HAL Id: hal-00885859
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Submitted on 1 Jan 1997
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Caractérisation de la variabilité climatique des terroirs viticoles en val de Loire. Influence du paysage et des
facteurs physiques du milieu
A Jacquet, R Morlat
To cite this version:
A Jacquet, R Morlat. Caractérisation de la variabilité climatique des terroirs viticoles en val de Loire.
Influence du paysage et des facteurs physiques du milieu. Agronomie, EDP Sciences, 1997, 17 (9-10),
pp.465-480. �hal-00885859�
Original article
Caractérisation de la variabilité climatique des terroirs
viticoles en val de Loire. Influence du paysage et des facteurs physiques du milieu
A Jacquet 1 R Morlat 2
1
Laboratoire associé Inra Physiologie et biochimie végétales, IRBA, université de Caen, BP 5186, 14032 Caen cedex, France 2
Inra, URVV, 14070 Beaucouzé, France
(Reçu le ? ; accepté le 7 janvier 1998)
Summary -
Characterization of the climaticvariability
in the LoireValley vineyard.
Influence oflandscape
andphysical
characteristics of the environment. In order to determine the data necessary to establish a climaticmapping
of
vineyards
at the same scale as for soil (1/25 000), thelandscape
and climatic environment of 14 vineplots
in theLoire
Valley
have been studied. In addition totopographical
characteristics, asynthetic
index has beendeveloped:
thelandscape closing
up index (IFP). In agiven
site, it represents theportion
of the celestial canopy shadedby vegetative, topographic
orbuilding
shields. In thefairly
flat relief of thisvineyard region, landscape variability
ismainly
due tovertical
vegetative
shields and the wide range of soil texture characteristics. This work showed that local climates wereassociated with
geopedology
and underlined the effect of the IFP on windspeed
(variation greater than 100%) and onsolar radiation
interception (variation equal
to 10%). The recorded temperature differences vary from 0.6 to 3 °C forvegetative cycle
andday
time scales,respectively.
We observed thatthey
aremainly
affectednegatively by
altitudeand
positively by
sand content in the soil toplayer.
Air moisture variesaccording
to soil waterholding capacity
andproximity
of forests.vineyard
/ climate / local climate /mapping
/landscape
/ climaticvariability
Résumé - Dans le but de
dégager
les éléments nécessaires à un zonageclimatique
des terroirs viticoles à la même échellecartographique
que celui du sol, une caractérisation de l’environnement paysager et du climat de quatorze par- cellesreprésentatives
de terroirs du val de Loire apermis
d’étudier la formation des mésoclimats rencontrés. Outre les aspectstopographiques,
un indicesynthétique
est utilisé : l’indice de fermeture du paysage (IFP). Ilreprésente
en un lieu, laportion
de la voûte céleste obstruée par des écransvégétaux, topographiques
ou bâtis. Dans ce contexte de reliefau modelé doux, la variabilité
paysagère
est essentiellement due aux écransvégétaux
verticaux et la gamme de textu-re de surface des sols est
large.
Ce travail apermis
de mettre en évidence l’existence de mésoclimats associés aux élé-ments
géopédologiques
du terroir, et de démontrerl’importance
de l’effet de la fermeture du paysage sur la vitesse du vent(variation supérieure
à 100 %) etl’interception
du rayonnement solaire(variation
de l’ordre de 10 %). Les diffé-rences observées pour la
température (0,6
°C pour l’ensemble ducycle
de mesure à 3 °C pour certainesjournées)
appa- raissentprincipalement
affectées defaçon négative
par l’altitude etpositive
par les textures sableuses de la surface des sols. La variabilité de l’humidité de l’air rencontréecorrespond
aux différences de réserves en eau des sols ou à lapré-
sence de forêts
proches.
terroir viticole / climat / zonage / paysage / mésoclimat / variabilité
climatique
* Correspondance et tirés à part
Tél : (33) 02 31 56 53 03 ; fax : (33) 02 31 56 53 99 ; courriel : jcsimon@ibba.unicaen.fr
INTRODUCTION
L’étude des terroirs viticoles nécessite la mise au
point
d’une méthode de caractérisationintégrée
des facteurs
naturels, représentative
des conditions de fonctionnement de lavigne.
Dans cetteoptique,
le
concept
d’unité terroir de base(UTB)
a étédéveloppé (Riou
etal, 1995).
L’UTBreprésente
un territoire viticole d’extension
géographique
variable,
défini comme l’association des compo-santes
géologique, pédologique
etpaysagère,
etdans
lequel
laréponse
de lavigne
est considéréecomme
reproductible,
pour un climat annuel donné(Riou
etal, 1995 ; Morlat, 1996).
