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ADIGRAN Jean-Pierre. ADIGRAN Jean-Pierre Maître-Assistant, Institut National Supérieur des Arts et de l Action Culturelle (INSAAC)

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L’ANALYSE DE CONTENU DANS L’INTERPRETATION DES TEXTES LITTERAIRES : L’EXEMPLE DE « LA TIRADE DE CHRIS-

TOPHE » DANS LA TRAGÉDIE DU ROI CHRISTOPHE D’AIMÉ CESAIRE

ADIGRAN Jean-Pierre Maître-Assistant,

Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle (INSAAC)

RESUME

Le présent article est une application des méthodes et techniques de l’analyse de contenu pour l’interprétation des textes littéraires. L’étude actuelle porte sur « La tirade de Christophe » extrait de la pièce théâtrale intitulée La Tragédie du Roi Chris- tophe du dramaturge martiniquais Aimé CESAIRE. L’intérêt de cette étude repose sur la redécouverte des textes classiques de la littérature négro africaine étudiés sous l’angle de nouvelles approches critiques. C’est la deuxième étude de ce genre portant sur une série de trois textes issus des œuvres des écrivains africains de la première génération.

Mots cles : Analyse de contenu – Interprétation – Textes littéraires – Tirade de Christophe – Tragédie du Roi Christophe.

ABSTRACT

This article is an application of methods and techniques of content analysis for the interpretation of literary texts. The current study is on “The tirade of Christophe”

extracted from the theatrical play entitled The Tragedy of King Christophe Martin play- wright Aimé CESAIRE. The interest of this study rests on the rediscovery of the clas- sic texts of Negro African literature studied from the point of view of new critical ap- proaches. This is the second study of its kind on a series of three texts from the works of African writers of the first generation.

Keywords : Content analysis - Interpretation - Literary texts - Christophe’s tirade - King Christophe’s tragedy.

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INTRODUCTION

La présente étude porte sur « La tirade de Christophe », un extrait de La Tragédie du Roi Christophe (A. CESAIRE Aimé, 1963), pièce théâtrale du Martiniquais Aimé CESAIRE. Le choix de ce texte littéraire se justifie par le fait qu’il est contenu dans une pièce théâtrale appartenant au courant littéraire de la Négritude et s’inscrit dans un champ idéologique qui est la défense et la réhabilitation de l’homme noir africain. C’est l’occasion de revisiter les classiques africains. Dans ce texte, les réflexions du personnage Christophe épousent la pensée idéologique de ce dramaturge africain dit de « la première génération » dont le combat, au moyen de la plume et de l’écriture littéraire, a contribué à restaurer la Dignité bafouée des noirs d’Afrique. C’est donc un récit d’engagement et de prise de position en ce qui concerne la situation du noir et de ce qui doit être son avenir dans le concert des nations.

Cependant, au-delà de cette redécouverte, il est question beaucoup plus d’étudier ce texte sous l’angle des principes théoriques et des pratiques mé- thodologiques de l’analyse de contenu. Le projet est de l’interpréter le plus objectivement possible au niveau externe ou de forme par l’analyse quantita- tive et au niveau interne ou de contenu par l’analyse qualitative qui est com- plémentaire de la première approche analytique. Dans une perspective sous- jacente, il y a la curiosité intellectuelle de vérifier l’efficacité ou de découvrir les limites de ce nouvel outil d’investigation. Bien que, il nous faut l’affirmer ici, ce texte est tiré d’une pièce théâtrale, c’est une tirade qui a valeur de récit.

C’est sous cet angle d’écriture que nous l’étudions afin de demeurer dans notre domaine de recherche qui est le roman.

Deux axes de réflexion organisent cette étude. Le premier axe porte sur les considérations théoriques et les méthodes qui sous-tendent l’application de l’analyse de contenu. Le second axe est relatif à l’étude de la tirade de Christophe dans La tragédie du Roi Christophe.

1- L’ANALYSE DE CONTENU : THEORIE ET METHODES D’APPROCHE Il est important, pour une étude technique comme celle-ci, de commencer par une présentation du cadre théorique et des méthodes de l’analyse de contenu à partir desquels cette réflexion est conduite. La raison essentielle est de parvenir à l’appréhension de l’objet d’étude et, par extension, la perti- nence scientifique et l’efficacité des moyens d’approche choisis.

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Nous ferons ici une synthèse des éléments théoriques qui ont déjà été exposés dans la première étude de ce genre qui a porté sur le texte poétique de David DIOP1.

1.1- Cadre théorique

Au carrefour de toutes les sciences, l’analyse de contenu est une méthode de lecture pluridisciplinaire des textes. Elle se donne pour objectif de décou- vrir le sens caché de ceux-ci au moyen de règles précises issues de modèles systématiques d’investigation et d’interprétation. Elle s’applique surtout au contenu manifeste des textes sans négliger les non-dits c’est-à-dire les conte- nus implicites. Aussi apparaît-elle comme une technique de synthèse pour le chercheur dans l’interprétation des textes. Elle fonde ses études aussi bien sur les contenus que sur les formes des textes ( L. BARDIN, 1977).

