J.P.
DULPHY,
W.MARTIN-ROSSET,
J.P. JOUANYINRA Station de Recherches
sur la Nutrition des Herbivores
Theix 63122
Saint-Genès-Champanelle
Ingestion et digestion
comparées des fourrages chez
différentes espèces
d’herbivores
Parce qu’ils sont capables de digérer les parois végétales, les
herbivores domestiques sont les premiers utilisateurs des espaces naturels
ousemi-naturels, qui sont très diversifiés. Il est donc
important de rechercher les espèces animales les mieux adaptées
auxespaces à utiliser et/ou à entretenir, si
onveut gérer
cesespaces
enutilisant et
enlimitant la biomasse végétale. Pour comprendre
ouaméliorer la conduite et les aptitudes de
cesespèces animales à l’extérieur, il est utile de connaître leurs caractéristiques
physiologiques et les mécanismes que chacune met
en oeuvrepour
ingérer et digérer
aumieux les substrats lignocellulosiques.
Résumé
- -Dans cet article de synthèse les
quantités
de matière sècheingérées
de fourragesdistribués à l’auge, ainsi que leur digestibilité, sont comparées chez différentes
espèces d’herbivores
domestiques
(ovins, caprins, bovins, cerfs, lamas, chevaux).Par rapport au poids vif des animaux c’est avec les fourrages pauvres que les écarts de quantités
ingérées
sont lesplus
importants, à l’avantage surtout des cervidés et des caprins. Pour les foins tardifs de graminées des écarts notables semaintiennent. Pour les foins de bonne
qualité,
toutes les espèces comparées, saufles lamas, donnent des résultats identiques. Les résultats sont aussi
exprimés
parrapport au poids
métabolique
(PVI,15). Des éléments d’information etd’explication
sont donnés à travers la durée
journalière
d’ingestion, le contrôle physiologiquede
l’ingestion,
la durée de rumination, le mécanisme de comminution des ali- ments et la salivation.Pour ce
qui
concerne lesdigestibilités
il existe des différences notables entreespèces. Ces différences, faibles pour les fourrages de bonne qualité, s’accroissent
au fur et à mesure que la qualité des fourrages comparés diminue. Le classement des espèces est alors net, dans l’ordre décroissant : lamas, bovins,
caprins,
ovins, cerfs, chevaux. Les différences observées sont expliquées àpartir
de l’importancerelative des différents sites de digestion, de l’intensité variable de la
digestion
microbienne, des temps de séjour des digesta dans le tube digestif, et de l’effica- cité des recyclages d’azote et de minéraux.L’ingestion
de matièreorganique digestible exprimée
par rapport aupoids
méta- bolique des animaux donne une bonne idée des possibilités de couverture de leurs besoins par les différentes espèces. De ce point de vue les animaux à grandformat sont largement avantagés, bovins et chevaux étant
comparables.
Parmi lesanimaux à
petit
format les ovins sontthéoriquement désavantagés
par rapportaux caprins, aux cerfs et aux lamas.
Lorsqu’ils
sont en liberté, lespetits
ruminants sont donc obligés d’ingérer des ali-ments plus
digestibles
que les gros ruminants.L’aptitude
àl’ingestion
et ladigestion
desfourrages
chez les ruminants résultent del’intégration
deplusieurs phénomènes parmi lesquels
lamastication,
larégulation
duvolume du rumen et les
caractéristiques phy- sico-chimiques
de soncontenu,
la vitesse de renouvellement desdigesta
dans le rumen etl’intensité des activités microbiennes sont les
plus importants.
Nous proposonségalement
de comparer ces
mécanismes,
tout enpréci-
sant que la
comparaison d’espèces
animalesest
toujours
délicate.A titre de
rappel,
lescaractéristiques
duruminant « standard
» ayant
servi à mesurer ladigestibilité
etl’ingestibilité
desfourrages figurant
dans les tablesINRA,
en l’occur-rence le mouton mâle castré à
l’entretien,
seront tout d’abord
présentées.
Les autresespèces
utilisables enFrance,
ou dans despays
proches,
seront ensuite examinées enprenant
le mouton comme témoin. Les four- rages concernés seront essentiellement lesfourrages
verts fauchés et distribués àl’auge,
les foins et les
pailles.
On insistera peu sur lesensilages (cf Dulphy
etDemarquilly 1991),
mais l’effet de lacomplémentation
desfourrages
avec des concentrés sera examinécar cette
complémentation
estfréquente.
La
quantité
d’alimentsingérée dépend
dedeux
facteurs,
d’unepart l’ingestibilité
desaliments et des
rations,
d’autrepart
la capa-cité
d’ingestion
des animaux(Jarrige
et al1978).
Lesquantités
de matière sèche(MS) ingérées peuvent
êtreexprimées
enkg
paranimal,
mais lacomparaison d’espèces impose
une correction tenantcompte
dupoids.