Dans ce contexte, le milieu
édaphique (nature
du sol et de
la roche) joue
ungrand rôle
sur la mor-phologie
dusystème
racinaire(Morlat
etJacquet, 1993)
et les différentes fonctions de ce dernier(extraction
del’eau, absorption minérale, synthè-
se, mise en
réserve,
remobilisation de divers com-posés),
avec bien sûr desconséquences impor-
tantes sur la
physiologie
de lavigne (Morlat, 1989).
Mais, compte
tenu desexigences
de lavigne
formulées en termes de
température,
d’ensoleille-ment et de bilan
hydrique,
le climat est aussi unecomposante
majeure
duterroir,
devant être traitéeau même titre que le milieu
édaphique.
Enpremier
lieu,
leprofil climatique
de l’année deproduction (millésime)
influe sur lacomposition
de la ven-dange
et parconséquent
sur lescaractéristiques
sensorielles du vin. Cette variabilité interannuelle
a été étudiée entre autres par Ribéreau
Gayon
et al(1975), Huglin (1986),
Bonnardot(1997).
En
viticulture,
le zonageclimatique
a été abor-dé par de nombreux auteurs.
À petite
échelle(pays, continent),
le macroclimatexplique généra-
lement bien la
répartition
descépages,
la nécessi- té de certainespratiques oenologiques (chaptalisa- tion)
et lestypes
de vins.À
ceniveau,
de nom- breux auteurs ont mis aupoint
et tenté de valider des indicesclimatiques représentatifs
despoten-
tialités viticoles de telle ou tellerégion (Winkler, 1962 ; Constantinescu, 1967 ; Huglin, 1978).
Riou(1994)
amontré,
à l’échelleeuropéenne,
l’influen-ce
positive
pour différentscépages,
des sommesde
températures
actives(supérieure
à 10°C)
cal-culées pour certaines
périodes
déterminées ducycle végétatif (en particulier véraison-récolte)
sur les teneurs en sucres de la
vendange.
Dans lecadre d’un essai international
d’écologie viticole,
Calo et al
(1995)
relient la teneur en sucres de lavendange,
dans le cas desvignobles
nord atlan-tiques,
à latempérature
moyennependant
tout lecycle végétatif,
etparticulièrement pendant
laphase véraison-récolte,
de mêmequ’à
l’insolation de cette mêmepériode.
Les résultats montrentqu’une
accumulationsignificative
de sucres seproduit lorsque
latempérature
moyenne de laphase
véraison-récolteaugmente jusqu’à
un seuilde 17 °C. Entre 17 et 22 °C la relation n’est
plus
aussi nette mais reste
positive,
et au-delà de 22 °Cune tendance
négative
s’observe.À
l’échelle de l’UTB(quelques
hectares àquelques
dizainesd’hectares),
le zonageprécédent
n’est
plus pertinent,
et se pose alors leproblème
dela caractérisation du climat local associé à l’UTB.
Plusieurs
composantes
de l’UTB sont en mesurede jouer
un rôle sur le mésoclimat. Dans laplupart
des cas,
l’organisation
du milieunaturel, permet
de situerchaque
UTB parrapport
à un environne-ment que l’on
peut
caractériser par une gamme de variation desaltitudes,
despentes,
del’exposition,
ainsi que par la nature de la surface du
sol,
lavégé-
tation naturelle...
Les
températures
décroissent en fonction de l’altitude avec ungradient adiabatique
moyen de-0,65
°C pour 100 m, enrégions tempérées (Guyot, 1997).
Parailleurs,
le reliefjoue
un rôleimportant
en influant sur l’écoulementgravitaire
de l’air froid le
long
despentes
cequi
conduit à unabaissement des minima dans les
parties
bassespouvant
atteindrejusqu’à
15 °C pour 75 m de dénivellation pour despentes
fortes. La formation d’une ceinture chaude au niveau du tierssupérieur
des versants en est la
conséquence (Godard, 1949 ; Guyot, 1997).
L’inclinaison des
pentes
et l’orientation des ver-sants, modifient
l’interception
durayonnement
solaire(Godard, 1949 ;
VarletGrancher, 1975).
Les modifications concernent
principalement
lafraction directe du
rayonnement
solaireglobal
pour des
pentes
inférieures à 30%,
etégalement
lafraction diffuse au delà. Une des
conséquences
estla variation
importante
detempérature
à la surface du sol(Dumas
etal, 1997).
Notons que les diffé-rences maximales s’observent entre les
pentes
d’orientation nord et sud et surtoutpendant
l’hiver. Des modèles de calcul de cette
intercep-
tion ont été mis au
point (Durand
etLegros, 1981).
Par
ailleurs,
lespentes
affectentégalement
lavitesse du vent.