On pourrait résumer pour dire que l’analyse de contenu a pour objet l’étude du double sens, explicite et implicite, du texte. On s’aperçoit ainsi que la signification du message d’un texte n’est pas immédiate. Elle résulte d’une construction progressive centrée sur les données textuelles traitées sous l’angle des perspectives quantitative et qualitative qui, somme toute, sont complémentaires dans l’approche des textes.

En dehors de ces perspectives, il y a aussi les méthodes d’investigation et les techniques d’interprétation qui concourent à la découverte des sens explicite et implicite du message.

1.2- Méthodes et techniques d’investigation

Dans leur livre intitulé L’analyse de contenu, ROBERT et BOUILLAGUET identifient quatre phases méthodologiques fondamentales d’investigation que sont : la pré-analyse, le codage incluant le comptage des unités, la catégori- sation, l’interprétation (A-D. ROBERT, A. BOUILLAGUET, 2002).

La pré-analyse est la première activité d’organisation de la recherche.

Dans la pratique, elle permet de faire le choix du corpus à étudier.

1 Cf. ADIGRAN Jean-Pierre, « L’analyse de contenu dans l’interprétation des textes littéraires : l’exemple de «Afrique, mon Afrique» dans Coups de pilon de David DIOP », Revue de Littérature et d’Esthétique Négro-Africaines, n°15/vol.2, pp.83-100.

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Pour la présente étude, la pré-analyse a déjà été effectuée par le choix du texte à étudier.

Le codage et le comptage des unités forment la phase où sont délimi- tées les unités de découpage du contenu textuel. Cette phase permet d’abou- tir à la détermination des indices d’étude. Elle est donc une phase de transfor- mation des matériaux du texte sur la base de règles d’investigation précises.

La catégorisation, troisième phase méthodologique, est un processus de classification des éléments constitutifs du texte mis en relief par différen- ciation puis par regroupement analogique. Les catégories, obtenues selon des critères préalablement définis, sont des classes ou rubriques d’éléments textuels. Elles se distinguent les unes des autres par un titre générique qui identifie leur unité typologique selon des critères sémantiques, syntaxiques, lexicaux ou expressifs.

L’interprétation est la dernière phase méthodologique d’étude du texte.

Elle repose essentiellement sur l’inférence et par conséquent sur la méthode déductive. Elle porte sur les effets possibles du message sur le récepteur.

Elle est la phase ultime ou de convergence des opérations effectuées sur l’émetteur, le message, le récepteur, le code et le médium qui sont les pôles fondamentaux de l’étude analytique du texte.

1.3- Travaux de Lasswell

A ce stade de la réflexion, il est important de préciser que ces quatre phases d’investigation sont inspirées des travaux de LASSWELL et MERNER (1952)..

Ces travaux peuvent être résumés autour des cinq interrogations fonda- mentales qu’il a formulées et qui sont les suivantes :

- qui parle ? → c’est l’identification de l’émetteur ;

- pour dire quoi ? → c’est l’étude du contenu du message ; - comment ? → c’est l’étude du contenant ou forme du message ; - à qui ? → c’est l’identification du récepteur ;

- avec quels résultats ? → c’est l’étude des effets du message sur le récepteur.

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Cette cohérence méthodologique ci-dessus présentée a connu, depuis lors, un affinement pour plus de lisibilité et d’objectivité. Ainsi, dans la struc- turation de la recherche, on en est arrivé à identifier six étapes représentées par six verbes d’action ; ce sont : observer, repérer, formuler, énoncer, choisir, interpréter. L’étude actuelle va donc s’organiser autour de ces six verbes – étapes.

1.4- Techniques d’approche

Ce travail a opté pour deux techniques d’analyse de contenu : l’analyse catégorielle, ancienne, plus utilisée, elle procède par découpage du texte en unités puis par regroupement de ces unités en catégories par analogie ; l’analyse de l’expression permet le passage de la forme au contenu. Ses in- dicateurs sont, par conséquent, d’ordre formel. Elle fonctionne sur des indica- teurs lexicaux et sur la stylistique quantitative fondée sur la fréquence relative.

La norme est le calcul du nombre global des mots du corpus puis on établit un rapport de ce nombre avec le nombre relatif à un groupe lexical particulier du texte. Ceci permet d’établir des tendances proportionnelles reflétant une richesse ou une pauvreté de vocabulaire qui oriente significativement l’inter- prétation. Elle complète efficacement l’analyse catégorielle.

2- L’ANALYSE DE CONTENU DANS L’INTERPRETATION DE « LA TIRADE DE CHRISTOPHE » DANS LA TRAGÉDIE DU ROI CHRIS- TOPHE D’AIMÉ CESAIRE

Ce niveau de réflexion est essentiellement pratique. Il s’agit d’appliquer les méthodes et les techniques ci-dessus décrites à ce texte littéraire pour l’interpréter sous l’angle de l’analyse de contenu.

