PHÉROMONES ET COMPORTEMENT CHEZ QUELQUES HYMÉNOPTÈRES 1
Janine PAIN
Station de Recherches sur l’Abeille et les Insectes sociaux, t.N.R.A.,.
91 - Bures-sur-Yvette
INTRODUCTION
Que désigne-t-on
exactement par le terme de Phéromone 2 ? La définition donnée par les chercheurs allemands(K ARLSON , B UTENANDT , 1959; K ARLS O N , L
USCHER
, 1959)
est la suivante : lesphéromones
sont des substances sécrétées par un individu mais à l’extérieur de celui-ci.Reçues
par un deuxième individu de la mêmeespèce,
ellesprovoquent
chez ce dernier une réaction définiequi
modifie le
comportement
ou laphysiologie
de l’individurécepteur.
C’est le terme
généralement adopté depuis
cette date.Cependant
ellesont été
désignées
par d’autres termes tels que ceux d’ectohormones(B ETHE , 1932),
deparahormones (KULLErIBERG, 1952),
d’exohormones(H RDY , N OVAK , 1960),
detélergones (K IRSCHENBLATT , 1968).
Étant
donné que lesphéromones
sont sécrétées par desglandes
et que leurspropriétés
consistent soit à stimuler ou inhiber uncomportement,
soit à enrayer1. Cette mise au point a été présentée sous une forme quelque peu différente lors des Journées annuelles
d’Endocrinologie et de Nutrition, sous la direction du Professeur H.-P. KLOTZ (Symposium International
sur les Hormones et le Comportement, Octobre 1970). Elle a été complétée en ce qui concerne le genre Apis
dans toute la mesure du possible en tenant compte des publications reçues au cours du premier trimestre
1971.
2. Le terme de « phéromone » tend actuellement à s’imposer devant celui de « phérormone » qui a toujours été utilisé jusqu’ici par l’auteur. Tout en acceptant de s’aligner sur l’usage, l’auteur rrqiitient son
opinion quand au caractère erroné, du point de vue linguistique, du terme « phéromone » (Voir à ce sujet PAIN, 1968.)
un processus
physiologique,
cesphénomènes correspondent
exactement à la définition des hormones. Mais ce sont des hormones d’untype spécial
parcequ’elles
sont véhiculées non par le sang dans unorganisme
mais par des indi- vidus dans un groupe social.Ce sont des substances
messagères
entre les individus. Elles leurpermettent
decommuniquer grâce
à un code de stimulichimiques.
Cette définition exclut les substances attractives alimentaires
(les phago- stimulants),
les substances attractivesd’origine végétale,
les attractifs desynthèse.
Les
phéromones
tellesqu’elles
viennent d’être définies ont étésignalées
dans tous les ordres d’Insectes. Deux tendances
paraissent
sedégager quant
à leur classification.Ainsi,
KARLSON(1960)
considère d’unepart
lesphéromones agissant
par olfaction et cellesagissant
paringestion.
Parmi lespremières,
ilrange les substances attractives
sexuelles,
lesparfums
de marquage et les substances d’alarme. Parmi lessecondes,
il range les substancesphéromonales
identifiées chez les abeilles et les
termites,
inhibitrices de laproduction
de sexuésde
remplacement.
Les
Américains,
WILSOP1(1963),
REGNIER et LAW(1968) distinguent
lesphéromones
de déclenchement(Releaser pheromones)
et lesphéromones d’amorçage (Primer pheromones).
Lespremières agissent
sur lecomportement
par l’intermédiaire dusystème
nerveux, les secondes modifient laphysiologie,
en
particulier
celle dusystème reproducteur
et dusystème
endocrinien.Étant
donné lesujet choisi,
ilportera
sur lepremier type
de cesphéro-
mones. Elles
jouent
un rôle depremier plan
au cours descomportements
d’attractionsexuelle,
d’alarme et dedéfense,
de marquage depiste, d’agrégation sexuelle,
de reconnaissance mutuelle.Les
exemples
choisisporteront
sur lesHyménoptères.
I. - LES PHÉROMONES ATTRACTIVES SEXUELLES
Les recherches sur les substances attractives sexuelles ont surtout été
poursuivies
chez lesLépidoptères. Cependant,
tous les autres ordres d’insectesont révélés la
présence
de tellesphéromones. (Dictyoptera, Hémiptera, Mécop-
tera,
Coléoptera, Diptera
etHymenoptera).
Pour les
étudier,
il estindispensable
dedisposer
d’un testbiologique précis
permettant
d’observer lecomportement typique
de l’insecte mâle ou femelle.Ce
comportement
doit êtrereproductible
avec les extraitsphéromonaux
del’un des deux sexes ou avec les différentes substances en cours de
synthèse.
Chez les abeilles
domestiques,
GARY(1962, 1963) puis
nous-mêmes(PAIN, R
UTTNER
, 1963)
avonsprocédé
de lafaçon
suivante. Sachant que l’accou-plement
s’effectue enplein vol, pendant
lesjournées
chaudes etensoleillées,
à environ 10 mètres du
sol,
des reines vivantes ou des leurres imbibés de substances ont été attachés par un fil à des ballonsgonflés
d’hélium oud’hydro- gène.
Ces ballons sont reliés au sol par un filsouple
denylon.
Les observations sefont à la
jumelle.