Guyot
et al(1976) indiquent qu’une
pente de 10 % réduit la vitesse du ventd’environ 10 % au bout de 150 m
lorsqu’il
la des-cend,
et l’accélère de 30 % à la même distancelorsqu’il
la remonte.En l’absence de ventilation
importante,
la tem-pérature
de l’air des basses couches de l’atmo-sphère dépend
descaractéristiques
du sol : sonalbédo ainsi que sa texture et son humidité
qui
affectent sa conductivité et sa
capacité thermiques.
Ces facteurs modifient le bilan des
échanges
éner-gétiques
au niveau de la surface(Guyot, 1997).
La
végétation
naturelle peut influer surplu-
sieurs variables
climatiques (Guyot, 1997)
maisdans le cas
qui
nous intéresse c’est surtout le rôle de brise-ventjoué
par les haies et les zones boi- sées. Cet effet a étélargement
étudié(Guyot, 1963 ; Guyot
etal, 1976, 1987).
On retiendra que derrière unbrise-vent,
outre une diminution de la vitesse du vent sur environ 10 fois sahauteur,
on assiste à uneaugmentation
del’amplitude
ther-mique : augmentation
des maximums(et moyennes)
et abaissement des minimums. Deplus,
on observe une réduction dupouvoir évapo-
rant de l’air de 10 à 30 % et des modifications
assez
complexes
deséchanges
radiatifs en fonc-tion de l’orientation et de
l’espacement
des haies(Chiapale, 1975 ; Guyot
etal, 1987).
Enfin,
l’effet des masses forestières surl’aug-
mentation des
précipitations
est souvent mention-né
(Doignon, 1951 ; Lee, 1978)
maisn’a jamais
été formellement
prouvé.
Ces informations
bibliographiques, indispen-
sables à la
compréhension
desphénomènes
clima-tiques locaux,
restent toutefois difficiles à utiliser dans le cadre d’une étudeintégrée
des terroirs. Eneffet,
à l’échelle de l’UTB les facteurs de variation du climat ont une actionconjointe
et de ce fait ilest difficile de connaître le
poids
réel de chacun d’eux. Parailleurs,
un zonageclimatique
direct àcette échelle est
inenvisageable.
Face à ces pro-blèmes,
notreobjectif
est de proposerpuis
validerdes indicateurs paysagers
synthétiques,
facilementcartographiables
etreprésentatifs
du climat local de l’UTB. Dans cette note, nous abordons les rela- tions entre facteursphysiques
de l’environnementpaysager et variables
climatiques.
Cetteanalyse
devrait
permettre
de déceler les variables utili- sables pour unecartographie climatique
des ter-roirs, applicable
aux zonestempérées
de faiblealtitude. Il deviendrait ainsi
possible
d’inclure à la mêmeéchelle,
et en lui donnant unereprésentation spatiale,
lacomposante climatique
duterroir,
aumême titre que la
composante édaphique (sol,
roche).
Il serait en outreenvisageable,
àpartir
dequelques
stationsmétéorologiques
deréférence,
de
prédire
le climat deparcelles
nonéquipées.
MATÉRIELS
ETMÉTHODES
Le climat
régional
La
région,
soumise à un climatocéanique
à tendanceseptentrionale,
se caractérise par une assez faibleplu-
viométrie (600 mm), des
températures
moyennes annuelles de l’ordre de 11,5 °C et des vents dominantsouest et sud-ouest. La durée d’insolation est
proche
dela limite minimale pour obtenir un vin de
qualité,
fixéeà 1 250 h entre avril et
septembre
parRibéreau-Gayon
et
Peynaud
(1971). Les différents indices bioclimatolo-giques
viticoles :degrés-jour
de Winkler (1962), pro- duithéliothermique
de Branas et al (1946) et l’indicehéliothermique
deHuglin
(1978), classent cette zonedans les
vignobles septentrionaux.
Le
dispositif expérimental
Les
parcelles expérimentales
utilisées ici (14) appar- tiennent à un réseau de suivi de lavigne,
installé en 1979,intégrant
la variabilitégéologique, pédologique
et
paysagère
desvignobles
deSaumur-Champigny,
Bourgueil
et Chinon situés en moyenne vallée de la Loire (tableau I).La
période
de mesureSept
annéesréparties
entre 1980 et 1990 ont été étu-diées avec ce réseau, mais nous
présenterons
seulementles résultats de l’année 1988, choisie pour ses valeurs
climatiques proches
des normales (tableau II). Lapériode
de mesure couvre l’ensemble ducycle végéta-
tif de la
vigne.
Elle s’étale du 22 février au 10 octobre pour latempérature,
l’humidité relative et lapluie
et du18 avril au 10 octobre pour le vent et le rayonnement
solaire.