Deux modesd’expression
sontutilisés,
soit une correction par le
poids
vif(PV), qui permet
de comparer lesespèces
en tenantcompte
leplus simplement possible
de leurformat
(cf Dulphy
et al 1994a et1995),
soitune correction par le
poids métabolique (PV
I ),1 5
) qui permet
d’estimer ledegré
de satis-faction des besoins.
Pour ce
qui
concerne ladigestion,
la donnéede base la
plus
souvent déterminée est ladigestibilité apparente
de laration,
car elledonne le résultat final des processus
diges- tifs,
calculéaprès
une collecte totale des fèces. C’est donc sur cette donnée ques’ap- puiera
d’abord lacomparaison
desespèces.
Il
importe ensuite,
auplan théorique,
dedéfinir les conditions dans
lesquelles inges-
tion et
digestion
sontcomparées.
Ces condi-tions concernent l’environnement des ani-
maux. Pour comparer des
espèces animales,
celles-ci sont
placées,
enprincipe,
dans unenvironnement
comparable :
enparticulier
mêmes conditions
climatiques
et même ali-mentation. En
effet,
les variations du climatpeuvent
modifierl’ingestion,
modulant alors les différences entreespèces
animales. Cetaspect
ne sera pas abordé. Parcontre,
l’in- fluence de la nature de la ration sera exami-née,
en différenciant enparticulier
les four-rages pauvres. Il existe aussi une variabilité entre
individus,
et des effets del’âge,
du sexe, de la race, ainsi que du stadephysiologique
etdu niveau
d’ingestion (pour
ladigestibilité seulement) qui peuvent compliquer large-
ment
l’interprétation
des résultats.Variabilité individuelle
Dans un lot d’animaux «
comparables
», ilexiste une variation notable des
quantités ingérées,
mêmecorrigées
parrapport
aupoids métabolique
ou aupoids vif,
et unevariation encore
plus
élevée des caractéris-tiques
ducomportement
alimentaire. Lesexemples
donnés parDulphy
et al(1995)
montrent que le coefficient de variation de la
quantité ingérée
varie de 7 à 17 %. Il enrésulte une
précision
faible dans la valeur desparamètres
caractérisantl’ingestion
et sur-tout le
comportement
alimentaire.Les coefficients de variation de la
digestibi-
lité intra-lot
sont,
parcontre,
relativement faibles. Pour la matièreorganique,
ce coeffi-cient est de l’ordre de 2
%,
avec despetites
différences selon les
types
d’animaux ou lesespèces (Dulphy
et al1995).
Un tel coefficientcorrespond
à des écartspotentiels
de 5points
environ entre 2 animaux d’un même
lot,
cequi peut
fausser certainescomparaisons
entre
espèces
si elles sont réalisées avec un nombretrop
faible d’animaux. La variabilité de ladigestibilité
est un peuplus
élevée pour les matières azotées totales et la cellulose brute.Effets
del’âge,
du sexe, de l’étatd’engraissement
et de la raceLes
quantités
de MSingérées
varient sousl’effet de
l’âge,
du sexe et de l’étatd’engrais- sement,
et ces variationss’expliquent
avanttout par des besoins différents
(cf Jarrige 1988).
Il existe aussi des effets de la racequi peuvent
combiner des effetsproprement génétiques,
mais aussi des différences deconduite,
le facteur leplus
discriminant étant letype
deproduction (lait
ouviande) qui détermine,
parexemple,
des différences entre bovins Holstein et Charolais. Les mêmes observationspeuvent
être faites chez leséquidés (Martin-Rosset
et Doreau1984,
Doreau et al 1991 et1992).
En
règle générale,
ladigestibilité
des four-rages est
légèrement plus
élevée àl’âge
adulteque chez les
jeunes,
les ruminants enparticu-
lier ne semblant atteindre leur
capacité diges-
tive maximale
qu’à l’âge
adulte(cf Dulphy
etal
1995).
Les effets du sexe et de la race sur ladigestibilité
sont faibles et mal connus.Effets
de l’état et du stadephysiologique
Les effets du stade
physiologique
sur lesquantités ingérées sont,
parcontre,
bienconnus, par
exemple
chez la vache laitière(Faverdin
etal 1987)
et chez lajument (Martin-
Rosset1990).
Ils ont étépris
encompte
dansl’établissement des recommandations alimen- taires de l’INRA pour les ruminants
(Jarrige 1988)
et pour les chevaux(Martin-Rosset 1990).
Les variations observées des
quantités ingérées
induisent ensuite des variations des para- mètres ducomportement alimentaire, (cf
revues de
Dulphy
et al 1995 pour les ruminants et de Boulot1987,
pour leséquidés).
