NOTE
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
SUR LA COMPARAISON DU POTENTIEL DIGESTIF ET DE L’APPÉTIT DES CAPRINS ET DES OVINS
EN ZONE TROPICALE ET EN ZONE TEMPÉRÉE
M. CHENOST
P. DESPOIS Station de Recherches
zootechniques,
Centre de Recherches
agronomiques
des Antilles et de laGuyane,
1. N.R. A., Petit-Bourg, Guadeloupe
Il est
généralement
admis(F ORBES
etal.,
1937 ;1! ie!.vca, ig 5 6 ;
SwiFTetB R nrztua.,
1959 ; ALEXA 1B"
DER et
al., r 9 62)
que les coefficients d’utilisationdigestive
des aliments est la même pour les différentesespèces
de ruminantsdomestiques
ou, tout auplus,
que les écarts obscrvés entreespèces
sont inférieurs aux écartsdus,
pour uneespèce donnée,
aux erreursexpérimentales.
Dans le cadre
plus général
d’un travail que nous avonsentrepris
sur lacomparaison
del’appé-
tit et de l’utilisation
digestive
etmétabolique
entreovins, caprins et
bovins, nous avons mesuré ladigestibilité
et lesquantités
de matière sècheingérées
defourrages
verts et defourrages
conservésen zone
tempérée
et en zonetropicale
humide avec des loliers et des boucs.MATÉRIEL ET MÉTHODES
Deux groupes de
comparaison
ont été effectués :1° Mesure de la
digestibilité
et desquantités ingérées
par des moutons et desboucs,
auC. R. A. A. G.
(Guadeloupe),
de 3 repousses dePangola (Digitaria decumbens) âgées
de 30 et 50jours
distribuées en vert d,l’auge.
2
° Mesure de la
digestibilité
et desquantités ingérées
par desmoutons,
en France et en Guade-loupe
et par desboucs,
enGuadeloupe, de l fourrages
de luzerne et defétuque
élevée récoltés auC. R. Z. V.
près
de Clermont-Ferrand(France), déshydratés puis, compactés,
condensés oucompri-
més
(tabl. i).
Lesfourrages compactés
sontagglomérés
par passage sansbroyage préalable
dansune presse munie d’une
filière ;
lesfourrages comprimés
sontagglomérés
sansbroyage
dans unepresse à
piston ; enfin, les fourrages
condensés sontagglomérés
par passageaprès broyage
dans unepresse munie d’une filière. Ces
fourrages
ainsipréparés
ont étéenvoyés
enGuadeloupe
par bateau dans des sacs deplastique.
Anirnaux.
Nous avons utilisé des boucs de race
Alpinc (Chamoisée
etSaanen)
issus dutroupeau expéri-
mental de la Station de Recherches
zootechniques
du C. R. A. A. G.(Guadeloupe), âgées de
r8 à24
mois,
etpesant
45kg
de moyenne. Les moutons utilisés au C. R. A. A.G., d’origine
locale et derace difficile à
définir,
étaientâgés
de 18 mois etpesaient
en moyenne 35kg.
Les moutons utilisés au C. R. Z. V.près
de Clermont-Ferrand(France métropolitaine),
de raceTexel, étaient âgés
de4ans et
pesaient
80kg
en moyenne.Dispositif expérirnental
et mesuyes.Chaque
lot était constituéde q animaux
maintenus en cage à,digestibilité
et de 2animaux encase au sol.
Toutefois, le
lot de moutons utilisé enGuadeloupe
n’était constitué que de 5 animaux.La conduite des essais de
digestibilité
a été la mêmeque celle
utilisée parD EN tnR Q mL L Y
et WElss(
1970
)
au C. R. Z. V.Chaque période
de mesure effectuée surfourrage
vert dure une semaine(6 jours
decollecte)
et estprécédée
d’unepériode préexpérimentale
d’unesemaine,
celle effectuéesur
fourrage
conservé dure 10jours
et estprécédée
d’unepériode préexpérimentale
de iojours.
Les
fourrages
sont distribués à volonté( 10
p. 100derefus)
en deux repas, l’un à 9 heures l’autre à 16 heures.Nous avons calculé les coefficients d’utilisation
digestive
etlesquantités ingérées correspondant
à
chaque période
de mesure. Les échantillonsreprésentatifs
dufourrage offert,
dufourrage
refuséet des fèces
correspondant
àchaque période
de mesure ont étéanalysés
pour déterminer les teneursen
cendres,
en matières azotées totales et en cellulose brute Weende.RÉSULTATS ET DISCUSSION
Coefficients
d’utilisationdigestive
La
digestibilité
de la matièreorganique
desfourrages
a été en moyenne la même chez le bouc et chez lemouton,
les seules différencessignificatives
ont été observées avec deux repousses dePangola
en faveur des moutons(tabl. i).
Elle aégalement
été la même avec les moutons du C. R. A. A. G. et avec ceux du C. R. Z. V. La variabilité des mesures n’est pas différente suivant lesespèces ; toutefois, au
C. R.A. A. G.,
3 mesures obtenues sur moutons et 2 mesures obtenues surboucs ont été entachées de coefficients de variabilité élevés
(tabl. i).