Données
météorologiques
Elles sont collectées dans un poste
météorologique
standard installé à 2 m de hauteur au centre de
chaque parcelle expérimentale
afinqu’il n’occupe
pas deposi-
tion
particulière
pouvant affecter sareprésentativité mésoclimatique
(Samie, 1983). Des capteurs detempé-
rature et d’humidité relative sont
placés
dans un abrimétéorologique petit
modèle normalisé et reliés à unecentrale
automatique
type Enerco 404 (Cimel, Paris),un anémomètre est aussi connecté à cette centrale. Ce
dispositif
estcomplété
par unpyranomètre
CE180 (Cimel) installéparallèlement
à la pente pour la mesu- re du rayonnement solaire incident (entre 0,3 et 3,0μm)
et par un
pluviomètre
à lecture directe. Le vent, la tem-pérature
et l’humidité relative sont mesurés à l’échelle horaire et les autresparamètres
à l’échelle hebdoma- daire. Les différents capteurs ont étérégulièrement
vérifiés et étalonnés. La
précision
des capteursest ± 0,2 °C pour la
température
et ± 3 % pour l’humi-dité relative et le rayonnement
global.
Latempérature
du
point
de roséequi
servira à comparer l’humidité de l’air des différents sites est calculée àpartir
de l’humi-dité relative et de la
température
moyennejournalière.
Caractérisation de l’environnement paysager de l’UTB
Les variables retenues sont celles
qui
sontsusceptibles d’expliquer
les différencesclimatiques
mesurées. Lapente,
l’exposition,
l’altitude réelle sont relevées pourchaque
site. Lephénomène
d’écoulementgravitaire
d’air froid
déjà évoqué
nous a conduits à introduire la notion d’altitude relativequi
traduit laposition
domi-nante ou dominée d’un site dans son contexte
proche.
Pour cela, on définit deux
paramètres :
l’altitude relati-ve
globale
(ARG) et l’altitude relative selon la pente maximale (ARM). Lapremière
est la différence entrel’altitude du site et la moyenne des altitudes relevées
sur des cartes IGN au 1/25 000e, tous les 45° de l’azi-
mut pour des cercles
concentriques
distants de 100, 200, 300, 400 et 500 m du centre de laparcelle
(soit 40points).
La secondeprocède
du même calcul, mais seu-lement pour la direction
correspondant
à la pente maxi-male de la zone (soit 10
points),
les valeurs sontlogi-
quementpositives
pour une butte ou unplateau, néga-
tives pour une vallée. Ces calculs peuvent s’automati-
ser à
partir
d’unsystème
d’informationgéographique (Sig)
et d’un modèlenumérique
de terrain.Pour
quantifier
les effets brise-vent et de masque de l’environnement paysager, un indice de fermeture du paysage (IFP) est utilisé. Cet indice a été introduit par Morlat(1989), puis développé
etprécisé
parJacquet
etal
(1995),
etJacquet
et Morlat (1996). Il est déterminé àpartir
de mesuresd’angles
réalisées au théodolite tous lescinq grades
d’azimut. Les valeurs obtenues donnent parintégration
un IFPexprimé
enangles
solides pour 360° (tableau III), mais aussi pour 180° nord (IFPN) et 180° sud (IFPS) et dont les valeurs varient entre 0 et2 stéradians
(l’hémisphère
célestecorrespondant
à 2(sr). Cet indicereprésente
donc en un lieu, laportion
de la voûte céleste occultée par des écrans
végétaux,
latopographie
ou des bâtiments. Cette méthode de calculest
plus précise
que celleprésentée
par Lebon (1993)qui
n’utilise que huit mesures de hauteurangulaire
auclysimètre
parpoint
d’observation, mais n’est pas aussi facile à mettre en oeuvre et donc moins bienadaptée
àla
cartographie
des terroirs.Pour connaître la fraction du rayonnement
global
réfléchie par le sol, des mesures d’albédo du sol ont été réalisées par ciel clair et sol sec au moyen de deux pyra- nomètres CM6B
(Kipp
et Zonen, Delft,Pays-Bas).
Latexture et la
charge
en cailloux de l’horizon de surfaceont été déterminées par
analyse mécanique
etgranulo- métrique,
dans le but d’étudier leur influence sur latempérature
de l’air. La consommation en eau dusystè-
me
sol-plante qui
peut affecter la teneur en eau de l’aira été mesurée à l’aide d’un humidimètre
neutronique (type
Solo25S)
sur la durée ducycle végétatif.