Le stadephysiologique,
enparticulier
au cours ducycle gestation-lactation,
entraîneégalement
desvariations de la
digestibilité
des rations.Effet
du niveaud’ingestion
La mesure de la
digestibilité
des alimentspeut
être faite chez les ruminants alimentés à volonté comme c’est le cas avec les four- rages dans les travaux réalisés par Demar-quilly
et al(1978). Mais, souvent,
cettemesure est réalisée chez des animaux nourris à l’entretien. Or il existe un effet
positif
de labaisse des
quantités ingérées
sur ladigestibi-
lité. Les
conséquences
de cet effet ont été détaillées dans leschapitres
17(Demarquilly
et al
1995)
et 21(Dulphy
et al1995)
de l’ou- vrage « Nutrition des ruminantsdomestiques
-
Ingestion
etdigestion
». Lescomparaisons
entre
espèces
doivent donc être conduites dans des conditions d’alimentation compa- rables. A l’inverse il ne semble pas y avoir d’effet desquantités ingérées
sur ladigestibi-
lité chez le cheval
(Martin-Rosset
et al1990).
1 / Ingestion
1.
1 / Quantités de MS ingérées
Chez le mouton « standard
» (adulte
castré de raceTexel, pesant
60kg),
lesquantités
deMS de
fourrages
volontairementingérées
varient de 11
g/kg
de PV en moyenne (31g/kg PV°.
75
)
pour despailles complémentées
enazote et minéraux à 32
g/kg
de PV(90 g/kg PV
O , 75
)
pour desfourrages
verts trèsjeunes (Demarquilly
et al1981).
Lesquantités
dimi-nuent
lorsque
laplante
vieillit et que sadigestibilité
diminue et sontplus élevées,
àmême
digestibilité
ou à mêmeâge
pour leslégumineuses
que lesgraminées.
Ellesvarient
globalement
en sens inverse de la teneur enparois
totales(NDF).
Rapportées
aupoids vif,
lesquantités
deMS
ingérées
par lescaprins
et par les ovins sont trèsproches
pour des étatsphysiolo- giques comparables (cf Dulphy
et al1994a).
Ilexiste
cependant
une tendance relativement nette à ce que lescaprins ingèrent
les four-rages pauvres en
plus grande quantité
queles ovins (Brown et Johnson
1984).
En
prenant
commeexemple
unegénisse
Holstein de 400
kg (Dulphy
et al1987)
onobserve que l’écart relatif entre les
quantités ingérées
defourrages
dequalités
extrêmesest
plus
faible chez ces animaux que chez le mouton : de 12g/kg
PV pour unepaille d’orge complémentée
à 24g/kg
PV pour des repousses de luzerne en vert.Cependant,
parrapport
à leurpoids métabolique,
lesgénisses ingèrent toujours plus
que lesmoutons,
cou-vrant ainsi nettement mieux leurs besoins
(cf
Van Soest 1982) àpartir
d’un mêmefourrage.
Il existe
quelques comparaisons
entrecerfs
et moutons
(Kay
et Goodall1976,
Milne et al1978, Domingue
et al1991c).
Il semble que lesquantités ingérées
desfourrages
de bonnequalité, rapportées
aupoids vif,
sont infé-rieures d’environ 10 % chez les
cerfs,
cequi correspond
à desquantités comparables
si onles
rapporte
aupoids métabolique.
Parcontre,
les cerfsingèrent
enplus grande quantité
lesfourrages
de mauvaisequalité.
Ils
sont,
parailleurs,
très sensibles à lapho- topériode (Kay 1985) et,
entre l’été etl’hiver,
ils diminuentplus
leuringestion
que les mou-tons.
Les données concernant les lamas sont peu nombreuses et concernent 11
comparaisons
avec des moutons
(Warmington
et al1989,
Cordesse et czl1992. Dulphy
et al 1994 a et1994b, Lemosquet
et al1995).
En moyenne,avec des
fourrages
secs, distribués avec ou sans alimentconcentré,
les lamasingèrent 15,9
g deMS/kg
de PV(49,3 g/kg PV°>75)
et les moutons18,4
g(soit 51,7 g/kg PV O , 75 ).
Leslamas
ingèrent plus
defourrages
pauvres que lesmoutons,
eng/kg PV O , 75 ,
mais moins defourrages
de très bonnequalité (figure
1). ).Les
quantités ingérées
par des chevaux et des ruminants ont rarement étécomparées.
En
regroupant
les résultats de Martin-Rosset et Doreau(1984),
de Chenost et Martin-Ros- set(1985),
deCymbaluk (1990),
avec ceuxrécapitulés
dans la thèse de Boulot(1987)
etceux à
paraître
de Martin-Rosset etDulphy (figure 2),
onobtient,
pour des chevaux de selle de 500kg
de PV les valeurs suivantes :12,6
gMS/kg
PV pour lespailles (n
=6), 23,9
g pour les foins de luzerne(n
=12),
20,3
g pour les foins degraminées (n
=52)
et22,6
pour lesregains (n = 6).
Ces valeurs sontplus
élevées que celles obtenues pour desgénisses
Holstein de 400kg,
+ 7%,
+ 19%,
+ 12 % et + 7 %
respectivement.
Cesquanti-
tés
ingérées
sontbeaucoup
moinsdépen-
dantes des teneurs en
parois
que chez les ruminants.Les
quantités
volontairementingérées pré-
sentées ci-dessus
correspondent
à des valeurs obtenues chez des animauxn’ayant
que des besoins d’entretien ou des besoins de crois-sance modérés. Ce mode de
comparaison
donne une idée de l’influence propre de l’es-
pèce.