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CHRISTOPHE

Je demande trop aux hommes ! Mais pas assez aux nègres, Madame ! S’il y a une chose qui, autant que les propos des esclavagistes, m’irrite, c’est d’entendre nos philanthropes clamer, dans le meilleur esprit sans doute, que tous les hommes sont des hommes et qu’il n’y a ni Blancs ni Noirs. C’est penser à son aise, et hors du monde, Madame. Tous les hommes ont mêmes droits. J’y souscris. Mais du commun lot, il en est qui ont plus de devoirs que d’autres. Là est l’inégalité.

Une inégalité de sommations, comprenez-vous ? A qui fera-t-on croire que tous les hommes, je dis tous, sans privilège, sans particulière exonération, ont connu la traite, la déportation, l’esclavage, le collectif ravalement à la bête, le total outrage, la vaste insulte, que tous, ils ont reçu, plaqué sur le corps, au visage, l’omni-niant crachat ! Nous seuls, Madame, vous m’entendez, nous seuls, les nègres ! Alors au fond de la fosse ! C’est bien ainsi que je l’entends. Au plus bas de la fosse. C’est là que nous crions ; de là que nous aspirons à l’air, à la lumière, au soleil. Et si nous voulons remonter, voyez comme s’imposent à nous, le pied qui s’arc-boute, le muscle qui se tend, les dents qui se serrent, la tête, oh ! la tête, large et froide ! Et

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voilà pourquoi, Madame, il faut tant demander aux nègres plus qu’aux autres : plus de travail, plus de foi, plus d’en-

thousiasme. Un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir gagné chaque pas ! C’est d’une remontée jamais vue que je parle, messieurs, et malheur à celui dont les pieds flanchent !

(La Tragédie du roi Christophe, Acte I, Scène 7 p. 59)

L’exercice s’articulera sur six étapes méthodologiques exprimées par les six verbes d’action.

- Observer le texte

2.1- Origine contextuelle

À l’aide de relevés lexicaux succincts, on tentera d’identifier le milieu so- ciologique qui a pu inspirer la production de ce texte.

Un regard rapide posé sur le texte laisse apparaître des mots comme :

« nègres », « esclavagistes », « philanthropes », « Blancs », « Noirs »,

« monde », « droits », « inégalité », « déportation », « traite », « esclavage »,

« bête », « outrage », « insulte », « force », « air, lumière, soleil », « remon- tée », etc.

L’observation lexicale opérée ci-dessus montre bien le passé des noirs pendant la période de l’esclavage, la question du droit appliqué aux noirs, le statut de sous-homme qui leur est appliqué, l’humiliation dont ils ont été l’objet comme conséquence liée à ce statut, le désir de se libérer de cette emprise de l’histoire. Tels sont les paradigmes qui ressortent d’un examen rapide des éléments lexicaux relevés.

Ce qui précède indique que l’histoire de la déportation des noirs d’Afrique et de ses conséquences socio-humaines ainsi que la problématique de l’évo- lution de ceux-ci dans le contexte de l’époque contemporaine ont inspiré la production de ce texte.

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2.2- Etude de l’émetteur

L’émetteur de ce texte est Aimé CESAIRE. Il est né le 26 juin 1913 au sein d’une famille nombreuse de Basse-Pointe qui est une commune du Nord-Est de la Martinique. Il fut élève d’abord au Lycée Victor SCHOELCHER de Fort- de-France, puis ensuite au Lycée Louis-Le-Grand de Paris.

À Paris, au contact des étudiants africains, il fait la connaissance du séné- galais Léopold Sédar SENGHOR. Avec celui-ci et avec son ami guyanais Léon Gontran DAMAS, ils créent le mouvement littéraire de la Négritude. Ce mouvement se donne pour ambition et pour objectif de défendre les valeurs de la Culture et de la Civilisation négro africaines et de réhabiliter l’Homme Noir dans sa dignité humaine en le sortant de sa situation de sous-homme dans laquelle l’Occident l’avait confiné.

CESAIRE a pris conscience de cette situation ci-dessus présentée à partir de son contact avec les étudiants africains. Ceux-ci, en effet, lui ont permis de comprendre progressivement cette composante africaine qui est refoulée en lui à travers l’identité martiniquaise. Il réalise, au fur et à mesure du temps, les conséquences néfastes, sur les africains, de la situation coloniale issue, elle-même, de la situation d’esclavage dans laquelle l’histoire avait enfermé l’Homme Noir.

De son séjour haïtien à Port-au-Prince, CESAIRE écrira un essai histo- rique sur Toussaint LOUVERTURE et consacrera une pièce de théâtre au roi Henri CHRISTOPHE, héros de l’indépendance d’Haïti.

La tragédie du roi Christophe, cette œuvre théâtrale consacrée au roi Hen- ri CHRISTOPHE expose son idéologie et sa vision de l’histoire relative aux noirs en général. Le texte qui en est issu et qui fait l’objet de cette étude est certainement imprégné des « colorations » et de « l’atmosphère » de cette situation historique nègre.