Traitement des données
Pour
dégager
les facteurs locaux du climat lesplus
dis- criminants, uneanalyse
en composantesprincipales
(ACP) est réalisée sur les variables
physiques
des ter-roirs
préalablement
décrites.Les données
climatiques
sont traitées à différentes échellestemporelles : depuis
leprofil journalier
horai-re
jusqu’à
l’année(cycle végétatif)
ainsi que par type de temps.À l’exception
desprécipitations,
nous avonschoisi
d’exprimer
les résultats concernant les variablesclimatiques
dechaque
site, sous forme d’écarts à la moyenne calculée sur l’ensemble des sites. Nousappel-
lerons cette moyenne « référence
régionale
».En prenant comme base les travaux de Lebon (1993), nous avons caractérisé les types de temps par 24 combinaisons entre : trois classes d’insolations caractérisées par le
quotient Q g
du rayonnementglobal
mesuré par le rayonnement
global théorique
auxconfins de
l’atmosphère
(Qg ≤ 0,3 : temps couvert ; 0,3 <Q g
≤ 0,6 : temps variable ;Q g
> 0,6 : temps enso- leillé), deux classes de vitesse du vent(temps
calme :vent < 2m
s -1 ;
venté au delà, et quatre classes de direc- tion du vent (NO à NE; NE à SE ; SE à SO ; SO à NO).Les occurrences de
chaque
combinaison sontpré-
sentées sur le tableau IV. En 1988, les
journées
calmessont
majoritaires (56,4
%) et les flux lesplus représen-
tés sont
respectivement
ouest(47,9
%) et sud(22,6
%).Par ailleurs, les
journées
variables dominentlargement
la
période (47,8
%), suivies par le temps ensoleillé sur- toutreprésenté
par temps calme avec 31,6 %.RÉSULTATS
Caractérisation des UTB par leurs
principaux
facteurs
physiques
La
région
a un modelé doux avec de faiblesampli-
tudes
topographiques (altitudes comprises
entre42 et 108
m),
lespentes
sont faibles à nulles(<
à5
%) ;
les valeurs d’altitude relative(inférieures
à13
m)
confirment cette observation(tableau V).
La
plupart
des sites sont ouverts vers le sud et pro-tégés
au nord.Le
plan principal 1,
2 fourni par l’ACP(fig 1)
dont la matrice est contenu dans le tableau
V,
explique 66,7
% de la variation totale des facteursphysiques
duterroir,
retenus pour l’étude. Surl’axe
1 qui apparaît
leplus discriminant,
les variables lesplus
contributives sont les différents indices de fermeture du paysage, l’altitude vraie et relative ainsi que la teneur en cailloux dessols ;
celles-cis’opposent
à la teneur en sable des sols età la consommation en eau du
système terroir-vigne.
Laposition stratigraphique,
la natu-re et la dureté des matériaux
géologiques
de cer-tains terroirs
(grès
etpoudingues
pour1 CHA, argile
très caillouteuse à blocs rocheux pour1ROC,
limons à silex pour1 VAU), expliquent
bien les relations entre fortes altitudes réelles et
relatives, pierrosité importante
et indice de ferme- ture du paysage élevé. Eneffet,
ces terroirs diffi- ciles à cultiver depart
leur nature se rencontrent souvent àproximité
de zones boisées.La
composante végétale
de l’IFP dominelarge-
ment et détermine
majoritairement
la fermeture du paysage. Cettevégétation
est un trait caractéris-tique
de certains terroirs viticoles et saprésence
est souvent liée à la nature
physicochimique
dusubstrat
(Morlat, 1989).
L’albédo des sol(de 20,7
à 26%)
nepermet
pas de bien discriminer les par- celles. Enrevanche,
lepourcentage
de sables dupremier
horizonprésente
unegrande
variabilité(de 37,8
à91,6 %).
En croisant les résultats de l’ACP et les infor- mations du tableau
V,
onpeut distinguer plusieurs
groupes de situations
caractéristiques :
- à paysage très ouvert :
1BEAU, 1TUR, 1FON,
-
à paysage
fermé :1ROC, 1 CHA,
- dont l’horizon de surface est riche en
cailloux :
1VAU, 1CHA, 1 FON,
-
proches
d’un environnement forestierimpor-
tant:
1ROC, 1BOIS, 2ING.
Variabilité du climat des UTB
La
pluviométrie
La
comparaison
entre sites doit êtreprudente
carune fraction des
précipitations
est tombée sousforme d’averses orageuses dont la distribution
reste aléatoire.
Toutefois,
la tendance observée sur20 ans entre les
postes
météo Nord-Loire(Bourgueil :
636mm/an)
et Sud Loire(Saumur :
584
mm/an,
Chinon : 615mm/an)
est confirmée.En
effet,
lesparcelles
de Saumur et Chinon(grou-
pe c et d du
tableau V)
ont reçu le moins depréci- pitations (total
entre 310 et 330mm),
alors que celles deBourgueil,
groupeb,
se situent entre 395et 434 mm sur la
période
d’étude. Seules 1FON(Nord Loire)
et 1TUR(Sud Loire) occupent
uneposition
intermédiaire. Les valeurs du suivi heb- domadairen’apportent
pas d’informationsupplé-
mentaire notable.
