A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
A. R EGNIER
Théorèmes ergodiques individuels purement topologiques
Annales de l’I. H. P., section B, tome 6, n
o3 (1970), p. 271-280
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Théorèmes ergodiques individuels
purement topologiques
A. REGNIER Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. VI, n° 3, 1970, p. 271-280.
Section B : Calcul des Probabilités et Statistique.
SOMMAIRE.
- Étendu
à des fonctions absolumentcontinues,
le lemme de Fr.Riesz, classique
en théorieergodique,
fournit une minoration utile del’intégrale
indéfinie d’une fonction bornée.Cela, appliqué
à des moyennes de laforme 1 -t T x ds
oùT x
est unsemi-groupe
de transformations de lat
oùT~x
est unsemi-groupe
de transformations continues d’un ensemble compact et oùf(x)
est une fonctioncontinue,
donne des théorèmes
ergodiques.
Unéquivalent topologique
de la tran-sitivité
métrique
estdonné, physiquement significatif.
SUMMARY. - Extended to
absolutely
continuousfunctions,
the lemma of Fr.Riesz,
classical inergodic theory,
furnishes a useful minorant of the indefiniteintegral
of bounded functions.Applied to l F
whereTsx
is asemigroup
of continuous transformations in a compact space, thisgives
sometopological ergodic
theorems. Atopological equivalent
of metrical
transitivity
isgiven, physically meaningful.
Soit
f(t)
une fonctionnumérique
définie sur[0,
+oo [,
mesurable etbornée par M. Pour a >
0,
soitJa
l’ensemble nommé indifféremmentLEMME 1.
~
est unefamille
d’ensembles ouverts croissant avec a et l’on af(t)
> 0 presque partout surt+r
En
effet,
la continuité de~ f(s)ds comme fonction de t fait que
t : t
t+rf(s)ds
> 0 Î
est un ensemble ouvert et (3)
entraîne immédiate-
ment que
Ja
est ouvert et croît avec a. Deplus, (2) implique immédiatement
Mais, lorsque
Or,
presque partout,possède
une dérivéeégale
à/(t),
d’unepart, et au dérivé
supérieur
àdroite,
d’autre part ; ce dernier étantpositif
sur
d’après (4),
on a/(t) ~
0 presque partout sur0 ’
a
’
-r
Par (2),
t EJp implique
l’existence sur]t,
t +a]
de nombres r tels quet f(s)ds > 0 ;
si i est leur borne inférieure,
on a i t + a ; mais t~ Ja,
entraîne
qu’aucun
de ces r ne peutappartenir
à]t,
t +a’],
on a donc ~ > t + a’et,
finalement, ~
E[t
+a’,
t +a].
-r
Par définition de i, d’une part,
r E ]t, i] implique
0 et, d’autre part, i est adhérent à un ensemble de r tels quet f(s)ds
>0 ;
~
t
par continuité de
l’intégrale,
on a donc = 0.THÉORÈMES ERGODIQUES INDIVIDUELS PUREMENT TOPOLOGIQUES 273
Soit t’ E
]t, i] ;
par définition de r, on alt, f(s)ds x 0, mais aussi,
comme
t’ + a > t + a > T, et
sachant
que =0,
on peut trouver unro E
]i,
t’ +a]
telque f (s)ds
> 0. On a doncet, comme ro E
]i,
t’ +a]
c]t’,
t’ +a],
ceciimplique t’
EJQ. Ainsi, ]t, i]
cJp,
et,
puisque
t EJa
parhypothèse, [t, ~]
cJa.
LEMME 3. - Si a’ a, tout intervalle
[u, v[
ceJa, (v
+oo)
tel quev ft J a
est réunion d’unefamille
d’intervallesdisjoints
deux àdeux,
les unsde
longueur comprise
entre a’ et a et sur chacundesquels l’intégrale
def
est
nulle,
les autres contenus dansJa..