Ellespermettent
decompter
le nombre de mâles attirés et la durée de leur visite.Cette méthode a
permis
de démontrer que la substance attractive sexuelleest localisée dans la tête des reines et
plus précisément
dans lesglandes
mandi-bulaires très
développées.
Cesglandes
sont riches enlipides.
Ceux-ci ont étéfractionnés. Les mâles
d’Apis mellifica
sont attirés par une fractionphospholi- pidique
et une fraction acide gras(G AR y ,1962).
L’acide gras a été identifié à l’acide céto-9 décène-2 transoïque (substance royale
deB UTLER , phéromone
1 dePAIN).
L’extraction et la
synthèse
ont été réalisées par deuxéquipes,
l’une fran-çaise (BARBIER, L EDERER , R EICHSTEIN , S CHI 1V DLER , 1960; BARBIER, L EDERER , 1960; BARBIER, L EDERER , N OMURA , 1960),
l’autreanglaise (B UTLER , CA LL O W ,
J OHNSTON
,1959,1961 ; C ALLOW , J OHNSTON ,1960).
L’acide de
synthèse
attire les mâles d’abeilles tout comme l’acide naturel.Cependant,
selon les auteurs et les méthodesutilisées,
l’attractionparaît plus
faible
(G ARY ;
PAIN etR UTT rr ER )
ou de même intensité(B UTLER , F AIREY , 1964)
que celle des extraits totaux de
glandes
mandibulaires ou de reines entièresvierges
ou fécondes.Tout
récemment,
des zones « artificielles » de rassemblement de mâles d’abeilles ont été crées en utilisant degrandes quantités
de l’attractif sexuel desynthèse (S TRA rr G , 1970).
’
Au cours de ces
expériences,
aucun autre insecte n’est attiréexcepté
lesmâles
d’Apis mellifica. Cependant,
s’ils sont attirés par l’odeur de leur propre reine ou sur les lieux de rassemblements de mâles(R UTTNER , I!AISSLING, 1968)
ils peuvent aussi être attirés par des extraits
éthyliques
de reinesd’Apis
ceranaet
d’Apis florea.
Les extraitsanalysés
parchromatographie
enphase
gazeuseindiquent qu’ils
contiennent une substanceayant
le même temps de rétention que l’acide céto-9 décène-2oïque (B UTLER , C ALAM , C ALLOW , 1967).
Les extraits
céphaliques
de reinesd’Apis
cerana contiennent effectivement de l’acide céto-9 décène-2oïque
de même que les extraitscéphaliques
de reinesd’Apis
dorsata. Chez les deuxespèces,
lesquantités
trouvées sontidentiques
àcelles
présentes
chez les reinesd’Apis mellifica.
Les mâlesd’Apis
dorsata etd’Apis
cerana ne sont pas attirés par l’acide desynthèse,
et par des reinesmortes
d’Apis mellifica (S HEARER , BocH, MORSE, L AIGO , 1970).
Non seulement cet acide
joue
le rôle d’un attractifsexuel,
mais c’est aussiun
aphrodisiaque :
il stimule le mâle às’accoupler
à condition que la chambrede
l’aiguillon
de la reine soit ouverte. Leparfum
de la chambre del’aiguillon
neserait
cependant
que secondaire(B UTLER , 1967).
D OOLITTLE
, B LUM ,
BocH(1970)
ont montré que l’acide céto-9 décène-2oïque
forme cis n’a aucune activité en tantqu’attractif
sexuel. Desmélanges
enproportions égales
des 2 acides forme trans et forme cis(100 ug.)
attirent autantde mâles d’abeilles que la même
quantité (100 yg.)
forme trans d’acide céto-9décène-2
oïque.
Au cours de cesexpériences,
l’acide céto-9 décène-2 cisoïque
ne masque pas l’activité de la
phéromone
attractive sexuelle. Les auteurs ontdémontré que la forme cis est
photoisomérisée
en forme transrapidement
enprésence
de la lumière du soleil. Ce serait lepremier exemple
de cetype
de transformation découvert en tantqu’attractif
sexuel chez lesabeilles,
alorsque chez d’autres insectes comme les
lépidoptères,
ces substances sontcomplè-
tement
masquées
par depetites quantités
de leurs isomèresgéométriques.
Au cours du processus d’attraction
sexuelle,
l’acide céto-9 décène-2oïque
n’est pas le seul acide en cause. Un autre
acide,
contenu dans lesglandes
mandi-bulaires de la reine
attire,
bien queplus faiblement,
les mâles d’abeilles. Ils’agit
de l’acide
hydroxy-9
décène-2oïque (B UTLER , F AIREY , 1964).
Il a d’ailleurs uneautre
fonction,
celle de stabiliser les essaims d’ouvrières. Nous enreparlerons plus
loin.Mais comment les mâles
d’Apis perçoivent-ils
ces extraits ? Les mâlesqui quittent
une ruche à la recherche d’une reine nubile ne s’aventurentgénéra-
lement pas à
plus
de 3kilomètres,
bienqu’une partie
d’entre euxpuissent
couvrir
plus
du double de cette distance. Le vent est un facteurimportant
pour la rencontre des deux sexes. Si leur acuité visuelle estfaible,
leurs antennes par contre sontparticulièrement
sensibles à l’odeur de la reine. Elles sontgarnies
d’au moins 9
types d’organes
sensoriels. Parmiceux-ci,
ce sont les Sensillaplacodea, plus
nombreuses chez les mâles que chez lesouvrières, qui réagissent
aux odeurs de la reine et aux vapeurs d’acide céto-9 décène-2
oïque (B EETSMA , 1967 ! BO ET CKH, KAISSLING, SCHNEIDER, 1966; KAISSLING, RENNER, 1968;
RUTTNER, KAISSLING, 1968).