Le
rayonnement
solaire incidentÀ
l’échelle de lapériode d’étude,
les écarts maxi-maux de
rayonnement global
incident(Rg)
reçu entreparcelles atteignent
280MJ/m 2 pour
uneexposition énergétique globale
moyenne totale de 2 856MJ/m 2 ,
soitl’équivalent
de16 j
d’éclaire-ment moyen
(fig 2).
Laplus ensoleillée, 1TUR, s’oppose
à 1ROC et 1CHA. Les écarts hebdoma- daires à la référenceatteignent respectivement
+6 % et -8 % pour les semaines
anticycloniques
del’été. Certaines
parcelles,
comme1FON, 3EL, 2ING, présentent
des variations autour de la réfé-rence. Par temps très clair
(fort rayonnement glo- bal)
2INGrejoint
le groupe des sites lesplus
éclai-rés.
La vitesse du vent
C’est le
paramètre
leplus
affecté dans ce réseauexpérimental.
Lebon(1993),
enAlsace,
a trouvé des résultats similaires. Lesparcelles
1ROC et1CHA sont les moins
ventées ;
àl’opposé,
1TURet 1BEAU
présentent
les vitesses maximales(fig 3).
Entre cesextrêmes,
on observe une aug- mentation de vitesse du vent sur1ING,
pour les flux de secteur S-O à O et une diminution sur1 BOIS pour les flux N à S-E
(fig 4).
Pour desjour-
nées
type
de fort flux O à S-O(30
mai et 6octobre),
des écarts à la référence de +20 % pour1BEAU, 1TUR,
1ING et de -60 % pour 1 ROC ont étéenregistrés.
Pour des flux de N-E(6 mai),
1BEAU et 2ING
présentent
lesplus
fortes aug- mentation(+40
% parrapport
à laréférence)
tan-dis que l’on note des réductions de 70 % sur
1ROC et 35 % pour 1BOIS.
L’humidité de l’air
Pour
l’analyse
de la variabilité de l’humidité del’air,
on utilisera latempérature
dupoint
de roséequi représente
latempérature
àlaquelle
il fautrefroidir l’air pour que la tension de vapeur d’eau devienne saturante
(les
valeurs lesplus
élevéescorrespondent
aux teneurs en eau de l’air lesplus fortes).
Les duréespendant lesquelles
l’humiditérelative est inférieure à 40 % serviront à comparer les sites par rapport à la
fréquence
despériodes
sèches. Le nombre d’heures
pendant lequel
l’humidité relative est
supérieure
à 80 %permet-
tra de mettre en évidence les zones où le
risque
dedéveloppement
de maladiescryptogamiques
estplus grand.
À
l’échelle ducycle végétatif,
latempérature
moyenne du
point
de rosée varie de10,1
à11,6
°C selon les terroirs. Parmi lesparcelles
lesplus
humides on trouve
1ROC,
2ING suivies de 1BOISqui
affichentrespectivement
unpoint
de roséesupérieur
à la référence pour99,
73 et 71 % desjours (tableau VI).
Lesplus
faiblestempératures
du
point
de rosée se rencontrent sur1 CHA,
1 VAUet
1 POY,
ces sitescomptent respectivement 82,
78et 67 % de
jours
avec unetempérature
dupoint
derosée inférieure à la
référence,
4EL et 1TUR sont aussiplus
« secs» (tableau VI).
Les suivis hebdomadaires des écarts à la moyenne
régionale (fig 5)
ontpermis
dedistinguer
un groupe de
parcelles
où latempérature
dupoint
de rosée croît avec le
temps, composé
de1DAM, 1POY, 1 BOIS,
1 BEAUopposé
à un groupe où elle décroît au cours dutemps (1CHA, 1VAU, 1FON).
On notera
l’homogénéité
des résultats obtenus dans lesparcelles
sur craie tuffeau(tableau I)
pource
paramètre.
Les différences de
température
de rosée semanifestent surtout à
partir
de mai et seproduisent
essentiellement
pendant
laphase
diurne et au cou-cher du Soleil. Les différences entre
types
detemps
advectifs au sein d’une même UTBpeuvent
être aussiimportantes
que les écarts entre sites extrêmes pour un mêmetype
detemps (environ
10à 15 % d’écart entre la
température
dupoint
derosée moyenne du flux calme de nord et celle des forts flux de sud pour
2ING).