Ou bien
[u, v[
cJa" auquel
cas le lemme estvrai,
ou bien[u, v[ - Jo.
7~~.
Dans ce second cas, soit uo la borne inférieure de
[u, v[ - Ja. ;
on auo E [u, v[
et
[u, uo[
cJa, ;
deplus
uo EJa - Ja,
car, d’une part, uo E[u, v[
cJa
et,d’autre part, uo, comme borne inférieure de
[u, v[ - Ja,
est adhérent àcelui-ci,
donc aucomplémentaire
deJa, ;
et commeJa,
est ouvert son com-plémentaire
estfermé,
donc contient uo. Ainsi nous avons un intervalle[u, uo[,
éventuellement
vide,
contenu dansJa~
et dont l’extrémitédroite,
uo, appar- tient àJa - Ja,.
Le lemme 2 affirme alors l’existence d’un Mi E
[uo
+a’,
uo +a]
tel que= 0 et
[uo, u 1]
ceJa.
Comme uo v etv~ Ja
on a donc u 1 v et le nouvel intervalle[u 1, v[,
contenu dans[u, v[,
donc dansJa, possède
les
propriétés requises
pour leprésent lemme,
tandis que[u, M~ en
vérifiela
conclusion,
tout en étant delongueur supérieure
à a’. Paritération,
on en déduit que le lemme est vrai pour
[u, v[.
LEMME 4. - Si
]u, v[
est un intervalle borné contenu dansJa
on asi de
plus
Vu la continuité de
l’intégrale,
il suffit de démontrer le lemme pour les intervalles semi-ouverts[u, v[ :
si elles sont vraiespour
desles
inégalités
annoncées seprolongeront
à]u, v[.
Soit e >
0 ; puisque
lesJa
décroissent avec a et que[u, v[
estsupposé borné,
nous pouvons trouver un a’ a tel que, mdésignant
la mesurede
Lebesgue,
Ja,
étant ouvert, est réunion d’intervalles ouverts deux à deuxdisjoints ;
donc
[u, v[,
contenu dansJp,
est contenu dans un intervalle[u, ~[ c Ja
tel que
(vi 5
+oo ),
et siv ~ Ja
on a v = vi.Appliquons
le lemme 3à
[u, v 1 [ :
cet intervalle est réunion d’intervalles deux à deuxdisjoints,
les uns de
longueur comprise
entre a’ et a et sur chacundesquels
l’inté-grale
def
estnulle,
les autres contenus dansJa..
Maisalors,
on peut trou-ver un v’ E
[v,
v +a] tel
que[u, v’[ possède
cette mêmepropriété
et, sion peut certainement
prendre
v’ = v.On a alors une réunion d’intervalles X telle que
Dans le dernier
membre,
lapremière intégrale
estpositive puisque f
l’est presque partout sur~Ja (lemme 1),
la seconde est - 8 para
le théorème de la moyenne et le choix que nous avons fait de a’. Mais alors
Si v ~ Ja,
on a v’ = v,l’intégrale
du dernier membre est ici nulle. Si v EJa,
onsait que v’ E
[v,
v +a],
et le théorème de la moyenne permet de minorercette
intégrale
par - Ma.Finalement,
G étantarbitraire,
le lemme en résulte immédiatement.THÉORÈME 1.
- Soit f(t)
unefonction numérique définie
sur[0,
+ùJ[,
mesurable et bornée par M ; soit m la mesure de
Lebesgue ;
soitTHÉORÈMES ERGODIQUES INDIVIDUELS PUREMENT TOPOLOGIQUES 275
on a pour tout t > 0 et tout a > 0
En
effet, Ka
est lecomplémentaire
deJ a’
carest la
négation
dequi équivaut
àt E Ja.