Des mâles d’abeilles ont été dressés à
réagir
à différentsparfums.
Toutcomme les ouvrières et
probablement
lesreines,
ilspeuvent distinguer
ceux-ciet notamment l’odeur de l’acide céto-9 décène-2
oïque
ainsi que leparfum
dela
glande
de Nassanoff. Le réflexe d’extension duproboscis
est le test utilisépour conditionner ces insectes
(V ARESCHI , K AISSLING , 1970).
Chez d’autres
Apides,
HAAS(1952, 1967)
a observé les volsd’accouplements
chez les Bombus et les
Psithyrus.
Il a montré comment les bourdons utilisentune substance
parfumée
en provenance de leursglandes
mandibulaires. La sécrétion sert à marquer dessupports (feuilles, tiges, brindilles)
situés à diffé-rentes hauteurs et
répartis
lelong
de routespréférentielles.
Ces chemins sontutilisés au cours de la
journée.
Les mâles et les femelless’y
rencontrent pours’accoupler.
KULLENBERG(1956,
p.277) signala
que les mâles de Bombus hortorumparaissent
sensibles à l’odeurd’hydroxycitronellal.
Des observationsplus
récentes(B E RGSTROM, KULLENBERG, STALLB ER G-S TENH AG EN , S TENH AG EN ,
1968) indiquent
que la sécrétion mandibulaire des mâles de bourdonspeut
être considérée comme unephéromone
attractive à la fois pour les mâles et lesjeunes
fondatrices. Elle a
probablement
aussi la facultéd’augmenter
ladisposition
desmâles à la
copulation. D’après
lesanalyses chimiques, plusieurs
substancesparfumées
seraientproduites
dans les différentesparties
dusystème glandulaire céphalique.
Laprincipale
substance volatile des mâles de Bombus terrestris a été identifiée au2-3-dihydro-6-trans-farnesol.
D’autres substancesaccompagnent
ceterpène.
Par contre, les auteursprécédemment
cités ne trouvèrent pas defarnésol, sesquiterpène
considéré par STEIN(1963)
comme la substance odorante desglandes
mandibulaires des mâles de Bombus terrestris.Le farnésol a été localisé par la même
équipe
dans les sécrétionscéphaliques
d’autres
espèces :
Bombushortorum, pratorum
et chez unPsithyre : Psithyrus
barbutellus K.
Rappelons
queC ALAM (1969)
avaitdéjà signalé
chez Bombuspratorum
laprésence
d’une substance dont letemps
de rétention étaitidentique
à celui du farnésol commercial. Chez toutes les
espèces étudiées,
les auteurssuédois ont trouvé à côté d’une substance
principale, plusieurs
substances enquantités plus
faibles telles que legéraniol,
lecitronellol,
etc.Chaque espèce
deBombus
possède
d’ailleurs une sécrétionqui
lui est propre(K ULLENBERG , BERGS
TR
OM, STALLBERG-STENIIACEN, 1970).
Les fourmis sécrètent
également
desterpènes.
C’est le cas de certainesespèces
de Lasius etAcanthomyops.
Les mâlesproduisent
dans leursglandes
mandibulaires
hypertrophiées
unmélange
d’alcoolsterpénoides.
Ces substanceslibérées au cours des vols
nuptiaux
ont été considérées comme desphéromones
sexuelles
(L AW , W ILSON ,
MeC LOSKEY , 1965).
Les études de KANNOWSKIet de
J OHNSON (1969) suggèrent,
chezplusieurs espèces
deFormica,
que les rencontres des mâles avec les femelles aux cours des activitésnuptiales
sont dues à la libération par les femelles d’attractants sexuelsspécifiques. Cependant,
différentesparties
du corps des femellesprésentées
écrasées à des mâles n’ont pu provoquer, tout au moins dans ces
conditions,
laréponse
des mâles.Les
Hyménoptères
sociaux ne sont pas les seuls insectes à sécréter des substances sexuelles. D’autreshyménoptères
non sociaux enpossèdent éga-
lement.
Ainsi,
chez lesHyménoptères symphytes,
une femelleencagée
de latenthrède du
pin, Diprion similis,
estcapable
d’attirer au total 11 000 mâles.La
réponse
des mâles estrapide puisqu’au
bout de 30 secondes ils arriventauprès
des cages contenant les reinesvierges.
La substance attractive extrac-tible par l’éther serait
produite
par lesglandes
abdominales(C OPPEL , C ASIDA , DAU
TERM AN, 1960).
Chez les
Hyménoptères parasites,
des recherches effectuées sur les braco- nidesindiquent
aussi laprésence
dephéromone
sexuelle sécrétée par les femelles(BousH, B AERWALD , 1967).
Chez 2espèces
d’Ichneumonoidea :Phaeogenes
invisor(Ichneumonidae)
etApanteles medicaginis (Braconidae)
unparfum
attractif estproduit
par lesjeunes
femellesvierges âgées
dequelques heures, auquel
les mâlesrépondent lorsqu’ils
se trouvent à environ 2 mètres des femelles(C OLE , 1970).