Il est évidentqu’au-delà
des effets de la nature desfourrages,
d’autres facteurs vont introduire delarges
variationsintra-espèce :
larace, l’âge
et les besoins des animaux.Finalement,
en se limitant auxfourrages
secs, les
quantités ingérées
par les différentesespèces comparées
sontprésentées
ensemblesur les
figures
3 et4, respectivement
en g parkg
PV et eng/kg
PVI,15. Parrapport
aupoids
vif des animaux
(moutons
et boucs castrés de 60kg, génisses
Holstein de 400kg ;
cerfs de75
kg ;
lamas de 100kg ;
chevaux de selle de 500kg),
c’est avec lespailles (dMO faible)
que les écarts lesplus importants
sontobservés,
àl’avantage
surtout des cervidés et descaprins.
Pour les foins tardifs degraminées (16 g/kg
PV pour lesmoutons)
des écarts notables se maintiennent. Par contre il estremarquable
de constater que pour les foins dequalité
moyenne à bonne(18
à 21g/kg
PVpour les
moutons),
toutes lesespèces
compa-rées,
sauf leslamas,
donnent des résultatsidentiques,
cequi justifie
ainsi le choix dumode
d’expression
desquantités ingérées
parrapport
aupoids vif,
pour des animauxphy- siologiquement proches (entretien
ou fin decroissance). Compte
tenu des écarts depoids
entre les 5
espèces
concernées il se confirme que le format del’animal, exprimé
par sonpoids,
est lepremier
facteur modulant le niveaud’ingestion. L’ingestion
faible des bons foins par les lamas estsurprenante
et devra être confirmée.Lorsque
lesquantités ingé-
rées sont
exprimées
parrapport
aupoids métabolique (figure 4)
les conclusions sont tout à fait différentes. Mis àpart
leslamas, plus
l’animal est lourdplus
ilingère,
lesécarts se maintenant très nettement pour les
fourrages
de bonnequalité.
1.
2 / Durée journalière d’ingestion
Chez le mouton à
l’auge,
la duréejourna-
lière
d’ingestion
desfourrages
verts est com-prise
entre 250 et 400 min(Dulphy
et Demar-quilly 1974) ;
elle diminuelégèrement lorsque
la teneur en
parois
desplantes augmente (Dulphy
et al1979).
Le nombre de repas varie entre 4 et 16 parjour
et diminue aussilorsque
laplante
vieillit. La duréejournalière d’ingestion
des foins estcomprise
entre 130 et360
min,
soit en moyenne 255 min pour uneingestion
de 20 gMS/kg
PV(Dulphy
etDemarquilly 1992)
et7,7
repas en moyenne.Pour les
pailles
on observe une valeurmoyenne de 250 min pour 6 repas par
jour.
Dans les 20
comparaisons récapitulées
parDulphy
et al(1995)
lescaprins
ont faitplus
de repas
(+
27%)
que les ovins etingéré
pen- dantplus longtemps (+
12%),
en raison d’une vitessed’ingestion plus
faible. Lescaprins
onten effet une tendance
plus
affirmée à choisirles
parties
lesplus
nutritives desfourrages
distribués
(Morand-Fehr
et al1980).
Des résultats détaillés
comparant
bovins et ovins ont été donnés parDulphy
et al(1995).
Pour des animaux à
l’entretien,
les duréesjournalières d’ingestion
ont tendance à êtreplus
élevées chez lesbovins,
mais il estremarquable
de constater que pour des quan- tités de MSingérées qui
vont de 1 à12,
les duréesd’ingestion
sontcomparables
pour les2
espèces.
Il
n’y
apratiquement
pas de résultats pour les cervidés.D’après
Thériez(1988),
les cerfs effectuentplus
de repas que les moutons : 5 à 8périodes d’ingestion
parjour
etjusqu’à
11avec des
fourrages
de mauvaisequalité,
soit 2à 3 fois
plus
que lesmoutons,
l’écart étantparticulièrement
net pour lesfourrages
demauvaise
qualité.
Il existe peu d’études sur les activités ali- mentaires des camélidés.
D’après Lemosquet
et al
(1995)
les lama.s ont une duréed’inges-
tion
comparable
à celle desmoutons,
les durées desgrands
repas et le nombre de repas parjour
étantégalement proches.
D’après
Doreau(1978)
et J.P.Dulphy (non publié),
le cheual à l’entretien passe, enmoyenne, 11 et 13 heures par
jour (7
à16)
àmastiquer
unrégime
à base defourrages
degraminées (28 -
31 % de cellulose brute -CB)
distribués àvolonté,
soit un peu moins que le mouton àl’entretien, qui
consacre environ13 h à
mastiquer
des foins degraminées (30
% deCB) (Dulphy
etDemarquilly 1992)
et nettement moins que les
génisses
ou lesvaches laitières à
l’entretien,
soit environ 15h/j (Dulphy
et al1995).
1.