Par ailleurs on aEn
effet, Ja
est, comme ensemble ouvert, réunion d’intervalles deux à deuxdisjoints ]Uj, vJ
tels que donc sur chacundesquels l’intégrale
def
est ~
0,
par le lemme 4. L’ensemble[0, t[
nJa
est lui-même une réunionde tels
intervalles, plus, éventuellement,
un intervalle]u, t[
pourlequel
le lemme 4 nous permet d’écrire On a donc
et le théorème de la moyenne entraîne
(6).
*
* *
Dorénavant,
nous feronsl’hypothèse :
(A) :
Soit E un ensembletopologique
compact,xeE,
+oo [.
SoitTtx
une familled’applications
de E dans lui-même telleque Tox
= x etTt+s
=TtTs
pour tous t et s appartenant à[0,
+oo [.
Soitf (x)
une fonctionnumérique
bornée sur E, telle que, pourchaque
x eE, f(Ttx)
est une fonc-tion mesurable de t et telle que, pour
chaque
t > 0est une fonction continue sur E.
Remarque. (A)
est vérifiée sif
est continue sur E et siTtx
est continuecomme fonction de x et borélienne comme fonction de t.
L’adhérence d’une
partie
X de E sera notéeX.
L’ensemble desT~x
pour x donné seraappelé
orbite de x et notéO(x).
Unepartie
X de E sera diteinvariante si elle contient l’orbite de chacun de ses
points.
LEMME 5. - Si X est une
partie fermée
de E et si E >0,
il existe un 1 > 0tel que pour tout t tout x tel que
O(x)
c XPosons :
Cette fonction ne diffère de
f(x)
que par l’addition d’une constante, donc :1)
elle est une fonctionbornée,
et nous noterons M’ saborne, 2)
est, pourchaque
x, une fonction mesurable de t,3) 1 t t0g(Tsx)ds est pour chaque t
> 0 continue sur E. Enfin on a
1
it
Les fonctions - |g(Tsx)ds
étant,
pourchaque
t >0,
continues surE,
t , oles ensembles
sont
fermés,
comme intersectionsd’images réciproques
d’un fermé par des fonctions continues. Deplus
ils décroissentlorsque a
croît et, commeon a sur X
à cause de
(9),
il en résulte que n X= ~
et, vu lacompacité
de E,a
il existe donc un a£ tel que n X
= ~ ;
c’est-à-dire que x E X entraîneTHÉORÈMES ERGODIQUES INDIVIDUELS PUREMENT TOPOLOGIQUES 277
Si
O(x)
ci X on a, pour tout t >0, T~x
EX, donc, d’après
ce que nousvenons de voir
Mais
et
(10) signifie
que pour la fonction de tg(Ttx)
l’ensembleKaE
du théorème 1 est vide. Ce théorème nous donne doncc’est-à-dire,
compte tenu de la définition deg(x)
d’où le lemme
résulte,
enprenant
LEMME 6. - Si X est une
partie
invariante deE,
pour tout E > 0 il existeun t > 0 tel que pour tout t > t et tout x E X on ait
En
effet,
pour xeX on aO(x)
cX, puisque
X estinvariant,
donc4(x) c X
et,
X
étantfermé,
le lemme 5appliqué
àf
et X donne lapremière inégalité
pour t
supérieur
à un certain si.Appliqué à - f
etX,
le même lemme donne la secondeinégalité
pour tsupérieur
à un certain i2. Avecon a les deux
inégalités,
que la continuité deS(t, x)
sur E permet de pro-longer
à tous les x E X.DÉFINITION. Sous
l’hypothèse A,
si X est unepartie
invariante deE,
on
appellera
asymptoteergodique
de X l’intervalleCet intervalle n’est
jamais
vide car, en prenant G arbitrairementpetit,
(10) implique
Remarque.