II. - LES PHÉROMONES D’ALARME
Les
phéromones
d’alarme ont été étudiées surtout sur les insectes sociaux.Elles ont été
signalées
chez de nombreusesespèces
deFourmis,
chez les abeilles :Apis
etMélipones
et chezquelques guêpes
du genreVespula.
Il ne semble pasqu’elles
existent chez les bourdons(Bombus lucorum, hortorum, hypnorum!,
nichez Polistes dubia K.
(Vespidae),
ni chez Ponera coactata etMyrmecina graminicola (Formicidae! (M ASCHWITZ , 1964).
Ces observations ontpermis
depenser que la
présence
de cesphéromones
estpeut-être caractéristique
des nidscontenant un
grand
nombre d’insectes.Dans cette
catégorie
desubstance,
on a considéré que les sécrétions défensivesprojetées
sur des insectes d’une autreespèce,
ne sont pas desphéro-
mones au sens de
K ARLSON ,
BUTENANDT et LuSCHER.B
UTLER
(1967)
aproposé d’appeler
lesphéromones
d’alarme :phéromones d’alerte,
pour lesdistinguer
des substancespurement
défensives.Les
phéromones
d’alarme ou d’alertepertubent
lecomportement
desinsectes en accélérant leur marche et leur
vol,
enaugmentant
leuragressivité jusqu’à l’attaque.
Ces
phéromones
sonttoujours
enrapport
avec les organes et lesglandes
assumant la défense de la colonie. Chez les
fourmis,
elles sont émises par lesglandes mandibulaires,
lesglandes
àvenin,
de Dufour ouanales,
chez lesguêpes,
par les
glandes
àvenin,
chez les abeilles genreApis
par lesglandes
del’aiguillon
et les
glandes
mandibulaires(M ASCHWITZ , 1964)
et chez les abeillesmélipones
par les
glandes
mandibulaires. BLUM(1969)
donne la liste d’unevingtaine
dephéromones
d’alarme identifiées chez les insectes sociaux. La moitié d’entre elles sont desterpènes. Presque
toutes ces substances sont descomposés
nonpolaires
montrant peu de tendance à s’associer. C’estpourquoi,
elles ne per- sistent pas dans les zones où elles sontémises,
cequi permet
aux insectes deretrouver
rapidement
leur activité normale.Chez les
fourmis,
WILSON(1963) indique
que laphéromone
d’alarme sepropage
pendant
13 secondes à une concentration active en l’absence de vent.Il se forme alors un nuage
hémi-sphérique ayant
au maximum 6 cm dediamètre,
dans le domaine
duquel
la concentration estsupérieure
au seuil. Si de nouvelles sécrétions ne sont paslibérées,
cettesphère disparaît
35 secondesaprès.
Laphéromone présente
une concentrationplus
faible vers l’extérieur de lasphère.
Les ouvrières sont d’abord attirées par la faible concentration de la substance
d’alarme de la
périphérie.
Mais aussitôtqu’elles pénètrent
dans la zone de hauteconcentration
centrale,
la réaction d’alarmecaractéristique
est déclenchée chez elles.Plus les fourmis sont
alarmées, plus
elles sécrètent dephéromones
d’alarmeet
plus
le nombre d’ouvrières mobilisées pour la défense du nid estgrand.
Dèsla
disparition
de l’élémentpertubateur,
l’odeur d’alarme s’évanouit aussitôtet le nombre d’ouvrières excitées diminue
également.
L’analyse chimique
desphéromones
d’alarme a surtout étépoursuivie
chezles fourmis. L’une
d’elles, Acanthomyops claviger
de la famille des Formicinaeen
possèdent plusieurs
identifiées dans lesglandes
mandibulaires et dans laglande
de Dufour. Lesglandes
mandibulairesproduisent
différentsterpènes parmi lesquels
le citronellal et le citral. Laglande
deDufour,
organe accessoirede la
glande
à veninproduit plusieurs hydrocarbures.
Ceux-ci sont libérés enmême
temps
que l’acideformique
contenu dans laglande
à venin. Ilspermettent
à cet acide de se propager
plus
facilement(R EGNIER , WrLSOrr, 1968).
Tout
récemment,
CREWE et BLUM(1970)
viennent d’identifier 4 substances dans les sécrétions mandibulaires d’une autreespèce
de fourmi. Deux d’entre- elles sont sécrétées enplus grande quantité.
Ils’agit
de l’octanone-3 et de l’octanol-3. Ellesprovoquent
une réaction d’alarme chez les ouvrières deMyrmicu
brevinodis. Les mêmes substances ontégalement
été trouvées dans lesglandes
mandibulaires deCrematogaster peringueyi
E.(C REWE , B RAND , FLETCHER, EGGERS, 1970).
Le même
système
deréponse
existe chez les abeilles. Nous décrivonsplus
en détails les résultats obtenus chez ces insectes. Dans la famille des
Apides,
lesphéromones
d’alarme ont été mises en évidence chezApis, Trigona
et Lestri-melitta.
Chez
Apis mellifica,
les mâles et les reines neproduisent
pas cesphéromones
mais seulement les ouvrières. F. HUBER
(1814)
a montré que desaiguillons
fraîchement arrachés et
présentés
à l’entrée de la rucheprovoquent
un compor-tement
d’attaque
de la part desgardiennes.