- Repérer les indices d’étude Angle d’étude

À partir d’ici, l’étude se fera sous l’angle de l’analyse quantitative qui est un instrument de l’analyse de l’expression.

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Nous procéderons au comptage de tous les mots constitutifs du texte.

Nous travaillerons ensuite sur le comptage des mots constituant le corpus des substantifs que nous avons choisi d’étudier à l’exclusion des autres groupes grammaticaux du texte que sont : les verbes, les adjectifs qualificatifs et les adverbes qui apparaissent les plus pertinents du texte. Le choix des subs- tantifs comme base d’étude est motivé par le fait que ce sont ceux-ci qui exposent les concepts et l’idéologie de l’auteur.

Le résultat est le suivant : Dénombrement

Nombre de mots du texte : le texte est composé de 291 mots.

Nombre des substantifs : le texte comporte 65 substantifs.

- Formuler les catégories d’étude

Cette étape se fera sous l’angle de l’analyse catégorielle.

Détermination des catégories d’étude à l’intérieur du corpus des substantifs Communauté hu-

maine et ses com- posantes

Histoire de la souffrance des noirs

Droits humains et

leurs applications Conditions de la liberté des noirs Hommes

Hommes Hommes Hommes Hommes Madame Madame Madame Messieurs Autres

Esclavage Esclavagiste Traite Bête Chose Déportation Autres Fosse Fosse Outrage

Droits Devoirs Inégalité Inégalité Privilège Exonération Sommations

Air Corps Lumière Visage Soleil Pied

Philanthrope Muscle Dents Tête

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Autres Lot Collectif Monde Nègres Nègres Nègres Blancs Noirs

Insulte Malheur Doute Ravalement Omni-niant Crachat Propos

Aise Tête Travail Foi

Enthousiasme Esprit Pied Pas Pas Pas Pas Remontée Nombre : 19 Nombre : 17 Nombre : 07 Nombre : 22 Statistique :

06,52%

Statistique : 05,84%

Statistique :

02,40% Statistique : 07,56%

Calcul de la valeur relative moyenne de référence

La valeur relative moyenne de référence s’obtient en divisant la somme des pourcentages issus des statistiques liées aux catégories par le nombre de catégories identifiées. Cette moyenne détermine la frontière ou le référent à partir duquel les tendances sont identifiées.

Cette moyenne est donc la suivante : (06,52 + 05,84 + 02,40+ 07,56) / 4 = 05,58%

Au regard de la valeur relative moyenne de référence qui est de 05,58%, on relève que trois (03) catégories sont dominantes dans le champ des subs- tantifs. Ce sont :

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- Conditions de liberté des noirs (07,56%) ;

- Communauté humaine et ses composantes (06,52%) ; - Histoire de la souffrance des noirs (05,84%).

Il est à relever aussi l’absence de tendance moyenne.

Pour finir, une (01) catégorie est de tendance inférieure ou faible. Il s’agit de : - Droits humains et leurs applications (02,40%).

L’histogramme qui suit donne une représentation de ces tendances.

Histogramme des tendances en fonction des catégories dans le corpus des substantifs

CATEGORIES DU CORPUS DES SUBSTANTIFS Enoncer l’objectif de la recherche

La suite de l’étude va se faire exclusivement sous l’angle de l’analyse qua- litative qui est un autre instrument de l’analyse de l’expression.

2.3- Etude du noyau sémantique du texte

Tout en évoquant la période de l’esclavage des noirs africains déportés dans les Antilles, tout en dressant une critique acerbe des philosophies phi- lanthropiques laissant croire à une humanité d’égalité des droits humains, Aimé CESAIRE se préoccupe beaucoup plus, à travers les propos du roi Christophe, des moyens et des stratégies qu’il convient de mettre en œuvre

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pour assurer la liberté et l’épanouissement de l’Homme Noir. Les souffrances et les douleurs endurées par les enfants de l’Afrique subsaharienne pendant la période de l’esclavage et de la colonisation se présentent comme une pré- paration, une initiation profonde des noirs en vue de leur permettre de franchir les obstacles qui se dresseront inévitablement sur le chemin de leur avenir et de maîtriser avec sagesse leur destin. Le texte, écrit à l’époque coloniale, laisse donc apparaître les perspectives du futur du continent noir.

Etude du récepteur

Cette tirade de Christophe, par son contenu idéologique, est destinée en priorité aux noirs au sud du Sahara, mais aussi aux occidentaux. Il s’agit, pour l’auteur, d’amener les uns et les autres à prendre conscience de l’histoire bou- leversante que les noirs africains ont vécue afin de préparer ceux de l’époque contemporaine à mieux assumer le combat de leurs aînés en ce qui concerne l’héritage d’engagement culturel qu’ils leur ont laissé.

Enonciation de l’objectif général de l’étude

La présente étude se propose d’étudier la situation des noirs au sud du Sahara dans le monde à partir de leur histoire et des aspects de l’idéologie de l’auteur qui en découlent.