Lalongueur
del’asymptote ergodique
de X estTHÉORÈME 2. - Sous
l’hypothèse A, lorsque
t -~ +-r
tend
uniformément
sur l’adhérence d’un ensemble invariant versl’asymptote ergodique
de cet ensemble.Ce théorème n’est
qu’un
autre énoncé du lemme 6. Deplus,
il suffit deprendre
dans(10)
la limitesupérieure
et la limite inférieure pour t --~ + o0pour voir que
l’asymptote ergodique
est le meilleur intervalle donnant lieu à une tellepropriété.
THÉORÈME 3. Sous
l’hypothèse A,
si X est un ensemble invariant, pour que,lorsque
t ~ +oo, t
convergeuniformément
sur l’adhé-rence X de X vers une même
limite,
ilfaut
et ilsuffit
que pour tout x et tout x’appartenant à X
Cela résulte immédiatement du théorème 2 et de la remarque
qui
leprécède :
la condition nécessaire et suffisante pour quel’asymptote
ergo-dique
soit réduite à unpoint
est(11)
THÉORÈME 4. Pour que, sous
l’hypothèse
A etlorsque
t tend vers + oo,-
converge pour tout x et que la limite soit unefonction
continuesur E, il
faut
et ilsuffit
que, pour tout xo,tende vers zéro
lorsque
x tend vers xo.Alors,
sur l’adhérencede~chaque orbite,
la convergence est
uniforme
et la limite constante.Si, lorsque
t -~ + oo,S(t, x)
a pourchaque
x une limiteS(x),
alorsTHÉORÈMES ERGODIQUES INDIVIDUELS PUREMENT TOPOLOGIQUES 279
et la condition
équivaut
alors à la continuité deS(x)
sur E.Ainsi, (12)
est nécessaire pour~
que
S(t, x) ait, lorsque
t --~ + oo, une limite continue sur E et,réciproque-
ment, si
(12)
entraîne la convergence deS(t, x)
pour t --~ + oo, elle entraîne aussi la continuité de la limite.Nous allons voir que
(12) implique
que(11)
est vraie sur l’adhérence dechaque
orbite. Il enrésultera,
par le théorème3,
la convergence deS(t, x)
pour
chaque
x et, parconséquent, d’après
ce que nous venons devoir,
la continuité de la limite. Deplus,
le théorème 2 nous assure aussi que surl’adhérence de
chaque
orbite cette limite est constante et la convergence uniforme. Pour établir le théorème 4 il nous suffit donc maintenant de démontrer que(12)
entraîne,quel
que soit xoComme
il nous suffit de montrer que
Si l’on a x, x’ E
O(xo)
c’est-à-dire si l’on a un a > 0 et un a’ > 0 tels quex =
Tpxo,
x’ =Ta.xo,
alorsCette dernière
quantité
estmajorée
en valeur absoluepar - 1,
eu
égard
au théorème de la moyenne, elle tend donc verszéro,
et nousavons, la limite
supérieure
n’étant ici rien d’autre que lalimite,
De
(15)
nous pourrons déduire(14)
si la fonctionest continue sur E x E.
Or,
c’estjustement
ce que(12) implique,
commenous allons le
voir,
cequi
achèvera la démonstration du théorème.C’est
simplement
unepropriété
de la limitesupérieure
queou encore
En permutant x et
xo’
entre eux et x’ etx~
entre eux, le second membre de cetteinégalité
nechange
pas alors que lepremier change
designe,
ona donc
toujours
Si,
dans E xE, (.x, x’)
tend vers(xo, xi),
x tend vers xo et x’ versXo, (12) implique
que le second membre de cetteinégalité
tend verszéro,
il en estde même du
premier
et la continuité de lim ~sup x) - S(t, x’) [
sursur E x E en résulte. ‘~’ + ~
(Manuscrit reçu le 7 janvier 1970)
Directeur de la publication : GUY DE DAMPIERRE.
IMPRIMÉ EN FRANCE
DÉPÔT LÉGAL ÉD. N° 1702b. IMPRIMERIE BARNÉOUD S. A. LAVAL, N° 6065. 9-1970