Le nombre d’heures où l’humidité relative est inférieure à 40 % fait
simplement apparaître
lesparcelles
1FON commeplus
humide(écart négatif
de 100 h par rapport aux 124 h de la
référence)
et1 POY comme
plus
sèche(écart positif
de 116h).
Les
risques
dedéveloppement
de maladiescryptogamiques apparaissent plus
élevés dans des terroirs comme1ROC, 2ING, 1BOIS, qui présen-
tent
respectivement 410, 310
et 220 h d’humidité relative > à 80 % deplus
que laréférence,
que dans ceux comme1POY,
4EL et 1TUR dont les valeurs lui sont inférieures d’environ 200 h.La
température
À
l’échelle de lapériode
entière de mesure, la gamme de variation entre lesparcelles
est de0,7
°C pour latempérature
moyenne(tableau VII).
Elle
correspond
à l’écartqui
existe entre le site leplus
froid(2ING
avec13,7 °C)
et ceux lesplus
chauds
(1FON
et 1GAR avec14,4 °C).
Les autresparcelles
ont destempératures comprises
entre13,9
et14,3
°C. Si l’on s’intéresse aupourcentage
desjours
où latempérature
moyenne desparcelles
est
supérieure
de0,5
°C à la moyennegénérale (tableau VII),
on note uneplus
forte variation entre sites et onpeut
discriminercinq parcelles plus
chaudesqui
sont :1FON, 1GAR, 3EL, 1POY,
1ROC.
Les écarts
atteignent 1,2
°C pour lesminimums,
la
parcelle
laplus
froide est 2ING(8,7 °C) qui s’oppose
à deuxparcelles plus
chaudes(4EL
et1ROC avec
9,9 °C).
Pour lesmaximums,
l’écartatteint 1
°C,
avec le site 1VAUplus
froid(18,7 °C)
et 1ROC
plus
chaud(19,7 °C),
laparcelle
2ING nes’individualise
plus.
Les
parcelles qui présentent
lesplus
fortesamplitudes thermiques
moyennes(10,3 °C ;
10,0 °C)
sont 2ING et1POY,
et cellesqui
mon-trent les
plus
faibles(9 °C)
sont 1VAU et 4EL(tableau VII).
Outre une
légère
accentuation(de 0,1
à0,2 °C)
des différences
déjà observées,
pour les temps calmes etensoleillés, l’approche
par type detemps n’apporte
pas derenseignements complémen-
taires.
À
l’échellehoraire,
des différences de compor- tement notablesapparaissent.
Celles-ci donnent enpartie
la manière dont les écarts observés à l’échelle ducycle végétatif
se forment. Lajournée
du 25
juillet 1988, représentative
des situationsavec un
temps
calme et un cielclair,
en fournit une illustration pourcinq parcelles (fig 6).
Onpeut
yconstater des écarts de
plus
de 3 °C entreparcelles
pour certaines heures de
la journée.
Discussion
Dans le cadre de notre
étude,
le sol est une com-posante
du terroirqui
varielargement
d’un site à l’autre etqui
a été abordée en détail par Morlat(1989).
On a pu mettre en évidence une relationpositive
entre latempérature
de l’air et la teneur ensables totaux du
premier
horizon du sol(fig 7),
avec un coefficient de corrélation
qui
avoisine0,8
si l’on retire la
parcelle
2ING située dans un cou-loir d’air froid. La nature du sol
peut jouer
un rôlesur le climat en intervenant sur le bilan
d’énergie
par l’effet de son albédo
(mais qui
varie peu danscette étude comme le montre le
tableau V)
sur lerayonnement
net, et aussi en modifiant le devenir de laquantité
de chaleur stockée en raison de sacapacité calorifique
et de sa conductivité ther-mique.
Les résultats que nous avons obtenus par ailleurs(Cellier
etal, 1996),
montrent que lepotentiel
de réchauffement des sols est lié à sacapacité calorifique volumique
et à sa conductivi- téthermique.
Lacapacité calorifique volumique
du sol
dépend
engrande partie
de sa teneur en eau,généralement plus
faible pour les textures sableuses. La conductivitéthermique
est une fonc-tion
complexe
descaractéristiques
texturales et structurales du sol(de Vries, 1963).
Onpeut
esti-mer que les sols sableux en se desséchant
plus
viteque les sols limoneux ou
argileux
et en ayant uneporosité
engénéral plus forte,
auront une conduc-tivité
thermique qui
seraplus
faible. Il en résulte-ra que
pendant
lajournée
latempérature
de l’hori-zon de surface sera
plus
élevée en sol sableux.À
titre
d’exemple,
latempérature
moyenne à -5 cm calculée sur lapériode
de mars àjuillet
1988 a étéde
15,9
°C pour des sols sableux(1FON, 3EL)
contre seulement
14,2
°C pour un solargileux
comme 1 VAU
(Restoin, 1993).