3 / Contrôle physiologique de l’ingestion
Chez les
ruminants,
deux groupes de méca- nismes contrôlentl’ingestion :
ceuxagissant
àlong
terme et ceux à court terme. Le rôle des mécanismesagissant
sur lelong
terme estd’ajuster
lesapports
auxbesoins,
de mainte-nir le
poids
de l’animal et d’assurer un cer-tain état
d’engraissement. Cependant
larégulation
desquantités
defourrage ingérées
se fait d’abord sur le court terme. Les méca- nismes intervenant alors
(au
cours du repasou de la
journée)
contrôlentprécisément
lesactivités alimentaires
(périodes d’ingestion
etde
rumination).
A court
terme,
le mécanisme de baseest,
avant
tout,
d’ordrephysique.
Au cours durepas, en
particulier
lors dupremier grand
repas de la
journée,
le rumen seremplit jus- qu’à
un maximumqui
induit l’arrêt du repas.La
quantité ingérée journalière
est alorsdéterminée par la vitesse de
digestion
de lafraction
digestible
et la vitesse de transit del’indigestible.
Au cours de lajournée,
unesérie de
petits
repaspermet
ensuite de main- tenir le rumen à un niveau deremplissage
élevé. Au cours de la nuit la rumination
devient
prédominante
et le rumen se videpartiellement.
Dans cesconditions,
la masti-cation
joue
un rôle fondamental car lesparti-
cules
présentes
dans le rumen nepeuvent
transiter que si leur tailleest,
grossomodo,
inférieure à 1 mm, à cause de l’existence d’un mécanisme de tri sélectif au niveau de l’ori- fice réticulo-omasal. Tout ce processus a lar-
gement
été décritdepuis
Balch etCampling (1962)
sous la dénomination derégulation physique
del’appétit. Depuis
les années60,
les connaissances ont été nettement appro- fondies et de nombreuses
synthèses
ont étépubliées
sur cesujet (cf
parexemple :
Baum-gardt 1970, Campling 1970,
Baile et Forbes1974,
Bines1976,
Minson1982,
Forbes1986, Dulphy
et Faverdin1987).
La
régulation physique
del’ingestion
estprimordiale
pour lesfourrages
verts et lesfoins ;
elle concerne toutes lesespèces
deruminants. Une
réplétion
maximale(ou
nor-male)
du rumen n’estcependant
pas observée pour lesensilages d’herbe,
etlorsque
lapart
de concentré dans la ration est
importante.
L’appétit peut,
eneffet,
être contrôlé via lemaintien des
caractéristiques physico-chi- miques
du rumen dans certaines limites(Carter
et Grovum1990, Dulphy
et Van Os1995),
et aussi au niveaumétabolique (Baumgardt 1970)
ycompris
à court terme(Faverdin
et al1995).
Par
ailleurs,
un contrôleoropharyngé
est deplus
enplus
souventévoqué (Dulphy
etDemarquilly 1994,
Faverdin et al1995).
Dansce cas,
l’ingestion journalière
est modulée par la vitessed’ingestion qui
est liée à lapalatibi-
lité et la
préhensibilité
del’aliment,
ainsi que par la motivation de l’animalqui
entraîne unremplissage
variable du rumen parrapport
àla normale. Ce mode de contrôle
pourrait
varier selon les
espèces,
mais ildépend
beau-coup de
phénomènes d’apprentissage (Pro-
venza
1994).
Le rôle de l’état de
réplétion
du tubediges-
tif
(estomac
ou grosintestin)
sur le contrôle del’appétit
deséquidés
est très peu connu.L’estomac des
équidés
est un organe de faiblecapacité,
àvidange rapide,
et dont la motri-cité est directement liée à l’activité alimen- taire.
L’absence,
chez leséquidés,
d’orificeréticulo-omasal retenant sélectivement les grosses
particules
defourrages
comme chezles
ruminants, pourrait permettre
aux che-vaux
d’ingérer
desquantités plus impor-
tantes de
fourrages
riches enparois végé-
tales.
Toutefois,
la courburepelvienne séparant
lesparties
ventrale et dorsale ducôlon
joue
un rôle de frein nonnégligeable
vis-à-vis de la
progression
du contenudigestif (Ruckebush 1984).
Ceralentissement,
néces-saire à la
digestion
desparois végétales,
limite donc
partiellement l’ingestion
des four-rages.
L’ingestion
de certainsfourrages
richesen
parois végétales pourrait
aussi être limi- tée par leurs mauvaisesqualités organolep- tiques.
Ilpourrait
en être de même pour lesensilages (Agabriel
et al1982,
Martin-Rosset et Doreau1984).
Rapportées
aupoids aif
lesquantités ingérées diffèrent
d’autantplus
entreespèces
que les
fourrages
sont de mauvaise
qualité.
Dans des conditions
comparables,
lestemps
de mastication des ruminants(ingestion
+ rumi-nation)
sont voisins pour lesdifférentes espèces
et
supérieurs
autemps
de mastication deséquidés.