Choisir les catégories d’étude

Au regard de l’objectif général énoncé plus haut, l’étude actuelle choisit de s’appuyer sur le corpus des substantifs en raison du fait que cette catégorie grammaticale est, pour tout texte, le cadre des concepts clés qui concourent à l’expression de l’idéologie particulière de l’auteur se présentant comme sa vision du monde dans le contexte spécifique du texte.

Les éléments d’étude seront précisément puisés dans les catégories d’étude de ce corpus intitulées : « Communauté humaine et ses compo- santes », « Histoire de la souffrance des noirs » et « Conditions de la liberté des noirs ». La tendance inférieure de ce corpus (Droits humains et leurs applications) peut être étudiée, mais au regard de sa donnée statistique (02,40%), elle semble ne pas préoccuper l’auteur, en raison certainement de l’hypocrisie philosophique dont elle est porteuse et qui est contraire à la réalité historique des noirs.

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Interpréter le texte

Détermination des axes de l’étude Eléments constitutifs Axes d’étude Hommes

Hommes Hommes Hommes Hommes Madame Madame Madame Messieurs Autres Autres Lot Collectif Monde Nègres Nègres Nègres Blancs Noirs Esclavage Esclavagiste Traite

Communauté humaine et ses composantes

-Espèce humaine Hommes Hommes Hommes Hommes Hommes

- Statut social de l’homme Madame

Madame Madame Messieurs

- Composantes communautaires humaines

Autres Autres Lot Collectif Monde Nègres Nègres

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Bête Chose Déportation Autres Fosse Fosse Outrage Insulte Malheur Doute Ravalement Omni-niant Crachat Propos Air Corps Lumière Visage Soleil Pied

Philanthrope Muscle Dents Tête Aise

Nègres Blancs Noirs

Histoire de la souffrance des noirs - Servitude de l’Homme Noir Esclavage

Esclavagiste Traite Bête Chose Déportation Autres

- Conditions d’existence et humiliation de l’Homme Noir

Fosse Fosse Outrage Insulte Malheur Doute Ravalement Omni-niant Crachat Propos

Conditions de la liberté des noirs

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Tête Travail Foi

Enthousiasme Esprit Pied Pas Pas Pas Pas Remontée

- Métaphores atmosphériques et dispositions morales de la liberté Air

Lumière Soleil Philanthrope Foi

Enthousiasme Esprit Aise Remontée

- Conditions physiques de l’effort productif Corps

Visage Pied Muscle Dents Tête Tête Travail Pied Pas Pas Pas Pas tative

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La douloureuse histoire du peuple noir africain constituée, d’une part, par la période de l’esclavage, et d’autre part, par la période de la colonisation, la quête par le peuple noir de son identité et la réhabilitation de sa dignité, ont été, durant des décennies, les sujets d’une littérature prolixe, notamment celle animée par les écrivains africains dits de « la première génération ».

L’un des adeptes de ce combat est Aimé CESAIRE. Dans La tragédie du Roi Christophe d’où le texte étudié est extrait, l’auteur plonge le lecteur, à travers les propos du personnage de Christophe, dans l’univers de la vision politique d’un dirigeant révolutionnaire qui ambitionne de hisser ses sujets, symboli- sant le peuple noir, au même rang que les autres peuples du monde.

À travers cette tirade de Christophe, l’auteur pose l’épineux problème de la conciliation entre l’héritage à la fois de l’esclavage et de la colonisation, les racines africaines et le développement des pays africains nouvellement indé- pendants. C’est une réflexion qui nous plonge au sein de l’univers du pouvoir politique difficilement exercé par les dirigeants noirs. Au-delà de cela, cette réflexion expose les injustices sociales et leurs justifications tout en présen- tant le travail ardu effectué dans des conditions draconiennes comme seule stratégie et comme unique alternative de conquête de la liberté qui s’offrent aux noirs.

Comme signalé plus haut, c’est au moyen de l’approche qualitative que se fera l’interprétation des données fournies par le texte, données organisées en trois axes thématiques exposés dans le tableau ci-dessus et qui sont :

- communauté humaine et ses composantes ; - histoire de la souffrance des noirs ;

- conditions de la liberté des noirs.

2.4- Communauté humaine et ses composantes

Dans le texte de la tirade, une description habile de la catégorisation de la race humaine est faite par Christophe. C’est une stratification critique de la communauté humaine à travers le globe terrestre. Il parle ainsi en tout pre- mier lieu de l’homme en général symbolisant l’espèce humaine.

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- Espèce humaine

De façon récurrente (cinq fois à travers le texte), Christophe se réfère à l’Homme pour marquer l’unicité de l’humanité. Mais il privilégie l’Homme en tant que mâle, sans distinction de races. L’humanité apparaît, dès lors, à la réflexion, comme une réalité de l’homme-mâle. Ceci traduit la vieille et sub- consciente conviction de ce que la société humaine, dans son ensemble, est une construction de l’homme-mâle. L’explication est que, dans bien de tradi- tions culturelles, l’homme-femelle est considérée comme un sous-homme à qui on nie toute intelligence. Dépourvue de tous droits, elle est reléguée au second plan et est objet de devoirs et de possession.

