X
k=0
e
da0(km0+r)2+b(km0+r) dm0
=
m0−1
X
r=0
e a0r2
m0 + br dm0
d−1 X
k=0
e bk
d
.
Sid|bla somme surkvautdet on obtientG(a, b;m)=dG(a/d, b/d;m/d). Sid-bla somme (géométrique) sur kvaut0 et on obtientG(a, b;m)=0. Proposition 2. Pour tous a, b, m∈Zavec m>1, en posant d=(a, m), on a
|G(a, b;m)|6√
2dm. (27)
Preuve. Sid-balors, d'après la proposition 1, on aG(a, b;m)=0ce qui établit (27).
Sid|balors, d'après la proposition 1, on aG(a, b;m)=dG(a/d, b/d;m/d). Or, d'après [13, inégalité (7.4.2), p. 93], comme (a/d, m/d)=1, on a G(a/d, b/d;m/d)6p
2m/d, ce qui, en multipliant pard, établit (27).
5. Démonstration du théorème 1
Pourq>2etαtel que(q−1)α∈R\Z, posonsf(n)=αsq(n). L'objectif de cette partie est de montrer qu'il existeσq(α)>0et ν1:=ν1(q, α)>2tels que pour tout nombre entier ν>ν1, la somme
S1:= X
qν−1<n6x
e(f(n2)) (28)
vérie
|S1|63(qlogq)5/2τ(q)1/2νω(q)/2+3q(1−σq(α))ν (29) uniformément pour tout x vériant qν−1<x6qν (les valeurs explicites de σq(α) et de ν1(q, α)seront données respectivement par les formules (79) et (78)).
En eet le théorème 1 résulte facilement de la majoration (29) car siqν−1<x6qν, on a
X
16n6x
e(f(n2)) =e(f(1))+ X
16j6ν1−1
X
qj−1<n6qj
e(f(n2))
+ X
ν16j6ν−1
X
qj−1<n6qj
e(f(n2))+ X
qν−1<n6x
e(f(n2)), et donc
X
16n6x
e(f(n2))
6qν1−1+3(qlogq)5/2τ(q)1/2 X
ν16j6ν
jω(q)/2+3q(1−σq(α))j
6qν1−1+3(qlogq)5/2τ(q)1/2νω(q)/2+4q(1−σq(α))ν 64(qlogq)5/2τ(q)1/2νω(q)/2+4q(1−σq(α))ν pour
ν>ν0(q, α) := ν1(q, α)
1−σq(α), (30)
ce qui implique
X
16n6x
e(f(n2))
64q7/2(logq)5/2τ(q)1/2
1+logx logq
ω(q)/2+4
x1−σq(α), pour
x>x0:=qν0−1+1. (31)
5.1. Application de l'inégalité de van der Corput
L'objectif de ce paragraphe est de majorer la sommeS1par des sommes étendues à tout l'intervalle]qν−1, qν]faisant intervenir des diérences de la formef((n+r)2)−f(n2). Pour cela nous allons utiliser la variante suivante de l'inégalité de van der Corput, inspirée de [22] :
Lemme 15. Pour des entiers 16A6B6N et des nombres complexes z1, ..., zN de module 61, on a pour tout entier R>1,
B
X
n=A
zn
6 B−A+1 R
X
|r|<R
1−|r|
R
X
16n6N 16n+r6N
zn+rz¯n
!1/2 +R
2.
Preuve. Par commodité on pose zn=0 pour n60 et pour n>N+1. Comme les nombres complexeszn sont de module61, on a
R
B
X
n=A
zn− X
−R/2<r6R/2 B
X
n=A
zn+r
6 X
−R/2<r6R/2
2|r|6R2 2 ,
donc
B
X
n=A
zn 6 1
R
B
X
n=A
X
−R/2<r6R/2
zn+r
+R 2. En appliquant l'inégalité de CauchySchwarz, on obtient
B X
n=A
X
−R/2<r6R/2
zn+r
2
6(B−A+1)
B
X
n=A
X
−R/2<r6R/2
zn+r
2
6(B−A+1)X
n∈Z
X
−R/2<r6R/2
zn+r
2
= (B−A+1) X
−R/2<r16R/2
X
−R/2<r26R/2
X
n∈Z
zn+r1z¯n+r2
= (B−A+1) X
−R/2<r16R/2
X
−R/2<r26R/2
X
m∈Z
zm+r1−r2z¯m
= (B−A+1) X
−R<r<R
(R−|r|)X
m∈Z
zm+rz¯m,
d'où l'inégalité attendue en divisant parR2.