Raltson et al
(1979)
ainsi que Raltson et Baile(1982) soulignent
l’effetpossible
de lateneur
plasmatique
englucose
dans l’initia- tion et la fin des repas chez le cheval. La teneur en acides gras volatils dans le caecum interviendraitégalement (Dietschke
et Baker1979,
Raltson et al1983). Cependant,
il estplus
queprobable
que le volume maximal du tubedigestif
deséquidés joue
un rôleimpor-
tant.
1.
4 / Durée de rumination
La durée
journalière
de ruminationvarie,
chez lemouton,
entre 300 et 650min,
et aug- mente avecl’âge
desfourrages
et surtout leur teneur enparois.
Les
caprins passent beaucoup
moins detemps (-
19% ; Dulphy
et al1995)
à ruminerpar
jour
que les ovins. Ils effectuent le même nombre depériodes
derumination, chaque période
étantplus
courte. La durée ducycle
de rumination
(intervalle
entre 2régurgita- tions)
est un peuplus
courteégalement (Ruc-
kebush et Bost
1963, Geoffroy 1974).
Les durées
journalières
de rumination sont souventidentiques
entre bovins etovins,
par- foissupérieures
pour les bovins(Dulphy
et al1995).
Il n’existe pas de données concernant les cervidés. Parcontre,
les lamas semblent ruminer un peu moinslongtemps
que les moutons(Lemosquet
et al1995),
avec unnombre réduit de
périodes
de ruminationqui
sont
regroupées pendant
la nuit. Cephéno-
mène
peut
faciliter la rétentionprolongée
desparticules
defourrage
dans lespré-estomacs (cf plus loin, paragraphe 2.4).
Les
équidés,
biensûr,
ne ruminent pas etpassent
un peu moins detemps
àmastiquer
que les ruminants. Les
conséquences
serontexaminées par la suite.
En
définitive,
dans des conditionsphysiolo- giques comparables,
les différentesespèces
deruminants
domestiques
consacrent destemps comparables
à la mastication(ingestion
+rumination).
Cela est tout à faitremarquable
et recoupe les observations de Bae et al
(1983)
montrant sur des bovins en croissanceun très faible effet du
poids
vi£1.
5 / Comminution des aliments
Le rôle de la mastication est de réduire les aliments en
particules
suffisamment fines(phénomène
decomminution)
pour être d’aborddigérées puis,
pour leurpartie
indi-gestible,
évacuées vers l’extérieur. Chez lemouton,
la taille moyenne desparticules
fécales est
faible,
de0,1
à0,2
mm(Grenet 1966).
L’ordre degrandeur
est le même pour lescaprins (Uden
et Van Soest1982b),
cesderniers
broyant cependant plus
finement les aliments lors del’ingestion,
cequi pourrait
améliorer la vitesse dedigestion (Domingue
et al 1991a et
c).
La taille moyenne des
particules
fécales estun peu
plus
élevée chez lesbovins,
de0,2
à0,4
mm(Grenet 1970).
Pour des animaux detaille très différente la taille moyenne des
particules
fécales varie donc très peu(Uden
et Van Soest
1982b,
Bae et al1983).
Tout sepasse donc comme si il existait une taille cri-
tique
pour le passage desparticules végétales
à travers l’orifice
réticulo-omasal, quelle
que soitl’espèce
animale. Cette taillecritique
serait déterminée
beaucoup plus
par la den- sité desparticules
et par le mécanisme de fil- tration à travers la masse du contenu rumi- nal que par la taille de l’orifice réticul-omasal(Poppi
et al1985),
ou par la taille de l’animal.Il en est de même chez les cervidés et les
lamas,
même si chez ces derniers il y a unpeu
plus
departicules >
1 mm dans les fèces(Warmington
et al1989).
Chez le
cheval,
parcontre,
la mastication est moins efficace que chez lesruminants,
cequi explique
enpartie
unedigestibilité
desaliments
plus
faible. La taille moyenne desparticules végétales
recueillies dans les fèces est de 3 à 6 foisplus
élevée que chez la vache(Uden
et Van Soest1982b)
ou que chez le mouton(Grenet
et al1984).
1.
6 / Salivation
La salivation
joue
un rôleimportant
enparticipant
à larégulation
des conditionsphysico-chimiques régnant
dans le rumen desruminants,
mais aussiprobablement
dans letube
digestif
deséquins.
La salive contient en effet de l’urée et des minéraux.La
plupart
des auteurs notent que lescaprins
boivent moins que les ovins. Parcontre,
leurproduction
de salive sembleplus
élevée
(Seth
et al1976, Domingue
et al1991b).
Les
bovins,
comme lesovins,
ont despetites glandes
salivaires(Kay 1989) -
cequi
estcaractéristique
des ruminantsqui pâturent (grazers) (Hoffmann 1989) -
et semblent pro- duire desquantités
de salivecomparables
parkg
de MSingérée.
La salive des
cerfs,
dont laproduction
n’estpas connue, a la
particularité,
comme celled’autres
espèces
sauvages, de contenir desprotéines qui complexent
lestanins,
cequi
facilite
probablement l’ingestion
de certainesplantes
que les moutons nepeuvent ingérer qu’en
faiblequantité (cf
Hobson1969).
