EXAMEN HISTOLOGIQUE DES VIEUX RAYONS
A PAROIS NOIRES ET ÉPAISSIES
Madeleine FRICHOT-RIERA.
Station de Recherches sur l’Abeille et les Insectes sociaux,
l3ures-sur-Yvette
(.S ’ < ’! Hf-i’<-0/.«’)
SOMMAIRE
Les vieux rayons se coupent facilement au microtome ; ils sont composés de cire
qui
repose surune trame donnant les réactions
histochimiques
despectines
et des matièresprotéiques,
desphos- phates
et aussi duglycogène;
mais la coloration de Best seproduit
dans ce casaprès
ladigestion
salivaire.
Les rayons des
Abeilles, lorsqu’ils
ontséjourné pendant plusieurs
années dans laruche,
deviennentnoirs,
lourds et leursparois s’épaississent beaucoup.
CHAUVIN amontré que la matrice de cire initiale s’encrasse de toute sortes de
composés,
les unshydrocarbonés,
et les autres azotés. Mais la chimie ne saurait nousindiquer
larépar-
tition de tous ces corps sur la
cire,
et c’estpourquoi
nous avonsentrepris
l’étude his-tologique
des vieux rayons.MÉTHODE
Après
toutes sortes d’essaisd’enrobage
infructueux, nous nous sommes aperçus que pour obtenir des coupes convenables au microtome àparaffine,
il suffisait toutsimplement
de coller lefragment
de rayon sur le
porte-objet.
Les bords des cellules se coupent exactement comme un bloc deparaf-
fine, et on peut facilement les monter sur lames. Nous avons choisi le bord des cellules et n’avons fait que peu de coupes passant par le fond ; en effet la masse des cocons et les excréments des larves durcis entre leursparois
rendent la coupe très difficile ouimpossible.
De la mêmefaçon
et sansaucune
précaution
ni inclusionpréalable
il estpossible
d’obtenir de bonnes coupes parcongélation
au microtome de Sartorius.
RÉSULTATS
Lorsque
les coupes sont examinées tellesquelles
tout de suiteaprès
la coupe, iln’y
a pasgrand’chose
à en dire. Elles sont de couleurfoncée,
même sous une faibleépaisseur,
et fortementbiréfringentes ;
en montant les coupes dans laglycérine,
ons’aperçoit
comme il fallaits’y attendre,
que la cire n’est pashomogène :
on y discernede
petites languettes rapprochées irrégulièrement
les unes des autres etqui
corres-pondent
sans doute auxplaquettes
de sécrétion cirière que les Abeilles collent lesunes aux autres. Au milieu de la
cire, beaucoup d’impuretés
viennents’insérer ; grains
depollen entiers,
trèsnombreux,
et débrisplus
nombreux encore,qui
se colo-rent pour la
plupart
au vert d’iode etparaissent
de naturevégétale ;
ilsprennent
aussi le carmin aluné.Les coupes de rayons ont été collées à l’eau
albumineuse,
suivant latechnique habituelle ;
il est donc facile d’enlever la cire au moyen duxylène
et du toluène.La coupe
privée
de cire et montée au baumepermet
dedécouvrir,
avec les mêmesgrains
depollens
et débris variés un trait de structure inattendu : laprésence
d’lmesorte de trame formée de corps
oblongs, irréguliers
aux limitesplus
ou moinsdistinctes ;
-1 ondirait,
pouremployer
uneimage audacieuse,
lesquelette
desplaquettes
de cireque nous décrivions tout à l’heure.
Cette trame est
grisâtre,
noirâtre sous forteépaisseur :
elleparaît
contenir lespigments
foncés des vieux rayons ; elle estplus
ou moins soluble dansl’eau, disparaît
dans l’eau
alcaline, paraît
insoluble dans l’alcool. Nous avons tenté sur cette trame diverses colorationshistochimiques.