Demême, quand
une ouvrièrepique
uneintruse,
elle libère une substance d’alarme. CHAUVIN(1960) l’appelle Répulsine
Gamma.Cette
phéromone
a été étudiée parBocH,
SHEARER et STONE(1962).
Apartir
d’une trentained’aiguillons,
ils ont identifié laphéromone
d’alarme àl’acétate
d’iso-amyl (ou
acétated’iso-pentyl).
Al’époque
cette substance n’étaitpas encore connue dans les tissus animaux. Des touffes de coton imbibées d’acétate
d’iso-amyl, présentées
à l’entrée de la ruche alertent etprovoquent
une
agitation
chez lesgardiennes. Cependant
des cotons imbibés de la mêmequantité d’aiguillons
odorantsprovoquent
enplus
lapiqûre.
Lesaiguillons (avec
leurs
glandes)
d’ouvrièresâgées
de 15 à 30jours
contiennent de 1 à 5 ug par abeille d’acétated’iso-amyl (BoCH, S HEARER , 1966).
Cettequantité
diffèred’ailleurs entre les
quatre espèces d’Apis (MORSE, S HEARER , Boc H , B ENT O N , 1967).
GHENT et GARY(1962)
observèrent que leparfum caractéristique
del’aiguillon
est associé à la membranepileuse
entre lesplaques oblongues.
M
ASCHWITZ
(1964)
trouva en effet que ces membranes écrasées étaient les seules attractives. Ces membranes ont étéanalysées
par lachromatographie
enphase
gazeuse
(GuNNISON
etMORSE, 1968).
Elles contiennent un certain nombre de substancesidentiques
à celles contenues dans lesaiguillons
entiers. Ces sub-stances n’ont pas été identifiées. Les
glandes
de Koschewnikow situéeséga-
lement dans la chambre de
l’aiguillon
sont par contre moins riches en substances.On ne retrouve pas l’acétate
d’iso-amyl
dans le venin(F REE , S IMPSON , 1968).
Chez les ouvrières
d’abeilles,
une autre substance d’alarme a été localisée dans lesglandes
mandibulaires(M ASCI Iw ITZ , 1964).
Son action est deplus
faibleintensité que celle de la
phéromone
del’aiguillon (BocH, S HEARER ,
PETRA-SOVITS
,
1970).
Elle a été identifiée àl’heptanoue-2 (S HEARER , BocH, 1965).
Elle
apparaît
chez les butineuses et lesgardiennes.
Les mêmes auteurs(BocH, S
HEARER
, 1967)
en trouvent40 ¡;g
chez dejeunes
abeilles butineuses.Cependant
S
IMPSON
(1966)
émet un doutequand
à la véritable fonction d’alarme de cettesubstance. Elle serait
plutôt répulsive
vis-à-vis des abeillespillardes. L’hep-
tanone-2 est sécrétée
uniquement
chezApis mellifica,
non chezApis dorsata, florea
et cerana.(MORSE, S HEARER , BocH, B ENTON , 1967).
Ainsi,
l’abeilledomestique, Apis mellifica produit
deuxphéromones d’alarme,
une cétone(I’heptanone-2)
et un ester d’alcool(l’acétate
d’iso-amyl).
Les trois autresespèces
neproduisent
que l’acétated’iso-amyl
en quan- tités variables. Cette substance est d’ailleurs sécrétée avec d’autrescomposés actifs,
en provenance desaiguillons.
L’acétated’iso-amyl
n’a été mis enévidence que chez les
Apis.
Par contre,l’heptanone-2
est sécrétée parplusieurs espèces
de fourmis de la famille des Dolichoderidae non dans lesglandes
mandi-bulaires,
mais dans lesglandes
anales(B LUM , WA R TER,MONROE, C HI nESTER,1963;
B LUM
, WA RTER , 1966; K ANN O WSKI , ,JO HN SO N , B LU M,
travaux nonpubliés).
Chez d’autres
Apides,
lesmélipones,
abeilles sansaiguillon,
BLUM(1966)
a trouvé une
phéromone
d’alarme dans lesglandes
mandibulaires de Lestri- melitta limao. La sécrétion a été identifiée au citral(géranial
etnéral).
Laphéromone
estemployée
par l’insecte au cours de raids sur des colonies deMelipona
etTrigona
sp. Ces dernières sont totalement désorientées par des concentrations élevées de citral etincapables d’organiser
une résistance(MouRE, NoGUERA-NETO, K ERR , 1958).
Par contre, lecomportement
des abeillesqui
ne sont pasattaquées
par Lestrimelitta limao n’est que faiblement modifié par laprésence
de ceterpène.
D’autres abeilles sansaiguillon
commeTrigona
subterranea
produisent également
dans leursglandes
mandibulaires les 2 stéréo- isomères du citral(géranial
etnéral).
Les ouvrières de cetteespèce
ont uncomportement
d’alarme enprésence
de très fortes concentrations de citral.(BLUM, CREWE, KERR, KEITH, GARRISON, WALKER, 1970.)