Celaexplique
très vraisemblablement la meilleuredigestibilité
de labruyère
chez le cerf que chez le mouton et la teneur presque normaleen matières azotées non
digestibles (MAND)
de ce
régime (Milne
et al1978).
D’après Kay
etMaloiy (1987),
les camélidés sécréteraientplus
de salive que les ovins oules bovins et leur salive serait
plus
riche enbicarbonates et en
phosphates,
comme cela aégalement
été montré parEngelhardt
et al(1984). Cependant Engelhardt
et Hôller(1982)
considèrent que,globalement,
la pro- duction de salive et sacomposition
sont peu différentes entre camélidés et ruminantsclassiques.
Il existe toutefois chez les caméli- dés un mécanisme de sécrétion de bicarbo- nates et dephosphates
via les sacsglandu-
laires. Ce mécanisme
participe
à unerégula-
tion efficace des conditions
physico-chimiques régnant
dans lespréestomacs, régulation
trèsfavorable à la
digestion
microbienne.Chez le
cheval,
la sécrétion salivaire estdéclenchée et entretenue par la mastication
(Colin 1886,
Scheunert et Trautman1921,
Alexander1966).
On évalue la sécrétion à 41 1 parkg
defourrages
secs contre0,5 1/kg
defourrages
verts et à 21/kg
d’avoine nonbroyée.
La sécrétion salivaire a donc un rôleimportant
pour humecter fortement les ali- ments secs maisqui dépend
de laquantité
d’eau
bue,
elle-même liée à laquantité
dematière sèche
ingérée (Martin-Rosset 1990).
La salive a un
pH
de7,4 - 7,6.
Sa teneur enurée
(14 mg/100 ml)
seraitanalogue
à cellemesurée chez le mouton et contribuerait au
recyclage
de l’azote via les fermentations dans le gros intestin enparticulier.
Ellecontient des minéraux dont la concentration
augmente proportionnellement
au débit de la sécrétion salivaire. La salivepourrait jouer,
par
l’apport
debicarbonates,
un rôletampon
dans des fermentationslactiques qui
se pro- duisent dans l’estomac(Alexander
et Davies1963),
mais ce rôlepourrait
être limité car la salive du cheval contientbeaucoup
moins debicarbonates et de
phosphates
que celle du mouton.2 / Digestion
,,,!!!!,!!,,!,,!!,!,,!!_________2.i / Digestibilité des aliments
La
digestibilité
de la matièreorganique (dMO)
desfourrages
verts varie entre 55 et85
points (point
=%)
chez le mouton(Demar- quilly
etJarrige 1981).
Elle diminuelorsque
le
fourrage
vieillit et que la teneur en cellu- lose bruteaugmente.
La dMO des foins estplus
faible que celle desfourrages
verts ini-tiaux et varie entre 50 et 80
(Andrieu
et al1981).
Celle despailles
varie entre 40 et 50 selonl’espèce végétale,
en fonction de lateneur en
parois
et de leurlignification.
Lorsque
les animauxingèrent
encomplé-
ment un aliment
concentré,
ladigestibilité
des
parois
dufourrage
de baseest,
engéné- ral,
diminuée. Onparle
alors d’interactionsdigestives,
dont lesgrands
facteurs de varia- tion ont étéprésentés
parBerge
etDulphy (1991).
Chez les
caprins,
pour les 128comparai-
sons
récapitulées
parDulphy
et al(1994),
ladMO n’est
supérieure
à celle des ovins que de1,1
en moyenne. Ces résultatsrejoignent
ceuxde
Tolkamp
et Brouwer(1993) qui
trouventun écart de
0,8 point
en faveur descaprins.
De
façon plus précise,
il y aégalité
pour lesfourrages ayant
unedigestibilité
de l’ordre de70,
mais unavantage
de 3points
environpour les
fourrages
pauvres(cf
Tisserand et al1991, Domingue
et al1991a),
dû à unemeilleure
digestion
desparois
desfourrages
pauvres par les
caprins.
Chez les
bovins,
pour 205comparaisons (Dulphy
et al1994)
la dMO estsupérieure,
enmoyenne, de
2,4 points
à celle desovins,
avecdes écarts variables selon les classes d’ali- ments. L’écart atteint 5
points
pour les four- rages pauvres(cf Van
Soest1980).
Il devient nul pour desdigestibilités proches
de 70. Lasensibilité des bovins au niveau d’alimenta- tion est
plus
faible que celle des ovinset,
pour des animaux alimentés àl’entretien,
lesécarts diminuent
(Prigge
et al1984).
Enrevanche les bovins
digèrent
souvent moinsbien les aliments concentrés
(cf
parexemple
Colucci et al
1989).