La réaction de
Salazar,
au tannin et au chlorureferrique, qui
colore en noir lesmatières
protéiques,
a donné des résultatspositifs
et très intenses sur la trame. Le rouge deruthénium, qui
colore intensément la trame, caractérise d’habitude les ma-tières
pectiques ;
mais parailleurs,
CHAUVINsignale
que,d’après
ULRICH, on nepeut
caractériser depectines
dans les eaux d’extraction des vieux rayons ; nous ne savonsdonc comment
interpréter
la réactionhistochimique.
La recherche duglycogène,
à l’aide de la réaction au
tannin-safranine,
a étépositive également, toujours
sur latrame ; mais nous avons voulu la confirmer au carmin de Best, sur témoin soumis à l’action des diastases
salivaires ;
malheureusement le Best estpositif
iciaprès
action de lasalive ;
ainsi donc on nepeut
affirmer que la substance de la trame contienne duglycogène.
Nous avons recherché sans résultat les ozasones et
peroxydases,
les acides aminéset
peptides
par laninhydrine
et l’alloxane.Après
microincinération d’une coupe à 700°, la cire s’étant volatilisée ainsi que les
composés organiques,
il reste une trameblanche collée à la
lame ; l’analyse minérale,
dont les résultatsfigurent
dans le travailde
CHAUVIN,
montre l’abondance du calcium et duphosphore.
Nous avons donc recher- ché lesphosphates
par le réactif de Lilienfeld et Monti(à
l’acidemolybdique,
ammo-niaque,
acidenitrique)
dans la version de !VINTER et SMITH(z 9 22). Après
le passage final auferricyanure
depotassium,
nous voyonsapparaître
une multitude de cristauxcubiques bleu-verts ;
nous en avons conclu à la présence dephosphates.
DISCUSSION
Il nous semble que le résultat le
plus
intéressant est laprésence
d’une trame sous-jacente
à la cire et d’une matière bien différente.D’après
lesquelques
essais réaliséssur des rayons assez récents
(mais
les coupes sont bienplus
difficiles que dans le casdes vieux
rayons)
il semble que cette trame existe aussi chez eux. A notre avis elle doitprovenir
au moins enpartie
d’une sécrétion desglandes
salivaires des ouvrièreslorsqu’elles
triturent la cire fraîchement sécrétée pourl’incorporer
au rayon en cons- truction. Il est vraiqu’on
sait peu de chose à cesujet ;
car si l’anatomie etquelques
points
de laphysiologie
de laglande
labiale(qui
estutilisée, croit-on,
dans le travail de lacire)
sont bien connus(SiMPSO!, ig6o)
il n’en est pas de même du travail des lamelles de cire avec ou sans l’aide de cette sécrétion.I,es matériaux
complexes signalés
par CHAUVIN dans les vieux rayons sont-ils tousincorporés
à la trame ? Il est difficile del’affirmer ; d’après
nos coupes, ils sem-blent toutefois
qu’il
ne se trouve rien departiculier
à la surface leplus
externe desparois
decire ;
leur contexture esthomogène
de lapériphérie
au centre. Commecertaines réactions de solubilité de la trame
correspondent
assez bien à cellessignalées
par CHAUVIN dans son extrait
hydrosoluble
de vieux rayons, nouspencherions
finalement vers
l’hypothèse
que ce matériel réside dans la trame.Une
question
non résolue est celle de lapectine ;
certains caractères de l’extraitsec
évoqués
par CHAUVIN(réactions
desolubilité,
deprécipitation,
tendance de l’ex- trait mou à s’étirer enlongs fils)
auraient pu à larigueur s’interpréter
dans le casd’une
pectine ;
mais ULRICH n’a pu lacaractériser ;
etpourtant
nous obtenons une réactionpositive
au rouge de ruthénium(nous
convenons que sa valeur n’est pasabsolue).
7!j;M pour
pu h lication
era juin .1961.SUMMARY
The old combs are
easily
cut with a microtome ,thry
consist of waxdeposited
on a weft andgive
histochemical reactions ofpectin
and proteins,phosphate
andglycogen (but
in this case theBest’colour is seen also after
salivary digestion).
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
St!tuàoV j., m36o. The funntions of the salivary glauds of Apis melli/na. J. Iiiseci. Ilhysiol., 4, 107-121.