Chez deux autres
mélipones : Trigona postica
L etTrigona
tubiba FS,
B LU
M et d’autres chercheurs
(BL UM , PADO V A NI , K ERR , DOO LIT LE, B ER OZA,
travaux non
publiés),
ont mis en évidencel’heptanone-2
et la nonanone-2.III. - LES PHÉROMONES DE MARQUAGE DE PISTE
Les
phéromones
de marquage depiste
ont été lesplus
étudiées desphéro-
mones de recrutement
(R ECNIER , L AW , 1968).
Engénéral,
elles sontdéposées
par les butineuses
lorsqu’elles
reviennent à leur nidaprès
avoir découvert une source de nourriture.Cependant,
ellespeuvent
aussi être utilisées pour d’autres buts. Chez les fourmis(W ILSON , 1963)
elles aident les insectes à effectuer des raids vers des coloniesétrangères,
elles facilitentl’émigration
de la colonieou
permettent
aux insectes de s’orienter dans le nid pouraccomplir
parexemple
un travail de
réparation.
Les
phéromones
de marquage depiste
existent aussi bien chez les insectesqui
volent que chez ceuxqui
ne volent pas.Chez les insectes terrestres, les
exemples
lesplus classiques
sont fournispar les différentes
espèces
de fourmisqui marquent
de leur odeur despistes
sur le sol. Le
parfum
de cespistes
n’est autrequ’une phéromone.
Ellespeuvent
être émises par la
glande
deDufour,
par laglande
dePavan,
par laglande
àvenin,
toutes situées dans l’abdomen. Ellespeuvent
aussiprovenir
de l’intestin.W
ILSON
(1962)
a montré chez la fourmiSolenopsis
saevissima que le recru-tement en masse en vue du
butinage
s’effectue par l’utilisation d’unephéromone
de marquage sécrétée par la
glande
de Dufour et émise parl’aiguillon dégainé.
L’examen d’une série de
photographies prises
au flashélectronique,
au millièmede seconde a mis en évidence que seule la
pointe
del’aiguillon
touchant le soltrace des traits
parfumés
en se relevant à intervallesréguliers.
Laphéromone
est un attractif
puissant qui
excite les ouvrières et les tire hors du nid dans la directionindiquée
par lapiste.
Au cours de cecomportement,
il ne semble pas que d’autres stimuli interviennent.W ALSH , L AW ,
WILSON(1965)
isolèrent de deux cent milleouvrières,
250ug
de cettephéromone
mais nepurent
en déter- miner la formulechimique.
L’odeur de lapiste disparait
au bout d’environ 100 secondes(W ILSON , B OSSERT , 1963). Toutefois,
chez d’autres fourmis elledisparaît plus
lentement. ChezAcanthomyops interjectus,
HANGARTNER(1970)
a mis en évidence que la
quantité
dephéromone
de marquage depiste
estajustée
à laqualité
de la nourriture.Chez les insectes
qui
volent telles que les abeillesMelipones,
les butineusesdéposent
sur des substrats divers(pierres,
brinsd’herbe, branches, feuilles,
monticules de
terre...)
des marquesparfumées qui
relient leur colonie à unesource de nourriture. La sécrétion
provient
dans ce cas de leursglandes
mandi-bulaires
(L I 1V DAUER , K ERR , 1958, 1960).
Deplus,
les cheminsparfumés
deTrigona
sp. sontpolarisés,
l’odeur étantplus
intense vers la source de nourri-ture. Selon les
espèces, après
sondépôt,
l’odeurpeut
se maintenir de 9 à 14 minutes(K ERR , F ERREIRA ,
deM ATTOS , 1963).
Elle semblespécifique
del’espèce.
. Dans le cas des abeilles
domestiques, lorsqu’une
ouvrièred’Apis
découvreune source de nourriture
abondante,
elle marque celle-ci au moyen de saglande
de
Nassanoff,
située au niveau du 7etergite
abdominal. Comme chez lesfourmis,
la nourriture ainsi
marquée
va attirer de nouvelles ouvrières. RENNER(1960)
a
exprimé
la sécrétion de cetteglande
sur des bandelettes depapier déposées
ensuite
auprès
de nourrisseurs. Il a constaté que les butineuses ne faisaient pas de différence entre l’odeur desglandes
de leur propre colonie ou d’une autre.La sécrétion est donc une substance attractive
générale.
BocH et SHEARER
(1962, 1963, 1964)
ont montré que dans cetteglande,
on trouve
plusieurs
constituantsphéromonaux :
unalcool,
legéraniol
dont laquantité
varie avec1 âge
desouvrières,
et deux acides :géranique
etnérolique.
Cependant,
lemélange
de ces trois substances est un peu moins attractif que despapiers
filtresdéposés
directement surl’organe
odorant. De soncôté,
FREE
(1962)
avait aussi observé que laglande
elle-même estplus
attractive que legéraniol.
S
HEARER et BocH
(1966)
identifièrent ensuite le citral. Cette substancen’apparaît
dans les sécrétionsglandulaires
que dans certaines conditions et à des doses très faibles. Elle est attractive pour les butineuses. Cette attraction contestée par certains(Woonttow, GREEN, T UCKER , S CHONHORST , H AMILT Orr,
1965)
futcependant
constatée par d’autres chercheurs(N. W EAVER ,
E. C.W EAVER
, J.
H.L AW , 1964).