Cependant, dans le cadre historique où se situent les propos de cette ti- rade, les réflexions de Christophe concernent surtout l’Homme en tant que créature, insinuant, de ce fait, sa réalité et son existence dans le contexte universel. Christophe s’adresse au monde entier et son message concerne tous les hommes et femmes de l’univers terrestre. La raison prend le pas sur le subconscient et la distinction sexuelle discriminatoire de l’Homme-créature disparaît, puisque, de toutes les façons, les sociétés humaines ont évolué vers une reconnaissance de l’intelligence et des capacités de l’homme-fe- melle qu’elles considèrent comme l’égale de l’homme-mâle. L’homme-mâle ou l’homme tout court et l’homme-femelle ou la femme tout court sont consi- dérés désormais dans leur statut social égalitaire.

À travers Christophe, Aimé CESAIRE oriente ses lecteurs vers une vision plus juste de l’humanité, vers une perception réaliste des rapports homme- femme. Et ce qui doit prévaloir dans leurs convictions comme valeur cultu- relle, c’est la juste appréciation de la condition humaine de chaque entité dans son statut social.

- Statut social de l’Homme

Bien que s’adressant à sa femme qui est la reine du royaume d’Haïti, Christophe considère celle-ci comme le prototype de la Femme dont la dési- gnation sous le vocable de « Madame » l’établit dans un statut social à la fois de fonction et de considération. Le vocable « messieurs » qui accompagne le vocable « Madame », tout en désignant les hommes du royaume, notamment les notables, les gens de la cour et le peuple du royaume d’Haïti, établit un

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autre statut social relatif à la fonction et à la considération de l’homme en le distinguant de la femme dans le fonctionnement de la société humaine. Celle- ci, par conséquent, est régie par la séparation des sexes, séparation qui, elle-même, est le fondement de la division du travail et explique le sens des responsabilités spécifiques dans la dynamique fonctionnelle de la société.

Bien qu’en principe, ils soient égaux, dans la pratique, l’homme et la femme ne sont pas logés à la même enseigne au sein de la société. Ils sont différents biologiquement, différents dans bien de secteurs d’activités, différents dans les traitements et les avantages accordés à chaque sexe, différents enfin au regard des valeurs éthiques, des traditions, des us et coutumes qui fondent la culture et la civilisation. Il s’agit ici donc d’une analyse sociologique de la communauté humaine dans son ensemble, mais surtout des paradigmes anthropo-sociologiques caractéristiques des sociétés noires africaines en ce qui concerne les représentations qu’elles se font de l’homme et de la femme.

Ce regard porté à la fois sur l’universel et sur la spécificité de la situation sociale de l’homme et de la femme conduit Christophe à dépasser l’approche sexologique de la réalité socio-culturelle pour s’intéresser, à un autre niveau, aux paramètres des différences que l’on observe dans les relations inter-ra- ciales qui touchent les composantes de la communauté humaine.

- Composantes communautaires humaines

Les réflexions d’Aimé CESAIRE par la médiation de Christophe sont ici relatives aux problèmes de l’altérité, c’est-à-dire des regards posés sur l’autre avec tous les préjugés qui accompagnent de tels regards.

Il y a, en effet, des différences notables entre les peuples de la terre. Ainsi, tous les peuples ne sont pas les mêmes. Cette différenciation est beaucoup plus prononcée en ce qui concerne la couleur de la peau. Dans le cas d’es- pèce, l’auteur montre qu’il s’agit concrètement du regard que le « Blanc » pose sur le « Noir ». Il le montre en utilisant le terme « Nègres » (répété 3 fois dans le texte) qui est péjoratif, parce que connoté négativement, et très fé- cond en préjugés négatifs et racialement réducteurs. L’auteur utilise le terme

« autres » (répété aussi 3 fois dans le texte) pour désigner les autres peuples à l’exclusion des noirs.

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Les préjugés sont universels (monde) et concernent toutes les communau- tés noires africaines (collectif, lot) à travers le monde. Selon donc Christophe et à travers lui selon Aimé CESAIRE, l’humanité en tant que communauté humaine est dualisée à travers, d’un côté, les Noirs victimes de toutes les stigmatisations et, de l’autre, les Blancs responsables de la marche du monde parce que dominant toutes les sociétés humaines. On comprend donc, dès lors, que la victimisation des Noirs est une situation inconfortable. Elle résulte des rapports préjudiciables générés à la source de l’altérité. Elle a abouti à la servitude des collectivités noires africaines et dont CESAIRE à travers son personnage Christophe évoque l’histoire.

2.5- Histoire de la souffrance des noirs

Nous venons de voir les conséquences de l’altérité, conséquences qui ont conduit à la victimisation des noirs. Aimé CESAIRE par le truchement du personnage Christophe approfondit l’examen de ce problème en se servant de l’histoire comme référent et comme preuve de cette victimisation dont l’ex- pression manifeste est le déni de la dignité humaine, la servitude outrancière.