Soit%un nombre entier tel que16%612ν. En appliquant le lemme 15 à la sommeS1 dénie par (28), avecA=1,B=bxc−qν−1,N=qν−qν−1,zn=e(f((qν−1+n)2))etR=q%, on obtient
|S1|6q(ν−%)/2
X
|r|<q%
1−|r|
q%
X
qν−1<n6qν qν−1<n+r6qν
e(f((n+r)2)−f(n2))
!
1/2
+q% 2.
En supprimant la condition de sommation qν−1<n+r6qν, on introduit dans la valeur absolue ci-dessus un terme d'erreur majoré par
X
16|r|<q%
1−|r|
q%
2|r|=2
3(q%−1)(q%+1)62 3q2%.
En séparant les cas r=0et r6=0et en observant que X
16|r|<q%
1−|r|
q%
=q%−16q%,
nous obtenons nalement
|S1|6qν−%/2+ r2
3q(ν+%)/2+q%
2 +qν/2 max
16|r|<q%
X
qν−1<n6qν
e(f((n+r)2)−f(n2))
1/2
. (32) Pour poursuivre la démonstration, nous allons montrer que seuls les chires de poids faible dans la diérence f((n+r)2)−f(n2) contribuent de manière signicative. Nous allons donc introduire une notion de somme des chires tronquée et montrer que l'on peut remplacer la fonctionf par cette fonction tronquée.
5.2. Somme des chires tronquée
La fonctionfλdénie par (7) est clairement périodique de périodeqλ. Cette fonction tronquée apparaît dans [10] où Drmota et Rivat étudient certaines propriétés de fλ(n2) lorsque λ est de l'ordre de logn. Elle intervient également dans [18] dans le cadre de l'étude de la somme des chires des nombres premiers.
Lemme 16. Pour tous ν et % entiers avec ν>2 et 16%612ν, pour tout r∈Z avec
|r|<q%, le nombre E(r, ν, %)d'entiers ntels que qν−1<n6qν et f((n+r)2)−f(n2)6=fν+2%+1((n+r)2)−fν+2%+1(n2), vérie
E(r, ν, %)6qν−%+qν−2%−1+q(ν+%+1)/2. (33) Preuve. On a06|2nr+r2|<2qν(q%−1)+q2%<qν+%+1.
Supposons 06r<q%. Lorsqu'on eectue l'addition n2+2nr+r2, les chires de n2 d'indice >ν+%+1 ne pourront être modiés que par propagation d'une retenue. Nous devons donc compter les entiersn pour lesquels les chiresaj de l'écriture en baseqde
n2 vérientaj=q−1 pour ν+%+16j <ν+2%+1, c'est-à-dire les entiersn pour lesquels il existe un entiermtel quebn2/qν+%+1c=q%m−1. Cette égalité signie que
q%m−16 n2
qν+%+1< q%m,
ce qui implique, commemest entier etqν−1<n6qν, d'une part que 0< n2
qν+2%+1< m6 n2
qν+2%+1+q−%
6bqν−2%−1+q−%c=qν−2%−1,
et d'autre part que pour chaque valeur admissible dem, le nombre dencorrespondants est majoré par
1+p
qν+2%+1m 1−p
1−q−%m−1 . Pour06u634, on a
1−√
1−u=u 2+1
4 Z u
0
(u−t)(1−t)−3/2dt6u 2+u2, donc commem>1et%>1, d'où06q−%m−1612<34, on obtient
E(r, ν, %)6 X
0<m6qν−2%−1
1+
q−%m−1
2 +q−2%m−2
pqν+2%+1m
6qν−2%−1+qν−%+ζ 32
q(ν+1)/2−%,
d'où, en observant quet7!t−3/2 est convexe et donc que
ζ 32 6
Z +∞
1/2
t−3/2dt= 23/26q3%/2,
la majoration (33).