Selon BUTLER et CALAM
(1969)
lemélange
de citral(géranial
formetrans)
et de
géraniol
est finalement presque aussi attractif que la sécrétionphéro-
monale de
plusieurs
butineuses.Le marquage par la
glande
de Nassanoff n’est pas le seulprocédé
utilisépar les abeilles
domestiques.
Eneffet,
en fonction de certaines conditionsexpérimentales,
les ouvrièresdéposent
desphéromones
depiste
non pas aucours d’un vol mais en marchant.
Ainsi,
LECOMTE(1956)
a observé enpériode
de miellée que les butineuses d’une rucheayant
subi une rotation de 180° continuent dans une certainemesure à atterrir à l’ancien
emplacement,
engagnant
le trou de vol à la marche.Elles suivent le
long
de la ruche unepiste
étroite enduite d’une substancequi
peut persister pendant
15jours.
Onpeut
entraîner la substance parl’eau,
l’alcool et l’éther.L ECOMTE
avait
supposé
àl’époque
que l’odeur sedégageant
du trou devol devait
jouer
un rôle deguide
en attirant les ouvrières vers l’entrée de la ruche. Ce travail futrepris
13 ansaprès (B UTLER , F LETCHER , W ATLER , 1969).
Il aboutit aux conclusions suivantes : deux substances sont en cause pour per-
mettre aux butineuses de regagner leur ruche. L’une est constituée par l’odeur de la
colonie,
l’autre par l’odeur laissée par l’extrémité despattes
des ouvrières(Footprint pheromones).
Cette
phéromone
contamine le corps de l’abeille sauf la tête. Mais il estpossible
que lesglandes
situées à la surface du corps de l’ouvrière interviennent aussi. Leur odeur ainsi que celle desglandes
tarsales sont enpartie responsables
de l’odeur de la colonie. Les mêmes auteurs
(B UTLER , F LET C HER , WA TLER , 1970)
montrèrent que selon l’état deperturbation
et le nombre debutineuses,
celles-ci
regagnent
soit en volant soit en marchant l’entrée de leur ruchequi
a été
déplacée.
Parmi les butineusesqui regagneront l’emplacement
de l’an-cienne
entrée,
l’une d’elle finira par trouver la nouvelle et la marquera duparfum
de saglande
de Nassanoff. D’autres viendront renforcer cette odeuret une
piste parfumée
s’établira ainsi entre les deux entrées. L’odeur de la colonie mais surtout desrepères
visuels viennent aider à la formation de cespistes.
La
phéromone d’empreinte
tarsale nejoue
finalementqu’un
rôle secondaire.En
1962,
CHAUVIN avaitdéjà signalé
que les traces laissées par les ouvrièressur un nourrisseur en verre étaient
susceptibles
deprovenir
desglandes
d’Arn-hart situées à l’extrémité des tarses. Il les avait
appelées épagines
éta. Cesphéromones d’empreintes
tarsales dont l’odeur estplus persistante
que cellede la
glande
deNassanoff,
ne seraient passpécifiques
d’une colonie etpeut-être
pas de
l’espèce.
Les reines et les mâles d’abeillespossèdent
aussi desphéromones
tarsales.
Les ouvrières de la
guêpe
socialeVespa vulgaris déposent également
unephéromone d’empreinte
tarsale attractive pour lesguêpes,
mais inattractive pour les ouvrières d’abeilles. Cesphéromones
n’ont pas encore été identifiées.Ce
type
dephéromones
existe aussi chez les fourmis. LesCrematogaster
en réunissant leurs
pattes postérieures
tambourinentvigoureusement
le sol avecl’extrémité des tarses
(F LETCHER , B RAND , 1968).
Chezd’autres,
on a localisédans les tibias
postérieurs
laglande phéromonale
et son réservoir. La sécrétiond’aspect
huileuxpeut
s’écouler dans la lumière du tendon vers l’extrémité despattes.
L’orifice extérieur de laglande
n’a pas été situé avec exactitude(L EU -
TH O LD
,
1968).
Grâce aumicroscope électronique
àbalayage, PA STEEL S, C REWE ,
B
LUM
(1970),
ont pu localiser avecprécision
l’orificeglandulaire
externe par oùs’échappe
laphéromone
de marquage depiste
chezCrematogaster
minu-tissima.
IV. - LES PHÉROMONES D’AGRÉGATION
Chez
beaucoup
d’insectesappartenant
à de nombreux genres, lesfemelles,
les mâles ou les deux sexes se rassemblent soit pour
s’accoupler
etpondre,
soitpour nidifier ou pour
hiverner,
estiver ou encore pour seprotéger
mutuellement.Des
phéromones
olfactives sont encoreimpliquées
dans la formation de tels rassemblements. Ceux-ci d’ailleurspeuvent
êtretemporaires
ou perma-nents.
Dans le
premier
cas, onpeut
citer celui d’une abeillesolitaire,
Andrenaflavipes
où une ouplusieurs phéromones
favoriseraientl’agrégation temporaire
des mâles autour des femelles
émergentes.
Les mâles sont attirés par la couleurorangée
despattes postérieures
des femelles nubiles mais aussi par l’odeur des différents terriersplacés
les uns à côté des autres dans des zones bien définies.L’odeur des femelles nubiles ne serait pas en cause mais
peut-être
celle du cou-vain émanant de l’ensemble des colonies
(B UTLER , 1965).