Onpeut
donc pen-ser que la
plus
fortetempérature
de surface des sols sableux induit unrayonnement infrarouge thermique plus important qui pourrait expliquer
engrande partie
la relationpositive
citéeplus
haut.À
une autreéchelle,
les courbesreprésentant
lesécarts
thermiques
horaires à la référencerégiona- le,
calculés pourcinq
sitesreprésentatifs
lorsd’une
journée représentative (fig 6),
mettent enévidence des
comportements pouvant
être reliés pourpartie
à l’effet du sol. La courbe a une allure croissante pour le site 1FONqui
deplus
frais aulever du soleil devient nettement
plus
chaud le soir etégalement
pour 1VAU dans une gamme devaleurs de
température
inférieures. Le comporte-ment de ces
parcelles
est àrattacher,
pour le matin à la mauvaise conductivitéthermique
de leur sol caillouteux et pour lesoir,
à la restitution del’énergie emmagasinée
au cours de lajournée
par lesgraviers
et cailloux de surface de ces sols. On observe l’inverse sur laparcelle
1DAM dont lesol,
constitué d’élémentsfins,
est bon conducteurthermique.
Cecirejoint
les observations deVerbrugghe
et al(1991) qui
ontmesuré,
dans unemême unité
parcellaire,
destempératures plus
fortes pour les grappes situées au dessus de sols de
galets
ou depierres
concassées que pour celles établies au dessus d’un sol constitué departicules
fines.
Indirectement,
les réservesdisponibles
en eaudu sol en modulant
l’évapotranspiration
réelle ducouvert, peuvent influer sur l’humidité de l’air des basses couches de
l’atmosphère,
surtout enpério-
de peu ventée. On
peut
remarquerqu’une
aug- mentation au cours de l’année de latempérature
du
point
de rosée parrapport
à laréférence,
existe pour les sites sur craie tuffeau(1DAM, 1POY, 1BOIS, 1BEAU) (fig 5)
danslesquels
la consom-mation en eau du
système sol / vigne
sur lecycle végétatif,
a été engénéral
biensupérieure
à300 mm
(tableau V).
Lecomportement opposé
s’observe pour les
parcelles
caillouteuses et sablo- caillouteuses(1VAU, 1FON, 1CHA) qui présen-
tent toutes une consommation en eau bien infé- rieure à 300 mm. Ce
phénomène s’exprime
aussisur la durée des
périodes
sèches(nombre
d’heuresavec une humidité relative inférieure à 40
%)
entre lesparcelles
1 FON et 1POYL’indice de fermeture du paysage
(IFP),
est pro-posé
et calculé afin de tenircompte,
notamment, des effets brise-vent de l’environnement paysager, pouvant être dus à différentstypes
d’écrans(végé-
taux ou
topographiques).
Dans notre cas, ils’agit principalement
d’écransvégétaux,
constitués dezones boisées
plus
ou moinsimportantes.
L’IFPtraduira tout d’abord un effet
aérodynamique
semanifestant par une réduction
générale
de la vites-se du vent, restant à moduler en fonction de la «
perméabilité
» du brise-vent associé(Guyot, 1997).
Cet effet brise-vent estimportant
et bientraduit par
l’IFP,
dans la mesure où la vitesse duvent mesurée est très bien corrélée
négativement (r
=-0,96)
à ce dernier pour les onzeparcelles
del’étude
(fig 8.a).
La corrélation reste hautementsignificative (r
=-0,81)
si l’on retire laparcelle
extrême de clairière 1ROC.
On notera que la variabilité de
Rg
est du mêmeordre que celle observée pour des
régions qui pré-
sentent des
pentes
de 20 à 30 % dont les orienta- tions sontopposées (Lebon, 1993 ; Cellier, 1994).
Là encore, ces variations peuvent être mises en
relation directe avec l’IFP
qui
réduitsignificative-
ment le rayonnement
global
comme le montre lafig
8b. Le coefficient de corrélation de la relationprésentée
demeure hautementsignificatif
même sil’on
supprime
laparcelle
extrême 1ROC(r
=-0,70
au lieu de-0,78).
Les masques Ouest et Est sont lesplus
influents. Le flux direct est dimi- nué le soir pour 1ROC et2ING,
et le matin pour 1CHA. Cetype
de paysage à masquesvégétaux
verticaux
majoritaires
faitapparaître
les limites de l’utilisation des modèles d’estimation del’énergie
lumineuse reçue sur des
plans
inclinés et d’orien-tations
variables,
comme ceux de Varlet-Grancher(1975)
ou Perrin de Brichambaut(1978). L’aug-
mentation des
températures
derrière unbrise-vent,
citée parGuyot ( 1997),
s’observe bien sur la cour-be