- Servitude de l’Homme Noir

Les Noirs d’Afrique ont été, en effet, victimes de toutes les humiliations possibles et inimaginables. Ils ont connus la « déportation », la « traite », l’« esclavage » qui ont contribué à les rabaisser au rang des animaux. L’auteur utilise pour cela l’expression « ravalement à la bête ». Il montre clairement, à ce niveau, que tous les autres peuples du monde ont refusé aux Noirs tous statuts humains. L’auteur l’indique à travers la description des comportements que les négriers, les « esclavagistes » ont adoptés à l’égard des Noirs. Ils les ont embarqués comme des marchandises, sur des bateaux pour la destina- tion des Amériques et des Antilles. Sur ces continents, nous le savons par le biais de l’histoire, qu’ils les ont vendus comme de vulgaires objets. A cet effet, l’auteur utilise même le terme « chose », pour qualifier et dénoncer cette inhumaine entreprise.

Ce déni de la dignité humaine se trouve aggravé par les conditions d’exis- tence et les humiliations infligées à l’homme noir. Aimé CESAIRE apporte ainsi une preuve supplémentaire à cette situation comme pour en témoigner solennellement.

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- Conditions d’existence et humiliation de l’Homme Noir

Dans la situation d’esclavage où ils étaient, l’auteur, toujours en se servant de l’histoire, révèle que les Noirs ont subi, de la part des esclavagistes, l’« ou- trage », la vaste « insulte », et même la salive au visage, c’est-à-dire l’« omni- niant crachat ». C’est un syllogisme qui a valeur de métaphore comme pour marquer la conscience des lecteurs au moyen d’une image forte qui exprime mieux la situation des noirs au-delà des mots. Tout cela est accompagné de

« propos » orduriers qui achèvent de réduire et de rabaisser l’homme noir au rang des animaux et à la condition des bêtes de somme.

Aimé CESAIRE va plus loin dans la description de ce tableau dégradant en utilisant la métaphore symbolique de la « fosse » répétée deux fois. La fosse symbolise un trou, un tombeau pour exprimer la négation de la vie et la mort de l’existence synonyme de néant. Le noir ne vit pas, il n’existe pas, il est un néant. Cette prise de conscience de la condition négative extrême du noir, CESAIRE veut la partager avec ses lecteurs comme pour susciter chez eux à la fois la révolte, la résistance et enrayer le « doute » sur une possible renaissance à la vie des peuples noirs. C’est un « malheur » donc, mais qui est positif parce qu’il apparaît comme une force d’impulsion capable d’éveiller la conscience nègre trop longtemps endormie. Il veut en quelque sorte cho- quer pour déclencher une vigueur nouvelle dans cette conscience nègre.

Pour susciter concrètement ce sursaut, CESAIRE, par l’intermédiaire de Christophe, décrit les conditions pour y parvenir. C’est un appel à la liberté qu’il est possible de réaliser. Analysons cela de plus près.

2.6- Conditions de la liberté des noirs

Pour CESAIRE, les situations avilissantes vécues par le peuple noir sont une source de motivation et des référents socio-historiques instructifs dont on peut tirer des leçons importantes pour l’avenir.

Les propos des « philanthropes » sont une illusion, puisque les faits his- toriques démontrent le mensonge philosophique conçu par l’occident pour endormir les consciences des noirs et justifier l’entreprise esclavagiste et plus tard l’entreprise coloniale.

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En effet, les faits historiques ont montré que les peuples du monde ne sont pas égaux, mieux encore, que le peuple noir est une sous-humanité, c’est-à- dire une humanité animalière. Pour sortir de cette condition affligeante, Chris- tophe, en tant que porte-parole de l’auteur, indique les voies qu’il faut suivre pour parvenir à la liberté. La première voie à suivre, il la présente à partir de métaphores et de dispositions morales qu’il importe à présent d’étudier.

- Métaphores atmosphériques et dispositions morales de la liberté Les métaphores utilisées sont « air », « lumière » et « soleil ». Ce sont des métaphores atmosphériques et, par conséquent, figurent le monde aérien qui symbolise l’univers céleste, source de l’élévation de la conscience spirituelle.

Les trois éléments métaphoriques sont sources de vie.

En effet, c’est par l’air que l’être humain devient une âme vivante à la naissance. Le recours à l’air représente donc la renaissance de l’homme noir.

La lumière symbolise la sagesse immanente existant en l’être humain. Son usage permet de comprendre que la renaissance de l’homme noir s’accom- pagne de sagesse qui lui permet d’avoir une lecture pertinente et exhaustive de son avenir. Après tout, si l’Afrique est l’avenir du monde, comme aiment à le dire les dirigeants politiques, CESAIRE semble épouser cette assertion en considérant que l’homme noir est le prototype de l’avenir de l’humanité.