Lorsque −q%<r<0 en procédant de même nous devons compter les entiers n tels que les chiresaj du carrén2 vérientaj=0pour ν+%+16j <ν+2%+1, c'est-à-dire les entiers n pour lesquels il existe un entier m tel que bn2/qν+%+1c=q%m. Cette égalité signie que
q%m6 n2
qν+%+1< q%m+1,
ce qui implique, commemest entier etqν−1<n6qν, d'une part que
06m6 n2
qν+2%+16qν−2%−1,
et d'autre part que pour chaque valeur admissible dem, le nombre dencorrespondants est majoré par
1+p
qν+2%+1m p
1+q−%m−1−1 lorsquem6=0, et parq(ν+%+1)/2 lorsquem=0. Pouru>0, on a√
1+u−1612u, donc E(r, ν, %)6q(ν+%+1)/2+ X
0<m6qν−2%−1
1+q−%m−1p
qν+2%+1m 2
6q(ν+%+1)/2+qν−2%−1+qν−%, d'où la majoration (33).
D'après le lemme 16, dans la sommation sur n du membre de droite de (32), on peut remplacer f par la fonction tronquéefν+2%+1 dénie par (7) au prix d'une erreur E(r, ν, %)pour cette somme. On obtient
|S1|6qν−%/2+ q2
3q(ν+%)/2+12q%+qν/2 max
16|r|<q%(|S2(r, ν, %)|+E(r, ν, %))1/2, où l'on a posé
S2(r, ν, %) := X
qν−1<n6qν
e(fν+2%+1((n+r)2)−fν+2%+1(n2)). (34)
Pour xer les idées, nous faisons maintenant l'hypothèse que
ν>10 (35)
et
16%6101ν. (36)
Sous cette hypothèse, on a d'une part qν−%/2+
q2
3q(ν+%)/2+12q%= 1+
q2
3q−ν/2+%+12q−ν+3%/2 qν−%/2 6
1+
q2
32−4+2−19/2 qν−%/2
et d'autre part
E(r, ν, %)6(1+q−%−1+q(−ν+3%+1)/2)qν−%6(1+2−2+2−3)qν−%=118qν−%. Ainsi, à l'aide de (36), on déduit de (32) que
|S1|6 1+
q2
32−4+2−19/2
qν−%/2+qν/2
11
8qν−%+ max
16|r|<q%|S2(r, ν, %)|1/2
. (37)
Pour déduire (29) de (37), il sut de montrer qu'il existeσq(α)>0etν1:=ν1(q, α)>
10tels que pour tous nombres entiersν,%etrvériantν>ν1,%/ν62σq(α)et16|r|<q%, on a
|S2(r, ν, %)|62(qlogq)5/2τ(q)1/2νω(q)/2+3qν−%, (38) et d'observer queqlogq >1et
1+
q2
32−4+2−19/2+ q11
8 +2<3.
5.3. Somme des chires doublement tronquées
L'objectif de ce paragraphe est de transformer les sommesS2(r, ν, %)an d'éliminer maintenant la contribution des chires de poids faible dans l'estimation de cette somme.
À cet eet, nous allons utiliser la généralisation suivante de l'inégalité de van der Corput : Lemme 17. Soient z1, ..., zN des nombres complexes. Pour tous entiers k>1 et R>
1, on a
X
16n6N
zn
2
6N+k(R−1) R
X
|r|<R
1−|r|
R
X
16n6N 16n+kr6N
zn+krz¯n.
Remarque. Pour k=1, on retrouve l'inégalité de van der Corput usuelle (voir par exemple [13, lemme 2.5, p. 10]).
Preuve. Par commodité on posezn=0pourn60et pourn>N+1. On a les égalités
RX
n
zn=
R−1
X
r=0
X
n
zn+kr=X
n R−1
X
r=0
zn+kr.
Les entiersnpour lesquels la dernière somme est potentiellement non nulle vérient les inégalités1−k(R−1)6n6N, donc leur nombre ne dépasse pasN+k(R−1).
En appliquant l'inégalité de CauchySchwarz on obtient R2
X
n
zn
2
6(N+k(R−1))X
n
R−1
X
r=0
zn+kr
2
6(N+k(R−1))
R−1
X
r1=0 R−1
X
r2=0
X
n
zn+kr1z¯n+kr2
6(N+k(R−1))
R−1
X
r1=0 R−1
X
r2=0
X
m
zm+k(r1−r2)z¯m
6(N+k(R−1)) X
−R<r<R
(R−|r|)X
m
zm+krz¯m, d'où l'inégalité attendue en divisant parR2.