La
digestibilité
de la cellulose brute aété,
enGuadeloupe,
en moyenne la même chez le bouc et chez le mouton ;cependant,
des différencessignificatives
ont été observées en faveur des moutonsavec deux repousses de
pangola
et en faveur des boucs avec la luzerne condensée. Ladigestibilité
des matières azotées a été un peu
plus
élevée en moyenne chez le mouton que chez le bouc mais la différence n’est passignificative.
Ces
résultats,
confirmant ceux de FoaBES et al.( 1937 ),
SWIFTet BRAZTLER( 1959 )
et ALEXAN-DERet al.
( 19 6 2 ),
montrent que, tout au moins pour desfourrages
de faibledigestibilité
tels que ceux que nous avonsétudiés, le potentiel digestif
des boucs et des moutons et très voisin et que les diffé-rences dues à
l’espèce
animale sont inférieures à celles dues aux erreursexpérimentales
ou aux diffé-rences individuelles à l’intérieur de la même
espèce.
Nous avons observé des différences
importantes
dans lesdigestibilités
de la cellulose brute et des matières azotées desfourrages
conservés entre les moutons du C. R. Z. V. et les moutons du C. R. A. A. G.(tabl. r).
Ladigestibilité
de la cellulose brute de lafétuque
élevéecomprimée
etde la luzerne condensée a été
plus
élevée au C. R. A. A. G.qu’au
C. R. Z. V. et ladigestibilité
desmatières azotées de la
fétuque
élevéecomprimée
et des deux luzernes a étéplus
faible auC. R. A. A. G.
qu’au
C. R. Z. V.Ces différences ne semblent pas dues à des erreurs
d’analyse
oud’échantillonnage
et il seraitintéressant de
poursuivre
l’étudecomparative
de manière à connaître la cause de ces différences.Il est en effet
possible
que les différences dans lesquantités ingérées
aient été enpartie responsables
des différences dans les coefficients de
digestibilité.
Quantités
de matière sèclaeingérées
Les moutons ont
ingéré
enquantité significativement plus
élevée(P
<o,o 5 )
que les boucs les 3fourrages
verts dePangola
du C. R. A. A. G. : en moyenne 57,5 contre 32,9g/kg
P°·7°(tabl. i).
Les moutons du C. R. Z. V. ont
ingéré
2des ! fourrages déshydratés
enquantité significative-
ment
plus
faible(Il
<o,oi)
que les moutons et les boucs du C. R. A. A.G.,
lesquantités ingérées
par ces deux
catégories
d’animaux n’étant passignificativement
différentes :respectivement
enmoyenne
88, 4
et86, 7 g/kg
1’°,75.Les différences de
quantités ingérées
par les moutons créoles utilisés au C. R. A. A. G. et les moutons de race Texel utilisés au C. It. Z. V. doiventrésulter,
d’unepart,
de différences deformat,
les moutons créoles étantbeaucoup plus légers,
d’autrepart,
des différences d’état d’en-graissement,
les moutons utilisés au C. IZ. Z. V. recevant desfourrages
dequalité
très souvent su-périeure
à ceux distribués aux moutons créoles.Le
comportement
différent entre boucs et moutons créoles estplus difficile
àexpliquer.
Nousnous proposons d’en
analyser
les causes, d’autantplus
que nous avons utilisésystématiquement
lesboucs issus de notre
troupeau
laitier pour mesurer la valeur alimentaire(digestibilité
-quantités ingérées)
desfourrages
locaux.La variabilité des
quantités ingérées
a étépliis
élevée en moyenne chez les boucs que chez les moutons tant pour lesfourrages
verts que pour lesfourrages conservés,
elle a étéplus
faiblechez les moutons du Centre de Clermont-Ferrand que chez les moutons et les boucs du Centre des Antilles.
Reçu pour publication
enjuillet
19Î1.SUMMARY
COMPARISON OF THE DIGESTIVE AI3II,ITY AND THE APPETITE OF GOATS AND SHEEP IN TROPICAL AND IN TEMPERATE ZONES. PRELIMINARY STUDY The
digestibilities
anddry
matter intake of two groups offorages
werecompared (table
I):
-
forages
harvested anddehydrated
in France;- green
forages
harvested inGuadaloupe (Digitaria decumbens).
The measurements were made.
- in
France, using sheep
of theAlpine
breed(dehydrated forages)
- in
Guadaloupe, using
creolesheep
andgoats
of the Texel breed(dehydrated
and greenforages).
There was no
significant
difference between the animalspecies
and thegeographical
sitesas
regards
thedigestibility
cocfficients of theorganic
matter. Thedigestibility
coefficients of crude fiber and crudeprotein
measured inGuadaloupe
were similar for goats andsheep.
On theother hand, the
digestibility
coefficients of crude fiber werehigher
and those of crudeprotein
lower in
Guadaloupe
than in France(table i).
The variation of the
dry
matter intake was moreimportant
inGuadaloupe
than in France.When
using dehydrated forages,
thedry
matter intake washigher
insheep
than ingoats (table i).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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