Dans le deuxième cas, chez les
fourmis,
lesguêpes,
les abeillessociales,
des
phénomènes
entrent encore enjeu
pour maintenir la cohésionpermanente
despopulations.
Elles sontproduites
par lareine,
maispeuvent
aussiprovenir
des
ouvrières,
des mâles et du couvain.Chez les abeilles
domestiques, l’importance
du couvain a étéremarquée depuis longtemps
par lesapiculteurs
et les chercheurs. Saprésence agit
surla récolte de
pollen
et sur lesapports
en eau, elle stimule leséchanges trophiques
et modifie la
physiologie
des ouvrières et leur teneur en substances diverses.Son influence est donc aussi
importante
que celle de la reine.Dans le cas
particulier
del’essaimage,
la cohésion d’un essaim d’abeillesest assurée par les ouvrières elles-mêmes
(F REE , B UTLER , 1955)
mais aussi et surtout par la reine. Par sonodeur,
elle maintientgroupé
autour d’elle unnombre d’ouvrières
qui peut
varier suivant les conditions entre 500 grammeset 3 000 grammes. Les substances
responsables
ont été trouvées dans lesglandes
mandibulaires. Il
s’agit
de deux acides : l’acide céto-9 décène-2oïque
et l’acidehydroxy-9
décène-2oïque.
Lepremier
acide attire les ouvrièresassaimantes,
le deuxième les maintientgroupées
ettranquillisées (B UTLER , CA LL O W ,
CHAP-MAN
,
1964; B UTLER , S IMPSO IV, 1967). L’extirpation
desglandes
mandibulaires à des reines vivantes conduit à lasuppression
de leurpouvoir
d’attraction àl’égard
des ouvrièresgroupées
en essaim(V ELTHUIS ,
VanEs, 1964).
Ces deux
acides,
dans d’autres conditionsexpérimentales
que nous avons décritesauparavant,
attirent les mâles d’abeilles. Ilsagissent
alors en tant quephéromones
sexuelles. L’und’eux,
l’acide céto-9 décène-2oïque
en associationavec d’autres substances non encore identifiées en provenance des
glandes
mandibulaires de la reine
(PAIN, 1961)
et desglandes
de Koschewnikow de la chambre del’aiguillon (B UTLER , S IMPSON , 1965)
attirent les ouvrièresd’abeilles et les maintient
groupées
autour desupports
variés imbibés d’extraits royaux(PAIN, 1956).
Dans le cas où l’attraction est observée en
cagette,
le nombre d’ouvrièresagglomérées
autour des leurres est restreint. Les substances en cause ne sontpas à
proprement parler
desphéromones d’agrégation.
Ce sontplutôt
desphéro-
mones de reconnaissance mutuelle entre la reine et les ouvrières. On
peut
lesprélever
à la surface du corps des reines. Onpeut
alors considérer que ce sont desphéromones
de surface.Cependant,
elles ont pourprincipal
effet de modifier laphysiologie
des ouvrièresréceptrices.
Sous cetangle,
ellesappartiennent
augroupe des
phéromones d’amorçage.
V. - LES PHÉROMONES « DE SURFACE »
W
ILSON
(1965) appelle phéromones
de surface toutes les odeursqui
sontabsorbées à la surface du corps des
insectes,
sur letégument
cireux. On consi-dère
qu’elles
sont perçues parchimioréception
de contact.Dans ce groupe, on
peut
ranger les odeurs de lacolonie,
les odeurs corpo- relles des reinesvierges
oufécondes,
desouvrières,
des mâles et deslarves, également
les odeursqui
stimulent leséchanges
alimentaires entre les individus adultes ou entre ceux-ci et leurs larves.Leur
parfum
est trèscomplexe.
Il est constitué enpartie
par l’odeur des substancesglandulaires,
par celle émanant du groupe, par l’odeur des matériaux constituant lenid, peut-être
par l’odeur des aliments que les insectes ont entre-posés,
desplantes qu’ils
ont visitées. Des variations dans le métabolisme des individuspeuvent
aussi être en cause.Chez les abeilles
domestiques,
onpeut prélever
lesparfums corporels
enentourant de
papier-filtre
le corps des reines vivantespendant quelques
heures.Les
papiers imprégnés
de l’odeurroyale présentés
à dejeunes
ouvrières les attirent tout autant que la reine elle-même(PAIN, 1956).
Ces
parfums
sont extraits par différents solvantsorganiques
tels quel’éther,
lechloroforme, l’acétone,
l’alcool(PAIN, 1954, 1961).
Les extraits royaux
déposés
sur des bandes depapier,
des morceaux demoelle de sureau ou même sur le corps d’une ouvrière vivante
(PAIN, 1962)
déclenchent chez les ouvrières
accompagnatrices
uncomportement
de courcaractéristique
suivi duléchage
des différentssupports.
Pour étudier cette
attraction, j’ai
été amenée à mettre aupoint
un testbiologique
basé sur le nombre dejeunes
ouvrièresattirées,
toutes les 30 secondespendant
5 minutes(PAIN, 1960).
Cette méthode m’a
permis
de montrerqu’à part
letégument,
lesglandes
mandibulaires
royales déposées
sur deslanguettes
depapier
attirent d’unemanière durable les ouvrières
encagées (L AVIE , PAIN, 1959).
Ellesimprègnent
de leur odeur les
téguments
de la reine.Plusieurs chercheurs ont mis au