Nous introduisons
λ=ν+2%+1, (39)
et µun paramètre entier à choisir ultérieurement, vériant
16µ6ν−2%−1. (40)
En appliquant le lemme 17 à la sommeS2(r, ν, %)dénie par (34) avecN=qν−qν−1, zn=e(fλ((qν−1+n+r)2)−fλ((qν−1+n)2)), k=qµ et R=q2%, et en posant
S3(r, s, ν, %, µ) := X
n∈I(ν,s,µ)
e(fλ((n+r+sqµ)2)−fλ((n+r)2)−fλ((n+sqµ)2)+fλ(n2)), (41) où l'intervalleI(ν, s, µ)est déni par
I(ν, s, µ) :={n∈N:qν−1< n6qν et qν−1< n+sqµ6qν}, on obtient en observant queµ+2%6ν−1,
|S2(r, ν, %)|26qν−2% X
|s|<q2%
1−|s|
q2%
|S3(r, s, ν, %, µ)|.
En séparant les cas s=0et s6=0, et en observant que X
16|s|<q2%
1−|s|
q2%
=q2%−1, on obtient
|S2(r, ν, %)|26q2ν−2%+qν max
16|s|<q2%|S3(r, s, ν, %, µ)|. (42) Comme la fonctionfµ est périodique de périodeqµ, on a
fλ((n+r+sqµ)2)−fλ((n+r)2) =fµ,λ((n+r+sqµ)2)−fµ,λ((n+r)2) et
fλ((n+sqµ)2)−fλ(n2) =fµ,λ((n+sqµ)2)−fµ,λ(n2), oùfµ,λ a été dénie par (8). On en déduit
S3(r, s, ν, %, µ)
= X
n∈I(ν,s,µ)
e(fµ,λ((n+r+sqµ)2)−fµ,λ((n+r)2)−fµ,λ((n+sqµ)2)+fµ,λ(n2)). (43) La suite de notre travail va consister à démontrer qu'il existe σq(α)>0 et ν1:=
ν1(q, α)>10tels que pour tous nombres entiersν,%,r,setµvériantν>ν1,%/ν62σq(α), 16µ6ν−2%−1,16|r|<q%et
16|s|< q2%, (44)
on a
|S3(r, s, ν, %, µ)|614(qlogq)5τ(q)νω(q)+6qν−2%, (45) ce qui, en utilisant (42) et en observant queqlogq >1etq
1
4+1<2, permet d'obtenir (38).
5.4. Introduction des sommes de Gauss quadratiques
La proposition suivante est une variante d'un procédé connu au moins depuis Vino- gradov.
Lemme 18. Soit un entier m>2 et (zn)n∈Z une suite de nombres complexes pério- dique de période m. Alors pour tous M, N∈Zavec N>1, on a
M+N
X
n=M+1
zn=
m−1
X
`=0
wm(M, N, `)
m−1
X
n=0
zne `n
m
,
où
wm(M, N, `) := 1 m
M+N
X
k=M+1
e
−`k m
vérie
m−1
X
`=0
|wm(M, N, `)|6N m+2
πlog4m π 62
π N
m
log4eπ/2m
π .
Preuve. Pour chaque classe résiduellenmodulomon compte le nombre d'indicesk tels queM+16k6M+N etk≡nmodm:
M+N
X
k=M+1
zk=
m−1
X
n=0
zn M+N
X
k=M+1
1 m
m−1
X
`=0
e
`(n−k) m
,
d'où l'égalité annoncée. Comme
|wm(M, N, `)|6 1 mmin
N, 1
|sin(π`/m)|
,
en utilisant la convexité de la fonctiont7!(sint)−1, on a (méthode des trapèzes)
m−1
X
`=1
1 sin(π`/m)6
Z m−1/2
1/2
du
sin(πu/m)=2m
π log cot π 4m62m
π log4m π ,
donc m−1
X
`=0
|wm(M, N, `)|6N m+2
πlog4m π . De plus,
N m+2
πlog4m π 6
N m
1+2
πlog4m π
=2 π
N m
log4eπ/2m π .