Le Courrier des addictions (18) – n° 2 – avril-mai-juin 2016
35 Voyage au cœur de l’impulsion d’achat.
Quand l’émotion rencontre la raison Intissar Abbes, Isabelle Barth
Éditions L’Harmattan, 164 pages, 17,58 €, version numérique : 13,99 €, mars 2016
Ce livre décortique notre quotidien de c o n s o m m a t e u r s débridés et lève le voile sur le comporte- ment d’achat impulsif, souvent incompris, mal perçu, trop vite assimilé à une fièvre acheteuse pathologique et addictive. Il faut dire que toutes les grandes enseignes “mettent la gomme” pour nous trans- former en acheteurs somnambules, puisque, dans certains secteurs d’activités, ils vont jusqu’à consacrer 80 % de leurs chiffres d’affaire à la stimulation de nos achats impulsifs ! Comment ne pas basculer de l’achat impulsif dans l’achat compulsif, envie irrépressible guidée par une insupportable tension intérieure, qui excite et culpabilise à la fois, et qui s’apaise momenta- nément par l’achat de l’objet convoité, le plus souvent inutile, et dont il faut renouveler l’achat pour recouvrer un certain équilibre ? Autant de questions auxquelles les auteures apportent des réponses, avec, à l’appui, des témoignages, des illustrations et des enquêtes pour mieux plonger le lecteur dans le monde de l’achat impulsif…
Voire addictif !
Intissar Abbes, maître assistante de l’enseigne- ment supérieur à l’IHEC de Carthage, est l’auteur de plusieurs articles de recherche et spécialiste en comportement du consommateur, manage- ment de la distribution, marketing expérientiel, cocréation et marketing de l’innovation.
Skagboys
Irvine Welsh, traduit de l’anglais par Diniz Galhos – Éditions Au diable Vauvert, 768 pages, 25 €, version originale avril 2012, version française avril 2016
Avec Skagboys, le punk écossais Irvine Welsh, nous offre une préquelle
1costaud, de près de 800 pages, à Porno (Au Diable Vauvert, 2008) et Trainspotting (commencée en 1993, publié par Au Diable Vauvert en 2011, porté à l’écran par Danny Boyle), l’ensemble formant une trilogie consacrée à la “fine bande” d’amis déjantés, originaires de Leith, le quartier prolétaire d’Edimbourg : Franco
Begbie, Spud, Tommy, Sick Boy et Mark Renton.
Chronique d’une jeunesse en pleine déréliction, méprisée et laissée pour compte par un that- chérisme sans concessions, immergée dans le chômage de masse et l’épidémie de sida, tombée dans les drogues dures comme Obélix dans sa marmite de potion magique, perdue dans le sexe débridé, ivre de rock’n roll saturé et, surtout, descendue dans les enfers de la délinquance tous azimuts pour se payer ses doses…
Il paraît qu’Irving Welsh attend le tournage de Trainspotting 2…
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Une préquelle est une œuvre littéraire, théâtrale, filmique ou vidéoludique dont l’histoire précède celle d’une œuvre antérieurement créée en se concentrant sur les événements se déroulant avant le récit original.
Isabelle Barth est professeur des universités de sciences de gestion et directrice générale de l’École de management (EM) Strasbourg Business School depuis 2011.
Du bonheur d’être morphinomane Hans Fallada, traduit de l’allemand par Laurence Courtois
Éditions Denoël, Collection Denoël & d’ailleurs, 352 pages, 22 €, novembre 2015
Dans ces 21 nouvelles sélectionnées parmi 2 recueils jamais traduits que nous présente Laurence Courtois, sa traductrice, Hans Fallada (1893-1947), nous donne un flori- lège de témoignages sur l’Allemagne popu- laire des années 1920.
Au cœur de cette époque de grande violence, de chambardement des mœurs, de chômage de masse, de crise économique aux allures de déjà- guerre, l’auteur du chef-d’œuvre de la littérature allemande Seul dans Berlin a bu, beaucoup, et s’est piqué, intensément. Alors, il a caboté entre incarcérations et internements pour dépendance sévère à l’alcool et à la morphine, refuges récur- rents des plus lucides et sensibles au cœur de pareilles tempêtes !
On y lira – entre autres ! – la vie au jour le jour d’un morphinomane, la quête désespérée d’un alcoolique cherchant à se faire emprisonner faute de prise en charge de son addiction, le journal d’un chômeur et de son compagnon de misère, les plans foireux d’un mendiant faisant commerce de sa salive au motif qu’elle porte bonheur, les affres de la passion amoureuse entre une jeune fille de bonne famille et un voyou, etc. Une peinture d’époque féroce et tendre à la fois, bourrée d’humour et de délicatesse, qui sait raconter la déchéance, le désespoir, l’amour et la haine, avec juste ce qu’il faut d’ironie pour nous accrocher… à la lecture de ses nouvelles !
Le Rêve du retour
Horacio Castellanos Moya, traduit de l’espagnol par René Solis
Éditions Métailié, 160 pages, 17 €, septembre 2015 Ce long monologue d’un grand alcoolique décrit avec brio, et un humour décapant, les affres tragi- comiques dans lesquelles plonge ce héros de roman en grande dérive, Erasmo Aragon, journa- liste salvadorien réfugié au Mexique. Il rentre- rait bien dans son pays natal, mais l’angoisse et la paranoïa au ventre, et l’égoïsme et la lâcheté imbibées pour compagnes, il procrastine… Demain, peut-être…
Dans cet après-guerre du début des années 1990, après cette sale guerre qui a fait 100 000 morts de 1979 à 1992 et alors que le gouvernement du Salvador et la guérilla négocient, Erasmo rentrerait bien… Cela lui donnerait l’opportu- nité, en passant, de quitter sa femme et sa fille, qui l’empêchent de “se biturer” en rond. Mais il boit et il boit. Il a l’angoisse d’être arrêté à sa descente d’avion et son foie, habité par les “esca- drons de la mort” de ses défonces alcooliques, le travaille…
Ce grand romancier latino-américain, né en 1957 au Honduras, est l’auteur de 10 romans, parus dans leur majorité aux éditions Les Allu- soifs, dont Le dégoût, La mort d’Olga Maria, L’homme en arme, Déraison, Le bal des vipères et Effondrement.
Bianca
Loulou Robert – Julliard, 306 pages, 19 €, février 2016
Loulou Robert, 22 ans, fille de Denis Robert, le journaliste d’investigation très connu pour avoir révélé “l’affaire Clearstream” (et en être sorti… “sur les rotules” !), a déjà bien vécu pour une si jeune femme : bac philo mention très bien, double licence philo et sciences po, mannequin internationale, publications de
“Carnets” dans Elle… Dans son premier roman, Bianca, elle met en scène une adolescente de 17 ans anorexique, qui s’est ouvert les veines et a été internée pour cela dans un hôpital psychiatrique.
Pourquoi cet enfermement et ces interdits, censés atténuer sa souffrance ? Elle l’ignore mais les accepte, ou du moins les observe, comme s’ils étaient extérieurs à elle-même, et en parle avec un humour parfois décapant.
Et elle retrace la lente traversée de sa recons- truction dans cet univers quasi carcéral, entre patients déchirés, séances chez le psy, amour, amitiés, faux pas de la famille, etc.
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