Ainsi dans le travail de Carle etDulphy (résultats
nonpubliés)
surdes
ensilages
demaïs,
ladigestibilité
de l’ami-don a
toujours
été de 99 % pour lesovins,
mais
respectivement
91 et 95 % chez lesbovins alimentés à volonté
puis
à l’entretien.Chez les
cervidés,
dans 28comparaisons (celles récapitulées
parDulphy
et al1994, Domingue
et al1991c) (figure 5)
la dMO estinférieure,
en moyenne, de3,2 points
à celleobtenue chez le mouton. Cet écart est de
4,4 points
pour lesgraminées
etaugmente
pour lesfourrages
pauvres(Milne
et al1978)
mais il est faible pour les luzernes.Chez les lamas la dMO
est,
en moyenne,supérieure
de4,2 points
à celle des ovins dans 11comparaisons (récapitulées
par Dul-phy
et al1994, Lemosquet
et al1995) (figure 6).
Cet écart semble relativement constantquelle
que soit laqualité
des four-rages étudiés.
Enfin,
ladigestiblité
estplus
faible chez le cheval que chez le mouton : -5,1 points
pour lesgraminées, - 2,4 points
pour leslégumi-
neuses
(Martin-Rosset
et al1984)
et même- 7
points
pour lespailles.
Smolders et al(1990)
trouvent des résultatscomparables.
Notons que la
digestibilité
desfourrages
estpeu sensible au niveau d’alimentation
(Mar-
tin-Rosset et al1990)
et àl’apport
de concen-tré
(Martin-Rosset
etDulphy 1987).
La
digestibilité
varie nettement
avec
l’espèce animale,
les écartsétant les
plus importants
pour lesfourrages
demauvaise
qualité.
Pour ce
qui
concerne lesdigestibilités,
ilexiste donc des différences notables entre les
espèces (figure 7)
et le classement estnet,
dans l’ordre décroissant :lamas, bovins, caprins, ovins, cervidés,
chevaux.L’ingestion
de matièreorganique digestible (MOD) (tableau 1) permet
de comparergloba-
lement
l’aptitude
des différentesespèces.
Exprimées
parrapport
aupoids
vif lesvaleurs sont
comparables
etfaibles,
pour lespailles,
entre ovins et chevaux. Lesquatre
autres
espèces
sontcomparables
entreelles,
mais
ingèrent
20 à 30 % de MOD enplus.
Cependant, compte
tenu du meilleur rende- ment del’énergie digestible
enénergie
méta- bolisable chez les chevaux(Vermorel
et Mar- tin-Rosset1993),
seuls les ovins semblent les moinsadaptés
à utiliser desfourrages
pauvres. Pour les foins de
graminées
de qua-lité moyenne les 6
espèces
sontplus
compa-rables,
avec unepetite supériorité
pour lesbovins,
et unléger handicap
pour les lamas.Exprimée
parrapport
aupoids métabolique l’ingestion
de MOD donne une bonne idée despossibilités
de couverture de leurs besoins par les différentesespèces.
De cepoint
de vueles écarts sont très élevés. Les animaux à
grand
format sonttoujours
lesplus
avanta-gés.
Pour lesfourrages
pauvres,caprins,
cer-vidés et lamas se situent entre les ovins d’une
part,
les bovins et les chevaux d’autrepart.
Les écarts observés résultent le
plus
sou-vent de différences dans la
digestibilité
desparois.
Nous allons donc examiner lesprinci-
paux mécanismes
physiologiques qui expli- quent
ces différences.2.
2 / Sites de digestion
L’originalité
des herbivores est deposséder
un réservoir
spécialisé (réticulo-rumen
ou grosintestin)
danslequel
sontdégradées puis
fermentées les
parois végétales.
Dans lerumen, dont le contenu atteint 20 à 22 % du
poids
vif chez le mouton(Van
Soest1982,
Chiofalo et al1992),
des mécanismes de contrôle interviennent pour maintenir aussi constantes quepossible
les conditionsphy- sico-chimiques qui
yrègnent (pH, pression osmotique, potentiel redox,
teneur en eau, teneur enNH 3 , température, etc.).
Ces condi-tions sont
régulées
par la sécrétionsalivaire,
la boisson et des
échanges permanents
à tra-vers la
paroi
du rumen(Kennedy
etMilligan 1980).
Parailleurs,
Sekine(1992) indique
que le caecum contribue à 20 % de ladigestion
totale des
parois,
le réticulo-rumen contri- buant à l’essentiel des 80 % restants. Cette contribution est liée à untemps
deséjour
élevé de la fraction
indigestible
dans le cae-cum :
17,6
h pour lefourrage
étudié contrerespectivement 2,9
dans lefeuillet, 3,1
dans lacaillette, 2,5
dans l’intestingrêle
10 h dansle côlon
(+ rectum),
mais 57 h dans le réti- culo-rumen.Malgré
l’efficacité du fonctionnement décritplus haut, l’apport
deconcentré,
riche englu-
cides solubles ou en
amidon, peut perturber
sérieusement les conditions
physico-chi- miques
du rumen et limiter ladégradation
des
parois végétales.
Cetapport
fait engéné-
ral chuter lepH.
La chute dupH
et lapré-
sence de
glucides
fermentescibles modifient alors les activités microbiennes(cf Berge
etDulphy 1991).
Il existe peu de résultats concernant la