Le soleil, utilisé ici, fait partie des symboles majeurs dans les différentes tra- ditions du monde, puisqu’il symbolise à la fois la royauté et la connaissance supérieure. Sur le plan de l’existence, il est le réservoir de l’énergie vitale qui permet à la vie de se manifester dans les différents composants de la créa- tion visible. Au niveau métaphysique, il symbolise la puissance spirituelle dont l’être humain tire la force de sa « foi ». L’homme noir doit donc avoir la « foi » en la force spirituelle qui s’est développée en lui à travers les épreuves de l’histoire et qui constitue son atout majeur et son allié dans ce combat pour la liberté. L’usage du soleil comme métaphore est non seulement appropriée, mais il permet de comprendre que c’est d’une conscience élevée et édifiante que le Noir africain réussira à atteindre l’objectif de sa liberté.

Sur le plan moral, CESAIRE conseille l’ « enthousiasme » comme atti- tude pour soutenir l’activité de son « esprit », ce qui lui permettra d’émerger.

En cela, il parle d’une « remontée », et même d’une remontée fulgurante. Il y a donc comme une nécessité de rattraper le retard dû aux contingences

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de l’histoire, une urgence en matière de progrès à réaliser pour que le Noir soit à son « aise » comme le Blanc afin de composer avec lui d’égal à égal.

Ces conditions morales doivent être observées en complémentarité avec les conditions physiques de l’effort productif.

- Conditions physiques de l’effort productif

Ce qui précède montre bien que les voies de la conquête de la liberté demandent un engagement total au niveau moral et sur le plan physique. Sur ce dernier point, tout l’être physique du Noir doit être entièrement exploité.

Ainsi, le « corps » entier doit être sollicité, depuis sa partie supérieure consti- tuée par la « tête », le « visage », la bouche abritant les « dents », en passant par sa partie médiane représentée ici par le « muscle », pour s’achever au niveau de sa partie inférieure par le « pied » avec ses mouvements figurés par les « pas ».

L’observation attentive des éléments ci-dessus indique qu’il s’agit du « tra- vail » de l’effort productif agricole, le travail de la terre, le travail de la paysan- nerie qui fait partie des traditions ancestrales nobles entretenues depuis des siècles. La récurrence du mot « pas » est l’expression même d’un effort sou- tenu et ininterrompu, et donc continuel. C’est effort colossal qui est demandé aux noirs.

C’est une critique de l’auteur adressée aux dirigeants africains des pays nouvellement indépendants qui veulent se hisser tout de suite au même ni- veau de développement que les puissances occidentales colonisatrices. Et pour cet idéal, ils ont la démesure pour moyen d’action sans se demander si leurs peuples respectifs ont les capacités morales et physiques d’y répondre.

À la limite donc, pour CESAIRE, c’est un idéal irréaliste parce qu’irréalisable.

CONCLUSION

Au terme de cette étude, il apparaît que Christophe justifie sa vision poli- tique impopulaire par le passé humiliant du peuple noir qui a été avili par plus de devoirs que de droits. C’est pourquoi, pour être réellement libre et indépendant et pour parvenir à la dignité humaine qui lui a été déniée par les autres peuples du monde, et particulièrement par les blancs, il lui faut se mettre au travail sans répit ni vacances.

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Par ailleurs, l’auteur, à partir d’une critique en arrière plan des propos de Christophe, attire l’attention des dirigeants africains sur l’équilibre à obser- ver entre la noble volonté de restaurer la liberté et la dignité perdues et les conditions morales et matérielles d’une politique de développement dans les- quelles cette ambition doit être réalisée.

On s’aperçoit donc que ce texte expose les différents aspects du destin tragique certes des dirigeants africains, mais surtout ceux des pays décoloni- sés et de leurs peuples.

Cette étude nous invite à réfléchir sur les problèmes en général des races humaines, mais en particulier ceux de la race noire, de son adaptation à un nouvel état social conditionné par le passage de la dépendance à l’indépen- dance et à la responsabilité socio-politique. L’Afrique noire a, par conséquent, les moyens de s’auto-gérer pour prendre en main son destin et trouver son identité perdue. Mais, pour cela, il lui faut se construire avec méthode et sur- tout avec conviction, foi, sans copier les modèles de développement des autres peuples. Ce texte est, dès lors, d’actualité.

BIBLIOGRAPHIE Corpus

CESAIRE Aimé., La tragédie du Roi Christophe, Paris, Présence africaine, 1963.

Autres références

ADIGRAN Jean-Pierre, « L’analyse de contenu dans l’interprétation des textes littéraires : l’exemple de «Afrique, mon Afrique» dans Coups de pilon de David DIOP », Revue de Littérature et d’Esthétique Négro-Africaines, n°15/vol.2, pp.83-100.

BARDIN Laurence., L’analyse de contenu, Paris, PUF, 1977.

LASSWELL Harold Dwight, MERNER Daniel, The comparative study of symbols, Stan- ford, Univ. Presse, 1952.

ROBERT André-D., BOUILLAGUET Annick, L’analyse de contenu, Paris, Que sais-je ?, PUF, 2002.

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